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1. Si la communauté est nombreuse, on choisira parmi eux des frères de bonne réputation et de sainte vie, et on les nommera doyens,
2. pour qu'ils veillent sur leurs décanies en tout selon les commandements de Dieu et les ordres de leur abbé.
3. Ces doyens seront choisis de telle manière que l'abbé puisse, en sécurité, partager avec eux son fardeau.
4. Et on ne les choisira pas en suivant l'ordre d'ancienneté, mais d'après le mérite de leur vie et la sagesse de leurs enseignements.
5. Ces doyens, si l'un d'eux, venant à s'enfler de quelque orgueil, se montre répréhensible, et si après avoir été repris une, deux, trois fois, il refuse de se corriger, on le destituera
6. et on mettra à sa place quelqu'un qui en soit digne.
7. Pour le prévôt aussi, nous prescrivons de faire de même.
Il est intéressant de comparer ce chapitre de St Benoit sur les doyens avec celui de la règle du Maitre dont il s'est inspiré. Le Maitre parle de « prévôt » et Benoit de « doyens ». Le long chapitre du Maitre, de 123 versets, est scindé en deux chapitres par St Benoit, celui sur les doyens de 7 versets, et le suivant sur la manière de dormir de 8 versets. Par cette coupe drastique, St Benoit laisse de côté de nombreux détails développés par le Maitre, comme
« l'investiture de cette dignité de doyens ou prévôts » (RM 11, 15) durant laquelle on remet une verge, symbole de son autorité sur les frères. Ou encore le maitre établit deux prévôts sur chaque groupe de dix frères, afin que si les uns vont dans un endroit au travail, ils soient accompagnés par le premier, tandis que les autres ont toujours le second « qui assure par sa présence la surveillance de leurs vices » ... (RM 11, 22sq). Le Maitre explicite que les prévôts ont pour charge de reprendre leurs frères (RM 11, 42), en veillant à ce qu'il ne parle qu'à bon escient, à ne pas mentir, à ne pas jurer, ni à se mettre en colère, ni à être prompts à rire. Aux côtés de l'abbé, le prévôt a donc une tâche spirituelle (RM 11, 94-96).
Que retenir de la concision de Benoit sur ce même chapitre ? En utilisant le mot «doyen» plutôt que «prévôt» qu'il réserve au second du monastère (notre prieur), il évite peut-être une trop grande mise en valeur de ce rôle (au-dessus de) qu'il ne confie pour sa part qu'à un seul qui sera en responsabilité de 10 frères. S'il semble redonner toutes les attributions du prévôt aux doyens, notamment celle de partager le fardeau de l'abbé, l'absence de mention de surveillance et de correction, dégage une toute autre approche de la fonction. Moins policière plus fraternelle. Moins en surplomb, plus aux côtés des frères. Mais St Benoit fait un ajout qui peut paraitre plus sévère à certains égards. Il met en garde contre la tentation d'orgueil qui pourrait survenir. Il prévoit une correction fraternelle pour y remédier, et un remplacement du doyen par un autre, si cela n'est pas suivi d'effet. Pour St Benoit, le souci de l'humilité est constant. Il doit animer ses frères. Ces notations nous intéressent aujourd'hui encore lorsqu'on pense aux doyens qui conseillent l'abbé, mais aussi aux responsables de groupe qui jouent un rôle pastoral auprès des frères. Chacun, doyen et responsables de groupe sont des frères parmi les frères. Ils ne sont pas au-dessus. Aussi doivent-ils prendre de la hauteur par rapport à leurs mouvements spontanés. Il s'agit de se mettre d'abord à l'écoute de la communauté et de son bien. Que notre prière bienveillante les accompagne pour qu'ils apprennent à penser les choses non d'abord en fonction de leurs goûts ou de leurs idées, mais en vue du bien de tous.
1. Si, lorsque nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et révérence,
2. combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et très pure dévotion !
3. Et ce n'est pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien.
4. Aussi l'oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu'elle ne vienne à se prolonger sous l'effet d'un sentiment inspiré par la grâce divine.
5. En communauté, cependant, le temps de l'oraison sera tout à fait bref, et dès que le supérieur aura donné le signal, on se lèvera tous ensemble.
Ce petit chapitre est précieux pour nous redire le fin travail, toujours à reprendre, que constitue la prière. S'il nous arrive de penser que nous savons prier, soyons heureux si quelque évènement ou parole, nous rappelle à notre inconscience. Dans la prière, nous sommes toujours des apprenants. des commençants. C'est dans cette lumière, que st Benoit à la suite des Pères du désert, invite à l'humilité et à la pureté du cœur, lorsque nous nous tournons vers Dieu. Qui sommes-nous pour nous tenir devant Lui? Pouvons-nous prétendre être quelqu'un, nous qui nous nous recevons tout entier de Lui, et qui si souvent vivons comme des propriétaires installés, oubliant que nous ne sommes que des locataires pèlerins ? Les larmes ou la componction du cœur, la capacité à être vrai devant le Seigneur, la simplicité à nous reconnaitre pécheur sont autant de moyens préalables qui nous font entrer dans la juste attitude intérieure. Je cite Evagre : « Assurément, si tu as conscience de tes limites la componction te sera plus facile ; lu t'appelleras misérable, comme !saie 17, parce que, impur et ayant des lèvres impures, au milieu d'un pareil peuple ...tu oses te présenter au Seigneur des Puissances » (Traité Oraison 78). Il dit encore : « S'il te semble que dans ta prière tu n'as plus besoin de larmes pour tes péchés, considère combien tu t'es éloigné de Dieu alors que tu devrais être en lui sans cesse, et tu pleureras plus chaudement.» (ibid 77). Un peu plus loin : « Efforce-toi d'acquérir beaucoup d'humilité et de courage, et les insultes des démons ne toucheront pas ton âme ; nul fléau n'approchera de ta tente, parce qu'il donnera en ta faveur des ordres à ses anges pour qu'ils le gardent /Ps 90); et les anges chasseront invisiblement loin de toi toutes les entreprises hostiles ». (ibid 95). Je retiens encore quelques conseils d'Evagre pour la prière : sur la persévérance dans la prière : « Si tu n'as pas encore reçu le charisme de la prière ou de la psalmodie, obstine-toi et tu recevras ». (ibid 86). Un autre sur l'objet de la prière : « Ne veuille pas que ce qui te concerne s'arrange selon tes idées, mais selon le bon plaisir de Dieu ; alors tu seras sans trouble et plein de reconnaissance dans ta prière". (ibid 88). Ayons à cœur de chercher la volonté, le bon plaisir de Dieu.
Enfin, deux derniers conseils, sur la cohérence entre notre vie et notre prière. « Quiconque aspire à la prière véritable et se met en colère ou garde de la rancune fait preuve de démence. Il est semblable à un homme qui voudrait avoir la vue perçante et qui s'arracherait les yeux». (ibid 64). « Si lu aspires à prier, ne fais rien de tout ce qui est incompatible avec la prière, afin que Dieu s'approche et fasse route avec toi». (ibid 65).
1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »
2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.
3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;
4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;
5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »
6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,
« Vivre à Dieu seul et se tenir en sa présence » avons-nous chanté pour la St Benoit. Se tenir en présence de Dieu en toutes nos activités, tel est le but de notre vie monastique. Vivre en sa présence, de telle sorte que nous soyons tout unifié dans l'accomplissement de sa volonté. Comme la Vierge Marie qui consent à l'avènement de la Parole en sa vie, nous sommes appelés à « bâtir notre demeure dans les vouloirs du Père ». Sur ce chemin d'unification, la prière de l'office peut être considérée comme un lieu de grâce privilégiée. Plusieurs fois par jour, il nous est donné de nous remettre en présence de Dieu, de « croire sans Je moindre doute», qu'Il est là et qu'Il nous attend pour poursuivre la conversation avec Lui. Tel est le désir de Dieu, converser avec nous, à travers sa Parole abondamment offerte. L'habitude peut nous faire oublier la grâce que représente ces rendez-vous tout au long de la journée. Sous son regard, toutes nos activités, nos pensées et nos désirs, mais aussi nos conflits intérieurs, tout cela est ressaisi par l'Amour qu'il nous offre. Oui, nous sommes aimés gratuitement par Celui dont l'immensité n'a d'égale que notre petitesse, assumée en Jésus. Sous son regard d'amour, point de peur, car s'il est très grand, il s'est fait si proche. En réponse à cet amour généreusement offert, la prière voudrait nous éduquer à la juste crainte, faite d'un profond respect aimant. Respect aimant qui est notre réponse et notre entrée dans le dialogue que Dieu a initié le premier en nous appelant. Je vois deux points d'attention pour nourrir ce respect: notre attitude corporelle et notre vigilance pour que notre esprit concorde avec notre voix. Notre attitude corporelle : dès notre entrée dans l'église, notre manière de nous incliner engagée, puis notre manière de nous tenir assis et debout dans une ouverture et une écoute, vont nous aider à !!Qilli disposer avec détermination devant notre Dieu. Notre attention à faire concorder notre esprit avec notre voix est aussi sans cesse à reprendre. Notre esprit est si prompt à l'évasion. Ici, humblement gardons Je désir de ne jamais en relâcher sur ce point, pour revenir sans cesse à ce labeur intérieur. Ne nous habituons pas à passer la plupart de nos offices toujours en train de vagabonder ailleurs. Demandons-lui son aide. Il s'agit de prendre au sérieux Je dialogue que Dieu veut nouer avec nous, en comprenant les mots, en les laissant résonner pour entendre à travers eux, Celui dont« la voix est la plus secrète».
22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,
23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,
24. car les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion, quand ils psalmodient moins que le psautier, avec les cantiques accoutumés, en l'espace d'une semaine,
25. puisque nous lisons qu'une fois nos saints Pères accomplirent cela vaillamment en un seul jour. Tièdes que nous sommes, puissions-nous du moins nous en acquitter en une semaine entière !
Ces lignes de St Benoit sont une belle expression de sa liberté d'esprit. Conscient d'avoir lui-même fait des choix propres parmi d'autres cursus, celui de l'office romain, celui du Maitre, dans la distribution des psaumes pour les offices de la semaine, St Benoit ne veut pas imposer son choix. Il lui importe cependant que tous gardent la récitation du psautier en une semaine... Il serait intéressant ici d'étudier et de rechercher sur quel fondement théologique repose cette injonction que Benoit reçoit des moines d'Egypte. Avaient-ils la connaissance de la conviction juive que le psautier est un résumé de la Bible? Faisaient-ils un rapprochement entre la récitation en une semaine et la semaine de la création tendue vers le sabbat et le 8° jour ?
St Benoit retient quant à lui surtout l'aspect ascétique et moral. Réciter le psautier est une expression de l'art propre des moines. de leur service de dévotion. Ils se sont voués à louer Dieu en tout temps et à lui donner toute leur énergie. Faire moins que dire le psautier en une semaine serait pour lui faire preuve de« paresse». Ce mot« paresse »traduit« iners » en latin. Il signifie« étranger à tout art (in-ars)»,« sans activité»,« sans énergie». Célébrer moins que le psautier en une semaine serait manquer à son devoir, à l'art que les moines ont choisi d'exercer pour l'amour de Dieu: celui de le chanter en tout temps. Je retiens de cet avertissement de St Benoit, le sérieux qu'il attend de ses moines dans l'exercice de leur mission de prière. Nous pouvons toujours nous demander si parfois, dans notre service nous ne sommes pas un peu paresseux. Non pas tant parce que nous prions le psautier en deux semaines, mais davantage dans notre manière de nous impliquer dans l'office. Lorsque nous préférons ne pas chanter. .. lorsque nous n'avons pas nos feuilles, lorsque nous ne sommes pas appliqués à ce que l'on fait, nous habituant à faire des erreurs, lorsque nous ne prenons pas soin de nous faire remplacer lorsque nous sommes absents, sans nous assurer que le service sera bien accompli et par qui... Regardons un peu notre manière de célébrer l'office et la liturgie en général, et soyons attentifs pour ne pas nous installer dans une sorte de paresse où nous nous laissons porter par le courant, en oubliant que chacun, nous sommes responsables de ce qui se passe dans l'église. Comme nous le verrons dans les chapitres suivants, c'est le service du Seigneur qu'il nous revient d'honorer, notre art, célébré pour nous, pour toute l'église et pour l'humanité.
Comme je le disais la dernière fois, l'ordre des psaumes n'est pas anodin pour Benoit. J"ai souligné le relief donné au dimanche comme jour de la victoire du Christ sur la mort, mais aussi le relief donné aux petites heures comme des expressions de notre pèlerinage vers la patrie. Mais de nouveau, lorsque St Benoit recommande de commencer à Vêpres par le Ps 109, il met en valeur le dimanche. Ce Ps messianique par excellence, est relu avec le NT comme une prophétie de la résurrection du Christ et de son accès à la droite du Père. De même les psaumes suivants 110-112 avec l'insistance sur !'alléluia conviennent bien pour le dimanche. Ensuite, la répartition des autres psaumes pour vêpres des autres jours, semble plus obéir à une distribution un peu mécanique, comme mieux laisser la place d'honneur au dimanche.
Ensuite, on retrouve une autre petite heure mise en relief par le choix des 3 mêmes psaumes qui y seront toujours répétés : 4, 90 et 133 : l'office de complies. Le choix des psaumes semble guidé par la capacité des psaumes à faire entrer dans la nuit, dans la confiance. Je cite le P. Adalbert: « Chacun (des Ps) fait apparaitre un aspect différent de la nuit. Temps de sommeil et du repos. mais aussi de la 'componction' el de l'espérance (Ps 4), ces heures de ténèbres sont encore celles où! 'ennemi menace davantage et où il faut donc se réfugier en Dieu (Ps 90). Finalement. c'est à bénir le Seigneur au cours des nuits que nous invite le dernier 'chant des montées' (Ps 133). à bénir le Seigneur en tout temps comme nous le béniront dans toute l'éternité » (P. Adalbert de Vogüé, Ce que dit St Benoit, Bellefontaine 1991, p 127). On pourrait dire, le choix des psaumes de complies à une visée éminemment spirituelle et pastorale. Il me semble qu'on retrouve ces différentes notes d'invitation à la confiance, à l'abandon à Dieu dans le choix plus large des psaumes fait pour nos complies.
Un autre point me semble intéressant à relever à propos des vigiles, c'est que pour cet office, à part le Ps 20 du dimanche comme on l'a vu, le choix et l'ordre des psaumes ne semble pas avoir d'importance. St Benoît propose de les distribuer à la suite, en les coupant en deux s'ils sont trop longs. Son seul souci est de maintenir leur nombre de 12. Ce non-choix des psaumes, pris à la suite les uns des autres, me semble tout à fait significatif, pour mettre en relief ce que sont les vigiles. Avant tout, elles sont un temps de veille, où l'on dure devant le Seigneur dans la prière. Une prière persévérante durant laquelle peuvent s'exprimer toutes les harmoniques du coeur humain, du cri de détresse à la louange. Dans la nuit, il importe surtout d'être là, d'être là uni à tous les humains qui ne peuvent ou ne savent pas vers qui se tourner.
1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.
2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,
3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.
4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.
5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.
6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.
7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.
8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.
9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.
10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.
En quel ordre? Cette question nous replace devant l'importance du sens que reçoit tout ce que l'on fait, et ici le chant de l'office, par la manière dont s'est ordonné. Le choix des psaumes n'est pas laissé au hasard. St Benoit propose ici un ordre qui veut mettre en relief plusieurs choses. Tout d'abord, il met en relief un jour particulier de la semaine, le seul qui soit ainsi remarqué : le dimanche. Par deux fois, dans les lignes entendues, est stipulé que le dimanche, on commencera les vigiles par le Ps 20, et qu'à l'office de Prime, on reprendra toujours le Ps 118. Quand on connait le Ps 20, qui est un chant de victoire : « Seigneur le roi se réjouit de ta force, quelle allégresse lui donne ta victoire ! Tu as répondu au désir de son cœur... » Michaela Puzicha pense que St Benoit met ici en valeur ce Ps car il était reçu par les pères comme un cantique de résurrection. Par le choix de ce Ps pour « la psalmodie le dimanche, on voit toute la signification pascale que Benoit donne à toute la prière chorale. C'est le Christ, le Seigneur ressuscité qui est célébré ...L'orant appartient au peuple de rois qui participe déjà de cette résurrection » (M. Puzicha, Commentaire de la RB, les Editions du Net, p 227). Et de même lorsqu'il s'agit de reprendre le dimanche à Prime, le Ps 118 qui est une longue méditation de la loi, M. Puzicha commente : « Ainsi, St Benoit déclare que le dimanche sera marqué par la méditation de! 'Ecriture sainte ...La méditer, voilà la voie sur laquelle doit marcher le moine sous la conduite de l'Evangile» (ibid p 227-228). Ensuite St Benoit met en relief les petites heures par le choix répété des mêmes psaumes qui leur sont attribués : soit le Ps 118 qui poursuit le lundi la méditation de la Loi divine, soit les psaumes des montées (Ps 119-127) repris chaque jour à Tierce, Sexte et None. Ce choix des psaumes des montées est suggestif quand on sait le sens que leur ont donné les commentateurs: celui d'une« montée de nos vies vers le Ciel» (P. Adalbert de Vogüé, Ce que dit St Benoit, Bellefontaine 1991, p 125-126). Jour après jour, ces petites heures manifestent notre lente marche, sans cesse reprise, par laquelle nous avançons plus ou moins péniblement vers la patrie. Mettre en relief le dimanche pour placer tout notre chant sous la lumière du Christ ressuscité, et mettre en reliefles petites heures comme des signes de notre lente marche vers le Royaume, échelon après échelon, tels peuvent être quelques-unes des motivations de l'ordre des psaumes proposé par Benoit.
7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.
8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.
9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.
10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.
St Benoit parle ici de« synaxe vespérale». Le P. Adalbert note le caractère solennel de l'expression qui se trouve déjà chez Cassien et dans la Vie des Pères du Jura. Cassien l'utilise même pour dire qu'un moine seul priait l'office des vêpres (Conf. XIII, 16, I) ou encore seulement trois moines (Conf. IX, 36). Peut-être déjà en son temps l'expression qui rappelait le rassemblement des moines anachorétiques le samedi soir, était-elle déjà assez habituelle. Que l'on soit seul, ou bien une poignée, ou bien une grande communauté, la prière des vêpres gardait un caractère solennel plus marquant. St Benoit semble s'inscrire dans cette vision, ce que laissait déjà entendre son expression à propos des Laudes, « la solennité des malines ». En mettant en avant le caractère solennel de ces deux heures de la journée, le début lorsque le soleil se lève, et la fin lorsqu'il se couche, St Benoit les pose en quelque sorte comme deux piliers d'une porte. Les autres heures venant former comme le linteau qui les rejoint pour dessiner la porte de chaque jour, par laquelle on entre un peu plus avant dans la célébration et la connaissance de la Gloire Dieu et de son salut.
Notre pratique actuelle garde la conscience de la solennité de ces deux grandes heures, même pour les jours les plus ordinaires. Leur plus grand déploiement, ainsi que la présence des deux cantiques de Zacharie et de Marie, le matin et le soir, nourrit l'image de la porte ou du portique. Chacun de ces deux chants offre à leur manière une relecture de 1'histoire du salut à la lumière de la venue du Christ qui accomplit tout. Fondée sur ces deux piliers, chacune de nos journées s'offrent comme un condensé du salut qui est donné pleinement dans notre
« aujourd'hui », et qui ne cesse de se déployer. En Jésus, Dieu est fidèle à sa promesse dite «parla bouche des saints, par ses prophètes depuis les temps anciens». « Il se souvient de son amour, de la promesse faite à notre père Abraham ». Nos journées sont illuminées par la proclamation du salut, « afin que délivrés de la main des ennemis, nous servions le Seigneur dans la justice et la sainteté, en sa présence, tout au long de nos jours ».
Concrètement, nous pouvons retenir pour nous, à 1'instar du moine qui priait seul la synaxe vespérale chez Cassien, qu'il nous revient d'être vigilant, si nous manquons l'office commun ou si nous sommes dehors, de faire tout notre possible pour célébrer les laudes et les vêpres, ces deux colonnes de notre journée priante et célébrante.
1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.
2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,
3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.
4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.
5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.
6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.
Nous n'avons gardé aujourd'hui que 3 petites heures, sexte, none et complies. Chacune a une place importante dans la journée. Sexte culmine en fin de matinée comme un moment de pause devant le Seigneur, avant le repas. C'est une manière de lui confier le travail déjà accompli. Les hymnes du temps ordinaire à Sexte nous entrainent à vivre ce temps de plusieurs manières: comme une possibilité d'apaiser devant le Seigneur, « les.flammes du péché et les ardeurs de la colère ». Mais aussi dans la mémoire de l'heure où Jésus fut mis en croix, cette célébration élargit notre prière à toute l'humanité que le Christ attire dans l'élan de son amour. Il saisit dans son offrande « l'effort de l'homme et le poids perdu de la souffrance ». Avec la prière de None, laissée à notre seule responsabilité, nous avons une belle opportunité de nous approprier la prière de l'office. Elle n'est plus seulement quelque chose qu'on doit faire, mais un temps qui peut devenir vraiment un temps personnel. Qu'en faisons-nous chacun? la souplesse qu'elle offre permet aussi de la prier avec d'autres frères au début du travail ou d'une réunion, ou encore au terme d'un café ou d'une rencontre avec des hôtes. N'hésitons pas à la célébrer ainsi à plusieurs, sans la négliger, par respect humain ou par facilité. Nous est offerte la grâce de nous reconnaitre frères autrement dans la prière. L'hymne de None, « 0 toi qui es
sans changement », ou « Berger puissant » donne le ton : nous nous acheminons vers le soir du jour et de la vie. C'est l'occasion de prendre conscience de notre finitude qui passe devant Celui qui est sans changement. Mais nous confessons dans le même temps, l'assurance d'être conduit par le Berger de l'humanité, vers sa Lumière et vers sa Gloire, tendu vers le face à face.
Complies est la prière du seuil, entre le jour et la nuit, avec en filigrane, un autre seuil, celui entre la vie et la mort. Chaque soir en cette prière, nous déposons le poids du jour. Nous invoquons le Christ vainqueur du mal. Qu'il nous délivre de l'adversaire qui rôde dans la nuit. C'est la prière de confiance où l'on remet notre esprit, notre souffle à notre Créateur. La prière à Marie est une dernière expression de notre confiance. Comme des enfants, nous nous tournons vers la Mère de l'Eglise sûre que sa prière n'oublie personne et porte chacun vers son Fils, le Christ.
1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,
3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »
5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».
Ce n'est pas un hasard si les deux citations bibliques de ce chapitre sont tirées des psaumes, le livre des louanges, et plus spécialement du Ps 118, ce grand psaume des amants de la loi. En proposant aux moines de scander leurs journées par la prière del'office toutes les trois heures, st Benoit les met dans le sillage des grands priants de la bible qui murmurent ses louanges. jour et nuit. Dire la louange de Dieu, lui rendre grâce : telle est leur mission. Comme nous le chantons dans une préface, « Dieu, tu n'as pas besoin de notre louange, et pourtant c'est toi qui nous inspires de te rendre grâce : nos chants n'ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi » (Préface commune 4). Quand Dieu nous inspire de lui rendre grâce, il nous fait le beau cadeau de nous rapprocher de lui. Mystérieux mouvement de grâce gui respecte notre liberté tout en nous engageant à nous donner. Notre prière qui se voudrait être « un prier sans cesse », est un mouvement qui nous échappe en partie en son origine. L· Esprit vient nous entrainer à la prière. Il vient prier en nous. Et en même temps, il ne peut le faire sans nous. sans notre consentement et notre adhésion. Mystère de la grâce et de la liberté. Une bonne partie de notre labeur monastique n'est-il pas précisément là : consentir à entrer dans un mouvement de prière gui nous précède ? A chaque office, nous avons rendez-vous avec la grâce et avec notre liberté. Avec la grâce pour accueillir un don qui sera unique et qui ne se répètera pas. Avec notre liberté qui est entrainée à consentir à lâcher nos affaires en cours et nos soucis. Chaque office nous fait entrer dans une relation plus vivante avec le Seigneur. Nous croyons qu'il s'intéresse à nous, à notre vie d'homme. Et nous découvrons qu'il nous intéresse à son projet de salut, à son désir de sauver tous les hommes, c'est-à-dire de les rendre heureux de vivre de sa vie.
Profitons des minutes du début de l'office, pour retirer nos sandales devant le Seigneur, c'est-à-dire pour nous présenter humblement devant Celui qui nous fait vivre, de qui nous venons et vers qui nous allons. Demandons-lui la grâce, « Viens à mon aide», d'une attention intérieure plus soutenue à la prière que nos lèvres diront. Confions-lui nos soucis, nos affaires encore en cours, et faisons attention à sa grande affaire en cours à Lui, le salut de tous les hommes.
1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;
2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.
3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.
4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.
Ce petit chapitre est un peu anachronique en Carême où précisément il est recommandé de ne pas dire « alleluia ». Cette petite discipline est pleine sens pour faire signe d'une retenue dans la louange qui éclatera pleinement à Pâques et durant tout le temps pascal. Retenue dans la louange, mais non absence de joie. Comme nous l'avons entendu, le mercredi des cendres, st Benoit nous invite au contraire à cultiver la joie durant le carême : « en ces jours, ajoutons quelque chose aux prestations ordinaire de notre service ...en sorte que chacun offre à Dieu ...avec la joie de l'Esprit Saint quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée ... » et un peu plus loin, il ajoute : « qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel». Comment St Benoit arrive-t-il à combiner exigences du Carême et joie spirituelle, joie dans l'Esprit Saint? Il semble nous dire: n'ayez pas peur de renoncer, car il y a dans le même temps une joie gui est donnée ! Comment accéder chacun à cette expérience de joie alors que le climat plus austère du Carême pourrait nous rebuter? N'est-ce pas tout d'abord une grâce à demander à J"Esprit Saint : qu'il nous enseigne lui-même cette joie qui vient de lui, au cœur du manque plus sensible. Ensuite, peut-être sous sa conduite, nous faut-il oser descendre plus profondément en nous-même. dans le silence de la prière, dans une certaine abstinence d'images ou de distractions, dans une retenue dans les plaisirs de la nourriture etc... oser affronter cette part obscure de nous-mêmes que l'hymne de Sexte nous fait entrevoir. Affronter et reprendre contact avec cette part obscure, dans ses deux dimensions, comme le disait f. Guillaume dans une homélie : dans sa part plus ombreuse car pécheresse, mais aussi dans sa part plus cachée et peut être plus proche de notre vrai désir. Car derrière nos désirs immédiats de plaisirs, de sécurité, ou encore de maitrise, ne se cache-t-il pas plus profond le désir d'être vraiment nous-mêmes, tel que nous sommes et tel que nous pouvons exister sous le regard de notre Dieu ? Sans fard, sans peur, dans la confiance d'être aimé avec nos dons et nos faiblesses, avec nos élans généreux comme à travers nos errances. Nous tenir là avec la confiance que Dieu nous rejoint et que
!'Esprit peut nous visiter, n'est-ce pas source d'une grande joie? et une joie qui libère de nouvelles capacités de nous donner ?