Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.
22. Si nous voulons habiter dans la demeure de ce royaume, on ne saurait y parvenir, à moins d'y courir par de bonnes actions.
23. Mais interrogeons le Seigneur avec le prophète, en lui disant : « ;Seigneur, qui habitera dans ta demeure, et qui reposera sur ta montagne sainte ? »
24. Cette question posée, frères, écoutons le Seigneur nous répondre et nous montrer le chemin de cette demeure,
25. en disant : « C'est celui qui marche sans se souiller et accomplit ce qui est juste ;
26. qui dit la vérité dans son cœur, qui n'a pas commis de tromperie par sa langue ;
27. qui n'a pas fait de mal à son prochain ;; qui n'a pas laissé l'injure atteindre son prochain ;» ;;
28. qui, lorsque le malin, le diable, lui suggérait quelque chose, l'a repoussé loin des regards de son cœur, lui et sa suggestion, l'a réduit à néant, et s'emparant de ses petits – les pensées qu'il lui inspirait – les a écrasés contre le Christ.
29. Ce sont ceux-là qui, craignant le Seigneur, ne s'enorgueillissent pas de leur bonne observance, mais qui, estimant que ce qui est bon en eux ne peut être leur propre œuvre, mais celle du Seigneur,
30. magnifient le Seigneur qui opère en eux, en disant avec le prophète : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rends gloire ! »,
31. de même que l'Apôtre Paul, lui non plus, ne s'attribuait rien de sa prédication et disait : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. »
32. Et il dit encore : « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. »
Pour commenter ces lignes entendues ce matin, je repartirai d'une affirmation du f.
Alain, lue hier midi: « On croit souvent que l'espérance du monde à venir est une fuite par
rapport au présent. Grâce à Moltmann, j'ai pu comprendre que c'est exactement l'inverse. En
effet, l'attente eschatologique du Christ, si importante pour la transmission de la foi, nous
permet d 'habiter le présent autrement, en surmontant les frustrations qui lui sont inhérentes.
Sans cette espérance, nous pouvons faire l'expérience de l'absurde. » Quand st Benoit nous
propose de courir vers le Royaume en œuvrant très concrètement, il nous engage non pas à fuir,
mais à nous insérer dans le temps présent, d'une manière très active. L'orientation vers le
Royaume voudrait nous ancrer davantage dans la prise au sérieux de notre temps présent.Certes
le célibat et la vie commune dans l'obéissance et le partage veulent faire signe du Royaume où
nous nous recevrons du Christ seul. Mais ils ne nous dispensent pas de la prise au sérieux de
temps présent. Comme le suggère St Benoit en reprenant le Ps 14 : Prise au sérieux du combat
pour la justice, en marchant sans se souiller. Prise au sérieux du combat pour la vérité en ne
laissant pas place à la tromperie. Prise au sérieux des relations en ne faisant rien qui nuise au
prochain. En marche vers le Royaume, le moine ne fuit pas le temps présent qui est bon, mais
qui est aussi le lieu d'un combat. A travers la lutte pour la justice, la vérité et la charité, vécue
entre frères, mais aussi avec tout homme, sont posées les bases du monde à venir.Qu'est ce qui
ne passera pas? N' est-ce pas la justice, la vérité et la charité? De manière très modeste mais
très appliquée, le moine ne voudrait en aucun cas relâcher son attention sur ces points qui
préparent le Royaume qui vient. Notre regard tendu vers le Royaume, nous fait approcher le
présent en ce qu'il a de plus essentiel, la justice, la vérité et la charité. Le temps présent ne se
limite pas à la recherche de la jouissance immédiate. Au contraire, il porte en germe le bonheur
du Royaume où tout sera justice, vérité et charité. En ce labeur du temps présent, rien qui serait
de l'ordre d'une lutte à la seule force du poignet.Non, St Benoit rappelle que la course menée
par le moine est une grâce reçue de Dieu. Elle aussi fait signe du Royaume et ce bonheur que
nous ne pouvons que recevoir, et non nous donner à nous-mêmes. (27-07-2016)
14. Et se cherchant un ouvrier dans la foule du peuple, à laquelle il lance cet appel, le Seigneur dit de nouveau :
15. « Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? »
16. Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit :
17. « Si tu veux avoir la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne prononcent point la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la.
18. Et quand vous aurez fait cela, j'aurai les yeux sur vous et je prêterai l'oreille à vos prières, et avant que nous m'invoquiez, je dirai : me voici ! »
19. Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite, frères bien aimés ?
20. Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous montre le chemin de la vie.
21. Ceignant donc nos reins de la foi et de l'accomplissement des bonnes actions, avançons sur ses voies, sous la conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés à son royaume.
« Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite, frères bien-aimés» Il
est bon de ré entendre ces lignes. Dans une vie comme la nôtre, marquée par la règle,
l'obéissance et l'observance de coutumes, il est facile d'oublier que derrière tout ceci, il y a
une voix aimante, un être qui nous espère : Dieu notre Père. Ce chemin qui se révèle rude à
certains jours, n'est pas un mauvais chemin inventé par un Père autoritaire qui se plairait à
nous faire plier l'échine pour son bon plaisir. Non cette pédagogie exigeante est le fait d'un
Père qui « dans sa bonté nous montre le chemin de la vie ». Ces paroles nous rappellent que
nous n'entrons pas dans la vie monastique parce que nous sommes des êtres exceptionnels.
Non, si nous choisissons la vie monastique, c'est parce que nous avons reconnus plus ou
moins consciemment, notre faiblesse et notre incapacité par nous-mêmes à mener une vie
cohérente selon l'évangile. Nous avons besoin du support de la pédagogie monastique avec
son organisation, son horaire et ses coutumes. En elle, nous avons reconnu une aide précieuse
pour nous permettre de grandir dans une intimité plus grande avec le Christ.Telle bonheur
que nous avons entrevu comme une promesse, en nous engageant dans ce chemin de vie.
Tel est le bonheur que ces lignes nous exhorte à garder en mémoire, alors que la
longueur du chemin et l'usure du temps peut en avoir émoussé en nous le souvenir ou le goût.
Les difficultés ainsi que l'affrontement à nos limites et à nos faiblesses pourraient à certains
jours nous décourager. Tel problème de relation, telle difficulté personnelle, telle incapacité à
progresser peuvent miner en nous l'espérance. Ce chemin mène-t-il bien au bonheur promis?
En pareil moment, il est urgent de se tourner vers le Seigneur. Son appel, entendu au début de
notre itinéraire, retentit en ces moments cruciaux, on pourrait dire « crucifiants ». Allons-nous
nous cramponner à notre idéal de perfection au risque de nous décourager, ou bien allons-
nous mettre notre confiance en Celui qui est doux et humble de cœur? Notre vie monastique
nous entrai ne vers une perfection évangélique qui transforme, voire déplace radicalement nos
désirs de perfection. Il nous faut alors nous remettre à l'école de Jésus doux et humble de
coeur, et nous laisser enseigner par lui. Nous pourrons recevoir de lui, et la capacité à aimer et
celle de nous donner comme lui jusqu'au bout. « Seigneur Jésus, rends notre cœur semblable
au tien ... » (26-07-2016)
8. Levons-nous donc enfin, puisque l'Écriture nous éveille en nous disant : « L'heure est venue de nous lever du sommeil »,
9. et les yeux ouverts à la lumière de Dieu, écoutons d'une oreille attentive ce que la voix divine nous remontre par ses appels quotidiens :
10. « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs ;» ;;
11. et encore : « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises. »
12. Et que dit-il ? « Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur.
13. Courez, pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous atteignent. »
Comment bien écouter? Comment bien entendre la voix divine? L'insistance de
Benoit sur l'écoute nous contraint à nous poser ces questions. La difficulté est réelle. Soit le
Seigneur se manifeste de facon très voilée, qu'on pense au bruit de fin silence de l'Horeb, ou
encore aux paraboles utilisée par Jésus qui suggèrent davantage qu'elles n'affirment. Ou soit,
il parle de façon très directe et tranchante par la bouche des prophètes, ou à la façon du
discours sur la montagne, et alors il est difficile d'accueillir vraiment ces paroles qui
bousculent. Dans le premier cas de la parole voilée, l'écoute demande de s'engager dans la
recherche, avec patience, avec finesse aussi. Dans le second cas de la parole directe, l'écoute
nous demande de l'humilité pour ne pas nous endurcir le cœur et devenir dur d'oreille.
Comment bien écouter pour recueillir la voix divine qui s'exprime de tant de manières
à travers les Ecritures comme dans notre vie quotidienne? N'est-ce pas en nous tenant devant
Celui qui nous parle, avec cette confiance absolue qu'il ne peut nous vouloir que du bien?
S'il s'adresse à nous, Lui notre Père des Cieux, Lui notre Seigneur Jésus, c'est par amour et
par désir de nouer une relation toujours plus vivante avec lui et avec nos frères. C'est cet acte
de foi en la bonté de la parole qui nous est adressé qui nous fait souvent défaut. Ne nous
surprenons-nous pas parfois en flagrant délit de nous méfier de Dieu? Qu'est-ce qu'il va
encore me demander? La parole de l'autre me dérange. Je me méfie parce que je pense ma
vie en fonction de mes seuls intérêts et préoccupations. Je me pense comme une totalité
autonome qui se gère elle-même. Mais n'est-ce pas cela que la Parole de Dieu et la parole des
frères viennent bousculer? La Parole vient opérer une brèche dans ma carapace toujours en
train de reformer, pour m'introduire dans une relation plus ouverte et disponible. Je ne suis
pas un être isolé, mais un être fait pour la relation. Cette relation va me bousculer, changer
mes plans, modifier mes façons de penser si j'accepte de me laisser atteindre par la Parole.
Pour écouter vraiment, et demeurer à l'écoute, il nous faut cultiver cette foi et cette confiance
dans le Seigneur qui me veut du bien. Il nous faut faire taire la voix de l'adversaire qui, depuis
le jardin d'Eden, insinue toujours un doute sur la bonté et la véracité de Dieu qui me parle et
me bouscule parfois. Nous pouvons dire avec le psalmiste: « Seigneur, je le sais, tes
décisions sont justes; Tu es fidèle quand tu m'éprouves» (Ps 118, 75) -( 22-07-2016)
4. Avant tout, quand tu commences à faire quelque bien, demande-lui très instamment, dans la prière, de le conduire à sa perfection,
5. afin que lui qui a daigné nous mettre au nombre de ses fils, n'ait jamais à s'attrister de nos mauvaises actions.
6. En tout temps, en effet, il nous faut lui obéir au moyen des biens qu'il met en nous, de sorte que non seulement, père irrité, il ne vienne jamais à déshériter ses fils,
7. mais aussi que, maître redoutable, courroucé de nos méfaits, il ne nous livre pas au châtiment perpétuel, comme des serviteurs détestables qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.
Un point me frappe dans ces lignes entendues: quand St Benoit envisage l'appel à
suivre le Christ en prenant les armes de l'obéissance, il le pense dans la perspective de la vie
éternelle. L'objectif final est de suivre le Christ jusqu'à la gloire. Aussi est-ce la raison pour
laquelle il faut demander dans la prière, la grâce d'être ainsi conduit jusqu'à la perfection.
Autrement dit, pas de demi-mesure. Mais la perfection, dont il s'agit, n'est pas une perfection
abstraite, ou une idée. Non, c'est la perfection de l'appel entendu à suivre le Christ. A chacun
l'appel a été adressé d'une façon unique. Il nous revient d'aller jusqu'au bout de cet appel.
Notre bonheur sera dans une réponse entière. Je crois que nous avons tous fait un jour
l'expérience de mesurer, combien il pouvait y avoir une certaine tristesse à rester dans la
médiocrité. Alors qu'il y a une vraie joie à aller au bout, à chercher sans relâche à nous
donner. Heureux sommes-nous, si en mesurant notre faiblesse, nous ne nous décourageons
pas, en nous appuyant sur la grâce implorée dans la prière.
St Benoit nous donne une parole d'encouragement quand il affirme : « Il nous faut lui
obéir (au Seigneur) au moyen des biens qu'il met en nous» ... Au moyen des biens qu'il met
en nous. Si le Seigneur nous appelle à prendre les armes glorieuses de l'obéissance, il nous en
donne aussi les moyens. Nous ne sommes pas démunis pour répondre. A tous, il fait le don de
son Esprit, qui nous apprend à entrer peu à peu dans l'obéissance du Christ, la seule qui plait
au Père. L'Esprit Saint déploie ainsi en nous la vie des fils de Dieu, en nous rendant
semblable à Jésus. Peu à peu, il nous fait passer d'une obéissance de peur, ou d'une
obéissance extérieure à une obéissance plus intérieure. Il nous apprend à faire de notre vie un
consentement, consentement à la réalité, consentement d'amour à la Parole. Il y a des jours où
cela nous est plus facile, et d'autres où cela semble bien loin, voire inatteignable. L'essentiel
n'est-il pas de garder le désir, de demeurer ouvert à toute parole et de prier quand c'est trop
difficile ... (21-07-2016)
1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.
2. Ainsi tu reviendras, par ton obéissance laborieuse, à celui dont tu t'étais éloigné par ta désobéissance paresseuse.
3. À toi donc, qui que tu sois, s'adresse à présent mon discours, à toi qui, abandonnant tes propres volontés pour servir le Seigneur Christ, le roi véritable, prends les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance.
Avec ce début du prologue, nous avons comme le concentré de notre vie monastique et
chrétienne. Un concentré que nous pourrions apprendre par cœur pour laisser résonner chaque
mot. Tous les mots importants sont là: « écouter, fils, cœur, père, aimer, mettre en pratique,
revenir, obéissance-désobéissance, volonté, servir, le Seigneur Christ.:.» Durant les 73
chapitres qui vont suivre, St Benoit ne cessera de reprendre ces mots importants pour donner à
notre vie quotidienne sa vraie saveur et sa vraie dimension. Et cette dimension n'est pas
seulement celle de notre vie individuelle, voire communautaire. Mais elle est celle de toute
notre humanité en marche. Le « qui que tu sois» auquel s'adresse Benoit, est l'être humain,
l'Adam du début de la genèse qui, par sa désobéissance, a perdu le sens du chemin. Comment
retrouver ce chemin et ce sens ?
Dans les échanges que nous avons eus avec le P. Antoine, le prieur de Thien An, celui-
ci nous disait que la culture asiatique est une culture matriarcale qui insiste sur deux éléments,
le «je» et le « tu ». Alors que la culture européenne, issue de la tradition judéo-chrétienne
insiste sur trois éléments: le «je », le « tu » et la « loi ». Dans une perspective
d'inculturation, il relevait qu'il n'était pas facile pour des asiatiques d'intégrer la loi. En
écoutant ce début du prologue, je repense à cet échange sur nos deux cultures. St Benoit, à la
suite du début de la genèse part du constat qu'il n'est aisé pour personne d'accepter la loi, une
parole qui vient du dehors et qui introduit un changement, voire une rupture. Ecouter, obéir à
une parole n'est pas facile. Cela nous déplace toujours, nous sort de nous-même. Nous avons
besoin d'un guide. C'est le Christ. Lui la Parole, la Loi, s'est fait comme l'un de nous pour ne
pas nous effrayer.Pour nous permettre d'entendre et d'accepter sa Parole, il n'a pas haussé la
voix, il ne s'est en rien imposé. Il s'est mis à notre service en nous lavant les pieds. Il nous a
montré le chemin de l'obéissance. Mais surtout, il a donné son Esprit, fruit de sa mort et sa
résurrection. L'Esprit, Lui la Loi intérieure, nous rend alors capable d'écouter. Il nous en
donne la force et le goût.Cette loi n'est plus extérieure. Loi intérieure, l'Esprit nous donne la
force de prendre les armes de l'obéissance, pour aller au bout de nos résistances inscrites en
notre chair. Ensemble, prenons les armes de l'obéissance, pour entrer plus résolument dans
une profonde relation filiale avec notre Père, et dans une profonde relation avec nos frères.
Jérémie le prophète a pris ses armes de l'obéissance ... Il s'est ouvert à la parole semée en lui. (20-07-2016)
1. S'il existe un zèle mauvais et amer qui sépare de Dieu et conduit en enfer,
2. il existe aussi un bon zèle qui sépare des vices et conduit à Dieu et à la vie éternelle.
3. Tel est donc le zèle que les moines pratiqueront avec un ardent amour ;:
4. ils « se préviendront d'honneurs mutuels » ;
5. ils supporteront sans aucune impatience leurs infirmités corporelles et morales ;;
6. ils s'obéiront à l'envi ;
7. personne ne recherchera ce qu'il juge être son avantage, mais plutôt celui d'autrui ;;
8. ils pratiqueront la charité fraternelle avec désintéressement ;;
9. avec amour ils craindront Dieu ;
Pour St Benoit, observer cette Règle, c'est faire preuve d'un
commencement de vie religieuse. Nous ne sommes qu'à un début.
Nous avons beaucoup plus beau à découvrir. C'est une découverte
insoupçonnée qui nous attend, si nous parvenons jusqu'à Dieu.
Si notre vie monastique est vécue avec fidélité, avec générosité, elle
est alors facile, nous nous y sentons à l'aise, nous y trouvons une
joie très grande. Mais au contraire, elle devient lourde, elle nous
écrase, si nous traînons les pieds, si nous marchandons avec Dieu.
Entendons aujourd'hui l'appel de Dieu au don de notre vie.
« Toi qui te hâtes. » Dans ce court chapitre, il est question deux fois
de se « hâter ». Dans l'Evangile nous avons plusieurs exemples de
hâte: Marie, enceinte de Notre Seigneur, se hâte vers Elisabeth. Les
bergers, avertis de la naissance du Sauveur, se hâtent vers l'étable
de Bethléem. Zachée se hâte de descendre de son sycomore, pour
recevoir Jésus. Et Jésus lui-même nous dit sa hâte que le feu qu'il est
venu allumer sur la terre embrase tous les hommes. Et nous? Vers
qui, vers quoi nous hâtons-nous, au fil de nos journées?
« Avec l'aide du Christ », appliquons-nous à vivre selon notre Règle.
Elle nous donne Dieu, elle nous conduit sur son chemin. Mais il en
est de la Règle comme de l'Ecriture: Ce n'est pas de l'extérieur,
mais de l'intérieur que nous devons apprendre à la connaitre. En la
vivant. Il s'établit alors peu à peu en nous une connaissance
nouvelle, dans l'Esprit Saint. Pour cela nous devons la lire, l'écouter,
la prier. Demander à Dieu son aide pour la mettre en pratique et lui
permettre de se révéler à nous. A la mesure de notre désir de Dieu,
dans chacun de ces mots, nous découvrirons Dieu. Une personne
qui nous connait bien dit ceci: « La Règle, elle n'est pas réservée aux
moines. C'est un mode d'emploi pour vivre l'Evangile ». (16/7/16 )
1. S'il existe un zèle mauvais et amer qui sépare de Dieu et conduit en enfer,
2. il existe aussi un bon zèle qui sépare des vices et conduit à Dieu et à la vie éternelle.
3. Tel est donc le zèle que les moines pratiqueront avec un ardent amour ;:
4. ils « se préviendront d'honneurs mutuels » ;
5. ils supporteront sans aucune impatience leurs infirmités corporelles et morales ;;
6. ils s'obéiront à l'envi ;
7. personne ne recherchera ce qu'il juge être son avantage, mais plutôt celui d'autrui ;;
8. ils pratiqueront la charité fraternelle avec désintéressement ;;
9. avec amour ils craindront Dieu ;
10. ils affectionneront leur abbé d'une charité sincère et humble ;;
11. « ils ne préféreront absolument rien au Christ. ;»
12. Que celui-ci nous fasse parvenir tous ensemble à la vie éternelle ;!
Ce qui est remarquable dans ce chapitre, c'est qu'il nous offre une
image du cœur de l'homme. En deux phrases Saint Benoit dresse ce
portrait. Il commence au premier verset par citer le zèle amer. Mais
à partir du second verset, et jusqu'au bout, il nous décrit le bon zèle,
sans plus revenir sur le zèle amer.
Saint Benoit nous montre donc l'humanité, quand elle est
transformée par la rencontre de Dieu. D'une part il est lucide, car il
sait que le mal existe. Que la méchanceté est monnaie courante.
Que l'amertume et l'aigreur enferment ceux qui s'y laissent aller
dans un véritable enfer.
Mais il s'émerveille surtout du bien. Car ce qui est étonnant, ce n'est
pas le mal. Cette pente sur laquelle nous glissons si facilement. Mais
c'est le bien. Voilà la bonne nouvelle, au terme de la Règle. Le bien
est possible. Il est appelé à prendre de plus en plus de place dans
nos vies.
Saint Benoit est donc lucide, mais plein d'espérance. Et nous
sommes tous appelés à cette transformation intérieure, qui consiste
à être lucides sur le mal. En nous, d'abord, puis autour de nous.
Mais à rayonner d'espérance, parce que le Christ a vaincu le mal,
une fois pour toutes.
Nous le savons tous d'expérience, ce n'est pas parce que l'on aime
que l'on entre au monastère. C'est pour apprendre à aimer. Et pour
apprendre à aimer, Benoit nous engage à pratiquer ces actes
d'amour qui, peu à peu, avec le temps, vont transformer notre être
profond, éveiller cet amour qui vit au plus profond de notre cœur.
Pour Benoit, l'amour, c'est la manière d'être de Dieu lui-même, qui
ne fait pas de différences entre nous. (15/7/16 )
6. De plus, si un frère reçoit une réprimande quelconque de l'abbé ou de n'importe lequel de ses anciens pour quelque raison que ce soit, si mince qu'elle puisse être,
7. et s'il sent que l'esprit de n'importe quel ancien est légèrement irrité contre lui ou ému si peu que ce soit,
8. aussitôt et sans délai il se prosternera à terre et fera satisfaction, étendu à ses pieds, jusqu'à ce qu'une bénédiction vienne calmer cette émotion.
9. Celui qui refuse de faire cela, on lui infligera un châtiment corporel, ou bien, s'il est obstiné, on le chassera du monastère.
Pourquoi l'obéissance est-elle la voix qui mène à Dieu?
Saint Benoit nous donne la clé de sa doctrine de l'obéissance dans
les versets que nous venons d'entendre. Là, il met en scène le frère
qui s'aperçoit qu'il en a contristé un autre. Aussitôt, il se jette à ses
pieds, pour obtenir une bénédiction. Cela peut paraître curieux, car
Benoit ne fait pas référence à un ordre reçu, simplement à un signe
de contrariété. Pour St Benoit, la voie de l'obéissance passe par ce
grand respect de l'autre.
C'est un chemin d'oubli de soi, de mon désir, de mon idée sur la
manière de faire. L'obéissance n'est donc pas une conformité un
peu raide à des ordres reçus d'une hiérarchie. Elle est plutôt une
attention à ce qui n'est pas moi. Parce que l'autre, parce que Dieu a
du prix pour moi. La voie de l'obéissance est donc bien chemin
d'amour. Nous devons essayer d'être plus disponibles, plus dociles à
la grâce, pour arriver à l'humilité. Un effort d'humilité, c'est un
progrès dans la charité.
Chez St Benoit, l'obéissance n'a donc rien à voir avec une
quelconque disciple militaire. Même si discipline signifie l'art d'être
disciple. L'obéissance est cet art de l'ouverture à l'autre, qui est le
propre de toute la révélation biblique. Dans l'Ecriture, Dieu cherche
une oreille attentive. Il incline l'oreille de ceux qu'il aime, pour qu'ils
écoutent sa Parole. Cet art spirituel s'apprend dans les toutes
petites choses de la vie.
Celui qui n'entend pas la voix de son Abbé, de ses frères, n'entendra
pas non plus le doux murmure de Dieu, au fond de son cœur.
(14/7/16 )
1. Ce n'est pas seulement envers l'abbé que tous doivent pratiquer le bien de l'obéissance, mais en outre les frères s'obéiront mutuellement,
2. sachant que par cette voie de l'obéissance ils iront à Dieu.
3. Aussi, mis à part les ordres de l'abbé ou des prévôts qu'il institue, ordres auxquels nous ne permettons pas que l'on préfère ceux des particuliers,
4. pour le reste tous les inférieurs obéiront à leurs anciens en toute charité et empressement.
5. Si quelqu'un est pris à contester, on le réprimandera.
St Benoit fait un raccourci saisissant entre l'obéissance et l'amour de
Dieu! Saisissant, mais pas si évident: pourquoi, l'obéissance nous
conduirait-elle à Dieu? Ce qui est certain, c'est que Benoit lui
attache une grande importance, puisque les deux chapitres qu'il lui
consacre, 5 et 71, semblent enserrer toute la doctrine spirituelle de
la Règle.
Une maxime exprime avec force cette conviction: L'obéissance est
la voie par laquelle on va à Dieu. Cette parole nous fait penser à
l'itinéraire proposé au novice: « les choses dures et âpres par
lesquelles on va à Dieu ». Et aussi à la grande perspective tracée au
début du Prologue: « revenir par une obéissance laborieuse à Celui
dont on s'était écarté par une désobéissance paresseuse ». Cette
perspective immense et indéterminée, nous la voyons se concrétiser
ici en une foule d'actes précis, qui remplissent toute l'existence du
moine.
Peu importe que le frère soit plus ou moins qualifié pour donner un
ordre. Peu importe la qualité objective de ce qu'il commande,
l'obéissance est toujours un bien pour celui qui veut suivre le Christ.
Elle nous fait pratiquer le renoncement à nous-même, et l'humilité,
l'imitation du Christ et la charité.
C'est ce que nous disait le troisième degré d'humilité: « le 3ème
degré d'humilité est que, pour l'amour de Dieu, on se soumette au
supérieur en toute obéissance, imitant le Seigneur, dont l'Apôtre
dit: S'étant fait obéissant jusqu'à la mort », C'est aussi ce que
Benoit indiquait quand il parlait des choses impossibles: nous
obéissons par amour. Obéir, c'est prendre l'attitude du serviteur. A
la dernière Cène, le Christ a fait de cette attitude l'exemple de
l'amour suprême. (13/7/16 )
1. On évitera, au monastère, toute occasion de présomption,
2. et nous décrétons que personne n'aura le droit d'excommunier ou de frapper aucun de ses frères, s'il n'en a reçu pouvoir de l'abbé.
3. Mais « on reprendra les coupables en présence de tous, afin de faire peur aux autres. ;»
4. Quant aux enfants jusqu'à l'âge de quinze ans, tous auront soin de les maintenir dans l'ordre et les surveilleront,
5. mais en toute mesure et raison.
6. Si quelqu'un se permet quoi que ce soit contre un adulte sans instructions de l'abbé ou s'emporte sans discrétion contre des enfants, il subira les sanctions de règle,
7. car il est écrit : « Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui. ;»
Il peut arriver qu'un frère un peu plus ancien soit tenté de faire des
remarques à un frère plus jeune. Benoit maintient le droit de
correction exclusif à l'Abbé. Aucun frère ne peut l'usurper. Déjà St
Pacôme notait que personne, au monastère, ne doit reprendre un
frère, si l'Abbé ne l'y a autorisé.
Ne disons pas: ce n'est pas ma tendance. Car nous avons tous plus
ou moins ce défaut qui consiste à juger les autres. Nous pensons
que ce serait quand même mieux s'ils pensaient et agissaient
comme nous-mêmes. Saint Benoit nous met en garde. Pourquoi
vouloir niveler tout le monde? Chacun a son visage particulier, et
chacun est aimé par le Christ. Chacun est travaillé par le Christ d'une
manière très personnelle. Le cœur de mon frère est un mystère.
Nous sommes réunis ensemble par Dieu. C'est avec ces frères que
nous avons à faire notre salut. Que nous devons apprendre à aimer.
Sachons nous réjouir de tout le bien que nous voyons. Et nous
réjouir aussi lorsqu'il nous faut pratiquer la patience. Souvent ce
n'est pas une chose grave qui nous irrite, mais, jour après jour, elle
peut être l'occasion de beaucoup de charité.
Avoir tellement le zèle de la perfection de ses frères, que l'on passe
son temps à les épier: c'est une charité mal comprise! La perfection
ne s'impose pas. Si on voit une imperfection chez l'autre, prier pour
ce frère. Appliquons-nous à nous mettre à la place des autres. A les
aider de toutes nos forces par la prière, et par la générosité à vivre
nous-mêmes avec fidélité notre vie monastique. Se corriger soi-
même, nous savons bien que c'est un rude travail !
Avant de vouloir réformer les autres, désirons la sainteté pour nous-
mêmes. Si nous nous engageons sur ce chemin de perfection, nous
serons plus indulgents. (12/7/16 )