vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 22-34 Prologue écrit le 20 juin 2022
Verset(s) :

22. Si nous voulons habiter dans la demeure de ce royaume, on ne saurait y parvenir, à moins d'y courir par de bonnes actions.

23. Mais interrogeons le Seigneur avec le prophète, en lui disant : « ;Seigneur, qui habitera dans ta demeure, et qui reposera sur ta montagne sainte ? »

24. Cette question posée, frères, écoutons le Seigneur nous répondre et nous montrer le chemin de cette demeure,

25. en disant : « C'est celui qui marche sans se souiller et accomplit ce qui est juste ;

26. qui dit la vérité dans son cœur, qui n'a pas commis de tromperie par sa langue ;

27. qui n'a pas fait de mal à son prochain ;; qui n'a pas laissé l'injure atteindre son prochain ;» ;;

28. qui, lorsque le malin, le diable, lui suggérait quelque chose, l'a repoussé loin des regards de son cœur, lui et sa suggestion, l'a réduit à néant, et s'emparant de ses petits – les pensées qu'il lui inspirait – les a écrasés contre le Christ.

29. Ce sont ceux-là qui, craignant le Seigneur, ne s'enorgueillissent pas de leur bonne observance, mais qui, estimant que ce qui est bon en eux ne peut être leur propre œuvre, mais celle du Seigneur,

30. magnifient le Seigneur qui opère en eux, en disant avec le prophète : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rends gloire ! »,

31. de même que l'Apôtre Paul, lui non plus, ne s'attribuait rien de sa prédication et disait : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. »

32. Et il dit encore : « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. »

33. De là aussi la parole du Seigneur dans l'Évangile : « Celui qui écoute ce que je viens de dire et le met en pratique, je le comparerai à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre.

34. Les eaux sont venues, les vents ont soufflé et ont heurté cette maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était fondée sur la pierre. ;»

Commentaire :

Celui qui marche sans se souiller, accomplit ce qui est juste, dit /o vérité, ne fait pas de mal, repousse le malin...

Qui peut se vanter d'accomplir cela ? Si nous l'accomplissons, st Benoît nous invite à l'humilité et à tout remettre à Dieu et au Christ : " Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire !", " C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis " Qui d'entre nous peut entrer dans la Demeure, dans le Royaume, sinon pcq le Christ le prend par la main et le tire des eaux dans lesquelles il s'enfonce ; comment pouvons-nous entrer dans la Demeure,

sans le Rocher qu'est le Christ, sur lequel nous pouvons briser toutes nos tentations, sans l'amour du Christ qui brûle tous nos péchés, tout notre mal ?

« Seigneur, n'entre pas en jugement avec ton serviteur: aucun vivant n'est juste devant toi».

« Sur la terre, pas un homme de bien. »

Mais Dieu fait de chacun de nous sa demeure, et nous appelle à demeurer en lui. L'Esprit nous est donné : marchons selon l'Esprit.

J'aime la parabole du riche et de Lazare:

Lazare est emporté par les anges dans le sein d'Abraham, dans le sein de celui avec qui Dieu a fait alliance, et dans le nom duquel il a béni toutes les nations.

Nous croyons, nous, que non seulement nous sommes appelés à être emportés par les anges dans le sein d'Abraham, mais dans le sein du Christ, le Fils bien-aimé, Premier-né d'une multitude de frères.

Quelle action, quel élan du cœur, pourrait nous mériter d'entrer dans le sein du Christ, d'avoir là notre demeure?

Seuls, le désir et l'amour débordants de Dieu, manifestés en Jésus; peuvent faire de nous les cohéritiers du Christ.

Même Marie, la Toute Sainte, a reçu et reçoit toujours son être, sa mission, sa sainteté, du don gratuit de Dieu.

Ce qui ne veut pas dire que nous n'avons pas de mérites, mais le don de Dieu est tellement au-delà !

Ce mardi aux vigiles, nous entendions Saint Grégoire de Narek:

« Nombreuses sont mes dettes et dépassant tout chiffre, cependant elles ne sont pas si étonnantes que ta miséricorde.

Multiples sont mes péchés, mais ils sont toujours moindres, comparés à ton pardon. (...) Que pourra faire un peu de ténèbres à ta lumière divine ?

Comment une petite obscurité peut-elle rivaliser avec tes rayons, toi qui es grand ! »

Désirons accomplir ce qui est juste, mais désirons surtout recevoir le don de Dieu qui est sans mesure.

« Vois parmi les saints, la foule des pécheurs dont la joie monte vers l'amour et s'émerveille: 0 bonheur sans déclin, n'être plus que lumière dans le sang rédempteur! »

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 14-21 Prologue écrit le 11 juin 2022
Verset(s) :

14. Et se cherchant un ouvrier dans la foule du peuple, à laquelle il lance cet appel, le Seigneur dit de nouveau :

15. « Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? »

16. Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit :

17. « Si tu veux avoir la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne prononcent point la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la.

18. Et quand vous aurez fait cela, j'aurai les yeux sur vous et je prêterai l'oreille à vos prières, et avant que nous m'invoquiez, je dirai : me voici ! »

19. Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite, frères bien aimés ?

20. Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous montre le chemin de la vie.

21. Ceignant donc nos reins de la foi et de l'accomplissement des bonnes actions, avançons sur ses voies, sous la conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés à son royaume.

Commentaire :

« Se cherchant un ouvrier dans la .foule du peuple» ... La RB reprend ici l'image familière bien présente dans les évangiles. de l'embauche des ouvriers pour aller travailler à la vigne ou la moisson du Seigneur. .. Par trois fois. St Benoit reprend ce mot ouvrier. operarius en latin. Les deux autres occurrences sont dans le chapitre 7. 49 et 70 sur l'humilité qui indique clairement que le mot ouvrier désigne le moine avant tout en qu'il exerce un travail. une œuvre spirituelle. C'est ce que confirme clairement l'usage de mots de la même famille dans la RB : comme opus. opera: utilisé aussi bien pour désigner l'office divin, l'œuvre de Dieu, que pour désigner les bonnes œuvres dans le chap. 4 qui énumère 78 instruments des bonnes œuvres. Le moine est un ouvrier gui travaille au service de Dieu principalement par ses bonnes œuvres, ou ses bonnes actions. comme nous l'entendions ce matin. mais aussi par sa participation assidue à !'officie divin. S'agit-il d'un travail pénible 0 La suite du paragraphe entendu ce matin nous parle« de voir des fours heureux, el d'avoir la vie». Le travail dont il s'agit est avant tout un travail sur soi et un travail au service des autres. et non un travail sur le clos des autres au service de soi. Et nous promet Benoit à la suite des Ecritures, ce travail rend profondément heureux.

dès maintenant. et surtout dans le Royaume. car il a valeur d'éternité. Nous faisons tous l'expérience un jour ou l'autre combien le travail spirituel porte des fruits de joie et de paix qui nous offrent déjà un avant-goût du bonheur à venir. Ainsi, se donner dans le service des autres.

au nom du Christ et de son évangile, donne de la joie, en nous sortant de nous-mêmes ... L·attention clans la prière des heures nous fait pressentir la paix d'une certaine unification de notre esprit avec ce que chantent nos lèvres. Plus on avance clans ce travail spirituel. plus on découvre qu'il est l'œuvre de !'Esprit Saint en nous. Benoit l'affirme un peu plus loin en disant que c'est le« Seigneur qui opère en nous» (Prol 30). Aussi nous n'avons pas à craindre que le travail que nous demande le Seigneur soit pénible ou dur. En effet. il opère avec nous et en nous. De telle sorte que le plus important, n'est pas tant de se préoccuper de faire des choses. que de se laisser faire. ce qui est différent de se laisser vivre. Se laisser faire requiert de nous une vraie attention à tout ce que nous vivons pour être vraiment dociles, et à ce que nous ressentons profondément. et aux évènements ou interpellations extérieures. L'Esprit Saint agit le plus souvent en nous à la manière de la brise légère qu'a rencontrée Elie à !'Horeb. Que le Saint Esprit daigne faire de nous des ouvriers du Royaume. fervents et dociles....

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 08-13 Prologue écrit le 01 juin 2022
Verset(s) :

8. Levons-nous donc enfin, puisque l'Écriture nous éveille en nous disant : « L'heure est venue de nous lever du sommeil »,

9. et les yeux ouverts à la lumière de Dieu, écoutons d'une oreille attentive ce que la voix divine nous remontre par ses appels quotidiens :

10. « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs ;» ;;

11. et encore : « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises. »

12. Et que dit-il ? « Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur.

13. Courez, pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous atteignent. »

Commentaire :

Est-ce malvenu d'entendre de nouveau cette i11jonction « levons-nous donc enfin»! suivie de celle « Courez!» '? Peut-être nous arrive-t-il de penser: « mais enfin, pourquoi toujours ces appels. à nous lever ou à courir, à écouter et à ne pas nous endurcir. .. ? On le sait, on connait déjà». Si nous sommes habités par ses réactions, c'est le signe qu'une certaine lassitude nous gagne. Si le désir plus ou moins avoué de nous laisser aller est là, c'est que nous nous sommes déjà arrêtés dans notre élan. Peut-être s·agit-il d'une légitime fatigue qui demande que l'on prenne du repos. ou qu'on sache se détendre pour ne pas tirer trop sur la corde. Peut­ être s'agit-il d'un mal-être plus profond qui appelle discernement. .. S'agit-il de découragement face aux tâches qui ne manquent pas dans certains secteurs de notre vie ? Le risque est réel de vivre ces tâches selon une mauvaise compréhension, comme un poids qL1·on porte seul, comme si nous avions perdu le but pour lequel et pour qui nous les accomplissons. Car la vie selon I' Esprit, celle que nous désirons vivre jour après jour, est faite d'un élan qui demande toujours une vigilance. Cet élan n• est pas le fruit de nos seules forces. Si nous le vivons à la force du poignet, cela nous conduira immanquablement à l'épuisement. L'élan spirituel po11e la marque de !'Esprit dont on ne sait ni d'où il vient ni où il va... autrement dit, cet élan est fait d'un réel mouvement pour avancer. et en même temps. d'une attention aux questions qui surgissent, d'un accueil aux évènements imprévus. Cet élan selon !'Esprit ne craint pas l'irruption de l'inconnu qui semble mettre des bâtons clans les roues. Il porte la marque de la joie et de la paix même dans l'inattendu. li accepte de demeurer ouvert. de chercher, et en même temps il ne reste pas dans l'indécision. Entre certitude dure, un peu idéologique et indécision chronique, le Saint Esprit nous entraine à nous lever et à courir sans cesse. Rien d 'haletant clans cette course si nous n'oublions pas pour Oui et avec Oui nous agissons dans tout ce que nous faisons: pour le Seigneur. Que je prépare le réfectoire, que j'étudie, que je plie le linge, que j'organise une réunion. que je classe des archives ou les comptes. que je travaille au jardin, je reste debout dans !'Esprit lorsque je demeure tourné vers Celui à la Gloire de qui je fais tout cela... Car telle est la trace de la vie de !'Esprit en nous... Si nous ne savons pas ni d'où il vient, ni où il va,

comme nous le chantons à Sexte : « seul un murmure demeure, le nom du Père au cœur des

.fils».

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 04-07 Prologue écrit le 31 mai 2022
Verset(s) :

4. Avant tout, quand tu commences à faire quelque bien, demande-lui très instamment, dans la prière, de le conduire à sa perfection,

5. afin que lui qui a daigné nous mettre au nombre de ses fils, n'ait jamais à s'attrister de nos mauvaises actions.

6. En tout temps, en effet, il nous faut lui obéir au moyen des biens qu'il met en nous, de sorte que non seulement, père irrité, il ne vienne jamais à déshériter ses fils,

7. mais aussi que, maître redoutable, courroucé de nos méfaits, il ne nous livre pas au châtiment perpétuel, comme des serviteurs détestables qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.

Commentaire :

« Avant tout quand tu commences à faire quelque bien, demande-lui très instamment dans la prière. de le conduire à sa perfection». Après avoir fait entendre !"appel : «écoute,, qui met en route, Benoit pose d'emblée un principe: « avant tout», prier, si l'on veut faire

« quelque bien». Ce mot «bien» revient deux fois dans le passage qu'on a entendu. On le retrouve un peu plus loin lorsque St Benoit dit qu·« en tout temps. il nousfà111 obéir à Dieu au moyen des biens qu'il met en nous... » Faire quelque bien, obéir à Dieu au moyen des biens qu'ïl met en nous... Nous avons là, exprimée une belle conviction spirituelle: pour faire le bien, nous ne pouvons vraiment le faire que si Dieu nous donne le nécessaire, ses biens qu'il met en nous, aujourd'hui on parlerait de la grâce, ou encore de !'Esprit Saint... Entre le bien réalisé, et le bien déposé en nous par Dieu, il y a une profonde relation. Si on poursuit l'image, on pourrait dire que nous sommes comme ces abreuvoirs de montagne, pour offrir de l'eau à boire, il faut qu'ils soient placés sous la source d'eau. Pour pouvoir faire le bien, il nous faut nous placer par la prière sous la source de tout bien... La prière n'est peut-être rien d'autre: consentir à nous placer sous le regard du Seigneur, tendre les mains pour recevoir de lui, ce que nous ne pouvons trouver en nous, par nous-même. Consentir à ce mouvement d'humilité qui demande l'aide du Seigneur avant tout ce qu'on entreprend, ne nous est peut-être pas si spontané. Il peut nous en coûter, car cela nécessite de s'arrêter, ne fosse que quelques minutes: confier une rencontre pour que le Seigneur l'éclaire de son esprit, déposer un souci, un travail pour qu'il nous guide dans la manière de le résoudre ou de le conduire. Plutôt que de foncer tête baissée comme si nous étions seuls, reconnaitre que nous avons besoin de l'aide du Seigneur, peut changer notre façon d'être et de vivre... Vivre non plus comme un esclave, esclave souvent de notre désir de toute puissance, mais comme un serviteur, serviteur du dessein d'amour de Dieu notre Père, qui a besoin de nous pour faire le bien qu'il nous revient d'accomplir, chacun là où nous sommes.... Seigneur, apprends-moi à me tourner vers toi, en tout ce que je fais, dans la confiance que tu me donneras le bien dont j'ai besoin pour accomplir ce à quoi tu m'appelles.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 01-04 Prologue écrit le 25 mai 2022
Verset(s) :

1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.

2. Ainsi tu reviendras, par ton obéissance laborieuse, à celui dont tu t'étais éloigné par ta désobéissance paresseuse.

3. À toi donc, qui que tu sois, s'adresse à présent mon discours, à toi qui, abandonnant tes propres volontés pour servir le Seigneur Christ, le roi véritable, prends les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance.

4. Avant tout, quand tu commences à faire quelque bien, demande-lui très instamment, dans la prière, de le conduire à sa perfection,

Commentaire :

En reprenant ce matin, une nouvelle fois la lecture et le commentaire de la RB, je mesure que nous avons beaucoup de chance de voir nos vies monastiques placées sous ce mot, un impératif: «écoute». Un mot qui vient faire une brèche en tous les aspects de notre vie, pour qu'elle reste toujours ouverte.jamais close sur elle-même, ce qui serait le signe de la mort. Une brèche pour laisser passer la parole, la relation, la lumière, la vie.... Loin de nous enlever quelque chose. elle nous enrichit toujours d'un point de vue, d'un regard autre. Cependant comment se fait-il que nous puissions vivre parfois l'écoute comme une menace? Dans nos oreilles, cet impératif« écoute» peut sonner comme une intrusion. « Mais qui-est-il pour me demander cela? Qu'est-ce qu'il vient encore m'embêter?» II y a une part de nous-mêmes qui supporte mal parfois d'être interpellé, bousculé, repris, remis en question dans ses certitudes, Mystérieusement alors, nous préférons rester sur nos manières de penser, sur notre petit confort, sur une certaine idée de nous-mêmes, plutôt que d'ouvrir quelque chose de nouveau en nous... Peur de nous ouvrir à la réalité qui dépasse toujours ce qu'on peut chacun en appréhender? Peur d'être enfoui par l'autre. de ne plus être soi-même? Certainement il y a toujours un risque dans l'écoute. Et parfois, certaines expériences peuvent nous laisser des regrets d'avoir trop bien écouté. Et pourtant. .. Notre Dieu ne cesse pas de nous dire« écoute», comme nous même dans notre prière ne manquons pas de demander à Dieu d'écouter. Nos oraisons dans la liturgie sont émaillées de cette adresse faite à Dieu. N'est-ce un des langages spontanés de la relation vivante. parfois de la relation remuante qui se cherche. Durant la nuit de mardi. aux vigiles, nous chantions le psaume 80 qui nous fait entrer dans le beau dialogue entre Dieu et son peuple. Le psalmiste « entend des mots inconnus», les mots de Dieu qui exprime sa soif de relation avec son peuple qu'il a sauvé de l'oppression et du poids qui chargeait ses épaules en Egypte.

« Ecoute je t'adjure, ô mon peuple, vas-tu m'écouter Israël ? » Nous pouvons entendre dans cette insistance, la crainte divine de voir son peuple passer à côté de la vraie vie et de son amour pour lui. « Ah si mon peuple m'écoutait. s'il allait sur mes chemins, aussi j'humilierai ses ennemis ... je te rassasierai du miel du rocher ... » La promesse divine révèle que de l'écoute, jaillit une vie abondante... une force contre les ennemis combattus alors avec une arme puissante et une nourriture exquise... L'écoute nous rapproche jour après jour de Dieu, de nos frères, dans un pas à pas plus heureux si nous y consentons.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 73, v 03-09 De ce que l'observation de toute justice ne setrouve pas prescrite dans cette Règle écrit le 21 mai 2022
Verset(s) :

3. Quelle est en effet la page, quelle est la parole ayant Dieu pour auteur, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, qui ne soit une norme parfaitement droite pour la vie humaine ;?

4. Quel est le livre des saints Pères catholiques qui ne nous fasse entendre comment courir tout droit jusqu'à ce que nous parvenions à notre créateur ;?

5. Et encore les Conférences des Pères et leurs Institutions et leurs Vies , ainsi que la Règle de notre saint Père Basile,

6. que sont-elles d'autre que les instruments des vertus donnés par les moines de bonne conduite et obéissants ;?

7. Mais pour nous qui sommes paresseux, de mauvaise conduite et négligents, il y a de quoi rougir de confusion.

8. Toi donc, qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis avec l'aide du Christ cette toute petite règle pour débutants que nous avons fini d'écrire ;;

9. et alors seulement tu parviendras, grâce à la protection de Dieu, à ces sommets plus élevés de doctrine et de vertus que nous venons de mentionner. Amen.

Commentaire :

Ecriture Sainte. Pères de l'Eglise. Ecrits monastiques : St Benoit nous donne en quelque sorte la table des matières de sa bibliothèque familière. bibliothèque dont il conseille la lecture et la fréquentation pour qui veut avancer plus avant dans la vie spirituelle. St Benoit ne semble habité que par un seul désir : permettre aux moines d•atteindre la patrie céleste et leur créateur, moyennant l'acquisition des vertus dès ici-bas et la montée des sommets de doctrine et de ve11us... Au terme de sa règle, il opère une inclusion avec le prologue où il conviait le moine à se mettre en course vers le Royaume... tout en offrant une vraie ouverture sur d'autres instruments.

Il est heureux que St Benoit ménage cette ouverture sur d'autres auteurs. Sa règle elle­ même est déjà façonnée par l'utilisation ·d autres auteurs (le Maitre, Cassien, Augustin. Pacôme, les Pères de Lérins). Si la règle donne comme une ossature à notre vie monastique, cette dernière a besoin aussi d"autres sources pour se nourrir. Selon les attentes et les besoins propres. il est important de trouver sa nourriture. Selon nos personnalités. nous pouvons être plus sensibles pour les uns, aux vies de moines ou de saints, pour les autres aux écrits plus théologiques ou philosophiques. pour d'autres à des traités de spiritualité ou encore à des livres d'exégèse. La remise annuelle des livres de Carême met bien en valeur cette variété de matières et de sujets qui peuvent nous intéresser. Quel que soit le domaine de prédilection. il est bon de veiller à la qualité du livre choisi, et de se faire conseiller si nécessaire. Car l'important demeure le but: que nous tirions profit pour notre vie humaine et spirituelle de nos lectures. Dans nos lectures, comme dans beaucoup d'autres aspects de notre vie, nous restons des chercheurs de Dieu. Peut toujours nous guetter le risque de la distraction pour oublier. s'évader, divaguer. La grande

variété de notre bibliothèque ainsi que le champ presque infini d'information offert par internet, manqueraient complètement leur fonction s'ils ne faisaient de nous que d'insatiables curieux en quête de divertissements. Notre propos de chercheur de Dieu en quête du Royaume. se vit là aussi. La découve11e du monde, l'attention à la recherche intellectuelle. la meilleure connaissance des hommes et del 'histoire veulent aiguiser en nous le désir de mieux comprendre qui est notre Dieu, quel est son dessein créateur et sauveur ? Quelle est notre place dans son projet 9 Qu'est-ce gui a valeur d'éternité dans tout ce que nous vivons? Dans tous nos choix, la question demeure alors fortement posée: à l'horizon du Royaume qu'est-ce qui est vraiment important?

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 73, v 01-02 De ce que l'observation de toute justice ne se trouve pas prescrite dans cette Règle écrit le 19 mai 2022
Verset(s) :

1. Si d’ailleurs nous avons écrit cette règle, c'est pour qu'en l'observant dans les monastères, nous fassions preuve au moins d'une certaine décence morale et d'un commencement de vie religieuse.

2. Mais pour celui qui se hâte vers la perfection de la vie religieuse, il est des enseignements des saints Pères dont l'observation conduit l'homme jusqu'aux cimes de la perfection.

Commentaire :

Un paradoxe traverse de part en part ce chapitre : la vie monastique nous fait courir. tendre vers la perfection religieuse. et dans le même temps. pour ce faire. elle nous place toujours en position de commençant. de débutant... On ne cesse de chercher à progresser et à nous convertir. et en mème temps, nous ne pouvons prétendre qu"à commencer, qu'à nous tenir intérieurement dans l'attitude du nouveau venu. Parler ainsi revient à dire que nous ne sommes pas juge de l'état où nous en sommes sur le chemin de la vie spirituelle. Un autre enseignement est peut-être aussi que le dynamisme vraiment spirituel de notre vie monastique consiste en ce double mouvement d'élan vers le meilleur, et d'ancrage dans !"engagement concret jamais déserté. li me semble que la comparaison avec le musicien virtuose, ou le sportif de haut niveau est éclairante. Les deux tendent sans cesse vers le meilleur. vers la prouesse artistique ou la victoire dans l'épreuve. Mais tous deux ne cessent de s'entrainer, en refaisant des exercices très basiques toujours repris, et en se soumettant à une discipline de vie qui ne néglige rien de

!"équilibre humain le plus élémentaire (sommeil, nourriture, etc... ). Leur excellence ne leur permet en rien de se laisser aller à penser qu'ils sont au dessus de ces contingences élémentaires. el de cet entrainement de base. Le jour où ils y consentiraient, ils perdraient tout le bénéfice des sacrifices consentis. La comparaison vaut ce qu•elle vaut et a des limites. Le meilleur. 1·excellence que vise la vie monastique n'est pas de l'ordre d'un exploit, ou d'une maitrise de sa vie (qui sera plutôt une conséquence). Le but visé est la charité pour Dieu et pour les autres. charité qui confine toujours avec l'humilité sa proche parente selon la tradition monastique, et selon ce que nous font découvrir des théologiens contemporains sur !"humilité du Dieu Amour. Cette excellence là est moins le fruit d'une conquête, que d"un cadeau reçu comme immérité. improbable ... Une fois dit cela, il nous arrive de constater que nous faisons des progrès. Dans tel domaine, nous étions plus fragiles, plus en peine. Aujourd'hui. quelque chose a changé dans ma relation avec le Seigneur et avec les autres. li ne s'agit pas de nier cela, ou de le redouter. Si on le constate, la question est plutôt: qu'en faisons-nous? En parler dans !"accompagnement spirituel est ce11ainement une bonne chose pour le remettre devant le Seigneur, le poser devant lui avec action de grâce. Est-ce que cela nous donne droit à des libertés par rapport à nos exercices les plus élémentaires (prière, service des autres, vigilance sur notre pauvreté) ? Ce piège nous guette. La grâce sera de nous donner, de vivre ces exercices avec plus d·élan pour laisser l'amour se creuser en nous une place encore plus profonde. plus authentique.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 72, v 10-12 Du bon zèle que doivent avoir les moines écrit le 18 mai 2022
Verset(s) :

10. ils affectionneront leur abbé d'une charité sincère et humble ;;

11. « ils ne préféreront absolument rien au Christ. ;»

12. Que celui-ci nous fasse parvenir tous ensemble à la vie éternelle ;!

Commentaire :

Dans notre langage courant. les mots « priorité ». « préférence » reviennent souvent. On aime bien prioriser les choses : les choses à faire. ou à vivre. On choisit ses relations, son cercle privilégié. ses amis. Ce matin. St Benoit place pour les moines une priorité avant tout autre : le Christ. préféré absolument. Dans la vie monastique, pour reprendre le mot à mot. le terme latin

« praeponere » utilisé et traduit par préférer, nous désirons placer le Christ avant tout autre relation, ou préoccupation. Nous acceptons de le mettre à la tête de notre vie personnelle et communautaire. C'est Lui qu'on regarde, qu'on suit, qu'on cherche à mieux connaitre. Parler ainsi c'est dire que, pour nous moine. le Christ ne fait pas nombre avec les autres relations ou les autres préoccupations. C'est-à-dire qu'il n'y a pas d'un côté des relations amicales et de l"autre notre relation au Christ, ou bien d'un côté nos activités et préoccupations au service de la vie quotidienne, et de l'autre le service de la prière. Non, en plaçant le Christ au sommet de nos préoccupations, toute notre vie est comme ramassée. ressaisie en Lui... Tout est pour lui_ avec lui, par lui... L'évangile de ce jour utilise l'image de la vigne et des sarments pour dire cette profonde relation qui nous lie au Christ depuis notre baptême. Sans notre union à Lui. notre vie chrétienne perd son énergie, son sens, son souffle.

Mystérieuse relation gui respecte notre liberté : d'un côté tout est donné, tout est là, et de l'autre il nous faut chercher, préférer celui qui est à la racine de notre être. Le sarment peut se couper de la vie. S'il ne préfère pas le cep, s'il ne veille pas à être attaché à lui. pour se nourrir de sa vie par l'eucharistie par ex, de sa parole par la liturgie et la lectio, il peut se dessécher.

Mystérieuse relation première qui demeure dans le clair-obscur de la foi et qui pourtant va irriguer et illuminer toutes les autres relations. Dans le frère malade, dans le passager qui s'arrête. dans la personne qui nous requiert, le Christ ne demande qu'à être honoré et servi.

Mystérieuse relation qui se trouve en filigrane de nos relations fraternelles et qui va permettre de vivre l'obéissance à l'abbé ou aux frères, non comme une servitude mais comme un détachement salutaire d'un moi trop présent. C'est au Christ que nous désirons obéir avant tout.

Mystérieuse relation qui porte en elle des germes d'éternité et qui fait de notre quotidien personne et communautaire comme un tremplin pour la vie éternel!tf us partagerons avec lui. le Christ, notre Seigneur, notre frère, notre ami...

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 72, v 09 Du bon zèle que doivent avoir les moines écrit le 14 mai 2022
Verset(s) :

9. avec amour ils craindront Dieu ;

Commentaire :

« Avec amour, ils craindront Dieu,, .... D'une manière un peu surprenante, ce trait du bon zèle se présente en contraposition avec le précédent : « ils pratiqueront la charité fratemelle chastement,,. Si les frères sont encouragés à s'aimer en préservant la bonne distance, avec Dieu, ils sont exhortés à combler par l'amour l'écart que pourrait creuser la crainte. Cette recommandation nous permet de mieux considérer qu·elle est notre relation avec Dieu. En écho, nous entendons le premier commandement : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout cœur, de toute ton âme et toute ta force » (Dt 6, 4). Commandement qui est étrange au premier abord, parce que: peut-on commander l'amour? mais qui peut se comprendre lorsqu'on descend un peu plus profond dans notre cœur. Là n'habite pas toujours l'amour vis-à-vis de Dieu, mais peut-être souvent la peur ou l'indifférence. On peut se demander : où est notre cœur dans sa relation profonde avec Dieu? Est-il dans la confiance, dans l'abandon, dans l'amour, dans l"émerveillement, ou bien dans la crainte plus ou moins servile, dans le désir de tenir Dieu à distance, dans la volonté de faire ce qu'il faut faire mais pas plus, dans la crainte qu'il en demande trop... ? Cœur embrasé ou cœur partagé, cœur paisible ou cœur compliqué, cœur donné ou cœur endurci. cœur ouvert ou cœur sourd ou fermé.... L'Ecriture nous offre bien des images possibles pour comprendre notre propre cœur dans ce lien mystérieux qu'il développe avec son Dieu. A la fois, nous savons ce qu'il y a dans notre cœur, et à la fois nous l'ignorons en partie. Des évènements ou des situations inédites jouent le rôle de révélateur pour mieux percevoir où nous en sommes dans notre relation avec notre Dieu. Quand un coup dur nous arrive, sommes-nous tentés de penser: qu'est ce que j'ai fait au Bon Dieu pour mériter cela, en renfermant dans l'image d'un Dieu qui nous rétribuerait et nous ferait payer quelque chose'' ou bien nous tournons-nous vers Lui comme vers un Père qui est avec nous, dans la confiance. afin de lui remettre ce qui nous arrive, en acceptant de ne pas tout comprendre ? Craindre avec amour voudrait être ici une lumière pour nous orienter vers une image toujours plus approfondie et juste de notre Dieu... La crainte, au sens biblique, faite de respect et de révérence parce que Dieu est Dieu, immensité et présence cachée, de qui tout vient et qui s'intéresse à la poussière que nous sommes. Amour suscité par sa Parole qui nous fait entrer dans un dialogue intime et mystérieux avec lui. Amour étonné d'être soi-même capable d'aimer. Amour gui se creuse en notre cœur un chemin, souvent à notre insu. Amour gui transforme notre vie, avec des avancées et des reculs, vers un plus grand abandon. Seigneur qui m'aime le premier, apprends-moi à t'aimer, apprends-moi à laisser l'amour grandir dans mon cœur, dans ma vie.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 72, v 08 Du bon zèle que doivent avoir les moines écrit le 13 mai 2022
Verset(s) :

8. ils pratiqueront la charité fraternelle avec désintéressement ;;

Commentaire :

« Ils pratiqueront la charité.fraternelle chastement» En quoi consiste ici le bon zèle? Pas seulement dans la pratique de la charité fraternelle qui est un commandement du Seigneur. mais dans le fait de la pratiquer« chastement». L'insistance n"est pas superflue au regard des récentes affaires d"abus. Celles-ci nous alertent sur le fait que même l'amour, la réalité la plus profonde qui soit peut être aussi gravement pervertie. Lorsque St Benoit utilise l'adverbe

« chastement» il nous invite donc à nous avancer avec prudence et justesse sur les chemins de

!"amour fraternel. Le P. Luc Crépy a eu de belles paroles sur la chasteté clans le livre que nous entendons le soir... Aimer engage notre désir, cette dimension de notre être qui nous meut si radicalement et qui nous échappe toujours. Pour« respecter l'autre clans sa dignité et ne pas en faire le simple objet de son désir» .... il y a à faire« un apprentissage d'une juste distance dans les relations» (in La foi à l'épreuve de la Toute-Puissance, Lessius 2021 p 59). Respect. distance. limite : autant de points de vigilance pour me rappeler que le frère est toujours autre. La relation que j'établis avec lui n'abolira jamais. voire rendra plus sensible la part de mystère qu'il porte, et ma propre part de mystère qu'il me révèle. Vivre notre vie quotidienne en 11·oubliant pas cette part de mystère présente en chaque frère, comme en moi-même. est une boussole sûre. Cela nous ôte l'illusion de la fusion ainsi que la prétention d"une toute puissance. L· attrait, les atomes crochus. la sympathie spontanée facilitent les relations. Mais ils peuvent aussi constituer un voile et faire oublier la part de mystère de l'autre qui m'échappe toujours, alors que je crois le connaitre. Vivre et aimer chastement est toujours un chemin, sans cesse à reprendre disait le P. Crépy. Aussi, réjouissons-nous des repères pour l'apprendre que nous offre la vie commune, et tenons-les fermement : ne pas aller dans la cellule d'un frère. sauf dans les cas prévus par le coutumier, nous garder d'une familiarité trop facile dans les gestes ou les paroles. nous appeler frère, et non directement par le prénom. demeurer discret vis-à-vis des casiers des frères... A l'inverse, il y a des distances tellement jalousement maintenues ou préservées qu'elles peuvent devenir un obstacle à la vie fraternelle. Cette distance excessive n·est pas forcément chaste. notamment si elle est le fait d'une volonté délibérée de se murer. Elle peut-être le fait d'une impossibilité ou de peurs, ce qui est alors tout à fait respectable. Nos groupes de communauté peuvent être des écoles où l'on apprend !ajuste distance. Entre frères,

on partage des aspects de notre vie où chacun se donne et se reçoit. sans étalage, mais avec respect. Aimer son frère chastement, c'est aussi accepter de ne pas tout savoir. Respecter son rythme dans la capacité à s·ouvrir, à échanger. Se réjouir de sa part de mystère, et de la mienne.