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HOMELIE

21 janvier
année 2023-2024

Année B - 3e dimanche ordinaire - (21/01/2024)
(Jon 3, 1-5.10 – Ps 24 – 1Co 7, 29-31 – Mc 1, 14-20)
Homélie du Frère Jean-Louis

Frères et sœurs, En ce début du temps ordinaire, force nous est de constater que les lectures de ce dimanche nous invitent à l’urgence. Urgence de la conversion, urgence de la réponse à l’appel du Christ dans nos vies. Et pour nous, les frères, qui débutons notre semaine de retraite, ces textes peuvent résonner comme un bon stimulant. Mais il en est de même pour vous qui, après le temps de Noël et ses célébrations, êtes replongés dans le temps dit « ordinaire » mais en fait un temps où se vit la suite du Christ au jour le jour et ce n’est peut-être pas si ordinaire que ça.
La première lecture nous conte ce beau récit de la prédication de Jonas à Ninive, la grande ville païenne. Ninive, capitale de l’empire assyrien dont l’armée avait pris la ville de Samarie au 8e s. avant le Christ pour en déporter la population dans une contrée lointaine de l’empire. Ninive symbolisait donc tout ce qu’il y avait de plus terrible pour un juif. En effet, les assyriens avaient mis au point une tactique militaire efficace : la terreur. À l’approche de leurs armées, si une ville se rendait, ils se montraient relativement cléments, mais si la ville résistait, c’était alors l’horreur et les bas-reliefs assyriens ne sont pas avares de massacres. Il s’agissait de terrifier pour éviter les longs sièges coûteux en temps et en hommes.
Bref, quand Dieu appelle Jonas à aller prêcher à Ninive, sa première réaction sera de… se sauver. Finalement, après bien des péripéties, Jonas obéira à l’ordre de Dieu. Il faut dire qu’aller prêcher dans cette immense ville et avec la réputation de cruauté des assyriens n’était pas une mince affaire. Aller proclamer « Encore 40 jours et Ninive sera détruite » n’était pas sans risque. Et puis, est-ce qu’un assyrien était capable d’obéir à la parole du Dieu d’Israël ? Il y avait de quoi douter. Et pourtant l’incroyable se produit. Et aussitôt, car tous, du sommet à la base de la société se convertissent, croient en Dieu et font pénitence, ce qui amène le Seigneur à renoncer au châtiment. Ainsi, ce peuple, symbole des peuples païens les plus endurcis, les plus cruels et les plus éloignés de Dieu était capable d’entendre sa parole et de se convertir immédiatement. Grande leçon pour Jonas.
La seconde lecture, elle, nous rappelle qu’avec la résurrection du Christ, nous sommes entrés dans une nouvelle ère et qu’il s’agit de savoir se rendre libre à l’égard des réalités de ce monde. Il ne s’agit pas de les mépriser mais de ne pas en faire des idoles. Et saint Paul y proclame une certaine urgence : « le temps est limité. »
Quant à l’évangile qui marque le début de la prédication de Jésus en Galilée, il marque également le sentiment d’urgence qui anime le Christ. « Le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’évangile. » Puis viennent les épisodes de l’appel des premiers apôtres : Simon, André, Jacques et Jean avec le « aussitôt » qui retentit pour la réponse d’André et de Simon. On sent vraiment le Christ pressé de proclamer la conversion et l’accueil de l’évangile.

Frères et sœurs, en ce début de temps ordinaire, nous sentons bien une cohérence entre les trois lectures de ce 3e dimanche. Après avoir fêté la venue du Christ et sa manifestation aux nations ainsi que son baptême, nous voici appelés à la conversion de façon assez énergique.
La première lecture nous rappelle que la conversion n’est pas chose impossible si l’on écoute l’appel du Seigneur car même les Assyriens ces barbares absolus, ont été capables d’écouter la Parole de Dieu jusqu’à se converti au point d’amener Dieu à changer d’avis sur le sort qui leur était réservé. Par la prédication de la Parole de Dieu, la conversion est possible, même pour le pécheur le plus endurci.
La seconde lecture nous rappelle que le temps est limité et que nous avons à nous rappeler ce qui est essentiel dans nos vies et dans nos destinées.
L’évangile nous resitue aux fondements de l’Église par l’appel des premiers apôtres qui, d’ailleurs, ont immédiatement répondu à l’appel du Christ en quittant tout, métier et famille pour suivre le Christ.
Ainsi, en ce début d’année liturgique, nous est présenté le programme évangélique. Et cet appel retentira tout au long de l’année. Nous convertir, c’est-à-dire, suivre le Christ au long de son chemin tel que l’évangile de saint marc nous le présentera cette année liturgique. Car c’est ce chemin du Christ et la façon dont il le vivra jusqu’au bout qui amènera le centurion païen (occupant sans doute pas plus aimé des Juifs que les Assyriens) à dire, à la fin de l’évangile devant la croix : « Vraiment cet homme était Fils de Dieu ». Ne serait-ce pas cet appel que nous aurions à entendre durant cette année ? Vivre à la suite du Christ pour témoigner que nous sommes, nous aussi, fils adoptifs de Dieu.
Ceci pour notre chemin spirituel. Vous avez sans doute remarqué que je n’ai pas encore parlé de la semaine de prière pour l’unité des chrétiens dans cette homélie. Mais là aussi, il est question de conversion. Pas seulement de la conversion des autres pour qu’ils reviennent sagement à l’Église catholique, mais de notre conversion à nous également. Je l’ai évoqué au début de cette eucharistie. L’œcuménisme concerne aussi l’unité dans chaque Église du Christ car nous sommes bien obligés de constater actuellement que chaque Église connaît des tensions voire des ruptures, y compris la nôtre. Alors, il y a certainement un chemin de conversion à vivre. Bien sûr dans la prière, mais aussi dans l’accueil de la diversité, dans l’accueil de ce que d’autres chrétiens, d’autres catholiques peuvent vivre d’authentique dans leur recherche du Christ et de Dieu. La suite de l’évangile selon saint Marc nous montrera que les apôtres du Christ, pourtant choisis par lui, étaient loin d’être parfaits, et pourtant, le Christ les a choisis. Alors n’attendons pas que nos frères et sœurs chrétiens soient parfaits, de notre point de vue, pour entrer en relation. Chaque baptisé est habité par Dieu, par le Christ, par l’Esprit et, même s’il y a des désaccords, osons entrer en dialogue fraternel.
Certes, il y a du chemin à faire, mais, avec le grâce de Dieu, tout est possible, et la première lecture nous l’a rappelé. Que cette année soit l’occasion de nous rapprocher de Dieu et entre nous grâce à l’écoute et à la méditation de la Parole de Dieu à laquelle ce dimanche est plus particulièrement consacré. Et que nous puissions renouveler notre foi par la rencontre des bien-aimés que sont nos frères et sœurs en humanité. AMEN

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