vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 45, 01-03 - De ceux qui se trompent à l'oratoire écrit le 13 juillet 2023
Verset(s) :

1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,

2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.

3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.

Commentaire :



Ce petit chapitre veut nous rendre sensible à un point ; comment ne pas s'habituer à nos erreurs dans l'accomplissement de l'office, comment ne pas en prendre notre parti? St Benoit propose une discipline que nous n'avons pas gardée; celle de manifester par un geste, par ex en s'agenouillant sur place aussitôt que l'on a conscience de la faute commise. Certaines communautés le pratiquent encore. Je me souviens d'une réflexion de Marie Do qui considérait assez positivement cette pratique aidant à ses yeux chacun à rester vigilant. L'inconvénient de cette discipline est peut-être de créer des mouvements trop importants propres à troubler le déroulement liturgique.

Pour st Benoit, la visée est de « réparer par l'humilité le manquement commis par négligence ». Réparer: nous n'aimons pas cela spontanément. Pour éviter une telle exigence, nous pouvons trouver en nous deux types d'attitudes, celle gui relativise : « oh, il n y a pas de

quoi en faire un plat ! » et celle qui voudrait ne pas avoir à réparer en évitant absolument les fautes, en visant une perfection de concert ou d'enregistrement. Dans le premier cas, on fait comme si de rien n'était, et dans l'autre on fait tout comme si nous pouvions tout maitriser. Dans les deux cas, on reste au centre, seul apte à juger. La prière de l'office peut devenir alors soit comme une habitude insipide soit comme une performance. Nous oublions alors qu'elle est d'abord une entrée en relation avec le Seigneur, vécue en communion avec des frères. Dès lors, l'humilité proposée par Benoit n'est-elle pas le seul bon antidote pour nous décentrer, et nous remettre dans la juste posture. Humblement, nous reconnaissons que nous avons pu troubler le chant, nos frères, et entrainer du désordre. Humblement, nous nous reconnaissons faillibles en ayant pas su être attentifs et présents dans les paroles à dire ou bien dans les actions liturgiques à accomplir. L'humilité nous resitue dans la relation avec le Seigneur et avec les frères. Il me semble que pouvoir reconnaitre ces manquements dans le chapitre des coulpes est un geste d'humilité réparateur. Il montre que nous ne nous satisfaisons pas d'une certaine médiocrité, ni que nous nous cramponnons à une image idéale de nous-même. Il manifeste notre désir de demeurer vigilant et vivant, pour Dieu, pour les autres et pour nous-mêmes.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 44, 01-10 - De ceux qui sont excommuniés, comment ils satisferont. écrit le 06 juillet 2023
Verset(s) :

1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,

2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.

3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.

4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.

5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,

6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.

7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,

8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.

9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.

10. Ils feront ainsi jusqu'à ce qu'il donne sa bénédiction et dise : « ;Cela suffit. »

Commentaire :

A l'heure où notre pays connait une grande crise avec les émeutes dans les banlieues, c'est un peu étrange de devoir commenter ce chapitre. Sommes-nous complètement décalés, nous les moines, en nous préoccupant de la sorte de la manière de rétablir des relations malmenées par la vie quotidienne? Ce chapitre fait apparaitre l'importance d'une forme de réparation pour honorer la vie fraternelle et communautaire. Celle-ci mérite un soin tout particulier qu'il nous faut sans cesse exercer et réparer au besoin.

Au-delà de l'évènement déclencheur de la violence policière injustifiable, ces émeutes dans les banlieues remettent en évidence la grande nécessité de soigner le lien social depuis la cité jusqu'à la famille? Comme plusieurs le soulignent, ce qui éclate au grand jour aujourd'hui n'est que l'expression d'un malaise plus profond et plus ancien. Ces cités peu hospitalières se sentent reléguées de la vie de la société. La mixité sociale se fait mal, ce qui amplifient les conflits entre familles, ou groupes ethniques ou bandes rivales. Beaucoup de familles monoparentales ou fragilisées par les divorces, ou par des conditions de travail difficiles peinent à suivre leurs enfants. Si comme moines, nous pouvons nous sentir impuissants sur les solutions à apporter à ce malaise de grande ampleur, nous n'en appartenons pas moins à la même humanité fragile qui a toujours besoin d'attention. Je crois beaucoup à la croissance vertueuse par capillarité. Comme milieu social constitué, nous avons notre part à jouer pour que les relations justes, équitables et heureuses entre nous servent à tous. Notre effort pour ne pas laisser passer une mauvaise parole, ou un mauvais geste sans demander pardon ou sans chercher à réparer, entre dans ce mouvement global de justice. Notre désir de ne pas peser sur la vie commune par nos retards, par nos insouciances ou par nos lenteurs à servir, contribue à impulser de la vie juste entre nous et bien au-delà. Si cela semble minuscule et dérisoire à l'échelle d'un pays qui connait les secousses actuelles, nous croyons que, devant le Seigneur rien n'est perdu. Outre le fait que ce genre d'attitude fasse sens pour d'autres, l'amour donné et vécu ainsi, a une valeur unique, comme dans bien d'autres cercles, la famille par ex. Il est une pierre précieuse apportée à la construction d'une humanité réconciliée. Notre chance comme moine, est de pouvoir le reconnaitre et de le célébrer dans l'action de grâce qui monte de nos lèvres aux offices, ou encore dans les célébrations de la réconciliation ou les chapitres des coulpes où nous nous demandons pardon, pour mieux aller de l'avant. S'il en est ainsi, alors ce que nous vivons ne sera pas complètement étranger à ce qui se passe dans les banlieues.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 50, 01-04 - Des frères qui travaillent loin de l'oratoire ou qui sont en voyage. écrit le 01 juillet 2023
Verset(s) :

1. Les frères qui sont au travail tout à fait loin et qui ne peuvent se rendre à l'oratoire à l'heure voulue, –

2. et l'abbé estime qu'il en est bien ainsi, –

3. célébreront l'œuvre de Dieu sur place, là où ils travaillent, en fléchissant les genoux avec crainte de Dieu.

4. De même ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les heures prescrites, mais les célébreront de leur côté comme ils pourront, et ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service.

Commentaire :

Lorsque nous travaillons en dehors ou voyageons : comment honorer notre service de prière ? Comme St Benoit. nous devons nous aussi faire face à ces situations exceptionnelles. Je retiens quelques notations de Benoit qui peuvent éclairer notre propre pratique pour que la prière demeure toujours notre respiration profonde. La première notation que je relève est« sur place ». La prière n'a pas besoin nécessairement d'un oratoire pour se dérouler. Ce qui est important, n'est pas d'abord le lieu mais le temps. C'est à l'heure donnée qu'il nous faut veiller à célébrer les louanges divines, pour recueillir les bienfaits de sa présence, de ses dons et de sa miséricorde toujours offerte. Il est heureux lorsque l'on peut célébrer l'office, soit personnellement, soit en groupe, là où nous sommes. Cela peut-être pour None au début d'une réunion, du travail, mais aussi après un café avec des hôtes. N'ayons pas peur de le proposer à des hôtes dont on sait qu'ils ne seront pas gênés. On découvrira peut-être qu'ils sont très heureux de vivre un tel moment. Le « sur place » pourra être dans le train, la voiture ou bien 1'avion. Pour en avoir fait l'expérience, la prière s'élargit alors, et nous élargit lorsque nous la vivons dans ces lieux inhabituels, pas toujours très silencieux ou recueillis... Mais en priant, en nous remettant sous le regard du Seigneur là, « sur place », nous prenons avec nous tous ceux qui nous entourent. Nous visualisons mieux alors, ce que la prière à l'église suggère moins, combien notre prière est avec et pour le monde. « A genoux». Cette 2de notation est assez remarquable, car habituellement à l'office de Benoit à l'oratoire, la prière est plutôt debout. Notre position corporelle est déjà une prière, lorsqu'elle est habitée. Dans notre église, nous ne nous mettons pas souvent à genoux pour prier, plutôt en général en dehors de la liturgie. Mais il ne faut pas oublier cette posture, car elle peut nous aider à exprimer la « crainte de Dieu » que St Benoit mentionne aussitôt après. Non pas la crainte de qui aurait peur, mais celle faite de révérence aimante pour Dieu qui emplit l'univers, et qui sait se rendre si proche de chacun. Dernière notation précisée pour ceux qui partent en voyage : « ils célèbreront de leur côté, comme ils pourront"· Ce« comme ils pourront» ne nous invite pas à la négligence que Benoit récuse aussitôt après« ils ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service». Mais cette notation nous invite à exercer notre discernement sur la manière, le moment opportun d'honorer la prière vécue dans ces situations exceptionnelles. Nous ne sommes pas des observants qui exécutent, mais des priants désireux de célébrer et rencontrer leur Seigneur.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, 13-19 - De ceux qui arrivent en retard à l'œuvre de Dieu ou à table écrit le 23 juin 2023
Verset(s) :

13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,

14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.

15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,

16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.

17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.

18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.

19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.

Commentaire :



Pourquoi est-ce si gênant d'arriver en retard au repas commun? On pourrait se dire, après tout,je ne gêne personne,je vais à ma place alors que tous sont déjà assis et ont commencé à manger. Si le retard à l'office est un mangue de respect vis-à-vis de Dieu d'abord, ou encore un manque de prise au sérieux de la relation avec lui, on pourrait dire que le retard au repas, est d'abord un mangue de respect du corps communautaire. Par mon retard, je ne prends pas sérieux la dimension symbolique forte de cet acte de manger ensemble. Ensemble, nous commençons par prier, ensemble nous faisons silence quelques minutes au début, ensemble nous refaisons nos forces dans une attention mutuelle, en veillant à manger dans un même rythme. C'est notre unité en construction qui est signifiée là. Dans le repas commun, ce n'est pas moi qui suis d'abord au centre, mais la communauté. Dans ce repas où je reprends force, je mesure que je me reçois profondément de la communauté. Concrètement, je me reçois des frères qui ont fait les pluches, préparé le repas, mis la table... C'est la communauté gui prend soin de moi. En mangeant ensemble, c'est cela que nous signifions et que nous célébrons. Il est bon et heureux de vivre ensemble et de se recevoir les uns des autres. Chacun apportant sa pierre à l'édifice par son travail et par le don de lui-même.

On comprend dès lors les mesures que Benoit propose qui vise à l'office aussi bien qu'au repas, à mettre à l'écart le retardataire. En le laissant en arrière au chœur, en le faisant manger seul s'il ne se reprend pas, on lui fait revivre la posture dans laquelle il s'est mis. Par son retard qui l'a fait préférer ses propres préoccupations au fait d'être avec la communauté, il a pris distance avec la communauté. On le met donc à 1'écart.

Je rappelle notre pratique actuelle lorsque nous sommes en retard. A l'office, pour le signifier et ne pas faire comme si de rien n'était, nous restons près de la porte à! 'église jusqu'à ce que soit fini le verset introductif. .. De même pour le repas, nous restons près de la porte jusqu'après la lecture du martyrologe. Lorsque tous s'asseoient, on reste près de la porte jusqu'à ce que retentisse le coup de gong, par lequel tous commencent à manger. Ce temps d'arrêt qui

nous gêne tous veut nous aider à comprendre la gêne que peuvent ressentir les autres en raison de notre retard ...

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, 01-12 - De ceux qui arrivent en retard à l'œuvre de Dieu ou à table écrit le 22 juin 2023
Verset(s) :

1. A l'heure de l'office divin, dès qu'on aura entendu le signal, on laissera tout ce qu'on avait en main et l'on accourra en toute hâte,

2. mais avec sérieux, pour ne pas donner matière à la dissipation.

3. Donc on ne préférera rien à l'œuvre de Dieu.

4. Celui qui, aux vigiles nocturnes, arrivera après le gloria du psaume quatre-vingt-quatorze, – que nous voulons qu'on dise, pour cette raison, à une allure tout à fait traînante et lente, – celui-là ne se tiendra pas à sa place au chœur,

5. mais il se tiendra le dernier de tous ou à l'endroit séparé que l'abbé aura assigné aux négligents de son espèce pour qu'ils soient vus de lui et de tous,

6. jusqu'à ce que, l'œuvre de Dieu achevée, il fasse pénitence par une satisfaction publique.

7. Or si nous avons décidé qu'ils devaient se tenir au dernier rang ou à part, c'est pour qu'ils soient vus de tous et qu'ils se corrigent au moins sous l'effet de la honte.

8. Si d'ailleurs ils restent hors de l'oratoire, il s'en trouvera peut-être un qui se recouchera et dormira ou qui s'assiéra dehors à l'écart, passera son temps à bavarder et donnera occasion au malin.

9. Mieux vaut qu'ils entrent au dedans, de façon à ne pas tout perdre et à se corriger à l'avenir.

10. Aux heures du jour, celui qui n'arrivera pas à l'œuvre de Dieu après le verset et le gloria du premier psaume qu'on dit après le verset, ceux-là, suivant la loi que nous avons dite plus haut, se tiendront au dernier rang,

11. et ils ne se permettront pas de se joindre au chœur de ceux qui psalmodient, jusqu'à ce qu'ils aient satisfait, à moins que l'abbé n'en donne permission en accordant son pardon,

12. non sans que le coupable fasse satisfaction, cependant.

Commentaire :



« A l'heure de l'office divin, dès qu'on aura entendu le signal, on laissera tout ce qu'on avait en main, et l'on accourra en toute hâte», ces lignes ne sont pas sans rappeler celles du chapitre sur l'obéissance. « Ces hommes-là, donc, délaissant sur le champ leur intérêts personnels, et abandonnant leur volonté propre, les mains libres immédiatement laissant inachevé ce qu'ils faisaient, avec une obéissance qui emboite le pas. font suivre à leurs actes la voix de celui qui ordonne» ... (RB 5, 7-8) La mention des mains dans les deux chapitres évoque bien un même lâcher prise pour qui entend soit la cloche, soit la voix d'un frère qui demande quelque chose. Dans les deux cas, un appel met en mouvement : on accoure en toute hâte ou l'on emboite le pas sans tarder. De paii et d'autre, il s'agit de préférer à ses intérêts propres, soit la voix de celui qui commande, soit l'œuvre de Dieu. Lâcher prise, se mettre en mouvement, ces deux attitudes sont possibles parce qu'au plus profond on préfère l'appel qui vient du dehors à ses propres activités. La cloche qui retentit plusieurs fois dans la journée, comme les demandes faites par l'abbé ou par un frère, viennent questionner ma disponibilité profonde et finalement ma foi... Est-ce que je suis prêt à laisser pour un temps ce que je fais, ce que j'aurai peut-être bien aimé finir pour aller à la prière? Est-ce que ma foi est suffisamment forte pour croire que m'arrêter dans mon travail pour aller prier est source d·une fécondité encore plus grande? En choisissant d'entrer dans la vie monastique, nous répondons oui à ces deux questions. Nous avons compris que cette discipline de vie est porteuse de vie et de fécondité pour nous même et pour l'Eglise. Mais ces convictions profondes sont souvent mises à l'épreuve par le quotidien qui nous rattrape. Telle ou telle activité peut avoir tendance à prendre tellement plus d'importance à nos yeux qu'on a du mal à la laisser. On attend la dernière minute pour aller à l'église au risque d'arriver juste ou bien en retard, essoufflé, la tête encore à nos affaires. Et il nous faut parfois bien la moitié de l'office pour commencer à être là et bien là dans la prière, sans compter les fois, où nous n'y serons que présent de corps. Notre combat de moine se situe principalement là dans ces quelques minutes que nous allons chercher ou non à tout prix à grapiller sur le temps qui devrait être consacré à nous préparer avec calme à l'office. Dans cette résistance que nous opposons au lâcher prise, se joue quelque chose de profond dans notre relation au Seigneur. Est-ce que je lui fais vraiment confiance, oui ou non, quant à la

bonne marche de mes activités? Est-ce que c'est lui que je préfère oui ou non?

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 42 01-11 - Que personne ne parle après complies. écrit le 15 juin 2023
Verset(s) :

1. En tout temps les moines doivent cultiver le silence, mais surtout aux heures de la nuit.

2. Aussi en tout temps, qu'il y ait jeûne ou déjeuner, –

3. si c'est un temps où l'on déjeune, dès qu'ils se seront levés du souper, tous s'assiéront ensemble et quelqu'un lira les Conférences ou les Vies des Pères ou autre chose qui édifie les auditeurs,

4. mais pas l'Heptateuque ou les Rois, parce que ce ne serait pas bon pour les intelligences faibles d'entendre cette partie de l'Écriture à ce moment-là ; on les lira à d'autres moments.

5. Si c'est un jour de jeûne, une fois les vêpres dites, après un petit intervalle on passera à la lecture des Conférences, comme nous l'avons dit ;

6. on lira quatre ou cinq feuillets ou autant que l'heure le permettra,

7. tandis que tous se rassemblent grâce à ce délai de la lecture, si l'un ou l'autre était pris par une fonction à lui confiée, –

8. donc une fois que tous seront réunis, ils célébreront complies, et en sortant des complies, on n'aura plus désormais la permission de dire quelque chose à quiconque, –

9. si quelqu'un est pris à transgresser cette règle du silence, il subira un châtiment sévère, ;-

10. sauf s'il survient une nécessité du fait des hôtes ou que l'abbé vienne à commander quelque chose à quelqu'un.

11. Cependant cela même devra se faire avec le plus grand sérieux et la réserve la plus digne.

Commentaire :

« En tout temps ...mais surtout » En tout temps, on garde le silence, mais surtout aux

heures de la nuit. A propos du carême, on retrouve la même distinction : en tout temps, on vit sous une observance quadragésimale, mais durant le carême surtout, on y fait plus attention. Nos vies sont ainsi faites de choses qu'on doit tenir en tout temps, mais surtout en certaines périodes. Cette alternance est heureuse. Concernant le silence, elle met en évidence un climat global que 1'on souhaite garder dans la maison, et une exigence particulière à certaines heures vis-à-vis de laquelle on ne déroge pas facilement.

Un climat global dans la maison. Que le silence soit cultivé dans la maison est un trait propre à notre vie monastique. Dans le monde, le silence devient une denrée rare, tant beaucoup d'espaces sont investis par le bruit ou la musique. Le silence nous offre un espace qui nous permet de vivre ensemble tourné vers le même but : chercher le Seigneur. Se tenir ensemble dans le silence est bien plus riche et bien plus fructueux que d'habiter seul en silence. En respectant le silence communautaire, dans les couloirs, dans les pièces communes, aux lieux plus sensibles comme la plonge, dans le travail, nous nous exerçons mutuellement à aller plus loin dans notre quête intérieure. Nous nous soutenons dans la garde du cœur et dans la veille de la prière pour demeurer avec Dieu et avec nos frères dans la paix. Là où l'absence de paroles peut faire peur ou bien faire naitre des rires nerveux, comme pour faire distraction, un silence. accompagné d'un sourire ou d'un geste bienveillant, ne sera pas pesant. Le silence vécu paisiblement, fait signe d'une maturité dans notre relation communautaire, comme il l'est dans une relation amicale ou dans un couple. Aussi n'ayons pas peur d'être ensemble en silence. Prenons conscience du cadeau que nous pouvons nous faire. Le frère qui est moins assuré peut se sentir conforté par celui qui est plus habitué pour goûter une profondeur qui fait du bien.

Une exigence particulière à ce1taines heures. Après complies, nous parlons du grand silence. Nous avons fait en sorte qu'il n'y ait plus d'internet. Et jusqu'à 8h00 le matin, nous ne parlons pas dans la salle des casiers. Ces repères plus précis disent une ligne blanche continue à ne pas franchir. A ces heures, l'exigence veut nous contraindre à aller plus loin dans l'écoute intime de la Parole, dans le recueillement, dans la prière. Ces temps sont des temps exclusivement pour Dieu. C'est Lui le premier servi dans nos vies. Ces heures nous le rappellent avec précision. Réjouissons-nous d'être ainsi entrainés alors à une plus grande rigueur.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 41, 01-09 -A quelle heure doit-on prendre les repas? écrit le 03 juin 2023
Verset(s) :

1. De la sainte Pâque à la Pentecôte, les frères prendront leur repas à sexte et souperont le soir.

2. À partir de la Pentecôte, pendant tout l'été, si les moines n'ont pas de travaux agricoles et que les ardeurs excessives de l'été ne les incommodent pas, ils jeûneront jusqu'à none les mercredis et vendredis.

3. Les autres jours ils déjeuneront à sexte.

4. S'ils ont du travail aux champs ou si la chaleur de l'été est excessive, il faudra maintenir le déjeuner à sexte, et ce sera à l'abbé d'y pourvoir.

5. Et il équilibrera et réglera toute chose en sorte que les âmes se sauvent et que les frères fassent ce qu'ils font sans murmure fondé.

6. Des Ides de septembre au début du carême, le repas sera toujours à none.

7. En carême, jusqu'à Pâques, le repas sera à vêpres.

8. Cependant les vêpres seront célébrées de telle façon que l'on n'ait pas besoin au repas de la lueur d'une lampe, mais que tout s'achève à la lumière du jour.

9. Et de même en tout temps, l'heure du souper ou du repas sera suffisamment tôt pour que tout se fasse à la lumière.

Commentaire :



Cette façon qu'à Benoît de présenter les heures de repas en fonction des temps liturgiques est un précieux témoin pour nous d'une intelligence de la vie quotidienne ancrée dans la vision p]us large de l'année chrétienne. Celle-ci donne sens à la vie des moines jusque dans les détails des repas. S'agit-il d'un détail ? Pour les moines d'alors, sûrement pas. Comme pour les orthodoxes aujourd'hui,, la dimension du jeûne est plus qu'une simple observance, elle est une manière de vivre assez permanente. On pourrait dire la vie du moine était une vie dans le jeûne; le jeûne inscrivant dans le corps, le désir de Dieu et l'attente de la Venue du Christ.

Le jeûne ne nous est plus aussi aisé ou familier aujourd'hui? Il n'est plus pour les chrétiens d'occident en général et pour nous moines, ce mode de vivre le temps chrétien dans l'attente de l'Epoux. A la Pierre qui Vire, je serai tenté de penser que nos Vigiles jouent ce rôle similaire en inscrivant dans notre rythme corporel cette ouverture à un Autre. cette attention qui décentre... L'office en général joue aussi ce rôle en nous décentrant de nous-même. Dans notre corps, nous pouvons mesurer l'impact de ces rythmes de la nuit et du jour... A certains jours il peut y avoir une tension, qui se traduit par une fatigue un énervement ou une tristesse. Il faut reconnaître le rythme est rude parfois compte tenu des impératifs de travail ou des aléas de la vie faite de conflits... Notre corps est le Ier souvent à en donner des signes d'alerte. Sachons écouter. .. Savoir écouter : ne signifie pas s'écouter et se la couler douce... Non, je crois quand notre corps nous donne des signaux de fatigue, c'est un appel à reconsidérer nos priorités, et aussi notre manière d'aborder les choses. Ma priorité est-elle la vie que je reçois de la communauté? Ou bien d'autres priorités que je me donne moi-même viennent-elles ajouter de la lourdeur ? Entre priorité reçue de notre vie monastique et priorité que je me donne, il y a un discernement à faire.... Et si la charge reçue du service de la communauté est trop importante, il faut pouvoir en parler. Autre point : comment aborder les tâches à accomplir ? Est-ce que je fais les choses en foncant tête baissée pour abattre le plus de travail possible ou est-ce que je les fais dans un esprit de foi et désireux d'être attentif à Dieu et à mes frères ? Entre les deux attitudes, le risque d'épuisement et de dessèchement n'est pas le même... Il nous faut aujourd'hui plus qu'hier, ensemble et personnellement, soignez notre manière de vivre pour nous donner vraiment, mais sans jamais perdre de vue celui que l'on veut servir et que l'on

attend : le Christ.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 40 01-09 -De la quantité de boisson. écrit le 01 juin 2023
Verset(s) :

1. « Chacun tient de Dieu un don particulier, l'un comme ceci, l'autre comme cela. »

2. Aussi est-ce avec quelques scrupules que nous déterminons la quantité d'aliments pour les autres.

3. Cependant, eu égard à l'infirmité des faibles, nous croyons qu'il suffit d'une hémine de vin par tête et par jour.

4. Mais ceux à qui Dieu donne la force de s'en passer, qu'ils sachent qu'ils auront une récompense particulière.

5. Si les conditions locales et le travail ou la chaleur de l'été font qu'il en faut davantage, le supérieur en aura le pouvoir, en veillant toujours à ne pas laisser survenir la satiété ou l'ivresse.

6. Nous lisons, il est vrai, que « le vin n'est absolument pas fait pour les moines », mais puisqu'il est impossible d'en convaincre les moines de notre temps, accordons-nous du moins à ne pas boire jusqu'à satiété, mais plus sobrement,

7. puisque « le vin fait apostasier même les sages. »

8. Quand les conditions locales feront que l'on ne puisse même pas trouver la quantité indiquée ci-dessus, mais beaucoup moins ou rien du tout, les habitants du lieu béniront Dieu et ne murmureront pas.

9. Car nous recommandons ceci avant tout : qu'on s'abstienne de murmurer.

Commentaire :



Dans la même ligne que le chapitre précédent, St Benoit invite à la mesure dans la boisson. Le mot « sobrement » est utilisé à propos de la façon de boire le vin. La sobriété : il est intéressant que ce mot retrouve toutes ses lettres de noblesse dans notre société de consommation. Il fait signe d'un désir plus profond tapis dans le cœur de chacun afin de trouver pour soi et tous ensemble un plus juste rapport à la nourriture, à la boisson, et plus largement à l'usage des biens. Dans la recherche d'une autre qualité alimentaire, la sobriété s'offre comme un repère pour donner une direction. Sur ce terrain, nous moines pouvons avoir notre rôle à jouer, non pas tant pour nous montrer en exemple ce qui serait bien prétentieux, que pour faire signe par notre mode de vie que c'est possible et même que c'est bon... Ce petit chapitre peut nous aider pour nous même d'abord, à comprendre l'enjeu de la sobriété. J'en retiens plusieurs aspects.

Le premier est que la sobriété pour l'un ne prend pas forcément la même forme que la sobriété pour un autre. « Chacun tient de Dieu un don particulier, l'un comme ceci, l'autre comme cela» dit Benoit en reprenant Paul (1 Co 7,7). Si nous tendons à une sobriété commune, par notre régime communautaire, par exemple en n'ayant du vin que pour les fêtes, la sobriété sera vécue différemment par chacun. Voilà une conviction à garder pour s'interdire tout jugement. Le second point qui découle du premier est finalement que la sobriété, vécue comme capacité à s'auto limiter pour ne pas prendre ou pour prendre avec modération, est un don de

Dieu. C'est lui qui donne la force de se passer d'un aliment ou de vin... Compte tenu de ce qu'est notre nature humaine prompte à prendre, toujours un peu « prédatrice » pour assurer sa survie, la sobriété monastique que nous recevons de la tradition comme un don de Dieu, fait signe pour nous-mêmes et pour qui peut le reconnaitre que notre vie est toujours reçue. Il ne sert à rien de vouloir prendre. Il nous faut apprendre à tout recevoir. Le troisième aspect que je retiens est cette notation de St Benoit, à propos de ceux qui peuvent se passer de vin : « ils auront une récompense particulière ». Une récompense peut-être dans la vie à venir. Mais certainement déjà en cette vie présente. Pouvoir maitriser ses appétits, ses propensions à se servir, à prendre, pour ne garder que ce dont on a vraiment besoin, n'est-ce pas déjà notre récompense? C'est la récompense de la liberté vis-à-vis de nos envies plus ou moins pulsio1mels. Le psalmiste nous suggère quelque chose de cette récompense : « Mon cœur incline à pratiquer tes commandements: c'est à jamais ma récompense» (Ps 118, 112)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 39, v 1-11 De la quantité de nourriture. écrit le 31 mai 2023
Verset(s) :

1. Nous croyons qu'il suffit à toutes les tables pour le repas quotidien, qu'il ait lieu à sexte ou à none, de deux plats cuits, en raison des diverses infirmités,

2. pour que celui qui ne peut manger de l'un, fasse son repas de l'autre.

3. Donc deux plats cuits suffiront à tous les frères ; et s'il y a moyen d'avoir des fruits ou des légumes tendres, on en ajoutera un troisième.

4. Une livre de pain bien pesée suffira pour la journée, qu'il y ait un seul repas ou déjeuner et souper.

5. Si l'on doit souper, le cellérier gardera le tiers de cette même livre pour le rendre au souper.

6. S'il arrive que le travail devienne plus intense, l'abbé aura tout pouvoir pour ajouter quelque chose, si c'est utile,

7. en évitant avant tout la goinfrerie et que jamais l'indigestion ne survienne à un moine,

8. car rien n'est si contraire à tout chrétien que la goinfrerie,

9. comme le dit Notre Seigneur : « Prenez garde que la goinfrerie ne vous appesantisse le cœur. »

10. Quant aux enfants d'âge tendre, on ne gardera pas pour eux la même mesure, mais une moindre que pour les plus âgés, en gardant en tout la sobriété.

11. Quant à la viande des quadrupèdes, tous s'abstiendront absolument d'en manger, sauf les malades très affaiblis.

Commentaire :

Si nous devions réécrire ce chapitre aujourd'hui, peut-être insisterions-nous moins sur la quantité que sur la qualité de la nourriture. Et pas de la qualité de mets bien cuisinés et succulents, pensée comme unique fin. Cette recherche-là nous mettrait alors dans une quête illusoire de plaisirs qui serait toujours déçue. Si nous cherchons notre seul plaisir là, nous sommes les plus malheureux des hommes. Non, aujourd'hui, nous sommes en quête d'une qualité de nourriture qui voudrait nous inscrire dans une cohérence plus globale avec notre environnement immédiat, mais aussi avec l'économie de la planète. Les facilités des communications, ainsi que les progrès de production des denrées en quantité et en qualité ont considérablement modifié nos manières de manger. Nous mangeons de plus en plus en hors sol. soit parce que les produits viennent de grandes serres, soit parce qu'ils viennent du monde entier. Nous mangeons des haricots verts produits au Maroc, des oranges d'Espagne, des bananes des Antilles, du chocolat de Côte-d'Ivoire, etc... Nous nous sommes habitués à cela comme si c'était normal. On avait l'argent, on avait le pétrole, alors pourquoi s'en priver. Aujourd'hui, nous entrons dans une prise de conscience que tout ceci a un coût en matière de qualité environnementale. Soit parce que la production ou l'acheminement de pays lointains a un impact sur l'émission de gaz à effet de serre, soit parce produire en grande quantité de certains plantes ou animaux entraine un déséquilibre dans la biodiversité ou les écosystèmes de plusieurs endroits de la terre... qu'on pense à l'Amazonie... Du coup, nous entrons avec nos contemporains dans une nouvelle approche de notre rapport à l'alimentation. Le critère n'est plus seulement: est-elle bonne et équilibrée, mais d'où vient-elle et comment a-t-elle été produite en so1te que les personnes humaines qui les produisent soient respectées, et que le milieu naturel d'où elles sont issues soit mise en valeur. Il ne nous est pas facile d'entrer dans cette nouvelle manière de vivre et de manger qui oblige à prendre de la hauteur. Manger aujourd'hui oblige à une conversion du regard, afin d'accepter de se poser des questions. Je ne mange pas uniquement pour satisfaire mes besoins, mais je mange en me souciant du bien commun. de celui qui a produit ces denrées, de celui de toute la planète dans le désir de veiller à son fragile équilibre... Peut-être me direz-vous que c'est trop compliqué... Ici, il nous faut un peu de courage et surtout le désir d'écouter d'autres manières de voir. Nous y entrons progressivement avec l'aide de nos frères de la commission Eglise Verte. Ensemble, il s'agit d'entrer dans une nouvelle forme d'ascèse qui oblige à prendre soin de tous, même en mangeant.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 38, 6-12 Du lecteur hebdomadier écrit le 26 mai 2023
Verset(s) :

6. Quant à ce qui est nécessaire pour manger et boire, les frères se serviront à tour de rôle, de telle sorte que nul n'ait besoin de rien demander.

7. Si pourtant on a besoin de quelque chose, on le demandera en faisant retentir un signal quelconque, plutôt qu'en élevant la voix.

8. Personne non plus, dans la pièce, ne se permettra de poser aucune question sur la lecture ou sur autre chose, pour ne pas donner d'occasion,

9. sauf si le supérieur voulait dire brièvement un mot pour l'édification.

10. Le frère lecteur hebdomadier prendra le mixte avant de commencer à lire, à cause de la sainte communion et de peur que le jeûne ne lui soit pénible à supporter.

11. Mais c'est plus tard qu'il prendra son repas, avec les hebdomadiers de la cuisine et les serviteurs.

12. Les frères ne liront ni ne chanteront tous à la suite, mais seulement ceux qui édifient les auditeurs.

Commentaire :

Après avoir donné les recommandations avant d'entrer dans le service de lecteur, Benoit poursuit en précisant les conditions à respecter durant le temps le repas. Chacune semble être énoncée pour contribuer à la sauvegarde d'un climat d'écoute. Celui-ci se présente comme un écrin indispensable pour donner toute sa place à la parole entendue.

Le silence complet est demandé, comme il est requis aussi particulièrement après complies, à la sortie de l'oratoire ou encore au moment de la sieste. Dans ce silence, il nous faut entendre surtout l'éveil à une attention renforcée pour être soi-même à l'écoute et pour ne pas gêner son voisin. Ici comme en bien d'autres moments de notre journée, faire silence est un acte de charité envers Dieu et envers les autres. Envers Dieu, quand il nous introduit dans une intimité plus réelle avec Lui. Envers les autres, quand j'accepte de ne pas déranger, pour permettre à chacun de cultiver son intimité avec le Seigneur. Pendant le repas, une manière de vivre ce silence est de veiller à deux choses : la I ère à ne pas faire trop de bruit avec ses couverts, par ex quand on coupe la salade, ou encore pour les servants quand on pose les plats sur les tables ou le chariot ; la 2de : veiller à ne pas manifester par des mimiques ostentatoires ou par des bruissements étouffés ses réactions positives ou négatives à ce qui est lu. Ce silence-là est une manière de ne pas se mettre sur la place publique, comme si nous en étions le centre. L'écoute de la lecture devant rester au centre de l'intérêt, Benoit recommande de ne pas déranger bruyamment pour demander quelque chose. Soit on le fait par un signe discret, soit on est attentif à se servir les uns les autres... Tout en écoutant, avoir un regard sur les besoins de mon frère à côté de moi, voilà un beau défi de charité pour chacun de nous, toujours à reprendre. Mon écoute ne m'enferme pas sur moi, mais elle demeure présente à mes voisins. De même,je rappelle l'attention que nous désirons aussi honorer: celle de nous attendre avant de passer au plat suivant. Ici, ce n'est pas une attention fraternelle de proposer les fruits à un frère qui a fini son fromage alors que les autres sont encore au plat. Ce frère qui mange vite doit apprendre manger avec les autres et pas tout seul. Veillons à nous entraider sur ce point pour sauvegarder l'esprit de notre repas commun qui est de refaire nos forces ensemble en vue d'une communion toujours plus forte entre nous.