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1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.
2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.
3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,
4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.
Dans ce chapitre, on peut noter cette précision: le capitule lu après les psaumes, sera
tiré de l'Apocalypse. Une précision qui accentue la note pascale déjà donnée à l'office des
Laudes du dimanche par les Ps 117, 62, et par le cantique des trois enfants de Daniel, que
Benoit appelle « bénédictions». Ces textes tirés de 1 ' AT sont chantés comme des
préfigurations de ce matin unique de la Résurrection dont chaque dimanche fait mémoire.
Avec la lecture tirée de l'Apocalypse, c'est une note eschatologique qui est donnée. Sans
qu'on sache précisément le ou les texte(s) choisi(s) par Benoit, le livre de l'Apocalypse chante
la victoire du Christ sur les puissances de mort, victoire qui ne cesse de s'actualiser dans le
temps présent jusqu'à 'la consommation des temps. Choisir un morceau de l'Apocalypse pour
lecture à l'office des Laudes du dimanche, est une manière de relier la mémoire de la
Résurrection à son plein accomplissement qui, tendu vers la Venue du Christ Glorieux, se
réalise déjà dans notre histoire en travail d'enfantement.Quand nous faisons mémoire de la
Résurrection, chaque dimanche, nous ne faisons pas que nous souvenir d'un évènement passé,
mais nous célébrons et accueillons dans nos vies présentes, la vie du Ressuscité, pour qu'elle
transforme notre monde appelé à être sauvé.
Comme je le disais déjà, un propos plus pédagogique nous a conduits à prendre pour
capitule à Laudes, la seconde lecture de la messe, afin d'unifier notre écoute et notre attention
durant notre journée monastique. Mais la note eschatologique apportée par l'Apocalypse est
aussi présente dans notre office. Le cantique chanté aux Vêpres du dimanche est tiré de l'Ap.
En ce temps de 1 ' Avent, nous chantons un extrait du chap. 15 ... C'est le « Cantique de Moïse
et de l'Agneau»repris par « tous ceux qui ont remporté la victoire sur la Bête ». Ce cantique
exprime déjà la victoire réalisée qui sera manifestée à la fin des temps que nous attendons:
« Toutes les nations viendront se prosterner devant toi, car tes jugements se sont révélés» ...
En temps ordinaire, nous avons ce beau cantique tiré du chap. 19, « voix d'une foule immense
qui, comme la voix des océans» proclame: « Alléluia! Il règne,le Seigneur, notre Dieu tout-
puissant ... Car elles sont venues les noces de l'Agneau,et pour lui son épouse a revêtu sa
parure!» En reprenant ce cantique, nous sommes la voix de l'Epouse qui déjà participe à la
victoire de l'Agneau, dans l'Espérance de la voir s'accomplir pleinement. Ecouter et chanter
l'Apocalypse, nous fait percevoir combien notre chant ici et maintenant est mémorial,
souvenir de l'évènement pascal, actualisé dans notre participation à la Victoire du Christ
Vivant, dans l'attente qu'Il vienne. (07/12/2016)
7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,
8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .
9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.
10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.
11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,
12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.
13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.
« La lecture de l'évangile achevée, tous répondront: 'Amen' ». Notre pratique actuelle
pour achever les Vigiles est un peu différente. L'évangile est conclue par l'acclamation
trinitaire' Te decet laus - A toi la louange, à toi l 'hymne de gloire'. Puis vient l'oraison du
dimanche à laquelle on répond « Amen» qui conclue alors l'office.
Il n'est certainement pas identique de répondre« Amen» à la lecture de l'évangile,
que de le faire à la suite d'une oraison, cette prière attachée à un dimanche ou à une fête. On
peut penser que le « Amen» à la suite de l'évangile -alors certainement un évangile de la
résurrection- exprimait l'adhésion vive de la foi en la résurrection proclamée dans la Parole,
ou encore la foi vive en Jésus, le Vivant reconnu en la Parole proclamée. La lecture solennelle
de l'évangile entendue debout aux vigiles comme à la messe, nous met en présence de Jésus le
Vivant en sa Parole. Je me pose la question s'il ne serait pas juste lors des Vêpres, d'écouter
l'évangile aussi debout, restant debout après le cantique du NT, avant de se rasseoir après la
lecture. Normalement, le cursus des capitules lus durant l'office ne prévoit pas la lecture de
l'évangile. Nous l'avons inséré, dans un souci pédagogique, afin de ne pas multiplier les
textes scripturaires entendus et de permettre une meilleure assimilation, tout en donnant une
unité entre euchar. et office. La commission de liturgie pourrait réfléchir si cela est opportun.
Pour revenir aux vigiles, l'acclamation trinitaire mise après l'évangile est aussi une
belle façon d'élargir notre adoration, non seulement au Christ, mais à la Ste Trinité. Tout le
mystère du Christ est ressaisi dans la lumière de la gloire trinitaire.
Je voudrais m'arrêter pour finir sur l' « Amen ».Nous avons bien des occasions de le
dire durant nos journées: pour conclure les oraisons à l'office, à la messe, mais aussi au
réfectoire, ou encore à la fin des offices de Laudes et de Vêpres, et enfin après la bénédiction
qui introduit les lectures aux vigiles. Je remarque une chose: lorsque les « amen» sont dits, et
non chantés, je les trouve bien peu dynamiques ... presque poussifs ... comme si on n'était pas
vraiment là dans ce qu'on dit. Cette parole qui signifie: j'adhère, je crois (qu'on pense au
moment où l'on reçoit le corps du Christ) a un relief qui mérite d'être souligné. Nous ne
pouvons l'escamoter, ou la dire du bout des lèvres. Chacun veillons à être davantage là dans
notre « Amen », dans notre réponse de foi. La commission de liturgie pourrait vérifier si un
mode cantilé ne favoriserait pas une réponse plus ferme. (06/12/2016)
1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.
2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.
3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.
4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.
5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.
6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.
Michaela Puzicha qui commente la RB, et dont j'aime bien lire les commentaires, note
que St Benoit innove aux vigiles du dimanche, en mettant au 3° nocturne, des cantiques tirés
des prophètes, et non des psaumes, selon un usage alors répandu (cf Commentaire de la Règle
de St Benoit, vol 1, p. 201). Peut-être veut-il ainsi préserver le nombre des 12 psaumes sans
en ajouter? Cela laisse pressentir aussi la place d'honneur qu'il donne à ces textes de l'AT,
qui sont psalmodiés comme les autres psaumes. Al' office des Laudes, il prévoit la psalmodie
d'un cantique de l'AT, en conformité avec l'usage de l'office célébré dans les basiliques
romaines. Aux Vêpres, il ne connait pas l'emploi de cantiques tirés du NT.
Que dire de l'usage des cantiques que nous faisons dans nos offices? Nous avons
conservé l'usage d'un cantique de l'AT aux Vigiles des dimanches et des fêtes, ainsi qu'aux
Laudes et l'usage d'un cantique du NT aux Vêpres. Les cantiques tirés de l'AT varient selon
les temps liturgiques, alors que ceux du NT varient peu. Cette variété est riche pour nous faire
chanter et entendre des textes tirés des corpus des prophètes, notamment durant l ' Avent (à
l'exception de celui tiré des Nb), mais aussi en Carême et au Temps Pascal. En temps
ordinaire, nous puisons aussi aux livres sapientiaux ... Il Y a quelques années, f. Hubert nous a
permis d'avoir à Laudes, un éventail de cantiques plus large en intégrant de nouveaux textes
proposés à la fin de notre psautier, et en les répartissant en une semaine 1 et 2 ... Peut-être
pourrait -on faire de même pour les cantiques de l'AT des vendredi et samedi du temps
ordinaire qui sont encore identiques pour les semaines paires et impaires.
Cet usage plus développé des cantiques de l ' AT nous permet d'entendre et de faire
nôtre des voix aux harmoniques différentes selon les livres bibliques. Il n'est pas pareil de
chanter le poème prophétique de Balaam, comme ce matin: « Ce héros, je le vois, mais pas
de près ... un astre se lève, issu de Jacob» ou de reprendre la plainte du prophète Isaïe que
nous aurons demain: « Ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais ... nous sommes tous
l'ouvrage de tes mains ». Ces cantiques nous enseignent, et sur le dessein de Dieu qui se
réalise dans l'histoire, et sur l'espérance confiante du peuple d'Israël en son Dieu. Ces
cantiques morceaux choisis des livres prophétiques ou sapientiaux nous offrent comme un
condensé de la Bonne Nouvelle du Salut:« Ne crains pas, Sion, Ne laisse pas tes mains
défaillir! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui le héros qui apporte le salut» (So 3, 14sq) - (01/12/2016)
1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,
2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.
3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.
Si l'on doit raccourcir l'office des vigiles, en raison de la brièveté de la nuit en été, St
Benoit tient fermement à ce que l'on maintienne le nombre des 12 psaumes, selon une
tradition transmise par Cassien et reçue de l'Egypte. Le Maitre fixait le nombre minimal à 9,
d'autres à 24 ou 18 ... Ce nombre de 12 psaumes est compté en dehors du psaume 3 qui est
une sorte d'introduction, et du psaume 94, le psaume invitatoire ...
Je voudrais m'arrêter sur nos psaumes invitatoires. Après le verset, « Seigneur, ouvre
mes lèvres », par lequel nous exprimons notre indigence et notre faiblesse pour prier, si Dieu
ne nous vient en aide, le psaume invitatoire nous entraine dans la prière. Le type du Ps
invitatoire reste le Ps 94. J'en retiens trois éléments qui structurent notre prière: l'invitation à
l'action de grâce joyeuse, l'appel à l'adoration et l'exhortation à l'écoute ... Invitation à
l'action de grâce joyeuse:« venez crions de joie pour le Seigneur. 00 Allons jusqu'à lui en
rendant grâce », au motif qu'il est le créateur de tout « il tient en main les profondeurs de la
terre ». Prise de conscience qui appelle l'adoration:« Entrez, inclinez-vous ... adorons le
Seigneur qui nous afaits ». Prise de conscience « qu'il est notre Dieu et que nous sommes le
peuple qu'il conduit » ... et qui engage alors à l'écoute:«Aujourd'hui écouterez-vous sa
parole? ». Cette interpellation divine, reprise au début du Prologue (10), sonne comme
l'appel majeur qui sous-tend toute l'activité de l'office choral, comme toute la vie du moine:
vivre à l'écoute de la Parole, en dialogue continuel avec le Seigneur qui parle. Ces trois
éléments se retrouvent plus ou moins dans les autres Ps invitatoires que nous utilisons. Ps 80 :
« Criez de joie pour le Seigneur notre force» ... « Sonnez du cor pour le mois nouveau» en
souvenir de la sortie d'Egypte quand le Seigneur a sauvé Israël de l'oppression. Mémoire qui
renouvelle l'appel à l'écoute:« Ecoute, je t'adjure, ô mon peuple. 00 Ouvre ta bouche moi le
j'emplirai ... » Au Ps 95, la note de louange joyeuse se mêle à l'adoration. « Chantez au
Seigneur un chant nouveau ... Adorez le Seigneur éblouissant de sainteté .. .Joie au ciel, exulte
la terre ... » Pas d'appel explicite à l'écoute, mais une confession de foi et d'espérance dans le
Seigneur qui vient: « Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité» ... On
peut relire ainsi encore le Ps 97 et 98 que l'on a le vendredi et le samedi ... Dans ces derniers,
l'appel à l'écoute n'est pas explicite. La foi dans le Seigneur qui vient anime le Ps 97 : « que
les montagnes chantent leur joie, car il vient pour gouverner la terre » ... Notre prière est
toujours tournée vers la promesse d'un avenir de justice réalisé par Dieu et que nous célébrons
en chaque Avent. (30/11/12016)
1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »
2. On y joindra le psaume trois et le gloria.
3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.
4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.
5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.
6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.
7. Quand le chantre commencera de le dire, aussitôt tous se lèveront de leurs sièges en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité.
8. On lira aux vigiles les livres d'autorité divine de l'Ancien Testament aussi bien que du Nouveau, ainsi que les commentaires qu'en ont faits les Pères catholiques réputés et orthodoxes.
9. Après ces trois leçons avec leurs répons, suivront les six psaumes restants, qu'on chantera avec alleluia.
10. Après ceux-ci suivra la leçon de l'Apôtre, qu'on récitera par cœur, le verset et la supplication de la litanie, c'est-à-dire Kyrie eleison ,
11. et ainsi s'achèveront les vigiles nocturnes.
« Tous se lèveront de leur siège en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte
Trinité » ... Notation corporelle comme en passant dont St Benoit est assez économe en
général. Notation précieuse cependant qui rappelle combien nos attitudes corporelles sont
aussi prière et expression de notre être en présence de notre Dieu. Dans l'office de Benoit, la
prière chorale était dite debout.Cette attitude était déjà selon les mots de Benoit une manière
de se tourner vers Dieu« en signe d'honneur et de révérence ». Sans savoir si St Benoit y
pensait, on peut faire le rapprochement avec la phrase de l'évangile que l'on entendait la
semaine passée, au terme de l'année liturgique: « Restez éveillés et priez en tout temps: ainsi
vous serez jugés dignes de paraUre debout devant le Fils de l'homme» (Le 21, 36). L'attitude
de la prière debout peut alors aussi avoir une portée eschatologique. On ne s'asseyait que pour
écouter les lectures, à l'exception de celle de l'évangile qui conclue l'office des vigiles du
dimanche. Cette pause assise est conclue par le dernier des trois répons qui comporte un
gloria... Alors tous se lèvent jusqu'à la fin du second nocturne qui va suivre. C'est donc le
gloria qui appelle les moines à se lever. Prononcer le nom de la Ste Trinité résonne comme
une invitation à signifier dans le corps l'honneur qui lui est du. Benoit connait le prix de ces
paroles:« Gloire au Père et au Fils et au St Esprit ». En une époque où plusieurs régions
d'Italie sont encore sous influence arienne, elles ont valeur de confession de foi orthodoxe en
l'égale dignité des trois personnes divines. Chacune et toutes en leur unité méritent notre
révérence. Notre pratique actuelle est un peu différente: nous sommes assis pour prier les
psaumes, et nous nous levons en nous inclinant à chaque gloria concluant les psaumes, les
cantiques et les répons. L'inclination met l'accent sur la révérence et l'adoration. Quand le
nom de la Ste Trinité est proclamé, notre corps épouse la confession de nos lèvres en un geste
qui fait ce que nous disons ... et par là dit bien plus encore que les mots. C'est la grâce de nos
gestes liturgiques d'exprimer ce que les mots sont impuissants à formuler.Je note une
exception: le dimanche à Laudes, à la fin du Ps 117, s'est prise l 'habitude de se lever sans
s'incliner. Sans qu'il y ait concertation, ni parole. C'est comme si ce Ps 117 avait une telle
connotation pascale que nous ne savons pas faire autrement que de rester debout, l'attitude
pascale par excellence. Je crois que c'est une bonne chose. (29/11/2016)
1. En saison d'hiver, c'est-à-dire depuis les Calendes de novembre jusqu'à Pâques, il faut, suivant la norme raisonnable, se lever à la huitième heure de la nuit,
2. afin de se reposer un peu plus de la moitié de la nuit et d'être dispos au lever.
3. Quant à ce qui reste après les vigiles, les frères qui ont besoin d'apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l'emploieront à cette étude.
4. De Pâques aux susdites Calendes de novembre, on réglera l'heure de telle sorte que l'office des vigiles, après un tout petit intervalle où les frères pourront sortir pour les besoins de la nature, soit immédiatement suivi des matines, qui doivent être dites au point du jour.
Il y a quelque temps, un jeune rencontré à l'hôtellerie me demandait conseil afin de
prier la nuit. Il désirait donner une place à cette prière nocturne dans sa vie tout en mesurant
qu'il lui était difficile de l'intégrer avec le travail et le rythme de la vie séculière. Dans cette
prière, il avait le sentiment de rejoindre quelque chose de la profondeur de l'expérience
croyante devant Dieu. Je l'invitais à se donner un temps par semaine, s'il le pouvait ...
La prière de la nuit était familière à Jésus, si on en croit les évangiles. Il s'y adonnait
peut-être tout simplement parce les journées bien remplies ne lui en laissaient pas beaucoup le
loisir. Le silence de la nuit s'offrait à lui comme un refuge spontané. Nous pouvons faire une
expérience semblable quand nous sortons pour des rencontres où la prière de l'office n'est pas
prévue. La nuit restera alors souvent notre seul moment pour prier, soit tard le soir, soit tôt le
matin ... Temps de respiration profonde où l'on reprend souffle pour toute la journée. Au
monastère, la prière nocturne acquiert encore une autre signification: celle de la veille. Nous
la recevons comme un appel autant que comme une grâce. Appel et grâce de garder notre
cœur, notre désir en éveil pour Dieu. Appel pour répondre à l'invitation du Christ de veiller
dans l'attente de sa venue: «S'il vient seulement à la deuxième ou à la troisième veille de la
nuit et les trouve en train de veiller, heureux sont-ils» (Le 12,38). Grâce de pouvoir se lever
et de se tenir en présence de Dieu, simplement parce qu'il est Dieu et que c'est une joie
profonde de se tourner vers Lui. Même si à certains jours, cette joie n'est pas sensible, car
reléguée par les soucis ou la fatigue. La prière de la nuit nous récompense souvent de l'effort
du lever, parce qu'elle nous trouve plus ouvert, plus à l'écoute. Notre terre est là plus
disponible au travail de la Parole ruminée dans les psaumes et entendue dans les lectures. Les
mots résonnent autrement, comme si notre pâte humaine unie à celle de toute l'humanité en
quête de paix, se laissait plus facilement pétrir par les mains du divin potier. Car la nuit donne
aux mots non seulement leur résonnance divine, mais aussi toute leur résonnance humaine.
Les longs psaumes historiques, ou les difficiles psaumes imprécatoires s'éclairent à la lumière
de l'actualité douloureuse que beaucoup connaissent. Nous qui sommes privilégiés de vivre
en paix, et dans le soutien fraternel d'une communauté, pouvons faire monter vers Dieu notre
Père, tous les cris que beaucoup de ses enfants ne savent ni comment ni à qui les adresser. En
nous, se fortifie alors l'espérance plus forte que la nuit et plus forte la mort. (25/11/2016)
67. Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d'humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte.
68. Grâce à lui, tout ce qu'il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude,
69. non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ et par l'habitude même du bien et pour le plaisir que procurent les vertus.
70. Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint-Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés !
« Il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait» ... Mot à mot: il parviendra à cet
amour ... ce qui n'est pas sans rappeler le « tu parviendras à ces sommets de doctrine et de
vertus» qui conclue la Règle. Vertu par excellence, l'humilité est un sommet alors même
qu'elle fait expérimenter au moine une forme d'abime à ses propres yeux... Un être là avec le
Christ humilié et défiguré qui introduit dans le mystère de l'amour qui l'anime. Sous la
conduite de l'Esprit Saint, le moine entre dans une capacité à aimer Dieu qui ne vient pas de
lui. Elle vient comme une sorte de recréation alors même qu'il fait l'expérience de n'être rien,
de ne pas exister, voire d'être bafoué comme au 4° ••• La traversée fidèle, patiente et
persévérante de toutes les contrariétés liées à l'obéissance, voire liées à des injustices, cette
traversée vécue avec le Christ et pour lui, transforme le moine malgré lui. Elle opère un
renouvellement de son être entier qui a consenti à se dessaisir de lui-même. Le Christ qui est
passé le premier par cette voie, offre ainsi à ceux qui le suivent, le fruit très savoureux de
l'amour, prémices en ce monde de la victoire de sa résurrection. C'est pour nous une forte
lumière, un fruit bien plus désirable que celui du premier jardin de la genèse. Dans le jardin
d'Eden, Eve a été trompée par le serpent qui l'incita à n'obéir qu'au plaisir sensoriel.
Aujourd'hui l'Esprit Saint reçu à notre baptême nous donne de reconnaitre l'excellence du
fruit de l'humilité. Mais pour le goûter, il ne s'agira pas de prendre ou de ravir, mais de se
laisser prendre, de se laisser conduire intérieurement dans une docilité toujours plus simple et
plus souple. L'Esprit Saint nous donne de retrouver le goût heureux et savoureux de
l' 0béissance ... un goût perdu et même devenu amer par suite de notre péché. « Ce qu'il
observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme
naturellement, par habitude, par amour du Christ ... pour le plaisir que procurent les vertus ».
Oui, l'humilité nous rend à nous-mêmes, à notre vraie humanité. Avec elle, par elle, nous
devenons capable de faire le bien avec « plaisir », « sans frayeur », « comme naturellement ».
En nous, s'ouvrent les vannes de l'amour. Réjouissons-nous d'entendre ces lignes de St
Benoit ce matin. Elles tracent un horizon de vie heureuse au cœur de notre vie cachée et
laborieuse dans l'obéissance, mais porteuse d'une vraie fécondité.(24-11-2016)
61. ainsi qu'il est écrit : « Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage. »
62. Le douzième degré d'humilité est que, non content de l'avoir dans son cœur, le moine manifeste sans cesse son humilité jusque dans son corps à ceux qui le voient,
63. autrement dit, qu'à l'œuvre de Dieu, à l'oratoire, au monastère, au jardin, en voyage, aux champs, partout, qu'il soit assis, en marche ou debout, il ait sans cesse la tête inclinée, le regard fixé au sol,
64. et se croyant à tout instant coupable de ses péchés, il croie déjà comparaître au terrible jugement,
65. en se disant sans cesse dans son cœur ce que le publicain de l'Évangile disait, les yeux fixés au sol : « Seigneur, je ne suis pas digne, pécheur que je suis, de lever les yeux vers le ciel. »
66. Et aussi avec le prophète : « Je suis courbé et humilié au dernier point. »
Le corps parle du cœur... L'attitude du moine, en ce 12°, n'est en rien empreinte et
encore moins feinte. Il est devant les hommes comme il est devant son Dieu en son cœur. Ce
dernier degré est le seul qui fasse mention d'une attitude corporelle, la tête inclinée. Tous les
degrés précédents visaient des dispositions intérieures, ou des attitudes comme rire ou parler,
comme pour mieux nous signifier que là est d'abord le vrai lieu du travail spirituel. En vie
spirituelle, il ne s'agit pas de se composer une attitude de façade, mais de se laisser travailler
au cœur par l'Esprit Saint. L'énumération que Benoit fait des lieux et des activités du
monastère nous renforce dans la conviction que l'humilité n'est pas limitée à l'église, ou bien
à la prière. Elle embrasse au contraire tous les lieux et tous les moments de notre existence :
«Au jardin, en voyage, aux champs, assis, en marche ou debout » ... L'humilité est la vérité
de notre être devant Dieu et devant les autres. Elle a ce bel effet de nous unifier en toute
chose. Il n'y a pas d'un côté le moine pieux et abimé en Dieu à l'heure de la prière, et de
l'autre, le moine qui fait ce qu'il veut et qui pourra envoyer promener des frères importuns.
L'humilité à laquelle nous sommes appelés prend tout l'être, et le transforme à l'image du
Christ notre seul Maitre et Seigneur.
Ici, nous balbutions en entrevoyant une manière d'être à la fois très enviable et loin de
nous, désirable et pourtant bien dépouillante. Comment tendre vers ce sommet qui est
abaissement? Comment garder le désir de devenir un peu plus conforme au Christ? En
consentant à commencer chaque jour.« On disait d'Abba Pambo qu'alors qu'il était mourant,
à l 'heure même de sa mort, il dit aux saints hommes qui se tenaient près de lui: 'Depuis que
je suis venu en ce lieu du désert, et que j y ai construit ma cellule et que j y habite, je ne me
souviens pas d'avoir mangé du pain qui ne soit pas le fruit de mes mains, et je me suis pas
repenti d'une parole que j'ai dite jusqu'à l 'heure présente. Et pourtant, je vais vers Dieu
comme si je n'avais jamais commencé à le servir' » (Pambo 8). « Je vais vers Dieu comme si
je n'avais jamais commencé à le servir ». Pambo ne s'appuie pas sur ses qualités ou ses
réalisations, mais sur sa faiblesse... se considérant comme un débutant qui a tout à apprendre
et tout à recevoir. Aujourd'hui, allons vers Dieu, vers nos frères, comme si nous n'avions pas
commencé à les servir. (23/11/2016)
59. Le dixième degré d'humilité est que l'on ne soit pas facile et prompt à rire, car il est écrit : « Le sot élève la voix pour rire. »
60. Le onzième degré d'humilité est que, quand le moine parle, il le fasse doucement et sans rire, humblement, avec sérieux, en ne tenant que des propos brefs et raisonnables, et qu'il se garde de tout éclat de voix,
61. ainsi qu'il est écrit : « Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage. »
« Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage ... » C'est à la sagesse que St
Benoît ambitionne de conduire ses moines qui gravissent les degrés de l'échelle de
l'humilité ... Mais, non pas tant la sagesse des idées, que la sagesse de vie qui unifie tout l'être.
Benoît craint que le moine « trop facile et prompt à rire », toujours en quête de raconter une
bonne blague ne soit qu'un homme qui reste extérieur à lui-même, un homme de surface. La
vie en Christ que nous embrassons dans la profession monastique ne peut pas être une vie de
surface. Elle nous engage à descendre en nous-même pour nous tenir toujours plus uni au
Christ. .. En lui, nous sommes appelés à mourir à notre vieil homme pour renaître à sa vie en
toutes nos fibres humaines ... Quand nous restons à la surface de nous-même, quand nous
nous distrayons pour oublier, c'est toute la part profonde de notre cœur qui est en
souffrance Nous nous amusons en surface, mais le cœur profond est en dés errance, comme
abandonné Le chemin de l'humilité veut nous permettre de rejoindre notre être profond,
celui qui ne triche pas et qu'a le désir immense d'exister en vérité ... d'aimer en vérité sans
fard ... et de toutes ses forces. Ici plus besoin de d'éclats de voix pour exister, mais une
certaine gravité dans les propos raisonnables, car tout nous ancre dans notre réalité la plus
naturelle.
Notre vie quotidienne nous offre bons nombres de temps et d'occasions pour
expérimenter ce travail de rentrée en soi-même pour nous tenir en présence du Christ sous son
regard. Les moments avant les offices sont certainement des temps privilégiés. Je note que
bon nombre de frères font l'effort pour être plus à l'heure à l'office ... pour arriver avant et
peu à peu se recueillir en Dieu. De même quand nous sortons de l'office, le temps de
circulation dans le cloitre jusqu'à la salle des coules, peut nous aider à rester en nous-mêmes
sans nous disperser. Mettons à profit ces circulations autour de l'office, mais aussi dans la
maison pour nous recueillir, nous rassembler en nous-mêmes. En allant à l'office, laissons les
soucis, et marchons vers Celui qui nous attend. Quand nous sortons de l'église, laissons
résonner une parole entendue ou un mot. .. Demeurons à l'écoute du Christ, sans nous laisser
trop vite happer par les soucis et les activités. La paix de notre cœur sous le regard du Christ
est comme une nappe phréatique dans laquelle nous savons toujours pouvoir puiser. (22/11/2016)
56. Le neuvième degré d'humilité est que le moine interdise à sa langue de parler et que, gardant le silence, il attende pour parler qu'on l'ait interrogé.
57. En effet, l'Écriture indique qu'« en parlant beaucoup, on n'évite pas le péché »,
58. et que « l'homme bavard ne marche pas droit sur la terre ».
St Benoit redoute le bavardage, que nous nous laissions entrainer par
notre besoin de parler. Il constate que, souvent, cela aboutit à dire du
mal de l'autre. Ce 9ème degré consiste à prendre conscience que cette
pente existe en chacun de nous. Et reconnaitre que cela peut avoir de
graves conséquences, pour celui qui est critiqué, pour la communauté,
pour nous-mêmes.
Nous avons à devenir des hommes qui écoutent. Avoir un avis et des
idées sur tout n'est plus notre objectif. Nous voulons être à l'écoute de
ce que Dieu nous dit. Dieu nous parle, au plus intime de nous-même,
par son Esprit. Il nous parle par sa Parole, méditée, entendue à l'office.
Il nous parle par les événements, et aussi par les personnes
rencontrées.
Il ne s'agit pas de devenir passif. Bien au contraire, il s'agit de devenir
véritablement un homme d'action. Mais à la manière de Dieu. Cette
manière d'agir n'a rien à voir avec les projets et les réussites humaines,
celles-ci consistent à faire des plans, les mettre à exécution à la force
du poignet, en écrasant tous les obstacles. Ici, il s'agit d'entrer dans le
grand œuvre de Dieu. Non pas faire son petit travail à soi. Ni faire de la
résistance passive, ce qui revient au même. Mais entrer dans ce travail
de l'Esprit, qui renouvelle le monde.
Cela nous demande de nous laisser transformer intérieurement, pour
apprendre à voir, à écouter ce formidable travail de l'Esprit Saint, en
nous et autour de nous.
A ce degré de l'humilité, le silence n'est plus seulement une absence de
parole. Il devient une présence attentive et bienveillante. Il ne s'agit pas
d'indifférence, de distance, de refus ou de négation de l'autre. Il s'agit
d'un accueil paisible, attentif. Le murmure, ce discours intérieur négatif,
ne vient plus nous boucher l'horizon et envahir le terrain. L'homme
silencieux un homme d'écoute, il est présent, disponible. (12/11/16)