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HOMELIE

09 février
année 2013-2014

Année A - 5ème dimanche Temps Ordinaire
Isaïe 58,7-10 ; 1 Cor 2,1-5 : Matthieu 5,13-16
Homélie du F.Guillaume

Frères et sœurs
La page d’Evangile que nous venons d’entendre met en avant deux images simples, empruntées à la vie domestique ordinaire : le sel, d’une part, une lampe qui éclaire une pièce de la maison, d’autre part. Jésus prend ces images, au commencement de son exhortation apostolique du Sermon sur la Montagne, dans l’Evangile selon St Matthieu, aussitôt après la proclamation du message des Béatitudes qui en était l’ouverture. Arrêtons nous un peu sur ces deux images et voyons si elles peuvent nous enseigner encore aujourd’hui, comme il y a 2000 ans, au temps de Jésus.
Le sel, le sel de la terre, tout d’abord. Entre ses diverses propriétés naturelles, le sel renvoie surtout à l’expérience du goût. Le sel donne de la saveur aux aliments. Nous l’expérimentons en cuisine. Un plat qui manque de sel n’est guère appétissant, au contraire, s’il est sur-salé il devient immangeable et cela peut même provoquer des accidents de santé, de l’hypertension aux graves conséquences. Ni trop, ni trop peu donc : une simple pincée et cela fait toute la différence pour un bon plat. Quand Jésus dit à ses disciples : vous êtes le sel de la terre, on peut l’entendre alors, tout comme pour le levain dans la pâte : vous êtes le petit groupe de mes amis, une poignée, une pincée de disciples. Mais n’ayez pas peur de donner le goût de l’évangile à ceux vers lesquels je vous envoie. L’évangélisation n’est pas affaire de chiffre, de quantité et de statistiques. Ne vous lamentez pas devant la pénurie des vocations. L’évangélisation est dans la qualité de votre témoignage. Vous avez vu, vous avez goûté combien le Seigneur est bon. Allez, soyez du sel pour les autres. Communiquez cette saveur, cette joie de l’évangile. Et pour reprendre le style de notre pape François dans son Exhortation Apostolique, je dirai bien volontiers : « ne vous laissez pas voler votre sel, le sel de l’Evangile », ne vous laissez pas voler votre joie d’annoncer la Bonne Nouvelle au cœur du monde d’aujourd’hui. Comme nous le chantons dans une hymne, lors de la fête d’un Docteur de l’Eglise : « le sel nous est donné pour exprimer la saveur de la grâce, le goût de Dieu, la joie promise, qui verse en nous l’audace d’aimer la Vérité, d’un cœur qui ne s’effraie, que rien ne lasse ».
Ensuite, la lampe, la lampe que l’on met sur le lampadaire et qui brille pour tous ceux qui sont dans la maison. Jésus renvoie ici à l’expérience de la lumière, cette réalité naturelle, physique d’abord, très étudiée par les scientifiques et qui a donné lieu à des débats contradictoires sur sa nature et ses effets, mais réalité symbolique aussi, inséparable de tout ce qui touche au monde de la vie : vie matérielle, comme vie morale, spirituelle. Pour nous croyants, la lumière est encore davantage : elle est associée à la Parole, la Parole divine, comme nous le chantons dans un verset du Ps 118 : « Ta parole est la lumière de mes pas, la lampe de ma route »
La Lumière a été établie par Dieu au commencement de la création, au 1er jour. Alors que les ténèbres étaient à la surface de l’abîme, que la terre était déserte et vide, Dieu dit : « Que la Lumière soit ! (fiat lux) et la Lumière fut. Dieu vit que la Lumière était bonne. » Et la Lumière se retrouve au terme des Ecritures, dans la finale du livre de l’Apocalypse, à l’avènement des cieux nouveaux et de la terre nouvelle. « Il n’y aura plus de nuit. Nul n’aura plus besoin de la lumière d’une lampe, ni de la lumière du soleil. Car le Seigneur Dieu répandra sur eux sa Lumière et les justes règneront aux siècles des siècles ».
Dieu est Lumière. L’evangile et la 1ère épitre de Jean l’affirment explicitement et solennellement : « Moi, dit Jésus, Je Suis la Lumière du monde. Celui qui vient à ma suite, ne marchera pas dans les ténèbres : il aura la Lumière qui conduit à la Vie ». Alors, quand Jésus dit à ses disciples et à nous-mêmes aujourd’hui : « Que votre lumière brille devant les hommes. Soyez lumière pour vos frères », Il veut nous faire prendre conscience que nous participons par notre vie et par notre témoignage à la nature lumineuse de l’Etre de Dieu.
Nous avons tous fait l’expérience de rencontres de personnes dont le visage était lumineux, rayonnant, soit par leur regard, soit par leur sourire, soit par leur attitude et toute leur vie. La lumière qui se dégageait d’elles a pu alors nous renvoyer à une expérience directe, concrète de la présence de Dieu en elles. Alors, tout comme pour le sel, tout comme pour le levain, soyons comme le demande Jésus Lumière pour le monde. Et pour reprendre le style du pape François, je dirais volontiers : « ne nous laissons pas voler notre lampe , la lampe de l’Evangile ». Gardons-la bien allumée, prête à servir, à la rencontre de l’époux dans la nuit, comme les vierges sages et prévoyantes qui avaient emporté avec elle de l’huile. Car la lampe est aussi un instrument précieux et nécessaire dans notre propos de vigilance et de prière. Nous le chantons dans une hymne pour la fête des vierges : « pourquoi garder toute la nuit vos lampes allumées ? Pourquoi donner à votre vie le sens d’une attente infinie ? Quelle espérance vous tient éveillées vierges sages, et quelle promesse de joie ! Heureux les invités aux noces de l’Agneau ! »

Frères et sœurs, 2000 ans après que Jésus ait exhorté ses disciples sur la Montagne avec ces images du sel et de la lampe, laissons-nous toucher à notre tour par cette Parole de Dieu qui nous est adressée en ce jour. Puissions-nous, chrétiens annoncer à nos frères : « Goûtez et voyez combien bon est le Seigneur ! » AMEN (2014-02-09)

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