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HOMELIE

14 janvier
année 2023-2024

Année B - 2ème dimanche ord B - 14 janvier 2024
1 S 3, 3b-10.19 ; 1 Co 6, 13c-15a. 17-20 ; Jn 1, 35-42
Homélie de F. Vincent


Avant de commencer la lecture suivie de l'évangile de Marc que nous aurons durant cette année liturgique, l'Eglise nous propose ce matin un texte de St Jean. Le récit des premiers disciples qui suivent Jésus chez St Jean, est tout à fait original par rapport aux synoptiques. En fait à y bien regarder, pour les trois premiers (André, un autre disciple et Simon-Pierre) il n'y a pas à proprement parler "d'appel" de Jésus, mais une invitation à le suivre : c'est là une réponse, et la seule, que Jésus donne au questionnement des deux disciples du Baptiste qui deviennent dès lors ses disciples à lui, Jésus. Leur démarche qui débute avec cette scène, va être celle d'un patient processus de découverte progressive du mystère de la personne de Jésus et il n'est d'autre condition à cette découverte que la mise en route. C'est justement ce à quoi les invite Jésus. Il va s'agir pour nous aussi de rejoindre Jésus à notre tour par une expérience croyante capable de transformer notre regard et notre cœur. Une seule condition pour nous aussi, nous mettre en route, et suivre le Maître.

Mais arrêtons-nous sur la désignation de Jésus par le Baptiste : "l'Agneau de Dieu". Un peu plus haut dans l'évangile Jean avait précisé : "l'Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde". Des différentes interprétation possibles et d'ailleurs complémentaires de cette expression, on pourrait retenir celle qui est probablement la plus cohérente compte tenu de l'ensemble de l'évangile : "l'Agneau pascal". Pour Jean, Jésus est l'Agneau pascal, cet agneau égorgé dont le sang avait servi de marque sur les portes des Israélites pour les protéger de l'extermination, la nuit même de leur départ d'Egypte. Le sang de l'agneau pascal qui est signe de libération. D'autre part c'est à l'heure où les juifs apportent au temple l'agneau pascal afin qu'il soit égorgé et consommé durant le repas du soir que Jésus est crucifié, selon ce que dira Jean. De plus, est-ce que l'indication de l'horaire de notre passage ne renvoie pas justement à cet évènement ?

Ce contexte pascal se trouve aussi dans la question que pose Jésus : "Que cherchez-vous ?". Question que l'on ne retrouvera en effet que 2 fois : à son arrestation au mont des oliviers et au matin de la Résurrection, question posée à Marie-Madeleine qui cherche Jésus dans le jardin. Immense inclusion, au commencement et à la fin, qui encadre tout le 4° évangile. Entre temps on est passé du "que" au "qui". C'est tout l'itinéraire de la foi et de l'évangile qui se situe entre ces deux mots : il s'agit de passer d'une recherche qui ne peut pas se nommer à une confession de foi résolue, au Christ qui vient combler toute quête au cœur de l'homme.

La question des disciples : "Où demeures-tu ?" nous oriente également vers le mystère pascal. Demeurer, pour Jean, c'est entrer dans une communion intime avec Jésus, percevoir et faire l'expérience qu'une vie donnée est source de vie. "Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui". Jésus "demeure", dans celui qui "demeure" en Jésus, comme il sera dit au chapitre 15. C'est en vue de cette communion intime que Jésus "a planté sa tente" et a "demeuré" parmi nous. Communion de vie, d'amour, de mission. En vue de cela, il faut durer, il faut "demeurer".

Mais cette inhabitation mutuelle de Jésus et du croyant se réalise dans un mystère de mort et de résurrection. Jean a perçu comme aucun autre évangéliste combien le mystère de la croix n'était rien d'autre que la parfaite manifestation de la gloire mutuelle du Père et du Fils, c'est-à-dire de son amour manifesté, livré et vainqueur.

La réponse que leur donne Jésus, "venez et voyez" est invitation à l'expérience de la foi. Il s'agit d'apprendre à l'école du Maître que le parcours qui va de la mort à la vie, de la nuit à la lumière, de la croix à la gloire, est bien le parcours qui doit nous conduire à travers une transformation nécessaire, vers une communion de vie et d'amour avec Dieu.

Passer du "que cherchez-vous?" au "qui cherchez-vous?", c'est tout l'itinéraire de l'évangile de Jean, c'est à suivre cet itinéraire que nous sommes appelés en ce début d'année. Mettons-nous courageusement en route, comme les 2 disciples de ce matin, à la recherche de Jésus.

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