Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.
1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,
3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »
5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».
Quand des personnes de l'extérieur envisagent de notre façon de prier, le plus souvent ils disent que les moines prient pour le monde, qu'ils sont des intercesseurs pour l'humanité. C'est leur manière de penser notre utilité.
Quand Benoit parle ici de la prière des heures. Il utilise les mots du psalmiste: « louange» et « action de grâce» pour « les jugements de la justice de notre Créateur ». L'intercession n'est pas mentionnée, seulement la louange. Ce détail mérite d'être relevé. En effet pour Benoit, le service du moine, (le mot: servitus) est de louer Dieu, de lui rendre grâce pour tous les bienfaits de sa création et de son œuvre de salut. Gardons-nous vivante cette conscience? L'avons-nous toujours surtout quand de nos lèvres montent des cris, des imprécations sur les ennemis, ou encore simplement des récits de l'histoire du peuple d'Israël? Nous pouvons même parfois nous demander ce que nous disons et pourquoi nous le disons dans le cadre de notre prière communautaire. Benoit sait que tous les psaumes ne sont pas des psaumes de louange, comme ses choix faits de tel psaume plutôt que de tel autre pour les Laudes ou le dimanche en témoignent. Il n'en place pas moins l'ensemble de notre service de prière sous les vocables de louange et d'action de grâce. Avec nos mots repris du psautier, ce « livre des louanges », montent devant Dieu tous les cris humains, toutes les joies qui ont habités Israël et qui nous habitent aujourd'hui encore. Et à travers eux, monte le mémorial du salut que Dieu a opéré en faveur de son peuple, dans la conviction qu'il continue à œuvrer aujourd'hui encore. Dieu a entendu la prière de son peuple. Il a exaucé la prière de son Messie Jésus, en le ressuscitant. Il continue d'entendre la prière de son Eglise. Faire monter vers notre Père des Cieux les cris comme les joies, les recherches comme les certitudes, les doutes comme les espoirs des hommes, dans la foi et l'espérance qu'aucune de ces prières sorties du cœur de l'homme n'est vaine, voilà gui chante la louange divine. De cette façon, nous le confessons comme un Dieu qui se fait proche, comme un Père qui est attentif à ses enfants jusque dans la déréliction amère de la mort. La pire des offenses faites à Dieu serait moins de de lui dire nos quatre vérités que de nous arrêter de nous tourner vers Lui. Ici apparaît le sens le plus profond de notre intercession, vécue en Eglise, dans le Christ: nous portons devant le Père des Cieux, les mots qui jaillissent du cœur de l'homme contemporain et dont il ne sait que faire, ni à qui les adresser. Humblement, nos voix voudraient être « caisse de résonance» des détresses humaines, dans l'espérance qu'aucune n'est perdue aux yeux de Dieu. (2015-11-10)
1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;
2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.
3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.
4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.
Ce petit chapitre m'étonne toujours par sa manière de relever l'importance de certains éléments de la liturgie: ici l'usage de « l'alléluia » ... Mais nous le savons, la liturgie en sa dynamique est faite d'un ensemble d'éléments, qui pris séparément ne sont pas nécessairement indispensables, mais qui associés à l'ensemble lui donnent sens et saveur, à la manière de quelques grains de sel ou de poivre qui relève le goût d'un plat.
S'arrêter comme le fait Benoit sur « l'alléluia» lui permet de souligner la note pascale de notre prière des heures, mais aussi sa portée eschatologique. Chanter l'alléluia nous rappelle tout d'abord que toute notre vie chrétienne se fonde sur la fête de Pâques dont nous faisons mémoire chaque dimanche. Mais le chant de l'alléluia nous enseigne aussi à orienter nos regards vers le temps de la louange sans fin, lorsque le Christ viendra récapituler toute chose en lui. St Augustin voit cette attente exprimée dans le chant de l'alléluia qui domine le temps pascal. Je cite: « La vie que symbolise les 50 jours qui suivent la résurrection du Sauveur, nous n'en jouissons pas, nous l'espérons; nous faisons plus, nous l'aimons en même temps que nous l'espérons; cet amour est la louange de Dieu qui nous a fait ces grandes promesses, et cette louange se traduit par le chant de l'Alléluia. Que signifie Alléluia? Alléluia est une expression hébraïque qui signifie Louez Dieu. En chantant donc alléluia ou Louez Dieu, nous nous excitons réciproquement à louer le Seigneur, et l 'harmonie de nos cœurs, mieux que l 'harmonie de la harpe, chante les louanges de Dieu, répète alléluia» (Serm 252,9).
De la Pentecôte au début du Carême, St Benoit recommande qu'aux vigiles on chante l'alléluia au 2d nocturne, pour mieux signifier cette espérance et cette attente de la venue du Christ à la fin des temps. Un frère me faisait remarquer qu'il trouvait dommage qu'on n'ait plus ces alléluias aujourd'hui. Ils sont remplacés ou non par des antiennes chantées. Pour avoir vu l'usage de cette recommandation de la RB dans d'autres communautés, je peux comprendre ce qui a pu motiver notre choix actuel. Le risque, et c'est souvent le cas, est que ces alléluias soient simplement dits, souvent par trois. Ils sont dits, mais expriment-ils pour autant la louange rendue à Dieu? L'idéal serait qu'ils soient chantés, pour manifester la joie de la louange à travers le chant. Et est-ce trop lourd à toutes les vigiles de chanter des alléluias sur la même mélodie, ou sur des mélodies chaque fois différentes? La question serait finalement, comment garder à notre office sa note eschatologique d'attente du Royaume ... ? (2015-11-07)
1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,
2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.
En écho à ce chapitre, je voudrais m'arrêter sur la fête de la Toussaint qui commencera ce soir. Ensemble, nous célèbrerons cette belle vigile de la Toussaint qui nous permet en un seul regard de chanter la sainteté de tout le peuple de Dieu. Cette vigile unique en son genre dans notre année liturgique est un magnifique mémorial de l'œuvre du salut. Par elle, s'est révélée la beauté de notre Dieu sur tant de visages humains. Une expression reviendra souvent durant les vigiles: « faisons mémoire» des saints patriarches, de la mère de Dieu, des martyrs. Plusieurs fois aussi, nous serons invités à louer Dieu « avec ». «Avec ». Chanter Dieu avec ces témoins de Dieu que nous croyons déjà en sa présence. Avec eux, nous unissons nos voix aujourd'hui dans l'espérance de les rejoindre un jour. En cette vigile, nous nous souviendrons de ces visages en égrenant tour à tour un trait de leur personnalité ou de leur vie. Et nous chanterons avec eux la gloire de Dieu qui les illumine aujourd'hui dans la Joie du Ciel. Notre chant confessera notre espérance confiante d'être un jour à leurs côtés pour célébrer le Dieu trois fois Saint. Dans la lignée d'Adam, d'Abraham le croyant, de Moïse et des prophètes, de David et de tous les sages, appuyés sur la foi de Marie et des apôtres qui ont accueilli le Christ, nous marchons sur les traces des martyrs, éclairés par les docteurs, encouragés par les saints. En cette Vigile, nous communierons à la Joie des Saints, et à la grâce des fils et filles de Dieu, grâce qu'ils ont su si bien porter à son accomplissement dans leur vie terrestre. Leur mémoire devient une lumière et une boussole pour le chemin qui nous reste à parcourir ... Le chemin de la sainteté, de cette sainteté gracieusement offerte en abondance à chaque baptisé. La sainteté nous est déjà donnée, comme un germe. Il nous revient de la laisser éclore, dans notre chair, terre unique héritée de nos histoires singulières, traversées par la beauté comme par la souffrance. A chacun de nous comme à tout le peuple de Dieu, l'appel à la sainteté retentit comme une promesse et une espérance : celles de trouver vraiment dans le Christ Jésus notre visage unique de fils et fille de Dieu, dans la modeste singularité qui est la nôtre. En cette fête, réjouissons-nous de l'appel et du don de la sainteté de Dieu offerts à tous. Nous sommes destinés à partager en Dieu « la communion de tous ceux que l'amour fou de Dieu a sauvés dans le Christ ». (2015-10-31)
12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.
13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.
14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»
Après avoir décrit le déroulement de l'office de Laudes, Benoit s'arrête sur la prière du Notre Père, dont il n'avait pas encore fait mention. Nous pouvons être surpris par l'insistance de prier le Notre Père, à haute voix par le supérieur seul. Il faut tout d'abord la replacer dans son contexte. A son époque, la prière du Notre Père était le plus souvent récitée en silence à part soi, en raison de la discipline de l'arcane. Celle-ci voulait que certaines morceaux de l'Ecriture ou de la doctrine comme le Credo, ne soient pas divulguées aux non-initiés, c'est-à- dire aux non-baptisés. Le Notre Père était un de ces morceaux de choix de la foi chrétienne. On le considérait comme un résumé de l'évangile. St Benoit innove en proposant que la prière soit dite à haute voix à Laudes et à Vêpres, tout en préservant semble-t-il la pratique de la récitation en silence pour les autres heures, récitation conclue ensemble par « délivre-nous du mal ». Son but est éminemment pastoral: tous doivent entendre l'engagement que la prière les incite à prendre pour pardonner les offenses subies. La prière est perçue, non seulement comme une adresse à Dieu, mais aussi comme un enseignement et un engagement pour se purifier par le pardon donné et reçu.
On pourrait se demander nous à la P q V : Alors que nous disons à tous les offices, le Notre Père, mesurons-nous cet engagement que contiennent les paroles dites ou chantées? Est-ce pour cette raison que le bréviaire romain, la Prière du Temps Présent ne propose qu'une oraison pour conclure l'office des petites heures, sans intentions, ni Notre Père? Bon nombre de monastères ont cet usage aujourd'hui. Ils s'appuient sûrement sur l'ordonnancement prévu par RB 16 qui ne mentionne pas le Notre Père. P. Adalbert dit pourtant « qu'à toutes les heures, semble-t-il, la Prière par excellence occupe le poste d 'honneur, parachevant et couronnant l'office entier, sans qu'une collecte s’y ajoute» (Ce que dit St Benoit p 112). La fin de ce chapitre 13 irait dans ce sens qui parle de son usage dans « les autres célébrations ». La prière du Notre Père est riche. Qu'elle demeure le sommet de notre prière liturgique est heureux. Comme expression de notre engagement, à pardonner à nos frères, mais aussi à œuvrer pour que le règne de Dieu vienne et que sa volonté soit faite, elle nous place au cœur de l'alliance avec Dieu. En la disant et redisant, nous apprenons à tisser et fortifier la relation à notre Père des Cieux, en Jésus son Fils qui nous l'a enseignée, par l'Esprit qui crie en nous « Père ». Nous voilà invités au sein de la Trinité. (2015-10-30)
1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,
2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.
3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire
4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,
5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,
6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,
7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,
8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;
9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.
10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.
11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.
L'office de Laudes chez St Benoit a cette caractéristique de commencer par les deux mêmes psaumes tous les jours, y compris le dimanche: les Ps 66 et 50. Le premier est à la fois une prière« que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse, que son visage s'illumine pour nous» et un souhait« Que les peuples te rendent grâce, qu'ils te rendent grâce tous ensemble». Avec ce Ps, la louange matinale est d'emblée ouverte à l'universel. Notre louange s'unie à celle de tous les peuples qui déjà chantent la gloire de Dieu. Elle se vit dans l'espérance eschatologique que «tous les peuples rendent grâce» et découvrent un jour que le Seigneur « gouverne les peuples avec droiture ». Nous avons gardé cette ouverture à l'universel en chantant le Ps 66, chaque dimanche à Laudes.
Après le Ps 66, Benoit propose le Ps 50 qui invite, dès le matin, à l'humble reconnaissance de sa condition de pécheur. Nous avons aussi le Ps 50, les mercredi et vendredi. Les autres jours, nous psalmodions d'autres psaumes (les 6,31,37,142) dont la tonalité pénitentielle est assez présente: « Seigneur, corrige-moi sans colère, et reprends moi sans fureur» (6) ; « J'ai dit: 'Je rendrai grâce au Seigneur en confessant mes péchés'» (31) ; « Oui j'avoue mon péché, je m'effraie de ma faute » (37) ; «N'entre pas en jugement avec ton serviteur, aucun vivant n'est juste devant toi» (142). S'agit-il de se morfondre dans une culpabilité morbide? Je pense plutôt que ces psaumes nous font entrer dans une attitude toute de vérité sur notre condition devant Dieu: « aucun vivant n'est juste devant toi ». Nous nous reconnaissons pécheur, c'est-à-dire jamais totalement ajustés à l'amour de Dieu et des frères. Ainsi nous nous disposons à être dans les mains de Dieu, comme une terre toute assoiffée de sa grâce.« Me voici devant toi comme une terre assoiffée ... Je suis à bout de souffle ... Ton souffle est bienfaisant, qu'il me guide en un pays de plaine» (142). Dès le matin, ces psaumes nous entrainent à être en vérité devant notre Dieu. Nous nous ouvrons à son œuvre de salut qui se poursuit aujourd'hui.
L'office de Laudes de St Benoit, avec ses psaumes répétés donne à la prière du moine une double ouverture au salut réalisé par Dieu: ouverture au salut universel auquel tous les peuples sont appelés et ouverture au salut personnel auquel chacun se dispose en se présentant humblement pécheur devant Dieu. (2015-10-29)
1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.
2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.
3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,
4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.
L'office de Laudes est le seul qui soit qualifié de « solennité» dans la RB, aussi bien pour le dimanche que pour la semaine (RB 13). Il se distingue en même temps des « solennités» ou fêtes annuelles dont on parle en RB 14. Est-ce que St Benoit nous laisse entendre que cet office revêt une dimension particulière? La note pascale est fortement soulignée pour le dimanche, par l'ajout de « l'alléluia» au Ps 50 récité quotidiennement, par le choix des psaumes 117 et 62, par le choix de la leçon de l'Apocalypse, livre de la Révélation de toute chose accomplie dans le mystère pascal du Christ.
Notre office dominical actuel s'inscrit dans cette tonalité pascale donnée par la règle, par le choix des psaumes, le 117 notamment qui est relu dans l'Eglise comme une prophétie de la mort et la résurrection du Christ. Nous célébrons « solennellement» aux premières heures du jour la mémoire de la résurrection du Christ que les femmes ont découverte au petit jour. Les antiennes explicitent cette dimension pascale, ainsi que l'hymne sur laquelle je voudrais m'arrêter ce matin.
Cette hymne est une exhortation: « allez, vivez, chantez». Elle veut nous entrainer dans le dynamisme initié par le Christ ressuscité. Dans chacun de ces versets, sont répétés les mots « aujourd'hui », « le Christ est ressuscité »,« et l'homme découvre» et enfin « en lui» (dans le Christ). Ressort de cette insistance l'actualité de la résurrection du Christ: c'est aujourd'hui qu'il est ressuscité. La célébration de ce mémorial de la résurrection nous donne de l'accueillir maintenant, Lui le Vivant. Alors nous découvrons, qu'en Lui quelque chose peut changer dans notre vie si nous renaissons, vivons et nous perdons dans le Christ: notre vie présente prend déjà son poids d'éternité d'enfance et de vie nouvelle. Les deux couplets de l'hymne sont une merveilleuse relecture de l'œuvre conjuguée de la création (les sept jours) et de la rédemption annoncée par les prophètes. Consommation du temps et accomplissement de la promesse divine débouchent sur les signes du Pain et de Vin chargés d'un sens nouveau. Ils sont ces « vivres» par lesquels nous « puisons» dans la vie du Christ Ressuscité. « L'amour tient table ouverte» et nous sommes conviés au festin de Dieu. Les réjouissances messianiques sont déjà offertes en prémices de celles que nous goûterons dans le Royaume. Cette hymne nous plonge de façon si belle au cœur du mystère. (2015-10-28)
11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,
12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.
13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.
Dernière notation de Benoit après la description du déroulement de l'office: l'appel à la régularité et à la ponctualité. A 1 'heure des réveils et des horloges électroniques, nous ne mesurons plus bien la difficulté que devait représenter le fait de sonner le lever en pleine nuit. Le sonneur devait demeurer toujours plus ou moins éveillé pour surveiller l'évolution de la nuit, en se repérant sur les étoiles. Ainsi lit-on dans Cassien cet avertissement: « Celui à qui est confiée la charge d'avertir la communauté pour la synaxe ne se permet pas de réveiller les frères pour les vigiles quotidiennes au hasard de sa fantaisie ni selon que lui-même est réveillé la nuit, ou selon les aléas de son sommeil ou de son insomnie. Mais, même si une longue habitude l'amène à se réveiller à l 'heure convenue, c'est pourtant en guettant avec attention et souvent, par le mouvement des étoiles, le temps fixé pour l'assemblée, qu'il appelle les frères à l'office des prières, de crainte de faire preuve d'imprudence dans les deux cas, ou bien, appesanti de sommeil, de laisser passer l 'heure fixée de la nuit, ou bien de l'anticiper pour aller dormir plus vite ... » (Inst 2, 17). L'éveilleur de ses frères devait veiller doublement afin de ne pas manquer l'heure. Ce n'était pas une petite responsabilité.
S'il y a retard, Benoit prescrit de raccourcir l'office, plutôt que de le décaler, ce qu'on aurait plutôt tendance à faire. Peut-être a-t-il pitié de ses frères en hiver. .. afin de ne pas alourdir. En été, la raison est peut-être davantage de ne pas manquer le début de l'office de Laudes qui suit immédiatement les vigiles et qui doit être commencé au lever du jour. Si telle est la motivation du fait de raccourcir les vigiles commencées en retard, cela confirmerait l'importance pour Benoit et pour les anciens d'accorder le cycle de la prière liturgique au rythme cosmique du soleil. La louange rendue à Dieu, n'est pas simplement celle des êtres humains qui chantent, mais elle s'unit étroitement à celle de toute la création. Les psaumes 148-150 prévus pour l'office de Laudes redisent cette profonde communion dans la louange de tout le monde créé. « Louez-le soleil et lune, louez-le tous les astres de lumière ... Qu'ils louent le nom du Seigneur: sur son ordre ils furent créés ... » (2015-10-27)
6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.
7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,
8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .
9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.
10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.
Nous aimons la solennité de notre office des vigiles du dimanche que nous célébrons maintenant le samedi soir. Cette solennité est marquée principalement par le 3 a nocturne qui s'ajoute au régime habituel, et qui se conclue par la lecture solennelle de l'évangile encadrée par les deux hymnes. Pour lecture de l'évangile, nous avons pris l'habitude de lire celui du dimanche, alors qu'il est vraisemblable qu'au temps de St Benoit, on lisait un évangile de la résurrection ... Est-ce pour cette raison qu'il prescrit de conclure cette proclamation de l'évangile par un « Amen» qui a quelque chose de solennel. Cet « Amen» pourrait signifier la foi et l'adhésion en la résurrection ... mais on a peu d'éléments sur ce fait.
Je voudrais revenir sur les deux hymnes «A toi Dieu notre louange» et «A toi la louange» qui encadrent l'évangile, à la manière d'un écrin. Elles comptent parmi les plus anciennes hymnes qui soient parvenues jusqu'à nous. Leur note est fortement trinitaire, comme pour mieux souligner que c'est dans la foi trinitaire que l'annonce de l'évangile prend toute sa mesure. C'est dans la louange trinitaire que nous pouvons le mieux chanter notre reconnaissance pour le don du Christ ressuscité. Le «A toi Dieu notre louange» nous invite d'abord à louer le Père Eternel devant qui se prosternent les anges, pour élargir notre adoration à la Trinité: «Dieu nous t'adorons, Père infiniment saint, Fils éternel et bien aimé, Esprit de puissance et de paix ». Puis l'hymne s'adresse au Christ, en résumant l'œuvre de salut qu'il a accompli pour nous: son incarnation, sa mort et sa résurrection, sa royauté auprès du Père en attendant sa venue pour le jugement. L'hymne finit par une demande au Christ: « montre-toi le défenseur et l'ami des hommes sauvés par ton sang. Prends-les dans ta joie et dans ta lumière» ... L'évangile prend place là après cette hymne. Il nous met en présence du Christ vivant dans sa Parole. Au milieu de nous, Il nous parle. Et en réponse, avec l'hymne « A toi la louange» : nous chantons de nouveau la gloire de la Trinité. De la louange de la Trinité à la gloire rendue à la Trinité, en accueillant le Christ présent en sa Parole. En quelques minutes, nous sommes placés au cœur de notre foi chrétienne.
Réjouissons-nous d'être ainsi portés dans la profondeur de notre foi chrétienne et d'être entrainés dans la louange, cette louange qui voudrait être un avant-goût de celle qui n'aura pas de fin. (2015-10-24)
4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.
5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.
« Suivront six autres psaumes avec antiennes » ... Quand on parle de notre office, on évoque assez facilement les psaumes ou les hymnes, mais plus rarement les antiennes. Celles- ci nous occupent particulièrement pourtant, car elles demandent un effort renouvelé de mémorisation et d'exécution dans la mesure où elles sont propres à chaque psaume.
Quel rôle joue-t-elle dans notre prière? Sont-elles une aide pour mémoriser une phrase du psaume souvent mis en exergue de cette manière? Nous permettent-elles de mieux prier le psaume en lien avec l'heure de l'office célébré ou en lien avec une fête? En effet, elles veulent nous aider à actualiser et à faire nôtre, aujourd'hui, la prière du psaume.
Si on prend les antiennes de notre office des vigiles du dimanche, elles nous orientent sur la célébration du Christ ressuscité, avec une accentuation au second nocturne sur le mystère de l'Eglise tendue à sa rencontre. Je prends quelques exemples pour faire ressortir les résonnances qui peuvent nous aider à mieux habiter et célébrer notre office comme la célébration du Seigneur Ressuscité qui vient. En semaine 1, le Ps 2 qui exalte la royauté du Roi Messie sur les princes de la terre, est introduit par l'antienne: « Gloire à l'Agneau immolé! A lui force et puissance à jamais ! ». Le Christ Ressuscité a établi son règne en étant devenu l'Agneau immolé. En semaine 2, le Ps 131 qui fait mémoire de la promesse du Seigneur de donner une descendance à David d'où naitra le Messie, est introduit par l'antienne: «J'interdirai tout sommeil à mes yeux avant d'avoir trouvé un lieu pour le Puissant de Jacob ». S'expriment dans cette antienne l'attente et l'espérance du peuple d'Israël, attente et espérance accomplies par le Christ qui, par sa résurrection, a trouvé définitivement son Lieu. Au second nocturne, en semaine 1, le Ps 44 qui contemple le Roi Messie, beau comme aucun des enfants de l'homme et à la rencontre duquel vont les jeunes filles, est introduit par l'antienne: «De mon cœur a jailli un chant de joie : louange pour mon Dieu ». Cette antienne reprend en partie le début du psaume. Elle exprime la louange émerveillée qui monte du cœur de l'Eglise devant son Seigneur et son Dieu, le Christ Ressuscité. En semaine 2, le Ps 83 qui chante le désir du croyant de rencontrer le Dieu Vivant dans son temple est précédé de l'antienne: «Mon âme désire les parvis du Seigneur, mon cœur et ma chair sont un cri vers le Dieu Vivant ». Celle-ci reprend le verset 3 du psaume. Elle manifeste le désir et l'attente de toute l'Eglise en prière tendue vers la vie avec Dieu, dans les demeures éternelles. Il peut être bon de méditer de temps en temps sur les antiennes. (2015-10-23)
1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.
2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.
3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.
« Ils s'assiéront en bon ordre ... ils se lèveront avec révérence ». Dans ces notations sur la manière de s'asseoir et de se lever, se trouvent données plus que de simples recommandations de rubriques. On peut entendre là que la liturgie est ordonnée et qu'elle implique une manière d'être et une manière de faire. Ordre et manière créeront cette dynamique propre à la liturgie. Le « bon ordre ». Si Benoit vise la façon de s'asseoir, on peut entendre l'importance d'un bon ordre dans la liturgie. Bon ordre dans le déroulement des actions et des paroles selon un sens théologique précis (le gloria se dit à la fin du psaume, non au début, les litanies sont à la fin de la prière, non au début etc ... ). La liturgie appelle nécessairement un ordre qui est essentiel à l'action célébrée. Cet ordre n'est pas le fait que tout soit bien cadré et mesuré au millimètre près, ce que parfois on a eu tendance à penser. L'ordre, le bon ordre dans la liturgie est celui qui fait bien apparaître le sens de l'action qui se déroule: l'action de la messe, l'action d'une prière ou celle de la célébration d'un sacrement. Chaque célébration a sa cohérence que le bon déroulement fait apparaître. Dans le bon déroulement, on peut aussi inclure le rythme, un rythme ni trop lent ni trop bref. Nous insistons ici par ex pour qu'entre chaque psaume, il y ait un petit temps de pause, afin de laisser résonner un verset, un mot. .. et de ne pas tout avaler à la suite. Parfois aux vigiles, ou aux laudes, on a à peine le temps de se mettre à la bonne page. N'ayons pas peur de ces pauses brèves.
Se lever « avec révérence». Ici St Benoit attire notre attention sur la manière avec laquelle nous faisons nos gestes, et sur nos attitudes. Qu'est-ce qui distingue un geste liturgique d'un geste quotidien? Outre le moment de la célébration et l'espace dans lequel il est fait, c'est la manière de faire le geste qui va le distinguer. Cette manière n'a rien d'ostentatoire ou d'artificiel. Elle veut rester très simple. Et en même temps, elle est liturgique parce qu'elle est habitée par le désir de célébrer pleinement l'action en train de se vivre. Une prosternation au gloria faite machinalement ou bien avec révérence, n'est plus tout à fait la même. A l'autel, la manière tranquille et respectueuse de faire nos gestes signifiera que le pain et le vin consacrés sur l'autel sont plus que du pain et du vin. La prière liturgique nous convoque à nous tenir en présence de Dieu, avec respect et révérence filiale. Elle nous entraine, nous enveloppe comme nos coules, pour nous aider à habiter nos gestes afin que par tout notre être on célèbre notre Dieu, Père et Créateur. Parfois laissons-nous enseigner et corriger par le responsable de liturgie. (2015-10-22)