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1. Si la communauté est nombreuse, on choisira parmi eux des frères de bonne réputation et de sainte vie, et on les nommera doyens,
2. pour qu'ils veillent sur leurs décanies en tout selon les commandements de Dieu et les ordres de leur abbé.
3. Ces doyens seront choisis de telle manière que l'abbé puisse, en sécurité, partager avec eux son fardeau.
4. Et on ne les choisira pas en suivant l'ordre d'ancienneté, mais d'après le mérite de leur vie et la sagesse de leurs enseignements.
5. Ces doyens, si l'un d'eux, venant à s'enfler de quelque orgueil, se montre répréhensible, et si après avoir été repris une, deux, trois fois, il refuse de se corriger, on le destituera
6. et on mettra à sa place quelqu'un qui en soit digne.
7. Pour le prévôt aussi, nous prescrivons de faire de même.
Il serait sûrement intéressant de faire l 'histoire de la manière avec laquelle la fonction
des doyens a évolué dans le temps. A travers elle, on découvrirait beaucoup de façons de vivre
l'équilibre des relations et des pouvoirs dans la communauté monastique. Entre le temps de la
RB et le nôtre, quel chemin parcouru! La notion de partage de la charge de l'abbé envisagée
par Benoit n'est pas exactement la même que celle que nous vivons aujourd'hui. Pour Benoit,
les doyens à la tête d'une décanie (une dizaine de frères) partagent en quelque sorte l'autorité
de l'abbé. Ils veillent sur les frères afin que chaque décanie vive « selon les commandements
de Dieu et les ordres de leur abbé ». Aujourd'hui les doyens partagent la charge de l'abbé en
prenant part à sa réflexion et à certaines décisions sur les orientations et la marche de la
communauté. Le conseil est un lieu d'échange. L'abbé peut prendre alors la mesure de ce que
les frères en communauté vivent et de ce que l'ensemble cherche et désire vivre. Si une qualité
importante est requise de la part de doyens, c'est d'être à l'écoute de la communauté pour
chercher avec elle la volonté du Seigneur sur elle. Ecouter avec ce que l'on est, mais aussi avec
ce que les autres sont. Il y a toujours une part de décentrement à vivre. Etre soi-même, mais
aussi avec les autres.
Dans la session Ananie que je viens de vivre à Bellefontaine, on s'est arrêté sur cette
question: qu'est ce faire la volonté de Dieu? Est-on sûr de faire la volonté de Dieu? Peut-on
la connaitre vraiment? On en concluait que nous ne connaissons jamais de manière sûre la
volonté de Dieu. L'important est de toujours la chercher et dans le cas présent de la chercher
ensemble. Les Ecritures, la tradition de l'Eglise comme la tradition propre d'une communauté
offrent des repères. Mais face à des questions nouvelles, la vie nous entrai ne à chercher la
volonté de Dieu à travers de nouvelles réponses concrètes. Dans notre échange avec les
ananistes, nous disions que certainement chercher à faire la volonté de Dieu avait à voir avec
vivre en sa Présence, par la prière, mais aussi par la vie de charité dont les fruits de paix, de
justice et de vérité ne trompent pas. Pour les doyens, comme pour la communauté, chercher
avec l'abbé à faire la volonté de Dieu, nous renvoie tous à cultiver notre propre manière d'être
présent à Dieu et aux autres. Ensemble, nous cherchons à vivre sous son regard, dans la paix,
lajustice et la vérité ... Nous voudrions ne pas déroger à cette ligne de conduite. Ensemble, nous
nous y entraidons par une prise de parole responsable, par une écoute humble du point de vue
de l'autre, par un consentement à une décision qui se dégage, pour marcher toujours avec... - 28 novembre 2018
1. Si, lorsque nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et révérence,
2. combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et très pure dévotion !
3. Et ce n'est pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien.
4. Aussi l'oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu'elle ne vienne à se prolonger sous l'effet d'un sentiment inspiré par la grâce divine.
5. En communauté, cependant, le temps de l'oraison sera tout à fait bref, et dès que le supérieur aura donné le signal, on se lèvera tous ensemble.
L'humilité est l'un des éléments importants de la prière. Comme elle nous aide
aussi dans la vie fraternelle. Deux fois, au début de ce chapitre sur notre
attitude à l'Office Divin, St Benoit insiste sur ce point: « avec humilité et
déférence », « en toute humilité ». L'humilité est la condition de la véritable
prière, de la prière qui touche le cœur de Dieu.
Mais quelle est cette humilité qui trouve le chemin du cœur de Dieu? St
Benoit, pour nous l'expliquer, prend une comparaison: « Quand on veut
demander quelque chose à des puissants, on le fait avec humilité et
déférence ». L'humilité est donc liée à une juste appréciation de notre
situation, elle dépend de notre lucidité sur nous-même. C'est ce qui la
distingue radicalement de l'arrogance, de l'orgueil, qui nous rendent
incapables de regarder la réalité. L'orgueilleux et l'arrogant se mettent au
centre de tout. Ils ne voient les choses qu'à travers eux-mêmes.
L'humilité est donc cette prise de conscience de la grandeur de Dieu. Du
mystère que représente toute personne. Pour St Benoit, cette expérience du
mystère de Dieu conduit au silence. C'est ce que dit le verset 3 : « Ce n'est
pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur, et par les
larmes de la componction que nous serons exaucés. » L'orgueil est bavard.
Intérieurement et extérieurement, il fait beaucoup de bruit. L'humilité, au
contraire, creuse le silence intérieur. Elle nous permet de trouver notre juste
place.
Nous avons tous du mal à être lucides sur nous-même. A trouver notre juste
place. A accepter les dons des autres, ainsi que leur mystère. Souvent, nous
nous sentons diminués, quand un autre est mis en valeur, choisi pour telle
fonction, ou élu par la communauté. Comme si ce qui lui est donné nous était
retiré! Ce que nous ressentons à l'égard de notre frère est le reflet de notre
perception de Dieu. Nous le voyons comme un rival. Comme le dit Ste
Thérèse d'Avila, nous avons du mal à accepter que Dieu soit Dieu, et nous-
mêmes des créatures.
Dans ce cas, la prière devient une manière de forcer la main de Dieu, pour
obtenir ce que nous voulons. Mais la prière est bien autre chose. Elle ne
devient réellement prière que lorsqu'elle s'approche de la prière de Jésus:
« Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » Jésus, lui qui est « doux et
humble de cœur », nous montre la voie de la véritable humilité. Il aime le
Père, parce qu'II se sait Fils. L'humilité suppose cette conscience aiguë de
notre identité la plus profonde, de notre dignité de fils, dans le Fils. - 24 novembre 2018
1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »
2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.
3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;
4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;
5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »
6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,
« Vivre en présence de Dieu ». C'est le premier degré de l'humilité.
St Benoit le transpose ici, dans le contexte très concret de l'Office
Divin. Cette présence se traduit par notre attitude extérieure, mais
surtout par notre attitude intérieure. C'est ce que confirme le
dernier verset de ce chapitre: « En psalmodiant, soyons tels que
notre esprit concorde avec notre voix».
Vivre en présence de Dieu, vivre sous le regard de Dieu: c'est le
but de notre vie, c'est notre idéal. Mais cela pourrait devenir un
cauchemar, si nous imaginons ce regard, posé jour et nuit sur
notre existence, comme Victor Hugo l'imagine: « L'œil était dans
la tombe, et regardait Caïn».
La tradition monastique ne considère pas du tout le regard de Dieu
de cette façon. Le regard de Dieu n'est ni accusateur, ni indécent.
Pour nos pères dans la vie monastique, le regard de Dieu, c'est le
regard de Jésus, tels qu'il nous est donné de le connaitre à travers
les Evangiles. C'est vrai, parfois ce regard est rempli de colère, à
l'égard de l'hypocrisie des pharisiens. Mais c'est surtout un regard
d'amour. Quand il se pose sur le jeune homme riche. Ou quand ce
regard fait descendre Zachée de son arbre. Ou encore quand il
relève la pécheresse, alors qu'elle ploie sous le regard de ses
accusateurs.
Le regard de Jésus, dans les Evangiles, c'est un regard qui relève,
qui remet debout, qui guérit, qui apaise. Et quand il se fait plus
incisif et exigeant, c'est pour sauver de l'aveuglement celui qu'il
touche. Le regard de Dieu est un regard qui nous libère, et qui
nous sauve.
Vivre sous le regard de Dieu, vivre en présence de Dieu, c'est
retrouver notre unité intérieure. Dans cette reconstruction
spirituelle, la prière, spécialement la prière des Psaumes, joue un
rôle essentiel. Au fur et à mesure que nous progressons, cette
parole de Dieu que sont les Psaumes, devient nôtre. Elle habite
notre cœur. Elle nous transforme. Nous devenons fils de Dieu. - 23 novembre 2018
19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.
20. L'ordonnance de la psalmodie du jour étant ainsi organisée, tous les autres psaumes qui restent seront répartis également entre les vigiles des sept nuits,
21. en partageant ceux d'entre ces psaumes qui sont plus longs, et en en mettant douze à chaque nuit.
22. Par dessus tout, nous donnons cet avertissement : si quelqu'un n'aime pas cette distribution des psaumes, qu'il établisse une autre ordonnance, s'il la juge meilleure,
23. pourvu qu'il maintienne absolument la psalmodie intégrale des cent cinquante psaumes du psautier chaque semaine et la reprise perpétuelle par le commencement aux vigiles du dimanche,
24. car les moines font preuve de par trop de paresse dans leur service de dévotion, quand ils psalmodient moins que le psautier, avec les cantiques accoutumés, en l'espace d'une semaine,
25. puisque nous lisons qu'une fois nos saints Pères accomplirent cela vaillamment en un seul jour. Tièdes que nous sommes, puissions-nous du moins nous en acquitter en une semaine entière !
Pour caractériser le contraste entre l'esprit des anciens moines et
le nôtre, St Benoit utilise un vocabulaire imagé. Il nous dit que ces
anciens accomplissaient le service du Seigneur vivement, avec
entrain, avec hardiesse. Nous, par contre, nous le faisons parfois
avec paresse, inertie, négligence, quand nous sommes tièdes!
Voilà pour la constatation des faits, mais comment faire pour en
sortir? Y a-t-il un remède pour échapper à cette tiédeur qui parfois
nous accable et nous laisse sans force? Un jour ou l'autre, chacun
de nous se trouve confronté à ce ramollissement du désir, qui rend
pénible tout ce qui nous est demandé. Et nous risquons alors de
nous trouver mille bonnes raisons pour nous excuser.
Il convient d'abord de remettre les choses à leur juste place. Cette
tentation est normale. Elle est le signe d'un véritable progrès
spirituel: Dieu ronge notre désir de Lui. Et nous voilà « comme une
bête », comme le dit le PS 72. Mais le psalmiste ajoute: « Je ne le
savais pas, mais j'étais avec toi ». Le même Psaume dit encore:
« Ma chair et mon cœur sont usés, mais ma part, le roc de mon
cœur, c'est Dieu pour toujours» PS 72.
Si Dieu permet cette usure, c'est pour que nous fassions
l'expérience du Roc. Et pour faire cette expérience, il faut durer.
Alors que nous serions tentés de nous laisser aller, d'abandonner
telle ou telle de nos observances, laisser la lectio, l'oraison, nous
dispenser de tel office ... St Ignace de Loyola nous rappelle ceci:
en période de désolation, ne rien changer de nos habitudes de
prière. C'est au contraire très important de tout faire, de ne rien
laisser de côté. Dans le désert, c'est une question de vie ou de
mort.
Dieu veut nous conduire, par delà le désert, par delà les périodes
de désolation, au-delà du sensible, vers le Roc de notre Foi,
Jésus, le Christ. - 22 novembre 2018
12. Les vêpres seront chantées chaque jour en modulant quatre psaumes.
13. Ces psaumes commenceront au cent-neuvième et ils iront jusqu'au cent-quarante-septième,
14. excepté ceux d'entre eux qui sont réservés à d'autres heures, c'est-à-dire depuis le cent-dix-septième jusqu'au cent-vingt-septième, ainsi que le cent-trente-troisième et le cent-quarante-deuxième ;
15. tous ceux qui restent sont à dire aux vêpres.
16. Et comme il manque trois psaumes, on divisera ceux qui, dans la série susdite, sont plus importants, c’est-à-dire le cent-trente-huitième et le cent-quarante-troisième et le cent-quarante-quatrième.
17. Quant au cent-seizième, comme il est petit, on le joindra au cent-quinzième.
18. L'ordonnance des psaumes de vêpres étant ainsi disposée, le reste, c'est-à-dire la leçon, le répons, l'hymne, le verset et le cantique, sera exécuté comme nous l'avons prescrit plus haut.
19. Aux complies, on répétera chaque jour les mêmes psaumes, c'est-à-dire le quatrième, le quatre-vingt-dixième et le cent-trente-troisième.
Un petit mot, au début de ce passage de la Règle, exprime l'une
des caractéristiques essentielles de la prière monastique:
« quotidie », chaque jour.
Notre prière se caractérise par cette répétition. Elle peut faire
peur: nous sommes plus sensibles, parfois, au côté spontané de
la prière. St Benoit, lui, a préféré structurer notre prière, lui donner
un rythme.
C'est que la Règle de St Benoit aime les rythmes réguliers, qui font
ressembler la journée, la semaine, l'année du moine, à une espèce
de grande respiration, avec l'inspiration et l'expiration. Ou encore à
un grand cœur qui bat, et scande le rythme de la journée.
L'expérience de la prière monastique est donc l'assimilation de
cette grande respiration du temps monastique, elle est faite de
l'alternance régulière des offices, et des intervalles. De notre prière
chorale, et de la prière silencieuse.
Ce grand battement, qui anime la journée monastique, doit
devenir, peu à peu, avec le temps, la grande respiration de notre
existence. L'enjeu est de taille, car ce rythme apaisé doit se
substituer, au fil des jours, au rythme trépidant qui nous a fait courir
autrefois. Il s'agit d'une véritable révolution dans la mesure du
temps. Pour passer au temps pour Dieu, au temps de Dieu.
Entrer dans ce rythme apaisé de la vie monastique ne signifie pas
se laisser porter par la routine. Au contraire, il s'agit de vivre le plus
pleinement possible ces moments réguliers qui se succèdent dans
nos journées. Et nous faisons tous cette expérience: les paroles
des Psaumes, que nous chantons depuis si longtemps, pour
certains d'entre nous, dès que nous leur sommes attentifs,
réveillent notre désir de servir Dieu, de l'aimer. Soyons vivants
aujourd'hui, pour Dieu et pour le monde.- 21 novembre 2018
1. Tout d'abord, on dira le verset « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider », gloria ; puis l'hymne de chaque heure.
2. Ensuite à l'heure de prime, le dimanche, on dira quatre sections du psaume cent-dix-huit.
3. Aux autres heures, à savoir tierce, sexte et none, on dira chaque fois trois sections du susdit psaume cent-dix-huit.
4. A prime de la seconde férie, on dira trois psaumes, à savoir le premier, le deuxième et le sixième.
5. Et ainsi, chaque jour à prime jusqu'au dimanche, on dira à la suite trois psaumes chaque fois jusqu'au psaume dix-neuf, en divisant en deux les psaumes neuf et dix-sept.
6. De la sorte, on commencera toujours par le vingtième aux vigiles du dimanche.
7. A tierce, sexte et none de la seconde férie, on dira les neuf sections qui restent du psaume cent-dix-huit, à raison de trois à chacune de ces mêmes heures.
8. Ayant donc achevé le psaume cent-dix-huit en deux jours, à savoir le dimanche et la seconde férie,
9. à la troisième férie on psalmodiera à tierce, sexte et none trois psaumes chaque fois, depuis le cent-dix-neuvième jusqu'au cent-vingt-septième, c'est-à-dire neuf psaumes.
10. Ces psaumes seront toujours répétés identiquement jusqu'au dimanche à ces mêmes heures, en gardant tous les jours également une disposition uniforme pour les hymnes, leçons et versets,
11. et ainsi l'on commencera toujours le dimanche par le psaume cent-dix-huit.
Ce chapitre expose la distribution des psaumes proposée par Benoit pour les heures non encore pourvues. Je voudrais m'arrêter sur un aspect de notre prière des psaumes. Comment
faire nôtre les différentes mentions des ennemis que nous rencontrons presqu'à chaque
psaume? Nous venons de chanter avec le Ps 142,3-4: «L'ennemi cherche ma perte,il foule
au sol ma vie; il me fait habiter les ténèbres avec les morts de jadis. Le souffle en moi s'épuise,
mon cœur au fond de moi s'épouvante. » ... Qui est cet ennemi? Parfois, il s'agit d'ennemis au
pluriel, parfois « d'adversaires », ou des « impies» ou de ceux qui me poursuivent, comme hier
avec le Ps 141,7. Dans bien des psaumes, cet ennemi a une figure humaine précise qui fait
souffrir le psalmiste. Ainsi en va-t-il aussi pour nous dans certains conflits qui peuvent nous
faire apparaitre l'autre comme un ennemi. Nous faisons alors monter vers Dieu notre désir de
justice. Relus dans la lumière du Christ, ces psaumes nous replongent dans le drame qui a
traversé toute sa vie terrestre jusqu'au paroxysme de la.mort. Jésus a dû affronter l'hostilité de
beaucoup. Sa manière à lui de dire « sur la tête de ceux qui m'encerclent, que retombe le poids
de leurs injures! Que des braises pleuvent sur eux» (Ps 139, 10-11) comme nous le chantions
avec le psalmiste hier soir, a été de faire pleuvoir sur eux les braises de son amour et de son
pardon ... Lire les versets contre les ennemis dans la lumière du Christ nous entraine d'emblée
à sa suite à élargir notre cœuraux dimensions du sien. Mais de façon plus habituelle, nous
pouvons prier ces psaumes de lutte contre l'ennemi ou les ennemis, comme un support pour
notre propre lutte contre les ennemis de notre coeur.« Ceux qui pourchassent mon âme, qu'ils
descendent aux profondeurs de la terre» (Ps 62, 10) prierons-nous demain matin. Notre vie
quotidienne nous donne de rencontrer abondamment ces ennemis intérieurs, toutes ces pensées
obscures, plus ou moins troublantes. Pensée de rancune et de colère contre un frère, pensée
d'avidité de toute sorte (nourriture, sexe, désirs de posséder etc ... ), pensée de tristesse de repli
sur soi ou de souci envahissant, pensée d'ambition ou de suffisance, finalement d'orgueil. ..
Parfois durant la prière, ces pensées viennent nous faire la guerre. Elles se révèlent alors les
véritables ennemis de notre paix intérieure et de notre disponibilité à faire la volonté de Dieu.
Non seulement la plupart du temps, elles se révèlent vaines et sans fondement, mais elles
peuvent nous défigurer en nous faisant faire ce que nous regretterons plus tard. Oui, avec le
psalmiste, nous pouvons alors demander à Dieu contre ces ennemis: « arrache-moi aux griffes
du chien; sauve-moi de la gueule du lion» (Ps 21, 21). - 17 novembre 2018
1. Nous avons déjà disposé l'ordonnance de la psalmodie aux nocturnes et aux matines ; voyons maintenant les heures suivantes.
2. A l'heure de prime, on dira trois psaumes séparément et non sous un seul gloria,
3. l'hymne de cette même heure après le verset : « Dieu, viens à mon aide », avant de commencer les psaumes.
4. Après l'achèvement des trois psaumes, d'autre part, on récitera une leçon, le verset et Kyrie eleison , et le renvoi.
5. A tierce, sexte et none, d'autre part, on célébrera la prière de même, selon cette ordonnance, c'est-à-dire le verset, les hymnes de ces mêmes heures, trois psaumes à chacune, la leçon et le verset, Kyrie eleison et le renvoi.
6. Si la communauté est plus nombreuse, on psalmodiera avec antiennes, mais si elle est moins nombreuse, sur le mode direct.
7. Pour la synaxe vespérale, on se bornera à quatre psaumes avec antiennes.
8. Après ces psaumes, on récitera la leçon, puis le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Evangile, la litanie, et par l'oraison dominicale se fera le renvoi.
9. Pour les complies, on se bornera à dire trois psaumes. Ces psaumes seront dits directement, sans antiennes.
10. Après quoi l'hymne de cette même heure, une leçon, le verset, Kyrie eleison , et par la bénédiction se fera le renvoi.
Je voudrais m'arrêter sur un détail de ce chapitre: «on dira trois psaumes séparément
et non sous un seul gloria». J'entends ici une invitation à mettre une pause entre nos
psaumes, à ne pas les enfiler comme des perles. Quelle est la motivation de St Benoit? Il ne la
précise pas. La RM dont il s'inspire nous permet de la pressentir quand elle dit en 33, 42-44 :
« En tout temps, hiver comme été, de jour comme de nuit ainsi qu'aux vigiles, il faut se garder
en psalmodiant de jumeler les psaumes .... On doit au contraire les achever tous l'un après
l'autre avec le gloria,de façon à ne pas perdre les oraisons qui sont à faire entre eux et à ne
pas nous donner l'air de retirer leurs gloriaà la louange de Dieu, en étant obligés, pour
raccourcir,de mettre négligemment les psaumes bout à bout ... » Le Maitre nous donne deux
motivations: ne pas perdre les oraisons qui sont à faire entre les psaumes et, pour ne pas
raccourcir, ne pas retirer leur gloria à la louange de Dieu. Selon cette dernière motivation,
chaque psaume veut être une louange à Dieu, la louange de l'Eglise et de l'humanité envers
son Créateur et Sauveur. Même si le psalmiste exprime sa détresse ou sa souffrance, la
confiance qui nous tourne vers Dieu est déjà louange à sa gloi~e. Aussi le fait de conclure
chaque psaume par un gloria vient-il couronner cette louange par la confession trinitaire qui
en est comme l'expression la plus haute. Chaque gloria vient en effet manifester la gloire de
notre Dieu Père source et créateur de tout, Fils sauveur de tous, et Esprit sanctificateur de
tous. Quant à la première motivation: ne pas perdre les oraisons qui sont à faire entre les
psaumes, celle-ci nous renvoie à une pratique ancienne. Celle-ci consistait en ce que chaque
psaume soit suivi d'un temps de silence, souvent sous le mode d'une prosternation, pour
permettre une rapide oraison qui exprime la réponse personnelle de chacun au psaume récité
en commun. Laisser un temps entre chaque psaume permettait à chacun de s'approprier le
psaume par une réponse plus personnelle. Que retenir pour nous? Qu'il nous faut honorer et
garder en grande estime la doxologie finale après chaque psaume qui reste comme le sommet
de l'expression de la louange chrétienne. Aussi je me demande si nous ne devrions pas revoir
notre pratique actuelle de certains psaumes chantés en choral sans gloria. Affirmer notre foi
trinitaire n'est pas un luxe aujourd'hui. Deuxièmement, veillons à garder ces petits intermèdes
de silence entre les psaumes. Je pense aux vigiles où certains solistes ou responsoriaux ont
tendance à les manger, ou bien aux laudes où ils ont tendance à se raccourcir.Le rythme
donné par f. Hubert aux vigiles me semble tout à fait ajusté. Ces silences veulent nous
apprendre à laisser résonner dans notre cœur tel mot ou à laisser monter comme en écho notre
consentement profond... - 16 novembre 2018
1. Comme dit le prophète : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
2. Ce nombre sacré de sept, nous le réaliserons en nous acquittant des devoirs de notre service au moment du matin, de prime, de tierce, de sexte, de none, de vêpres et de complies,
3. car c'est de ces heures du jour qu'il a dit : « Sept fois le jour, j'ai dit ta louange. »
4. Quant aux vigiles nocturnes, le même prophète dit à leur sujet : « ;Au milieu de la nuit, je me levais pour te rendre grâce. »
5. C'est donc à ces moments que nous ferons monter nos louanges vers notre créateur « pour les jugements de sa justice » : à matines, prime, tierce, sexte, none, vêpres et complies ; et la nuit, « nous nous lèverons pour lui rendre grâce ».
« Comment célébrer les divins offices dans la journée» se propose de répondre Benoit
en ce chapitre. En poursuivant ce que je disais hier, j'aurai envie de transcrire: « comment
poursuivre la conversation avec Dieu durant la journée et la nuit?» St Benoit s'attache surtout
à déterminer la régularité des heures de la prière, qui scandent le jour pratiquement toutes les
trois heures, auxquelles s'ajoute l'heure des vigiles. Pour justifier son choix de 8 temps de
prière, il s'appuie sur deux versets du Ps 118, 62 et 164 où le psalmiste parle de sa prière la nuit
et 7 fois le jour. Ces deux versets ont en commun de nous donner le motif du culte rendu à
Dieu: célébrer par la louange et l'action de grâce « les jugements de sa justice», ou selon notre
traduction actuelle « ses justes décisions ». Le psalmiste désire rendre grâce et louer Dieu parce
que tout ce qu'il fait et ordonne est juste. « D'un cœur droit, je pourrai te rendre grâce, instruit
de tes justes décisions» (7). Il le fait même au temps de l'épreuve:« Seigneur, je le sais tes
décisions sont justes, tu es fidèle quand tu m'éprouves» (75). Car grande est sa confiance en la
valeur des décisions de Dieu: « le fondement de ta parole est vérité; éternelles sont tes justes
décisions» (160).
Il est heureux que St Benoit pense notre prière liturgique comme la célébration des
« justes décisions de Dieu» ou « des jugements de sa justice ». Notre conversation avec lui, le
jour la nuit devient un échange dans lequel nous nous laissons d'abord instruire par les justes
décisions de Dieu sur notre monde et sur notre histoire humaine, pour ensuite nous en
émerveiller.A travers les psaumes qui résument toutes les situations humaines, nous
accueillons, et la quête des hommes et le sens recueilli par les générations de nos pères dans la
foi : même au travers de la souffrance, des difficultés de toute sorte, du péché et des trahisons,
Dieu inlassablement conduit son peuple. Toujours il propose son alliance et sa parole comme
une lumière pour éclairer la route et ouvrir une espérance. Nous faisons nôtre la foi du psalmiste
que Dieu est avec nous et qu'il ordonne toute chose à notre bien, même l'épreuve. En tenant
cette conversation nuit et jour en ce début du 21°s, nous portons les cris des hommes
d'aujourd'hui en écho à ceux d'hier et nous exprimons notre confiance à Dieu. Oui, « ses
décisions sont justes» qu'elles que soient les apparences. Le fondement de sa parole est vérité,
éternelles sont ses justes décisions. Pour nous-mêmes, mais aussi à notre insu, notre prière fidèle
et persévérante devient signe d'espérance, le jour, la nuit. - 15 novembre 2018
1. De la sainte Pâque jusqu'à la Pentecôte, on dira alleluia sans interruption, aussi bien dans les psaumes que dans les répons ;
2. de la Pentecôte au début du carême, toutes les nuits, on le dira seulement aux nocturnes avec les six derniers psaumes.
3. Mais tous les dimanches, sauf en carême, les cantiques, les matines, prime, tierce, sexte et none seront dits avec alleluia, mais vêpres avec antienne.
4. Mais les répons ne seront jamais dits avec alleluia, si ce n'est de Pâques à la Pentecôte.
Qu'entendre dans ce petit chapitre touj ours étrange à nos oreilles modernes? Volontiers,
nous pouvons entendre « qu'il y a un moment pour tout,et un temps pour chaque chose sous le
ciel », pour reprendre les mots de Qohelet (Qt 3,1). Ainsi la liturgie est-elle pensée avec des
alternances de temps joyeux où l'on chante alleluia, c'est le Temps Pascal, et d'autres temps
plus réservés où l'on s'abstient de chanter l'alleluia, en Carême ... Puis, il y a les autres moments
de l'année où lajoie pascale, surtout présente le dimanche, se dit de manière plus contenue.
En liturgie, cette loi de l'alternance des temps, avec leur variété d'expressions de joie,
d'attente, d'attitude pénitentielle ou plus ordinairement de présence fidèle, est un trait essentiel
constitutif. Y -aurait-il liturgie sans cette alternance? Cette alternance signifie sans le dire
combien notre prière chrétienne n'est pas un rabâchage plus ou moins idolâtrique. Non elle est
davantage une conversation entre Dieu et son peuple. Ce mot « conversation» était le thème de
l'A G de la Corref à Lourdes, durant laquelle notre f. Patrick est intervenu sur la liturgie comme
conversation ... Sans savoir ce qu'il a pu dire, je suis sensible à l'image de la marche, associé à
ce mot de conversation. La liturgie nous invite à converser ensemble avec Dieu, comme on le
fait avec un ami en marchant.Nous partons d'un point et nous arrivons toujours à un nouveau
point, après être passé par bien des paysages différents. Et même si d'aventure, cette marche
nous fait faire une boucle, nous ne revenons jamais exactement le même au point de départ.
Converser avec Dieu dans la liturgie durant toute une année nous entraine ainsi dans une longue
pérégrination, vécue tous ensemble et en même temps très personnellement. Le premier qui
entre dans la conversation, c'est le Seigneur qui nous adresse sa Parole. Etonnante Parole que
nous écoutons, mais aussi que nous nous donnons les uns aux autres à travers la psalmodie, et
enfin à laquelle nous répondons dans la prière litanique plus silencieuse. C'est la même Parole
proposée à nos oreilles et à nos voix année après année, et pourtant la Parole est toujours
nouvelle pour une conversation jamais figée. L'alternance des temps liturgiques est comme
l'alternance des paysages sur le chemin: cela monte en Carême, cela ressemble à un sommet
avec de beaux points de vue en temps pascal, cela pourrait être un sous-bois assez dense duquel
on aspire à plus de lumière en A vent, et à un paysage plus banal en temps ordinaire. Chacun de
ces paysages provoque des dispositions et des efforts différents. Chemin faisant, au gré de notre
histoire, la conversation avec notre Dieu, s'en trouve marquée. Elle fait alors entrer dans une
meilleure connaissance de soi et des frères tout autant que dans une connaissance plus
approfondie de notre Dieu. Peu à peu se révèle son visage de Père qui nous attend, uni au Fils
qui nous rassemble en sa victoire, dans la force de l'Esprit qui nous renouvelle. - 14 Novembre 2018
1. Cependant aux fêtes des saints et à toutes les solennités, on célébrera comme nous avons dit de célébrer le dimanche,
2. excepté qu'on dira les psaumes ou antiennes et leçons qui se rapportent à ce jour. Mais on gardera la mesure indiquée plus haut.
Ce petit chapitre nous apprend que les fêtes des saints étaient déjà bien honorées, même
si les saints ne bénéficiaient habituellement d'un office propre qu'aux seules vigiles, à
l'exception de quelques saints majeurs qui avaient un office propre pour toute la journée. Cet
équilibre a évolué jusqu'à nous. Encore aujourd'hui, seuls quelques grands saints (Marie, St
Joseph, Jean Baptiste, Pierre et Paul) bénéficient d'un office propre pour toute la journée avec
des antiennes spéciales, auxquels s'ajoutent ceux qui sont honorés localement comme pour nous
St Benoit.Ce sont nos solennités. Le plus grand nombre des saints est honoré par une oraison
spéciale, par une lecture aux vigiles, par une hymne commune, ce sont nos mémoires. Et pour
quelques saints plus importants (apôtres, martyrs, docteurs etc ), nous célébrons les heures
principales à travers un office commun, ce sont nos fêtes Pourquoi, nous catholiques,
gardons-nous vivante la célébration de la mémoire des saints, à la différence de nos frères issus
de la Réforme? La lecture du midi nous donne à entendre combien les années de la Réforme
ont donné lieu à une réaction violente contre les images des saints alors détruites ou profanées.
N'y avait-il pas à l'époque un excès où le culte des saints donnait lieu à des célébrations qui
avaient pris un déploiement trop grand, auquel s'étaient mêlées des pratiques pas toujours très
chrétiennes ... ? Nous n'en sommes plus là. Le culte des saints a trouvé une place plus organique
dans l'ensemble des célébrations liturgiques. Comment le comprendre? « Les fêtes des saints
proclament les merveilles du Christ chez ses serviteurs et offrent aux fidèles des exemples
opportuns à imiter» affirme la constitution conciliaire Sacro Sanctum Concilium qui ne
consacre qu'un petit paragraphe aux fêtes des saints. En honorant les saints, on veut honorer le
Christ qui poursuit son œuvre de salut dans notre histoire. Les saints nous donnent à voir, à
toucher et à entendre le mystère du Christ qui prend pleinement chair dans des personnes liées
à une culture et à un temps. N'était-ce pas le souci de St Jean Paul II de mettre en lumière dans
tous les peuples, des figures d'hommes et de femmes qui ont laissé le Christ resplendir dans
leur vie. Notre culte des saints se veut donc avant tout un culte d'action de grâce et de louange
à Dieu pour son œuvre en notre humanité. Tel est la dynamique liturgique profonde vécue à la
messe et à l'office. Ensuite, en raison de la proximité de ces amis de Dieu avec nous qui sommes
encore en chemin, vient la prière que nous confions à leur intercession, dans la conviction que
leur présence auprès de Dieu ne les éloigne pas de nous. Laissée davantage à la prière et à la
lecture personnelle, l'amitié que l'un ou l'autre peut tisser avec un saint restera discrète au
monastère. Communautairement, la liturgie sera toujours la meilleure expression de notre
prière, même si quelques ajouts peuvent se vivre à l'occasion. - 13 novembre 2018 -