vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18 v 22-31 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 01 décembre 2015
Verset(s) :

22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,

23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,

24. car les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion, quand ils psalmodient moins que le psautier, avec les cantiques accoutumés, en l'espace d'une semaine,

25. puisque nous lisons qu'une fois nos saints Pères accomplirent cela vaillamment en un seul jour. Tièdes que nous sommes, puissions-nous du moins nous en acquitter en une semaine entière !

Commentaire :

« Les moines font preuve de trop de paresse dans leur service de dévotion» ... Le mot latin traduit par «paresse» ici est l'adjectif« iners» qui peut se traduire par « mou », « sans énergie ». En français, on a le mot « inertie» qui consonne avec « paralysie ». On se souvient la conférence du P. Marion sur le paresseux dans la bible qui était finalement un homme toujours en décalage avec le réel, trop prisonnier de ses rêves ou de ses peurs ... du coup comme paralysé pour agir. L'inverse de la paresse, de la mollesse ou de l'inertie, c'est l'élan au travail, l'ardeur à remplir nos services et nos tâches diverses. Pour Benoit, le signe de la paresse ou de la mollesse, dans le service de la prière, c'est de ne pas dire au moins une fois par semaine le psautier ... En une semaine mesure du temps symbole de la création et de la recréation en Christ, dire le résumé de la bible qu'est le psautier. Notre service de prière nous entraine à porter devant Dieu« comme en écho, nos voix mêlées au chant que lance le Bien Aimé ». Nous nous unissons au Christ qui « sur les temps maintient cette hymne émerveillée devant l'ouvrage de » la création, comme nous le chantons le jeudi du temps ordinaire à Laudes. C'est cela qu'il nous faut peut-être sans cesse nous rappeler: notre rôle sacerdotal, lié à notre baptême, de chanter la gloire de Dieu, de lui offrir des sacrifices de louange et d'action de grâce, uni au Seul Prêtre le Christ.

L'usure du temps fait toujours son œuvre ... et tend à nous incliner à raboter les choses et à réduire l'élan dans tout ce que nous faisons. La prière n'échappe pas à ce mécanisme ... Ainsi pour les uns, le danger sera-t-il de s'habituer à manquer un office, ou pour d'autres d'arriver toujours juste comme si ce qui précédait était plus important que la prière elle- même, ou encore de vivre l'office en étant complètement ailleurs, bien plus préoccupé de nos propres affaires ... Ces difficultés nous montrent combien la prière de l'office requiert de notre part un vrai travail. Travail de volonté pour choisir l'office en priorité à toute autre activité. Notre premier labeur est là. Je rappelle à chacun que lorsqu'on est absent d'un office, on en parle. C'est une manière d'objectiver les choses et de nous souvenir que nous ne sommes pas à notre compte, mais au service du Christ. L'office est aussi encore et surtout un travail de présence à Dieu et aux autres. Présence qui est autant grâce reçue qu'attention sans cesse reprise. Là se vit notre amour qui s'engage dans l'écoute et dans le don. (2015-12-01)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18 v 19-21 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 27 novembre 2015
Verset(s) :

19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.

20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,

21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.

Commentaire :

"A complies, on répètera les mêmes psaumes » ... Au temps de Benoit, on répétait ces psaumes tous les jours (aujourd'hui encore dans de nombreux monastères). Ici, nous répétons les mêmes psaumes toutes les semaines. « Répéter» : ce mot sonne à nos oreilles modernes comme synonyme d'ennui ou de monotonie ... Et pourtant la liturgie est fondée en bonne part sur la répétition d'un corpus de textes priés, chantés ou écoutés. Cette répétition organisée n'est pas le rabâchage que Jésus critiquait (« dans vos prières, ne rabâchez pas comme les païens: ils s'imaginent qu'en parlant beaucoup ils se feront mieux écouter» Mt 6, 7). Elle a plutôt à voir avec la colonne vertébrale d'un corps, corps personnel et corps communautaire. Ces pièces répétées constituent l'ossature indispensable de notre corps personnel et communautaire en prière. Cette ossature n'est pas figée, mais vivante comme en témoignent les différents rythmes de répétition: plusieurs fois par jour pour le «Notre Père» ou le « Dieu viens à mon aide », tous les jours pour l'hymne de Sexte, plusieurs fois par semaine pour les Ps graduels ou le Ps 50, toutes les semaines pour les Ps de Complies, nos antiennes et nos hymnes, tous les 15 jours pour notre psautier global, tous les ans pour un bon nombre d'hymne de fêtes et de textes scripturaires, tous les 3 ans pour les textes de l'AT lus aux vigiles. Cette répétition variée dans ces rythmes donne du mouvement au corps tout en lui maintenant une vraie tenue, notamment à travers la mémoire de tous ces textes, musiques et chants. A l'ossature s'ajoute la chair, propre à chaque jour, comme des intentions litaniques ou l'oraison, mais aussi la chair propre au temps liturgique, comme celui de 1 ' Avent dans lequel nous allons entrer pendant 4 semaines, ou encore la chair propre aux fêtes qui nous font revisiter le mystère du Christ selon un angle de vue plus précis. Je relève tout cela pour que nous sachions mieux le goûter tout en le célébrant jour après jour. La répétition, loin du rabâchage, façonne en nous une mémoire corporelle à travers laquelle le mystère de Christ devient un plus nôtre. Nous célébrons le Christ, mais c'est Lui qui sans cesse nous façonne par sa Parole offerte sous de multiples formes. A travers la liturgie sans cesse reprise nous recevons une vraie colonne .vertébrale. Pour notre cheminement de croyant, nous recevons sans plus nous en rendre compte, une force et un tonus précieux pour avancer. Nous devenons le Corps du Christ pour la louange de la Gloire du Père. N'ayons pas peur de la répétition, sachons plutôt nous laisser ériger à travers elle, en colonne de joie et de paix ... à la manière des stalactites et des stalagmites, lentement mais sûrement. (2015-11-27)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18 v 12-21 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 21 novembre 2015
Verset(s) :

12. Les vêpres seront chantées chaque jour en modulant quatre psaumes.

13. Ces psaumes commenceront au cent-neuvième et ils iront jusqu'au cent-quarante-septième,

14. excepté ceux d'entre eux qui sont réservés à d'autres heures, c'est-à-dire depuis le cent-dix-septième jusqu'au cent-vingt-septième, ainsi que le cent-trente-troisième et le cent-quarante-deuxième ;

15. tous ceux qui restent sont à dire aux vêpres.

16. Et comme il manque trois psaumes, on divisera ceux qui, dans la série susdite, sont plus importants, c’est-à-dire le cent-trente-huitième et le cent-quarante-troisième et le cent-quarante-quatrième.

17. Quant au cent-seizième, comme il est petit, on le joindra au cent-quinzième.

18. L'ordonnance des psaumes de vêpres étant ainsi disposée, le reste, c'est-à-dire la leçon, le répons, l'hymne, le verset et le cantique, sera exécuté comme nous l'avons prescrit plus haut.

19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.

20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,

21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.

Commentaire :

Que dire de notre office de Vêpres? En fin de journée, il se ressent de tout le poids du jour et du travail accompli. Si l'office de Complies marque l'accomplissement du jour et nous nous prépare à la nuit, l'office de Vêpres vient ressaisir la journée dans le Christ. Comment à la fois, venir avec tout ce que nous avons vécu, 'et comment couper avec les affaires concrètes pour ne pas les poursuivre par la pensée. Plus qu'à tout autre moment de prière, il ne nous est pas facile de couper avec les soucis et le souvenir des rencontres. Il nous faut apprendre à les déposer, à les lâcher. Les lâcher en les présentant au Seigneur pour qu'il prenne tout cela. Venir à l'avance dès la sonnerie de la cloche nous y aidera réellement. De cette manière, nous pourrons être davantage instrument de son œuvre et non plus de la nôtre par les distractions. Entrer dans l' œuvre de Dieu nous fait vivre en effet quelque chose de bien plus grand que la somme de tous nos ouvrages: c'est l' œuvre du Christ mort et ressuscité qui reprend tout l'homme jusqu'à la mort pour le transformer. Nous faisons mémoire de ce grand labeur qui ressaisit tous les nôtres. En redisant les psaumes dans cette lumière depuis le samedi soir jusqu'au dimanche suivant, nous présentons ce travail gui habite le cœur de l'homme et le nôtre. Les psaumes sont pleins de ce travail, travail d' ajustement:« Seigneur, je t'appelle: accours vers moi! ... Mets une garde à mes lèvres, veille au seuil de ma bouche. Ne laisse pas mon cœur pencher vers le mal ... » (Ps 140). Ou les psaumes sont encore prophéties de ce travail repris dans le mystère du Christ Seigneur:« Le Seigneur te présente le sceptre de ta force: Domine jusqu'au cœur de l'ennemi» (Ps 109). Ces mots qui viennent des âges antiques et qui traversent notre histoire humaine sont l'écho tout autant que la célébration de ce travail de Dieu, dans le cœur des hommes et dans notre histoire. Les redire, prêter notre voix pour les chanter nous donne de devenir ici et maintenant comme l'argile dans les mains du potier. Par son Esprit, et dans le Christ, ses deux mains de Dieu que nous chantons le dimanche soir, le Père nous façonne « être» et « peuple de louange» pour sa gloire. En écho aux psaumes et à la Parole entendue, nos prières litaniques expriment notre consentement actualisé à ce travail de Dieu pour que tout l'homme se laisse transfigurer. Chanter Dieu, se savoir fils du Père et frères les uns des autres nous transforment en profondeur. Dans les prières litaniques, se dit et s'exprime cette quête et cette transformation à l'œuvre aujourd'hui. (2015-11-21)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18 v 7-11 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 20 novembre 2015
Verset(s) :

7. A tierce, sexte et none de la seconde férie, on dira les neuf sections qui restent du psaume cent-dix-huit, à raison de trois à chacune de ces mêmes heures.

8. Ayant donc achevé le psaume cent-dix-huit en deux jours, à savoir le dimanche et la seconde férie,

9. à la troisième férie on psalmodiera à tierce, sexte et none trois psaumes chaque fois, depuis le cent-dix-neuvième jusqu'au cent-vingt-septième, c'est-à-dire neuf psaumes.

10. Ces psaumes seront toujours répétés identiquement jusqu'au dimanche à ces mêmes heures, en gardant tous les jours également une disposition uniforme pour les hymnes, leçons et versets,

11. et ainsi l'on commencera toujours le dimanche par le psaume cent-dix-huit.

Commentaire :

Je voudrai m'arrêter ce matin, sur notre office de None ... Nous avons choisi en communauté de permettre sa célébration soit en privé, soit par petit groupe avant de commencer le travail. Cet office a dès lors cette tonalité de liberté qui met bien en lumière notre responsabilité dans le service de la sanctification du temps. Notre service de prière au cœur de l'Eglise et pour l'Eglise est de tenir la veille d'amour. Heure après heure, nous ne voulons pas cesser de faire monter devant le Père la louange des fils reconnaissants pour tous ses bienfaits, mais aussi le cri de tous ceux qui sont dans la souffrance ou l'obscurité. Comme l'heure de sexte, l'heure de None nous permet d'être davantage unis au labeur des hommes et des femmes de notre temps qui contribuent par leur travail à la vie de notre terre, la maison commune. Notre prière ressaisit « l'effort de l 'homme, le poids perdu de la souffrance» dans la lumière du Christ mort et ressuscité. L'heure de None le fait plus spécialement dans la mémoire de la mort de Jésus en croix à 15h00. Par notre prière s'établit un pont entre le mystère de Jésus et la vie laborieuse des hommes: elle porte devant Dieu la peine des hommes et projette en retour la lumière de l'offrande du Christ sur notre humanité. Nous sommes à la fois pleinement membres de cette humanité qui se laisse ressaisir par le Christ, et à la fois instruments de ce lien vivifiant entre notre humanité tâtonnante et le Christ.

Comment vivons-nous cet office? Est-ce que nous savons prendre les moyens pour tenir notre service fidèlement? Il peut arriver que le programme se bouscule, ou que le travail, une sortie ou une rencontre viennent modifier l'emploi du temps. Dans la mesure où nous pouvons le prévoir, anticipons notre temps de prière. Veillons à ne pas nous exempter trop facilement de cet office sous prétexte de perturbations d'horaire. Avant ou après une rencontre avec des frères, n'hésitons pas à proposer de prier ensemble cet office: au début d'une réunion ou d'un départ en voiture. Nous pouvons aussi associer des personnes de l'extérieur avec lesquelles on a rendez-vous et dont on sait qu'elles seront honorées de prier avec nous. N'hésitons pas à partager ce temps de prière. La liberté qui nous est laissée est aussi une opportunité de vivre notre prière plus en prise avec la vie quotidienne. Et si nous mesurons notre faiblesse à demeurer fidèle, sachons en parler et nous faire aider .. (2015-11-20).

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 18 v 1-6 En quel ordre faut-il dire ces psaumes? écrit le 14 novembre 2015
Verset(s) :

1. Tout d'abord, on dira le verset « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider », gloria ; puis l'hymne de chaque heure.

2. Ensuite à l'heure de prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent-dix-huit.

3. Aux autres heures, à savoir tierce, sexte et none, on dira chaque fois trois sections du susdit psaume cent-dix-huit.

4. A prime de la seconde férie, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le deuxième et le sixième.

5. Et ainsi, chaque jour à prime jusqu'au dimanche, on dira à la suite trois psaumes chaque fois jusqu'au psaume dix-neuf, en divisant en deux les psaumes neuf et dix-sept.

6. De la sorte, on commencera toujours par le vingtième aux vigiles du dimanche.

Commentaire :

Ce matin, en écho à ce chapitre sur la distribution des psaumes des offices, je voudrai revenir sur la question que nous avons abordée, lors du chapitre de samedi dernier 7 novembre: que penser de l'essai de chanter, par nocturne des vigiles, 3 psaumes plutôt que 4: ? Plusieurs frères se sont exprimés pour dire leur satisfaction de voir ce changement: il permet une plus grande légèreté; 3 psaumes donnent un rythme dans lequel on entre mieux; l'office est un peu moins long, ce qui sur une semaine n'est pas négligeable. D'autres frères ont exprimé leur désir de conserver 4 psaumes pour la joie de retrouver chaque semaine un certain nombre de psaumes, pour garder à notre office son exigence de service et de don dans la louange, ou pour l'équilibre qui avait été bien étudié lors de la mise en place du cursus. J'entends bien les deux types d'avis qui ont leur poids respectif. Que faire?

Je pense qu'il est plus sage dans le contexte qui est le nôtre, d'avoir 3 Ps, au lieu de 4 par nocturne. Certes, c'est une moindre quantité, mais je crois que la qualité de la prière demeure, ainsi que l'équilibre global, même s'il y peut-être quelques ajustements à faire. La liturgie monastique des heures prévoie cette mesure de 3 psaumes par nocturne, mesure adoptée par nombre de monastère. Cet allégement permet de ne pas trop tirer sur la corde afin que ceux qui se lèvent la nuit le vivent avec élan. Rien n'empêche ceux qui désirent prier davantage de le faire. Certains le font déjà. Demeure possible pour ceux qui ne se lèvent pas de prier tel ou tel psaume avant de se coucher, ou au lever pour s'associer à la prière nocturne. La prière des vigiles reste un lieu fort de notre prière monastique. Elle nous apprend à demeurer des veilleurs. La mesure moindre n'enlève pas ce caractère. Nous pouvons nous réjouir de pouvoir encore en porter humblement le signe au cœur de la nuit. (2015-11-14)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 17 v 7-10 Combien de psaumes faut-il chanter à ces mêmes heures? écrit le 13 novembre 2015
Verset(s) :

7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.

8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.

9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.

10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.

Commentaire :

L'office de Complies ... Nous aimons sa tonalité simple et sereine. A la fin de la journée, il accomplit l'œuvre de prière de la journée, et il introduit à la nuit. Office de passage, il voudrait conduire à la paix intérieure s'il en était encore besoin. La journée peut laisser parfois des poids qu'il nous est bon de déposer. « Offrir ce jour à celui qui nous l'a donné. Offrir la peine et la joie confondue, et oublier l'offrande pour regarder encore celui qui veut encore donner ». Transformer certains poids que l'on traine, en offrande à Dieu. Les lui remettre pour mieux nous tenir demain les mains ouvertes, afin de recevoir de nouveau ce qu'il veut nous donner. Certains soucis sont parfois persistants et pourraient troubler le sommeil. Notre prière se fait alors plus humblement insistante: « Que loin de nous s'enfuient les songes et les angoisses de la nuit ». A l'heure de la nuit, le combat peut se faire plus rude et incisif: « Préserve-nous de l'ennemi, que ton amour sans fin nous garde ». Dans cette ligne, tous les psaumes que nous chantons, en plus des Ps 4-90-133 que St Benoit propose tous les jours, sont des psaumes de confiance. Avec eux, nous apprenons à nous tenir paisibles en présence de Dieu: « Quand je me tiens sous l'abri du Très-Haut et repose à l'ombre du Puissant, je dis au Seigneur: 'Mon refuge, mon rempart, mon Dieu dont je suis sûr'. C'est lui qui te sauve des filets du chasseur ... » (Ps 90). « Dans la paix, moi aussi, je me couche et je dors, car tu me donnes d'habiter, Seigneur, seul dans la confiance» (Ps 4). Un don de paix nous est fait. Cet office de Complies nous aide à le recueillir, et à le célébrer. Nous ne sommes pas abandonnés. « La part qui me revient fait mes délices; j'ai même le plus bel héritage. Je bénis le Seigneur qui me conseille, même la nuit mon cœur m'avertit» (Ps 15). Notre vie, jour après jour avec le Seigneur, vient faire grandir cette joie et cette confiance. « Mon cœur exulte, mon âme est en fête, ma chair elle-même repose en confiance: tu ne peux m'abandonner à la mort... » (Ps 15) Et cependant sommes-nous une fois pour toute dans la paix goûtée? Les 53-55 du Jeudi et 139-129 du Vendredi nous permettent d'affronter avec confiance le combat qui surgit toujours: « Le jour où j'ai peur je prends appui sur toi. Sur Dieu dont j'exalte la parole, sur Dieu je prends appui» (Ps 55). Au soir d'une journée, il nous reste la Parole de Dieu. Sur elle, nous pouvons encore prendre appui pour entrer avec confiance dans la nuit. Les capitules brefs nous l'apportent très accessible: « Je suis avec vous tous les jours» entendait-on hier. Enfin prière du Notre Père comme ultime remise à notre Père des Cieux. Et chant à Marie, la Mère du Christ, en qui, avec toute l'Eglise, nous savons pouvoir trouver le soutien d'une mère que la foi patiente nous a rendu proche. (2015-11-13)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 17 v 1-6 Combien de psaumes faut-il chanter à ces mêmes heures? écrit le 12 novembre 2015
Verset(s) :

1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.

2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,

3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.

4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.

5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.

6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.

Commentaire :

« On dira trois psaumes séparément, et non sous un seul gloria» ... Cette petite notation « non sous un seul gloria» attire notre attention sur l'importance de la doxologie qui conclue les psaumes. De psaume en psaume, notre prière liturgique est ainsi scandée par la louange trinitaire. Benoit insiste même sur cette doxologie qui conclue chaque psaume, quand il divise le Ps 142 et le cantique du Deutéronome du "'Samedi matin « en deux gloria» (RB 13,9). En regardant dans la règle du Maitre, j'ai retrouvé cette même insistance qui s'exprime ainsi: « Il faut se garder en psalmodiant de jumeler les psaumes, chose interdite. On doit au contraire les achever tous l'un après l'autre avec le gloria, de façon ... à ne pas donner l'air de retirer leur gloria à la louange de Dieu ... ». Le Maitre craint qu'on retire ainsi quelque chose à la louange de Dieu (RM 33, 42-44 ; cf 33,46,49).

Il est heureux aujourd'hui encore que notre prière liturgique soit traversée et illuminée par cette confession en l'honneur de la Trinité, après chaque psaume, après les répons, les cantiques de l'AT et du NT, et enfin après le Benedictus et le Magnificat. Ces doxologies viennent comme un refrain nous rappeler la finalité du chant des psaumes et des cantiques : la gloire de la Sainte Trinité. Le Maitre fait un rapport entre la liturgie des moines et celle des 24 anciens de l'Apocalypse à l'imitation desquels on adore Dieu, se prosternant en avant, « louant le Seigneur jour et nuit », et rendant gloire à Dieu» (cf RM 36, 4-5). Notre liturgie nous donne déjà de célébrer Celui auprès duquel et dans lequel on ne cessera de se réjouir pour l'éternité.

Cette confession trinitaire dans la louange est le trésor de notre foi chrétienne, comme son joyau. Nous adorons un Dieu qui est en éternelle, vivante et aimante relation: relation du Père avec son Fils, dans l'unité de l'Esprit. Le Dieu Vivant et personnel, Un et Trine, mystère d'amour. A chaque doxologie, nous chantons les louanges d'un Dieu qui nous introduit dans cet échange de relation. En nous donnant part à la vie de son Fils, dont nous devenons des membres, par le don de l'Esprit, nous apprenons à dire: « Père ». A chacun de nous, est proposé d'approfondir ce mystère de communion auquel il est promis. Comme une boussole, notre chant liturgique nous donne la direction sûre vers laquelle nous tendons: une relation tournée vers Notre Père Tout Puissant, uni à son Fils Jésus Christ Notre Seigneur, par l'Esprit Saint qui habite en nos cœurs. (2015-11-12)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 16 v 1-8 Comment célébrer les divins offices dans la journée. écrit le 10 novembre 2015
Verset(s) :

1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »

2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,

3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »

4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »

5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».

Commentaire :

Quand des personnes de l'extérieur envisagent de notre façon de prier, le plus souvent ils disent que les moines prient pour le monde, qu'ils sont des intercesseurs pour l'humanité. C'est leur manière de penser notre utilité.

Quand Benoit parle ici de la prière des heures. Il utilise les mots du psalmiste: « louange» et « action de grâce» pour « les jugements de la justice de notre Créateur ». L'intercession n'est pas mentionnée, seulement la louange. Ce détail mérite d'être relevé. En effet pour Benoit, le service du moine, (le mot: servitus) est de louer Dieu, de lui rendre grâce pour tous les bienfaits de sa création et de son œuvre de salut. Gardons-nous vivante cette conscience? L'avons-nous toujours surtout quand de nos lèvres montent des cris, des imprécations sur les ennemis, ou encore simplement des récits de l'histoire du peuple d'Israël? Nous pouvons même parfois nous demander ce que nous disons et pourquoi nous le disons dans le cadre de notre prière communautaire. Benoit sait que tous les psaumes ne sont pas des psaumes de louange, comme ses choix faits de tel psaume plutôt que de tel autre pour les Laudes ou le dimanche en témoignent. Il n'en place pas moins l'ensemble de notre service de prière sous les vocables de louange et d'action de grâce. Avec nos mots repris du psautier, ce « livre des louanges », montent devant Dieu tous les cris humains, toutes les joies qui ont habités Israël et qui nous habitent aujourd'hui encore. Et à travers eux, monte le mémorial du salut que Dieu a opéré en faveur de son peuple, dans la conviction qu'il continue à œuvrer aujourd'hui encore. Dieu a entendu la prière de son peuple. Il a exaucé la prière de son Messie Jésus, en le ressuscitant. Il continue d'entendre la prière de son Eglise. Faire monter vers notre Père des Cieux les cris comme les joies, les recherches comme les certitudes, les doutes comme les espoirs des hommes, dans la foi et l'espérance qu'aucune de ces prières sorties du cœur de l'homme n'est vaine, voilà gui chante la louange divine. De cette façon, nous le confessons comme un Dieu qui se fait proche, comme un Père qui est attentif à ses enfants jusque dans la déréliction amère de la mort. La pire des offenses faites à Dieu serait moins de de lui dire nos quatre vérités que de nous arrêter de nous tourner vers Lui. Ici apparaît le sens le plus profond de notre intercession, vécue en Eglise, dans le Christ: nous portons devant le Père des Cieux, les mots qui jaillissent du cœur de l'homme contemporain et dont il ne sait que faire, ni à qui les adresser. Humblement, nos voix voudraient être « caisse de résonance» des détresses humaines, dans l'espérance qu'aucune n'est perdue aux yeux de Dieu. (2015-11-10)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 15 v 1-8 En quel temps on dira alléluia. écrit le 07 novembre 2015
Verset(s) :

1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;

2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.

3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.

4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.

Commentaire :

Ce petit chapitre m'étonne toujours par sa manière de relever l'importance de certains éléments de la liturgie: ici l'usage de « l'alléluia » ... Mais nous le savons, la liturgie en sa dynamique est faite d'un ensemble d'éléments, qui pris séparément ne sont pas nécessairement indispensables, mais qui associés à l'ensemble lui donnent sens et saveur, à la manière de quelques grains de sel ou de poivre qui relève le goût d'un plat.

S'arrêter comme le fait Benoit sur « l'alléluia» lui permet de souligner la note pascale de notre prière des heures, mais aussi sa portée eschatologique. Chanter l'alléluia nous rappelle tout d'abord que toute notre vie chrétienne se fonde sur la fête de Pâques dont nous faisons mémoire chaque dimanche. Mais le chant de l'alléluia nous enseigne aussi à orienter nos regards vers le temps de la louange sans fin, lorsque le Christ viendra récapituler toute chose en lui. St Augustin voit cette attente exprimée dans le chant de l'alléluia qui domine le temps pascal. Je cite: « La vie que symbolise les 50 jours qui suivent la résurrection du Sauveur, nous n'en jouissons pas, nous l'espérons; nous faisons plus, nous l'aimons en même temps que nous l'espérons; cet amour est la louange de Dieu qui nous a fait ces grandes promesses, et cette louange se traduit par le chant de l'Alléluia. Que signifie Alléluia? Alléluia est une expression hébraïque qui signifie Louez Dieu. En chantant donc alléluia ou Louez Dieu, nous nous excitons réciproquement à louer le Seigneur, et l 'harmonie de nos cœurs, mieux que l 'harmonie de la harpe, chante les louanges de Dieu, répète alléluia» (Serm 252,9).

De la Pentecôte au début du Carême, St Benoit recommande qu'aux vigiles on chante l'alléluia au 2d nocturne, pour mieux signifier cette espérance et cette attente de la venue du Christ à la fin des temps. Un frère me faisait remarquer qu'il trouvait dommage qu'on n'ait plus ces alléluias aujourd'hui. Ils sont remplacés ou non par des antiennes chantées. Pour avoir vu l'usage de cette recommandation de la RB dans d'autres communautés, je peux comprendre ce qui a pu motiver notre choix actuel. Le risque, et c'est souvent le cas, est que ces alléluias soient simplement dits, souvent par trois. Ils sont dits, mais expriment-ils pour autant la louange rendue à Dieu? L'idéal serait qu'ils soient chantés, pour manifester la joie de la louange à travers le chant. Et est-ce trop lourd à toutes les vigiles de chanter des alléluias sur la même mélodie, ou sur des mélodies chaque fois différentes? La question serait finalement, comment garder à notre office sa note eschatologique d'attente du Royaume ... ? (2015-11-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 14 v 1-8 Aux anniversaires des saints, comment célébrer les vigiles. écrit le 31 octobre 2015
Verset(s) :

1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,

2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.

Commentaire :

En écho à ce chapitre, je voudrais m'arrêter sur la fête de la Toussaint qui commencera ce soir. Ensemble, nous célèbrerons cette belle vigile de la Toussaint qui nous permet en un seul regard de chanter la sainteté de tout le peuple de Dieu. Cette vigile unique en son genre dans notre année liturgique est un magnifique mémorial de l'œuvre du salut. Par elle, s'est révélée la beauté de notre Dieu sur tant de visages humains. Une expression reviendra souvent durant les vigiles: « faisons mémoire» des saints patriarches, de la mère de Dieu, des martyrs. Plusieurs fois aussi, nous serons invités à louer Dieu « avec ». «Avec ». Chanter Dieu avec ces témoins de Dieu que nous croyons déjà en sa présence. Avec eux, nous unissons nos voix aujourd'hui dans l'espérance de les rejoindre un jour. En cette vigile, nous nous souviendrons de ces visages en égrenant tour à tour un trait de leur personnalité ou de leur vie. Et nous chanterons avec eux la gloire de Dieu qui les illumine aujourd'hui dans la Joie du Ciel. Notre chant confessera notre espérance confiante d'être un jour à leurs côtés pour célébrer le Dieu trois fois Saint. Dans la lignée d'Adam, d'Abraham le croyant, de Moïse et des prophètes, de David et de tous les sages, appuyés sur la foi de Marie et des apôtres qui ont accueilli le Christ, nous marchons sur les traces des martyrs, éclairés par les docteurs, encouragés par les saints. En cette Vigile, nous communierons à la Joie des Saints, et à la grâce des fils et filles de Dieu, grâce qu'ils ont su si bien porter à son accomplissement dans leur vie terrestre. Leur mémoire devient une lumière et une boussole pour le chemin qui nous reste à parcourir ... Le chemin de la sainteté, de cette sainteté gracieusement offerte en abondance à chaque baptisé. La sainteté nous est déjà donnée, comme un germe. Il nous revient de la laisser éclore, dans notre chair, terre unique héritée de nos histoires singulières, traversées par la beauté comme par la souffrance. A chacun de nous comme à tout le peuple de Dieu, l'appel à la sainteté retentit comme une promesse et une espérance : celles de trouver vraiment dans le Christ Jésus notre visage unique de fils et fille de Dieu, dans la modeste singularité qui est la nôtre. En cette fête, réjouissons-nous de l'appel et du don de la sainteté de Dieu offerts à tous. Nous sommes destinés à partager en Dieu « la communion de tous ceux que l'amour fou de Dieu a sauvés dans le Christ ». (2015-10-31)