Pour offrir les meilleures expériences, nous utilisons des technologies telles que les cookies pour stocker et/ou accéder aux informations des appareils. Le fait de consentir à ces technologies nous permettra de traiter des données telles que le comportement de navigation ou les ID uniques sur ce site. Le fait de ne pas consentir ou de retirer son consentement peut avoir un effet négatif sur certaines caractéristiques et fonctions.
Le stockage ou l’accès technique est strictement nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de permettre l’utilisation d’un service spécifique explicitement demandé par l’abonné ou l’utilisateur, ou dans le seul but d’effectuer la transmission d’une communication sur un réseau de communications électroniques.
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire dans la finalité d’intérêt légitime de stocker des préférences qui ne sont pas demandées par l’abonné ou l’utilisateur.
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement à des fins statistiques.
Le stockage ou l’accès technique qui est utilisé exclusivement dans des finalités statistiques anonymes. En l’absence d’une assignation à comparaître, d’une conformité volontaire de la part de votre fournisseur d’accès à internet ou d’enregistrements supplémentaires provenant d’une tierce partie, les informations stockées ou extraites à cette seule fin ne peuvent généralement pas être utilisées pour vous identifier.
Le stockage ou l’accès technique est nécessaire pour créer des profils d’utilisateurs afin d’envoyer des publicités, ou pour suivre l’utilisateur sur un site web ou sur plusieurs sites web ayant des finalités marketing similaires.
1. Les frères qui sont au travail tout à fait loin et qui ne peuvent se rendre à l'oratoire à l'heure voulue, –
2. et l'abbé estime qu'il en est bien ainsi, –
3. célébreront l'œuvre de Dieu sur place, là où ils travaillent, en fléchissant les genoux avec crainte de Dieu.
4. De même ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les heures prescrites, mais les célébreront de leur côté comme ils pourront, et ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service.
Ce petit chapitre nous donne d'entendre la priorité que Benoit donne à l'office dans la
vie du moine. A la différence de la Règle du Maitre, nous savons qu'il a organisé la Règle en
faisant en sorte qu'après les chapitres donnant la dynamique spirituelle de la vie monastique,
se trouvent les chapitres concernant la manière de réciter l'office. De même ici, dans les deux
chapitres qui évoquent les sorties des frères, la première préoccupation concerne l'office,
avant celle des repas au chapitre suivant.
Un apophtegme d'Abba Ampo dit ceci: « l'abeille où qu'elle aille fait du miel, et le
moine où qu'il se trouve accomplit l 'œuvre de Dieu». Cette image de l'abeille est suggestive.
L'abeille va de ceci delà, mais elle ne perd pas le but de sa course : butiner sur les fleurs tous
les nectars possibles afin de ramener du miel à la ruche ... Ainsi en va-t-il du moine. Ou qu'il
aille, il ne perd pas le but de sa vie donnée dans la recherche de Dieu. Paradoxalement cette
recherche de Dieu se trouve renforcée et retrouve des couleurs, si l'on peut dire, lorsque nous
prions l'office, lorsque nous prenons un temps d'oraison ou de lectio, tandis que nous sommes
dans un train, un avion ou en voiture avec des frères. En priant seul ou avec un frère dans un
train, un aéroport, en voiture, notre prière s'élargit aussitôt aux dimensions du lieu et des
personnesqui s'y trouvent. Spontanément nous prions pour les gens qui nous entourent, nous
les associons à notre prière. Ainsi nous donnons toute sa mesure à l'œuvre de Dieu(opus Dei)
qui veut rassembler dans la louange tous les enfants de Dieu dispersés. De même quand nous
prions avec un ou plusieurs frères hors du cadre du monastère, nous redécouvrons alors
combien est belle et profonde la communion fraternelle qui nous unit. Elle s'enracine dans
l'Esprit du Christ qui nous rassemble pour dire « Père ». Ou encore, lorsque nous célébrons
l'office, par ex lors des promenades de l'été, dans la nature, nous nous unissons plus en vérité
avec tout le cosmos qui bénit son Seigneur et Créateur... Nous entrainons « soleil et
lune ... montagnes et collines» à louer Dieu avec nous, afin « que tout être vivant chante
louange au Seigneur! ». Oui, soyons heureux de saisir toutes les opportunités offertes par nos
voyages pour célébrer de manière renouvelée l'œuvre de Dieu, à la gloire de son Nom. 8 juillet 2017
5. Donc en ces jours ajoutons quelque chose aux prestations ordinaires de notre service : oraisons particulières, abstinence d'aliments et de boisson,
6. en sorte que chacun offre à Dieu, de son propre mouvement, avec la joie de l'Esprit-Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée,
7. c'est-à-dire qu'il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la plaisanterie, et qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
8. Cependant ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l'oraison et l'agrément de celui-ci,
9. car ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera mis au compte de la présomption et de la vaine gloire, non de la récompense.
10. Tout doit donc s’accomplir avec l’agrément de l’abbé.
Ce n'est pas un des plus petits paradoxes de la règle de ne parler de la joie que dans ce
chapitre sur le Carême! Par deux fois, et uniquement ici se trouve le rnot « gaudium». La
dernière fois, je disais, que le moine était, à la suite de Jean Baptiste, un homme du désert,
c'est-à-dire un veilleur et un lutteur. Comme Jean Baptiste, un homme de l'Avent et du
Carême. Pour poursuivre l'image, aujourd'hui nous pouvons dire que le moine est aussi un
homme de Pâques et de la Pentecôte. Homme de Pâques, car vers la Pâques éternelle tend
toute sa vie ... Pâques éternelle dont nos fêtes pascales nous font pressentir lajoie et la
douceur. Homme de la Pentecôte, car appelé à être animé par lajoie de l'Esprit ... et cela au
cœur même des renoncements que la vie quotidienne propose, et que le Carême précise.
Cette perspective pascale et pentecostale de notre vie est capitale. Elle situe notre
recherche monastique avec toutes ses exigences au bon niveau, le niveau théologal, c'est-à-
dire comme un don reçu de Dieu. Oui, notre quête monastique qui est rude à certains jours,
nous découvre peu à peu sa vraie nature: celle d'un don qui nous est fait et qui nous précède.
Si le Seigneur nous a appelés dans cette vie, ce n'est pas pour nous asservir sous une loi et des
exigences inhumaines. Non, il nous offre la pédagogie qui convient à notre personnalité afin
qu'elle croisse et sorte de ses ornières et de ses aveuglements natifs. A travers les
renoncements de la vie monastique, le Seigneur désire nous rendre notre vrai visage de fils de
Dieu. Autrement dit, plus on avance, plus on découvre, en les faisant nôtres, combien à
travers nos règles ou coutumes diverses, une joie nous est offerte... Joie discrète et
profonde ... Joie chahutée parfois par les épreuves ou les chutes. Joie éprouvée par les
fardeaux du travail qui peuvent s'ajouter. ... Mais joie dans l'Esprit qui est là et qui ne vient
pas de nos réussites ou de nos victoires ... C'est lajoie de laisser unifier peu à peu sa vie sous
le regard d'un Père qui nous aime, à la suite d'un Maitre, notre Seigneur et notre frère, qui
nous entrai ne davantage dans le don de nous-même. Joie de l'Esprit Saint car joie du don qui
se reçoit en même temps qu'il donne... Oui, n'ayons pas peur d'aller un plus avant dans le
don de nous-même ... par les petits renoncements, par la patience, par les attentions qui font
passer l'autre avant moi ... Recueillons alors la joie qui nous est offerte, plus profonde que les
tempêtes de surface, les jours de brouillard ou les soucis absorbants. 6 juillet 2017
1. Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême,
2. cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que pendant ces jours du carême on garde sa vie en toute pureté,
3. et que l'on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps.
4. Nous y parviendrons en renonçant à tous les vices et en nous appliquant à l'oraison avec larmes, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu'à l'abstinence.
Comment comprendre cette façon de voir de St Benoit, selon laquelle « la vie du
moine doit garder en tout temps l'observance du carême» ? Il Y a quelques jours, nous
célébrions la St Jean Baptiste... un saint dans lequel les moines de tout temps se sont
reconnus ... Peut-être parce qu'il est à la fois l'homme de l'Avent et l'homme du Carême ...
Homme de l'A vent car toute sa vie a été une veille tournée vers le Christ dont il a préparé la
venue. Homme du Carême parce que sa vie au désert, austère et exigeante, a été une
interpellation vivante pour ses contemporains appelés à changer leur vie pour mieux recevoir
le Christ. Quand St Benoit parle du moine qui doit garder en tout temps l'observance du
Carême, ne nous rappelle-t-il pas que nous sommes, à la manière de Jean le Baptiste, des
hommes du désert. A la fois, hommes de l ' Avent, des veilleurs qui attendent le Christ, comme
nos vigiles nous le font pressentir. A la fois homme du Carême, des lutteurs qui ne veulent en
rien relâcher leur attention sur eux-mêmes, comme notre vie sous une règle et un horaire nous
le rappellent.
Hommes du désert, nous répondons à un appel particulier de vivre dans un même lieu
et d'une certaine manière où l'on accepte d'avoir toujours soif... ou mieux où l'on désire avoir
toujours soif. Un moine repus, désaltéré en quête de sa seule tranquillité ou de son bien être
immédiat, n'est plus homme du désert. L'appel du désert nous pousse à ne pas nous arrêter au
bord des eaux trompeuses ou trop faciles. Plus on cherche, et plus la soif est là, non
desséchante, mais au contraire stimulante. Sans tension, ni volontarisme, notre désir nous
pousse à ne pas relâcher notre labeur: le labeur de la fidélité à la prière personnelle et
communautaire, le labeur de la patience aimante vis-à-vis des frères qui nous irritent, le labeur
du travail dont on ne voit pas toujours le bout .. .le labeur de la solitude qui refuse les
distractions faciles. N'est-ce pas cela la vie au désert? Dans le labeur quotidien, une vie qui
se laisse creuser par amour du Christ, déjà rencontré et encore cherché, mais Christ toujours
attendu. Comme nous le chantons dans l'hymne de St Jean Baptiste, notre vie au désert
« réveille la soif d'eau vive, proche est la source» ... 1 Juillet 2017
22. Le dimanche, de même, tous vaqueront à la lecture, sauf ceux qui sont affectés à différents services.
23. Cependant si quelqu'un est négligent et paresseux au point de ne pas vouloir ou pouvoir apprendre ou lire, on lui assignera un ouvrage à faire, pour qu'il ne reste pas inoccupé.
24. Aux frères malades ou délicats on assignera un ouvrage ou métier approprié, de façon qu'ils ne soient pas oisifs et que la violence du travail ne les accable point ou ne les mette en fuite.
25. L'abbé doit avoir égard à leur faiblesse.
Ce chapitre sur le travail et la lecture se conclue avec le dimanche et la prise en
considération des frères malades. Si les jours de la semaine se caractérisent par une alternance
bien précise entre travail manuel et lecture, le dimanche est consacré à la seule lecture, à
l'exception des services remplis par certains. La lecture ne s'alterne plus qu'avec la prière
chorale. Voilà la manière de Benoit d'honorer le jour du Seigneur en consacrant plus de temps
à l'écoute de sa Parole et à la rumination des Ecritures. Comme il est conscient que cela peut
représenter une difficulté pour certains, il prévoie de leur assigner un ouvrage plutôt qu'ils
tombent dans l'oisiveté ...
Comment vivre nos dimanches? Dans la session que nous avons eue sur Calvin, j'ai
été frappé par cette phrase de Calvin à propos du dimanche: « Les hommes doivent se reposer
afin de laisser Dieu besogner en eux ». Le repos vis-à-vis de nos activités habituelles, est
pensé comme un espace laissé à Dieu pour qu'il besogne et travaille en nous ... Cette intuition
est très profonde. En effet, nos activités journalières nous prennent tout entier et nous nous y
engageons avec tout ce que nous sommes. Mais elles peuvent parfois nous occuper tellement
qu'on les vit comme si nous étions les seuls maitres à bord, comme si nous étions les seuls
acteurs de notre vie ... La rupture du dimanche nous oblige à une sorte de lâcher prise pour
nous remettre dans la juste réalité des choses sous le regard de Dieu. S'arrêter pour se reposer,
et se détendre, pour donner plus de temps au Seigneur dans la prière, pour rencontrer un
frère ... tout cela nous rappelle que nous valons plus que notre travail. .. d'autant que pour
reprendre l'intuition de Calvin nous sommes nous-mêmes l'ouvrage de Dieu... Dieu désire
réaliser son œuvre en chacun de nous, pour notre bonheur, et en vue du bien de tous.
Paradoxalement pour cela, il a aussi besoin de notre passivité ... de cet espace de gratuité dans
lequel nous nous offrons à ses mains de potier comme une terre meuble, disponible, ouverte.
Chacun, nous pouvons nous demander: à quelle rupture consentons-nous, pour ne pas être
toujours dans la tension ou le désir de faire le plein d'activités ou d'informations? Quel
moment de gratuité sous le regard de Dieu? Quel espace recréateur nous donnons-nous? Ces
temps de respiration profonde pourront faire de nos temps libres, mais aussi de nos jours de
solitude, des moments ressources pour notre quotidien. 27 juin 2017
10. Des Calendes d'octobre au début du carême, ils vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure.
11. À la deuxième heure, on célébrera tierce, et jusqu'à none tous travailleront à l'ouvrage qui leur est assigné.
12. Au premier signal de la neuvième heure, chacun quittera son ouvrage, et ils se tiendront prêts pour le moment où retentira le second signal.
13. Après le repas, ils vaqueront à leurs lectures ou aux psaumes.
14. Aux jours de carême, depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure, ils vaqueront à leurs lectures, et jusqu'à la fin de la dixième heure ils feront ce qui leur est assigné.
15. En ces jours de carême, chacun recevra un livre de la bibliothèque, qu'il devra lire à la suite et intégralement.
16. Ces livres doivent être distribués au début du carême.
17. Avant tout, bien sûr, il faut désigner un ou deux anciens qui circulent dans le monastère aux heures où les frères vaquent à la lecture.
18. Ils veilleront à ce qu'il ne se trouve pas de frère atteint d'acédie, qui vaque à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui non seulement se fait tort à lui-même, mais en outre distrait les autres.
19. Si l'on en trouve un, – à Dieu ne plaise, – on le réprimandera une fois, deux fois ;
20. s'il ne s'amende pas, il subira la réprimande de règle, de telle façon que les autres en conçoivent de la crainte.
21. Un frère n'entrera pas en rapport avec un autre frère à des heures qui ne conviennent pas.
Après avoir parlé du travail, il peut être bon de s'arrêter sur la lecture. Avec le travail,
la lecture est considérée à égalité comme une activité principale du moine. A ce titre, nous le
savons, il serait plus juste de parler à propos de la vie monastique selon St Benoit, pas
seulement de « ora et labora » mais de « ora, labora et lege». A égalité avec les activités
manuelles auxquelles chacun est assigné, la lecture peut ici être considérée comme un travail.
De même que nous travaillons de nos mains, de même nous travaillons de notre esprit quand
nous lisons, et cela à plusieurs titres. Tout d'abord, s'agissant principalement de la lecture des
Ecritures, il serait plus juste de dire qu'en lisant nous nous laissons travailler par la Parole de
Dieu. Ensuite, la lecture en général est un travail en ce sens où nous ouvrons notre esprit à
d'autres visions des choses et de la réalité. Cela peut nous bousculer, remettre en cause des
évidences. La lecture est aussi un travail dans le sens où elle nous permet d'édifier notre
intelligence, de la structurer en organisant notre pensée, en nous permettant d'établir des
hiérarchies et en nous donnant des repères. La formation spirituelle et théologique que l'on
reçoit au début et tout au long de notre vie monastique a pour but de nous apprendre à nous
repérer dans toutes nos lectures. Tout ne se vaut pas, tout n'est pas profitable. Nous apprenons
à discerner les livres qui vont au fond des choses et qui s'inscrivent dans la tradition profonde
de l'Eglise. Nous apprenons à reconnaitre et à situer la valeur et les apports d'auteurs qui
n'appartiennent pas à la tradition catholiques. Le livre sur Luther lu au réfectoire en ce
moment est un bon exemple d'un livre qui expose avec précision et justesse une pensée qui a
marqué la réflexion théologique chrétienne, et dont on reconnait mieux aujourd'hui la valeur.
Que lire? St Benoit ne le dit pas explicitement ici. Si ailleurs, il parle des écrits des
Pères tel Cassien ou les Pères du désert, ici il s'agit vraisemblablement ici des Ecritures qui
devaient se présenter non sous la forme d'une bible globale, comme aujourd'hui, mais plutôt
sous la forme de manuscrits séparés. Pour Benoit, les Ecritures sont le livre dont le moine doit
se pénétrer jusqu'à en savoir des passages par cœur, notamment les psaumes. Si aujourd'hui,
bien d'autres livres nous sont offerts, il nous est bon de garder cet axe premier et fondamental
en mettant au centre de notre intérêt, les Ecritures, à travers la lectio divina. Avec elles,
grandira notre désir de mieux connaitre notre Dieu pour mieux entrer dans son projet d'amour
pour les hommes. A elles, les Ecritures, s'articuleront ensuite toutes nos autres lectures, plus
théologiques pour nourrir notre intelligence du mystère de Dieu, ou plus spirituelles pour
24 juin 2017
1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.
2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :
3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.
4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.
5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.
6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.
7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,
8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.
9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.
«L'oisiveté est ennemie de l'âme » ... Aujourd'hui beaucoup de personnes au
chômage ne contrediraient pas ce précepte. Ne pas avoir de travail, et cela dans la durée, est
pour beaucoup une source de souffrance morale. Le sentiment d'être inutile ou bon à rien peut
générer une profonde tristesse et un grand dépit sur soi. Le travail créé de l'estime de soi en
même temps qu'il tisse le lien social en associant des personnes diverses à une œuvre
commune ou à la recherche du bien commun.
Dans une communauté monastique, nous n'échappons pas à cette dynamique humaine
fondamentale: le travail permet de grandir dans l'estime de soi, de tisser des liens avec les
frères en œuvrant au projet communautaire. Ces trois pôles sont importants à tenir ensemble.
Une recherche de l'estime de soi qui serait centrée sur elle-même au point d'oublier le souci
des frères et la part prise pour le bien commun, serait illusoire et mortifère. Finalement elle ne
serait qu'un égoïsme stérile. De même, les liens fraternels tissés dans le travail qui
gommeraient l'attention au bien commun et à celui des frères, pourraient n'être qu'une belle
activité entre amis. Le travail qui unit des moines veut être au service d'un double objectif:
œuvrer pour que la communauté vive, et permettre à chacun d'être ce chercheur de Dieu
jusque dans son travail.Enfin, la recherche du bien de la communauté qui ne prendrait pas en
compte le bien de chacun et la qualité des liens fraternels pourrait devenir une activité mue
simplement par la recherche de rendement et d'efficacité. En chacune de nos activités, travail
plus manuel ou plus administratif ou plus intellectuel, service d'entretien plus régulier ou
occasionnel, prenons conscience des dons qui nous sont faits. Il ne s'agit pas seulement de
faire ce qui nous est demandé, mais de vivre le travail dans toutes ces dimensions. Notre
travail est porteur d'une vie qui ne réduit pas au seul résultat tangible. Accueillons la bonne
estime de nous-même à travers la joie de bien faire les choses sous le regard de Dieu, même
les plus simples, à travers aussi la fierté de faire des choses dont on ne serait pas cru
capable ... Cultivons les liens fraternels en sachant dire merci aux frères de notre emploi, en
veillant à les informer, en veillant aussi à leurs besoins. Enfm recherchons le bien de la
communauté en donnant vraiment notre temps, en étant disponible pour un extra imprévu. En
vivant ainsi le travail, nous nous communiquerons beaucoup de joie. 22 juin 2017
1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.
2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.
3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.
4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.
« Cela se fera avec humilité, gravité et crainte ». A plusieurs reprises, Benoit insiste
sur la « gravité»dans la manière de vivre la liturgie ou de s'en approcher: ici, il s'agit de la
manière de chanter ou de lire. Benoit recommande encore la gravité lorsqu'il faut s'aider à
sortir du sommeil pour aller aux Vigiles (22, 6), ou encore lorsqu'il faut hâter pour aller à
l'office (43, 2), ou si l'on doit exceptionnellement parler après Complies (42,11) ... La gravité
préconisée par Benoit veut avant tout faciliter l'entrée dans la prière et le silence de la nuit, ou
tout simplement favoriser la juste manière d'être dans le chant et la prière. Comment penser et
vivre aujourd'hui cette gravité? Le contraire de la gravité, c'est la légèreté ... Aucun de nous
n'aimerait qu'on pense ou dise de lui qu'il est léger... Nous mesurons combien derrière la
gravité se joue la profondeur de notre réalité humaine devant Dieu. Celle-ci à son poids,
parfois aussi sa pesanteur qui impose le respect. Nos vies humaines portent un poids qui nous
échappe en partie, et dont nous ne prenons conscience que peu à peu. Poids d'une histoire
familiale qui nous précède, poids de notre propre parcours dans la vie, poids de notre réalité
physique et psychologique sur lesquels nous avons peu de prise. Faire comme si ce poids
n'existait pas, c'est faire preuve de méconnaissance de soi-même. Vouloir l'oublier, c'est
faire preuve de légèreté. Quand St Benoit associe en notre chapitre au mot « gravité» ceux
« d'humilité et de crainte », il nous donne des pistes pour assumer le poids de notre réalité.
Avec humilité, c'est-à-dire avec ce consentement confiant en Dieu qui conduit nos vies: il a
donné et il donnera encore ce qui est nécessaire pour avancer. Avec crainte, c'est-à-dire avec
responsabilité devant Dieu au service duquel nous voulons être.
Comme le soulignait hier f. Jean Loup quand il partageait ses réflexions à l'approche
de son ordination: face à la gravité de la mission confiée, il y a la légèreté de la grâce. Cette
dernière nous permet de vivre notre vie avec gravité sans nous prendre trop au sérieux. La
grâce est là comme un cadeau de Dieu qui reste le maitre de nos vies. Elle vient nous
apprendre cette docilité à l'Esprit et cet humour sur nous-mêmes. Elle nous rappelle que nous
ne sommes que serviteurs d'un projet, à commencer par celui de notre vie, dont bien des
tenants et aboutissants nous échappent. La légèreté de la grâce met de l'huile dans les rouages,
du baume sur nos blessures. Elle donne la joie paisible d'être dans la main de Dieu. Avec
Jeanne d'Arc, nous pouvons demander: « Si je ne suis pas dans la grâce, que Dieu m'y
mette; sij'y suis, qu'il m'y garde». 9 juin 2017
1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement
2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,
3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,
4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.
5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,
6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.
Dans ce chapitre, Benoit distingue les manquements plus extérieurs, des péchés de
l'âme plus cachés. Des premiers, il prévoie que l'on s'en ouvrira à l'abbé et la communauté,
et des seconds qu'on s'en ouvrira à l'abbé ou à l'ancien spirituel. Est sous-entendu qu'il n'est
pas possible qu'une faute ne soit pas mise au jour par l'intéressé lui-même ... Comment
comprendre cette nécessité de dévoiler une faute? Benoit ne l'explicite pas. Mais il laisse
entendre deux raisons, l'une plus communautaire, l'autre plus personnelle. La première
regarde le lien de la confiance entre frères. Une vie de communauté ne repose que sur la
confiance mutuelle. Si quelque chose est cassé, ou abimé, ou disparait sans que le frère qui en
est l'auteur ne le signale, un malaise s'introduit. Peut-être des suspicions. Ce qui blesse le plus
le corps communautaire, ce n'est pas qu'une chose ait été cassée ou détériorée, mais qu'on
fasse comme si rien ne s'était passé. Quelque chose s'est passé qui perturbe plus ou moins la
vie quotidienne. Il faut le reconnaitre, si l'on veut poursuivre en paix le chemin commun dans
la confiance. Reconnaitre un manquement, en parler, par ex au chapitre des coulpes, est le
moyen naturel de réparer le lien de la confiance. Certes on ne pourra peut-être pas réparer la
chose elle-même, il faudra peut-être y renoncer à tout jamais. Mais le lien de la confiance lui a
besoin d'être retissé sans tarder. Par cet aveu d'un manquement, le frère exprime sa confiance
que la communauté peut lui pardonner. Et en retour, la communauté se sent respectée dans sa
vie ordinaire et dans son fonctionnement habituel. Ne négligeons donc pas nos chapitres des
coulpes, ainsi que les célébrations pénitentielles. Ils sont de modestes, mais de précieux lieux
où se retisse le lien de la confiance mutuelle.
Pourquoi encore dévoiler une faute? Benoit suggère une seconde raison plus
personnelle, à propos des péchés de l'âme, quand il parle de l'ancien qui sait soigner les
blessures des autres. Oui, nos péchés, nos fautes nous blessent en notre dignité de fils de Dieu
et de frères des hommes. Là encore, faire comme si rien ne s'était passé, c'est fragiliser la
relation de confiance, et avec soi-même et avec Dieu. Avec soi-même, on introduit une sorte
de duplicité, on se ment à soi-même en oubliant que le péché nous défigure et nous paralyse.
Avec Dieu, on introduit une mise à distance, en oubliant qu'il est un Père qui aime les
pécheurs que nous sommes parce qu'il n'a d'autre désir que de les sauver. Sachons faire
usage du sacrement de réconciliation en dehors de nos célébrations communautaires, afin de
nourrir et fortifier notre relation filiale avec notre Père des Cieux.
8 juin 2017
1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,
2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.
3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.
« Réparer par l 'humilité le manquement ... »Pour comprendre cette particulière
attention de Benoît, concernant l'office, il faut se souvenir du chapitre 19 et 20 où il parle de
la Présence divine surtout présente durant la prière des heures. Il rappelle à ses moines
« comment il faut être en présence de la divinité et de ses anges, faisant en sorte que notre
esprit s'accorde avec notre voix ...» (RB 1 ç, 6-7) Benoît a une haute idée de la présence
divine .. à laquelle nous pouvons communier par la prière et par notre présence active à
l'office ...
En demandant ce matin de réparer le manquement survenu dans le chant par des
fautes, des oublis, ou toute autre négligence, Benoît veut nous ramener avant tout à cette
conscience de la présence divine durant l'office. Il veut aiguiser notre délicatesse de cœur en
nous mettant en garde contre l 'habitude et la médiocrité ... En présence de Dieu, il ne devrait
y avoir que beauté, don de soi et application de soi. Mais nous ne sommes pas toujours à la
hauteur de cette vision de foi.L'office se passe parfois à des pensées plus ou moins
encombrantes par lesquelles on poursuit ce qu'on faisait précédemment ou par lesquelles on
anticipe ce qui va venir. Au lieu de nous laisser soulever par la vision de foi en Dieu présent
en ce moment, nous sommes plaqués au sol par des pensées, qui se révèlent après coup le plus
souvent inutiles ... C'est notre combat, et pas des moindres, que de nous tourner toujours plus
en profondeur vers notre Dieu au moment de l'office. Je pense à trois choses qui peuvent nous
y aider la 1 ère est de mettre à profit les minutes qui précèdent l'office pour nous préparer, pour
demander la grâce d'être là et de mieux reconnaître notre Dieu qui vient, qui est là dans notre
prière. « Dieu vient à mon aide» La 2ème est de repérer ces moments où l'on goûte vraiment
un Psaume, ou la Parole entendue afin de mieux l'accueillir d'autre fois. La 3ème est
d'apprendre à discerner dans nos pensées celles qui ne sont que d'inlassables répétitions. Elles
nous entraînent toujours dans les mêmes dédales, les mêmes impasses, il vaut mieux couper
court ... Et il peut y avoir des pensées bonnes et utiles. Celles-là les confions-les à l'Esprit
Saint qui saura nous en faire souvenir plus tard, afin de demeurer présent d'esprit et de cœur à
notre office à l'accueil de la Rencontre ici et maintenant. 7 juin 2017
1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,
2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.
3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.
4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.
5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,
6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.
7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,
8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.
9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.
Nous venons de quitter le temps fort et joyeux de Pâques, pour entrer dans le temps
ordinaire. Après avoir célébré et accueilli, la présence du Ressuscité et son salut offert, vivre
le temps ordinaire, c'est traverser le temps selon l'ordre voulu par le Christ: une vie
chrétienne menée sous la conduite de l'Esprit. La vie monastique est des modalités de la vie
chrétienne. Sa particularité est de désirer vivre le quotidien en lui donnant un soin tout
particulier: celui d'une écoute qui voudrait être de tous les instants. Ecoute du Seigneur en sa
Parole, dans la liturgie, la lectio, mais aussi au secret du cœur. Ecoute du Seigneur à travers
les frères qui, sur le chemin, tantôt apportent un soutien, tantôt demandent de l'aide. Ecoute
du Seigneur à travers les évènements, petits ou grands par lesquels il nous fait signe. Soigner
notre qualité d'écoute est toujours exigeant, et sans cesse à reprendre. Personne d'entre nous
ne peut dire qu'il sait écouter. Si nous sommes un peu conscients de nous-mêmes, nous
pouvons mesurer combien nous pouvons parfois être sourds, ou bien trop occupés de nous-
mêmes pour donner toute leur place à Dieu et à nos frères. Parfois même, il peut arriver que
nous nous butions, et nous enfermions dans notre prétendu « bon droit». C'est à une telle
situation que ce chapitre fait allusion, le cas d'un frère qui a commis une faute grave, souvent
liée à un entêtement ou endurcissement. Benoit prévoie une sorte de rituel de mise à distance,
avec attitude d'humilité (prosternation ) jusqu'à ce que l'abbé estime que le frère a assez
témoigné de son désir de conversion Dans notre vie, c'est l'humilité qui est le meilleur
moyen de réparer une faute, un manquement: humilité en reconnaissant son erreur, humilité
en demandant pardon, humilité en s'effaçant avec délicatesse sans chercher à vouloir avoir
toujours raison ... Concernant des manquements légers comme les retards à l'église ou au
repas, notre pratique est modeste. Je la rappelle: quand on arrive à l'église, au moment ou
après les tintements du début, on reste près de la porte jusqu'à la fin du verset d'ouverture,
alléluia compris ... Puis on regagne sa place. De même au repas, si on arrive pendant ou après
le chant et la prière d'ouverture, on attend près de la porte pendant la lecture du martyrologe
jusqu'au signal du gong où l'on commence à manger, on peut alors regagner une place ... Ces
moyens très modestes veulent nous rappeler que nos retards gênent le corps communautaire ...
et qu'il nous faut être plus attentif à ne pas trainer avant l'office ou le repas ... 6 juin 2017