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HOMELIE

10 mars
année 2023-2024

Année B - 4e dimanche de Carême - (10/03/2024)
(2 Ch 36, 14-16.19-23 – Ps 136 – Ep 2, 4-10 – Jn 3, 14-21)
Homélie du F. Jean-Louis

Frères et sœurs, En ce quatrième dimanche de carême, l’Eglise a choisi des lectures soulignant bien la joie dont ce jour est marqué. Joie qui tranche avec la gravité générale du carême mais qui nous indique déjà l’horizon de tout carême : la Pâques, la Résurrection du Christ.
Pourtant, la première lecture commence plutôt mal, et même très mal. Cette relecture de l’histoire d’Israël faite bien après les événements nous rappelle en effet une période sombre de l’histoire du peuple élu de Dieu. Son élection ne l’a pas protégé de l’infidélité envers son Dieu qui, lui, restait toujours fidèle à son Alliance, essayant d’envoyer des messagers, les prophètes, pour faire prendre conscience au peuple de son égarement. Or, ces prophètes ont été sans cesse moqués, méprisés, rejetés. Et pourtant, Dieu continuait à avoir pitié de son peuple. Cependant, à force d’idolâtrie, le peuple a fini par se détourner de son Dieu. L’auteur du livre des Chroniques, relisant, sans doute au 3e siècle avant le Christ, l’histoire religieuse du peuple d’Israël avec les critères de son époque a donc attribué à la colère de Dieu la chute de Jérusalem, en 587 avant le Christ, sous les coups des armées de Nabuchodonosor, roi de Babylone. Dans la mentalité du temps, si l’on était vaincu par une armée étrangère, c’est que le ou les dieux de la nation avaient abandonné la cause du vaincu. Si Jérusalem avait été prise et le peuple déporté à Babylone, c’est que le Dieu d’Israël avait pris acte de l’infidélité de son peuple et l’abandonnait aux conséquences de ses errements.
Il ne restait plus alors au peuple d’Israël qu’à adopter les dieux des vainqueurs et à s’assimiler à ces derniers. Mais un prophète, Jérémie, s’est levé pour dire que la colère du Seigneur n’était pas définitive et que le peuple serait à nouveau l’objet de son amour et c’est ce qui arrivera quelques 70 ans après. En effet, les armées babyloniennes seront à leur tour vaincues par un autre roi, Cyrus, roi de Perse. Un roi païen mais qui va, de façon tout à fait inattendue, permettre aux exilés de revenir à Jérusalem et même de reconstruire le Temple. Ainsi, le peuple juif fera l’expérience très forte de la fidélité de son Dieu qui se manifeste au-delà des infidélités du peuple. L’alliance de Dieu avec son peuple est vraiment éternelle et sans retour.
La splendide seconde lecture de ce dimanche exprime, en un autre temps la même réalité de la fidélité sans faille de Dieu envers les pécheurs. Nous étions des morts par suite de nos fautes et Dieu nous a donné la vie avec le Christ, avec cette merveilleuse exclamation qui revient deux fois au cas où nous n’aurions pas compris :
« C’est bien par grâce que vous êtes sauvés ». Et au cas où nous nous acharnerions à nous trouver des motifs de mériter le salut de Dieu, Paul insiste et précise : « Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas de nos actes : personne ne peut en tirer orgueil. » En fait, tout le projet créateur de Dieu est ici exposé : Il nous a créés pour la communion avec lui et ce ne sont pas nos fautes qui peuvent l’empêcher de réaliser son projet.
Et l’évangile nous redit enfin comment, concrètement, Dieu est intervenu en notre faveur. C’est par le Christ Jésus. Avec cet optimisme incroyable : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. » Et l’évangile nous dit également que Dieu a envoyé son Fils dans le monde pour le sauver et non pas pour le juger.
Certes, il faut la foi. Mais la réflexion théologique récente qui a approfondi la révélation chrétienne a pu mettre en évidence que ce qui importe, c’est de vivre selon l’esprit de l’évangile, faire le bien et s’écarter du mal, respecter le prochain…
Nous savons que Dieu ne peut tenir rigueur à des gens qui ne connaissent pas le Christ parce qu’ils n’ont pas rencontré de témoins pour l’annoncer ou parce que les témoins rencontrés ne leur ont pas donné envie de croire.
Le dialogue interreligieux nous a appris aussi à respecter la foi de ceux qui suivent avec sincérité une autre voie religieuse que la voie chrétienne.
Le concile Vatican II a affirmé que l’humanité entière était appelée à la sainteté, et que tous pouvaient être unis au mystère pascal de mort et de résurrection du Christ, les chrétiens, par le baptême et ceux qui ne le sont pas par des moyens que Dieu seul connaît. Le Salut est donc offert à tous et c’est cela la bonne nouvelle.
Nous pourrions objecter : « À quoi sert alors d’annoncer l’évangile ? » Je pense que ce n’est pas rien que tout être humain aie connaissance d’être aimé à ce point par Dieu, par le Christ et c’est notre rôle de baptisés que de l’annoncer, non de l’imposer. Bien sûr, il reste à agir en rejetant le mal qui déteste la lumière, qui déteste Dieu. Là aussi, nous avons la responsabilité d’agir de telle sorte que ceux qui nous entourent sentent que nous sommes habités par plus grand que nous.
Frères et sœurs, les lectures de ce jour nous révèlent que nous sommes dépositaires, par la foi que nous avons reçue, d’un immense trésor à partager avec nos frères et sœurs en humanité. Puisse la deuxième partie du Carême qui a commencé nous aider à trouver, dans l’Esprit Saint, les moyens de le faire.
AMEN

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