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32. Et il dit encore : « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. »
33. De là aussi la parole du Seigneur dans l'Évangile : « Celui qui écoute ce que je viens de dire et le met en pratique, je le comparerai à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre.
34. Les eaux sont venues, les vents ont soufflé et ont heurté cette maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était fondée sur la pierre. ;»
35. Achevant ainsi son discours, le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par des actes aux saints enseignements qu'il vient de nous donner.
36. Voilà pourquoi les jours de cette vie nous sont accordés comme un sursis en vue de l'amendement de notre mauvaise conduite,
37. selon le mot de l'Apôtre : « Ne sais-tu pas que la patience de Dieu te conduit à la pénitence ? »
38. Car le Seigneur dit, dans sa bonté : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. »
Bâtir sur le roc ou sur le sable? Spontanément nous désirons bâtir sur le roc. Mais
combien de fois ne nous surprenons-nous pas bien défaillant, perdant pied... Combien de fois
ne mesurons-nous pas que nos bonnes intentions sont fragiles et souvent bien peu suivies
d'actions concrètes. Nous croyions notre maison bâtie sur le roc, mais c'était sur du sable ...
N'est-ce pas la raison pour laquelle, chaque jour patiemment nous nous mettons à l'écoute de
la Parole de Dieu?Chaque jour, dans la lectio, la liturgie, dans la prière personnelle, nous
nous laissons creuser par la Parole pour mieux fonder notre existence sur le Christ notre
Roc ... Il nous faut reprendre sans cesse cette écoute afin d"entendre la vraie Parole, celle qui
nous fonde sur le Roc. En effet tant d'autres paroles ou désirs illusoires nous habitent qui
parasitent ou obscurcissent, et qui nous font bâtir sur le sable. Ce seront des formes de peur
bien dissimulées sous de fausses prudences. Ce seront des désirs illusoires enjolivés sous de
fervents propos de conversion. Ce seront des jugements blessants qui se parent d'être des
paroles de discernement. ... Nous remettre sous la Parole chaque jour, avec persévérance et
assiduité, n'est-ce pas notre manière de cultiver une relation juste avec le Seigneur et avec les
autres? Choisir la Parole pour démasquer les fausses paroles, les fausses pensées qui
reviennent souvent comme d'illusoires propos de sagesse ... Ainsi nous apprenons à affiner
notre écoute et notre discernement. St Benoit nous assure que le Seigneur ne veut pas la mort
du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. Il est bon de ré entendre cette conviction
qui nous replace devant le bon projet de notre Père des cieux. Comme nous l'entendions,
dimanche, il ne désire rien d'autre que de nous faire entrer dans sa joie. La parabole des
talents met bien en scène cette fausse parole qui brouille les cartes et conduit à l'impasse le
possesseur du seul talent. Il se laisse guider par une parole ou une idée de peur. Cela le
, paralyse. Sans cesse, il nous faut discerner dans l'appel à la conversion, non pas la voix d'un
Père qui empêche de vivre, mais la voix d'un Père qui désire nous faire entrer dans sajoie de
Dieu. L'appel à la conversion ou celui à faire fructifier des talents déplace notre désir pour
l'élargir. .. Réjouissons-nous-en. N'ayons pas peur. Notre Père des cieux veut une vie bien
meilleure que celle que nous pouvons imaginer par nous-mêmes. -21.11.2017
21. Ceignant donc nos reins de la foi et de l'accomplissement des bonnes actions, avançons sur ses voies, sous la conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés à son royaume.
22. Si nous voulons habiter dans la demeure de ce royaume, on ne saurait y parvenir, à moins d'y courir par de bonnes actions.
23. Mais interrogeons le Seigneur avec le prophète, en lui disant : « ;Seigneur, qui habitera dans ta demeure, et qui reposera sur ta montagne sainte ? »
24. Cette question posée, frères, écoutons le Seigneur nous répondre et nous montrer le chemin de cette demeure,
25. en disant : « C'est celui qui marche sans se souiller et accomplit ce qui est juste ;
26. qui dit la vérité dans son cœur, qui n'a pas commis de tromperie par sa langue ;
27. qui n'a pas fait de mal à son prochain ;; qui n'a pas laissé l'injure atteindre son prochain ;» ;;
28. qui, lorsque le malin, le diable, lui suggérait quelque chose, l'a repoussé loin des regards de son cœur, lui et sa suggestion, l'a réduit à néant, et s'emparant de ses petits – les pensées qu'il lui inspirait – les a écrasés contre le Christ.
29. Ce sont ceux-là qui, craignant le Seigneur, ne s'enorgueillissent pas de leur bonne observance, mais qui, estimant que ce qui est bon en eux ne peut être leur propre œuvre, mais celle du Seigneur,
30. magnifient le Seigneur qui opère en eux, en disant avec le prophète : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rends gloire ! »,
31. de même que l'Apôtre Paul, lui non plus, ne s'attribuait rien de sa prédication et disait : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. »
32. Et il dit encore : « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. »
Dans ce passage, St Benoit présente deux des fondements de la vie
monastique: l'agir juste, et la parole juste. Nous apprenons peu à peu
au monastère à rendre nos paroles et nos actes plus conformes à
l'enseignement du Christ, à l'Evangile. Cette transformation ne se fait
pas en un jour. Il y faut toute la vie. Mais elle est nécessaire pour que
nous ne vivions pas dans l'illusion, ni dans le mensonge.
Plusieurs fois dans ce passage St Benoit revient sur l'agir juste: il parle
de « la pratique des bonnes actions ». Il s'adresse à « celui qui marche
sans tache et pratique la justice », à « celui qui ne fait pas de mal à son
prochain ». Mais St Benoit sait que cet agir juste est un don de Dieu,
une grâce. C'est pourquoi il précise: « Ces hommes-là ne se vantent pas
de leur bonne conduite. Il estiment que ce qu'il y a de bien en eux ne
peut pas être leur propre œuvre, mais celle du Seigneur ». « Il glorifient
Dieu qui agit en eux ». Et il ajoute: « Que celui qui se glorifie se glorifie
dans le Seigneur ».
A cet agir juste, correspond donc un parole juste, sur soi-même, mais
.
aussi sur les autres. Car la parole juste conduit à l'humilité, mais aussi
au respect de l'autre. Le premier conseil à ceux qui désirent faire un pas
dans la vie intérieure c'est de garder sa langue, supprimer tout
commérage. On ne peut ne peut entendre la Parole de Dieu quand
notre cœur est occupé de paroles mondaines. Ni parler à Dieu dans le
bruit d'une conversation où Dieu n'a pas de place.
Agir juste, parole juste. Voilà un choix de vie qui aide à traverser les
tempêtes, les difficultés, les épreuves. Car seule la maison bâtie sur le
roc peur résister à la tempête. Toutes les autres seront emportées par
le torrent des passions: la jalousie, la colère, l'envie, les désirs de la
chair.
Ce passage est aussi un bel exemple de christianisation du psautier. Ici,
St Benoit a repris le Psaume 14. Ille cite, il le paraphrase, il le
commente. Il met le Christ au cœur du Psaume. -16/11/17
14. Et se cherchant un ouvrier dans la foule du peuple, à laquelle il lance cet appel, le Seigneur dit de nouveau :
15. « Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? »
16. Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit :
17. « Si tu veux avoir la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne prononcent point la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la.
18. Et quand vous aurez fait cela, j'aurai les yeux sur vous et je prêterai l'oreille à vos prières, et avant que nous m'invoquiez, je dirai : me voici ! »
19. Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite, frères bien aimés ?
20. Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous montre le chemin de la vie.
Si nous nous mettons à l'écoute, comme nous y invite le premier mot
de la Règle, un jour, nous entendrons le Seigneur. Il nous parle à travers
l'Ecriture. Pour Benoit, c'est l'essence de la vocation monastique: avoir
fait l'expérience que la Parole de Dieu est une parole pour moi.
Mais cette parole que Dieu adresse à celui qui frappe à la porte du
monastère, a une double tonalité. Elle est une invitation au bonheur:
« Quel est l'homme qui aime la vie, et désire voir des jours heureux? »
Mais elle est aussi une invitation à la conversion: « Garde ta langue du
mal, et tes lèvres des paroles trompeuses. Détourne-toi du mal, et fais
le bien. Cherche la paix, et poursuis-la. »
1/ s'agit donc d'abord d'une invitation au bonheur. Pour devenir moine,
il faut aimer la vie. Si nous avons laissé de côté le monde et ses plaisirs,
ce n'est pas par mépris de la vie. Au contraire, c'est l'amour de la vie
qui vous pousse à désirer ce qu'il y a de plus précieux, de plus beau, de
plus vrai, de meilleur: Dieu lui-même!
Mais pour trouver le chemin qui mène à Dieu, il faut laisser tomber bien
des choses: le mal, le mensonge, tout ce qui ne satisfait qu'un instant.
Pour Benoit, le renoncement n'est qu'une conséquence de notre amour
de la vie. Et une condition pour qu'il puisse aboutir un jour. Bien sûr, il y
a des routes qui semblent plus attrayantes, plus faciles, plus larges. Et il
peut nous arriver de le penser quand nous peinons. Mais l'expérience
nous l'apprend, il n'y a pas de chemin facile pour celui cherche le vrai
bonheur. Apprendre à aimer est toujours un chemin de renoncement à
soi-même.
St Bernard, disait à ses moines: « Ne cherchez rien comme Dieu, rien
plus que Dieu, rien hors de Dieu. » Ayons donc le cœur assez silencieux
pour entendre l'appel de Dieu, et pour y répondre. Nous voulons être
fidèles à son appel. Nous voulons être vivants. Nous voulons aimer.
Nous cherchons le bonheur. -15/11/17
6. En tout temps, en effet, il nous faut lui obéir au moyen des biens qu'il met en nous, de sorte que non seulement, père irrité, il ne vienne jamais à déshériter ses fils,
7. mais aussi que, maître redoutable, courroucé de nos méfaits, il ne nous livre pas au châtiment perpétuel, comme des serviteurs détestables qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.
8. Levons-nous donc enfin, puisque l'Écriture nous éveille en nous disant : « L'heure est venue de nous lever du sommeil »,
9. et les yeux ouverts à la lumière de Dieu, écoutons d'une oreille attentive ce que la voix divine nous remontre par ses appels quotidiens :
10. « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs ;» ;;
11. et encore : « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises. »
12. Et que dit-il ? « Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur.
13. Courez, pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous atteignent. »
Nous retrouvons dans ce passage du Prologue les mêmes thèmes que
dans les premiers versets. Quatre verbes le résument: entendre,
écouter, accueillir, et faire. St Benoit exprime tout cela par un choix de
citations bibliques. « N'endurcissez pas votre cœur ». « Ecoutons d'une
oreille attentive. » « Je vous enseignerai la crainte du Seigneur ».
« Courez tant que vous avez la lumière de la vie ». Ces textes placent ce
cheminement dans une double perspective: celle de l'aujourd'hui. Celle
de l'urgence.
Voyons d'abord ce qui est dit de cet aujourd'hui. « L'heure est venue de
sortir de votre sommeil ». « Ecoutons la voix puissante de Dieu qui nous
presse chaque jour en disant: Aujourd'hui, n'endurcissez pas votre
cœur. » Pour Benoit, il n'est pas question d'attendre un hypothétique
moment favorable. C'est aujourd'hui que Dieu nous appelle. C'est
aujourd'hui qu'II nous attend. Ne vivons pas dans le regret d'un passé
idéalisé. Ni dans le rêve d'un avenir qui chanterait. Cela n'est pas la
vérité. La lumière de Dieu nous éclaire aujourd'hui. C'est en ce moment
que nous pouvons vivre la relation avec Lui.
Mais cet aujourd'hui a quelque chose de pressant. Il y a urgence. « Dieu
chaque jour nous presse ». Alors, « courez tant que vous avez la lumière
de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous enveloppent. »
Cela signifie que notre conversion ne supporte pas de délai. Le refus
d'écouter, en nous enfermant dans notre péché, nous rend arides et
stériles. Et la Parole ne porte plus aucun fruit en nous.
Saint Benoit construit sa Règle sur ce double dynamisme. Celui de
l'aujourd'hui, où Dieu vient nous visiter. Et celui de l'urgence. Il ne sert
à rien de regretter les oignons d'Egypte. Ni de rêver de jours
merveilleux dans l'avenir. Accueillons le don que Dieu nous fa it
aujourd'hui, la vie, sa Parole; c'est là que Dieu nous attend. Mais pour
cela nous avons à apprendre à écouter.
Et si Benoit nous invite à entendre, à écouter Dieu aujourd'hui, c'est
afin de pouvoir lui parler, le célébrer. Répondre à l'appel entendu. Etre
attentifs, voilà ce qui nous manque le plus. C'est un don de l'Esprit Saint
qu'il nous faut demander. Etre fidèles à briser toutes les petites
attaches qui nous replient sur nous-mêmes, et nous empêchent
d'entendre la voix de Dieu. - 14/11/17
1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.
2. Ainsi tu reviendras, par ton obéissance laborieuse, à celui dont tu t'étais éloigné par ta désobéissance paresseuse.
3. À toi donc, qui que tu sois, s'adresse à présent mon discours, à toi qui, abandonnant tes propres volontés pour servir le Seigneur Christ, le roi véritable, prends les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance.
Depuis maintenant quelques semaines, nous lisons le livre d'Ezéchiel aux Vigiles. Un
livre où le prophète ne ménage pas sa peine ni son courage pour interpeler le peuple d'Israël
qui se fourvoie dans les infidélités, dans les idolâtries de toute sorte. Le langage est rude et
tranchant. Mais ne nous donne-t-il pas à entendre le cri d'un Dieu gui nous aime et qui désire
pour son peuple bien mieux que ce vers quoi il se tourne spontanément. L'idolâtrie est ce
mouvement du péché qui nous détourne de la vérité pour nous entrainer vers des illusions ...
illusions de la sécurité, de l'avoir, du pouvoir, du savoir etc ... bref tout ce qui nous donne
l'illusion de pouvoir nous passer de Dieu ou de l'avoir à notre service ... Quelle est l'antidote
à l'idolâtrie? C'est l'écoute, l'écoute « d'un père qui t'aime », nous assure Benoit ce matin.
Oui, Dieu notre Père ne cesse de venir nous parler, de nous dire son amour, de nous
interpeller de mille manières. Son désir est de nous faire entrer dans une relation vivante et
vraie, une relation de confiance et d'amour. Mystérieusement, marqués par le péché nous
peinons à entendre cette parole comme bonne et libérante. Depuis Adam, nous peinons à vivre
l'écoute ou l'obéissance à la Parole de Dieu comme faisant partie naturellement de notre vie.
Nous sommes devenus infirmes, durs d'oreille, durs de cœur. .. Pour revenir vers Dieu, cela
nous demande un vrai labeur.Benoit parle de « l'obéissance laborieuse ».
Ecouter, désirer écouter... pour mieux entendre la voix du Père qui nous aime. C'est un
combat de tous les jours. Il y a tellement de fausses représentations de Dieu et de nous-mêmes
qui voilent et obstruent l'écoute. Elles nous laissent enfermés sur nous-mêmes. Ecouter,
Benoit propose de prendre « les armes de l'obéissance»pour ce combat. Obéissance à un
homme dans le désir d'y « servir le Seigneur Christ, le roi véritable ». Depuis que le Verbe, la
Parole s'est faite chair, il nous est donné de pouvoir entendre avec confiance la voix de Dieu
dans la voix d'un homme, ou dans la voix des évènements de l'histoire. La vie monastique se
propose d'être une école d'écoute de la Parole de Dieu en faisant fond sur toutes les
médiations humaines. Ces médiations nous décentrent de nous-mêmes. Elles nous sortent de
l'illusion tenace d'être notre propre source ... Avec ce début de la règle, retrouvons le goût et
la joie de l'écoute: l'écoute de la Parole proclamée dans la liturgie ou méditée dans la
lectio .. .l'écoute de la parole du frère .. .l'écoute de la parole d'autorité .. .l'écoute des
évènements ... Soyons heureux d'être moins des hommes qui savent que des hommes qui
désirent encore écouter pour apprendre encore ...
11.11.2017
8. Toi donc, qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis avec l'aide du Christ cette toute petite règle pour débutants que nous avons fini d'écrire ;;
9. et alors seulement tu parviendras, grâce à la protection de Dieu, à ces sommets plus élevés de doctrine et de vertus que nous venons de mentionner. Amen.
« Accomplis avec l'aide du Christ cette toute petite règle». Dans l'article entendu en
début de semaine sur la vision du pape François, il y avait en final une réflexion sur notre
monde « sans loi », en face duquel le pape donnait des repères, qui pouvaient inciter à
rechercher sans cesse la paix et la concorde. Face à ce constat d'un monde « sans loi », nous
pouvons nous réjouir de vivre sous une règle qui nous enseigne comment vivre sous la loi de
l'Evangile. La petite règle écrite par Benoit vient traduire dans une existence concrète le
dynamisme de l'évangile pour des frères qui veulent ensemble chercher Dieu. A la manière
d'un aiguillon, elle nous stimule à aller toujours plus loin dans le don de nous-mêmes. Que
serions-nous sans elle? Serions-nous capable de durer dans la prière quotidienne? Aurions-
nous assez d'énergie pour nous lever tôt afin de chanter la gloire de Dieu? Serions-nous
constants dans le service mutuel? Pourrions-nous demeurer dans la patience et l'accueil des
infirmités de nos frères, et d'abord des nôtres? La règle, si petite soit-elle, nous offre un cadre
de vie empreint de sagesse spirituelle. Elle éclaire de sa lumière tous les aspects de notre vie
humaine (le manger, le dormir, le travailler, le vivre ensemble, la parole et le silence, l'étude,
la prière). En chacun de ces aspects, elle nous aide à incarner la quête de Dieu que l'Esprit
Saint éveille en nos cœurs. En toute vérité, sans gommer nos faiblesses et nos chutes, la règle
nous propose un chemin exigeant et bon à la fois. Ainsi balisée, la vie monastique est
traversée par un élan spirituel qui nous entraine à chercher et à chercher encore. Il y a comme
une sorte d'insatisfaction dans la vie monastique. Quelque chose, il vaudrait mieux dire
Quelqu'un en nous, l'Esprit Saint pour ne pas le nommer, nous pousse ou nous tire vers un
don toujours plus entier de nous-mêmes. Le moine reste toujours insatisfait ... Pourquoi ?
Certainement parce qu'il sait plus ou moins confusément, que le bonheur plein est encore à
venir. La qualité de vie humaine et spirituelle vers laquelle nous tendons ensemble sur cette
terre, n'est que l'ébauche de la plénitude que nous vivrons dans le Royaume. Oui, sous la
conduite de l'Esprit Saint, demeurons des insatisfaits, toujours à l'écoute et à la recherche de
ce bonheur à venir, bonheur que nous pressentons parfois dans la prière et dans la charité
fraternelle vécue humblement. N'est-ce pas cela que Benoit suggère quand il parle du moine
qui se hâte vers la patrie céleste... ? - 10.11.2017
1. Si d’ailleurs nous avons écrit cette règle, c'est pour qu'en l'observant dans les monastères, nous fassions preuve au moins d'une certaine décence morale et d'un commencement de vie religieuse.
2. Mais pour celui qui se hâte vers la perfection de la vie religieuse, il est des enseignements des saints Pères dont l'observation conduit l'homme jusqu'aux cimes de la perfection.
3. Quelle est en effet la page, quelle est la parole ayant Dieu pour auteur, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, qui ne soit une norme parfaitement droite pour la vie humaine ;?
4. Quel est le livre des saints Pères catholiques qui ne nous fasse entendre comment courir tout droit jusqu'à ce que nous parvenions à notre créateur ;?
5. Et encore les Conférences des Pères et leurs Institutions et leurs Vies , ainsi que la Règle de notre saint Père Basile,
6. que sont-elles d'autre que les instruments des vertus donnés par les moines de bonne conduite et obéissants ;?
7. Mais pour nous qui sommes paresseux, de mauvaise conduite et négligents, il y a de quoi rougir de confusion.
Ce dernier chapitre est bien dans la tonalité de l'humilité que Benoit souhaite placer
au centre de la vie monastique. En conclusion de sa règle, il estime que celle-ci n'est pas un
absolu. Elle n'épuise pas tous les moyens que l'on peut utiliser pour progresser. Il est
nécessaire de pouvoir s'appuyer sur les Ecritures, l'AT et le NT, sur les écrits des Pères
Catholiques et Monastiques, tel que Cassien, Basile, et les Pères du désert.
Ce petit chapitre peut être l'occasion de nous demander chacun: où et comment nous
puisons la nourriture spirituelle qui va nous permettre de rester éveillés? Lire, méditer,
prendre appui sur des auteurs peut nous aider à demeurer vivants, en affutant notre désir de
grandir.Les Ecritures, mais aussi les Pères et les auteurs spirituels offrent des enseignements,
des expériences et des exemples qui nous permettent de relire et de mieux comprendre notre
propre manière d'aller vers Dieu. Ici, il ne s'agit de pas de lire pour se cultiver ou pour avoir
lu. Mais bien de lire et méditer, prier, afin que quelque chose change dans notre cœur. En
quelque sorte, il s'agit d'un travail spirituel afin d'être davantage des disciples de Jésus. St
Benoit nous suggère donc d'être plus que des observants, ou de bons pratiquants. Il souhaite
que nous grandissions dans une connaissance plus fine, et du chemin de conversion - ce
seront les exemples des Pères du désert ou des saints, par exemple- et de l'intimité avec Dieu
- ce seront les Institutions et les conférences de Cassien par exemple-. Préparant une
conférence sur Cassien, je retrouve avec intérêt ses écrits qui nous entrainent vers la quête de
la charité, inséparable de la pureté du cœur et de l'humilité, dans la ligne d'Evagre. Il est
important de ne jamais oublier cette finalité, sans cesse recherchée. Oui, si notre vie
monastique est une pratique qui ne se paie pas de mots, elle ouvre à une intelligence plus
profonde de ce qu'est l'être humain devant Dieu: un être fait pour aimer en vérité. De même
elle nous introduit dans une compréhension plus ample du projet de Dieu sur notre monde: il
désire nouer avec chacun une alliance unique. Les Ecritures, les écrits monastiques, comme
les écrits spirituels remettent devant nos yeux expériences et réflexions muries par d'autres
avant nous. Vis-à-vis d'eux, nous sommes toujours comme des nains sur des épaules de
géants, bénéficiant de leur sagesse qui a balisé en quelque sorte le chemin. - 08.11.2017
10. ils affectionneront leur abbé d'une charité sincère et humble ;;
11. « ils ne préféreront absolument rien au Christ. ;»
12. Que celui-ci nous fasse parvenir tous ensemble à la vie éternelle ;!
« Ils ne préfèreront absolument rien au Christ. Que celui-ci nous fasse parvenir tous
ensemble à la vie éternelle». Lire ensemble ces deux versets apporte une belle lumière à la
dynamique spirituelle dans laquelle nous propose d'entrer st Benoit. Celle-ci est tout à la fois
très personnelle et très communautaire. Personnelle dans la relation unique que chacun vit
avec le Christ, le préféré absolument; et communautaire dans le but recherché: jouir tous
ensemble de la vie éternelle. Le Christ est le centre de notre vie personnelle et le centre de
notre vie commune. D'un côté, chrétiens baptisés dans le sang du Christ, nous sommes
appelés à connaitre le Christ et à l'aimer d'une façon toujours plus personnelle. Comme un
ami parle et chemine avec son ami. Sachons mettre à profit nos temps de lectio et d'oraison,
pour nourrir un dialogue plus intime et vrai avec le Christ. Si Jésus lui-même a dit: « Nul ne
connait le Fils, sinon le Père» (Mt Il, 27), nous devons demander au Père, par exemple au
début de notre lectio ou de notre prière, qu'il nous donne la grâce de mieux connaitre son Fils,
le Christ ... d'une connaissance plus intérieure. D'un autre côté, le Christ est le centre de notre
vie commune. A travers elle, école de vie et de charité, il ne cesse de nous parler. Il se sert de
l'exemple ou de la remarque d'un frère pour nous enseigner. Le soutien fraternel, un sourire
ou un geste de réconfort sont des signes de la sollicitude du Christ pour nous. Bon Pasteur, il
nous offre sa vie et son pardon à travers les sacrements de son Eglise. En cette vie présente, il
nous conduit, les uns avec les autres, les uns par les autresvers la Patrie. Le visage du frère
m'oblige à élargir ma compréhension du mystère du Christ. Celui-ci est toujours plus grand
que l'image que je m'en fais à travers la relation, si intime soit-elle, que je peux avoir avec
lui. Mon frère me révèle dans sa recherche d'autres facettes du visage du Christ.
En cette veille de Toussaint, qui tourne nos regards vers le but ultime de la vie
éternelle, nous pouvons nous réjouir d'être en route tous ensemble, en communauté, en
Eglise. Le Christ, Grand berger des brebis, nous conduit et nous rassemble en Lui, de telle
façon que tous ensemble nous devenions le Christ Total, le Christ à l'état d'adulte. Dans
l'immensité de la foule qui chante devant le trône de Dieu, chacun a une place unique tout en
n'étant qu'une infime partie du Corps ... Partie précieuse qui tisse avec la Tête, en même
qu'avec les autres cellules du Corps, une relation privilégiée. Mystérieuse communion
d'amour que le temps présent nous donne d'accueillir avec labeur et fatigue, mais qui porte en
germe la vie éternelle. - 31.10.2017
9. avec amour ils craindront Dieu ;
«Avec amour, ils craindront Dieu » ... Crainte et amour. .. De façon étonnante, ce
couple de mots antinomiques traverse toute la bible pour essayer de caractériser notre relation
avec Dieu. Parfois on nous dit « tu aimeras Dieu », parfois « tu craindras ton Dieu », parfois
les deux dans un même verset comme en Dt 10, 12 : « Et maintenant que te demande le
Seigneur ton Dieu? Sinon de craindre le Seigneur ton Dieu, de suivre toutes ses voies, de
l'aimer,de servir le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur et de toute ton âme, de garder les
commandements du Seigneur et ses lois ... ». Craindre, aimer, servir, suivre, garder les
commandements: aurait-on là différentes facettes d'un même engagement vis-à-vis de Dieu?
Par ailleurs, nous pourrions être tentés de résoudre un peu vite l'apparente opposition entre
crainte et amour de Dieu, en allant tout de suite à la conclusion apportée par st Jean qui
affirme que l'amour chasse la crainte (1 Jn 4, 18). St Benoit ne le fait pas ici en choisissant de
tenir ensemble amour et crainte pour exprimer la relation avec Dieu. Pourquoi?
Il n'est pas facile de répondre. Cette tension volontairement maintenue entre amour et
crainte de Dieu, nous remet devant le mystère de notre relation avec Dieu. Que pouvons-nous
dire de notre relation avec lui. Sommes-nous assurés de l'aimer, pouvons-nous dire que nous
le craignons? Difficile d'être juge et partie. Si nous sommes sûrs de ne pas nous tromper,
c'est en disant: « Seigneur, viens à mon aide. Apprends-moi à aimer, pécheur que je suis ».
Ainsi tenir ensemble crainte et amour peut nous aider à être en vérité devant Celui qui
surpasse tout ce qu'on peut imaginer, qui tient en sa main tout l'univers créé, et qui daigne
pourtant venir converser et marcher avec chacun. La crainte nourrit la conscience de notre
petitesse: qui sommes-nous devant Dieu pour lever les yeux et nous adresser à Lui, Dieu au-
delà de tout créé. ? D'un autre côté, l'amour que la bible ne cesse d'éveiller dans le cœur des
croyants vient au contraire nous dire l'infini désir de Dieu de nous voir nouer avec lui, une
relation aimante. Le Dieu immense se révèle être en même temps un Dieu immensément
proche et familier, dans le visage de Jésus. Il désire être aimé: « Pierre m'aimes-tu? ». Lui
seul peut nous faire entrer dans cet amour vrai et profond qui chasse la criante. Profitons des
temps offerts par la liturgie, par la lectio et l'oraison du soir, pour nous laisser approcher par
notre Dieu. N'ayons pas peur de lui donner du temps. Faisons-lui l'honneur de notre
disponibilité, de notre présence ouverte et écoutante ... Il parle. Il nous aime. - 28.10.2017
8. ils pratiqueront la charité fraternelle avec désintéressement ;;
«Ils pratiqueront la charité fraternelle chastement » ... On pourrait se poser la
question: pourquoi Benoit éprouve-t-ille besoin de préciser « chastement})quand il parle de
charité fraternelle? Certainement parce qu'une charité fraternelle qui ne serait pas chaste ne
serait plus charité fraternelle. Dans les relations entre moines, des déviances ou des
contrefaçons peuvent s'introduire qui altèrent, voire tuent la charité fraternelle. Des gestes
ambigües, des attitudes fusionnelles qui enveloppent l'autre ne sont pas possibles. Ils
témoignent de besoins affectifs qui devront trouver dans notre vie monastique, une autre
expression faite de respect et de juste distance. Ou sinon la vie monastique n'est pas possible.
Jamais l'affection pour un frère ne pourra se vivre dans une relation gui enferme ou gui isole
dans un face à face mortifère. La charité fraternelle sera chaste car elle laissera toujours de
l'espace pour un tiers. Elle se vivra toujours dans la lumière. Rien de caché ou de dissimulé.
Parce que rien de trouble. Parler avec un tiers, avec le père spirituel ou avec le P. Abbé de nos
relations nous aidera à demeurer juste et dans la vérité. Plus la relation peut être forte, plus
cette parole sera nécessaire.
Cette parole permettra de mettre des mots sur des mouvements ou des élans que l'on
peut éprouver. Notre affectivité reste en partie un mystère à nos propres yeux. Elle nous
façonne et nous donne d'éprouver des sentiments d'attirance comme de répulsion d'ailleurs.
Ces sentiments ne valent pas argent comptant. Ils sont là, mais ils méritent d'être compris, mis
à la lumière et discernés pour vérifier ce qu'ils expriment réellement de ma capacité à aimer.
Ils sont là, mais ils peuvent nous égarer et n'être que le signe d'un grand besoin de
reconnaissance ou de soutien, plus que d'amour de l'autre. Prendre la mesure de notre
affectivité, mieux nous connaitre est important dans une communauté. Car être trop aveugle
sur nous-mêmes en ce domaine, peut conduire à blesser l'autre. Des gestes ou des attitudes
ambigües peuvent déstabiliser, tromper et mettre un frère en difficulté. Soyons donc nets en
ce domaine. Soyons aussi responsables et courageux pour oser une parole. Celle-ci, en nous
libérant, rendra plus vivantes et heureuses nos relations fraternelles. Pratiquer la charité
fraternelle chastement nous fera entrer dans une délicatesse et une vraie présence. Dès lors pas
besoin de beaucoup de démonstrations affectives, mais une constance dans le service de
l'autre et l'attention discrète. Rien qui s'impose. Dans une grande docilité à l'Esprit, appre-
nons à aimer nos frères, tous nos frères, pour être à leur côté de bons appuis, sûrs et fidèles. - 27.10.2017