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Règle de saint Benoît

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COMMENTAIRES
SUR LA REGLE DE SAINT BENOIT

Chapitre 0, Versets 35 à 38
PROLOGUE

35. Achevant ainsi son discours, le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par des actes aux saints enseignements qu'il vient de nous donner.

36. Voilà pourquoi les jours de cette vie nous sont accordés comme un sursis en vue de l'amendement de notre mauvaise conduite,

37. selon le mot de l'Apôtre : « Ne sais-tu pas que la patience de Dieu te conduit à la pénitence ? »

38. Car le Seigneur dit, dans sa bonté : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. »

Commentaire de frère prieur Yvan

« Achevant ainsi son discours, le Seigneur attend que nous répondions, chaque jour, par des actes, aux saints enseignements qu’Il vient de nous donner ».
A la fin du Sermon sur la Montagne, Matthieu utilise la même expression : « Quand Jésus eut achevé son discours ». C’est à cette parole que Benoît veut faire allusion. Son discours achevé, Jésus attend que nos actes répondent à son enseignement. La réponse qu’Il attend de nous n’est pas verbale. Il ne suffit donc pas d’écouter la Parole. Même pas de l’entendre avec son cœur et la laisser s’enraciner en nous. Il faut aussi la mettre en pratique. « Il ne suffit pas de dire : Seigneur, Seigneur, pour entrer dans le Royaume. Il faut accomplir la volonté du Père ». Jésus Lui-même nous l’a dit.
Mais de quelle pratique s’agit-il ? Les pharisiens n’étaient-ils pas les champions de la pratique ? Jusqu’à filtrer le moindre moucheron, mais en avalant le chameau ! S’il suffisait d’être en règle avec tout un ensemble de pratiques, les pharisiens nous seraient donnés en exemple. Ils ne se seraient pas heurtés aussi violement à Jésus. De quelle pratique s’agit-il donc ?
Pour Benoît, cette mise en pratique de la Parole se caractérise par deux traits essentiels. Non seulement elle implique tout l’être, jusque dans les profondeurs de notre cœur : c’est le but de la vie monastique, ramener l’homme à l’unité. Mais pour que cela soit possible, il faut aussi que nous ne prenions pas appui sur nous-mêmes. Prendre appui sur le Seigneur. Que notre gloire soit dans le Seigneur. Que notre vie soit en Lui.
« Le Seigneur dit dans sa bonté : je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu’il se convertisse, et qu’il vive ». Au cœur de notre vocation de moine, il y a le désir de vivre. On a souvent décrit la vie monastique comme un renoncement, une mort au monde, un dépouillement… On oublie qu’il s’agit d’abord d’une vie. Ou plus exactement, comme le dit Benoît, d’un changement de vie.
Nous sommes entrés au monastère parce que nous sentions qu’il nous manquait quelque chose, que la vraie vie était ailleurs. Ce désir d’une vie autre peut s’étioler avec le temps. Il peut s’assoupir en nous. Nous avons à le réveiller chaque jour, tout au long de notre vie. Cela fait partie de notre pratique.
(2011-11-26)