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HOMELIE

07 janvier
année 2023-2024

Année B - EPIPHANIE - 07.01.2023
Is 60, 1-6 ; Ep 3, 2-3a.5-6 ; Mt 2, 1-12
Homélie du Père Abbé Luc

Frères et sœurs, En cette période, nous recevons et offrons beaucoup de vœux. Occasion d’entrer dans l’année nouvelle en nous soutenant mutuellement par une parole, par un geste d’amitié, par la prière pour que le meilleur advienne à chacun. Parmi ceux reçus à l’abbaye et j’ai partagés aux frères hier soir, une expression a davantage retenu mon attention. Il s’agit d’une phrase d’un artiste peintre, Mr Sola : « Renoncer à éblouir, choisir d’éclairer » … Tout un programme qui peut guider notre chemin d’humanité de 2024 ! Tout un programme particulièrement pour nous chrétiens, car n’est-ce pas fondamentalement ce qu’a fait notre Dieu en se révélant en Jésus-Christ ? En cette fête de l’Epiphanie, que nous comprenons comme la manifestation lumineuse du Christ aux nations qui accourent vers lui, ne vaut-il pas la peine de nous arrêter sur notre compréhension de cette lumière que nous apporte notre Dieu ?
Le prophète Isaïe a des accents grandioses pour exprimer l’espérance d’Israël en la manifestation lumineuse de Dieu. « Elle est venue ta lumière, et la Gloire du Seigneur s’est levée sur toi ». Et cette lumière rejaillit sur Jérusalem qui en devient toute resplendissante, toute « radieuse » avec un cœur qui se dilate. Jérusalem est tellement resplendissante, que tous accourent vers elle avec leurs trésors pour honorer et adorer la Gloire du Seigneur qui l’habite. Il vaut la peine de lire la suite du chapitre 60 d’Isaïe pour saisir combien est forte l’espérance d’Israël en la révélation de Dieu qui illumine tout… « Le jour, tu n’auras plus le soleil comme lumière…le Seigneur sera pour toi lumière éternelle » (Is 60, 19). Dans cette cité de lumière qui aura « comme surveillants, la paix et comme gouvernants la justice, on n’entendra plus parler de violence » nous affirme encore le prophète (Is 60, 17-18). Oui, avec le peuple d’Israël, nous croyons en cette promesse d’une terre baignée de la lumière divine qui n’éblouit pas mais qui éclaire et transforme tout en justice et en paix.
L’évangéliste Matthieu qui raconte la venue des mages apportant leurs trésors d’or, d’encens et de myrrhe avait certainement cette vision d’Isaïe en arrière fond de sa compréhension. A Bethléem, non pas à Jérusalem, arrivent les nations pour rendre gloire à Dieu. En Jésus enfant, vénéré et adoré par ces hommes venus d’Orient, se manifeste la lumière de Dieu, non pas comme une lumière éblouissante et resplendissante, mais comme une étoile qui brille dans la nuit. En Jésus, Dieu se manifeste non comme celui qui éblouit, mais comme Celui qui guide au cœur des nuits humaines. Les mages sont ces témoins de la présence secrète, infime lumière divine, au cœur de nos recherches. En se prosternant devant cet enfant insignifiant aux yeux des hommes, ils nous entrainent à leur suite à nous prosterner devant cet enfant qui attend qu’on lui ressemble pour enfin ouvrir nos yeux.
Et tout le ministère de Jésus va consister à apprendre à ses contemporains à ouvrir les yeux sur cette lumière qu’il est et qu’il apporte. Sans éblouir, d’une manière profondément humaine, Jésus va manifester la grandeur et la magnificence de Dieu Lumière, en se faisant proche des pauvres, des malades, de ceux qui n’ont plus d’espérance. Et cette manière cachée et désarmée va le conduire à accepter, Lui la lumière, de s’éteindre, de se consumer totalement dans la mort. Alors apparaitra dans sa résurrection toute la beauté du feu divin qui l’habitait. Jésus a renoncé éblouir, en se laissant conduire tel un agneau à l’abattoir pour faire resplendir la lumière du pardon divin.
Et qu’en est-il de l’espérance d’Israël, exprimée par le prophète Isaïe, que Dieu soit la lumière qui illumine toute chose au cœur de Jérusalem ? L’auteur de l’apocalypse nous le laisse pressentir lorsqu’il parle de la Jérusalem nouvelle. Celle-ci n’a plus besoin « du soleil, ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine, : son luminaire c’est l’agneau. Les nations marcheront et y porteront leur gloire » … Frères et sœurs, cette Jérusalem nouvelle n’est-ce pas la cité que nous formons déjà aujourd’hui, l’Eglise de tous ceux qui se reconnaissent sauvés par le Christ ? N’avons-nous pas en Lui, le flambeau sûr pour guider nos pas. Agneau pascal, Agneau transpercé par amour nous, il n’éblouit pas mais il éclaire par la douceur de son amour et par l’assurance de son pardon. Souvent dans nos églises, malheureusement pas dans la nôtre, cela est signifié par la clé de voûte qui représente souvent un agneau de Dieu avec son étendard. Figure de l’Agneau, le flambeau de la Jérusalem nouvelle, qui éclaire par en haut…
Frères et sœurs, en cette eucharistie, laissons la lumière du Christ nous rejoindre. Offrons-lui nos vies, nos richesses pour nous en dépouiller. Et offrons-lui nos pauvretés pour le laisser les éclairer de sa grâce et de son pardon.

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