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1. A la porte du monastère on placera un vieillard sage, qui sache recevoir et donner une réponse, et dont la maturité ne le laisse pas courir de tous côtés.
2. Ce portier doit avoir son logement près de la porte, afin que les visiteurs le trouvent toujours présent pour leur répondre.
3. Et aussitôt que quelqu'un frappe ou qu'un pauvre appelle, il répondra Deo gratias ou Benedic ,
4. et avec toute la douceur de la crainte de Dieu, il se hâtera de répondre avec la ferveur de la charité.
5. Si ce portier a besoin d'aide, il recevra un frère plus jeune.
6. Quant au monastère, il doit être, si possible, construit de telle façon que tout le nécessaire, c'est-à-dire l'eau, le moulin, le jardin et les divers métiers, s'exerce à l'intérieur du monastère,
7. de sorte que les moines ne soient pas obligés de courir au-dehors de tous les côtés, car ce n'est pas bon du tout pour leurs âmes.
8. Nous voulons que cette règle soit lue souvent en communauté, pour qu'aucun frère ne s'excuse sur son ignorance.
Un mot d'humour tout d'abord: là où st Benoit souhaite voir la porte du monastère
tenue par un « vieillard sage », le Maitre dans sa Règle fait appel à « deux frères décrépis par
l'âge» (RM 95, 1). Je voudrais dire merci à nos frères portiers, en les assurant qu'à nos yeux,
ils ne sont pas encore trop décrépis! Une fois de plus nous nous réjouissons d'avoir la RB
plutôt que la RM comme guide ...
Par deux fois, dans ce chapitre, nous avons entendu le mot « courir». Le premier
usage concerne le portier lui-même qui doit avoir une maturité telle qu'il ne court pas « de
tous côtés» et le second touche les moines que la clôture peut aider à ne pas « courir au
dehors de tous les côtés ». Si les mots latins sont différents, il est intéressant de relever le
parallèle entre les deux situations. D'un côté, la maturité du portier va être le gage requis
d'une certaine stabilité et de l'autre la clôture physique du monastère qui rassemble en un
même lieu toutes les activités va permettre aux moines de demeurer stables. Nous touchons là
deux aspects de la stabilité monastique qui se conjuguent. Elle veut nous éviter la dispersion
du cœur, comme la dispersion du corps.
Si nous choisissons de demeurer en un même lieu, en évitant les sorties inutiles, c'est
pour mieux apprendre à nous unifier en Dieu. Vivre dans un espace bien circonscrit est un
atout indéniable, mais notre unification intérieure reste un chantier permanent.Nous pouvons
nous disperser de pleins de manière. A chacun de nous, il revient ici d'opérer un
discernement, et un discernement continuel: qu'est-ce qui dans ma journée contribue à
m'unifier dans le Seigneur et dans l'accomplissement de sa volonté? Qu'est-ce qui me
disperse? Qu'est-ce qui fait qu'à la fin d'une journée la paix est là d'avoir accompli ce qui
devait l'être et, à l'inverse, qu'est-ce qui fait que j'ai le sentiment d'avoir perdu mon temps,
d'avoir erré à tel point que cela me laisse avec un sentiment de vide? Plus nous avançons en
âge, plus nous mesurons que le temps est court. Allons-nous le mettre à profit pour nous
unifier dans le don de nous-mêmes au Christ et à la communauté? Gardons vive cette
question dans nos choix les plus quotidiens. Même lorsqu'il s'agit d'un temps de détente,
mettons le sous la lumière du Christ. Car Il veut nous donner une Paix qui surpasse en
bonheur toutes nos évasions ou toutes nos fuites dans des distractions faciles ou sans goût. - 07-10-2017
11. Aussi nous semble-t-il opportun, pour la sauvegarde de la paix et de la charité, que l'abbé règle à son gré l'organisation de son monastère.
12. Si faire se peut, c'est par des doyens que l'on organisera, comme nous l'avons établi antérieurement, tous les services du monastère, selon que l'abbé l'établira.
13. Ainsi, plusieurs en étant chargés, un seul ne s'enorgueillira pas.
14. Si le lieu l'exige ou si la communauté le demande raisonnablement avec humilité et que l'abbé le juge opportun,
15. l'abbé choisira qui il voudra avec le conseil des frères qui craignent Dieu, et il se l'ordonnera lui-même comme prévôt.
16. Ce prévôt, cependant, exécutera respectueusement ce que son abbé lui commande, sans rien faire contre la volonté ou les ordres de l'abbé,
17. car plus il est élevé au-dessus des autres, plus il lui faut observer avec soin les prescriptions de la règle.
18. Si ce prévôt se montre vicieux ou que, séduit par l'élèvement, il s'enorgueillisse, ou qu'il soit convaincu de mépris pour la sainte règle, on l'avertira verbalement jusqu'à quatre fois.
19. S'il ne s'amende pas, on lui appliquera la correction des sanctions de règle.
20. Si même alors il ne se corrige pas, on le destituera de son rang de prévôt, et l'on mettra à sa place un autre qui en soit digne.
21. Si même ensuite il n'est pas tranquille et obéissant en communauté, on ira jusqu'à le chasser du monastère.
22. Cependant l'abbé songera qu'il doit rendre compte à Dieu de tous ses jugements, de peur que le feu de l'envie ou de la jalousie ne brûle son âme.
« Plus il est élevé au-dessus des autres, plus il lui faut observer avec soin les
prescriptions de la règle» ... Déjà dans le chapitre précédent, Benoit recommandait à l'abbé:
« Qu'il garde en tous ces points la présente règle» (RB 64, 20). Cette insistance de Benoit,
sur l'obéissance à la règle, revient souvent à l'endroit des responsables ou des frères qui
peuvent être mis en avant pour une raison ou une autre, par ex ceux qui sont prêtres. Lors de
notre profession, nous avons choisi de nous mettre sous le joug de la Règle, après qu'on en ait
pris connaissance et qu'on l'ait étudiée durant les années de formation. L'image du joug est
suggestive: ce grand montant de bois permet d'assembler plusieurs vaches ou chevaux afin
qu'ils tirent plus efficacement un attelage ou une charge. Par la profession, sous le joug de la
règle, nous pouvons mieux marcher ensemble pour tirer notre vie humaine sur le chemin de la
conversion. Notre esprit assoiffé de liberté a parfois du mal à accepter les « prescriptions de la
règle» quand elles sont trop précises. Mais notre esprit est-il toujours bien éclairé? Se
connait-il assez pour ne pas être dupe d'illusions trompeuses? Heureux sommes-nous lorsque
nos yeux s'ouvrent et découvrent que telle exigence de la règle ou de notre vie commune
m'est en fait très utile. Elle me tire d'une certaine torpeur, elle me réveille, ou elle me donne
plus de force pour aller plus loin. Nous religieux, nous sommes des « réguliers» : des
hommes vivants sous une règle, parce que nous connaissons notre faiblesse. Sans la règle,
nous aurions du mal à aller aussi loin que possible dans notre don pour le Christ. Le risque est
grand de s'arrêter en chemin. Quelques années avant sa mort, le P. Denis travaillait tous les
débuts d'après-midi dehors quel que soit les temps. Il disait à propos de cette discipline qu'il
tenait à garder: « Je ne me croyais pas capable de travailler ainsi dehors par tous les temps,
mais en fait on a bien plus de ressources qu'on ne le pense. » Chacun de nous, nous avons nos
lieux de faiblesse, et nos lieux où nous ne nous croyons pas capable. Appuyons-nous sur la
règle comme sur un tuteur pour oser l'obéissance à ce qui est demandé. Ne soyons pas dupe
de certains de nos replis sur la facilité qui nous ramènent en enfance. La règle nous exerce à
une démarche virile à la suite du Christ, dont on nous rappelait hier qu'il a pris « avec
détermination» la route de Jérusalem. Il n'a pas faibli, ni reculé devant l'abime gui s'ouvrait
sous ses pieds. Il a avancé dans la confiance à son Père. Nous pouvons prendre appui sur Lui.
En disant merci au f. Yvan, pour le service de prieur, nous le lui souhaitons aussi. - 04-10-2017
1. Trop souvent il est arrivé que l'ordination d'un prévôt engendre de graves conflits dans les monastères.
2. Il en est en effet qui s'enflent d'un méchant esprit d'orgueil et qui, estimant être de seconds abbés, usurpent le pouvoir, entretiennent des conflits et mettent la dissension dans les communautés,
3. surtout dans les lieux où le prévôt reçoit l'ordination du même évêque et des mêmes abbés qui ordonnent l'abbé.
4. Combien cela est absurde, il est facile de s'en rendre compte : dès le début, dès son ordination, on lui donne matière à s'enorgueillir,
5. ses pensées lui suggérant qu'il est soustrait à l'autorité de son abbé,
6. puisque « toi aussi, tu as été ordonné par les mêmes qui ont ordonné l'abbé. ;»
7. Il en résulte envies, disputes, médisances, rivalités, dissensions, destitutions,
8. et ainsi, abbé et prévôt étant de sentiments opposés, il est inévitable que leurs âmes soient en danger, tant que durent ces dissensions,
9. et leurs subordonnés courent à leur perte, du fait qu'ils flattent leurs partisans.
10. La responsabilité de ce dangereux fléau pèse au premier chef sur ceux qui se sont faits les auteurs d'un tel désordre.
« De graves conflits dans les monastères ». Eh oui, malheureusement cela existe dans
un monastère. Si Benoit fait référence à un conflit d'autorité entre l'abbé et le prieur, il y a
bien d'autres occasions de conflits. Ici on peut entendre la question que pose St Jacques dans
son épître « d'où viennent et les guerres, d'où viennent les conflits entre vous?» (Je 4,1) Et il
répond: «N'est-ce pas justement de tous ces instincts qui mènent leur combat en nous-
mêmes? » Mystérieusement la racine de nos conflits ne se trouve pas d'abord à l'extérieur,
mais à l'intérieur dans notre propre conflit interne. Cette constatation nous est toujours
difficile à accepter. C'est tellement plus facile de mettre la faute sur le dos des autres, et notre
adversaire en particulier. Dire ceci, c'est ouvrir une première porte dans la résolution du
conflit: savoir reconnaître ma part dans ce conflit et le poids que je fais peser, est la base et le
premier pas de tout progrès vers la réconciliation.
Ensuite, si on veut avancer, il est important de parler avec une tierce personne. Peut-
être dans un premier temps pour se décharger de tout son ressenti. Mais ce premier temps ne
suffit pas. Un deuxième temps appellera une parole qui sache essayer de voir pourquoi j'ai agi
ou réagi comme cela, pourquoi je m'emporte ou pourquoi je suis terrorisé. Poser la question,
chercher à comprendre sans tomber dans le piège de l' autojustification est un gage énorme de
progrès. Progrès pour apprendre à gérer ce conflit interne qui m'habite et me fragilise. Gérer
ne veut pas dire nécessairement résoudre. Mais gérer veut dire accepter de regarder en face,
pour assumer et essayer d'avancer. Nous touchons là un vrai travail humain et spirituel
qu'aucun de nous ne peut esquiver. Le conflit extérieur peut servir de révélateur et nous
permettre finalement d'aller plus en profondeur, dans une meilleure connaissance de nous-
même. Nous restons en partie un mystère à nous-mêmes. Pouvoir considérer cela
paisiblement sans déni et sans peur ouvre en nous un chemin de liberté. Dans l'ouverture du
cœur au Père Spirituel, nous avons un précieux instrument pour apprendre à mettre des mots
sur ce que nous vivons, sans toujours bien le comprendre dans un premier temps. Mais peu à
peu, en apprenant à dire nos combats et nos conflits intérieurs une lumière se fait. Si dans le
même temps, nous savons les confier au Christ dans la prière, une œuvre de guérison s'opère
en nous. Le Christ continue et poursuit pour chacun son ministère de guérison à travers sa
Parole, à travers les sacrements, à travers nos frères qu'Il met sur notre route. - 28-09-2017
16. Il ne sera pas agité et inquiet, il ne sera pas excessif et obstiné, il ne sera pas jaloux et soupçonneux à l'excès, car il ne serait jamais en repos.
17. Dans les ordres qu'il donne, il sera prévoyant et réfléchi, et que l'œuvre qu'il commande soit selon Dieu ou selon le siècle, il usera de discrétion et de mesure,
18. en songeant à la discrétion de saint Jacob, qui disait : « Si je fais peiner davantage mes troupeaux à marcher, ils mourront tous en un jour. »
19. Prenant garde à ce texte et aux autres sur la discrétion, mère des vertus, il mettra de la mesure en tout, en sorte que les forts aient à désirer et que les faibles n'aient pas à prendre la fuite.
20. Et surtout, qu'il garde en tous ses points la présente règle,
21. afin qu'après avoir bien servi, il entende le Seigneur lui dire, comme au bon serviteur qui distribua en son temps le froment à ses compagnons de service :
22. « En vérité, je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens. »
Hier, je parlais du « discernement» qui revenait à l'abbé, à l'inverse du «jugement»
qui appartenait à Dieu. Dans la suite de ce chapitre, Benoit prolonge ses recommandations en
invitant l'abbé à la « discrétion et à la mesure». Le mot « discrétion»est ici à entendre
d'abord dans son sens originel de « séparer et de distinguer» dans la recherche de ce qu'il
convient de faire, non au sens moderne d'effacement. Et en même temps, il est associé
étroitement au mot « mesure»qui traduit le verbe « temperare ». Ce verbe « temperare »
signifie « combiner, disposer convenablement les éléments d'un tout, d'où allier». Ainsi
l'abbé est invité à la fois à savoir distinguer et à savoir combiner ensemble. Là résidera aux
yeux de St Benoit: la vertu de discrétion, l'art de discerner. Pour prendre des exemples des
deux aspects de cette unique vertu, hier Benoit soulignait l'aspect distinction quand il
recommandait de haïr les vices et d'aimer les frères. Il s'agit de bien distinguer entre les frères
et leur péché. Et touchant l'aspect de mesure, il demandait de ne pas trop gratter la rouille
pour ne pas briser le vase. Si la distinction conduit à enlever la rouille, la mesure invite à
penser au vase afin de le sauvegarder d'une dégradation qui serait pire. Quand aujourd'hui
nous entendons que l'abbé devra « mettre de la mesure en tout, en sorte que les forts aient à
désirer et que les faibles n'aient point à rendre la fuite », st Benoit offre une magnifique
illustration de cet art du discernement qui distingue tout en tenant ensemble. St Benoit
souhaite donner à chacun selon ses possibilités afin que tous se donnent tout entier, au
meilleur d'eux-mêmes, et en même temps, il s'agit de marcher ensemble les plus forts avec
les plus faibles. L'art de discerner, la vertu de discrétion dans le gouvernement d'une
communauté, est cette sagesse qui prendra en compte la réalité de chacun et celle de la
communauté. Equilibre et art difficile qui ne peut être qu'un don de l'Esprit Saint.Lui seul
sait ce qui convient à chacun pour le faire servir au bien de tous, et inversement, lui seul
connait ce dont la communauté a besoin de telle façon que tous puissent progresser davantage
dans un amour plus vrai de Dieu et du prochain. Je me confie à votre prière pour que je sois
davantage un instrument docile pour son œuvre. - 21-09-2017
7. Quant à l'abbé qui a été ordonné, il songera toujours à la charge qu'il a reçue et à celui auquel il devra « ;rendre compte de sa gestion ;».
8. Il saura qu'il doit plutôt « servir que régir ».
9. Il doit donc être « savant » dans la loi divine, pour savoir et avoir d'où « tirer le neuf et l'ancien », chaste, sobre, miséricordieux.
10. Et que « la miséricorde l'emporte toujours sur le jugement », afin qu'il obtienne pour lui le même traitement.
11. « Qu'il haïsse les vices et qu'il aime les frères. »
12. Dans ses réprimandes même, qu'il agisse prudemment et « ;sans rien de trop », de peur qu'en voulant trop gratter la rouille, il ne brise le vase.
13. Il ne perdra jamais de vue sa propre fragilité, et se souviendra « ;qu'il ne faut pas écraser le roseau cassé. »
14. Nous ne voulons pas dire par là qu'il permettra aux vices de se développer, mais qu'il les retranchera prudemment et avec charité, suivant qu'il lui semblera opportun pour chaque individu, comme nous l'avons déjà dit.
15. Et il s'efforcera « d'être plus aimé que redouté ».
Il faudrait s'arrêter sur chaque verset que nous venons d'entendre tant ils sont riches
d'enseignement. J'en retiens un: « 'que la miséricorde l'emporte toujours sur le jugement'
afin qu'il obtienne pour lui le même traitement ».
Un apophtegme rapporte à propos d'Isaac le Thébain: «Abba Isaac le Thébain vint un
jour dans un coenobium et, voyant un frère commettre un péché, le condamna. Lorsqu'il
revint au désert, un ange du Seigneur vint se tenir devant la porte de sa cellule disant: « Je
ne te laisse pas entrer. » Mais lui insista disant: « Qu 'y-a-t-il ? ». Et l'ange lui répondit :
« Dieu m'a envoyé te demander où tu désires qu'il jette le frère coupable que tu as
condamné. »Aussitôt, il se repentit et dit : « J'ai péché, pardonne-moi ». Et l'ange lui dit :
« Lève-toi, Dieu t'a pardonné. Mais dorénavant, garde-toi de juger quelqu'un avant que Dieu
ne l'ait fait.» (Isaac le Thébain 1) Le jugement appartient à Dieu, à nous les hommes, il
revient de discerner.Quelle est la différence? Ou comment est-ce que je la comprends? Le
jugement de Dieu se fait au terme de l'histoire. Il ressaisit les actions des hommes dans la
lumière d'une vie et d'une histoire, pour séparer ou faire ressortir le bien du mal, à la manière
de la séparation entre le bon grain et l'ivraie. Ne pourra rester dans la lumière de Dieu que le
bien vécu et le pardon divin offert pour le mal commis. Au cœur de l'histoire en train de se
dérouler, le discernement demeure nécessaire. A hauteur de vue humaine, c'est-à-dire
toujours limitée, il consiste peut-être surtout à favoriser la vie pour chacun et pour la
communauté humaine. Dans un monastère, discerner c'est pouvoir dégager et mettre en
lumière tout ce qui va servir la fidélité de chacun et de la communauté à l'appel entendu de
Dieu. Quand St Benoit parle de « haïr les vices », ou de « les retrancher », en prenant soin de
le distinguer des personnes, n'est-il pas dans cette dynamique? Chacun de nous est plus grand
que son péché ou que ses faiblesses. L'abbé n'est ici qu'un serviteur pour vivre lui-même ce
discernement et pour aider chacun à le faire sien dans sa propre vie. Haïr ses vices et s'aimer
soi-même, est une part non négligeable de notre combat humain et spirituel. Enfin, si le
jugement appartient à Dieu et à lui seul, il n'en est pas de même de la miséricorde. Dans sa
grande bonté, il nous offre sa miséricorde, mais il nous permet de devenir miséricordieux
comme lui. « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». Plus qu'un
commandement, nous pouvons entendre là l'expression d'un grand honneur que notre Père
des Cieux nous fait: partager aux autres le don reçu de son propre amour miséricordieux. - 20-09-2017
1. Dans l'ordination de l'abbé, on prendra toujours pour règle d'instituer celui que se sera choisi toute la communauté unanime dans la crainte de Dieu, ou même une partie de la communauté, si petite soit-elle, en vertu d'un jugement plus sain.
2. C'est pour le mérite de sa vie et la sagesse de son enseignement que l'on choisira celui qui doit être ordonné, même s'il est le dernier par le rang dans la communauté.
3. Si même toute la communauté choisissait d'un commun accord une personne complice de ses vices, – ;à Dieu ne plaise ;! ;–
4. et que ces vices viennent tant soit peu à la connaissance de l'évêque au diocèse duquel appartient ce lieu et des abbés ou des chrétiens du voisinage,
5. ils empêcheront la conspiration des méchants de l'emporter, et ils institueront dans la maison de Dieu un administrateur qui en soit digne,
6. sachant qu'ils en recevront une bonne récompense, s'ils le font avec une intention pure et par zèle pour Dieu, de même qu'ils commettraient au contraire un péché, s'ils négligeaient de le faire.
Ces quelques lignes sont riches d'enseignement sur la manière monastique de se
choisir un supérieur. Elles viennent corriger l'idée assez spontanée qui associerait le
fonctionnement de désignation de l'abbé avec le fonctionnement démocratique que nous
connaissons bien aujourd'hui. St Benoit envisage trois cas de figure dont seul, le premier, est
à proprement parler « démocratique ».
Le premier rapporte la règle générale selon laquelle il revient à la communauté de se
choisir son abbé. Plus qu'une élection à la majorité absolue (50% + une voix), est visé un
choix unanime par une communauté vivant de « la crainte de Dieu ». Il ne suffit pas que sorte
un nom, mais qu'il soit porté par une bonne unanimité de frères. La communauté n'en sera
que mieux rassemblée par la suite autour du nouvel élu. Notre droit a gardé de cette
recommandation la nécessité pour être élu d'obtenir les 2/3 des voix. Seulement au 4° tour, si
aucun nom n'est sorti, le vote se fera à la majorité absolue. L'unité de la communauté est
toujours recherchée. Là est sa force, dans la confiance témoignée à celui qu'elle choisit.
Le second cas mentionné par Benoit n'est pas du tout démocratique puisqu'il envisage
que l'abbé soit choisi par une petite partie de la communauté dont le «jugement serait plus
sain ». Nous peinons à imaginer cette façon de procéder qui manifeste finalement le primat du
discernement spirituel dans une élection d'abbé. Dans notre droit, elle n'apparait plus.
Le troisième cas, encore moins démocratique, consiste à tout mettre en œuvre pour
faire annuler une élection, faite pourtant à la majorité des suffrages. Pourquoi annuler?
L'arbre mauvais a donné un mauvais fruit. Et il faut tout faire pour qu'il y ait un autre
supérieur afin de sauver la communauté de ses vices, car elle est la « maison de Dieu »,
Benoit en appelle ici à la vigilance de l'Eglise: l'évêque, d'autres abbés ou même les
chrétiens. Cette notation fait ressortir combien la maison de Dieu qu'est le monastère est
vitale pour l'Eglise. Aujourd'hui, notre droit intègre ce recours dans le processus d'élection
lui-même, avec la venue du visiteur pour la présider, et ensuite avec la confirmation de
l'élection demandée à l'Abbé Président. Petite cellule d'Eglise, la communauté se reçoit de
l'Eglise. - 19-09-2017
15. Chaque fois que les frères se rencontrent, le plus jeune demandera la bénédiction de l'ancien.
16. Au passage d'un supérieur, l'inférieur se lèvera et lui offrira le siège où il était assis. Et le plus jeune ne se permettra pas de se rasseoir avant que son ancien ne le lui commande,
17. pour faire ce qui est écrit : « Prévenez-vous d'honneurs mutuels. ;»
18. Les petits enfants et les adolescents, à l'oratoire et aux tables, garderont leur rang en bon ordre.
19. Mais au dehors et partout, ils seront surveillés et maintenus dans l'ordre, jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'âge où l'on comprend.
Une fois étant dans le métro, il m'est arrivé qu'un jeune devant moi, assis sur un siège,
se lève et me laisse sa place. Je ne voulais pas mais il a insisté ... Je me suis dit que je
commençais à prendre de l'âge ! Ce geste très spontané que j'ai remarqué plusieurs fois pour
d'autres, lors de déplacements dans la capitale est touchant. Un autre jour, j'avais une grosse
valise allant sûrement à l'aéroport, au bas d'un escalier de métro, une jeune femme me l'a
prise, et l'a porté jusqu'en haut... La preuve était faite, j'avais dû vieillir! En tout cela ce qui
est touchant, ce n'est pas tant la chose en elle-même, laisser sa place ou aider à porter une
valise, mais c'est l'élan de la personne qui l'a fait. Un élan de bonté, d'attention, finalement
d'amour. Un élan gratuit qui ne demande rien. C'est donné avec délicatesse, et c'est fini. La
personne disparait. Mais demeurait en moi un baume, une lumière, et je pense aussi dans le
cœur de celui ou celle qui a fait ce geste, une légèreté, une joie d'avoir donné gratuitement.
Cette bonté et cette générosité toute simple a quelque chose de contagieux. Plusieurs fois, je
me suis surpris à avoir envie de faire la même chose, sans trop réfléchir.
« Prévenez-vous d'honneur mutuels»recommande St Benoit à la suite de Paul. Notre
vie quotidienne peut nous offrir mille occasions de ces attentions gratuites, sans prétention, ni
désir de s'imposer à l'autre. Simplement guidées par l'élan de l'amour fraternel.N'a-t-on pas
là une des marques d'une communauté chrétienne? L'Esprit Saint qui habite en chacun ne
demande qu'à agir ainsi à travers nous. « N'éteignez pas l'Esprit» : nous dit Paul (l Th 5, 19).
Il est en nous cet élan qui nous fait « prendre les devants» (c'est le sens du verbe « se
prévenir »). Sachons l'écouter car il nous rend attentif aux besoins des autres. Il nous ouvre
les yeux et les mains à l'embarras d'un ancien ou à la solitude d'un frère. Il nous fait nous
souvenir que peut-être tel frère a une attente ou qu'un autre m'a fait telle demande que j'ai
laissée de côté. L'Esprit Saint nous décentre de nous-mêmes et de nos soucis. Il nous aide à
relever la tête pour écouter un frère qui vient nous couper dans notre course, ou encore pour
être attentif à tenir la porte à un autre. L'appel de Dieu nous a placés les uns à côté des autres
pour que nous nous partagions mutuellement les dons de l'Esprit Saint.Oui, laissons vivre en
nous cet élan de charité qui n'a rien de forcé. Plein de respect et délicatesse, en celui qui
reçoit, comme en celui qui donne, il nourrit la joie. - 14-09-2017
10. Les jeunes honoreront leurs anciens, les anciens aimeront leurs inférieurs.
11. En ce qui concerne les noms dont on s'appellera, il ne sera permis à personne d'en appeler un autre par son nom tout court,
12. mais les anciens appelleront les jeunes du nom de frères, tandis que les jeunes donneront à leurs anciens le titre de nonni, qui signifie « ;Révérend Père ;».
13. Quant à l'abbé, puisqu'il apparaît comme le représentant du Christ, on lui donnera les titres de seigneur et d'abbé, non qu'il se les arroge de lui-même, mais pour l'honneur et l'amour du Christ.
14. Mais de son côté, il devra y songer et se conduire de façon à être digne d'un tel honneur.
Il arrive parfois qu'on me demande: « mais pourquoi on vous appelle « Père Abbé»?
Les personnes sont intriguées par ce titre et bien conscientes de la redondance qu'il contient.
J'essaie d'expliquer que pour une part St Benoît dans sa Règle invite à appeler « Abbé»le
supérieur et que d'autre part, avec le temps l'usage avait voulu qu'on ajoute le mot « Père»
Là où Benoît parlait de « Seigneur et d'Abbé », la tradition postérieure a privilégié « Père
abbé » ... expression en usage pas seulement en français mais aussi en italien, ou en anglais.
Comme si avec le temps, l'usage avait voulu que l'abbé soit regardé davantage comme un
« Père»que comme un « Seigneur» ... « Abbé» exprimait davantage la fonction et la charge,
et « Père» traduisant une marque d'affection. On aurait là une évolution qui tout en débordant
la Règle de St Benoît reste bien dans sa ligne. En effet, là où la Règle du Maitre préconise
uniquement le respect et la crainte dans la relation à l'abbé, la Règle de St Benoît invite les
moines à aimer leur abbé (RB 72) et celui-ci à être plus aimé que craint (RB 64)
A propos de ce titre, on reste toujours étonné de la liberté de Benoît, comme de la
tradition ancienne, par rapport à la prescription évangélique « vous n'appellerez personne
« père» ni « maître ». En quelque sorte, La Règle de St Benoît prend le contre-pied de
l'évangile ... et pour quelle raison? Pour mieux honorer et aimer le Christ « pour l'honneur et
l'amour du Christ» dit St Benoit. Comme si le souci de St Benoît était de favoriser le regard
de foi des moines dans leur relation avec l'abbé, pour les aider à reconnaître à travers lui la
volonté du Christ. Nous sommes ici sur un terrain sensible et subtil où se perçoit le lien
profond que Dieu établit avec chacun, à travers les médiations humaines. Le titre « Père
Abbé» est une tentative d'exprimer ce lien. Et le plus important n'est pas le titre, mais le
regard de foi ... foi du moine qui veut être à l'écoute du Christ au travers des médiations
humaines, ici de son abbé, et foi de l'abbé qui veut être à l'écoute de la volonté de Dieu dans
sa relation avec les frères et la communauté. Que le Christ reste l'unique Seigneur de notre
écoute et de notre recherche. - 13-09-2017
1. Au monastère, on gardera les rangs comme ils sont établis par le temps de l'entrée en religion et par le mérite de la vie, et comme en décide l'abbé.
2. Cependant l'abbé ne mettra pas le trouble dans le troupeau qui lui est confié, et il ne prendra pas de disposition injuste, comme s'il jouissait d'un pouvoir sans limite,
3. mais il songera toujours qu'il devra rendre compte à Dieu de tous ses jugements et œuvres.
4. C'est donc suivant les rangs qu'il aura établis ou que les frères auront d'eux-mêmes, qu'ils iront recevoir la paix, communier, imposer les psaumes, et qu'ils se tiendront au chœur.
5. Et absolument partout, l'âge ne modifiera pas les rangs ni ne portera préjudice,
6. puisque Samuel et Daniel enfants ont jugé des anciens.
7. Donc à l'exception de ceux que l'abbé, comme nous l'avons dit, fera monter à bon escient ou fera descendre pour des raisons déterminées, tous les autres seront comme ils sont entrés en religion ;:
8. par exemple, celui qui arrive au monastère à la deuxième heure du jour se considérera comme plus jeune que celui qui est arrivé à la première heure, quel que soit son âge ou sa dignité.
9. Cependant les enfants seront maintenus dans l'ordre par tous et en tout domaine.
Que retenir de ce chapitre sur l'ordre de la communauté, selon lequel chacun occupe
une place précise en fonction de son entrée au monastère? A la fois, st Benoit prévoit un
ordre selon l'heure d'arrivée au monastère et à la fois en quelque sorte, il prévoit le désordre.
En effet, il laisse à l'abbé la faculté de faire qu'un frère occupe un rang différent de celui
donné par le jour de son entrée. Nous l'avons déjà entendu à propos des moines étrangers
reçus ou des prêtres: « si l'abbé voit qu'il en est digne, il pourra le mettre à une place un peu
plus élevée» (RB 61, Il). Cette disposition montre que Benoit n'est pas prisonnier d'un
critère de jugement si élevé soit-il. L'ordre donné par le jour d'arrivée est important puisqu'il
s'enracine dans la Providence de Dieu qui appelle. Mais il n'est pas érigé en absolu. Revient
au jugement humain selon les circonstances de pouvoir faire autrement. Ici, Benoit invoque
un autre critère: celui de la justice qu'il formule sur le mode négatif. « L'abbé ne mettra pas
le trouble dans le troupeau ... il ne prendra pas de disposition injuste ... » L'abbé doit
rechercher la justice.
Aujourd'hui, nous n'avons plus les rangs car le danger, redouté par Benoit, de voir les
plus âgés ou les plus riches imposer à la communauté, leur façon de faire est moins
perceptible à notre époque. Mais sommes-nous pour autant à l'abri de toute tentation
d'instaurer des hiérarchies plus ou moins sauvages entre nous? En fonction du savoir ou en
fonction de la capacité à faire entendre sa voix, par ex ... La justice à laquelle l'abbé ne doit
pas déroger est toujours à rechercher devant. Et en même temps, cette justice ne consiste pas
en une mise à égalité de tous, qui nivèlerait à l'identique pour chacun, tous les aspects de la
vie. En son idéal, lajustice n'est-elle pas de permettre à chacun d'avoir ou de faire ce qui lui
correspond afin de servir au mieux la communauté? De telle sorte que les frères puissent
vivre sans avoir besoin de se mesurer pour savoir qui a plus ou moins, ou de rechercher qui
est plus ceci ou moins cela ... Cette justice est un exercice constant du ministère de l'abbé.
Elle est aussi une école pour tous, afin de s'habituer à regarder les autres avec bonté et
hauteur de vue, non avec des lunettes qui quantifient et pèsent chacun sur la même balance.
La justice selon Dieu vers laquelle nous tendons, celle du Royaume, dépasse en profondeur la
justice humaine. Elle nous apprend que les derniers seront premiers, ou que les publicains et
les prostituées nous précèdent ... - 12-09-2017
1. Si un abbé demande qu'on lui ordonne un prêtre ou un diacre, il choisira parmi les siens quelqu'un qui soit digne d'exercer le sacerdoce.
2. Quant à celui qui sera ordonné, il se gardera de l'élèvement ou de la superbe,
3. et il ne se permettra rien en dehors de ce que l'abbé lui commande, sachant qu'il sera soumis bien plus encore aux sanctions de la règle.
4. Et sous prétexte de sacerdoce, il n'oubliera pas l'obéissance et la discipline de la règle, mais de plus en plus il progressera vers Dieu.
5. Il regardera toujours comme sienne la place qu'il avait de par son entrée au monastère,
6. sauf pour le service de l'autel et si le choix de la communauté et la volonté de l'abbé voulaient le promouvoir en raison du mérite de sa vie.
7. Toutefois il saura garder pour lui-même la règle établie pour les doyens et prévôts.
8. S'il se permet d'agir autrement, on ne le jugera pas comme prêtre, mais comme rebelle.
9. Et si, après de nombreux avertissements, il ne se corrige pas, on fera même intervenir l'évêque comme témoin.
10. Si même alors il ne s'amende pas, ses fautes devenant notoires, on le mettra à la porte du monastère,
11. si toutefois son obstination est telle qu'il ne veuille pas se soumettre ou obéir à la règle.
Dans une communauté monastique, où l'on vit toujours ensemble, le service du prêtre
est délicat. Le prêtre est un frère parmi d'autres, et en même temps, de par sa fonction, il a une
certaine autorité sur ses frères. Par la parole donnée, par les sacrements qu'il célèbre au nom
de l'Eglise, il exerce une responsabilité vis-à-vis de la croissance spirituelle de la
communauté. A travers sa parole, et plus largement à travers sa manière d'être célébrant, il est
un instrument de la grâce que le Christ offre aujourd'hui à la communauté. Il se trouve dès
lors exposé en sa place de président.Si toute la communauté est liturge, c'est-à-dire
pleinement actrice du mystère célébré, le prêtre l'est à un titre spécial. C'est au nom de la
communauté et à son service qu'il agit. Sisa parole choque ou est inaudible, si ses gestes sont
inappropriés, si sa tenue est négligée, s'il fait trop d'erreurs, la communauté en ressent
immédiatement une gêne. Cette gêne fait obstacle à la célébration. S'ensuivent, dans la tête de
bon nombre, des distractions, peut-être des mauvaises pensées qui font sortir de la prière et du
mystère en train d'être célébré. Si la gêne devient trop forte, une dissociation s'opère. Peu à
peu, la communauté subit le prêtre, mais ne se reconnait plus en lui. Au sens propre, il n'est
plus liturge, car il ne porte plus l'action liturgique avec et au nom de la communauté. Nous
entendons parfois ce genre de plaintes dans des paroisses ou dans des communautés
religieuses. Je dis cela pour que nous nous aidions à être vigilants les uns envers les autres
pour demeurer des liturges, c'est-à-dire des personnes qui servent vraiment l'action liturgique,
et pas autre chose. Concernant les frères prêtres, je souhaite que nous puissions travailler
ensemble certains de nos gestes ou attitudes, afin qu'ils soient plus ajustés et plus dignes.
Autrefois, on pensait éviter toute discordance dans la liturgie, en prévoyant paroles et moindre
gestes au millimètre près. Les rubriques fixaient chaque action dans le moindre détail. C'était
une façon un peu militaire d'envisager la liturgie. Aujourd'hui nous sommes plus conscients
que la liturgie n'est pas affaire de règlement où tout est prévu au millimètre, mais bien une
affaire de présence. Présence à Dieu, présence à soi, présence aux autres. Chacun vivra cette
présence différemment. Mais pour autant tout n'est pas possible. Le regard des autres nous
permet de rester ajustés au réel.Faisons bon accueil aux éventuelles remarques pour améliorer
le service rendu. Je souhaite que pareillement nous puissions reparler d'autres services comme
celui des acolytes. Sans crainte, dans un esprit de foi et de service, nous pourrons goûter la
joie d'être davantage présents à notre service liturgique. - 09-09-2017