vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 03, v 01-06 De l'appel des frères en Conseil écrit le 30 juillet 2022
Verset(s) :

1. Chaque fois qu'il sera question au monastère de quelque chose d'important, l'abbé convoquera toute la communauté et dira lui-même de quoi il est question.

2. Une fois entendu le conseil des frères, il en délibérera à part soi et fera ce qu'il juge le meilleur.

3. Or si nous avons dit que tous seraient appelés au conseil, c'est que souvent le Seigneur révèle à un inférieur ce qui vaut le mieux.

4. Or donc les frères donneront leur avis en toute soumission et humilité, et ils ne se permettront pas de défendre leur opinion effrontément,

5. mais la décision dépendra de l'abbé : celle qu'il juge être plus opportune, tous y obéiront.

6. Toutefois, s'il sied aux disciples d'obéir au maître, il convient que celui-ci dispose toute chose avec prévoyance et justice.

Commentaire :

Dans les derniers mois, nous avons vécu des chapitres conventuels assez importants et denses, je pense notamment à ceux sur l'opportunité ou non d'accompagner les laïcs de Chauveroche dans leur recherche d'une vie communautaire. Nous avons expérimenté 1'importance de la parole donnée par chacun. et celle de l'écoute mutuelle pour essayer d'avancer. L'importance aussi d'un secrétaire qui consigne les débats pour ensuite mettre en forme un état de la question au moment « t » et indiquer des avancées possibles sur lesquelles continuer de se prononcer et de chercher. Avancer ensemble dans une réflexion demande beaucoup d'énergie et de patience. d'engagement et de liberté. A la différence de Benoit qui donne déjà de précieux repères pour la prise des décisions importantes, nous sentons le besoin plus affirmé de ne pas seulement faire un tour de l'assemblée capitulaire pour recueillir les avis et laisser ensuite le jugement à l'abbé. Pour faire droit à la réflexion de chacun. ainsi qu'à une plus grande complexité des questions, il nous faut accepter de passer plus de temps pour évaluer les tenants et aboutissants d'un sujet. afin d'instruire au mieux le dossier. Cela peut passer par J'écoute de personnes extérieures comme nous l'avons fait pour Chauveroche. Outre le temps passé, ce genre de cheminement commun pour rechercher ensemble la volonté de Dieu pour telle ou telle question ou situation nous éprouve tous. Car il nous oblige à consentir à la fois à dire ce que l'on pense, mais aussi à ne pas nous accrocher à notre pensée. Une sorte de discernement s'opère à l'intérieur de nous qui nous bouscule. Il ne s'agit alors ni de démissionner en s'en remettant au jugement des autres, ni de se blinder dans une position qui n'entend pas ce qui se dit à côté. Discerner passe nécessairement par une étape d'ouverture inconfortable où l'on ne sait pas bien où l'on est. pour examiner en vérité toutes les hypothèses. A ce propos, M. Delbrêl dans des notes proposées à ses équipes, sur la manière de vivre les décisions communes, dit quelque chose qui rejoint bien Benoit.« Nous avons tendance à garder noire point de vue initial. Or ce point de vue une fois brassé avec celui des autres doit sortir de nous. Il a apporté ce qu'il devait apporter, il ne compte plus" (in « J'aurai voulu». Œuvres Complètes, T 14, p 47). c'est au prix de ce travail de liberté intérieure que le discernement final de chacun, fait au moment du vote. a le plus de chance de porter du fruit, un fruit bon pour lui et bon pour la communauté. Nous cherchons ensemble la volonté de Dieu.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 02, v 30-40 Ce que doit être l'abbé écrit le 29 juillet 2022
Verset(s) :

30. L'abbé doit toujours se rappeler ce qu'il est, se rappeler le titre qu'on lui donne, et savoir que « plus on commet à la garde de quelqu'un, plus on lui réclame ».

31. Et qu'il sache combien difficile et ardue est la chose dont il s'est chargé, de diriger les âmes et de se mettre au service de caractères multiples : l'un par la gentillesse, un autre par la réprimande, un autre par la persuasion... ;

32. et selon la nature et l’intelligence d’un chacun, il se conformera et s’adaptera à tous, de façon non seulement à ne pas subir de perte dans le troupeau commis à sa garde, mais aussi à se féliciter de l’accroissement d’un bon troupeau.

33. Avant tout, qu'il ne laisse point de côté ni ne compte pour peu de chose le salut des âmes commises à sa garde, en prenant plus de soin des choses passagères, terrestres et temporaires,

34. mais qu'il songe sans cesse qu'il est chargé de diriger des âmes, dont il devra aussi rendre compte.

35. Et pour ne pas se plaindre d'un éventuel manque de ressources, qu'il se souvienne qu'il est écrit : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » ;

36. et encore : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. »

37. Et qu'il sache que, quand on se charge de diriger les âmes, on doit se préparer à en rendre compte.

38. Et autant il sait avoir de frères confiés à ses soins, qu'il soit bien certain qu'il devra rendre compte au Seigneur de toutes ces âmes au jour du jugement, sans parler de sa propre âme, bien entendu.

39. Et ainsi, craignant sans cesse l'examen que le pasteur subira un jour au sujet des brebis qui lui sont confiées, en prenant garde aux comptes d'autrui, il se rend attentif aux siens,

40. et en procurant aux autres la correction par ses avertissements, lui-même se corrige de ses vices.

Commentaire :

Cette fin de chapitre sonne comme un avertissement sévère à l'endroit de l'abbé. En même temps, elle met bien en valeur la dimension spirituelle de sa charge, sa dimension pastorale. St Benoit parle à trois reprises du fait que l'abbé' est chargé de « diriger les âmes ». Ce souci des âmes, du bien spirituel des personnes doit l'emporter sur les soucis matériels... car il est ordonné à la croissance du Royaume et de sa justice...

Si Benoit parle par trois fois de diriger les âmes, il développe plus abondamment I"activité pastorale de l'abbé, en utilisant une autre expression : « se mettre au service de caractères multiples (multorum servire moribus) ». Il y a ainsi un contraste fort entre les deux verbes utilisés successivement : diriger et se mettre au service. Et pourtant il est tentant de penser que pour Benoit diriger les âmes, c'est se mettre au service des personnes dans leur unicité. Comme il le précise, selon la nature et l’intelligence d'un chacun. Ensuite, il poursuit encore en disant dans le même sens: « il se conformera et s 'adaptera à tous». En quoi consiste cette mise au service, cette adaptation. cette conformité i chacun et à tous : en la capacité d'adopter des attitudes diverses. La gentillesse pour l'un. la réprimande pour l'autre, ou encore lu persuasion. L'abbé est appelé à trouver la bonne manière pour permettre à chacun et à tous de grandir et de croitre dans la recherche de Dieu, dans l'accomplissement de sa vocation. Autrement dit, la relation entre l'abbé et le frère est toujours une relation, non pas à deux mais à trois. Entre l'abbé et le frère, il va le Seigneur qui appelle et qui conduit chacun. Si l'abbé peut avoir une parole, quelle qu'en soit la manière, c·est pour ramener chacun et tous à la vérité de la relation avec le Seigneur. Et si le frère cherche à écouter, à comprendre, peut-être parfois ù être corrigé, c'est dans le désir de suivre la vérité de son appel. C'est en sens que se comprend au mieux l'autorité de l'abbé à l'égard de chaque frère, et de la communauté. Le mot « autorité». auctoritas, vient du verbe augeo, qui veut dire faire croitre. accroitre, augmenter, développer... L'autorité de l'abbé n'a de sens que pour faire grandir chacun et la communauté, en nombre peut-être, mais surtout dans la qualité de sa vie. Quand St Benoit parle de « l'accroissement du troupeau» dont l'abbé par son service doit pouvoir se féliciter, il utilise le mot « augmentatio » qui appartient à la famille du verbe « augeo. Et le moteur de cette croissance pour l'abbé comme pour chaque frère demeure la recherche du Royaume et de sa justice. Que le Seigneur nous garde vivant dans cette recherche.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 02, v 23-29 Ce que doit être l'abbé écrit le 28 juillet 2022
Verset(s) :

23. Dans son enseignement, d'autre part, l'abbé doit toujours observer la norme que l'Apôtre exprime ainsi : « Reprends, supplie, réprimande »,

24. c'est-à-dire que, prenant successivement des attitudes diverses, mêlant les amabilités aux menaces, il se montrera farouche comme un maître et tendre comme un père.

25. C'est dire qu'il doit reprendre durement les indisciplinés et les turbulents, supplier d'autre part les obéissants, les doux et les patients de faire des progrès ; quant aux négligents et aux méprisants, nous l'avertissons de les réprimander et de les reprendre.

26. Et qu'il ne laisse point passer les fautes des délinquants, mais qu'il les retranche jusqu'à la racine dès qu'elles commencent à se montrer, pendant qu'il en a encore le pouvoir, se souvenant de la condamnation d'Héli, le prêtre de Silo.

27. Les âmes bien nées et intelligentes, qu'il les reprenne une et deux fois par des admonitions verbales,

28. mais les mauvais sujets, durs, orgueilleux, désobéissants, que les coups et le châtiment corporel les arrêtent dès le début de leur faute, vu qu'il est écrit : « On ne corrige pas un sot avec des mots »,

29. et encore : « Frappe ton fils de la verge et tu délivreras son âme de la mort. »

Commentaire :

Avec ce paragraphe, plus qu'en d'autres passages de la Règle, nous pouvons mesurer la différence culturelle qui nous sépare de l'époque de Benoit. La vision de !"abbé comme maitre farouche qui peut aller jusqu'à donner des coups pour corriger les « mauvais sujets durs el orgueilleux » nous semble tout simplement impossible à admettre. Tout se passe comme si à une dureté des caractères devait correspondre une certaine rudesse de l'autorité. La culture avait-elle tellement changé entre le temps de Benoit et celui de Paul à qui il emprunte la recommandation « reprends. supplie et réprimande» pour lui donner le développement et la compréhension concrète entendue ?

En effet, la recommandation que Paul donne à Timothée vient mettre en valeur combien son ministère est essentiellement un ministère de la Parole. C'est la Parole de !"évangile qu'il s'agit d'annoncer, et c'est par la parole humaine qu'il s"agit de convaincre les auditeurs. Face à des gens gui s'opposent à la prédication de l'évangile, certains milieux juifs. peut-être déjà marqués par la gnose. Paul exhorte Timothée : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps. dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d’instruire ». Et il poursuit un peu plus loin : « Toi en toute chose, garde la mesure, supporte la souffrance.. fais ton travail d'évangélisateur, accomplis jusqu'au bout ton ministère» (2 Tm 4, 2 5). Spontanément je me sens plus à l'aise avec cette perspective paulienne qui situe le rôle de Timothée sur le seul plan de la parole, une parole persévérante. exigeante, et parfois aussi impuissante qui va jusqu'à occasionner des souffrances pour celui qui l'annonce. Je crois que le service de l'abbé peut trouver là un éclairage et un encouragement réel. Est bien mis en lumière son rôle au service de la Parole divine pour qu'elle rejoigne chaque frère. Si Timothée s'adressait à des païens non encore ou à peine convertis. l'abbé s'adresse à des frères qui ont choisi de faire de la conversion le propos essentiel de leur vie. Les moines s'engagent à sans cesse se tourner et se retourner vers Dieu leur Père, à la suite du Christ. Aussi l'abbé est-il convié à les encourager, avec patience dans le souci d'instruire, mais aussi à dénoncer le mal sans le voir partout, ou encore parfois à faire des reproches pour aider chacun à progresser. Tâche toujours délicate car sujette soit à exagération soit à démission. Être là au bon endroit et au bon moment pour permettre à chacun de rester ouvert à la Parole, et désireux de demeurer sous la Parole divine, parce qu'elle est bonne et parce qu'elle ne peut que nous vouloir du bien.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 02, v 16-22 Ce que doit être l'abbé écrit le 26 juillet 2022
Verset(s) :

16. Il ne fera pas de distinction entre les personnes dans le monastère.

17. Il n'aimera pas l'un plus que l'autre, à moins qu'il ne l'ait reconnu meilleur dans les bonnes œuvres ou l'obéissance.

18. A l'homme venu de l'esclavage qui entre en religion, il ne préférera pas l'homme libre, à moins qu'il n'existe une autre cause raisonnable.

19. Que si l'abbé en décide ainsi, la justice l'exigeant, il fera de même pour le rang de qui que ce soit ; sinon, ils garderont leur place normale,

20. car « esclave ou libre, nous sommes tous un dans le Christ », et sous un même Seigneur nous portons d'égales obligations de service, car « Dieu ne fait pas acception de personnes. »

21. Notre seul titre à être distingués par lui, c'est d'être reconnus meilleurs que les autres en bonnes œuvres et humbles.

22. L'abbé doit donc témoigner une charité égale à tous, avoir les mêmes exigences dans tous les cas suivant les mérites.

Commentaire :

Pour Benoit. il est évident que l'abbé doit avoir pour chaque frère une égale charité. Cette conviction se fonde sur la foi biblique que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes

et les femmes. Si Dieu est Dieu. il ne peut en être qu'ainsi... Il est heureux ce matin de réentendre cette bonne nouvelle. Depuis le Deutéronome jusqu'à la première épitre de Pierre, on la trouve avec des accents différents. « Le Seigneur votre Dieu est le Dieu des dieux et le

Seigneur des seigneurs, le Dieu grand, vaillant et redoutable, qui ne fait pas acception de personnes et ne reçoit pas de présents. C'est lui qui fait droit à l'orphelin et à la veuve, et il aime l 'étranger auquel il donne pain et vêtement » (Dt 10 17-18). On retrouve cette idée que

le Seigneur ne se laisse influencer par personne pour rendre la justice. dans le livre des Chroniques. En conséquence, ceux qui rendent la justice doivent agir de même. Le roi Josaphat dit ainsi aux juges : « Soyez attentif,· à ce que vous faites, car vous ne jugez pas au nom des hommes mais du Seigneur, lui qui est avec vous quand vous prononcez une sentence ... Prenez garde à ce que vous faites, car le Seigneur notre Dieu ne consent ni aux fraudes, ni aux privilèges, ni aux cadeaux acceptés» (2 Ch 19. 6-7). Dans le livre de Job, l'impartialité de Dieu est motivée par le fait qu'il est le créateur de tous. « Dieu n'a pus égard aux princes, et ne distingue pas du faible l'homme important. Car tous sont 1'œuvre de ses mains» (.lb 34. 19). Dans le Nouveau Testament, la bonne nouvelle de l'impartialité de Dieu est reprise abondamment. Ainsi Paul affirme: « Tribulation et angoisse à toute âme qui s'adonne au mal, au Juif d'abord, puis au Grec ; gloire. honneur et paix à quiconque fait le bien, au Juif d'abord. puis au Grec ; car Dieu ne fait pas acception des personnes" (Rm 2, 9-10). La conséquence immédiate que les auteurs du NT en tirent dans la ligne de ceux de !'AT est que nous aussi nous ne devons pas faire acception des personnes. pas de différences de traitement entre nous. Ainsi dans le passage de sa lettre aux Ephésiens que Benoit cite en partie, Paul demande aux maitres qui ont des esclaves : « Laissez de côté les menaces, et dites-vous bien que, pour eux comme pour vous, le Maitre est dans les cieux, et qu'il ne fait point acception des personnes» (Ep 6, 9). Chacun a une place unique aux yeux de Dieu. Dieu ne compare pas, comme nous sommes tentés de le faire souvent. Il peut aimer chacun pour lui-mème sans rien enlever aux autres, ni raire de différences. Telle est la lumière de foi sous laquelle l'abbé est invité à se situer, pour favoriser un climat de paix dans la justice en communauté. Viens Esprit d'Amour et de Paix.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 02, v 11-15 Ce que doit être l'abbé écrit le 20 juillet 2022
Verset(s) :

11. Quand donc quelqu'un prend le titre d'abbé, il doit diriger ses disciples par un double enseignement,

12. c'est-à-dire qu'il montrera tout ce qui est bon et saint par les actes plus encore que par la parole. Ainsi, aux disciples réceptifs il exposera les commandements du Seigneur par la parole, aux cœurs durs et aux plus simples il fera voir les préceptes divins par ses actes.

13. Inversement, tout ce qu'il enseigne aux disciples à regarder comme interdit, qu'il fasse voir par ses actes qu'on ne doit pas le faire, « ;de peur qu'en prêchant aux autres, il ne soit lui-même réprouvé »,

14. et qu'un jour Dieu ne lui dise, à cause de ses péchés : « ;Pourquoi proclames-tu mes ordonnances et recueilles-tu dans ta bouche mon alliance, alors que tu hais la discipline et que tu as rejeté mes paroles derrière toi ? ;»

15. Et : « Toi qui voyais le fétu dans l'œil de ton frère, dans le tien tu n'as pas vu la poutre. »

Commentaire :

St Benoit poursuit son développement sur la charge de l'abbé, et plus spécialement sur sa fonction d'enseignant. L'insistance de Benoit sur l'enseignement pose la question: comment se fait-il que l'abbé doive toujours enseigner? On pourrait dire que l'on connait déjà tout ce dont il va parler. Pourquoi faut-il encore le redire d'une manière ou d'une autre·, Il m'arrive aussi de penser que les frères connaissent déjà ce que je vais dire... Et dans le même temps, plus que le fait d'obéir à une coutume bien ancrée à la PqV, je perçois comme une exigence qui me dépasse et une grâce aussi qui est donnée de prendre la parole. Car peut-être en va-t-il de la nature profonde de la vie chrétienne: c'est d"être, comme l'était déjà la vie juive. une vie sous la Parole divine gui ne cesse de se dire par des paroles humaines.? A cet égard le long Ps 118 en est une belle illustration. Le psalmiste ne cesse de dire son désir. mais aussi sa recherche, voire son combat pour être toujours plus en adéquation avec la Parole de Dieu, qui se décline en préceptes, commandements, volontés, décisions, jugements, loi etc... Comme en amitié et en amour, si nous voulons grandir dans la relation entre nous et avec Dieu. il faut parler et écouter. La prière, la lectio, la liturgie sont les lieux privilégiés de ce dialogue avec Dieu, pour recueillir sa Parole pour nous aujourd'hui, comme les groupes, les chapitres conventuels et chapitres du soir, sont des lieux importants pour tisser la communion entre nous à travers la parole échangée.

Dans son enseignement, précise Benoit, l'abbé doit savoir conjuguer les actes et les paroles... Tous, nous avons besoin de voir une cohérence de vie pour croire, et faire confiance. Avec la dénonciation récente des abus dans l'Eglise, nous gardons en mémoire combien des personnes qui avaient « pignon sur rue » pour leur enseignement ont été du jour au lendemain discréditées par les actes ou les abus qu'ils ont commis. Du jour au lendemain, leur enseignement a été réfuté. et leurs livres ont été retirés du commerce ou des lieux de formation. Terrible verdict qui signe combien nous avons besoin de cohérence entre paroles et actes. Il en va de même pour l'abbé. Et en même temps, personne ne souhaite que l'abbé se transforme en règle vivante. Lui aussi est en chemin. Comme chacun, je suis toujours en deçà de la règle. et plus encore en deçà de l'Evangile qui est notre loi fondamentale. Dès lors, je mesure souvent combien la parole que je peux prononcer me fait du bien à moi en premier. Elle m'est utile pour demeurer vigilant et continuer mon propre chemin de conversion.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 02, v 04-10 Ce que doit être l'abbé écrit le 19 juillet 2022
Verset(s) :

4. Aussi l'abbé ne doit-il rien enseigner, instituer ni commander qui soit en-dehors du précepte du Seigneur,

5. mais son commandement et son enseignement s'inséreront dans l'esprit de ses disciples comme un levain de justice divine.

6. L'abbé se rappellera toujours que son enseignement et l'obéissance des disciples, l'une et l'autre chose, feront l'objet d'un examen au terrible jugement de Dieu.

7. Et l'abbé doit savoir que le pasteur portera la responsabilité de tout mécompte que le père de famille constaterait dans ses brebis.

8. En revanche, si le pasteur a mis tout son zèle au service d'un troupeau turbulent et désobéissant, s'il a donné tous ses soins à leurs actions malsaines,

9. leur pasteur sera absous au jugement du Seigneur et il se contentera de dire au Seigneur avec le prophète : « Je n'ai pas caché ta justice dans mon cœur, j'ai dit ta vérité et ton salut. Mais eux s'en sont moqués et ils m'ont méprisé. »

10. Et alors, les brebis qui auront désobéi à ses soins auront enfin pour châtiment la mort triomphante.

Commentaire :

Pour Benoit, l'abbé est en bonne part un enseignant. S'il est Père, à l'image du Christ. c·est en vertu de sa parole. De mème que le Christ fait naitre à la vie divine des enfants de Dieu. de mème, l'abbé est missionné pour que « son enseignements 'insère dans 1'e,1pri! des » frères,

« comme un levain de justice divine". S'il s'en acquitte de son mieux, il pourra dire avec le psalmiste : « Je n''ai pas caché ta justice dans mon cœur, j'ai dit ta vérité et ton salut ... (Ps 39.11) ». C'est le mystère de l'incarnation de la Parole qui se poursuit depuis 2000 ans. La Parole du Christ continue de produire son œuvre de salut par l'intermédiaire de ses ministres, dont l'abbé fait partie, même s'il n'est pas le seul dans le monastère à dispenser la Parole. Tous les frères qui interviennent dans la liturgie, les lecteurs, les homélistes, mais aussi ceux qui prépare les litanies à l'office ou la prière universelle à la messe, transmettent eux-mêmes la parole du Christ. A travers le commentaire de la règle ou l'homélie, se donne une parole qui veut illuminer, faire comprendre, ou encore exhorter à marcher à la suite de Jésus. A travers la prière litanique ou la prière universelle, il s'agit d'exprimer la parole du Christ en ce qu'elle fait en nous, en ce qu'elle suscite comme désir pour nous-mêmes ou pour les autres. Elle nous fait demander pour grandir dans la vie de disciples, ou pour les autres ; elle nous fait aussi exprimer notre reconnaissance à Dieu pour tous ses bienfaits... Ainsi nous nous offrons la Parole les uns aux autres. A travers nous, le Christ continue de parler aujourd'hui, comme il a parlé hier. Si nous nous laissons traverser, travailler par cette Parole, celle-ci a des chances d'atteindre le cœur de nos frères à qui nous nous adressons.

L'abbé plus que les autres doit être attentif à sa parole, car celle-ci a un poids dont il devra rendre compte, dit Benoit. En effet, elle donne une direction. Elle induit un ce1iain agir. Elle rassemble la communauté invitée à marcher sur une même voie. Benoit peut nous surprendre par la manière qu'il a de souligner la responsabilité de l'abbé, même à propos de la réponse des frères à son enseignement. Il lui revient d'avoir du zèle pour que les frères restent fervents dans leur propos de conversion, en demeurant fidèle et vivant au sein du troupeau. Il est toujours bon d'entendre cette invitation venue des temps anciens, pour que l'abbé veille à ne perdre aucune des brebis du troupeau qui lui sont confiées. Sa vigilance, la pertinence et l'assiduité de son enseignement, sont requises_ En rendant grâce pour ce rappel gui stimule, je me confie à votre prière.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 02, v 01-05 Ce que doit être l'abbé écrit le 09 juillet 2022
Verset(s) :

1. L'abbé qui est digne de gouverner le monastère, doit toujours se rappeler le titre qu'on lui donne, et vérifier par ses actes le nom du supérieur.

2. Il apparaît en effet comme le représentant du Christ dans le monastère, puisqu'on l'appelle d’un des noms de celui-ci,

3. selon le mot de l'Apôtre : « Vous avez reçu l'esprit d'adoption filiale, dans lequel nous crions : abba, père ! »

4. Aussi l'abbé ne doit-il rien enseigner, instituer ni commander qui soit en-dehors du précepte du Seigneur,

5. mais son commandement et son enseignement s'inséreront dans l'esprit de ses disciples comme un levain de justice divine.

Commentaire :

Un mot revient plusieurs fois dans ce chapitre. déjà dans le titre: c'est le verbe «devoir» .... « Ce que doit être l'abbé, l'abbé doit toujours se rappeler le titre qu'on lui donne ...aussi 1'abbé ne doit-il rien enseigner, instituer ou commander qui ne soit en dehors du précepte du Seigneur». Ce verbe «devoir" sonne comme une exigence forte demandée à l"abbé dont st Benoit a une haute idée de la responsabilité. Cette responsabilité est essentiellement de l'ordre d'une paternité spirituelle. L'abbé est appelé« père» parce qu'il est reconnu, cru (creditur) comme tenant la place du Christ. Ce regard et ce mouvement de foi est bien dans la dynamique de l'incarnation. Depuis que le Verbe s'est chair en Jésus, Jésus s'est identifié à tout homme. Et tout homme peut en retour manifester quelque chose du mystère du Christ et de sa présence au milieu de nous. Le malade, le pauvre. le prisonnier. l'étranger sont des figures du Christ pauvre que nous sommes appelés à reconnaitre. De même, l'envoyé gui annonce la parole du Royaume est associé étroitement au Christ. « Oui vous écoute m'écoute » dit Jésus à ses apôtres. La foi nous invite à cultiver ce regard de foi qui permet de recevoir tout homme non seulement comme un frère, mais aussi comme toujours plus grand qu'un frère, comme une figure du Christ. Les frères dans le besoin (malade, prisonnier, étranger ... ) sont des figures du Christ gui nous sauve par sa pauvreté et par son indigence librement consentie. Leur venir en aide. c'est honorer le Christ et ainsi prendre part au salut qu'il offre. De même l'abbé ou tout frère qui enseigne est une figure du Christ gui sauve par sa parole. L'écouter, lui obéir, c'est entrer dans le salut que le Christ ne cesse de continuer de réaliser. L'œuvre de salut commencée par Jésus venu en notre chair, ne cesse de se poursuivre dans son Eglise et à travers elle dans le monde. Le monastère, comme toute communauté ecclésiale conduite par un évêque ou par ses ministres, donne à voir et à vivre cette lente maturation du salut au travers des relations interpersonnelles. Et tout cela se réalise par !'Esprit Saint. C'est lui gui ouvre les yeux et les cœurs afin que chacun reconnaisse le Christ dans le pauvre, le malade comme dans l'abbé. Je suis frappé ici par la citation que Benoit fait Rm 8. 15 : « Vous avez reçu 1·e,1prit d'adoption filiale, dans lequel nous crions: abba, père" ! C'est l'Esprit Saint qui peut nous faire dire «père» à un frère, ici l'abbé, parce qu'on reconnait. parce qu·on croit recevoir à travers lui, une parole qui vient de plus loin que lui. Il est grand le mystère de la foi !

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 10-13 Des espèces de moines écrit le 08 juillet 2022
Verset(s) :

10. La quatrième espèce de moines est celle que l'on nomme gyrovague. Toute leur vie, allant par les différentes provinces, ils se font héberger trois ou quatre jours par les celles des différents moines,

11. toujours errants et jamais stables, asservis à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche, et en tout plus détestables que les sarabaïtes.

12. La misérable conduite de tous ces gens-là, mieux vaut la passer sous silence que d'en parler.

13. Laissons-les donc et venons-en, avec l'aide du Seigneur, à organiser la valeureuse espèce des cénobites.

Commentaire :

Comme je le disais l'autre jour à propos des sarabaïtes. Benoit aborde ce matin une autre catégorie de moines « repoussoirs », les gyrovagues. Ceux qui tournent en rond. en vivant au crochet des autres.... Ils sont « en tout plus détestables» conclue Benoit. En quoi ces moines

« repoussoirs » ont-ils quelque chose à nous dire?

lis viennent questionner la part de nous-mêmes qui est parfois « gyrovague ». qui ne trouve pas sa stabilité dans le sillon de la vie quotidienne, et qui a besoin d·aller voir toujours ailleurs. C'est la tentation de la distraction. du dive1iissement, finalement de la fuite du réel....

Aller voir ailleurs pour oublier, pour s'éclater peut-être. Pour nous moines, nous avons grand avantage à distinguer détente et divertissement. li est important de se détendre et de se reposer de nos différents labeurs. Pour cela, repérons ces bonnes détentes qui nous recrée vraiment. Vous me direz peut-être: Qu'est-ce qui distingue la bonne détente d'un dive1iissement plus ou moins oiseux 9 Je crois que la différence est en bonne part dans l'intention. Ai-je le désir de vivre ce temps, comme tous les autres, sous le regard du Seigneur ou bien est-ce que je me laisse aller sans me poser de question à aller de-ci de-là 0 Ai-je le souci de me détendre pour mieux servir le Seigneur ensuite ou bien ai-je surtout envie d'oublier, voire de fuir? Le discernement entre détente et divertissement peut se faire aussi après coup. La détente laissera un profond sentiment de bien-être parce que ce temps vécu nous aura unifié, fait grandir, apaiser construit. Le dive1iissement nous aura peut-être grisé. fait passer le temps. mais nous laissera

souvent avec un sentiment de vide, voire avec un regret d'avoir perdu notre temps....

L'expérience nous enseigne. Gardons en mémoire. une mémoire quasi corporelle de ces différents ressentis pour ne pas tomber dans le piège à l'heure de la tentation du divertissement.

!,'expérience d'être parfois gyrovague n'est pas anodine pour nous moine. Si nous nous y laissons aller, elle vient émousser le sens profond de notre stabilité. Celle-ci opère en effet un travail en profondeur. Elle ne veut pas nous emprisonner en un lieu ou dans un genre de vie. Mais elle veut permettre une unification toujours plus large de notre être. nous ne sommes pas des girouettes. Elle veut permettre aussi un enracinement toujours plus profond dans l'amour de Dieu. Il se donne à nous clans !'ici et maintenant. non dans l'ailleurs. Dans les jours plus lumineux comme dans les plus bas de plafond. il est là avec nous. Il nous soutient. Allons-nous l'accueillir 9

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 06-09 Des espèces de moines écrit le 29 juin 2022
Verset(s) :

6. La troisième et détestable espèce de moines est celle des sarabaïtes. Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de l'expérience, comme l'or dans la fournaise, mais ils sont devenus mous comme du plomb.

7. Par leurs œuvres, ils restent encore fidèles au siècle, et on les voit mentir à Dieu par leur tonsure.

8. A deux ou trois, voire seuls, sans pasteur, enfermés non dans les bergeries du Seigneur, mais dans les leurs, ils ont pour loi la volonté de leurs désirs.

9. Tout ce qu'ils pensent et décident, ils le déclarent saint ; ce qu'ils ne veulent pas, ils pensent que c'est interdit.

Commentaire :

Après les cénobites et les ermites. Benoit en vient à considérer deux espèces de moines qu'ïl n'affectionne pas du tout les sarabaïtes sur lesquels nous nous arrêtons ce matin. et les gyrovagues. On pourrait se demander à quoi bon s'intéresser à ceux-là qui ressemblent à des moines mais ne le sont pas vraiment') Je pense ici à ce que me disait une fois f. Alban : « Tous les frères sont pour moi des exemples. On peut toujours en tirer quelque chose. Il y a ceux qui donnent de bons exemples el ceux qui en donnent de mauvais. Les premiers nous sont utiles parce qu'ils montrent ce qu'il faut faire, les seconds le sont tout autant en nous montrant ce qu'il ne faut surtout pas faire... ». Il en est peut-être ainsi dans l'intention de Benoit qui oppose les deux espèces de moines dignes d'être suivies. aux deux qu'il ne faut surtout pas imiter.

Comment caractériser en quelques mots les sarabaïtes? Ce sont ceux qui vivent à leur propre compte. S'ils ne sont pas dignes d'être imités. il nous intéresse parce qu'ïls mettent franchement en évidence une tendance qui peut nous habiter et qui, si on n'y prête pas attention, pourrait occuper tout l'espace. De l'extérieur. ils ressemblent à des moines, leur tonsure. leur habit sûrement et un semblant de vie commune. Ils sauvent l'apparence. mais leur engagement monastique s'arrête là. Les sarabaïtes ne supportent pas la règle commune. Ils n'ont pas de référent en dehors d'eux-mêmes. En quoi. l'exemple du sarabaïte peut-il nous servir de repoussoir') Il vient questionner jusqu'où nous sommes prêts à nous laisser f!guider par autrui 0 Jusqu'où acceptons-nous de nous mettre sous la lumière de la règle et de la vie commune'' L'illusion peut être tenace de ne vouloir faire que ce qui nous convient. La règle est ce pédagogue exigeant qui nous rabote, dans nos prétentions orgueilleuses de vouloir être et vivre par nous-même, sans les autres, et surtout sans Dieu. La règle nous redresse. au lieu d·être, mou comme du plomb, dans l'ïnconsistance de nos désirs. Je pense au psaume dont nous pouvons éprouver parfois la grande justesse : « Tu redresse.!'homme en corrigeant sa faute, tu ronges comme un ver son désir: l'homme n'est qu'un souffle,, (Ps 38,12). Le sarabaïte

esquive le plus souvent cette expérience d'être rongé en son désir. Il nous en coûte toujours. Mais peut-être faisons-nous aussi parfois l'expérience d'être libéré de nous-même dans le même temps où nous acceptons d'être rongé en lâchant prise sur nos velléités. ou sur nos désirs, pour consentir à obéir. à un frère. à l'abbé, ou encore à la réalité, aux évènements ... Car nous avons rendez-vous avec notre liberté profonde.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 03-05 Des espèces de moines écrit le 29 juin 2022
Verset(s) :

3. Ensuite la seconde espèce est celle des anachorètes, autrement dit, des ermites. Ce n'est pas dans la ferveur récente de la vie religieuse, mais dans l'épreuve prolongée d'un monastère

4. qu'ils ont appris à combattre le diable, instruits qu'ils sont désormais grâce à l'aide de plusieurs,

5. et bien armés dans les lignes de leurs frères pour le combat singulier du désert, ils sont désormais capables de combattre avec assurance les vices de la chair et des pensées, sans le secours d'autrui, par leur seule main et leur seul bras, avec l'aide de Dieu.

Commentaire :

A première vue, nous pouvons penser que ces lignes sur les ermites ne concernent pas les cénobites que nous sommes. Nous avons fait le choix de la vie commune tandis que la vie érémitique est un appel réservé à quelques-uns... Cependant ces lignes sur les ermites n'ont­ elles pas quelque chose à nous dire sur le cœur de ce qui fait notre vocation monastique : la recherche de Dieu pour lui seul. En chaque cénobite doit demeurer vivant un ermite, c'est-à­ dire ce frère qui cultive le cœur à cœur avec Dieu, clans sa cellule, dans les circulations du monastère comme dans le travail. Cette relation nous constitue dans notre être de moine qui a décidé de tout ordonner à elle. Nous avons choisi de suivre le Christ en mettant Dieu au centre de toute notre existence, en tout ce que nous faisons. De cette relation privilégiée avec le Seigneur, chacun de nous est responsable pour veiller sur notre manière de vivre. ainsi que sur les mouvements du cœur et des pensées. Personne ne peut venir faire à notre place ce travail intérieur de vigilance pour faire grandir la charité en nous et entre nous. Si la vie commune nous offre un cadre protecteur et régulateur contre les tentations de divertissement ou de dispersion. elle n"évite pas à chacun un vrai combat singulier. celui qui se livre en notre cœur. Ce serait une illusion de penser qu'on est un bon moine, simplement parce qu·on fait tout ce que la vie commune propose. Si nous n·y mettons pas tout notre coeur, si nous ne nous donnons pas vraiment dans la prière et le service des frères, nos différentes pratiques et observances restent vides et bien peu utiles en quelque sorte. Et comme dirait St Macaire, mieux vaut être un laïc dans le monde qui essaie de vivre fidèlement sa vie chrétienne qu'un moine tiède qui se repose sur une observance, mais qui ne l'habite pas vraiment. Il nous revient donc de demeurer toujours vivant et combattant à la manière d'un ermite qui avance seul sur le chemin de l'authenticité et de la générosité. Authenticité et générosité peuvent certes se laisser pressentir aux regards extérieurs. notamment dans l'engagement pour le service de Dieu et des frères. Mais le plus souvent, seul Dieu sait ce que chacun vit vraiment et jusqu'où il va clans le don de lui-même. Ni les autres, ni nous-mêmes ne sommes vraiment juges. L'appel retentit donc toujours pour sortir de nous-mêmes. A la manière des cloches qui sonnent pour l'office, il nous engage à quitter un certain contentement« j"en fais bien assez comme çà» ou une certaine peur qui nous emprisonne dans nos limites au lieu d"oser l'écoute de l'inattendu. Avec l'aide de Dieu, cénobite toujours un peu ermite. ne perdons pas de vue le combat singulier, celui qui nous revient de manière unique.