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1. On donnera aux frères des vêtements selon la nature des lieux où ils habitent et selon le climat de ceux-ci,
2. car dans les régions froides il faut davantage, dans les chaudes moins.
3. Cette appréciation est donc l'affaire de l'abbé.
4. Pour notre part, cependant, nous croyons que dans les lieux moyens il suffit aux moines d'avoir chacun une coule et une tunique, –
5. coule velue en hiver, lisse ou usée en été, –
6. et un scapulaire pour le travail ; pour se couvrir les pieds, des chaussons et des souliers.
7. Quant à la couleur ou à l'épaisseur de tous ces effets, les moines ne s'en plaindront pas, mais ils les prendront tels qu'on peut les trouver dans la province où ils demeurent, ou ce qui peut s'acheter meilleur marché.
8. Cependant l'abbé veillera à la mesure, de façon que ces vêtements ne soient pas trop courts pour ceux qui les portent, mais à leur mesure.
9. En recevant du neuf, on rendra toujours l'ancien, qui devra être déposé temporairement au vestiaire pour les pauvres.
10. Il suffit en effet à un moine d'avoir deux tuniques et deux coules pour la nuit et pour laver ces effets.
11. Ce qui serait en plus, c'est du superflu, il faut le retrancher.
12. De même les chaussons et tout ce qui est ancien ;; on le rendra en recevant du neuf.
13. Ceux qui sont envoyés en voyage recevront du vestiaire des caleçons, qu'ils y remettront à leur retour après les avoir lavés.
14. Les coules et tuniques seront un tant soit peu meilleures que celles qu'ils portent d'ordinaire. Ils les recevront du vestiaire en partant en voyage et les remettront au retour.
Ce chapitre sur le vêtement et la chaussure des frères présente bien des parentés stylistiques et doctrinales avec les chapitres sur la nourriture et la boisson (39 et 40). En effet, Comme en ces deux chapitres, Benoit commence d'abord par quelques principes généraux, ici l'adaptation des vêtements au climat, avant de donner ensuite son appréciation personnelle : « pour notre part, nous croyons que dans les lieux moyens, ii suffit ... ». Ce verbe, « il suffit » caractérise bien la pensée de Benoit toujours à la recherche d'un juste équilibre. Ainsi pour !es vêtements, il est attentif à ce qu'ils soient adaptés à la saison, plus velue en hiver, plus léger en été et à ce qu'ils soient à la bonne mesure de chacun. Et dans le même temps, il veille à ce que chacun évite le superflu en rendant l'ancien dont on n'a plus l'usage.
Comment cultiver en nous ce goût de la mesure ? Comment nous laisser enseigner par notre tradition monastique pour demeurer dans la juste mesure, attentif à nos besoins réels et non à nos désirs de sécurité qui veulent amasser? Il ne s'agit pas d'abord d'obéir à une loi extérieure qui nous rabote plus ou moins. Mais il nous faut cultiver cette profonde liberté évangélique qui nous replace sans cesse, jusque dans les détails de la vie quotidienne, dans une heureuse dépendance de notre Seigneur et Père des Cieux. Notre manière de ne pas accumuler et d'accepter de recevoir selon nos besoins, est notre manière monastique de vivre l'accueil de la providence de Dieu. A cet égard, le rapprochement que je faisais au début entre !es chapitres sur la nourriture.. sur la boisson et sur les vêtements dans la règle, n'est pas sans rappeler le même rapprochement fait par Jésus dans l'évangile lorsqu'il invite à s'en remettre avec confiance dans les mains de Dieu. « Ne vous faites pas tant de souci ; ne dites pas : "qu'allons nous manger ? " ou bien "qu 'allons-nous boire ? ' ou encore : "avec quoi nous habiller ? " Tout cela les païens le recherchent. Mais votre Père céleste sait que vous en avez besoin. Cherchez le Royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donne par surcroit » (Mt 6, 31-33). En cultivant « il suffit » de St Benoit, cultivons la liberté évangélique, cultivons la recherche du Royaume. Nous avons rendez-vous avec cette joie de ceux qui sont libres. Concrètement veillons à ne pas garder dans nos armoires des choses ou des vêtements dont nous n'avons pas usage. Remettons-les au f. linger ou à la procure qui prendra même les objets dont on ne voit plus l'usage.
1. Il ne sera aucunement permis à un moine de recevoir ou de donner, sans permission de l'abbé, lettres, eulogies ou petits présents quelconques, ni de ses parents, ni d'aucun homme, ni entre eux.
2. Même si ses parents lui envoient quelque chose, il ne se permettra pas de l'accepter avant d'en avoir référé à l'abbé.
3. Si l'abbé permet qu'on l'accepte, il sera en son pouvoir de donner la chose à qui il veut,
4. et le frère à qui on l'avait envoyée ne s'en fâchera pas, « pour ne pas donner d'occasion au diable. »
5. Celui qui se permettrait de faire autrement, sera soumis à la sanction de règle.
Les deux mots importants de ce chapitre sont certainement les mots « donner » et "recevoir". Pour la seconde fois, après l'avoir déjà développé au chapitre 43, St Benoit revient sur le fait que les moines ne peuvent ni donner ni recevoir sans la permission de l'abbé. Au chapitre 43, ii s'agissait de la gestion des biens du monastère dont on ne peut disposer pour soi, et donc user à sa guise. Ici, dans la relation avec les proches ou les amis, le moine est invite à demeurer dans le même esprit de profonde liberté vis-a-vis des biens reçus ou à donner. Cette discipline est exigeante. Benoit pose une limite forte à deux mouvements assez spontanés qui structurent les relations humaines. Donner et recevoir sont l'expression de l'échange entre humains. Sommes-nous mis hors circuits ? Pour une part, oui, pour une autre non. Oui, si nous partons de nous-mêmes. Non, si nous partons de la communauté. Ainsi, il n'est pas interdit au moine de donner ou de recevoir, mais de le faire toujours sous le regard d'un autre. Chacun de nous en faisant profession a choisi de se mettre sous cette dépendance de la communauté, et de la médiation de l'abbé.
Concrètement, notre pratique s'est assouplie depuis le temps de St Benoit. Nous ne demandons pas la permission de recevoir une lettre ou un petit objet souvenir, ou d'envoyer une carte ou un petit objet. Mais s'il s'agit de cadeaux plus sensibles, qui nous sont faits, nous prenons le temps d'en parler et de voir si nous en avons vraiment besoin ou s'il peut servir à d'autres frères. N'hésitons pas aussi à dire à nos donateurs que telle est notre pratique, afin qu'ils soient plus libres eux aussi. De même. si nous désirons offrir quelque chose du magasin par exemple, a quelqu'un, prenons le temps d'une parole à l'abbé ou au prieur, en veillant avec le frère libraire à l'inscrire sur le compte cadeau. Ayons ce courage de la liberté vis-à -vis de notre mouvement premier de faire plaisir. Tous les biens de la librairie, comme ceux qui sont clans le monastère, ne sont la propriété d'aucun d'entre nous, mais de la communauté. Cultivons cette attitude de dépendance en parlant. Apprenons la confiance en nous remettant sous le regard d'un autre. Elle voudrait être un pédagogue qui nous enseigne l'attitude filiale confiante et vraiment dépendante à l'égard de notre Père des Cieux. Nos pratiques ne trouvent leur sens ultime que dans cette relation filiale avec notre Dieu qu'elles veulent servir.
16. La cuisine de l'abbé et des hôtes sera à part, afin que les hôtes arrivant à des heures incertaines, – ils ne manquent jamais au monastère, – les frères n'en soient pas dérangés.
17. Dans cette cuisine entreront en charge pour l'année deux frères qui remplissent bien la fonction.
18. S'ils en ont besoin, on leur procurera des aides, pour qu'ils servent sans murmure, et inversement, quand ils ont moins d'occupation, ils iront au travail là où on leur commande.
19. Et l'on y veillera, non seulement pour eux, mais aussi dans tous les services du monastère :
20. quand ils en ont besoin, on leur attribuera des aides, et inversement, quand ils sont libres, ils obéiront aux commandements qu'on leur donne.
21. Quant au logement des hôtes, il sera confié à un frère dont l'âme est pénétrée de la crainte de Dieu.
22. Il y aura là des lits garnis en nombre suffisant, et la maison de Dieu sera administrée par des sages et sagement.
23. Celui qui n'en a pas reçu l'ordre n'entrera aucunement en rapport avec les hôtes ni ne conversera avec eux,
24. mais s'il les rencontre ou les aperçoit, il les saluera humblement, comme nous l'avons dit, et demandant une bénédiction, il passera son chemin en disant qu'il n'a pas permission de converser avec un hôte.
Dans ces lignes, je suis frappé par le bon sens pratique dont fait preuve Benoit, bon sens inséparable chez lui d'une recherche de justesse spirituelle. Comme si l'un n'allait pas sans l'autre. Ainsi prévoit-il que la cuisine de l'abbé commune à celle des hôtes soit prise en charge par deux frères, avec des aides éventuelles. Il envisage un nombre suffisant de lits pour permettre un accueil digne et toujours offert. Et le logement des hôtes est confié à un frère pénétré de la crainte de Dieu, qui administrera sagement la maison de Dieu. Cette dernière notation nous montre bien que le bon déroulement de la vie au monastère n'est pas seulement le fruit d'une bonne organisation efficace mais aussi celui d'un sens spirituel. d'une sagesse dans la manière de vivre et de faire les choses. Organisation matérielle et vigilance spirituelle
vont se conjuguer pour le bien des personnes, celles qui sont accueillis comme celles qui accueillent. J'entends volontiers dans ces lignes un appel à cultiver en nous cet alliage ou recherche d'efficacité dans nos organisations se laisse féconder par la veille intérieure pour le Seigneur. Il y a toujours un risque de vivre nos activités de gestion, d'organisation et finalement toutes nos tâches, en !es prenant pour une fin en soi, comme si elles occupaient tout notre horizon de pensée. On risque d'oublier pour qui on les fait, !es autres et le Seigneur. On a la tête dans le guidon et on ne voit plus ce qu'il y a à coté. Ici, tous, il nous faire attention, car une telle posture est souvent occasion de tensions pour nous-mêmes, et aussi avec !es autres. En étant tellement polarisé par notre activité, on devient incapable d'accueillir le moindre imprévu, la petite contrariété. A !'inverse, cultiver l'attention intérieure en nous tournant de temps en temps vers le Seigneur par une brève prière, peut nous apprendre à nous remettre dans !'axe. De même, apprendre à utiliser !es imprévus ou les contrariétés comme des atouts pour prendre un peu de hauteur, nous aidera à relever la tête de notre guidon. Nous découvrirons alors que notre labeur peut s'enrichir de ces prises de hauteur... Notre travail s'en trouvera remis dans le
flot de la vie plus large du monastère et peut-être de l'Eglise, pour cesser d'être seulement ce labeur plus ou moins exténuant de celui qui creuse un trou ou son trou. Cultivons ce regard qui se tourne vers le Seigneur pour retrouver en lui le sens profond de notre don et de notre travail.
1. Tous les hôtes qui se présentent doivent être reçus comme le Christ, car il dira : « J'ai été hôte et vous m'avez reçu. »
2. « A tous » on rendra les honneurs qui leur sont dus, « surtout aux frères dans la foi » et aux étrangers.
3. Lors donc qu'un hôte sera annoncé, le supérieur et les frères iront à sa rencontre avec toutes les politesses de la charité.
4. On commencera par prier ensemble, et ensuite on échangera la paix.
5. Ce baiser de paix ne doit se donner qu'après qu'on ait prié, à cause des illusions du diable.
6. En saluant, on donnera toutes les marques d'humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent.
7. La tête inclinée, le corps prosterné par terre, on adorera en eux le Christ que l'on reçoit.
8. Une fois reçus, on conduira les hôtes à l'oraison, et après cela le supérieur s'assiéra avec eux, lui ou celui qu'il aura désigné.
9. On lira devant l'hôte la loi divine, pour l'édifier. Après quoi, on lui donnera toutes les marques d'hospitalité.
10. Le supérieur rompra le jeûne à cause de l'hôte, sauf si c'est un jour de jeûne majeur que l'on ne puisse violer,
11. tandis que les frères continueront à observer les jeûnes accoutumés.
12. L'abbé versera l'eau sur les mains des hôtes.
13. L'abbé, ainsi que toute la communauté, lavera les pieds de tous les hôtes.
14. Après le lavement des pieds, on dira ce verset : « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple. »
15. On accordera le maximum de soin et de sollicitude à la réception des pauvres et des étrangers, puisque l'on reçoit le Christ davantage en leur personne, la crainte des riches obligeant par elle-même à les honorer.
Relire ce chapitre dont nous ne pratiquons plus exactement les usages, à quoi cela nous sert-il ? II me semble à nous imprégner d'un esprit, d'une attitude de foncier respect ancré dans un regard de foi au Christ présent dans tout hôte.
Le Christ est au centre de l'accueil, selon St Benoit. Il l'est comme un devoir qui s'impose: tous les hôtes qui se présentent doivent être reçus comme le Christ. Pour les moines, pour chacun de nous, il s'agit de porter sur tout arrivant un regard de foi, regard qui s'éclairera pleinement lors du jugement, lorsque le Christ dira «j 'ai été hôte et vous m'avez reçu ». Ce devoir du regard de foi commande ensuite !'attitude concrète faite d'honneur, de charité.
d'humilité et d'hospitalité. Avant d'arriver à l'hospitalité concrète, Benoit développe ainsi longuement tout un rituel qui vient confirmer et asseoir le regard de foi. Au nom du Christ reconnus en eux, on rend tous les honneurs dus « aux frères dans la foi ainsi qu'aux étrangers ». Avec les « politesses de la charité, .. on prie d'abord ensemble avant d'échanger le baiser de paix. La charité révèle toute sa profondeur dans le lien qui relie l'hôte et le moine sous le regard de Dieu. Aujourd'hui, notre culture sécularisée rend malaisé ce primat de la prière. Nos frères hôteliers essaient de conduire à l'église ceux qui viennent pour la première fois. Plus généralement, veillons à profiter des occasions qui seront données de prier avec les hôtes, par ex comme je le disais, après un café pour None... St Benoit va plus loin, en invitant a donner toutes !es marques d'humilité à l'hôte en qui, on adore le Christ que l'on reçoit. S'il nous semble impossible aujourd'hui de nous prosterner à terre devant !es hôtes, cultivons cette attitude intérieure d'humilité vis-a-vis de celui qui arrive. La où notre tendance spontanée pourrait être de juger, de toiser la personne, cultivons ce regard bienveillant a priori pour permettre à la personne de se sentir vraiment accueillie pour elle-même. Cette humilité dans notre regard est une marque de respect qui n'a pas de prix. Elle peut éviter des familiarités qui n'ont pas lieu d'être, ou à !'inverse des mépris qui dessèchent la relation. Viennent enfin !es marques d'hospitalité à travers le partage du repas. Nous ajouterions aujourd'hui toutes les indications pratiques pour !es horaires et la connaissance des lieux. II est important de remarquer que toutes ces dispositions concrètes viennent en dernier pour St Benoit, comme s'il fallait se préparer le coeur pour ne pas manquer le rendez-vous avec le Christ, a travers la rencontre de l'hôte qui arrive, et notamment des pauvres, « puisqu 'on reçoit le Christ davantage en leur personne ». Cette dernière notation peut nous rendre attentif au fait qu'en tout hôte, il y a un pauvre qui mérite de notre part respect et bonté a priori, discrétion et attention.
1. Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême,
2. cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que pendant ces jours du carême on garde sa vie en toute pureté,
3. et que l'on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps.
4. Nous y parviendrons en renonçant à tous les vices et en nous appliquant à l'oraison avec larmes, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu'à l'abstinence.
5. Donc en ces jours ajoutons quelque chose aux prestations ordinaires de notre service : oraisons particulières, abstinence d'aliments et de boisson,
6. en sorte que chacun offre à Dieu, de son propre mouvement, avec la joie de l'Esprit-Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée,
7. c'est-à-dire qu'il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la plaisanterie, et qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
8. Cependant ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l'oraison et l'agrément de celui-ci,
9. car ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera mis au compte de la présomption et de la vaine gloire, non de la récompense.
10. Tout doit donc s’accomplir avec l’agrément de l’abbé.
S'il est« bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême»,
on peut se demander en cette période du temps ordinaire, qu'est-ce que cela signifie pour nous,
« garder en tout temps l'observance du carême»? Nous entendons depuis quelques jours le livre de! 'Exode avec l'expérience pascale de la libération d'Egypte, de la marche dans le désert, et aujourd'hui le don de la loi au Sinaï. Je fais volontiers un lien entre « garder en tout l'observance du carême » et la marche des hébreux dans le désert. Si nous pouvons garder en tout temps l'observance du carême, si nous pouvons marcher dans le désert, c'est parce que, comme les hébreux, nous avons vécu une expérience de libération. Comme le peuple d'Israël, en accueillant par la foi la mort et la résurrection du Christ, nous sommes passés de l'esclavage à la liberté, de la mort à la vie. Mais comme pour les hébreux, après cette libération, après la célébration de la victoire du Christ sur la mort qui resplendit sur nous, nous sommes conduits au dése1i... Le désert de la foi vécue dans le quotidien, sans éclat, sans beaucoup de signes, tendus vers la terre promise, vers le Royaume. Le désert de la fidélité pour affronter les tentations de retour en arrière, sur des habitudes confortables, sur des complaisances ou des arrangements faciles. C'est encore le désert de l'écoute d'une parole qui éclaire et nous guide vers une plus grande liberté:« Tu ne tueras point, tu ne convoiteras pas». C'est enfin le désert
de l'accueil où nous apprenons à tout recevoir, à commencer par le pain du ciel qui nourrit
vraiment. En vivant la vie monastique, nous choisissons de vivre au désert, en refusant les illusoires terres promises, en veillant dans la prière pour accueillir le Seigneur qui va venir. Et dans le désert, dans la longueur des jours apparemment sans relief, notre fragilité ressort plus aisément. Face au manque, face à la monotonie, à l'ennui, parfois surgit le murmure, parfois le raz le bol, parfois ce sont les chutes... Poursuivre la marche, la reprendre jour après jour, c'est peut-être d'abord cela« garder le carême en tout temps», sans nous arrêter ni rechercher les bonheurs décevants. Consentir à marcher avec les moyens qu'offre la vie monastique, sans les fuir: la prière. l'étude. la patience, le pardon échangé, la charité gui veille sur l'autre, sans nous évader. Le désert est rude. Mais il veut nous faire expérimenter pour nous d'abord, et faire signe ù d'autres que le Seigneur prend soin de nous parce qu'il est bon et qu'il nous aime.
22. Le dimanche, de même, tous vaqueront à la lecture, sauf ceux qui sont affectés à différents services.
23. Cependant si quelqu'un est négligent et paresseux au point de ne pas vouloir ou pouvoir apprendre ou lire, on lui assignera un ouvrage à faire, pour qu'il ne reste pas inoccupé.
24. Aux frères malades ou délicats on assignera un ouvrage ou métier approprié, de façon qu'ils ne soient pas oisifs et que la violence du travail ne les accable point ou ne les mette en fuite.
25. L'abbé doit avoir égard à leur faiblesse.
« Le dimanche, tous vaqueront à la lecture» ... Si le dimanche est pour Benoit le iour du repos, c'est un jour de repos dans le Seigneur. On le lui consacre par un office plus développé (les vigiles) et par des temps de lecture. Même s'il n'utilise pas l'expression, on pourrait dire que le moine est invité à « vacare Deo », à vaquer pour Dieu, à lui laisser tout l'espace. Pour notre mentalité moderne, cette vision du dimanche et du jour de repos, est difficile à comprendre. Lorsqu'on pense repos, on pense d'abord à nous, à nous soulager, à prendre un temps de détente, à faire ou vivre autre chose que l'ordinaire. A faire le vide en quelque sorte, le vide de ce gui nous occupe habituellement. Il y a une expression familière qui suggère cela :
« se vider la tête ». Se vider, mais pour se remplir de quoi ? Lorsqu'on écoute parfois des récits de vacances, ou bien de WE, on peut être frappé par le fait que les personnes semblent revenir plus fatiguées tant elles ont fait pleins de choses, ou bien qu'elles on! vécu des soirées tellement tardives ou tellement arrosées qu'elles ont du mal à s'en remettre. Se vider pour se remplir d'activités ou bien de plaisirs ressemble alors plus à une forme de défoulement qu'à une vraie détente... Et pour le moine, comment vivre le dimanche ou les jours de repos : quel vide pour quelle plénitude? Peut-être nous faut-il apprendre une nouvelle manière de nous reposer: nous reposer en Dieu. sous son regard. Non pas vivre le repos comme une fuite de Dieu, parce qu'il faudrait faire tout autre chose que ce que l'on fait habituellement pour lui (les prières, les services, etc... ) et enfin se donner du temps sans «bondieuserie». Mais pouvoir vivre une détente, une activité sportive, une promenade, une lecture, un hobby, une rencontre dans l'attention à ce que cela soit vrai. à ce que cela donne de la paix. Et alors assez naturellement, cela suscitera de l'action de grâce, cela nous renouvellera dans la louange... Nos détentes de moines en nous ouvrant d'autres espaces ou à d'autres activités peuvent dilater notre cœur dans un sentiment encore plus grand de reconnaissance envers notre Dieu. Notre Père des Cieux nous veut heureux de ce bonheur qui nous fait goûter la liberté de faire des choses qui nous agrandissent ou nous apaisent. Sachons être à l'affût de ces moments de plénitude qui nous reposent vraiment, au sens littéral, ils nous posent de nouveau au bon endroit dans notre vie quotidienne, de manière renouvelée. Après avoir vécu de tels moments, nous pouvons repartir avec un nouvel élan avec le Seigneur et pour lui, avec nos frères et pour eux. Sachons nous ménager de tel moment, le dimanche et ou le samedi après-midi, ou encore le jour de solitude.
18. Ils veilleront à ce qu'il ne se trouve pas de frère atteint d'acédie, qui vaque à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui non seulement se fait tort à lui-même, mais en outre distrait les autres.
19. Si l'on en trouve un, – à Dieu ne plaise, – on le réprimandera une fois, deux fois ;
20. s'il ne s'amende pas, il subira la réprimande de règle, de telle façon que les autres en conçoivent de la crainte.
21. Un frère n'entrera pas en rapport avec un autre frère à des heures qui ne conviennent pas.
Une chose frappe dès le début de ce chapitre, c'est que le moine doit toujours être occupé. Benoit craint que l'oisiveté gagne le frère et se transforme en acédie, cet état qui plonge dans une sorte d'ennui et de dégoût pour toute chose. La chose sera plus sensible et délicate au moment consacré à la lecture, pour nous aujourd'hui durant la lectio divina ou l'étude. La lecture et l'étude assidue peuvent se révéler à certains jours, très arides et difficiles à tenir dans la durée. L'effort de concentration qui est demandé oblige à trouver en soi la force et la persévérance, d'autant plus qu'à la différence d'un travail manuel, on ne voit pas toujours bien le fruit de son labeur.
Cela est particulièrement vrai en premier lieu pour la lectio divina qui a une dimension gratuite. On lit, on déchiffre les Ecritures parfois avec goût, parfois dans l'aridité ou la fatigue. Mais il faut persévérer. Ordonnée à une connaissance plus profonde de Dieu et de son dessein de salut, la lectio ne vise pas à produire quelque chose, mais d'abord à nous transformer. Elle nous entraine dans l'aventure d'une rencontre qui voudrait nous familiariser avec le mystère de Dieu, pour nous unir un peu plus à Lui. Alors que nous déchiffrons des textes, nous sommes défrichés, labourés de 1'intérieur par la Parole qui vient faire son œuvre en nous. Elle est vraiment un exercice spirituel auquel il nous faut vaquer, c'est-à-dire selon l'étymologie, faire du vide, donner de l'espace à la Parole qui survient. Si nous ne savons pas bien comment cela se passe. nous pouvons toujours désirer ce saint travail en demandant au début de chaque lectio, la grâce d'être docile à !'Esprit Saint pour aller à la Rencontre de Dieu le Père et de son Fils,
Jésus. Nous demandons la grâce d'être là avant tout, en renonçant à tout résultat tangible. Il viendra comme un cadeau.
L'étude est, elle aussi, un exercice auquel nous vaguons en éloignant de nous toutes les sources de distraction et de dispersion pour nous concentrer sur la lecture, la prise de note ou encore sur la réflexion en vue de la rédaction. Faire le vide des choses inutiles pour orienter toute notre pensée demande un vrai effort, mais aussi de la constance. Ce n'est souvent qu'au bout de beaucoup de lectures et de notes prises, qu'on parvient à élaborer une réflexion, présenter un sujet. Etonnant accouchement qui représente un véritable travail sans pour autant qu'on sache toujours bien comment il s'opère dans notre esprit. Mais comme tout travail, il est source de joie, joie qui est souvent à la hauteur de notre détermination dans l'effort.
1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.
2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :
3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.
4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.
5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.
6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.
7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,
8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.
9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.
Avec ce chapitre, Benoit propose une vision très unifiée de la vie monastique. Une vie unifiée par la liturgie, mais aussi un fort ancrage dans le rythme cosmique, et enfin par ses activités qui prennent en compte toutes les dimensions de l'homme. Dans sa recherche d'embrasser l'année dans sa globalité, la liturgie apparait comme le premier élément unificateur. Avec la fête de Pâques qui sert de pivot, et avec le Carême qui lui est liée, Benoit pose les repères fondamentaux de l'année qu'il cherche à organiser. Ce repère liturgique est intéressant à relever, car la date de Pâques pouvant varier selon les années de presque 4 semaines, Benoit renonce à une optimisation de l'organisation des jours qui aurait été plus grande s'il avait suivi le seul rythme des saisons, en se basant par exemple sur la date du printemps toujours au 21 mars. Autre pivot liturgique relevé en fin de chapitre, cette fois pour la semaine : le dimanche avec son caractère de jour pleinement donné à Dieu dans la lecture et la prière. La liturgie offre ainsi deux repères fondamentaux pour organiser la répartition des activités du moine. Le lien avec le rythme cosmique est certainement le second lieu unificateur de la vie du moine. Ses activités sont pensées en fonction des saisons et de la longueur des jours qui varient. St Benoit fait ici preuve de bon sens, en donnant le primat au cycle naturel des saisons sur un repère liturgique. Ainsi il choisit pour fin de la période estivale, les calendes d'octobre plus tard dans la saison, c'est-à-dire le JC' octobre, plutôt que les Ides de Septembre qui sont le 15 sept, fête de la Croix glorieuse, qui marque pourtant le début du jeûne monastique. Sous nos latitudes, le mois de septembre offre souvent encore des journées chaudes particulièrement en Italie, et pour cela il est bon de travailler encore tôt le matin à la fraiche et de réserver la lecture pour la fin de matinée. Ainsi avec souplesse, Benoit pense les activités du moine dans un lien étroit avec le cycle des saisons de la nature. En collant au plus près de ce cycle, il optimise les activités du moine qui trouvent un équilibre plus satisfaisant entre travail
et lecture. Enfin, il est remarquable de relever combien Benoit a une vision unifiée de l'existence humaine quand il cherche à donner une vraie place à la lecture comme au travail manuel, tous les jours sauf le dimanche, en tout temps liturgique et en toute saison. Ce faisant,
il honore pleinement les trois dimensions traditionnelles de l'être humain celle du corps avec le travail manuel, celle de l'esprit avec la lecture et celle du cœur avec la liturgie, et cela tous les jours de l'année. En tout temps, c'est l'homme en son entier qui est appelé à grandir, à se structurer, à s'accomplir. Il n'y a jamais une dimension de son être qui ne soit pas sollicitée.
1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.
2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.
3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.
4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.
Le titre de ce petit chapitre,« du signal de l'heure de l'œuvre de Dieu" m'invite à me poser la question: que se passerait-il si la cloche ne sonnait pas? Est-ce que je me lèverai à la même heure ? Est-ce que je serai aussi présent aux différentes heures du jour et de la nuit ? L'office aurait-il la même importance pour moi? Je perçois, me concernant, qu'il y aurait ce11ainement une érosion gui s'installerait, érosion qui grignoterait les temps de la prière au profit du sommeil, du travail ou des multiples activités et rencontres. Ce constat me fait mieux réaliser que la prière de l'office n'est pas d'abord la mienne, même si elle est appelée à le devenir de plus en plus. C'est d'abord la prière de l'Eglise, au service de laquelle je suis embauché, ayant reconnu pour moi un appel à le faire, en choisissant ce type de vie chrétienne. Cette prière nous déborde largement parce qu'elle est l'œuvre du corps du Christ qui, uni à sa Tête, veut « maintenir cette hymne émerveillée dès l'origine devant l'ouvrage » des mains de Dieu. Le constat de notre faiblesse s'il n'y avait pas de cloche, nous rappelle que nous sommes toujours des commençants en matière de prière. Nous nous exerçons pour peu à peu devenir plus souple et plus donné à la prière. Pour faire en so11e que venir à la prière nous soit plus naturel, plus heureux. Faire en sorte aussi que nos activités elles-mêmes deviennent plus une forme de prière, c'est-à-dire qu'elles soient faites un peu plus dans une disposition intérieure d'offrande, d'ouverture à la présence de Dieu qui est là en tout ce que nous faisons. Le moment où la cloche retentit nous fait mesurer là où nous en sommes intérieurement aujourd'hui : heureux ou trainant les pieds pour aller à la prière ; cramponnés à grapiller quelques minutes comme si tout dépendait de nous ou bien prêt à abandonner au Seigneur notre tâche inachevée.,. Prendre conscience de ce qui nous habite, sous la lumière du Seigneur, est une voie de progrès sûre pour entrer dans une vision large de notre vie monastique et humaine. Celle-ci n'est pas rivée sur ces petites réalisations immédiates. mais unie à toute l'humanité, elle est cette pâte qui lève sous la poussée de !'Esprit, le Saint ferment qui l'anime. Nous laisser faire par la cloche et façonner par la prière de 1'office ne peut que nous élargir le cœur, le regard en nous associant étroitement à l'œuvre de Dieu. Demandons au Seigneur de nous apprendre à aimer la cloche.
1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement
2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,
3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,
4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.
5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,
6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.
Sans la théoriser, St Benoit rend compte d'une certaine manière de ce que l'on appelle aujourd'hui dans l'accompagnement, la distinction entre for interne et for externe entre ce qui touche l'espace public et ce gui touche l'espace intime. Il distingue « les manquements commis » dans l'espace de la vie communautaire et « les péchés de l'âme dont la matière est restée cachée » à l'intime. Les premiers doivent être reconnus et repris « devant l'abbé et la communauté», les seconds seront découverts, « seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels» qui ne vont pas les « dévoiler et publier». Si les premiers doivent être dévoilés impérativement. et réparés -ce que laisse entendre l'expression faire satisfaction-, car un dommage a été créé pour l'ensemble de la communauté, les seconds ne font pas l'objet d'une même urgence. Au for externe le moine semble donc davantage soumis à faire la cla1ié sans tarder et devant tous, alors qu'au for interne il est laissé davantage à son libre discernement. Et on peut noter aussi la latitude que Benoit laisse au moine pour s'ouvrir de façon plus intime, à plusieurs interlocuteurs l'abbé, mais aussi des anciens spirituels. On peut supposer dans la ligne de la tradition des pères du désert que ce choix était laissé à la liberté de chacun, et j'ajouterai au discernement de chacun. En effet chaque frère opère consciemment ou inconsciemment une sorte de discernement pour choisir de s'ouvrir à l'abbé ou à des anciens spirituels en ayant confiance qu'ils sauront soigner leurs propres blessures et celles des autres sans les dévoiler ou les publier. Chacun fera cette appréciation à partir de ce qu'il sent, pour mesurer s'il peut ou non se confier, si cela lui est profitable. La mention de« leurs propres blessures» que l'abbé et les anciens doivent soigner, est pleine de bons sens et très moderne. Elle me fait penser à ce que Sr Isabelle Le Bourgeois disait dans la session donnée au Stim à Fleury, il y a une 15ne de jours, lorsqu'elle rappelait que tous, le frère qui accompagne et qui écoute, comme le frère accompagné, ont une histoire affectée. une affectivité à gérer et à soigner. Le frère qui écoute doit vivre alors une vraie ouverture du cœur avec quelqu'un, s'il veut écouter et aider d'autres. Sa capacité à être disciple lui permettra d'aider d'autres à entrer dans ce mouvement de confiance et d'abandon. Je soulignerai un dernier point concernant l'abbé. Si pour St Benoit, celui-ci est l'interlocuteur obligé pour ce qui touche les manquements publics, il n'est qu'un interlocuteur possible pour ce qui concerne les péchés de l'âme. Cette possibilité a été limitée avec le temps. Le droit de l'Eglise recommande ainsi que l'abbé ne soit pas le confesseur de ses frères. Nous pourrions nous interroger au sujet des célébrations de la réconciliation sur le fait que l'abbé soit un confesseur parmi les autres. Est-ce une juste pratique? Je serais intéressé d'avoir le ressenti des frères sur ce point.