vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, 13-19 ; De ceux qui arrivent en retard à l’œuvre de Dieu ou à table. écrit le 14 mai 2025
Verset(s) :

13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,

14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.

15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,

16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.

17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.

18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.

19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.

Commentaire :

Être ensemble pour commencer le repas et aussi, comme nous l’entendions hier, pour commencer la prière : l’insistance est fortement soulignée par Benoit. Elle marque combien en ces actes essentiels de notre vie monastique : prier et manger, nous sommes un corps, le corps communautaire, le corps du Christ. Si l’un manque, quelque chose ne va pas, et à fortiori si c’est en raison de sa négligence. Le corps communautaire vit de la présence active de chaque membre.

Ici, nous allons nettement à contre-courant de la mentalité de la société où le repas tend de plus en plus à s’individualiser. J’entends encore un père de famille me dire qu’il avait institué assez fermement que tous les dimanches midi, toute la famille mange ensemble, alors que les autres jours, soit en raison d’une absence ou d’horaires très différents, chacun mangeait à son heure. Dans certaines familles alors que tous sont sous le même toit, on entend parfois, que chacun prend son repas dans sa chambre devant sa télé… Notre repas communautaire monastique veut nous ramener à cette réalité plus profonde : si nous mangeons, nous mangeons ensemble, car ensemble nous nous recevons les uns des autres. Manger dans son coin est plus qu’une faute, c’est une erreur de perspective, c’est oublier que tout ce qu’il y a dans mon assiette, comme tout ce qui me fait vivre, je le reçois de mes frères comme j’ai moi-même contribué au bien de mes frères. Manger ensemble c’est célébrer notre communion faite de ces multiples geste et actions d’entraide et solidarité qui font que nous soutenons mutuellement.

Et de même commencer ensemble par la prière, c’est remettre notre corps communautaire sous le regard de Dieu, de qui nous recevons tout chose, les uns par les autres. Être ensemble à ce moment est capital, car ensemble nous appelons la bénédiction autant sur la nourriture que sur la communauté qui l’a confectionné et qui va la consommer. Aussi, il est bon de nous rappeler les usages que nous avons et que je redis ici. Lorsque nous sommes en retard alors que la prière a commencé : nous attendons à la porte du réfectoire et nous regagnons notre place seulement après le coup de gong, pas quand les frères s’assoient… J’insiste sur ce point : seulement après le coup de gong. Ceci ne vaut pas pour nos frères handicapés qui sont en retard du fait de l’ascenseur… Que cette attente debout près de la porte, au réfectoire comme à l’église, nous fasse mieux sentir notre décalage au regard de la communauté.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, 1-12 ; De ceux qui arrivent en retard à l’œuvre de Dieu ou à table. écrit le 13 mai 2025
Verset(s) :

1. A l'heure de l'office divin, dès qu'on aura entendu le signal, on laissera tout ce qu'on avait en main et l'on accourra en toute hâte,

2. mais avec sérieux, pour ne pas donner matière à la dissipation.

3. Donc on ne préférera rien à l'œuvre de Dieu.

4. Celui qui, aux vigiles nocturnes, arrivera après le gloria du psaume quatre-vingt-quatorze, – que nous voulons qu'on dise, pour cette raison, à une allure tout à fait traînante et lente, – celui-là ne se tiendra pas à sa place au chœur,

5. mais il se tiendra le dernier de tous ou à l'endroit séparé que l'abbé aura assigné aux négligents de son espèce pour qu'ils soient vus de lui et de tous,

6. jusqu'à ce que, l'œuvre de Dieu achevée, il fasse pénitence par une satisfaction publique.

7. Or si nous avons décidé qu'ils devaient se tenir au dernier rang ou à part, c'est pour qu'ils soient vus de tous et qu'ils se corrigent au moins sous l'effet de la honte.

8. Si d'ailleurs ils restent hors de l'oratoire, il s'en trouvera peut-être un qui se recouchera et dormira ou qui s'assiéra dehors à l'écart, passera son temps à bavarder et donnera occasion au malin.

9. Mieux vaut qu'ils entrent au dedans, de façon à ne pas tout perdre et à se corriger à l'avenir.

10. Aux heures du jour, celui qui n'arrivera pas à l'œuvre de Dieu après le verset et le gloria du premier psaume qu'on dit après le verset, ceux-là, suivant la loi que nous avons dite plus haut, se tiendront au dernier rang,

11. et ils ne se permettront pas de se joindre au chœur de ceux qui psalmodient, jusqu'à ce qu'ils aient satisfait, à moins que l'abbé n'en donne permission en accordant son pardon,

12. non sans que le coupable fasse satisfaction, cependant.

Commentaire :

Je voudrais commencer par citer le passage de la Règle du Maitre dont Benoit s’est inspiré en partie pour ce chapitre. « Quand le signal frappé à l’oratoire montre que l’heure divine est arrivée, aussitôt les travailleurs jetteront leur ouvrage, les artisans lâcheront leurs outils, les copistes n’achèveront pas la lettre qu’ils écrivaient. La main de chaque frère abandonnera ce qu’elle faisait, le pied se hâtera sur le champ, avec gravité, d’aller à l’oratoire, l’esprit d’aller à Dieu, afin qu’aussitôt l’on se rassemble pour la première oraison… (RM 54, 1-4) »

Cette recommandation du Maitre fait bien pressentir que déjà au 6°s, il n’était pas facile de s’arracher à son ouvrage, pour aller à la prière. Deux ouvrages sont en concurrence : l’ouvrage de nos mains et l’œuvre de Dieu. Deux réalités bien différentes à première vue, la première visant à un but concret et immédiat pour le bon déroulement de la vie de la communauté, et la seconde qui prend de la distance pour s’arrêter pour Dieu et pour le chanter. Comment intégrer profondément ces deux réalités qui, de concurrente qu’elles sont en apparence, peuvent se féconder mutuellement ?

Ici chacun de nous est invité à un travail intérieur toujours à reprendre. Comment passer du soupir ou du dépit de devoir laisser le travail inachevé, à l’action de grâce pour ce qui est déjà fait dans la confiance que Dieu nous donnera ensuite de poursuivre peut-être mieux ce que nous laissons ? Ici, il y a un vrai combat à assumer et à prendre au sérieux. Car si nous cédons à la tentation d’aller au maximum de ce que nous pouvons pour faire le plus possible de choses alors que la cloche nous a déjà appelés, nous allons nous épuiser. De la sorte, nous faisons preuve d’un manque de foi en Celui qui mène nos vies. Car, sauf exception, comme disait un ami des monastères : « rien n’est urgent, tout est important ». Et c’est là qu’une fécondité peut se révéler : lorsque j’accepte de laisser mon ouvrage pour me préparer tranquillement, sans courir au dernier moment, pour rejoindre l’église, quelque chose de profond se vit en moi, de l’ordre d’un lâcher prise qui est déjà une prière. Mon attitude est déjà offrande à Dieu. Sans un mot, elle confesse sa grandeur et elle le chante déjà.

Je crois qu’il nous faut, tous et chacun, accepter que ce travail très profond, celui de la manière avec laquelle j’accueille la cloche, est sans cesse à reprendre. Car son enjeu est majeur : celui de me laisser faire par l’appel de Dieu. Le Maitre recommande un peu plus loin : « Toutes les fois qu’on frappe le signal à l’oratoire, aussitôt tous ceux qui l’entendent, feront un signe de croix sur leur front, en répondant « Deo Gratias » (RM 54, 5). Oui, disons d’abord merci à Dieu de nous appeler à le chanter, et laissons-lui le souci de nos travaux. Préparons-nous à l’office en arrivant à l’avance et en nous tenant devant Dieu en silence.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 42 ; Que personne ne parle après complies écrit le 10 mai 2025
Verset(s) :

1. En tout temps les moines doivent cultiver le silence, mais surtout aux heures de la nuit.

2. Aussi en tout temps, qu'il y ait jeûne ou déjeuner, –

3. si c'est un temps où l'on déjeune, dès qu'ils se seront levés du souper, tous s'assiéront ensemble et quelqu'un lira les Conférences ou les Vies des Pères ou autre chose qui édifie les auditeurs,

4. mais pas l'Heptateuque ou les Rois, parce que ce ne serait pas bon pour les intelligences faibles d'entendre cette partie de l'Écriture à ce moment-là ; on les lira à d'autres moments.

5. Si c'est un jour de jeûne, une fois les vêpres dites, après un petit intervalle on passera à la lecture des Conférences, comme nous l'avons dit ;

6. on lira quatre ou cinq feuillets ou autant que l'heure le permettra,

7. tandis que tous se rassemblent grâce à ce délai de la lecture, si l'un ou l'autre était pris par une fonction à lui confiée, –

8. donc une fois que tous seront réunis, ils célébreront complies, et en sortant des complies, on n'aura plus désormais la permission de dire quelque chose à quiconque, –

9. si quelqu'un est pris à transgresser cette règle du silence, il subira un châtiment sévère, ;-

10. sauf s'il survient une nécessité du fait des hôtes ou que l'abbé vienne à commander quelque chose à quelqu'un.

11. Cependant cela même devra se faire avec le plus grand sérieux et la réserve la plus digne.

Commentaire :

Ce chapitre sur le silence après complies commence de manière surprenante. En effet, après avoir énoncé la conviction que le moine doit garder le silence en tout temps et particulièrement « aux heures de la nuit », St Benoit en vient à donner des indications assez précises sur le genre de lectures que l’on fera ensemble avant de prier complies. Il vient de recommander de silence, et il s’attarde sur la qualité de ce qu’on dira et entendra avant la nuit. A travers ce paradoxe, on peut comprendre et reconnaitre le fruit d’une expérience. Le silence non seulement a besoin d’être cultivé, mais il a aussi besoin d’être ensemencé d’une certaine manière. En effet, si certaines paroles ou images vont contribuer à le favoriser, d’autres vont plutôt le rendre difficile à vivre. Nous faisons tous l’expérience un jour ou l’autre du caractère obsédant de certaines pensées ou paroles qui ne nous laissent pas en paix, voire qui vont nous empêcher de dormir. Nous mesurons alors combien le silence intérieur atteint assez rarement le calme plat. Notre esprit en éveil reste habité par une succession de pensées, d’images et de paroles qui roulent en nous. Nous ne pouvons pas l’empêcher.

D’où l’importance de savoir de quoi va se nourrir le mouvement de notre esprit… de quel genre de paroles va-t-il se laisser habiter, pénétrer, notamment au seuil de la nuit…mais finalement durant toute la journée ? Il nous revient donc d’être vigilant pour savoir à quoi nous prêtons vraiment attention, à quoi nous prêtons l’oreille. St Benoit utilise le mot « utilis » pour discerner le genre de lecture à faire. Nous pouvons garder ce mot comme une clé de discernement : est-ce que cela m’est utile, à moi, aujourd’hui de lire cela, de voir cela sur internet, de parler de cela à ce moment-là ? Est-ce que cela m’est utile ? La qualité de notre silence, et extérieur et intérieur, va s’en ressentir. Et ce silence qui, encore une fois, est rarement calme plat, va nous aider à unifier ce qui nous traverse l’esprit pour l’intégrer dans notre dialogue avec le Seigneur. Avant de s’endormir, pouvoir nous tourner vers Lui, une dernière fois plus personnelle, après l’avoir fait tous ensemble à l’office, pourra être l’occasion de déposer toute notre journée sous son regard. A ce moment, des frères font la prière d’alliance avant de se coucher, cette prière qui nous entraine à relire notre journée sous la forme d’un « merci, pardon et s’il te plait » en vue du lendemain. D’autres frères lisent le passage d’évangile du jour suivant. Ou encore prennent un psaume ou plusieurs parce qu’ils ne pourront venir à Vigiles. Le silence extérieur et intérieur voudrait nous aider à soigner cet ultime moment de conscience que nous remettons à notre Seigneur, comme une dernière offrande de nous-même. Un frère me disait qu’il aime bien s’endormir en redisant son « suscipe » de profession : « Seigneur reçois-moi selon ta parole, et je vivrai ».

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 39 ; De la quantité de nourriture. écrit le 29 avril 2025
Verset(s) :

1. Nous croyons qu'il suffit à toutes les tables pour le repas quotidien, qu'il ait lieu à sexte ou à none, de deux plats cuits, en raison des diverses infirmités,

2. pour que celui qui ne peut manger de l'un, fasse son repas de l'autre.

3. Donc deux plats cuits suffiront à tous les frères ; et s'il y a moyen d'avoir des fruits ou des légumes tendres, on en ajoutera un troisième.

4. Une livre de pain bien pesée suffira pour la journée, qu'il y ait un seul repas ou déjeuner et souper.

5. Si l'on doit souper, le cellérier gardera le tiers de cette même livre pour le rendre au souper.

6. S'il arrive que le travail devienne plus intense, l'abbé aura tout pouvoir pour ajouter quelque chose, si c'est utile,

7. en évitant avant tout la goinfrerie et que jamais l'indigestion ne survienne à un moine,

8. car rien n'est si contraire à tout chrétien que la goinfrerie,

9. comme le dit Notre Seigneur : « Prenez garde que la goinfrerie ne vous appesantisse le cœur. »

10. Quant aux enfants d'âge tendre, on ne gardera pas pour eux la même mesure, mais une moindre que pour les plus âgés, en gardant en tout la sobriété.

11. Quant à la viande des quadrupèdes, tous s'abstiendront absolument d'en manger, sauf les malades très affaiblis.

Commentaire :

Après la semaine pascale où nous avons médité sur la joie et après le temps du Carême où nous nous sommes faits pèlerins de l’espérance, nous retrouvons la lecture de la règle, là nous l’avions laissée, avec le chapitre sur la quantité de nourriture. Nous retrouvons ainsi cette attention dont est pleine notre règle : l’attention à notre manière très concrète de vivre, et de vivre ensemble. La nourriture, sa quantité, les menus ont toujours besoin d’être précisés. Le Mercredi des cendres dernier par exemple, il y a eu un petit « bug » que nous avons eu à cœur de réparer le jour suivant. Vu de l’extérieur, cela peut paraitre des détails anodins. Mais nous mesurons sans toujours bien savoir l’expliquer qu’ils ont leur importance. En ce 1er jour de Carême, comme le recommande l’Eglise, il nous importe de marquer par le jeûne, modeste en lui-même, notre désir de ne pas passer ces jours qui nous conduisent vers Pâques, de la même manière que les jours habituels. Cette attention à notre manière de manger veut inscrire dans notre corps, notre désir de conversion et notre propos d’avancer plus déterminé à l’écoute de la Parole.

Un autre but qui n’est pas le moindre dans la manière de prévoir la quantité mais aussi la qualité de la nourriture est de nous entrainer à la liberté intérieure. Sommes-nous obsédés par ce que nous allons avoir dans notre assiette, ou bien sommes-nous libres ? Sommes-nous enclins à murmurer, au moins intérieurement, parce que tel plat ne nous satisfait pas ou qu’il n’est pas bien cuisiné ? Sachons écouter ces signaux intérieurs qui en disent beaucoup sur notre liberté vis-à-vis de la nourriture. Etre libre vis-à-vis de la nourriture n’est pas une question annexe. Elle demande une vigilance…que l’on ait 30, 40, 60 ou 90 ans. Si l’on n’y prend garde en effet, nous pouvons vite devenir des vieux garçons grincheux ou maniaques pour qui la nourriture ou la préparation des repas peut prendre tellement de place que cela en devient lourd pour les autres. Ici, notre liberté exercée dès le plus jeune âge peut devenir un appui pour notre vie spirituelle et une source de charité qui va se vivre très concrètement. Lors des libre-service par ex, vais-je me jeter sur les meilleurs plats en reprenant plusieurs fois sans me préoccuper si les autres qui viendront après en auront ? ou bien vais-je mettre de côté à l’avance un dessert, un yaourt etc pour être sûr d’en avoir ? Notre coutumier qui invite à ne pas se réserver des choses demeure comme un bon instrument pour nous éduquer à la liberté… Et si nous creusons cette quête, plus que le plaisir immédiat, nous découvrirons une joie plus profonde, plus légère celle de notre propre liberté et celle d’avoir permis à des frères de se réjouir d’un bon plat.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 38, 5-12 ; Du lecteur hebdomadier. écrit le 28 février 2025
Verset(s) :

5. Et il se fera un silence complet, en sorte que, dans la pièce, on n'entende personne chuchoter ou élever la voix, sinon le seul lecteur.

6. Quant à ce qui est nécessaire pour manger et boire, les frères se serviront à tour de rôle, de telle sorte que nul n'ait besoin de rien demander.

7. Si pourtant on a besoin de quelque chose, on le demandera en faisant retentir un signal quelconque, plutôt qu'en élevant la voix.

8. Personne non plus, dans la pièce, ne se permettra de poser aucune question sur la lecture ou sur autre chose, pour ne pas donner d'occasion,

9. sauf si le supérieur voulait dire brièvement un mot pour l'édification.

10. Le frère lecteur hebdomadier prendra le mixte avant de commencer à lire, à cause de la sainte communion et de peur que le jeûne ne lui soit pénible à supporter.

11. Mais c'est plus tard qu'il prendra son repas, avec les hebdomadiers de la cuisine et les serviteurs.

12. Les frères ne liront ni ne chanteront tous à la suite, mais seulement ceux qui édifient les auditeurs.

Commentaire :

« Il se fera un silence complet ». Parfois, je remarque que nos repas peuvent avoir beaucoup de bruits parasites qui pourraient être évités. Je pense au bruit les plats posés bruyamment quand on les sort sur le chariot ou le dépose sur les tables. Les servants pourraient être attentifs à poser tranquillement les plats sans hâte. Je pense aussi au bruit lorsqu’on coupe nos salades ou crudités au début du repas… Pour l’avoir expérimenté, je crois qu’il est possible de couper sa salade sans s’acharner sur elle de telle sorte à limiter les effets sonores. Je pense encore aux manifestations de soupirs ou de petits rires soit de la part du lecteur lui-même, soit de la part de frères auditeurs en réaction à ce qui est lu. Ces réactions sonores peuvent parfois prendre beaucoup de place chez l’un ou l’autre… Y-a-t-il besoin de faire connaitre à tous, soit son agacement, soit son contentement, soit sa surprise ? Que cela arrive une fois ou l’autre, mais quand c’est très fréquent, cela peut devenir lourd pour l’entourage qui est comme pris à parti, et comme sommer d’entrer dans la même réaction que le frère.

Ces quelques points d’attention peuvent nous faire prendre conscience que le silence, même matériel, peut toujours être amélioré. Le soigner contribuera à la paix de nos repas, mais aussi à ce silence plus intérieur qui favorise une meilleure écoute. Comment contribuer à ce silence extérieur ? Certainement, nous le soignerons en apprenant à être bien là à ce que nous faisons, dans le service ou dans l’écoute. Etre bien là, en nous centrant sur l’action et sur la parole entendue. Etre bien là pour remarquer aussi les besoins de nos frères. La nouvelle disposition à 4 par table, donne un rôle plus sensible aux frères qui sont au milieu, pour couper le pain, ou pour passer la vinaigrette. C’est un exercice de présence à soi et aux autres qui peut nous apprendre combien les deux types de présence sont intimement liées. A l’inverse, lorsque je suis trop dans mes pensées qui me tirent ailleurs, dans des préoccupations qui m’absorbent, je passe souvent à côté de bien des choses qui se passent dans le moment présent. Le repas commun se présente alors comme un bel appel à sortir de soi, de mon cinéma intérieur qui, à ce moment précis, est inutile. Tout en mangeant, l’heure est à l’attention à ce qui est lu, au bien-être de mes voisins, et finalement à l’action de grâce au Seigneur qui nous gratifie de ses dons.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 38, 1-4 ; Du lecteur hebdomadier. écrit le 27 février 2025
Verset(s) :

1. La lecture ne doit jamais manquer aux tables des frères. Il ne faut pas non plus que la lecture y soit faite au hasard par le premier qui aura pris un livre, mais un lecteur pour toute la semaine entrera en fonction le dimanche.

2. En entrant, après la messe et la communion, il demandera que tous prient pour lui, afin que Dieu éloigne de lui l'esprit d'orgueil.

3. Et tous, à l'oratoire, diront par trois fois ce verset, qui sera toutefois entonné par lui : « Seigneur, tu m'ouvriras les lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »

4. Et alors, ayant reçu la bénédiction, il entrera en fonction pour la lecture.

Commentaire :

Il est des écoutes plus faciles que d’autres. L’écoute des articles et des livres lus au réfectoire fait certainement partie des écoutes plus aisées, plus gratifiantes. Comme la nourriture que l’on prend, fortifie le corps et réjouit le cœur, la lecture entendue vient nourrir l’esprit et lui élargir les horizons. La lecture participe grandement à la joie que nous avons de venir prendre les repas communautaires. Nous remercions f. Guillaume qui veille avec f. Basile à trouver articles et livres de façon régulière. La variété des choix et des centres d’intérêt nous déplace souvent et nous fait entrer en communion avec des réalités qu’on n’aurait pas imaginées, ni rencontrées ou abordées personnellement. Je disais au f. Guillaume qu’il faut veiller aussi à varier les niveaux, au regard des derniers livres assez pointus dans leur recherche propre avec des noms propres nombreux. Ainsi tous pourront trouver là une nourriture humaine et spirituelle.

On le sait, à l’époque de St Benoit, on lisait principalement la Ste Ecriture au réfectoire comme dans la liturgie, dont le repas était une sorte de continuation. Ainsi on trouve dans la règle du Maitre : « L’aliment divin ne manquera jamais au repas charnel, comme dit l’Ecriture : ‘L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole de Dieu’, et les frères prendront un double repas, mangeant par la bouche et s’engraissant par les oreilles » (RM 24, 4-5). « S’engraisser par les oreilles », l’expression n’est pas très élégante, mais elle dit bien ce qu’elle veut dire. Chacun pourrait dire comment il reçoit ces livres et ce que cela édifie en lui. Nous le faisons de temps en temps en groupe. Mais peut-être s’agit-il d’une édification plus globale pour chacun et pour toute la communauté. Sans que l’on sache trop comment, chacun se trouve informé, cultivé, éclairé, élargi, en même temps que la communauté qui, dans toute sa diversité non pas va penser de la même manière, mais va sentir ensemble des questions, des problématiques ou des faits humains. En même temps que chacun reçoit, une information, une émotion, il reçoit sans trop sans rendre compte ce que la communauté ressent… et s’en trouve encore enrichi. Nous sommes dans l’ordre de la très lente sédimentation, années après années, chacun et tous ensemble, nous accumulons un terreau qui enrichit notre terrain personnel et communautaire. Nous pouvons nous réjouir et rendre grâce à Dieu pour toutes ces lectures. Elles viennent nourrir notre recherche de Dieu, qui ne fait jamais fie de l’épaisseur humaine, avec son péché et ses tâtonnements. Car c’est elle que le Seigneur est venu et vient sauver encore.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 37 ; Des vieillards et des enfants. écrit le 26 février 2025
Verset(s) :

1. Bien que la nature humaine incline par elle-même à l'indulgence pour ces âges, celui des vieillards et celui des enfants, l'autorité de la règle doit cependant y pourvoir.

2. On aura toujours égard à leur faiblesse et on ne les astreindra nullement aux rigueurs de la règle en matière d'aliments,

3. mais on aura pour eux de tendres égards et ils devanceront les heures réglementaires.

Commentaire :

De manière assez étonnante, dans une règle assez rude et austère comme la nôtre, on trouve cette belle attention de Benoit vis-à-vis des vieillards et des enfants accueillis à son époque dans le monastère, une attention qui va jusqu’à avoir vis-à-vis d’eux de « tendres égards ». De « tendres égards », l’expression est forte. Elle vient nous chercher, nous des hommes, dans une dimension plus maternelle que paternelle… dimension que nous portons aussi, comme tout être humain, qu’il soit homme ou femme, porte en lui toujours les deux dimensions. « Tendres égards » comment conjuguer cela avec une vie très rythmée et cadrée comme la nôtre ? On pourrait dire déjà : « regards bienveillants ». Dans notre regard, quitter le jugement face à un ancien qui ne peut plus, peut-être qui n’en peut plus. Dans notre regard, abandonner aussi une sorte de commisération qui nous placerait au-dessus. Mais apprendre simplement à regarder un frère qui vit le passage étroit de la diminution de ses facultés, le regarder en étant prêt à lui prêter main forte, en portant son bol, en tenant une porte, en faisant avec lui la vaisselle, pas forcément à sa place etc…Tendres égards, on pourrait aussi dire « écoute engagée ».

Car l’ancien qui perd ses moyens, et s’en trouve de ce fait plus isolé, a grand besoin qu’on l’écoute, qu’on lui fasse l’honneur de lui prêter notre oreille. Il sait bien que tous autour de lui ont mille choses à faire de très important. Mais lui faire l’honneur de nous arrêter pour l’écouter, pour entendre sa peine ou ses questions, son désir de rester encore vivant dans la communauté. Peut-être répètera-t-il les mêmes choses, et viendra-t-il par là à éprouver notre patience… Faisons-lui l’honneur de notre présence écoutante. Tendres égards, on pourrait dire encore « attention compatissante ». Non pas une attention qui voit tout et qui en quelques secondes peut décider de ce qu’il faut à la personne, en organisant pour elle. Non, mais une attention qui va repérer ce que l’ancien ne parvient pas à dire, et peut-être même à avouer parce qu’il lui en coûte d’apparaitre non tel qu’il le souhaiterait. Une attention qui voit et qui agit comme si elle n’avait pas vu, passant par-dessus la mise à nu que pourrait représenter une remarque ou une observation trop abrupte… Pour les frères encore bien portants dont je fais partie, il nous est difficile de rejoindre ce sentiment que nos plus anciens éprouvent avec la perte progressive de leurs capacités à agir, à suivre le mouvement, à être présent pleinement… Pour ne pas ajouter à la peine de nos frères, l’invitation de la règle à avoir à leur endroit de « tendres égards » est comme un baume très fraternel qui leur est offert. Elle est en retour pour chacun de nous l’occasion, plus encore un beau cadeau qui nous est fait, de grandir en humanité, en profondeur de sensibilité, en capacité de fraternité. Et cela n’a pas de prix…Demandons au Seigneur d’y disposer notre cœur.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 36, 7-10 ; Des frères malades. écrit le 25 février 2025
Verset(s) :

7. Ces frères malades auront un logement à part affecté à leur usage, et un serviteur qui ait la crainte de Dieu et qui soit attentionné, soigneux.

8. Toutes les fois que c'est utile, on offrira aux malades de prendre des bains, mais à ceux qui sont bien portants et surtout aux jeunes, on ne le permettra que plus rarement.

9. En outre, on permettra aux malades très affaiblis de manger de la viande, pour qu'ils se remettent ; mais quand ils seront mieux, ils se passeront tous de viande comme à l'ordinaire.

10. L'abbé prendra le plus grand soin que les malades ne soient pas négligés par les cellériers ou par les serviteurs. Lui aussi, il est responsable de toute faute commise par ses disciples.

Commentaire :

Parler des frères malades, c’est inséparablement parler des frères qui prennent soin d’eux pour reprendre un mot que St Benoit affectionne, « prendre soin » … notre « care » moderne. Ce sera « un serviteur qui ait la crainte de Dieu et qui soit attentionné, soigneux ». Nous pouvons redire notre reconnaissance à f. Pacôme pour le soin qu’il prend des frères à l’infirmerie, mais aussi de nous tous pour le suivi de nos santés. Cet emploi fait vraiment de lui un « serviteur », c’est-à-dire un frère qui ne compte pas son temps, ni son énergie pour répondre aux demandes, et parfois dans l’urgence. En retour, il nous revient à tous de savoir aussi ne pas abuser de sa disponibilité bienveillante. Il est bon quand il n’y a pas urgence de veiller à ne pas le déranger inutilement. Lui aussi a besoin comme chacun de nous d’un temps de lectio et de prière personnelle le matin, le soir.

Parfois quand le service est plus lourd, parce qu’il y a davantage de frères à l’infirmerie qui nécessitent un suivi pour les repas ou les toilettes, f. Pacôme peut faire appel à quelques frères. Ils rendent alors un service ponctuel : donner un repas, aller chercher pour un office, aider à la toilette, faire de la lecture etc… Sachons être ouverts à ces demandes et apporter notre concours. A travers ce modeste service, nous nous rappelons notre propre fragilité qui, un jour peut-être, sera heureuse elle aussi de bénéficier de soins. Nous signifions aussi que c’est toute la communauté qui est appelée à veiller sur les frères malades. Sans nous mêler de tout, nous prenons notre part même très modeste. Je remercie ici aussi les frères qui donnent du temps pour rendre visite à l’infirmerie ou bien à un ancien dans sa chambre alors qu’il est davantage seul. Souvent le f. Jean Noël m’exprime sa reconnaissance pour tous les gestes d’attention dont il bénéficie au gré de la vie quotidienne. N’hésitons pas aussi à lui faire une visite dans sa chambre. St Benoit invite au chapitre 72 à « supporter les infirmités physiques et morales » des frères, nous l’entendons souvent comme quelque chose à subir de plus ou moins bon gré. En fait, dans le soin et l’attention quotidienne à nos frères plus diminués dans leur santé, nous apprenons à les porter, à vivre avec eux dans un élan positif de soutien et d’entraide. Ils nous offrent la chance d’apprendre à nous donner de nous-mêmes, et non à subir de mauvais gré leurs difficultés. Donnons-nous avec générosité.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 36, 1-6 ; Des frères malades. écrit le 22 février 2025
Verset(s) :

1. Il faut prendre soin des malades avant tout et par-dessus tout, en les servant vraiment comme le Christ,

2. puisqu'il a dit : « J'ai été malade, et vous m'avez rendu visite »,

3. et : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. »

4. Mais les malades, de leur côté, considéreront que c'est en l'honneur de Dieu qu'on les sert, et ils ne peineront pas, par leurs vaines exigences, leurs frères qui les servent.

5. Il faut pourtant les supporter avec patience, car des hommes de cette espèce font gagner une plus grande récompense.

6. L'abbé veillera donc avec le plus grand soin à ce qu'ils ne souffrent d'aucune négligence.

Commentaire :

Je pense qu’il nous est tous arrivé de voir dans un poulailler un groupe de poules avec parmi elles une qui est malade plus fragile. Et se met alors en place une sorte de phénomène d’exclusion, dans lequel les poules bien portantes vont piquer la plus fragile, souvent jusqu’au sang, et parfois la tuer, comme on me le disait encore récemment à En Calcat. Je crois qu’on observerait la même chose dans d’autres groupes d’animaux : le plus faible, le malade, loin d’être pris en charge est souvent exclu voire supprimé. Est-ce une loi que les animaux portent en eux comme une sorte de réflexe de survie ? Et pour nous les humains qu’en est-il ? Je ne sais pas s’il vous est arrivé comme à moi, d’éprouver face une personne qui souffre ou qui a un handicap sévère, comme un sentiment intérieur de rejet, voire de dégoût…Un subtil et sombre désir de tenir à tout prix cette personne loin de mon regard, de mes yeux, car cette faiblesse m’insupporte. Ce sentiment ne relève-t-il pas d’un tréfond animal qui remonte à la surface ? Il manifeste que le soin du plus fragile, du plus dépendant et démuni ne nous est pas spontané.

S’il en est ainsi, peut mieux se comprendre l’insistance de Benoit sur le prendre soin des frères malades. « Il faut prendre soin des malades avant tout et par-dessus tout » et plus loin « l’abbé veillera avec le plus grand soin à ce qu’ils ne souffrent d’aucune négligence ». St Benoit ne fait que s’inscrire dans la suite du Christ qui lui-même avait perçu cette faille humaine. Il s’est alors identifié aux plus pauvres et aux blessés de la vie pour mieux en manifester toute la dignité cachée si facilement méprisée. Nous pouvons rendre grâce d’avoir cette lumière de la foi qui nous entraine à poser un autre regard sur toute personne en situation de fragilité. Et ce regard nous sommes déjà et nous serons heureux de le voir se pencher sur nous lorsque nous sommes à notre tour dans la maladie ou la faiblesse de toute sorte. Ce regard ouvert au mystère de l’autre toujours plus grand que sa dégradation apparente peut devenir moteur pour une action. Heureux sommes-nous lorsque nous osons nous mettre en action pour rendre un service, pour être plus patient, plus à l’écoute, simplement là près de celui a besoin. Car non seulement nous honorons l’autre dans son mystère, mais nous déployons le nôtre propre. En prenant soin du corps de notre frère, nous prenons soin de son âme afin qu’elle ne sombre pas dans la tristesse ou le découragement, et nous prenons soin de la nôtre, en cultivant vis-à-vis de nous-même ce regard de douceur et de patience quand le temps viendra où nous ne pourrons plus rien faire nous-mêmes.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 35, 12-18 ; Des semainiers de la cuisine écrit le 21 février 2025
Verset(s) :

12. Quand il n'y a qu'un repas, les semainiers recevront auparavant, en plus de la ration normale, un coup à boire et un pain chacun,

13. pour que, au moment du repas, ils servent leurs frères sans murmure et sans trop de fatigue.

14. Mais aux jours sans jeûne, ils attendront jusqu'aux grâces.

15. Le dimanche, aussitôt après la fin des matines, les hebdomadiers entrant et sortant se courberont à tous les genoux à l'oratoire, en demandant que l'on prie pour eux.

16. Celui qui sort de semaine dira ce verset : « Tu es béni, Seigneur Dieu, qui m'as aidé et consolé. »

17. L'ayant dit trois fois, celui qui sort recevra la bénédiction. Puis celui qui entre continuera en disant : « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider. »

18. Tous répéteront les mêmes mots par trois fois, et ayant reçu la bénédiction, il entrera.

Commentaire :

Servir « sans murmure ni trop de fatigue »… Les services quotidiens dans les repas et la liturgie peuvent parfois nous éprouver. Nous le ressentons peut-être davantage aujourd’hui quand le tour revient plus souvent. Si c’est trop, il faut pouvoir en parler car il s’agit de vivre ce service avec cœur, et non comme un fardeau. On peut alors faire en sorte de répartir la charge avec d’autres frères qui, aujourd’hui, pourront davantage porter. On peut aussi inventer de nouvelles manières de faire. Face à cette difficulté bien ressentie avec l’épidémie de grippe récente, nous mesurons davantage combien le petit rituel du samedi matin durant lequel nous prions pour les frères qui entrent en service, n’est pas une coquetterie ajoutée pour faire bien, ou pour faire spirituel. Ce petit rituel nous rappelle que servir, nous servir les uns les autres, ne nous est pas innée.

Ce n’est pas parce que le Christ le demande en nous en montrant l’exemple le premier, que cela fonctionne immédiatement pour chacun de nous. Tous, à un moment ou à un autre, nous mesurons de la résistance en nous. Cette résistance est plus sensible lorsque nous sommes fatigués. Nous pouvons alors nous dissimuler à nos propres yeux cette résistance sous le prétexte de la fatigue. Sans nous culpabiliser, il est bon de regarder en face cette résistance à servir. La regarder en face, la débusquer en quelque sorte alors qu’elle se cache souvent sous de bons prétextes, afin de ne pas en être victime à nos dépends. Mieux l’affronter surtout pour mieux la confier au Seigneur de miséricorde, afin qu’il nous en guérisse. En effet, son salut veut nous délivrer de tous ces liens plus ou moins conscients qui nous tiennent captifs et qui ne nous laissent qu’à mi-chemin de notre vraie personnalité. Le Seigneur désire pour chacun de nous, chacun selon ses forces, le déploiement de toutes nos possibilités de don, de générosité pour les autres. Aussi nous veut-il nous en donner la force si nous la lui demandons. Oui, acceptons, humblement dans une prière confiante, de demander au Seigneur son aide pour que grandisse notre disponibilité à servir nos frères. De même que dans la liturgie, nous avons besoin de la grâce du Seigneur pour prier, de même pour servir dans le quotidien, il nous faut demander : « Dieu, viens à mon aide, Seigneur hâte-toi de me secourir ». Nous servirons avec davantage de cœur, allégé du poids de nos résistances au frein si puissants.