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HOMELIE

06 janvier
année 2018-2019

Année C - Epiphanie 6 Janvier 2019
Isaïe 60, 1-6 Eph. 3, 2-3a, 5-6 Matt. 2, 1-12
Homélie du F.Ghislain

Pourquoi donc l’étoile qui avait mis en marche les mages d’Orient a-t-elle disparu quand ceux-ci sont parvenus à Jérusalem, et pourquoi est-elle réapparue ensuite ? Une réponse qu’on peut donner est celle-ci : l’étoile a disparu pour que les gens de Jérusalem puissent prendre le relais. Eux qui, comme dit saint Paul aux Romains, avaient « l’adoption, la gloire, les alliances, le culte, les promesses » (Rom. 9, 4), eux qui connaissaient les Ecritures selon lesquelles le Messie devait naître à Bethlehem, auraient pu non seulement renseigner le roi Hérode, mais l’entraîner avec eux pour conduire les païens jusqu’à la maison où se trouvait l’enfant. Et alors aurait commencé à se réaliser ce dont parle saint Paul dans la seconde lecture : les nations, ici représentées par les mages, se seraient retrouvées autour de Jésus, pour être associées à l’héritage, au corps, à la promesse d’Israël. Alors, comme Israël a fait défaut à ce moment crucial, l’étoile est réapparue pour conduire les païens à Bethlehem et qu’ils puissent être les premiers parmi les nations à reconnaître le Messie.

Cette adoration pourtant est restée sans suite. L’indifférence des grands prêtres et des scribes couplée à la malignité du roi Hérode ont fait que la rencontre entre juifs et païens n’a pas eu lieu. La fin de l’histoire est en effet tragique : les mages retournent chez eux, l’enfant fuit en catastrophe, des petits israélites sont sacrifiés à l’ambition du roi. Au fond, il n’y a eu qu’un regrettable fait divers, et la vie reprend à Jérusalem. Les scribes retournent à étudier la Loi, les prêtres à assurer le culte, Hérode à poursuivre sa politique mais ils ne savent pas que tout cela tourne maintenant à vide. La vraie vie est ailleurs, dans un village inconnu d’Egypte où la sainte Famille a fini par se fixer. Quand elle reviendra en Terre sainte, après quelques années l’histoire recommencera. Il y aura de nouveaux Hérodes, de nouveaux prêtres et scribes et, au lieu de la fuite en Egypte, il y aura la Croix sur le Golgotha.

Qu’est-ce que nous pouvons tirer de cela aujourd’hui pour nous ? D’abord que la figure de l’épiphanie manquée et celle de la croix du calvaire demeureront sans doute jusqu’à la fin : il y aura, il y a aujourd’hui des princes et des chefs passionnés de pouvoir et d’argent ; il y a, il y aura, dans toutes les religions, y compris la nôtre, des prêtres et des savants dont le ministère tourne à vide parce qu’ils répètent le connu et ne savent pas voir ce que Jean XXIII appelait les « signes des temps ». Ils ne sont pas nécessairement fautifs, mais il faut absolument s’en écarter, parce que la vérité de l’Evangile n’est pas là.

La seconde chose est qu’il nous faut est regarder l’étoile. Il ne faut pas se hâter de condamner les princes et les prêtres : saint Paul a eu besoin de la vision de Damas pour comprendre ce qu’il appelle le « mystère » ; saint Pierre a eu besoin de la vision de Joppé pour entrer en relations avec le centurion Corneille. Nous aussi, nous avons besoin des lumières intérieures de l’étoile pour discerner la vraie voie du salut aujourd’hui, pour nous et pour les autres et l’emprunter sans faillir. Cette étoile, c’est sans doute l’Esprit qui peut donner le discernement, et il ne le donne qu’à ceux qui sont doux et humbles de cœur.

Enfin une troisième attitude est de cultiver l’Espérance. Nous pouvons penser aux Mages, une fois de retour en Orient : c’est bien l’étoile qui les avait conduits, ils ne peuvent en douter. N’empêche que maintenant, ils se retrouvent à la case départ ; leur rencontre avec le Roi est restée sans suite, ils n’en ont plus entendu parler, ils ne savent ce qu’il est devenu. Alors comment comprendre cela ? Ils se disent sans doute que, si c’est une étoile jusque là inconnue qui les avait mis en route, c’est un songe surnaturel qui les a ramenés où ils étaient. Donc il doit y avoir un sens, mais lequel ? Que peuvent-ils faire, sinon raconter autour d’eux ce qu’ils ont vécu en attendant avec constance que le Mystère leur soit révélé et que leur vie et celle de tous en soit transformée.

Vigilance, discernement spirituel, témoignage fidèle et espérance indéfectible. Peut-être est-ce cela qu’il faut vivre en ces temps difficiles où le monde a cessé d’être chrétien, s’il l’a jamais été. Concluons avec l’épître à Tite, que nous avons entendue au temps de Noël : « Elle s’est manifestée, la grâce de Dieu…Elle nous apprend à prendre nos distances par rapport à l’impiété et aux désirs de ce monde, et à vivre le temps présent avec mesure, justice et piété, en attendant la bienheureuse espérance et la manifestation de notre grand Dieu et Sauveur, Jésus-Christ » - 6 janvier 2019

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