vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 64, 16-22 De l'ordination de l'abbé écrit le 23 juin 2016
Verset(s) :

16. Il ne sera pas agité et inquiet, il ne sera pas excessif et obstiné, il ne sera pas jaloux et soupçonneux à l'excès, car il ne serait jamais en repos.

17. Dans les ordres qu'il donne, il sera prévoyant et réfléchi, et que l'œuvre qu'il commande soit selon Dieu ou selon le siècle, il usera de discrétion et de mesure,

18. en songeant à la discrétion de saint Jacob, qui disait : « Si je fais peiner davantage mes troupeaux à marcher, ils mourront tous en un jour. »

19. Prenant garde à ce texte et aux autres sur la discrétion, mère des vertus, il mettra de la mesure en tout, en sorte que les forts aient à désirer et que les faibles n'aient pas à prendre la fuite.

20. Et surtout, qu'il garde en tous ses points la présente règle,

21. afin qu'après avoir bien servi, il entende le Seigneur lui dire, comme au bon serviteur qui distribua en son temps le froment à ses compagnons de service :

22. « En vérité, je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens. »

Commentaire :

« Il ne serait jamais en repos ». Cet avertissement de Benoit peut surprendre. Pour

mettre en garde l'abbé contre les excès possibles de jalousie, d'agitation ou de soupçons, il

invoque le bienfait du repos à préserver. Non pas une raison morale (« ce n'est pas bien de

faire cela »), mais une raison spirituelle : la paix intérieure. St Benoit a certainement en tête

l'exemple des pères du désert qui cherchent à garder la paix du cœur, le repos intérieur. . .les

grecs parlaient de « l'hésychia». Qu'est-ce que ce repos? On le cherche tous.

La vie de l'abbé, comme celles d'un certain nombre de frères, se caractérise par une

grande diversité de tâches et de rencontres, avec beaucoup d'imprévus, qui font que le

programme d'abord envisagé le matin ne sera parfois pratiquement pas réalisé le soir, ou le

plus souvent seulement en partie ... Comment vais-je réagir? En râlant intérieurement parce

que je n'ai pas fait ce que je devais faire, ou bien en abandonnant cela à Dieu qui connait tout

et qui dirige nos chemins d'une manière plus profonde que tout ce que nous prévoyons?

Parfois il faut traverser des situations de conflits ou de relations entre frères qui s'enveniment.

Comment garder la paix intérieure? Comment ne pas laisser les pensées de jugement ou les

récriminations occuper le cœur, notamment au temps de la prière? Un apophtegme rapporte:

« Quand abba Agathon voyait une chose et que sa pensée voulait la juger, il se disait :

'Agathon, ne fais pas cela, toi '. Et ainsi, sa pensée se calmait» (Agathon 18). Nous

entendions il y a peu: « ne jugez pas et vous ne serez pas jugés ». Notre cœur perd souvent sa

paix, car il oublie qu'il ne lui revient pas de juger le frère. Aveuglé par sa propre faiblesse, il

entre dans un processus sans fin d'auto-défense stérile car la plupart du temps illusoire.

Comment revenir à la réalité? Prier, prier pour le frère que Dieu aimes autant que moi. Jeûner

parfois aussi, pour être instrument de paix. Souvent, il faut parler à un frère dont le cœur est

libre. Il saura toujours préserver l'estime des frères qui sont plus grands que leurs faiblesses.

Comme moine, nous savons que cette quête du vrai repos nous tiendra jusqu'à notre

dernier souffle. Nous avons choisi d'affronter le combat et non de le fuir par notre vie

commune. Ne nous décourageons pas. Regardons Jésus, fondons-nous sur sa Parole: « Venez

à moi, vous tous qui peinez, et vous trouverez le repos », comme sur un Roc qui ne nous fera

jamais défaut. (23/06/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 64, 7-15 De l'ordination de l'abbé. écrit le 18 juin 2016
Verset(s) :

7. Quant à l'abbé qui a été ordonné, il songera toujours à la charge qu'il a reçue et à celui auquel il devra « ;rendre compte de sa gestion ;».

8. Il saura qu'il doit plutôt « servir que régir ».

9. Il doit donc être « savant » dans la loi divine, pour savoir et avoir d'où « tirer le neuf et l'ancien », chaste, sobre, miséricordieux.

10. Et que « la miséricorde l'emporte toujours sur le jugement », afin qu'il obtienne pour lui le même traitement.

11. « Qu'il haïsse les vices et qu'il aime les frères. »

12. Dans ses réprimandes même, qu'il agisse prudemment et « ;sans rien de trop », de peur qu'en voulant trop gratter la rouille, il ne brise le vase.

13. Il ne perdra jamais de vue sa propre fragilité, et se souviendra « ;qu'il ne faut pas écraser le roseau cassé. »

14. Nous ne voulons pas dire par là qu'il permettra aux vices de se développer, mais qu'il les retranchera prudemment et avec charité, suivant qu'il lui semblera opportun pour chaque individu, comme nous l'avons déjà dit.

15. Et il s'efforcera « d'être plus aimé que redouté ».

Commentaire :

« Il doit donc être savant dans la loi divine, pour savoir et avoir d'où tirer le neuf et

l'ancien ». Il doit donc ... Les « donc» sont toujours importants chez Benoit dans la RB pour

mettre en lumière des liens concrets qui vont de soi, qui s'impose selon une logique

spirituelle. Ici le « donc» fait le lien avec la recommandation de « servir plutôt que régir ».

Pour cela, l'abbé doit être savant dans la loi divine. St Benoit suggère que l'abbé ne pourra

servir plutôt que régir qu'au prix d'une grande familiarité avec les Ecritures. Ce n'est pas à la

portée de la seule bonne volonté ou de la seule intelligence humaine, de servir lorsqu'on a le

pouvoir. Beaucoup de tentations viennent contrecarrer celui qui voudrait s 'y essayer. L'abbé

doit accepter de se mettre à l'école du Christ s'il veut, à travers son ministère, faire signe de la

sollicitude du Christ pour chacun. Les Ecritures sont la mémoire de la grande geste de Dieu

pour sauver son peuple, geste qui culmine dans la croix de Jésus. Serviteur bafoué, il

manifeste combien Dieu souffre de nos souffrances depuis toujours. Il prend sur lui notre

mort et notre péché. Revenir aux Ecritures, pour mieux connaitre avec son cœur, ce Dieu qui

aime et veut servir l'humanité, est nécessaire à l'abbé. Celui-ci est l'instrument pour la

communauté du service que Jésus désire poursuivre aujourd'hui par son Eglise, pour notre

monde.

St Benoit poursuit: « être savant dans la loi divine pour savoir et avoir d'où tirer du

neufet de l'ancien». Dans l'évangile, Jésus dit: « les paroles que je vous dis sont esprit et

elles sont vies ». La familiarité avec les Ecritures nous rend plus sensibles à l'œuvre de

l'Esprit Saint dans la vie de son peuple. Il fait jaillir du neuf et il met en lumière la valeur de

l'ancien. La combinaison des deux produit la vie sous la mouvance de l'Esprit.Les Ecritures

sont le témoin de ce subtil travail auquel il nous faut chacun nous prêter pour être fidèle. Nos

vies de communautés sont un perpétuel tissage entre le neuf et l'ancien. Ainsi l'équilibre entre

nos chapitres du soir plus traditionnels avec des formes nouvelles de rencontre comme les

groupes ou le dimanche soir, en est un exemple. Tisser avec le neuf et l'ancien est le propre

de la tradition vivante et de la vie en marche. Pour que ce tissage soit profond et durable,

source de fruits spirituels, il nous faut tous, abbé et communauté, aimer toujours plus les

Ecritures, afin de laisser l'Esprit Saint nous informer, et nous renouveler dans notre pensée. (18/06/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 64, 1-6 De l'ordination de l'abbé écrit le 15 juin 2016
Verset(s) :

1. Dans l'ordination de l'abbé, on prendra toujours pour règle d'instituer celui que se sera choisi toute la communauté unanime dans la crainte de Dieu, ou même une partie de la communauté, si petite soit-elle, en vertu d'un jugement plus sain.

2. C'est pour le mérite de sa vie et la sagesse de son enseignement que l'on choisira celui qui doit être ordonné, même s'il est le dernier par le rang dans la communauté.

3. Si même toute la communauté choisissait d'un commun accord une personne complice de ses vices, – ;à Dieu ne plaise ;! ;–

4. et que ces vices viennent tant soit peu à la connaissance de l'évêque au diocèse duquel appartient ce lieu et des abbés ou des chrétiens du voisinage,

5. ils empêcheront la conspiration des méchants de l'emporter, et ils institueront dans la maison de Dieu un administrateur qui en soit digne,

6. sachant qu'ils en recevront une bonne récompense, s'ils le font avec une intention pure et par zèle pour Dieu, de même qu'ils commettraient au contraire un péché, s'ils négligeaient de le faire.

Commentaire :

Elire ou nommer le nouvel abbé? La solution adoptée par Benoit de faire élire l'abbé par la communauté n'était pas très répandue à son époque. Seuls les monastères du sud de la Gaule, de Lérins en particulier, avaient cette procédure. Dans les autres traditions monastiques, Pacôme, les Pères du désert, les Pères du Jura, le Maitre, l'abbé était désigné par le prédécesseur. Chez Basile, l'abbé était élu par des personnes extérieures au monastère. La législation de l'empereur Justinien stipule que c'est à l'évêque de choisir l'abbé (cf Michaela Puzicha, Commentaire de la RB, TIl P 264). Benoit s'inscrit donc dans la tradition des monastères de la Gaule. Il a fait un choix qui témoigne d'une belle confiance donnée à la communauté capable, dans la crainte de Dieu, de se choisir elle-même son supérieur. Cette façon situe bien aussi le monastère comme communauté dans l'environnement ecclésial. La communauté est responsable de son avenir et garde son autonomie par rapport aux influences extérieures, notamment à l'égard de l'autorité de l'évêque. Est préservé ainsi son caractère propre, son charisme de vie monastique au sein de l'église locale.

C'est l'évêque qui institue dans sa charge le nouvel abbé. La Règle du Maitre donne le déroulement de la cérémonie de cette installation célébrée au cours d'une messe. Celle-ci conjugue ce que nous appelons aujourd'hui l'installation, faite au lendemain de l'élection par celui qui a présidé les scrutins (avec remise des clefs par ex) et la bénédiction donnée par l'évêque local (avec remise de la Règle par ex). C'est impressionnant de voir cette stabilité dans les règles institutionnelles qui régissent nos vies. Bien sûr, il ne s'agit pas d'un copié- collé, mais les grandes structures demeurent ... Elles témoignent d'une sagesse donnée dès le départ, sagesse que tous les travaux menés autour du Concile Vatican II ont permis de retrouver et de dépoussiérer. L'histoire a pu connaitre entre temps bien des périodes où les choses étaient beaucoup plus complexes, avec un imbroglio entre les pouvoirs religieux et civils qui étaient loin d'être sains. La lecture du livre sur les moniales de Port Royal était assez éloquente sur les dérapages possibles. Nos histoires restent des histoires humaines et fragiles. Que le Seigneur nous garde dans l'unité et l'élan spirituel. (15 juin 2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 63, 10-19 De l'ordre de la communauté. écrit le 14 juin 2016
Verset(s) :

10. Les jeunes honoreront leurs anciens, les anciens aimeront leurs inférieurs.

11. En ce qui concerne les noms dont on s'appellera, il ne sera permis à personne d'en appeler un autre par son nom tout court,

12. mais les anciens appelleront les jeunes du nom de frères, tandis que les jeunes donneront à leurs anciens le titre de nonni, qui signifie « ;Révérend Père ;».

13. Quant à l'abbé, puisqu'il apparaît comme le représentant du Christ, on lui donnera les titres de seigneur et d'abbé, non qu'il se les arroge de lui-même, mais pour l'honneur et l'amour du Christ.

14. Mais de son côté, il devra y songer et se conduire de façon à être digne d'un tel honneur.

15. Chaque fois que les frères se rencontrent, le plus jeune demandera la bénédiction de l'ancien.

16. Au passage d'un supérieur, l'inférieur se lèvera et lui offrira le siège où il était assis. Et le plus jeune ne se permettra pas de se rasseoir avant que son ancien ne le lui commande,

17. pour faire ce qui est écrit : « Prévenez-vous d'honneurs mutuels. ;»

18. Les petits enfants et les adolescents, à l'oratoire et aux tables, garderont leur rang en bon ordre.

19. Mais au dehors et partout, ils seront surveillés et maintenus dans l'ordre, jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'âge où l'on comprend.

Commentaire :

Comment cultiver l'art de la fraternité? Je retiens trois mots de ce chapitre que nous pouvons rouler dans notre mémoire et dans notre cœur : frère, bénédiction, honneur.

Frère. Comme nous le rappelait le P. Joël de Tournay dans une lettre envoyée aux communautés, le mot « frère» exprime notre dignité de baptisé. Ainsi s'appellent dans le N.T. les disciples de Jésus qui expérimentent, qu'en lui, ils sont tous frères, sans distinction de races, de conditions ou d'âge. Jésus lui-même n'a pas craint d'être appelé notre frère. Quand St Benoit insiste pour qu'on s'appelle en faisant précéder notre nom, de frère, nous pouvons entendre ce rappel de notre dignité commune. Ce n'est pas le sang qui nous lie, ni l'amitié, mais c'est la fraternité reçu du Christ qui nous a appelés chacun à sa suite. Il est notre unité plus forte que toutes les diversités que nous pourrions croire séparatrices. Si nous écoutons le mauvais esprit, nous serons habités par toutes sortes de pensées qui divisent ou accusent. A l'inverse, si nous écoutons et regardons le Christ, nous apprendrons combien chacun est un frère précieux à ses yeux, qui a sa place dans sa maison, et qui peut l'avoir dans mon cœur.

Bénédiction. Le jeune frère demande la bénédiction de l'ancien lorsqu'il le rencontre. Tous, nous sommes assoiffés et désireux de bénédiction, de ces paroles qui font du bien, de paroles de reconnaissance, de paroles d'encouragement. Alors pour construire la fraternité, développons entre nous ces paroles bonnes, les « merci », les « bravo » ... Et luttons avec fermeté contre les paroles qui rabaissent, qui salissent ou qui jugent.

Honneur. St Benoit aime particulièrement ce mot. Honorer tous les hommes. «Se prévenir d'honneurs mutuels », cités deux fois. N'avons-nous pas là la manière bénédictine d'envisager la charité fraternelle? Non pas faire des choses extraordinaires, mais une manière d'être présent aux autres, par une disponibilité sans peur, par une attention empressée, par une assiduité dans le service ... Faire passer le souci de l'autre avant le souci de soi... en tenant une porte, en passant un plat, en veillant au pas plus hésitant de l'ancien, en lavant sa vaisselle ... Le quotidien nous requiert à toujours plus d'inventivité pour signifier à l'autre qu'il compte à mes yeux ... Chacun de nous reste un apprenti dans le domaine. Mais soyons heureux d'avancer au large grâce à l'honneur rendu aux autres. Honorer notre frère est source de vraie joie ... cela nous grandit. (14 juin 2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 63, 1-9 De l'ordre de la communauté. écrit le 11 juin 2016
Verset(s) :

1. Au monastère, on gardera les rangs comme ils sont établis par le temps de l'entrée en religion et par le mérite de la vie, et comme en décide l'abbé.

2. Cependant l'abbé ne mettra pas le trouble dans le troupeau qui lui est confié, et il ne prendra pas de disposition injuste, comme s'il jouissait d'un pouvoir sans limite,

3. mais il songera toujours qu'il devra rendre compte à Dieu de tous ses jugements et œuvres.

4. C'est donc suivant les rangs qu'il aura établis ou que les frères auront d'eux-mêmes, qu'ils iront recevoir la paix, communier, imposer les psaumes, et qu'ils se tiendront au chœur.

5. Et absolument partout, l'âge ne modifiera pas les rangs ni ne portera préjudice,

6. puisque Samuel et Daniel enfants ont jugé des anciens.

7. Donc à l'exception de ceux que l'abbé, comme nous l'avons dit, fera monter à bon escient ou fera descendre pour des raisons déterminées, tous les autres seront comme ils sont entrés en religion ;:

8. par exemple, celui qui arrive au monastère à la deuxième heure du jour se considérera comme plus jeune que celui qui est arrivé à la première heure, quel que soit son âge ou sa dignité.

9. Cependant les enfants seront maintenus dans l'ordre par tous et en tout domaine.

Commentaire :

Avec ce chapitre, comme en bien d'autres, St Benoit se montre sourcilleux afin que -'l'ordre règne dans la communauté. Etablir précisément les rangs entre les frères est une manière concrète de l'établir. Avons-nous là une des différences qui sépare une société plus traditionnelle d'une société plus moderne? La première insisterait sur l'ordre, les rangs et le sens de la préséance en vertu d'une tradition reçue, la seconde mettrait en avant la liberté des personnes et leur légitime responsabilité. Notre société contemporaine est désormais mue par la seconde aspiration avec toutes les chances et tous les inconvénients que cela comporte. Aucun modèle n'est parfait. Mais chacun peut recevoir de l'évangile une lumière et un dynamisme propre à faire signe du Royaume. C'est ainsi que St Benoit en proposant d'établir l'ordre en fonction de l'arrivée dans la communauté, transforme la vision naturelle de l'ordre. Celui-ci n'est plus fonction de l'âge ou des mérites comme dans la société d'alors, mais plus profondément fonction de l'appel du Seigneur à rejoindre la vie monastique. La vision de l'ordre traditionnel est ainsi transformée pour placer chacun sous le seul regard du Seigneur. Lui seul sait ce que vaut chacun. De même dans nos sociétés modernes si éprises de liberté, l'évangile vient à la manière d'un ferment pour nous introduire vers la vraie liberté. Faire ce que je veux, comme je veux et quand je veux, se révèle vite limité, et pour un bon nombre, cela sera occasion de se fourvoyer dans des voies périlleuses et aliénantes. L'évangile nous révèle que cette liberté première ne deviendra vraiment libre qu'au prix de la grâce gui coûte. Un seul est devenu vraiment libre : Jésus. Par sa grâce, par sa parole, il nous apprend à nous libérer de nous-mêmes, de cette partie tyrannique de nous-mêmes qui nous empoisonne la vie. Dans notre communauté, nous avons pris le parti d'avoir des places libres, au chœur, au chapitre ou au réfectoire. Comme l'autre modèle, c'est une chance et c'est un risque. Chance de pouvoir aller ici ou là sans trop réfléchir, et de jouir de la présence du plus grand nombre de frères. C'est un risque, celui de se fixer à des places par rigidité ou par peur d'aller vers les frères. Oui, mes frères, allons au bout de cette chance qui nous est offerte d'être vraiment libres. Quand nous peinons à être à telle place, ou à côté de tel frère, plutôt que de fuir, affrontons la difficulté. Profitons-en pour voir ce gui ne va pas en nous. Ne cherchons pas à changer le frère, mais saisissons toutes ces occasions difficiles pour mieux nous comprendre et mieux nous connaitre dans nos réactions profondes dont nous ne sommes pas toujours fiers. Demandons la grâce de l'Esprit, il est le Maître de notre liberté intérieure. (11 juin 2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 62 1-10 Des prêtres du monastère. écrit le 09 juin 2016
Verset(s) :

1. Si un abbé demande qu'on lui ordonne un prêtre ou un diacre, il choisira parmi les siens quelqu'un qui soit digne d'exercer le sacerdoce.

2. Quant à celui qui sera ordonné, il se gardera de l'élèvement ou de la superbe,

3. et il ne se permettra rien en dehors de ce que l'abbé lui commande, sachant qu'il sera soumis bien plus encore aux sanctions de la règle.

4. Et sous prétexte de sacerdoce, il n'oubliera pas l'obéissance et la discipline de la règle, mais de plus en plus il progressera vers Dieu.

5. Il regardera toujours comme sienne la place qu'il avait de par son entrée au monastère,

6. sauf pour le service de l'autel et si le choix de la communauté et la volonté de l'abbé voulaient le promouvoir en raison du mérite de sa vie.

7. Toutefois il saura garder pour lui-même la règle établie pour les doyens et prévôts.

8. S'il se permet d'agir autrement, on ne le jugera pas comme prêtre, mais comme rebelle.

9. Et si, après de nombreux avertissements, il ne se corrige pas, on fera même intervenir l'évêque comme témoin.

10. Si même alors il ne s'amende pas, ses fautes devenant notoires, on le mettra à la porte du monastère,

Commentaire :

Dans quelques mois, nous aurons l'ordination presbytérale de f. Jean Louis. Evènement heureux pour notre communauté qui n'a pas vu de nouveau prêtre depuis 14 ans. Ce ministère exercé par plusieurs frères dans la communauté est un service, mais peut-être plus profondément d'abord un signe. Service de l'eucharistie et du sacrement de la réconciliation, oui bien sûr. Mais peut-être, d'abord un signe. Signe concret et quotidien de notre appartenance et de notre insertion dans l'Eglise, Corps du Christ. Le risque n'est pas exclu de penser notre vie monastique tellement à part, qu'elle pourrait se suffire à elle-même, et se vivre dans une sorte d'autarcie un peu suffisante. Par le service qu'il accomplit au nom de t'Eglise, et selon les normes édictées par elle, le frère prêtre est au milieu de ses frères, ce rappel que nous sommes une petite cellule du grand corps de l'Eglise. Le prêtre fait ce que l'Eglise dit de faire. Il est serviteur d'un don reçu par la médiation de l'Eglise, et qui nous inscrit dans l'Eglise, Corps du Christ de laquelle nous nous recevons. De plus, envisager le service du prêtre seulement sous l'angle du faire risque d'être trop réducteur. Ce regard limité manque d'horizon et peut nous faire perdre de vue le grand mouvement de salut dans lequel les sacrements nous introduisent. Autrefois, on a beaucoup magnifié le sacerdoce du prêtre comme médiation entre le profane et le sacré, en vertu des pouvoirs reçus. Aujourd'hui, nous sommes plus sensibles à considérer le sacerdoce du prêtre au service du sacerdoce des fidèles. Le prêtre est signe du Christ Tête, au service des fidèles membres du Corps du Christ. Dans une communauté monastique, ce signe du Christ Tête est encore plus expressif, dans la mesure où celui qui le porte est l'un d'entre nous, avec lequel nous avons tout en commun. Il n'a pas reçu plus de pouvoirs, mais il a reçu la capacité et la mission d'être au milieu de ses frères, le serviteur et le signe du Christ Tête qui se donne pour que le Corps ait la vie. Cette nouvelle approche invite à un regard de foi plus affiné, moins sacral, de la part des frères envers le frère prêtre. Et elle invite les frères prêtres à une grande simplicité dans l'exercice de leur ministère. Dans la communauté, fidèles à ce que veut faire l'Eglise, ils font signe et se mettent au service du Christ Tête qui ne cesse de donner abondamment la vie au monde aujourd'hui. ( 9 juin 2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 61, 5-14 Des moines étrangers comment les recevoir. écrit le 08 juin 2016
Verset(s) :

5. Si par la suite il veut se fixer définitivement, on ne s'opposera pas à cette volonté, surtout que l'on a pu apprécier sa vie au temps où il recevait l'hospitalité.

6. S'il s'est montré exigeant ou vicieux au temps où il recevait l'hospitalité, non seulement il ne faut pas l'agréger au corps du monastère,

7. mais encore on lui dira poliment de s'en aller, de peur que sa misère ne vicie encore les autres.

8. S'il ne mérite pas d'être mis dehors, non seulement, s'il le demande, on le recevra et on l'agrégera à la communauté,

9. mais encore on le persuadera de rester, pour que son exemple instruise les autres,

10. et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur, on est au service du même roi.

11. Si même l'abbé voit qu'il en est digne, il pourra le mettre à une place un peu plus élevée.

12. D'ailleurs ce n'est pas seulement le moine, mais aussi ceux de l'ordre des prêtres et de celui des clercs dont il a déjà été question, que l'abbé peut établir à une place supérieure à celle de leur entrée, s'il voit que leur vie en est digne.

13. Mais l'abbé se gardera de jamais recevoir à demeure un moine d'un autre monastère connu, sans le consentement de son abbé ou sans lettre de recommandation,

14. car il est écrit : « Ce que tu ne veux pas que l'on te fasse, ne le fais pas à autrui. ;»

Commentaire :

« Comment arrivez-vous à vivre ensemble», nous demande-t-on assez souvent? Vivre ensemble est devenu un défi aujourd'hui. La mise en valeur de la liberté individuelle et de l'épanouissement personnel est souvent pensée comme réalisation de soi par soi, au détriment de la dimension communautaire. La société, le groupe doit servir mon développement personnel. Dans ce chapitre, Benoit met bien en valeur cette tension entre quelqu'un qui désire que la communauté soit à son service, et quelqu'un qui entre au contraire dans l~ propos communautaire. Dans le premier cas, on a un moine exigeant ou vicieux. On pourrait traduire aussi, tyrannique et esclave de ses passions. En d'autres termes, un homme centré sur lui-même et qui ne pense qu'à lui. Dans le second cas, il s'agit d'un moine qui peut être pris en exemple. Sa manière de vivre fait du bien à la communauté. Pas de paroles mais une manière d'être. Il désire servir « le même Seigneur et le même Roi ». Il a compris que servir la communauté et servir le Christ Seigneur, c'est tout un.

A l'écoute de ce chapitre, vivre ensemble pourrait sembler facile. Il suffit d'entrer dans ce qui est proposé. En fait, ce vivre ensemble demande un continuel travail intérieur: il nous faut lutter contre nos penchants égoïstes, et contre nos pensées à nous regarder comme le centre. Faire ce qui est proposé, bien le faire pour la gloire de Dieu et lajoie des frères, est un labeur exigeant.Renoncer à nos prétentions de faire ou de décider seul nous coûte. Seuls parfois les heurts ou les conflits peuvent nous réveiller. Les difficultés ou les remarques sont des moments salutaires dont il faut savoir profiter pour se demander: où est -ce-que j'en suis? Pourquoi je bute sur ce point? Pourquoi plusieurs frères m'ont déjà fait sentir que quelque chose n'allait pas? La vie commune nous laboure si nous savons nous laisser questionner et remettre en cause. C'est inconfortable sur le moment, et pourtant c'est une chance insigne. Notre terre, au lieu de se durcir, va pouvoir s'ouvrir à d'autres semences. Elle peut se donner avec plus de confiance et d'abandon à la Parole de Dieu. Nous serons plus en vérité sous son regard de Père qui nous espère toujours… (8 juin 2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 61, 1-4 Des moines étrangers comment les recevoir écrit le 07 juin 2016
Verset(s) :

1. Si un moine étranger arrive de provinces lointaines, s'il veut habiter au monastère en qualité d'hôte

2. et se contente de la coutume locale telle qu'il la trouve, sans troubler le monastère par ses vaines exigences,

3. mais en se contentant simplement de ce qu'il trouve, on le recevra aussi longtemps qu'il le désire.

4. S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité, l'abbé examinera prudemment si le Seigneur ne l'aurait pas envoyé précisément pour cela.

Commentaire :

« S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité» ... En quelques mots, St Benoit nous donne l'art de faire des remarques... un art difficile et pourtant nécessaire. Lors de notre réunion à Belloc, les abbés ont partagé sur la miséricorde dans leur ministère abbatial. Plusieurs ont souligné combien faire miséricorde, c'était aussi savoir dire une parole, même difficile à entendre, pour ne pas laisser un frère parfois errer sans repère. C'est alors un vrai acte de charité que de dire à un frère: « il y a quelque chose dans ta vie qui ne va ... et essayer de voir avec lui, s'il accepte, comment avancer ». Au contraire, le laisser dans son aveuglement peut-être le signe d'une indifférence qui n'a plus rien de fraternel...

Mais comment faire une remarque? Le psalmiste invoque: « Que le juste me corrige avec bonté». Paul recommande: « Dans le cas où quelqu'un serait pris en faute, vous les spirituels, rétablissez-le en esprit de douceur, te surveillant toi-même, car toi aussi tu pourrais bien être tenté (Ga 6,1). » Ou encore « le serviteur du Seigneur ne doit pas être querelleur, mais accueillant à tous, patient dans l'épreuve; c'est avec douceur qu'il doit reprendre les opposants, en songeant que Dieu peut-être leur donnera de se convertir, de connaitre la vérité et de revenir à la raison ... (2 Tm 2, 24-25) ». Bonté, douceur, patience, se surveiller soi-même ... nous ne sommes pas loin de la recommandation de Benoit qui invite à reconnaitre dans une remarque raisonnable, faite avec une humble charité, une possible manifestation du Seigneur. Comment faire une remarque? C'est dans l'union de ces trois mots « raisonnable, humble, charité» que se trouve le chemin. Pour que les mots qui sortent de notre bouche soient ainsi à l'égard de notre frère, il faut que notre cœur soit ainsi. Benoit ne propose pas ici, une stratégie de communication où il s'agirait de trouver le moyen formel de dire les choses. Il manifeste que la parole bienfaisante et utile, même si elle est difficile et rude à dire, est une parole qui engage toute notre personne. Notre raison est convoquée qui cherche la vérité au plus proche de la réalité. Notre cœur est invité à aimer celui à qui on parle. Même s'il est en faute ou en déficit il reste un frère, et la remarque est un acte d'amour. Notre être tout entier est convié à l'humilité. Nous restons faillibles et ce n'est pas en vertu d'une perfection que l'on parle, mais en vertu d'un appel à vivre selon la justice. Faire une remarque est difficile. Pourtant, sachons oser.Et pour cela, prenons le temps de prier avant pour le frère, pour soi-même pour parler de manière juste. Qu'ensuite, le frère entende ou non, cela ne nous appartient plus, « Dieu lui donnera peut-être de se convertir» ..(7 juin 2016).

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 60 1-8 Des prêtres qui voudraient habiter au monastère. écrit le 04 juin 2016
Verset(s) :

1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.

2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle

3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»

4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;

5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.

6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,

7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.

8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,

Commentaire :

Il y a quelques temps, un prêtre me posait la question: comment faire pour devenir moine? En parlant un peu avec lui,je me rendais compte qu'il s'interrogeait lui-même sur sa vie. Je lui ai donc expliqué les différentes étapes de la formation qui permettent d'intégrer la communauté et d'entrer peu à peu dans la vie monastique. Assez vite, il a exprimé son étonnement devant le fait de devoir refaire tout un parcours de noviciat, lui qui avait déjà reçu une formation au séminaire. Cela lui semblait difficile à vivre. Un autre point lui paraissait difficilement acceptable, le fait que durant les premiers temps de sa formation, il ne lui serait pas permis de présider la messe, seulement de concélébrer, en concertation avec le maître des novices. « Comment se fait-il que cela ne soit pas possible? Je suis prêtre et être prêtre c'est pouvoir présider la messe et la liturgie » ... J'ai été très intéressé par ce bref échange avec ce prêtre qui mettait bien en lumière la spécificité de la vocation monastique au regard de celle d'un prêtre de paroisse. La résistance de ce prêtre, marri de devoir entrer dans un cheminement de formation et de devoir renoncer à l'exercice de la présidence, permet de comprendre aisément la réticence de Benoit à accueillir des prêtres qui désirent devenir moine. Son insistance sur l'observance de la règle commune et sur la place reçue en vertu de son entrée au monastère et non en vertu de l'honneur dû à son sacerdoce, pointe bien les lieux où le bât blesse. Si le prêtre pense pouvoir s'appuyer sur ce qu'il a reçu et vécu comme un acquis qui lui donne des droits, il manifeste alors qu'il n'a pas compris ce qu'est la vie monastique. Celle-ci l'appelle, comme tout candidat à renaître totalement en utilisant les instruments spirituels qui lui sont propres: l'humilité, l'obéissance et la charité fraternelle. Elle l’entraîne à tout laisser, et surtout à se laisser soi-même, pour accepter de devenir vraiment un disciple de Jésus, à la manière de Benoit. La formation proposée à un prêtre n'est pas un savoir qui s'ajouterait au savoir déjà acquis, mais bien l'entrée dans une autre manière d'être. Ce prêtre qui a appris une certaine manière d'être disciple de Jésus, veut-il vraiment apprendre la manière de Benoit d'être disciple de Jésus? Pour ce prêtre, comme pour tout candidat à la vie monastique, il est important de vérifier si la manière de Benoit d'être disciple du Christ, fondée sur l'humilité, l'obéissance, la persévérance dans la prière et la vie fraternelle, le fait vivre et le rejoint en profondeur. Le Seigneur Jésus qui appelle ne cherche que le bonheur de chacun. (4 Juin 2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 59 1-7 Des fils de nobles qui sont offerts écrit le 01 juin 2016
Verset(s) :

1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,

2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.

3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –

4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,

5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.

6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.

7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.

Commentaire :

De ce chapitre qui nous semble appartenir à un passé révolu, je voudrais retenir un verbe qui revient 5 fois: le verbe « offrir». Offrir: j'aimerai m'arrêter sur la dimension spirituelle de l'offrande. Offrande d'un enfant, ici ce qui est énorme. Offrande de soi à travers l'offrande d'argent ou d'objets. Offrande de soi à travers le don de son temps. Offrande de soi dans une activité qui n'est pas toujours gratifiante, parce que très répétitive, voire fastidieuse. Offrande de soi avec le Christ dans l'Eucharistie: mémorial du don total de sa vie pour nous pécheur.

': Que faisons-nous quand nous disons que nous nous offrons avec le Christ à l'Eucharistie? La procession des offrandes, plus développée le dimanche, nous entraine à venir à l'autel avec le fruit du travail de nos mains: le pain et le vin. Avec ces oblats, nous apportons toutes nos activités humaines. Nous offrons au Christ notre labeur, celui des personnes présentes ou lointaines : ce beau travail des hommes et des femmes pour que la vie soit possible et qu'elle se transmette. J'aime bien penser à ce moment de la messe aux activités des frères dans le monastère (la cuisine, le ménage, la compta, le lavoir, le magasin ... etc), mais aussi à celles des gens de l'assemblée... Notre humanité travaille et, à travers le pain et le vin offerts, ce travail n'est pas perdu. Offert, présenté à Dieu, il est transformé en « sacrifice de louange» comme nous le dirons ce matin dans la prière eucharistique 1 : « Nous t'offrons pour eux (tous les fidèles réunis), ou ils t'offrent pour eux- mêmes et tous les leurs ce sacrifice de louange, pour leur propre rédemption, pour le salut qu'ils espèrent» ... En offrant notre travail à Dieu, nous lui exprimons notre reconnaissance, notre « hommage », offrande agréable à ses yeux de Père qui nous a tout donné. Nous le faisons en la présentant à la bénédiction de Dieu, à l' œuvre de son Esprit « pour qu'elle devienne pour nous le corps et le sang de ton Fils bien-aimé, Jésus Christ, notre Seigneur ». Nous unissons alors notre labeur et notre vie humaine à l'œuvre de salut que Jésus a réalisée sur la croix. En «faisant mémoire de sa Passion» et de sa « Résurrection », nous présentons à « Dieu de gloire et majesté, cette offrande prélevée sur les biens» qu'il « nous donne, le sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait, pain de la vie éternelle et coupe du salut ». Notre offrande initiale ne fait plus qu'une avec celle de Jésus pour le salut du monde et pour la gloire de Dieu à qui nous rendons « tout honneur et toute gloire pour les siècles des siècles ». (1 Juin 2016)