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1. Si, lorsque nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et révérence,
2. combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et très pure dévotion !
3. Et ce n'est pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien.
4. Aussi l'oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu'elle ne vienne à se prolonger sous l'effet d'un sentiment inspiré par la grâce divine.
5. En communauté, cependant, le temps de l'oraison sera tout à fait bref, et dès que le supérieur aura donné le signal, on se lèvera tous ensemble.
Une attention majeure ressort de ces lignes de Benoit sur la prière, celle de voir les moines prier d’une manière « pure ». Le mot revient deux fois avec le substantif « puritas » (pureté), et une fois comme adjectif « pura » (pur). Que veut dire « pur-pureté » pour Benoit ? Les association de mots dans lesquelles ces mots se retrouvent nous aident à mieux les cerner : il s’agira de prier « en toute humilité et très pure dévotion », « par la pureté du coeur et les larmes de la componction ». La prière devra « être brève et pure » … Pureté comme humilité, avec les larmes de la componction, avec brièveté… Rien à voir avec une belle prière que l’on se composerait, que l’on voudrait voir dégager de toutes les choses pas très belles, notamment de notre péché. Non, la pureté de la prière au contraire sera dans notre capacité à nous tenir vraiment comme nous sommes devant le Seigneur, avec notre péché, nos lourdeurs, les sentiments qu’on a du mal à s’avouer à soi-même, à fortiori aux autres. Être dans la conscience de notre pauvreté, en l’offrant, en la remettant, en la pleurant de ces larmes de repentir qui seront l’expression de notre confiance dans le Seigneur, et non de notre dépit sur nous-mêmes…
St Benoit insiste en final sur la brièveté de la prière, à moins qu’un « sentiment inspiré par la grâce divine » ne la prolonge. Qu’est-ce que ce « sentiment » ? Des paroles de St Augustin dans la lettre à Proba peuvent l’éclairer : « Contrairement à ce que pensent quelques-uns, prier très longuement, ce n’est pas prier avec une abondance de mots. Une chose est l’abondance des paroles, autre chose un sentiment qui se prolonge. De fait, on a écrit du Seigneur lui-même qu’il passa la nuit à prier, et qu’il priait plus longuement » (Lettre à Proba 19). Autre chose un sentiment qui se prolonge… On pourrait peut-être comprendre : autre chose est cet élan filial qui nous tourne vers le Père, avec le Christ, à la manière du Christ et qui peut se prolonger… Evagre dans son traité sur la prière insiste aussi sur le sentiment. Il écrit : « Que tu pries avec des frères ou seul, tâche de prier non par habitude, mais avec sentiment » (Or 42). Et il ajoute pour faire mieux comprendre ce qu’est le sentiment : « Le sentiment de prière est un état d’esprit composé de respect, de componction et de douleur d’âme dans la confession des fautes, avec des gémissements étouffés » (Or 43). Avec le mot « componction », on retrouve ce que St Benoit suggère, de prier dans toute la vérité de notre être, en osant être tel que nous sommes devant notre Dieu, avec respect ou crainte filiale, mais certainement aussi avec confiance, cette confiance que nous pouvons avoir en Jésus, le Fils qui nous a délivrés de nos péchés et qui nous apprend à dire « Père » avec lui.
1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »
2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.
3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;
4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;
5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »
6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,
7. et quand nous nous tenons debout pour psalmodier, faisons en sorte que notre esprit concorde avec notre voix.
Je m’arrêterai ce matin sur le titre de ce chapitre, plus particulièrement sur le mot « de la tenue », en latin « de disciplina ». Ce mot disciplina revient assez souvent dans la règle : le plus souvent pour évoquer l’ordre à respecter, ou encore les sanctions que l’on devra prendre contre un frère récalcitrant… Son usage ici est assez unique car il ne désigne pas une quelconque discipline qui s’imposerait à tous de l’extérieur en vertu de la règle commune. Non, est visée ici une discipline intérieure, la capacité à se tenir vraiment présent durant la psalmodie, sous le regard de Dieu, de telle sorte que « notre esprit concorde avec notre voix ». St Benoit utilise trois mots qui peuvent nous y aider : croire, crainte et sagement.
Croire. Par deux fois, St Benoit insiste : « nous croyons que la divine présence est partout…cependant c’est surtout à l’office que nous devons le croire »… Croire, non pas d’une foi intellectuelle qui sait d’un savoir théorique, Dieu est là, c’est évident puisqu’il est partout présent, infini, transcendant… Croire plutôt dans le sens d’une remise confiante sous le regard d’un Père qui nous aime, de notre Seigneur Jésus-Christ qui nous sauve aujourd’hui encore. Dans le temps qui nous est offert depuis la cloche jusqu’au verset d’ouverture, il nous est proposé de nous remettre dans cette disposition de foi-confiance. Si nous venons à l’église, c’est pour répondre à un appel, celui d’entrer dans la louange qui est due à notre Créateur et Sauveur.
Crainte. « Servez le Seigneur dans la crainte ». Parler de crainte n’est-ce pas contradictoire après la confiance ? Prise dans son sens biblique, la crainte est en nous ce sentiment qui témoigne que notre conscience s’affine devant Dieu et son mystère. La confiance qui nous habite n’est pas insouciance. Mais renforcée par la crainte, elle s’élargit par le respect filial et aimant qu’elle suscite en nous. Devant notre Dieu, nous n’arrivons pas les mains dans les poches. Non, dans la crainte, nous grandissons dans la conscience que son amour pour nous est si délicat et si profond que nous voudrions de moins en moins le blesser, comme en amitié, on ne veut pas blesser.
Sagement. « Psalmodiez sagement ». Il est heureux que St Benoit convoque ici, après la foi et la crainte, la sagesse. Plus nous entrons dans l’intelligence des psaumes, mais aussi des lectures, plus les mots que nous prions acquièrent une résonnance et une profondeur. Tout ce qu’on peut glaner comme connaissance à travers nos lectures, la lectio, ou simplement à travers l’expérience,va nous aider à ne pas laisser glisser les mots dans notre bouche sans en retenir au moins quelques saveurs. Nous le savons cette discipline intérieure faite de foi, de crainte et de sagesse, est toujours le fruit d’une grâce à demander, en nous préparant durant les minutes qui précèdent l’office, en laissant le fardeau du jour et du travail, et en implorant « Dieu viens à mon aide ! »
22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,
23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,
24. car les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion, quand ils psalmodient moins que le psautier, avec les cantiques accoutumés, en l'espace d'une semaine,
25. puisque nous lisons qu'une fois nos saints Pères accomplirent cela vaillamment en un seul jour. Tièdes que nous sommes, puissions-nous du moins nous en acquitter en une semaine entière !
« Les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion quand ils psalmodient moins que le psautier, en l’espace d’une semaine » …Par cette expression « service de dévotion », Benoit désigne l’ensemble de notre office monastique. De manière analogue Cassien parle des « devoirs de piété » (pietatis officia) (Inst 3,3,8). Là où Benoit exhorte ses frères à ne pas être paresseux en psalmodiant tout le psautier en une semaine, Cassien convie ses lecteurs à tenir fidèlement la prière des heures, leur « devoir de piété », durant la journée. St Benoit prend appui sur l’exemple des moines du désert, Cassien se réfère aux apôtres dont certaines notations des Actes, nous font comprendre qu’ils priaient à plusieurs reprises durant la journée. Je le cite : « En un autre passage, des Actes des Apôtres, on rapporte ceci, concernant le même temps (la neuvième heure) : ‘Pierre et Jean montaient au temple pour la prière de la neuvième heure’. Tout ceci prouve clairement que ces heures, consacrées non sans raison au service religieux par des hommes saints et apostoliques, nous devons les observer de la même façon, nous qui, à moins d’être contraints comme par une loi à nous acquitter de ces devoirs de piété au moins à des moments déterminés, passons tout le jour dans l’oubli et la tiédeur, ou accaparés par nos occupations, sans recourir à la prière » (Cassien, Inst. 3, 3, 7-8).
Pour Benoit et Cassien, les moines ont un devoir, un service à acquitter, service de dévotion, devoir de piété…Ces mots « dévotion et piété » ont perdu leur caractère de don total de soi dans la relation avec Dieu, pour évoquer surtout des pratiques qui nous resteraient en partie extérieure. Il est impératif de retrouver la profondeur de sens de ces mots. Dans celui de « dévotion », il y a la notion de vœu, et d’engagement, d’attachement sans réserve : un sentiment, un mouvement qui engage toute la personne, en toutes ses dimensions. Dans le mot « piété », il y a une conscience de ses devoirs envers Dieu, les parents (piété filiale) ou la patrie (patriotisme) qu’on veut accomplir totalement : la personne entre dans un mouvement qui la prend tout entière dans sa relation à Dieu, aux parents, à la patrie, incluant son affectivité… Lorsque ces deux termes sont repris dans le cadre de la prière, pour exprimer la relation avec Dieu, ils manifestent que c’est toute la personne qui est convoquée à la prière, et qu’en conséquence, en toutes ses activités, elle est appelée à se tourner vers Dieu. En vivant l’office, nous moines sommes conviés à nous donner vraiment, dans le temps imparti, dans l’horaire haché consenti, dans la qualité de la présence durant la prière. Réjouissons-nous d’être appelés à offrir le fruit de nos lèvres, en associant avec nous tant d’hommes et de femmes qui ne peuvent le faire. Ce service, ce devoir d’amour et de prière nous le remplissons autant dans la conscience d’un cadeau qui nous est fait que dans celle d’un service à rendre à toute l’Eglise et à l’humanité.
12. Les vêpres seront chantées chaque jour en modulant quatre psaumes.
13. Ces psaumes commenceront au cent-neuvième et ils iront jusqu'au cent-quarante-septième,
14. excepté ceux d'entre eux qui sont réservés à d'autres heures, c'est-à-dire depuis le cent-dix-septième jusqu'au cent-vingt-septième, ainsi que le cent-trente-troisième et le cent-quarante-deuxième ;
15. tous ceux qui restent sont à dire aux vêpres.
16. Et comme il manque trois psaumes, on divisera ceux qui, dans la série susdite, sont plus importants, c’est-à-dire le cent-trente-huitième et le cent-quarante-troisième et le cent-quarante-quatrième.
17. Quant au cent-seizième, comme il est petit, on le joindra au cent-quinzième.
18. L'ordonnance des psaumes de vêpres étant ainsi disposée, le reste, c'est-à-dire la leçon, le répons, l'hymne, le verset et le cantique, sera exécuté comme nous l'avons prescrit plus haut.
19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.
20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,
21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.
Dans l’ordonnancement de l’office soucieux de « garder tous les jours également une disposition uniforme », St Benoit ne parle pas de silence. Est-ce cette absence qui fait qu’en bon nombre de monastères, l’office s’enchaine à un rythme soutenu sans laisser de place à un vrai silence ? A la PqV, nous avons pris le parti de ponctuer la récitation des psaumes de brefs silence et de faire un silence plus important après la lecture. Introduire ainsi un silence, c’est donner du relief à la prière. Tout n’est pas mis sur le même plan. Les éléments apparaissent mieux pour eux-mêmes. Ainsi les psaumes se détachant les uns des autres ressortent un peu mieux en leur caractère propre. De même la lecture se détache-t-elle nettement dans notre office en raison du silence qui la suit. Elle se trouve alors mise en valeur comme le moment privilégié d’une parole adressée. De même pour mettre celle-ci en valeur, comme d’ailleurs toutes les autres lectures, celles de la messe en particulier, j’encourage les lecteurs à laisser aussi un bref temps de silence avant la lecture. En effet, il est bon de ménager un petit espace de 5 à 10 secondes qui permet aux auditeurs d’être bien assis, de ne plus remuer, et de se disposer ainsi à écouter. Car, c’est surtout vrai pour les deux lectures de la messe du dimanche, il est dommage de commencer tout de suite la lecture, alors que bon nombre bougent encore en train de se mettre à l’aise. Il n’est pas rare alors que l’on commence vraiment à écouter la lecture, alors que celle-ci en est déjà à la moitié.
Comment faire des temps de silence de l’office, après les psaumes et surtout après les lectures, un vrai temps de prière ? Effectivement, si l’on s’ennuie, si l’on attend impatiemment qu’arrive le coup de gong, on passe à côté. Tout d’abord, il nous faut consentir au fait que le silence introduit comme un vide… et nous n’aimons pas le vide, le rien. Il peut nous faire peur. Il accentue le fait que notre prière est d’abord de l’ordre du recevoir. Nous sommes invités à être passif pour laisser l’Esprit du Seigneur prier en nous. Ensuite, ce silence peut jouer le rôle d’espace de résonnance, comme en musique. Nous pouvons laisser résonner dans notre cœur, l’antienne qu’on vient de chanter, un mot du psaume, ou bien un verset de la lecture. Laisser résonner pour mieux écouter, pour mieux nous laisser ensemencer par la Parole, presqu’à notre insu. Il nous revient seulement de prêter une certaine attention, d’offrir notre présence. La grande lecture des vigiles est à cet égard emblématique de ce travail. Etant plus longue, lorsqu’elle est bien lue, elle nous plonge dans une réflexion priante comme en ce moment avec Ben Sira le Sage qui peut nourrir ensuite le temps de silence plus long, grâce aussi à l’éclairage du répons. Nous pouvons simplement rendre grâce pour la lumière reçue, ou implorer le pardon lorsque le récit nous donne par exemple de communier aux souffrances des hommes...
1. Tout d'abord, on dira le verset « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider », gloria ; puis l'hymne de chaque heure.
2. Ensuite à l'heure de prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent-dix-huit.
3. Aux autres heures, à savoir tierce, sexte et none, on dira chaque fois trois sections du susdit psaume cent-dix-huit.
4. A prime de la seconde férie, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le deuxième et le sixième.
5. Et ainsi, chaque jour à prime jusqu'au dimanche, on dira à la suite trois psaumes chaque fois jusqu'au psaume dix-neuf, en divisant en deux les psaumes neuf et dix-sept.
6. De la sorte, on commencera toujours par le vingtième aux vigiles du dimanche.
7. A tierce, sexte et none de la seconde férie, on dira les neuf sections qui restent du psaume cent-dix-huit, à raison de trois à chacune de ces mêmes heures.
8. Ayant donc achevé le psaume cent-dix-huit en deux jours, à savoir le dimanche et la seconde férie,
9. à la troisième férie on psalmodiera à tierce, sexte et none trois psaumes chaque fois, depuis le cent-dix-neuvième jusqu'au cent-vingt-septième, c'est-à-dire neuf psaumes.
10. Ces psaumes seront toujours répétés identiquement jusqu'au dimanche à ces mêmes heures, en gardant tous les jours également une disposition uniforme pour les hymnes, leçons et versets,
11. et ainsi l'on commencera toujours le dimanche par le psaume cent-dix-huit.
Ce chapitre un peu fastidieux qui énumère les psaumes répartis selon les différents offices peut être l’occasion de s’arrêter sur certains psaumes que nous prions habituellement. Je propose ce matin de méditer un peu le psaume 118… Lorsque nous partageons entre nous sur les psaumes qui nous parlent davantage, il est rare que soit cité le Ps 118. Pourquoi ? Peut-être parce qu’il est très long : 176 versets ; ou parce qu’il semble intemporel, sans ancrage dans une situation concrète d’épreuve, de maladie ou de péché comme la plupart des autres ; peut-être aussi parce qu’il semble toujours dire la même chose. Ce psaume est impressionnant par son organisation en autant de strophes qu’il y a de lettres de l’alphabet hébreu, chaque verset de chaque strophe commençant par la même lettre hébraïque. Mais il est aussi impressionnant par le cœur à cœur avec Dieu dont il témoigne. Le « je » du psalmiste se tisse presque sans discontinuité avec le « tu » de Dieu pour méditer sa loi. L’usage des nombreux synonymes du mot « loi » traduit dans notre psautier liturgique par « volontés, commandements, préceptes, décisions, exigences, parole, promesses, ordres » etc… sont certainement plus qu’une élégance littéraire. Elles nous font signe de la finesse à laquelle aspire le psalmiste dans son désir d’approfondir sa relation avec Dieu. Car s’il semble ne pas cesser de chercher à s’ajuster au plus près à la volonté de son Dieu, il lui faut être attentif à la manière avec laquelle Dieu se révèle à lui.
Si tout peut être regardé sous l’angle de la parole que Dieu adresse, celle-ci prend des nuances qui sont autant d’indications pour qui veut « marcher dans ses voies » (118, 3) et « affermir ses voies » dans l’observance des commandements (118, 5). Il me semble que c’est cet angle de vue qui peut orienter notre prière de ce Ps repris, durant les offices de Sexte de la 1ère semaine. Nous rendre attentif aux nuances de la prière pour affiner notre propre dialogue intérieur avec le Seigneur. Si nous ne sommes pas toujours en phase avec tous les versets que nous disons, recevons-les cependant comme une lumière qui vient éclairer des possibilités pour notre cœur de se tourner vers son Seigneur de façon renouvelée. Car chemin faisant, notre cœur peut s’élargir, car le Seigneur « le met au large » (118, 32), parce qu’il découvre son plaisir le plus profond « en ses exigences qui nous conseillent » (118, 24), parce que « déchiffrer la parole illumine » (118, 130), parce que « tout dans ses ordres est vérité » (118, 151) … Laissons-nous enseigner les chemins du cœur à cœur avec Dieu, dans lesquels nous découvrirons de mieux en mieux autant le cœur de Dieu que notre propre cœur.
1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.
2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,
3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.
4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.
5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.
6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.
7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.
8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.
9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.
10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.
Une chose frappe dans la présentation du déroulement de chaque office faite par Benoit, c’est la place de l’hymne. Celle-ci occupe dans l’ensemble des offices de la journée, 3 places différentes : aux vigiles et aux petites heures, Prime, Tierce, Sexte et None, l’hymne se trouve au début, soit après le verset d’ouverture, soit après l’invitatoire, comme nous aujourd’hui ; aux offices de Laudes et Vêpres, elle se situe après la psalmodie, et le répons qui fait suite à la lecture ; à Complies, elle se situe après la psalmodie et avant la lecture. Pourquoi une telle variété ? Il n’est pas facile de le savoir…Placée au début de l’office, l’hymne donne en quelque sorte le ton. Placé après le capitule de la Parole de Dieu, au milieu de l’office, vient-elle illustrer soit la Parole entendue, soit l’office lui-même… Mais quel sens peut avoir l’hymne lorsqu’elle suit la psalmodie et précède juste le capitule de la Parole de Dieu ?
Notre pratique actuelle se veut plus unifiée en plaçant l’hymne au début de toutes les heures célébrées, après le verset d’introduction ou le Ps invitatoire pour les Vigiles. Avec elle, nous sommes conduits, guidés dans l’office propre que nous célébrons. L’hymne donne le sens de l’heure célébrée en lien avec le déroulement du cycle du temps et avec le mystère du Christ. De ce point de vue, nos hymnes des petites heures sont de bons éclaireurs, nous permettant de prier en lien avec le temps qui passe inséparablement associé à un moment de la vie du Christ. Si je prends l’exemple de cette journée de prière pour nos défunts, réplique monastique de la journée du 2 novembre, les hymnes tiennent une place importante. Elles éclairent et unifient notre prière pour nos défunts. Sans discours, mais par leur seule force poétique, elles nous guident. L’hymne des Vigiles introduit dans un dialogue entre l’âme et son Seigneur, dialogue intime et initiatique pour entrer dans le mystère de notre surgissement en Christ, heureux de balbutier son nom, « plein de silence », Lui seul notre liberté. L’hymne de Laudes, « Dieu tu révèles ta lumière » chante notre espérance au Dieu vivant qui découvre sa présence et l’allégresse des sauvés aux mort qui trouvent la paix dans la joie des Noces… Elle nous fait acclamer le Seigneur, la lumière du Royaume. A Vêpres, nous aurons le tropaire « O mort, où est ta victoire ? », avec sa musique qui fait bien ressortir la force du texte. Merveilleuse méditation sur la mort transformée en « servante, passage vers la vie » par la résurrection du Christ, transformée par elle, « en signe d’amour », en « semence de vie », en « creuset de solitude pour une communion dans limite » … Sachons goûter ces hymnes, laissons-les résonner, car, par leur force poétique, elles façonnent profondément notre être croyant.
1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,
3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »
5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».
Faire monter nos louanges vers notre créateur sept fois le jour, et nous lever une fois la nuit pour lui rendre grâce… St Benoit fixe ici la structure profonde de notre vie de prière cénobitique, la colonne vertébrale de notre vie monastique communautaire. Nos journées et nos activités sont façonnées par cette structure. Mieux toutes nos activités trouvent en elle leur profonde articulation les unes par rapport aux autres, mais aussi leur souplesse, leur force. En effet à la manière de notre colonne vertébrale, les offices qui égrènent nos journées viennent donner du sens à tout ce que nous faisons, même s’ils nous éprouvent parfois par les ruptures qu’ils demandent. Là, où nous pourrions être fascinés par le modèle d’un travail fait sur une longue durée, tout d’un bloc, la vie monastique en propose un autre apparemment moins performant. Il s’agira de s’arrêter toutes les trois heures pour louer Dieu. Par la force des choses, nous voici obliger de prendre de la distance avec ce que nous faisons. Soit on le subit et on va à l’office en trainant les pieds, soit on lâche vraiment prise pour remettre en profondeur ce que nous vivons au Maitre du Temps, et alors notre travail ou ce que nous faisons prend une autre épaisseur, une autre profondeur de sens. Nous voici d’un seul coup relié à notre Créateur, à notre Seigneur pour tout faire remonter vers Lui…
Je reviens de voyage. Je peux partager que je découvre cette même grâce en essayant de prier les heures au gré des transports ou des attentes dans les gares ou les aéroports, sans chercher à coller à tout prix. Alors que j’aurai envie de me plonger dans une lecture, ou bien d’en finir avec des courriers qui attendent, je mesure combien de m’arrêter pour « louer le Seigneur » pour une petite heure ou pour vêpres donne à l’instant présent une paix, une profondeur, la joie d’avoir loué le Seigneur qui est là en ces lieux de grandes concentrations humaines. Je crois même que cela me rapproche des gens avec qui je voyage. A la fois, je prie pour eux, mais c’est souvent ensuite plus facile d’entrer en relation avec eux, selon les cas. Sans que je le fasse, je l’espère, de façon trop ostentatoire, même si je me signe, ils repèrent que cet homme qui a un habit un peu particulier avec une croix, a prié ou au moins s’est recueilli. Hier, dans l’avion, après coup ma voisine m’a demandé si je lisais la bible… Je découvre qu’un climat de confiance se créé plus facilement, même si parfois peu de paroles seront échangées. Relever ainsi les conséquences positives que je perçois de notre prière des heures, n’épuise pas bien sûr le bien-fondé de cette prière qui sanctifie le temps. Son propos premier n’est-il pas de faire monter vers le Seigneur notre reconnaissance et notre gratitude d’être ses enfants, créés et sauvés par Lui en Jésus-Christ pour notre bonheur et pour le sien ?
1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,
2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.
Ce chapitre sur les fêtes des saints me donne l’occasion de faire le point sur une question abordée lors du Congrès des Abbés. En effet est revenue la question d’avoir un Calendrier Bénédictin Propre, comme il en existait un autrefois. Que signifierait avoir un Calendrier Bénédictin Propre ? Tout en appartenant au Rite Romain dont nous suivons le Calendrier liturgique, il s’agirait d’avoir un Calendrier Propre qui ne reflète ni n’intègre automatiquement le nombre croissant de saints qui s’ajoutent dans le Calendrier Romain. La proposition serait d’inclure la plupart des nouvelles fêtes de saints, mais seulement comme mémoires facultatives. Pourquoi faire cela ? L’Abbé Alban Riley, qui nous a présenté ce projet, disait que c’était « essentiellement pour sauvegarder la prédominance du cycle des fêtes et des temps liturgiques du Seigneur ». Il relevait que face à la tendance de la liturgie Romaine d’ajouter des fêtes de saints, historiquement les Bénédictins ont toujours eu le souci de veiller à une sobriété.
Ainsi avant le Concile Vatican II, le Calendrier Bénédictin comprenait plus d’une centaine de fêtes en moins par an que le Calendrier Romain de l’époque. Ce Calendrier Bénédictin prévoirait de laisser une certaine subsidiarité à chaque congrégation et monastère dans l’établissement de leur calendrier liturgique, en permettant d’omettre certaines mémoires facultatives. Au niveau de l’Ordre bénédictin, comment cela se passera-t-il lorsque Rome intègrera de nouveaux saints dans le calendrier liturgique ? La proposition serait que l’Abbé Primat les ajoute ou non au Calendrier Bénédictin, une fois après avoir entendu l’avis de la Commission liturgique Bénédictine de l’Ordre. En contrepartie serait remise à l’honneur la célébration de la Toussaint Monastique ainsi que celles de tous les défunts de l’Ordre, qui permettrait d’honorer tous ensemble les saints de l’Ordre et tous les défunts. Voilà le projet qui nous a été soumis et que nous avons voté dans ces grandes lignes. Il sera donc présenté prochainement au Dicastère pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements qui donnera ou non son accord d’établir ce Calendrier Bénédictin Propre. Si nous pouvons nous réjouir d’avoir un certain nombre de figures de saint(e)s offert à notre contemplation, il est important de préserver la sobriété de notre calendrier liturgique pour que ressorte davantage la dynamique du salut offert aussi bien à travers les grandes fêtes et les temps liturgiques qu’à travers la simplicité des jours ordinaires, sans autre propos que de nous convier à l’écoute et à l’accueil de l’œuvre que le Seigneur accomplit ici et maintenant.
12. Assurément, la célébration matinale et vespérale ne s'achèvera jamais sans que, en dernier lieu dans l'ordonnance de l'office, l'oraison dominicale soit dite d’un bout à l’autre par le supérieur, de façon à être entendue par tous, à cause des épines de disputes qui ont accoutumé de se produire.
13. Ainsi l'engagement pris par cette oraison qui leur fait dire : « ;Pardonne-nous comme nous pardonnons nous-mêmes », les mettra en demeure de se purifier de cette sorte de vice.
14. Quant aux autres célébrations, on y dira la dernière partie de cette oraison, en sorte que tous répondent : « Mais délivre-nous du mal. ;»
A propos du Notre Père, St Benoit vit de la conviction que chaque parole prononcée dans la prière nous engage. Ainsi, on ne peut demander à Dieu de nous pardonner nos péchés comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés, si nous gardons une rancune ou une arrière-pensée contre un frère. St Benoit s’inscrit ici dans la tradition des moines du désert. Ainsi Abba Hyperéchios : « Qu’une parole de malice ou de méchanceté ne trouve pas place en ton cœur contre ton frère, afin que tu puisses dire : « Pardonne-nous nos offenses, comme nous-mêmes nous pardonnons à nos offenseurs » (Apoph. Coll. Syst, 17.16. SC 498, p 21). On peut entendre ici en creux, un petit enseignement sur la prière. Celle-ci pour être vraie doit être pure, c’est-à-dire dite à partir de notre cœur dans la plus grande cohérence possible entre ce que nous disons et ce que nous portons, pensons, vivons. La chose n’est déjà pas aisée pour la prière personnelle, mais elle est encore plus délicate pour la prière liturgique commune où la liturgie nous fait dire beaucoup de paroles que nous ne choisissons pas et que, si nous étions laissés à nous-même, nous n’aurions pas du tout envie de dire. Aussi Benoit propose ce petit subterfuge : d’omettre de prononcer l’ensemble de la prière du Notre Père, qui sera dite soit par le supérieur, soit en silence, pour ne conclure tous ensemble qu’avec la dernière demande : « mais délivre nous du mal ».
Aujourd’hui, sommes-nous aveugles sur nous-mêmes, ou bien téméraires en disant six fois par jour le Notre Père en entier ? Certainement nous appuyons-nous avec confiance sur le commandement de Jésus de dire cette prière. Lui-même connaissait et connait notre cœur et toutes ses contradictions. Il n’a pas donné une prière de purs pour les purs. Mais il a offert une prière à des enfants pour qu’ils puissent se tourner en vérité vers leur Père. A la fois en vérité dans la confession de son Nom, dans la recherche de son Règne et de sa Volonté… A la fois en vérité dans la reconnaissance de notre indigence par la demande du pain, du pardon et du soutien dans la tentation face au mal. Demander pardon en vérité inclut notre responsabilité à le donner. Cette exigence radicale à l’égard du pardon reçu demeure comme un appel dont nous ne pouvons jamais être quittes. A Complies, le Notre Père dit par le seul P. Abbé, veut nous tenir en alerte. Nous pouvons laisser résonner ainsi cet appel à la vigilance, non comme un jugement qui planerait sur nos têtes, mais comme une exigence de notre Père qui désire que nous soyons toujours plus heureux dans la cohérence de toute notre vie, donnée à son école. Humblement, nous pouvons alors lui demander de nous apprendre à pardonner…
1. Les jours ordinaires, d'autre part, on célébrera la solennité des matines de cette façon,
2. c'est-à-dire qu'on dira le psaume soixante-sixième sans antienne, en traînant un peu, comme le dimanche, en sorte que tous soient présents pour le cinquantième qu'on dira avec antienne.
3. Après quoi on dira deux autres psaumes selon l'usage, c'est-à-dire
4. la deuxième férie, le cinquième et le trente-cinquième,
5. la troisième férie, le quarante-deuxième et le cinquante-sixième,
6. la quatrième férie, le soixante-troisième et le soixante-quatrième,
7. la cinquième férie, le quatre-vingt-septième et le quatre-vingt-neuvième,
8. la sixième férie, le soixante-quinzième et le quatre-vingt-onzième ;;
9. quant au samedi, le cent-quarante-deuxième et le cantique du Deutéronome, qu'on divisera en deux gloria.
10. Mais les autres jours, on lira un cantique des prophètes, chacun à son jour, comme les psalmodie l'Église romaine.
11. Après cela suivront les Laudes ; puis une leçon de l'Apôtre récitée de mémoire, le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie et c'est tout.
Dans l’ensemble de cette section liturgique, la solennité des laudes se distingue au regard des autres offices, par le choix de psaumes propres à chaque jour. Pour les autres offices, s’il y a des psaumes propres, comme à Complies, ils seront répétés tous les jours. Ou bien aux petites heures, on aura des séries comme les psaumes des montées qui se répèteront, ou bien des psaumes dits à la suite pour l’office de vêpres, sans souci de choix particulier. Les psaumes choisis pour Laudes ont presque tous une mention de la lumière, ou du matin, de l’aurore. A travers eux, le moine est davantage guidé dans sa louange matinale pour accueillir avec le lever du jour, une autre lumière, la lumière du Christ.
Je voudrais reprendre les psaumes que nous avons chanté ce matin, le 142° et le 91° avec leur double tonalité d’invocation dans la détresse et de louange émerveillée. Le Ps 142 se fait l’écho d’un homme en détresse qui affronte difficilement peut-être la perspective d’un jour nouveau, comme nous pouvons parfois l’expérimenter ou l’entendre vivre par d’autres personnes. « L’ennemi cherche ma perte…il me fait habiter les ténèbres…le souffle en moi s’épuise » … Comme pris au piège dans l’adversité et l’angoisse, il n’a qu’un recours : le Seigneur. « Je tends les mains vers toi, me voici devant toi comme une terre assoiffée. Vite réponds-moi, je suis à bout de souffle…Fais que j’entende au matin ton amour, car je compte sur toi… » Si le psalmiste n’a plus de souffle, il a foi en Dieu, en son souffle. « Ton souffle est bienfaisant : qu’il me guide en un pays de plaines » …Sa confiance est grande. Il sait à qui il s’adresse : « pour l’honneur de ton nom, Seigneur fais-moi vivre ». Le Seigneur ne peut le laisser aux mains de ses ennemis, pour l’honneur de son nom, « à cause de ton amour, tu détruiras mes ennemis …car je suis ton serviteur » … Le Ps 91 exprime la jubilation d’un homme comblé de joie devant l’ouvrage des mains du Seigneur : « Que tes œuvres sont grandes, combien sont profondes tes pensées ». Il expérimente, comme nous pouvons le faire aussi, « combien il est bon de rendre grâce au Seigneur, de chanter pour son nom, d’annoncer dès le matin son amour, sa fidélité au long des nuits… » La louange a ce ressort vital de nous remplir en même temps que nous donnons de notre voix, de notre énergie. Elle emplit le cœur du juste qui se reçoit totalement de son Dieu, qui pousse comme un palmier dans la maison de Dieu, et qui en vieillissant continue de fructifier, en annonçant encore la louange du Seigneur. Il peut confesser : « pas de ruse en Dieu mon Rocher » l’homme qui a laissé la louange habiter son cœur. Laissons-nous entrainer, laissons-nous enseigner la joie de la louange, chaque matin à Laudes, pour grandir dans les parvis de la maison de notre Dieu.