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1. La lecture ne doit jamais manquer aux tables des frères. Il ne faut pas non plus que la lecture y soit faite au hasard par le premier qui aura pris un livre, mais un lecteur pour toute la semaine entrera en fonction le dimanche.
2. En entrant, après la messe et la communion, il demandera que tous prient pour lui, afin que Dieu éloigne de lui l'esprit d'orgueil.
3. Et tous, à l'oratoire, diront par trois fois ce verset, qui sera toutefois entonné par lui : « Seigneur, tu m'ouvriras les lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »
4. Et alors, ayant reçu la bénédiction, il entrera en fonction pour la lecture.
Pour Benoit, lecture au réfectoire et liturgie sont intimement liées. Trois détails le
laissent clairement penser. Le 1 er, concerne le lieu, l'oratoire, dans lequel se fait le rite d'entrée
dans le service hebdomadaire de lecture. Le 2d touche le moment: à la fin de la messe du
dimanche. Le 3° détail est le verset repris trois fois qui correspond au verset d'ouverture des
vigiles. De même que la nuit, on entonne ce verset pour implorer la grâce de chanter dignement
les louanges divines, de même au début d'une semaine de lecture, le lecteur soutenu par la
communauté, demande la grâce d'être humble dans son service, pour l'édification des frères.
Un autre détail pourrait laisser penser qu'aussitôt ce petit rituel, on passe à table: quand Benoit
conclue « et alors ayant reçu la bénédiction, il entrera en fonction pour la lecture ». Tout veut
contribuer à faire du repas un moment quasiment liturgique. Par la qualité de la lecture au repas,
les moines sont donc entrainés à demeurer dans l'écoute initiée durant la liturgie.
Il peut être bon pour nous aujourd'hui de ne pas oublier cela. Vivre la lecture durant nos
repas comme un vrai moment d'écoute. C'est peut-être mcins facile pour nous dans la mesure
où, à la différence des anciens, nous lisons des livres ou articles plus variés. Pas seulement les
Saintes Ecritures ou des vies de saints, mais aussi des livres d'histoire, des livres ou des articles
davantage d'actualité ... Comment entendre ces lectures dans une écoute profonde, pas
seulement anecdotique? Les guerres de religion, aujourd'hui ou le livre de Sun Yat Sen hier,
nous disent davantage que les seuls faits rapportés. Comment pourrions-nous nous aider à ne
pas passer à côté? Je remarque tout d'abord une chose, c'est que f. Matthieu nous fait lire des
livres dans une certaine logique. Nous avions eu le livre sur Luther, puis un peu après celui sur
Charles Quint, et maintenant celui-là sur les guerres de religion. Trois points de vue sur une
même période, un plus théologique, l'autre biographique, et le dernier plus général et politique.
Plus récemment, le document sur les différentes réceptions de la doctrine sur la justification
donnait un éclairage plus contemporain de la vision théologique de Luther. Nous pourrions dans
les groupes prendre davantage le temps de parler des lectures entendues, en veillant justement
à ne pas en rester au seul plan anecdotique, voire épidermique. Au regard de la foi, toute histoire
est une histoire sainte, une histoire que Dieu accompagne pour la sauver. Dans tous les
soubresauts qui l'animent, notre humanité est en travail d'enfantement, hier comme
aujourd'hui. Ecouter avec les oreilles de la foi pour tenter d'entendre et de reconnaitre l'œuvre
de Dieu dans notre humanité, est un bel exercice qui élargit le regard et le cœur du moine. 14.02.2019
1. Bien que la nature humaine incline par elle-même à l'indulgence pour ces âges, celui des vieillards et celui des enfants, l'autorité de la règle doit cependant y pourvoir.
2. On aura toujours égard à leur faiblesse et on ne les astreindra nullement aux rigueurs de la règle en matière d'aliments,
3. mais on aura pour eux de tendres égards et ils devanceront les heures réglementaires.
Lors de sa retraite, le f. Emile a eu cette belle réflexion: « il y a une aventure à vivre
avec Dieu,y compris dans la vieillesse,dans nos diminutions, dans nos maladies » ... Une
aventure à vivre avec Dieu ... En écoutant nos frères plus anciens, j'entends combien l'âge
avançant, cette aventure n'est pas si facile. La relation avec Dieu se simplifie, mais se dépouille
en même temps. L'épreuve de la maladie ou de la diminution des forces peut occuper beaucoup
de place. Le corps se rappelle souvent, sinon sans relâche, à la conscience. L'image de soi se
défait des fausses illusions qui pouvaient jusqu'alors voiler la réalité. Dans ce contexte, parler
d'aventure avec Dieu permet de sortir de la seule relation d'intérêt... de cette relation avec un
dieu trop à notre mesure auquel on demanderait surtout d'échapper à la maladie et à tous les
ennuis de la vie. L'aventure à vivre avec le Dieu de Jésus-Christ garde pour chacun de nous, et
à tout âge, les accents de l'aventure qui a fait sortir Abraham de son pays. « Va vers le pays que
je t'indiquerai ». Alors que les limites de l'âge et de la maladie restreignent les possibilités de
déplacement et d'autonomie, elles n'empêchent pas ce voyage-là. Elle lui donne au contraire
tout son sens et toute sa profondeur. Le but, le pays recherché, apparaît plus proche, même s'il
demeure toujours inconnu, objet d'une «grande curiosité », me disait un frère. L'aventure avec
Dieu ne consiste donc pas à savoir et à connaitre la nature de ce pays. Mais bien plutôt à faire
grandir le désir de ce pays, et plus précisément le désir de la rencontre. Comme dit volontiers
notre père Germain, «je vais vers la rencontre ». Une tentation peut entraver ce désir: le fait
de regarder en arrière le chemin parcouru, en le jugeant souvent de manière trop négative,
comme si le jugement nous appartenait. Le voyage passé n'a pas peut-être pas été comme on
l'aurait souhaité ou imaginé. Mais est-ce cela le plus important aujourd'hui? Le voyage,
l'aventure ne demeure-t-elle pas plus que jamais celui de la confiance en Celui qui nous a
appelés. « Moi, je suis toujours avec toi, avec toi qui as saisi ma main droite .... » L'aventure à
vivre n'est-elle pas là dans une confiance filiale renouvelée, un peu plus abandonnée. « Tu me
conduis selon tes desseins, puis tu me prendras dans la gloire» (Ps 72, 23-24). Il est fidèle
Celui qui nous appelle depuis notre premier souffle et notre premier cri sur cette terre. Peu à
peu nous avons expérimenté et expérimentons sa fidélité, son amour indéfectible malgré et
surtout à travers nos chutes, nos errances. Son visage de Père révélé par Jésus peu à peu
s'éclaire. Pas à pas, nous sommes conduits à nous habituer à sa lumière, à son amour, avant de
le voir face à face ... Sa miséricorde est notre rempart, notre vrai passeport pour l'ultime
traversée. - 13 février 2019
7. Ces frères malades auront un logement à part affecté à leur usage, et un serviteur qui ait la crainte de Dieu et qui soit attentionné, soigneux.
8. Toutes les fois que c'est utile, on offrira aux malades de prendre des bains, mais à ceux qui sont bien portants et surtout aux jeunes, on ne le permettra que plus rarement.
9. En outre, on permettra aux malades très affaiblis de manger de la viande, pour qu'ils se remettent ; mais quand ils seront mieux, ils se passeront tous de viande comme à l'ordinaire.
10. L'abbé prendra le plus grand soin que les malades ne soient pas négligés par les cellériers ou par les serviteurs. Lui aussi, il est responsable de toute faute commise par ses disciples.
Quelles sont les conditions de vie nécessaires aux frères malades? En quelques mots,
Benoit les énumère: un logement à part, un frère qui les serve avec soin et attention, des
possibilités de bien-être inhabituelles (bains, régime carné) et une vigilance spéciale de la part
du P. Abbé. A situation exceptionnelle, conditions exceptionnelles.
Actuellement, nous pouvons dire que les conditions ne sont pas complètement
remplies. Depuis la maladie de f. Ambroise qui s'est dévoué durant plusieurs années, auprès
des frères à l'infirmerie et de nous tous, il manque un frère qui soit à la disposition de tous. Je
remercie f. Mathias qui assure un intérim. Je pense à lui trouver un remplaçant stable, et
j'espère que cela va pouvoir se faire sans trop tarder.
Quelles sont les qualités requises pour un tel emploi? St Benoit pose en premier:
« qu'il est la crainte de Dieu». On pourrait se dire: « s'il est moine, il croit en Dieu,
pourquoi faut-il qu'il craigne Dieu ?». Que veut nous dire ici St Benoit, comme il le fait
ailleurs à propos du cellérier (31,2) et de l'hôtelier (53, 21) ? Dans ces emplois, où la
dimension relationnelle est première, st Benoit invite l'infirmier, le cellérier et l'hôtelier, à
vivre une intimité avec Dieu qui soit bien réelle et profonde. Confrontés à des situations
humaines parfois délicates, ces frères ne pourront faire face, s'ils ne gardent pas une relation
vivante avec le Seigneur. Face à des frères ou des personnes difficilement supportables pour
diverses raisons, la tentation peut être grande d'oublier qu'ils restent des frères et des fils
aimés par Dieu. On peut alors facilement les envoyer promener. Celui qui craint Dieu reste
vigilant pour ne pas oublier qu'ils sont des frères, ni se décourager. La crainte de Dieu
pourrait être ce mouvement du cœur qui sait tout remettre sous la lumière de Dieu. Elle peut
nourrir alors une charité très active et très présente aux frères, délicate. Le frère infirmier
pourra ainsi être « attentionné et soigneux», comme le recommande St Benoit. Le frère
malade pourra être regardé autrement que comme un poids à supporter. On l'abordera avec
beaucoup de respect et de tendresse. A travers ces trois qualités requises par St Benoit, nous
touchons la profonde unité de notre vie de prière et de charité. Sans la prière qui resitue toute
chose dans la lumière de Dieu, la charité peut vite s'épuiser, et se dessécher, ne devenir que
tâches à accomplir, et non personnes à servir. Sans la charité active, la prière peut n'être
qu'une évasion confortable, une fuite de la réalité. Le frère infirmier, le frère actuel et celui
qui viendra, mérite notre prière afin d'accomplir avec cœur et joie ce service très beau et
exigeant. - 12 février 2019
1. Il faut prendre soin des malades avant tout et par-dessus tout, en les servant vraiment comme le Christ,
2. puisqu'il a dit : « J'ai été malade, et vous m'avez rendu visite »,
3. et : « Ce que vous avez fait à l'un de ces plus petits, c'est à moi que vous l'avez fait. »
4. Mais les malades, de leur côté, considéreront que c'est en l'honneur de Dieu qu'on les sert, et ils ne peineront pas, par leurs vaines exigences, leurs frères qui les servent.
5. Il faut pourtant les supporter avec patience, car des hommes de cette espèce font gagner une plus grande récompense.
6. L'abbé veillera donc avec le plus grand soin à ce qu'ils ne souffrent d'aucune négligence.
Récemment dans une homélie prononcée lors de la messe du matin, à la chapelle Ste
Marthe, le pape François disait: « Nous avons tous besoin d'être guéris, tous, parce que nous
avons tous des maladies spirituelles, tous. Mais, aussi, nous avons tous la possibilité de guérir
les autres, avec cette attitude ... par la douceur, l 'humilité, la force contre le péché, contre le
diable ... "Je guéris quelqu'un et je me laisse guérir par l'autre ". Entre nous. Une communauté
chrétienne, c'est cela. »
« Nous avons tous besoin d'être guéri, parce que nous avons tous des maladies
spirituelles ». Cette conviction peut être un bon antidote contre notre tendance spontanée
d'établir une frontière nette entre ceux qui sont malades et ceux qui ne le sont pas, entre ceux
qui ont des problèmes psychologiques et ceux qui n'en ont pas, entre le faible et le fort ... Nous
avons tellement soif d'être en bonne santé et d'être fort que la frontière nous rassure, dans le
désir d'être du bon côté. Cette affirmation du pape, « nous avons tous besoin d'être guéris»,
peut nous sauver, non seulement de l'illusion, mais aussi de cette secrète prétention àjuger les
autres et à nous tenir au-dessus de la mêlée par nos propres forces. Devant Dieu, nous avons
tous besoin de cette profonde guérison du cœur, pour qu'il ne juge plus, ne tienne plus l'autre
à distance, ne cherche pas sans cesse son intérêt... Dans une communauté, nous pouvons
considérer comme une chance de vivre avec des frères davantage atteints dans leur santé. Ils
nous rendent ce service précieux de nous rappeler à tous, notre fragilité physique,
psychologique et spirituelle. Nous sommes tous vulnérables dans nos équilibres de vie. Une
épreuve et des contrariétés peuvent vite nous mettre par terre. Nos frères davantage atteints dans
leur santé, eux aujourd'hui, moi peut-être demain, nous entrainent aussi à aller chercher en nous
d'autres énergies que les seules énergies de force et d'intelligence. Ces énergies qu'on nomme
patience, douceur, bienveillance. St Benoit affirme que par la « patience» vis-à-vis des frères
plus faibles dans leur santé, nous obtenons « une plus grande récompense». Sûrement pense-
t-il d'abord à la récompense dans la vie éternelle. Mais n'est-ce pas déjà une belle récompense
pour chacun de nous de pouvoir grandir dès ici-bas dans la patience, la douceur et la
bienveillance? N'est-ce pas là une source de grande joie? Le pape François affirme que par la
douceur, la patience, nous pouvons nous guérir les uns les autres. Le frère davantage atteint
dans sa santé contribue à ma guérison en faisant naitre chez moi patience, douceur et
bienveillance, qui en retour sont source de guérison pour lui, plus qu'on ne l'imagine. - 09 février 2019
7. Celui qui va sortir de semaine fera les nettoyages le samedi.
8. Ils laveront les linges avec lesquels les frères s'essuient les mains et les pieds.
9. Ils laveront aussi les pieds de tous, non seulement celui qui sort, mais aussi celui qui va entrer.
10. Il rendra au cellérier, propres et en bon état, les ustensiles de son service.
11. Le cellérier, à son tour, les remettra à celui qui entre, de façon à savoir ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.
12. Quand il n'y a qu'un repas, les semainiers recevront auparavant, en plus de la ration normale, un coup à boire et un pain chacun,
13. pour que, au moment du repas, ils servent leurs frères sans murmure et sans trop de fatigue.
14. Mais aux jours sans jeûne, ils attendront jusqu'aux grâces.
15. Le dimanche, aussitôt après la fin des matines, les hebdomadiers entrant et sortant se courberont à tous les genoux à l'oratoire, en demandant que l'on prie pour eux.
16. Celui qui sort de semaine dira ce verset : « Tu es béni, Seigneur Dieu, qui m'as aidé et consolé. »
17. L'ayant dit trois fois, celui qui sort recevra la bénédiction. Puis celui qui entre continuera en disant : « Dieu, viens à mon aide ; Seigneur, hâte-toi de m'aider. »
18. Tous répéteront les mêmes mots par trois fois, et ayant reçu la bénédiction, il entrera.
Je suis touché par la manière avec laquelle St Benoit donne au simple service de la
cuisine,une dimension presque sacramentelle. A travers le rite du lavement des pieds, rite
liturgique fort, le service de la cuisine prend tout d'un coup une dignité et une densité unique.
C'est le seul emploi qui est ainsi qualifié dans la RB, peut-être parce qu'il est un des plus
exigeants, aussi bien en terme de temps donné qu'en raison de sa fonction symbolique. A deux
autres moments dans la règle, Benoit recommande le rite du lavement des pieds : avant l'entrée
d'un jeune frère au noviciat, à qui tous lavent les pieds, et l'accueil des hôtes qu'on honore aussi
de la sorte. Dans ces trois situations, ce rite a-t-il la même signification? Il me semble que oui.
Dans chacun des cas, celui qui lave comme celui qui est lavé est invité à reconnaitre dans l'autre
le Christ.Ce rite est là pour rappeler à tous que nos relations sont une continuelle épiphanie de
la présence du Christ, révélé en chaque visage. Le jeune qui arrive, les hôtes, ou bien la
communauté qui se voient lavés les pieds, sont invités à reconnaitre dans leurs frères qui se
mettent à leur service, le Christ qui s'abaisse pour les honorer. Et inversement, les frères qui
lavent les pieds, en fait toute la communauté dans le cas du jeune et des hôtes, et seulement les
servants entrant et sortant pour la cuisine, ces frères reconnaissent le Christ qui vient à eux, plus
en besoin,en la personne du plus jeune, du plus pauvre, ou simplement du frère ... Magnifique
échangevécu dans ce geste. Echange dans une mutuelle reconnaissance du Christ présent en
l'autre, celui qui est servi, comme celui qui sert. Des communautés ont repris occasionnellement
le rite du lavement des pieds, pour se redire ce mystère ... Soit en gardant le rite pour l'entrée
au noviciat, soit lors d'une petite célébration 3 ou 4 fois par an. On pourrait se demander: mais
pourquoi ne fait-on plus ce geste aujourd'hui? Peut-être parce qu'il est trop fort. Il engage tout
l'être dans un humble geste qui ne peut pas être fait à la va-vite. Il demande du soin ou alors il
se vide de son sens. On comprend que la liturgie soit son écrin le meilleur, le plus adapté pour
lui donner tout son poids.
y aurait-il dans notre Vie quotidienne, une manière symbolique de se signifier
mutuellement que nous sommes les uns pour les autres le Christ, tantôt en position d'être
accueilli et servi, tantôt en position de serviteur qui s'abaisse et se donne? Doit-on trouver un
autre rite symbolique, ou alors nous faut-il simplement soigner avec beaucoup d'attention tous
nos gestes quotidiens de service et d'échange afin qu'ils ne soient jamais banals? Le soin donné
à tous nos gestes fraternels peut se nourrir de la lumière du lavement des pieds. Ce soin donnera
du poids à tous nos échanges, et nous nous manifesterons les uns par les autres, le Christ. - 8 février 2019
1. Les frères se serviront mutuellement et personne ne sera dispensé du service de la cuisine, sauf maladie ou si l'on est occupé à une chose d'intérêt majeur,
2. parce que cela procure une plus grande récompense et charité.
3. Aux faibles, on accordera des aides, pour qu'ils ne le fassent pas avec tristesse,
4. mais ils auront tous des aides suivant l'importance de la communauté et l'état des lieux.
5. Si la communauté est nombreuse, le cellérier sera dispensé de la cuisine, ainsi que ceux qui, comme nous l'avons dit, sont occupés à des tâches d'intérêt supérieur.
6. Les autres se serviront mutuellement dans la charité.
7. Celui qui va sortir de semaine fera les nettoyages le samedi.
8. Ils laveront les linges avec lesquels les frères s'essuient les mains et les pieds.
9. Ils laveront aussi les pieds de tous, non seulement celui qui sort, mais aussi celui qui va entrer.
Avec l'arrivée de Wadi, nous expérimentons une nouvelle manière de vivre la cuisine.
Sa présence du mardi au samedi permet de soulager les forces pour le travail. F. Pacôme fait le
lien avec lui. Il y a encore des choses à caler pour une meilleure organisation des menus, des
plats pour l'hôtellerie. F. Pacômey travaille avec Wadi. F. François d'Assise assure une
présence importante les dimanche et lundi, ainsi que les mardi, vendredi et samedi matin. Je dis
merci à chacun et nous pouvons dire aussi merci à Wadi à l'occasion. Comme je le disais, je
crois important de rester discret à son égard et de ne pas intervenir dans son travail. Si l'on a
des problèmes, c'est à f. Pacôme qu'il faut en référer.
Il nous faut accepter d'entrer dans une autre manière de nous référer à la cuisine. Il
faudra du temps. En écho à l'expérience entendue dans d'autres communautés, nous apprenons
à la fois à faire confiance à quelqu'un d'autre, et à la fois à ne pas nous désintéresser
communautairement de ce secteur. A travers le fr. référent, il s'agit de garder une certaine
maitrise pour que le service offert à la cuisine soit vécue dans l'esprit monastique qui est le
nôtre. Comment qualifier cet esprit? Dans le travail lui-même, nous souhaitons que demeure
un climat de calme et de silence. La cuisine ne peut pas devenir un lieu de rendez-vous et de
bavardage. Par notre manière d'être nous pouvons entra.ner Wadi dans ce sens. Comment
qualifier encore cet esprit? Dans la nourriture elle-même, nous souhaitons que, tout en étant
soignée, elle reste simple au regard de notre propos de vie sobre et équilibrée pour nos santés.
Jusqu'alors nous ne mangeons pas de viande. Par cette abstinence, notre propos est de viser une
certaine sobriété et simplicité. Nous choisissons de nous limiter, de nous restreindre
volontairement dans le choix de nos menus pour ne pas donner plus d'importance qu'il ne faut
à la nourriture. Libérer notre cœur du souci trop prégnant de la nourriture est une école pour
nous rendre plus présent à Dieu intérieurement. Telle est la vision spirituelle qui anime notre
choix actuel. Dans les échanges à propos de Laudato Si, sont ressortis d'autres aspects
concernant le fait de manger ou non de la viande. On peut s'interroger sur la provenance de ce
que nous mangeons, pour tendre à nous insérer dans des circuits de distribution moins longs,
plus locaux. J'ai invité f. Pacôme à comparer les prix entre le poisson et la viande, et à étudier
les différents circuits longs et courts. Cela pourra être un élément pour le discernement de cette
question. - 29janvier 2019
1. Comme il est écrit : « On distribuait à chacun selon ses besoins. ;»
2. Ici nous ne disons pas que l'on fasse acception des personnes, – ;à Dieu ne plaise ! – mais que l'on ait égard aux infirmités.
3. Ici, que celui qui a moins de besoins, rende grâce à Dieu et ne s'attriste pas ;
4. quant à celui qui a plus de besoins, qu'il s'humilie de son infirmité et ne s'enorgueillisse pas de la miséricorde qu'on a pour lui,
5. et ainsi tous les membres seront en paix.
6. Avant tout, que le fléau du murmure ne se manifeste sous aucun prétexte par aucune parole ou signe quelconque.
7. Si l'on y est pris, on subira une sanction très sévère.
« Si tous doivent recevoir également le nécessaire ». Le contenu de ce chapitre est un peu en contradiction avec le titre:
également ne correspond pas à ce que dit St Benoit. La citation du
livre des Actes des Apôtres conviendrait mieux: « On donnait à
chacun selon ses besoins. »
Nos besoins sont différents. Nous ne pouvons pas être tous traités
de la même façon. L'égalité entre nous n'est pas de l'ordre de
l'avoir. Elle est de l'ordre de l'être. Chaque frère, quelque que soit
sa place ou sa fonction dans la communauté, doit se sentir
membre de cette communauté, au même titre que tous les autres
frères. Il n'y a pas d'égaux plus égaux que les autres, dans un
monastère!
Pour St Benoit, toute la Règle est structurée par la combinaison de
ces deux principes contradictoires: Tous les frères sont égaux,
quelle que soit leur origine, leur formation. Mais certains ont
besoins de plus, à cause de leur santé ou pour d'autres raisons.
D'autres ont moins de besoins.
L'art du discernement, pour l'Abbé et pour tous ceux qui ont une
responsabilité dans la communauté, est de savoir faire la part des
choses: ni favoritisme, ni égalitarisme.
L'un des mots importants de ce chapitre est: « on partageait ».
Tout est mis en commun. Nous n'avons plus rien en propre. Nous
partageons tout avec chacun de nos frères. Pensons à la grâce qui
nous est faite de pouvoir vivre ainsi. C'est notre façon de travailler
concrètement à l'unité du Corps de Christ.
« Avant tout que n'apparaisse jamais le vice du murmure ». Cela
peut venir avec l'âge: le danger de devenir des vieux garçons.
D'avoir ses manies, ses exigences ... N'attendons pas d'avoir un
certain âge pour être généreux. Cultiver la liberté du cœur. La joie.
Rendons grâce à Dieu pour la vie qu'II nous donne de vivre. - 25 janvier 2019
1. Par dessus tout, il faut retrancher du monastère ce vice jusqu'à la racine :
2. que personne ne se permette de rien donner ou recevoir sans permission de l'abbé,
3. ni d'avoir rien en propre, absolument aucun objet, ni livre, ni tablette, ni stylet, mais absolument rien,
4. puisqu'on n'a même pas le droit d'avoir son corps et sa volonté à sa propre disposition.
5. Tout ce dont on a besoin, on le demande au père du monastère, et personne n'a le droit de rien avoir que l'abbé ne lui ait donné ou permis.
6. Que « tout soit commun à tous », comme il est écrit, en sorte que « ;personne ne dise sien quoi que ce soit », ni ne le considère comme tel.
7. Si quelqu'un est pris à se complaire dans ce vice extrêmement pernicieux, on l'avertira une et deux fois ;
8. s'il ne s'amende pas, il subira une réprimande.
Pourquoi cette intransigeance de St Benoit? Il parle du vice de la
propriété!
Il s'agit de notre relation à Dieu. A quoi sommes-nous attachés? A
qui sommes-nous attachés? Notre vie est-elle donnée?
Complètement donnée?
Parfois, nous nous croyons libres, alors qu'un tas de petites
choses occupent encore notre cœur, plus ou moins consciemment.
Nous devons tendre à une dépendance de plus en plus aimante et
totale vis-à-vis de Dieu. La fidélité à la pratique de la pauvreté, telle
que St Benoit nous la demande, nous aidera à devenir, peu à peu,
plus dociles à l'Esprit Saint. Des hommes libres.
La pauvreté n'est pas une question de plus ou de moins. C'est un
désir d'être conforme au Christ Jésus. C'est un besoin d'amour.
A la pauvreté chrétienne, il n'y a pas de mesure. Comme il n'y a
pas de mesure à la charité.
La pauvreté de l'Evangile, qui nous conduit à la liberté par rapport
aux choses, suppose une relation nouvelle au corps, et aux désirs.
Le problème n'est pas une question d'obéissance à un supérieur.
C'est une question de confiance. La pauvreté que St Benoit nous
enseigne, la pauvreté évangélique, c'est de ne plus avoir peur, de
ne plus craindre. C'est de s'abandonner, en toute confiance, entre
les mains d'un autre. L'abandon à la Providence de Dieu fait que
nous ne nous agrippons plus aux choses, même plus à nos désirs.
Nous savons que Dieu veut notre bien.
Il Y a un lien profond entre pauvreté et Foi. Quand nous pouvons
ouvrir les mains, faire confiance, nous abandonner, c'est toujours
une victoire de la grâce sur notre peur. C'est un don de Dieu.
- 24 janvier 2019
1. Pour l'avoir du monastère en outils, vêtements et biens de toute sorte, l'abbé choisira des frères, de vie et mœurs dont il soit sûr,
2. et il leur remettra ces différents objets, comme il le jugera bon, pour qu'ils les conservent et les recueillent.
3. De ces objets, l'abbé gardera l'inventaire. Ainsi, quand les frères se succèdent à tour de rôle dans l'emploi, il saura ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.
4. Si quelqu'un traite les biens du monastère sans propreté ou sans soin, on le réprimandera.
5. S'il ne s'amende pas, il subira les sanctions de règle.
Le chapitre 31 de la Règle a décrit toutes les qualités requises du
cellérier du monastère. Mais, curieusement, ce n'est pas à lui que
St Benoit confie les outils et les biens du monastère. C'est à
l'Abbé. Il ne considère pas simplement l'Abbé comme le guide
spirituel de la communauté. Il attend de lui qu'il s'occupe aussi des
biens temporels. Cela peut sembler étrange.
La tentation peut être grande, en effet, de s'imaginer que l'on peut
s'occuper uniquement des âmes, et laisser le soin des corps à
d'autres. Pour St Benoit, l'Incarnation est centrale. Pour lui, comme
pour toute la tradition monastique. Cette disposition de Benoit
s'enracine dans une certaine théologie qui voit que l'on ne peut
pas séparer le bien spirituel, et l'aspect matériel de la vie
monastique. Le progrès spirituel et la vie concrète.
C'est pourquoi l'Abbé, comme chaque responsable, a toujours,
dans la communauté, une responsabilité qui touche au matériel,
pas seulement au spirituel.
Il n'existe pas de tâche sans importance, dans un monastère,
comme dans toute communauté. La propreté, la beauté des lieux,
sont aussi importantes que le climat de silence et la paix du coeur.
Nous sommes façonnés, bien plus que nous ne l'imaginons, par le
lieu que nous habitons. Chaque emploi contribue à sa manière à
faire de notre communauté une maison de Dieu. Un lieu où Dieu
est servi et aimé.
La clé de tout cela, c'est l'Incarnation. Cette grâce qui nous est
faite d'un Dieu venu partager notre condition d'homme, notre chair,
notre pesanteur et notre liberté. Chacun de nous est responsable
du climat de prière et de la vie fraternelle. De la paix et de la joie
de la communauté. Rien n'est indifférent. Tout est important et
requiert notre attention. - 23 janvier 2019
13. Qu'il ait avant tout l'humilité, et quand il n'y a rien à donner à quelqu'un, qu'il lui offre en réponse une parole aimable,
14. comme il est écrit : « Une parole aimable surpasse le don le plus précieux. »
15. Tout ce que l'abbé lui enjoindra, il en aura la responsabilité ; ce qu'il lui interdira, il ne se le permettra pas.
16. Il fournira aux frères la ration prescrite sans arrogance ni délai, de peur qu'ils ne s'irritent, en se souvenant de ce que mérite, selon la parole divine, « celui qui irritera un des petits. »
17. Si la communauté est nombreuse, on lui donnera des auxiliaires, pour que lui aussi, grâce à leur aide, il remplisse la charge qui lui est confiée sans perdre la paix de l'âme.
18. On donnera ce qui est à donner et on demandera ce qui est à demander au moment voulu,
19. afin que personne ne soit troublé ou peiné dans la maison de Dieu.
« Qu'il ait avant tout l'humilité» ... A deux reprises, revient cette recommandation dans
ce chapitre. Et les deux fois, elle a le même but: permettre de donner une parole aimable quand
il n'y a rien à offrir ou bien donner une bonne parole à qui fait une demande déraisonnable.
Face à l'impuissance ou à l'absurdité, l'humilité. Le cellérier vers qui converge beaucoup
d'attente est certes en premier concerné. Mais il n'est pas le seul.Tous, nous pouvons être dans
ces situations de demandes inappropriées ou bien impossibles à satisfaire. Là où la nature nous
conduirait soit à nous emporter, soit à mépriser l'autre, une unique réponse nous est proposée:
l'humilité. Dans l'évangile, nous avons un exemple de ce genre de situation, quand les fils de
Zébédée (cf Mc 10, 35-45) demandent à Jésus de siéger à sa droite dans la gloire. Demande
risible et inconvenante alors que Jésus vient de parler de sa passion prochaine. A la différence
des disciples qui s'indignent, Jésus ne rabroue pas les deux frères. Patiemment, il les emmène
plus loin dans la compréhension de ce qui est en train de se vivre, les invitant à boire le calice
qu'il va boire. Et vis-à-vis des autres disciples Jésus continue de se faire pédagogue. A ceux
dont l'indignation manifeste qu'ils n'étaient pas libres vis-à-vis de ce genre de question, Jésus
révèle, à la lumière de son propre chemin, le nouvel ordre qu'il est venu établir:« Celui qui
veut être parmi vous le premier sera l'esclave de tous» car « le Fils de l'homme n'est pas venu
pour être servi ... »
Quand St Benoit appelle le cellérier et chacun de nous à l 'humilité, il nous engage à rien
d'autre qu'à incarner dans notre quotidien le chemin de Jésus. Chemin de patience, d'écoute,
de service, finalement d'amour pour l'autre qui ne le mesure pas forcément d'emblée. Par cette
attitude, nous acceptons de descendre de notre illusoire piédestal qui nous ferait regarder l'autre
de haut. En renonçant à nos prétentions de savoir et d'être reconnu, nous nous mettons à son
service. La parole aimable ne nous est pas forcément spontanée. Elle demande de prendre sur
nous. Mais quand elle est dite, elle se révèle le plus souvent facteur de paix et de concorde.
Alors qu'à l'inverse, la parole hautaine qui renvoie l'autre dans ses cordes, aurait déclenché une
tempête inutile. En ces jours, d'attente du Messie petit enfant, nous savons à quelle école il nous
faut revenir. Que Jésus « doux et humble de cœur» nous vienne en aide! - 19 décembre 2018