Textes spirituels

Règle de saint Benoît

Commentaires sur
la Règle


Homélies

Méditations

Références bibliographiques



Formations, stages


HOMELIE

30 mars
année 2023-2024

Année B - VIGILE PASCALE 30.03.2024
Rm 6, 3-11 ; Mc 16,1-7
Homélie du Père Abbé Luc

« Qui nous roulera la pierre pour dégager le tombeau ? » Telle est la préoccupation, frères et sœurs, qui habitait ces femmes qui se hâtent de bon matin au cimetière, vers le tombeau où le corps de Jésus a été déposé. Car cette pierre qui obstruait la porte était « très grande », nous précise l’évangéliste. Or quelle n’est pas leur surprise en arrivant sur le lieu, de voir la pierre qui a été roulée, laissant le tombeau ouvert. Qui donc a roulé cette pierre ? Serait-ce des voleurs qui auraient pris le corps, comme une certaine rumeur le laissera entendre plus tard ? Serait-ce ce jeune homme « vêtu de blanc » qu’elles trouvent assis dans le tombeau ? On ne nous le dit pas. Ce jeune homme qui leur inspire une forte frayeur leur annonce alors cette nouvelle étonnante : « le Crucifié que vous cherchez, il est ressuscité. Il n’est pas ici, il vous précède en Galilée ». Voilà un évènement auquel elles ne s’attendaient pas, elles qui venaient embaumer, et entourer d’honneurs le corps inerte de Jésus, ce que son ensevelissement fait en hâte à cause du sabbat, n’avait pas permis. Voilà une nouvelle qui peut, sinon expliquer, du moins suggérer, que la pierre n’a pas été roulée par des mains humaines. La pierre roulée s’offre alors comme un signe fort du bouleversement occasionné par la résurrection de Jésus qui demande une énergie, elle, qui n’est pas de ce monde ! Tel est le mystère que nous sommes invités à contempler en regardant cette pierre roulée et ce tombeau vide…
« Qui nous roulera la pierre ? » Telle est la question que nous nous posons peut-être parfois, frères et sœurs, en considérant tous les tombeaux ou tous les lieux de mort de notre humanité que nous peinons à rejoindre. Ces lieux semblent comme obstrués par des pierres trop lourdes pour nos seules forces humaines. Parfois ce sont des deuils trop pénibles à accompagner. Parfois la maladie laisse l’autre comme inaccessible alors qu’il demande des soins et une proximité. Enfin ce sont souvent nos propres difficultés ou souffrances qui se referment sur nous comme une lourde pierre. Et que dire au niveau de notre humanité, de ces conflits qui pèsent sur notre monde, et qui nous blessent tous, nous laissant comme impuissants tant on ne voit pas d’issues pacifiques.
« Qui nous roulera la pierre ? » Pouvons-nous légitimement nous demander. Frères et sœurs, la résurrection du Christ que nous célébrons cette nuit, ne nous donne pas de réponse à la manière d’une baguette magique qui transformerait la réalité en un clin d’œil. Cet évènement au cours duquel un homme a été relevé d’entre les morts, est survenu au cœur de l’histoire humaine qui connait et connaitra encore la souffrance et la mort. Mais ce qu’a vécu Jésus éclaire d’une lumière nouvelle notre destinée humaine ainsi que notre propre expérience. Si nous lui donnons notre adhésion de foi, non seulement il nous ouvre une espérance pour l’au-delà, mais dès maintenant il nous apprend à aborder tous nos tombeaux et tous nos lieux de mort d’une autre manière. Le Christ ressuscité, reconnu à nos côtés, nous enseigne à espérer pour nous-mêmes, et pour tout homme et toute femme, qu’aucune forme de mort n’enferme un être à jamais. Dire cela est un acte de foi fort et qu’il nous faut sans cesse renouveler face aux pierres qui semblent se dresser immuables devant nous. Pourquoi pouvons-nous affirmer cela ? La célébration de cette nuit nous le fait comprendre en nous révélant combien la puissance de vie que Dieu a mis en œuvre dans la résurrection de Jésus, était déjà à l’œuvre depuis la création du monde. Depuis le commencement, face à la mort et au mal omniprésent, son projet est de conduire l’humanité à la vie, au partage de sa propre Vie. Oui, dans le grand respect de notre liberté, Dieu désire nous faire passer de la prison du mal et de la mort à la vie reçue comme un cadeau toujours nouveau et pour l’éternité. Ainsi, en ressuscitant Jésus d’entre les morts, Dieu est profondément cohérent. Son projet trouve en lui son accomplissement.
« Qui nous roulera la pierre ? » Accueillons frères et sœurs, en cette nuit, le Christ ressuscité surgissant de la mort. Par la grâce de notre baptême, il nous offre une espérance qui nous donne courage et confiance. Par le pain et le vin de l’eucharistie, son corps et son sang de Ressuscité, il nous fortifie pour ouvrir avec lui de nouveaux chemins de vie. En cette eucharistie, disons notre merci à Dieu de prendre ainsi soin de nous, pour qu’à notre tour, nous prenions soin de ceux qui nous entourent, forts de l’espérance que les portes de la mort ne sont pas à jamais fermées.

Retour à la sélection...