Site officiel des moines bénédictins de la Pierre-qui-Vire – Morvan – Bourgogne

Moines

Vivre à Dieu seul

Et se tenir en sa présence,

Tout quitter pour atteindre la paix,

Choisir le silence

Pour saisir la Parole,

Pour être ce disciple aux aguets

D’un mot, d’un ordre…

 

Fuir au désert,

Mais rassembler dans la louange,

Consentir à toujours commencer,

Traduire en patience

Le désir du Royaume,

Pouvoir être trahi sans cesser

De croire aux hommes…

Voir l’univers

À sa mesure véritable,

L’univers comme un point lumineux,

Léger grain de sable

Que l’amour transfigure,

Savoir que toute chose est en Dieu

Précieuse et pure…


Craindre sans peur,

Dans l’abandon de tout son être,

N’avoir rien de plus cher que le Christ,

Servir le seul Maître

Dont le joug rende libre :

Ainsi, dans la douceur de l’Esprit,

Benoît se livre.


CFC (s. Marie-Pierre) © CNPL (Guetteur de l’aube, 1976)

Hymne pour la solennité de saint Benoît

L’office divin

« Que les moines soient toujours prêts, et qu’au signal donné ils se lèvent sans retard, empressés à se devancer les uns les autres à l’œuvre de Dieu. » (Règle 22, 6)

La liturgie : l’œuvre de Dieu, dit saint Benoît. La liturgie des moines est la liturgie de l’Église en prière, jour et nuit : prière d’adoration, de louange, d’intercession, de supplication… Prière sculptée par les mots des psaumes, ce livre de la Bible regroupant les plus anciennes prières du peuple élu, que les chrétiens ont faites leurs dès les origines.

Une journée au monastère est ponctuée par les offices qui, toutes les 3 heures environ, nous ramènent à l’église, au rendez-vous de Dieu. Les offices sont de durée variable, mais ils comprennent toujours :

Une invocation, qui met dans l’attitude intérieure de la prière ;

Une hymne, qui varie selon l’heure du jour et en donne le caractère ;

Le chant des psaumes, ou psalmodie ;

La lecture de la Parole de Dieu dans un passage de la Bible, sommet de l’office, où le Christ lui-même nous parle ;

La prière du « Notre Père », que Jésus nous a apprise ;

Une bénédiction finale.

 

Pendant l’office de la nuit, le silence favorise l’écoute : la psalmodie est donc plus développée, et les lectures plus abondantes.

À la Pierre-qui-Vire, l’office de Tierce (vers 9 heures du matin) est remplacé par l’eucharistie, mémorial de la mort et de la résurrection du Seigneur, où nous nous recevons de lui et puisons des forces neuves pour le servir en nos frères.

Pourquoi prier en français ? L’Église, que ce soit à travers les traductions de saint Jérôme ou les hymnes de saint Ambroise, a toujours été attentive à rejoindre les fidèles avec leurs mots de tous les jours. En priant les 150 psaumes en français, notre langue maternelle, nous leur donnons la possibilité d’entrer au plus profond de notre cœur, et de là, d’irriguer en retour nos paroles quotidiennes : nos pensées, nos conversations, notre travail intellectuel…

La lectio divina

« L’oisiveté est ennemie de l’âme. C’est pourquoi à certaines heures, les frères doivent s’occuper au travail des mains et à certaines autres à la lectio divina. » (Règle 48, 1)

Lectio divina : la « lecture des choses divines ». La Bible, inspirée de lEsprit de Dieu, nous transmet la connaissance de Dieu et de son dessein damour pour les hommes, à travers lhistoire souvent tumultueuse de son alliance avec eux. Inspirés par le même Esprit, nous pouvons comprendre ce que nous dit le Livre, entendre ce que Dieu nous dit aujourdhui.

Par la lectio divina, avec constance et régularité, les moines se familiarisent avec le mystère de Dieu et se laissent façonner par lui. Ce n’est pas d’abord une recherche intellectuelle, mais une écoute aimante.

Le texte lu, médité, prié, élargit peu à peu notre cœur. Parfois, un passage de l’Écriture en évoque un autre, dont la lecture renvoie à un troisième, etc. Naviguer ainsi dans la Bible au gré de l’Esprit nous rapproche de la pensée de Dieu, de la personne du Christ, et nous aide à garder sa parole sur nos lèvres.

La vie fraternelle

« Tel est donc le zèle que les moines pratiqueront avec un ardent amour : ils se préviendront d’honneurs mutuels ; ils supporteront sans aucune impatience leurs infirmités corporelles et morales ; ils s’obéiront à l’envi ; personne ne recherchera ce qu’il juge être à son avantage, mais plutôt celui d’autrui. » (Règle 72, 3-7)

Par son appel, le Seigneur rassemble des hommes pour bâtir une communauté, petite cellule d’Église. Ils vont apprendre vivre en frères, en signe de l’amour du Christ. Ce labeur incessant demande du temps, de la patience : il s’accomplit jour après jour, dans la prière commune, le silence, le service, les paroles échangées, le pardon.

La vie fraternelle est un cadeau reçu de Dieu, que nous nous offrons les uns aux autres. Elle est le moyen d’une vraie liberté intérieure.

Le travail manuel

« C’est alors qu’ils sont vraiment moines, s’ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles. » (Règle 48, 8-9)

La devise « Ora et labora » (« Prie et travaille ») est souvent utilisée pour illustrer la vie bénédictine. Prière, travail, étude : les activités s’équilibrent et s’enrichissent mutuellement dans une unique recherche de Dieu, qui unifie toute la vie.

Le travail fait avec compétence nous fait participer à l’effort des hommes et à l’œuvre créatrice de Dieu. Pratiqué dans un cadre priant et fraternel, le travail permet aussi aux moines de nouer des relations harmonieuses avec leurs partenaires laïcs.

Les monastères doivent assurer par eux-mêmes leur équilibre économique, en recherchant « juste ce qu’il faut » pour vivre d’une vie sans superflu.

Pour la bonne marche de la maison, chaque frère est impliqué dans les services inhérents à la vie commune : la cuisine, le ménage, la vaisselle, l’entretien des locaux et du jardin, le linge, le soin des malades, les courses…

Le soin de la création

« Le monastère doit, autant que possible, être disposé de sorte que l’on y trouve tout le nécessaire : de l’eau, un moulin, un jardin et des ateliers pour que l’on puisse y exercer les divers métiers à l’intérieur même de la clôture. » (Règle 66, 6)

Habiter tous les jours de lannée en un même lieu nous rend attentifs à en soigner la beauté, le calme, et à le préserver pour ceux qui seront moines après nous.

Les heures que nous consacrons à entretenir les abords des bâtiments ou la forêt, à cultiver notre potager en permaculture, à assurer la bonne marche de notre usine hydroélectrique, nous rapprochent aussi de Dieu, qui a créé toutes choses avec amour, pour que l’homme en tire sa subsistance et en soit le gardien.

La recherche d’une écologie intégrale, englobant toutes les dimensions de notre existence humaine, nous conduit aussi à réfléchir aux moyens de limiter nos déplacements, réduire notre volume de déchets, consommer local pour faire vivre les petits producteurs de notre région…

La bibliothèque et les études

« Après le repas, ils vaqueront à leurs lectures ou à l’étude des psaumes. » (Règle 48, 13)

L’étude tient traditionnellement une grande place dans la vie bénédictine. Chacun, à la mesure de ses moyens, est invité à cultiver son intelligence de la Révélation divine, pour mieux en vivre et en témoigner.

Cela passe par des lectures personnelles et communautaires, notamment pendant les repas pris en commun. Une riche bibliothèque, ouverte aux sciences humaines, donne les outils indispensables pour comprendre notre monde d’aujourd’hui.

Un programme de « formation permanente » nous permet aussi de nous laisser enseigner tout au long de notre vie.

Les arts et l’artisanat

« S’il y a des artisans dans le monastère, ceux-ci exerceront leur métier en toute humilité, si l’Abbé le permet. » (Règle 57, 1)

Les talents déposés en chacun de nous sont autant de motifs d’émerveillement. Bien cultivés, ils peuvent aider la communauté dans sa suite du Christ, en qui se trouve récapitulée toute beauté.

Parmi ses figures marquantes, la Pierre-qui-Vire a compté des frères peintres : le P. Luc Lavergne (1893-1969), le P. Angelico Surchamp (1924-2018), le F. Yves Vitry (1923-2024). F. Yvan de Carheil (1942-2023) a initié un atelier de céramique.

La musique a aussi toute sa place, notamment pour le service de la liturgie. Notre chant est a cappella, ou bien soutenu par l’orgue aux offices principaux (lien).