vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 3-9 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 13 septembre 2013
Verset(s) :

3. Ensuite « ne pas tuer,

4. ne pas commettre d'adultère,

5. ne pas voler,

6. ne pas convoiter,

7. ne pas porter faux témoignage. »

8. Honorer tous les hommes,

9. et « ne pas faire à autrui ce qu'on ne veut pas qu'on nous fasse ;».

Commentaire :

Comment réentendre ces instruments de la Règle calqués sur le décalogue et

réinterprétés par St Benoit? Nous pouvons choisir de ne pas les entendre en les considérants

comme bien connus, et donc on passe. Nous pouvons choisir de prêter l'oreille du cœur en

acceptant qu'ils aient toujours quelque chose à nous dire. C'est l'attitude de celui qui s'estime

toujours en chemin, pauvre pécheur parmi les pécheurs, jamais assuré de ne pas tomber.

Il y a une fausse connaissance qui risque toujours de nous endormir ... On sait déjà ce

que dit la Bible. On connait par cœur bien des passages de l'Ecriture. Les accueillir comme

adressé à nous aujourd'hui, c'est dans le même temps et confesser notre faiblesse, et confesser

notre confiance en Dieu qui nous sauve. Le Seigneur sait de quelle pâte nous sommes faits. Et

~a Parole ne cesse de venir nous tirer de notre propension à nous débrouiller seul. Ici elle nous

tient en éveil, contre des périls qu'aucun d'entre nous n'est complètement assuré de dominer

une fois pour toute. Ne pas tuer, ne pas commettre l'adultère, ne pas voler, ne pas convoiter,

ne pas faire de faux témoignage ... Nous avons besoin de ces « ne pas» qui sont comme des

barrières offertes à notre conscience et à notre liberté toujours en quête de son chemin. Peut-

être n'en ai-je pas vraiment compris l'importance ou l'utilité jusqu'à maintenant, mais des

circonstances plus dures peuvent d'un seul coup en révéler la pertinence ... « Vous n'avez pas

encore lutté jusqu'au sang dans votre lutte contre le péché », nous dit l'auteur de l'épitre aux

Hébreux, en fixant les yeux sur Jésus qui a enduré la croix pour nous (He 12,4). Le mystère

du mal qui défigure et du péché qui détourne de la vie nous traverse. Jésus seul l'a

complètement démasqué. S'il a supporté d'être défiguré par le péché, il ne lui a laissé avoir

aucune prisé sur sa personne. En accueillant ces instruments, nous nous souvenons qu'il n'est

pas en notre pouvoir d'échapper à la tromperie du péché. S'ils peuvent nous alerter et nous

tenir en éveil, seul la croix et la résurrection de Jésus nous délivre.

En ce vendredi, que la mémoire de sa passion soit notre force et notre assurance dans

les combats que nous avons à mener. Jésus est le vainqueur du mal et des forces de ténèbres.

(2013-09-13)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 2 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 12 septembre 2013
Verset(s) :

2. ensuite « son prochain comme soi-même ».

Commentaire :

Nous pouvons nous attacher à trouver la saveur évangélique de chacun

de ces instruments. Ce chapitre est un résumé de tout l'Evangile. Il veut

nous aider à entrer dans un comportement de vie.

«Avant tout aimer ». Qu'est-ce qu'aimer? Ces instruments de l'Art

Spirituel vont nous aider, l'un après l'autre, à entrer dans ce long

chemin. Aimer, c'est notre vocation. La vocation de tout chrétien. De

tout homme. Personne ne peut s'en dispenser, s'il cherche le bonheur.

Tous les événements de notre vie sont autant d'appels, d'invitations de

Dieu. Il ne nous a créés que pour cela. « Ne rien préférer à l'amour du

Christ }). Mais, nous le savons, la charité fraternelle est le test de la

vérité de notre amour pour le Christ.

Le prochain, le frère, tient une grande place dans cette liste

d'instruments. Comme le Bon Samaritain, nous sommes invités à nous

rendre proches de toute personne, à répondre à son besoin du

moment. La communauté, ses hôtes, tous ceux que nous rencontrons,

sont là pour rendre présent à chaque instant ces personnes qui ont

besoin d'un prochain et d'être aidées. Si nous sommes fidèles à leur

invitation silencieuse, nous apprendrons à ouvrir notre cœur à la

souffrance et à la joie de tous.

Que vraiment notre vie soit centrée tout entière sur ce désir d'aimer

Dieu, notre Père, et tous nos frères. Est-ce ce que nous cherchons?

Notre cœur ne se laisse-t-il pas encombrer par des misères, des

bricoles? N'est-il pas obsédé par des riens? Ouvrons notre cœur à la

Présence de Dieu. A la sainteté qui nous est proposée. A tous les

hommes sans aucune exception consentie. Combattons avec courage,

car le Seigneur est avec nous. (2013-09-12)

l

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 1 Les instruments de l'art spirituel. écrit le 11 septembre 2013
Verset(s) :

1. En premier lieu, « aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces » ;

Commentaire :

Pour St Benoit le monastère est un atelier. Dans ce chapitre, il énumère

les outils que le moine doit employer pour se convertir. Les instruments

de l'art spirituel. 74 instruments, toute une panoplie d'outils. Le moine

doit apprendre à les reconnaitre et à les manier, pour devenir artisan

de sa vie monastique. Pour construire la maison de Dieu. Ces outils, il

ne suffit pas de les connaitre, de les classer, il faut les utiliser. Péguy

disait: « Attendre les bienfaits de Dieu, sans se mettre soi-même à

l'ouvrage, c'est être mal élevé! »

Pour Benoit, il y a deux sortes de moines: ceux qui essaient de l'être, et

ceux qui prétendent l'être. A travers les différences; qui tiennent à la

culture, au tempérament, à l'âge, à quoi va-t-on reconnaitre un moine?

Cette question est importante. Non pas pour juger les autres. Mais

d'abord pour nous-mêmes. Cette vie me conduit-elle vers Dieu, ou

m'éloigne-t-elle de Lui? Pour Benoit, la vie monastique est un travail.

Ce travail du moine n'est pas l'aspect dont on parle le plus aujourd'hui.

Le moine se définit plus volontiers comme chercheur de Dieu. C'est

aussi son travail. Mais notre expérience rejoint ce que dit Benoit: Le

combat est là, jour après jour. La paix du moine n'est pas une paix

facile! Elle est une victoire sans cesse remise en cause. Victoire sur tout

ce monde de pensées obscures, de tentations, de désirs inavoués. Le

premier travail du moine, c'est de prendre conscience, peu à peu, de la

présence de cet adversaire dans son propre cœur. Ce combat ne

diminue pas avec le temps; mais il s'éclaire: nous repérons mieux nos

faiblesses. Surtout, ce combat est nécessaire: C'est grâce à lui que nous

nous accrochons au Christ. Car Il est notre bouclier. Il nous aime. Dans

ce chapitre, Benoit nous indique quelles armes utiliser.

Le premier de ces outils, c'est la pièce maîtresse de l'atelier. « Avant

,

tout, aimer le Seigneur de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa

force ». « Avant tout» : Il s'agit d'antériorité dans le temps, mais aussi

de dépendance dans l'importance. Rien de tout le reste ne sera possible

sans cela. « Avant tout» : Benoit avait déjà employé cette expression

dans le Prologue: « Avant tout, demande à Dieu, par une très instante

prière qu'il mène à bonne fin tout le bien que tu entreprendras. » Avant

tout bien, avant tout autre bonne œuvre, il y a la prière. Il y a l'amour.

La prière qui demande le don de l'amour. (2013-09-11)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 03, v 7-12 De l'appel des frères en conseil. écrit le 10 septembre 2013
Verset(s) :

7. Tous suivront donc en tout la règle comme leur maîtresse, et nul n'aura la témérité de s'en écarter.

8. Personne au monastère ne suivra la volonté de son propre cœur,

9. et nul ne se permettra de contester avec son abbé insolemment ou en dehors du monastère.

10. Si quelqu'un se le permet, il subira les sanctions de règle.

11. De son côté, cependant, l'abbé fera tout dans la crainte de Dieu et le respect de la règle, sachant qu'il devra sans aucun doute rendre compte de tous ses jugements au juge souverainement équitable qu'est Dieu.

12. S'il est question de choses moins importantes pour le bien du monastère, il aura recours seulement au conseil des anciens,

Commentaire :

« Tous suivront donc en tout la Règle ». « De son côté l'Abbé fera tout

dans la crainte de Dieu, et le respect de la Règle ».

L'intérêt de ce chapitre est grand. St Benoit nous a déjà dit que les

cénobites vivent sous une Règle et un Abbé. Maintenant nous assistons

à l'interaction de ces trois termes. L'Abbé consulte la communauté. La

communauté obéit à l'Abbé. L'un comme l'autre se soumet à la Règle.

L'Abbé n'est pas seulement le Pasteur, le guide spirituel, décrit au

chapitre précédent. Il est aussi le responsable d'un groupe d'hommes

qui cherche à se mettre à l'écoute de la Parole de Dieu. Dans la

première fonction, il a pour norme l'Ecriture. Dans la seconde, il a pour

guide la Règle. En lui, autorité spirituelle et temporelle se conjuguent. Il

n'y a pas au monastère deux pouvoirs, mais un seul. Le monastère

requiert cette fusion des deux ordres: c'est grâce à elle que la Parole de

Dieu peut informer l'existence entière des frères de la communauté. Le

monastère n'est pas une démocratie, mais il ne fonctionne pas sans

consultation. Tous ensembles cherchent ce que Dieu leur demande, ce

qu'il attend d'eux. Sous l'autorité de la Règle, la loi la plus importante

est d'éviter toutes divisions.

La Règle est donc le propos qui nous est commun à tous de chercher

Dieu, dans une existence monastique, organisée en fonction de notre

désir spirituel. Il y a pour nous un but commun. Une volonté commune.

Et nous reconnaissons dans la Règle l'expression de ce désir. Ce texte a

besoin de notre adhésion pour être utile.

Il y a des adaptations nécessaires. Des impératifs de la vie qui jaillissent

à chaque instant, pour lesquels la Règle ne donne pas de solution. Car

,

elle est liée à une autre culture. Mais nous avons besoin de sentir cette

unanimité, ce désir communautaire de faire de la Règle notre guide. Ce

désir d'être fidèles ensembles à l'Esprit qui l'habite. (2013-09-10)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 03, v 1-6 De l'appel des frères en conseil. écrit le 07 septembre 2013
Verset(s) :

1. Chaque fois qu'il sera question au monastère de quelque chose d'important, l'abbé convoquera toute la communauté et dira lui-même de quoi il est question.

2. Une fois entendu le conseil des frères, il en délibérera à part soi et fera ce qu'il juge le meilleur.

3. Or si nous avons dit que tous seraient appelés au conseil, c'est que souvent le Seigneur révèle à un inférieur ce qui vaut le mieux.

4. Or donc les frères donneront leur avis en toute soumission et humilité, et ils ne se permettront pas de défendre leur opinion effrontément,

5. mais la décision dépendra de l'abbé : celle qu'il juge être plus opportune, tous y obéiront.

6. Toutefois, s'il sied aux disciples d'obéir au maître, il convient que celui-ci dispose toute chose avec prévoyance et justice.

Commentaire :

La Règle du Maître ne comportait pas de chapitre sur l'appel des frères

en conseil. Seulement quelques lignes à la fin du chapitre sur l'Abbé:

Pour le temporel, il devait s'entourer du conseil des frères. Benoit fait

de cet appendice un chapitre distinct. F. Adalbert disait ceci: « En

matière spirituelle, St Benoit se contente de reproduire le Maître, avec

quelques modifications. Mais quand il s'agit de choses pratiques, il

prend la peine de rédiger personnellement. »

La bonne décision est celle que Dieu révèle. Il ne s'agit pas de compter

les voix, mais de chercher la volonté de Dieu. La clé de cette quête,

c'est le mot que Benoit utilise au sujet des jeunes frères: « Le Seigneur

révèle souvent à un plus jeune ce qui est préférable ». Pour la Tradition

Monastique, qui nourrit St Benoit, l'une des conséquences du péché,

c'est le voile posé sur la réalité, sur les Ecritures, sur le cœur de

l'homme même. Pour les Pères, la découverte de la Vérité, du Bien, du

Beau, est un processus de dévoilement. Les yeux s'ouvrent à une réalité

déjà présente, mais voilée. Dieu nous révèle sa Volonté comme un voile

se déchire. Comme le voile du Temple au moment de la mort du Christ.

Pour Benoit, il ne s'agit pas de compter les voix, mais de l'attitude

profonde de ceux à qui l'Abbé demande conseil. C'est pourquoi il lie le

conseil donné, son poids, sa valeur, à l'obéissance du frère.

L'obéissance, l'écoute profonde. Elle s'oppose à la défense de son avis,

de son opinion, de sa volonté. L'obéissance, cette ouverture du cœur,

permet ce dévoilement de la volonté de Dieu.

« Donner son avis en toute humilité et soumission ». C'est difficile.

Quand on croit voire ce qui est la bonne solution, on veut que tous s'y

rallient. Nous cherchons ce que Dieu veut. C'est une démarche de Foi.

)

Ce n'est pas toujours ce qui me semble le plus raisonnable, ou le plus

génial. Tous ensembles, nous acceptons de nous laisser transformer par

ce qu'expriment les autres. Nous sommes surtout renvoyés à l'attitude

du Christ par rapport à son Père. Il est le messager joyeux du Oui au

Père. Pas de vie chrétienne sans appel à le suivre sur cette voie-là. (2013-09-07)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 02, v 37-40 Ce que doit être l'abbé écrit le 05 septembre 2013
Verset(s) :

37. Et qu'il sache que, quand on se charge de diriger les âmes, on doit se préparer à en rendre compte.

38. Et autant il sait avoir de frères confiés à ses soins, qu'il soit bien certain qu'il devra rendre compte au Seigneur de toutes ces âmes au jour du jugement, sans parler de sa propre âme, bien entendu.

39. Et ainsi, craignant sans cesse l'examen que le pasteur subira un jour au sujet des brebis qui lui sont confiées, en prenant garde aux comptes d'autrui, il se rend attentif aux siens,

40. et en procurant aux autres la correction par ses avertissements, lui-même se corrige de ses vices.

Commentaire :

« Ils veillent, dans la perspective du compte qu'ils auront à rendre pour

les âmes ». C'est ce que l'Epitre aux Hébreux disait des responsables de

l'Eglise. Ce compte que le supérieur devra rendre au Jugement, on le

retrouve dans toute la tradition monastique: dans la Règle d'Augustin,

dans le Testament d'Orsise, dans la Règle du Maître. Chez Benoit, il y a

ce précieux corollaire: responsable des brebis, le Pasteur profite

personnellement des efforts qu'il fait pour les améliorer.

Pour commenter ce chapitre, le P. Christian de Chergé citait 1 Co 3/12 :

« Que l'on bâtisse sur ce fondement, le Christ, avec de l'or, de l'argent,

des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille, l'œuvre de

chacun sera mise en évidence. Le Jour du Jugement la fera connaitre,

car il se manifeste par le feu, et le feu prouvera ce que vaut l'œuvre de

chacun. Celui dont la construction subsistera recevra un salaire; celui

dont l'œuvre sera consumée en sera privé. » Si on lit Benoit à la lumière

d-e cet enseignement de Paul, on peut comprendre que l'Abbé ne

construit pas sa propre maison. Il est l'architecte de la communion:

C'est-à-dire que tous les matériaux engagés par chacun vont se

retrouver dans la construction du pasteur. Celui-ci a mis de l'or: le

pasteur n'y est pour rien, mais il en bénéficiera pour l'édifice commun.

Celui-là a mis du foin ou de la paille: Cela va se voir dans l'édifice

commun. On va l'imputer à la faute du chef de chantier. Mais en fait,

notre cœur est si mélangé que nous apportons tous, à la fois, de l'or et

de la paille. Comment discerner ce qui est l'or, ou la paille? Dieu seul

est juge. C'est l'amour qui rend chacun de nos actes utiles pour la

construction de cette maison de Dieu que veut être le monastère. Pour

construire l'Eglise de Dieu.

« Se corriger des vices ». Ces derniers mots du chapitre sont notre plus

belle espérance à tous. Benoit disait de l'ermite qu'il était en lutte

contre « les vices de la chair et des pensées» 1/5. La vie monastique,

solitaire ou communautaire, n'est rien d'autre qu'un combat pour la

purification du cœur. Pour ouvrir celui-ci tout entier à Dieu.

(2013-09-05)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 02, v 30-36 Ce que doit être l'Abbé. écrit le 04 septembre 2013
Verset(s) :

30. L'abbé doit toujours se rappeler ce qu'il est, se rappeler le titre qu'on lui donne, et savoir que « plus on commet à la garde de quelqu'un, plus on lui réclame ».

31. Et qu'il sache combien difficile et ardue est la chose dont il s'est chargé, de diriger les âmes et de se mettre au service de caractères multiples : l'un par la gentillesse, un autre par la réprimande, un autre par la persuasion... ;

32. et selon la nature et l’intelligence d’un chacun, il se conformera et s’adaptera à tous, de façon non seulement à ne pas subir de perte dans le troupeau commis à sa garde, mais aussi à se féliciter de l’accroissement d’un bon troupeau.

33. Avant tout, qu'il ne laisse point de côté ni ne compte pour peu de chose le salut des âmes commises à sa garde, en prenant plus de soin des choses passagères, terrestres et temporaires,

34. mais qu'il songe sans cesse qu'il est chargé de diriger des âmes, dont il devra aussi rendre compte.

35. Et pour ne pas se plaindre d'un éventuel manque de ressources, qu'il se souvienne qu'il est écrit : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » ;

36. et encore : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. »

Commentaire :

« Diriger les âmes ». Que l'Abbé sache combien cela est difficile et

ardu! St Benoit nous dit ce matin que cela exige à la fois l'adaptation

aux différents tempéraments des frères, et la liberté par rapport aux

soucis matériels. La mission de l'Abbé est pastorale, et spirituelle.

Certains peuvent être tentés de se consacrer à la gestion des biens

matériels, plus concrets et rassurants. Mais ce n'est pas ce que Dieu et

les frères attendent d'eux.

Benoit insiste, la mission de l'Abbé est de conduire les âmes. L'image du

pasteur vient naturellement sous sa plume. Elle nous permet de

comprendre en profondeur le sens de son invitation: « Cherchez

d'abord le Royaume de Dieu et sa Justice ». En effet, le Christ, Bon

Pasteur, modèle unique de l'Abbé, nous dit: « Je connais le Père, et je

donne ma vie pour mes brebis» Jn 10/15. C'est dans sa mystérieuse

intimité avec le Père que le Christ puise l'intelligence de sa mission de

Pasteur, et la force de la conduire jusqu'au bout. Ainsi du Père Abbé,

pour qui nous devons toujours demander cette connaissance du Père.

Mais ainsi aussi de nous, car il est écrit également: « Je connais mes

brebis, et mes brebis me connaissent ». Ou en est notre désir de le

connaitre?

« Diriger les âmes ». Dieu seul sait ce qu'il y a dans le cœur d'un

homme. Un professeur peut dire parfois: « Je tiens bien ma classe en

main ». Un Abbé jamais, heureusement! L'Esprit souffle où il veut: nul

ne sait ni d'où" vient, ni où " va. C'est cela qui rend la tâche de l'Abbé

si délicate. Consentir à entrer dans le plan de Dieu, se laisser guider et

conduire par Lui. Etre attentif à ce qu'il peut inspirer à un frère. Là où

on ne l'attend pas. « Souvent le Seigneur révèle au plus jeune ce qui

vaut le mieux », dira Benoit au chapitre sur le Conseil de l'Abbé. Cela

veut dire: Accepter de n'avoir aucune prise sur les événements, ni sur

les cœurs. Sauf la connaissance que Dieu nous en donne. Cela demande

à l'Abbé, une liberté intérieure. C'est de cette ouverture à l'Esprit que la

communauté, a le plus besoin. (2013-09-04)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 02, v 23-29 Comment doit être l'abbé ? écrit le 03 septembre 2013
Verset(s) :

23. Dans son enseignement, d'autre part, l'abbé doit toujours observer la norme que l'Apôtre exprime ainsi : « Reprends, supplie, réprimande »,

24. c'est-à-dire que, prenant successivement des attitudes diverses, mêlant les amabilités aux menaces, il se montrera farouche comme un maître et tendre comme un père.

25. C'est dire qu'il doit reprendre durement les indisciplinés et les turbulents, supplier d'autre part les obéissants, les doux et les patients de faire des progrès ; quant aux négligents et aux méprisants, nous l'avertissons de les réprimander et de les reprendre.

26. Et qu'il ne laisse point passer les fautes des délinquants, mais qu'il les retranche jusqu'à la racine dès qu'elles commencent à se montrer, pendant qu'il en a encore le pouvoir, se souvenant de la condamnation d'Héli, le prêtre de Silo.

27. Les âmes bien nées et intelligentes, qu'il les reprenne une et deux fois par des admonitions verbales,

28. mais les mauvais sujets, durs, orgueilleux, désobéissants, que les coups et le châtiment corporel les arrêtent dès le début de leur faute, vu qu'il est écrit : « On ne corrige pas un sot avec des mots »,

29. et encore : « Frappe ton fils de la verge et tu délivreras son âme de la mort. »

Commentaire :

« Reprends, exhorte, menace ». Benoit applique ce texte de la seconde

lettre à Timothée aux différentes sortes de moines. Reprendre

vertement les indisciplinés et les turbulents. Exhorter les obéissants.

Menacer et châtier les négligents et les arrogants.

Parmi toutes les sections de ce chapitre, celle-ci est la plus difficile à

mettre concrètement en œuvre. Celui qui doit reprendre a, lui-même

ses propres déficiences. " les connait. " peut être tenté de se

retrancher derrières elles pour échapper à ce devoir de la correction.

Celui qui est repris, comment le reçoit-il? Certains restent blessés, pour

longtemps, par un reproche, pourtant fondé. Tâchons de prendre

conscience de cela; de ne pas être des enfants gâtés, protégés des

rudesses de la vie, refusant les moyens de devenir plus fort. Ce qui n'est

pas émondé ne donne rien qui vaille!

L'insistance dont doit faire preuve l'Abbé auprès des moines, pour les

provoquer à la vie sainte, se fonde dans cette conviction de Foi que

l'homme peut vraiment être transformé. Qu'il faut l'avertir des

possibilités que lui ouvre la grâce, l'inviter, insister pour l'aider à s'y

ouvrir. Et quand on parle de transformation, il faut prendre cela au sens

le plus fort du terme. A la Transfiguration, les apôtres ont vu Moïse et

Elie resplendissants de la Gloire de Jésus, à laquelle ils participaient.

Paul nous dit que, par la grâce, nous sommes transformés « de clarté en

clarté ». Finalement, c'est la Gloire de Dieu qui veut se refléter sur

notre visage, et en toute notre vie. Comme elle l'a fait sur le visage du

Christ et des saints. Nous voyons l'urgence de nous ouvrir à ce désir de

Dieu. Et l'importance de la fonction de l'Abbé qui doit seconder

l'opération de Dieu. Nous voyons aussi que cette attitude de disciple est

pour le moine l'instrument normal de sa transfiguration, en Dieu

(2013-09-03)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 02, v 16-22 Ce que doit être l'abbé écrit le 31 août 2013
Verset(s) :

16. Il ne fera pas de distinction entre les personnes dans le monastère.

17. Il n'aimera pas l'un plus que l'autre, à moins qu'il ne l'ait reconnu meilleur dans les bonnes œuvres ou l'obéissance.

18. A l'homme venu de l'esclavage qui entre en religion, il ne préférera pas l'homme libre, à moins qu'il n'existe une autre cause raisonnable.

19. Que si l'abbé en décide ainsi, la justice l'exigeant, il fera de même pour le rang de qui que ce soit ; sinon, ils garderont leur place normale,

20. car « esclave ou libre, nous sommes tous un dans le Christ », et sous un même Seigneur nous portons d'égales obligations de service, car « Dieu ne fait pas acception de personnes. »

21. Notre seul titre à être distingués par lui, c'est d'être reconnus meilleurs que les autres en bonnes œuvres et humbles.

22. L'abbé doit donc témoigner une charité égale à tous, avoir les mêmes exigences dans tous les cas suivant les mérites.

Commentaire :

« Ne pas faire acception de personne ». Il y a les différences de culture,

les différences d'éducation. Surtout les différences de tempérament.

Nous sommes très différents. Ne pas faire acception de personne

demande un effort constant de dépassement, de la part de chacun

d'entre nous. On peut admirer dans ce chapitre la sagesse de St Benoit.

Il dit: Il faut aimer tous les frères. Il y aura des distinctions, mais que ce

soit selon les critères de l'Evangile: obéissance, humilité. Et nous

savons l'estime de Benoit pour ces deux vertus, Que ce soit selon la

préférence de Dieu.

On peur relever d'abord deux obstacles majeurs à éviter: L'indiscrétion,

l'indifférence.

L'indiscrétion, c'est un intérêt déréglé pour l'autre. Vouloir pénétrer

indûment dans la vie d'un frère. Nous avons tous à être attentifs à ce

désir de savoir ce que vit l'autre.

L'indifférence: Vivre près de ses frères, en évitant de se laisser

atteindre par eux. Avec, là aussi, d'excellents prétextes!

Ensuite, repérer les obstacles qui vous empêchent d'aimer nos frères.

Il y a des frères plus faciles à aimer. Disponibles, ouverts à tous,

joyeux. Tout le monde les aime. Nous n'avons pas de mérite à les

aimer nous aussi.

Il y a des frères moins faciles à aimer. Eux aussi font presque

l'unanimité. Avec le danger d'en faire des boucs émissaires.

Pourtant

Dieu les aime. C'est Lui qui les a appelés. Ils sont notre prochain.

Avec eux nous construisons l'Eglise de Dieu.

Mais il y a aussi des frères avec qui moi, je peine. Cela tient plus à

moi qu'à eux. Mais je mettrais volontiers tous les tords de leur côté ..

Ils n'y sont pour rien. Peut-être même qu'ils l'ignorent. Mais je les

évite. Je leur en veux. Je les jalouse: Je vois toujours ce qu'ils ont en

plus par rapport à moi. Ce qu'on leur donne. Ce qu'on fait pour eux

et pas pour moi. Là aussi, il n'y a pas grand-chose l'objectif. En parler

au P. Abbé, à celui qui nous accompagne, P.2Ut nous aider à repérer

comment cela se rattache à notre histoire personnelle.

Ne pas faire acception de personne: C'est notre travail, si nous voulons

que le monastère soit maison de Dieu. Regarder chaque frère comme

Dieu le regarde. Avec l'aide du Christ, apprendre à aimer.(2013-08-31)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 02, v 11-15 Ce que doit doit être l'abbé? écrit le 30 août 2013
Verset(s) :

11. Quand donc quelqu'un prend le titre d'abbé, il doit diriger ses disciples par un double enseignement,

12. c'est-à-dire qu'il montrera tout ce qui est bon et saint par les actes plus encore que par la parole. Ainsi, aux disciples réceptifs il exposera les commandements du Seigneur par la parole, aux cœurs durs et aux plus simples il fera voir les préceptes divins par ses actes.

13. Inversement, tout ce qu'il enseigne aux disciples à regarder comme interdit, qu'il fasse voir par ses actes qu'on ne doit pas le faire, « ;de peur qu'en prêchant aux autres, il ne soit lui-même réprouvé »,

14. et qu'un jour Dieu ne lui dise, à cause de ses péchés : « ;Pourquoi proclames-tu mes ordonnances et recueilles-tu dans ta bouche mon alliance, alors que tu hais la discipline et que tu as rejeté mes paroles derrière toi ? ;»

15. Et : « Toi qui voyais le fétu dans l'œil de ton frère, dans le tien tu n'as pas vu la poutre. »

Commentaire :

« Ils disent et ne font pas ». La cohérence entre nos paroles et nos

actes. Ou plutôt: le risque d'incohérence! Car c'est le sens des deux

citations que Benoit nous propose dans ce passage: Le Psaume 49 « A

l'impie Dieu déclare: qu'as-tu à réciter mes lois, à garder mon alliance à

la bouche, toi qui n'aimes pas les reproches, et rejettes loin de toi

toutes mes paroles! » Et le chapitre 7 de Matthieu: « Qu'as-tu à

regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère? Et la poutre qui est

dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas! » Incohérence à double

niveau. Nous disons et nous ne faisons pas. Et pourtant nous jugeons

les autres!

Ce texte du chapitre sur l'Abbé concerne donc chacun d'entre nous.

Comment réagir? A l'Abbé, Benoit donne trois conseils ce matin: Se

souvenir du nom qu'il porte. Enseigner selon la Parole du Seigneur. Que

ses actes soient conformes à ce qu'il enseigne. Ces trois conseils valent

aussi pour nous.

Nous souvenir du nom de moine que nous portons. Du sens qu'il a.

de ce qu'il signifie pour les autres. « Ils mentent à Dieu par leur

tonsure », disait Benoit des sarabaïtes.

Que notre parole soit conforme à l'Evangile. Entre nous, ou quand

nous parlons avec des gens de l'extérieur. Car le risque est grand de

faire ce qu'on voit parfois: Si la Loi nous gêne, changeons la Loi.

C'est encore ce que disait Benoit des sarabaïtes : « Ils appellent bien

ce qui leur plait, mal, ce qui les gêne ».

« Ils disent et ne font pas ». c'est le reproche de Jésus aux pharisiens

que nous sommes si souvent. Nous sommes tentés de nous

débarrasser du Christ, parce que sa Présence nous rappelle sans

cesse l'incohérence de notre vie. Pourtant ce que Jésus veut, c'est

nous inviter à entrer dans un chemin de conversion. Il ne veut pas

nous condamner.

La vie monastique n'est pas un savoir, mais une sagesse, une

expérience. Elle comporte un apprentissage. Elle suppose de se mettre

à l'école chaque jour. Pour que, peu à peu, nos paroles et nos actes

coïncident avec le nom de Chrétien que nous portons. (2013-08-30)