vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 50n v 1-4 Des frères qui travaillent loin de l'oratoire ou qui sont en voyage écrit le 26 mars 2019
Verset(s) :

1. Les frères qui sont au travail tout à fait loin et qui ne peuvent se rendre à l'oratoire à l'heure voulue, –

2. et l'abbé estime qu'il en est bien ainsi, –

3. célébreront l'œuvre de Dieu sur place, là où ils travaillent, en fléchissant les genoux avec crainte de Dieu.

4. De même ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les heures prescrites, mais les célébreront de leur côté comme ils pourront, et ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service.

Commentaire :

« Ils ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de service». L'expression

« prestation de service» pour parler de notre prière n'est pas banale. Elle met en relief un aspect

de notre responsabilité de moine qui va au-delà de la seule présence physique à l'office

communautaire. Si celle-ci constitue notre premier devoir, lorsqu'elle n'est pas possible,

comment accomplir notre service de prière? Comment comprendre la responsabilité qui nous

incombe? Plus qu'une affaire de discipline, c'est de notre vocation de veilleur pour l'Eglise

dont il s'agit. Le cœur de notre vocation de chercheur de Dieu est de veiller dans la prière, avec

son corollaire indissociable qu'est la veille dans la charité. Dans l'organisation de notre temps,

la prière tient la première place. Ensemble, dans la louange et l'intercession, nous « tenons la

veille d'amour»pour reprendre les mots d'une hymne. La vérité des heures nous entrai ne à

donner à chaque moment de la journée sa note spécifique d'action de grâce. Chaque heure est

chargée de son poids d'humanité que notre prière voudrait porter devant Dieu, afin que tout de

ce qui fait la vie humaine puisse devenir offrande. Le matin, nous offrons la vie dans sa fraicheur

après le repos, en pensant aussi peut-être à ceux pour qui le lever est difficile. Le midi, nous

offrons le poids du jour, du travail et de la souffrance des hommes. Le soir, c'est l'offrande

d'une journée, avant la remise de tout notre être dans la confiance au seuil de la nuit. Au cours

de cette dernière, nous veillerons dans l'attente du Christ en union avec tant d'hommes et de

femmes en quête de sens. Chaque heure, a son poids de vérité humaine, appelé à retourner à

Dieu son auteur, en action de grâce et reconnaissance ... Parler de « poids» nous fait rejoindre

le mot latin (pensum) qui est traduit dans notre texte par « prestation». Tenir notre prestation

de service, notre poids de service, c'est prendre pleinement en charge ce poids de nos vies, et

de celle de l'humanité pour le porter à Dieu dans la prière. Entrainons-nous à porter librement

ce poids, non comme une obligation, mais comme un service de louange. L'office de None

laissé à notre responsabilité est un bon exercice. Lorsque nous manquons habituellement un

office, veillons à ne pas faire comme si de rien n'était, sous prétexte que l'heure est passée. Si

je manque vigiles ou laudes régulièrement, comment je reste responsable dans la prière par la

reprise d'une lecture ou d'un ou quelques psaumes? De même lorsque je suis en voyage, s'il

n'est pas possible d'observer les heures habituelles, de quelle manière j'essaie de donner sa

place à la prière, place autre certes, mais bien réelle. Elle nourrira et ma fidélité et ma charité. - 26 mars 2019

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 49 v 1-10 De l'observance du carême écrit le 23 mars 2019
Verset(s) :

1. Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême,

2. cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que pendant ces jours du carême on garde sa vie en toute pureté,

3. et que l'on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps.

4. Nous y parviendrons en renonçant à tous les vices et en nous appliquant à l'oraison avec larmes, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu'à l'abstinence.

5. Donc en ces jours ajoutons quelque chose aux prestations ordinaires de notre service : oraisons particulières, abstinence d'aliments et de boisson,

6. en sorte que chacun offre à Dieu, de son propre mouvement, avec la joie de l'Esprit-Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée,

7. c'est-à-dire qu'il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la plaisanterie, et qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.

8. Cependant ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l'oraison et l'agrément de celui-ci,

9. car ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera mis au compte de la présomption et de la vaine gloire, non de la récompense.

10. Tout doit donc s’accomplir avec l’agrément de l’abbé.

Commentaire :

Film de ARTE sur les sœurs abusées ... un film difficile au dire de ceux qui l'ont vu ... Pour les

frères qui veulent, ce film peut nous aider à entendre la souffrance de beaucoup de femmes par

la faute d'hommes d'Eglise ... C'est une manière pour nous de compatir avec ces personnes et

avec toute l'Eglise, de porter la honte et le déshonneur, dans la prière et la pénitence ... Comme

je le disais, la prière du milieu du jour en silence peut être uri lieu concret pour porter et traverser

cela.

Nous retrouvons ce matin en plein carême, ce chapitre qui donne l'orientation profonde

pour un chemin renouvelé de notre conversion ... La veille du mercredi des cendres, je relevais

le mot « s'appliquer» pour retrouver « le goût de la vie nouvelle»en Christ. .. La prière, le

jeûne, l'attention aux autres dans lesquels nous nous appliquons, voudraient nous réveiller de

l'habitude, voire de la torpeur, pour retrouver une plus grande ardeur spirituelle. Il s'agit pour

chacun de choisir davantage le Christ et d'adopter une manière de vivre qui manifeste qu'Il est

le premier dans notre vie, Lui et son commandement d'amour. Pour cela, laissons-nous conduire

par l'Esprit Saint qui vient réveiller le désir de nous donner et d'être plus généreux ... sans

s'exténuer, mais avec discernement. Il ne s'agit pas de faire des exploits, mais de retrouver ce

lieu secret qui nous arrache à notre orgueil, à notre paresse peut-être, afin de nous donner plus

en vérité. Il ne s'agit pas de vouloir imiter tel ou tel. Non, il nous revient d'être là où nous

sommes faibles et pécheurs, pour nous offrir à l'œuvre de renouvellement de l'Esprit.Ce lieu

secret où nous lâchons prise, st Benoit nous laisse entendre qu'il sera le lieu de notre vraie

joie .... « la joie du désir spirituel ». Donc n'ayons pas peur de nous laisser conduire au plus

intime de notre cœur. Une vie plus vivante nous est promise, au gré de nos renoncements, de

nos déplacements ou de nos pas vers les autres. Voilà une marche active vers Pâques pour

retrouver le goût de la vie nouvelle en Christ. - 23-03-2019

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48, 22-25 Du travail manuel de chaque jour écrit le 22 mars 2019
Verset(s) :

22. Le dimanche, de même, tous vaqueront à la lecture, sauf ceux qui sont affectés à différents services.

23. Cependant si quelqu'un est négligent et paresseux au point de ne pas vouloir ou pouvoir apprendre ou lire, on lui assignera un ouvrage à faire, pour qu'il ne reste pas inoccupé.

24. Aux frères malades ou délicats on assignera un ouvrage ou métier approprié, de façon qu'ils ne soient pas oisifs et que la violence du travail ne les accable point ou ne les mette en fuite.

25. L'abbé doit avoir égard à leur faiblesse.

Commentaire :

« Le dimanche, tous vaqueront à la lecture» ... Le verbe «vaquer» vient du latin

« vacare», qui signifie « être vide », « être libre, inoccupé », « avoir des loisirs pour... » Ce

verbe revient plusieurs fois dans ce chapitre qui nous parle de la répartition des heures entre

travail et lectio. Il est intéressant de noter qu'à six reprises, ce verbe est utilisé pour dire que

les frères «vaqueront à la lecture» (48, 4,10,13,14,17,22). Lorsqu'on parle du travail, on ne

parle pas de vaquer au travail, mais de « travailler» ou de « faire l'ouvrage qui doit être fait ou

commandé» (48, 3,6, Il ,23,24). Cette différence de vocabulaire est suggestive. On vaque à la

lecture et on travaille ou on fait un ouvrage demandé ... D'un côté, pour reprendre l'étymologie,

on se vide pour lire, de l'autre on fait quelque chose en se donnant de la peine. Deux autres

usages du verbe « vacare », dans le même chapitre, corroborent cette compréhension lorsque st

Benoit met en garde contre ceux qui «vaquent à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de

s'adonner à la lecture» (48, 18), ou lorsqu'il recommande que le dimanche, personne ne « reste

inoccupé» (vacare en latin) (48, 23). En effet, on peut être libre ou disponible, mais pour ne

rien faire ou pour perdre son temps en bavardage. Benoit redoute ce vide qui n'est pas habité,

cette «oisiveté, ennemie de l'âme », fustigée au début du chapitre. Autrement dit dans ce

chapitre, on voit deux façons de « vaquer », d'avoir du temps libre: l'une pour s'adonner à la

lecture, l'autre pour ne rien faire.

N'a-t-on pas là une clé pour mieux comprendre comment vivre nos temps libres? Pour

distinguer une juste détente d'une divagation ou d'une distraction oisive, voire oiseuse. Le

dimanche et les jours de fêtes, comment vivons-nous nos temps libres? Sont-ils des moments

vides, de vague à l'âme où l'on ne sait trop que faire, des moments de distraction où l'on erre

de-ci delà pour se changer les idées et tuer le temps? Ou alors sont-ils des temps libres

disponibles pensés pour être vraiment des moments de détente vécus sous le regard de Dieu?

Ces derniers temps libres sont alors pleins car vraiment donnés dans un but précis et conscient,

dans la lumière et la dynamique de notre propos de vie monastique. Autrement dit, il y a deux

façons de vivre un temps libre: une façon vide, oiseuse qui erre et ne sait pas vraiment ce

qu'elle veut, dont on sort souvent insatisfait, voire déçu, et une façon pleine et heureuse qui se

donne avec joie dans un loisir, en pleine cohérence avec son désir de vie monastique. La

différence entre les deux réside, il me semble, dans le fait que l'on place délibérément nos

moments libres de détente sous la lumière de Dieu, dans le désir de vivre ce temps aussi pour

Lui et avec Lui, non comme quelque chose qui serait à part ... Dieu est heureux que nous

puissions nous reposer pour mieux nous donner à son service et à celui de nos frères. Faisons-

Lui cette confiance et cet honneur de nous placer son regard dans nos moments de détente. - 22-03-2019

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48,22-25 Du travail manuel de chaque jour écrit le 22 mars 2019
Verset(s) :

22. Le dimanche, de même, tous vaqueront à la lecture, sauf ceux qui sont affectés à différents services.

23. Cependant si quelqu'un est négligent et paresseux au point de ne pas vouloir ou pouvoir apprendre ou lire, on lui assignera un ouvrage à faire, pour qu'il ne reste pas inoccupé.

24. Aux frères malades ou délicats on assignera un ouvrage ou métier approprié, de façon qu'ils ne soient pas oisifs et que la violence du travail ne les accable point ou ne les mette en fuite.

25. L'abbé doit avoir égard à leur faiblesse.

Commentaire :

«Le dimanche, tous vaqueront à la lecture»...Le verbe «vaquer» vient du latin

« vacare», qui signifie « être vide », « être libre, inoccupé », « avoir des loisirs pour ... » Ce

verbe revient plusieurs fois dans ce chapitre qui nous parle de la répartition des heures entre

travail et lectio. Il est intéressant qu'à six reprises, il est utilisé pour dire que les frères vaqueront

à la lecture (48, 4,10,13,14,17,22). Lorsqu'on parle du travail, on ne parle pas de vaquer au

travail, mais de «travailler» ou de « faire l'ouvrage qui doit être fait ou commandé» (48,

3,6,11,23,24). Cette différence de vocabulaire est suggestive. On vaque à la lecture et on

travaille ou on fait un ouvrage demandé ... D'un côté, pour reprendre l'étymologie, on se vide

pour lire, de l'autre on fait quelque chose en se donnant de la peine. Deux autres usages du

verbe « vacare », dans le même chapitre, corroborent cette compréhension lorsque st Benoit

met en garde contre ceux qui « vaquent à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'adonner à la

lecture» (48, 18), ou lorsqu'il recommande que le dimanche, personne ne « reste inoccupé»

(vacare en latin) (48, 23). En effet, on peut être libre ou disponible, mais pour ne rien faire ou

pour perdre son temps en bavardage. Benoit redoute ce vide qui n'est pas habité, cette « oisiveté,

ennemie de l'âme », fustigée au début du chapitre.

N'a-t-on pas là une clé pour mieux comprendre ce qui pourrait distinguer une juste

détente d'une divagation ou d'une distraction oisive, voire oiseuse? Le dimanche et les jours

de fêtes, comment vivons-nous nos temps libres? Sont-ils des moments vides, de vague à l'âme

où l'on ne sait trop que faire, des moments de distraction où l'on erre de-ci delà pour se changer

les idées et tuer le temps? Ou alors sont-ils des temps libres disponibles penséspour être

vraiment des moments de détente vécus sous le regard de Dieu? Ces derniers temps libres sont

vraiment pleinscar vraiment donnés dans un but précis et conscient, dans la lumière et la

dynamique de notre propos de vie monastique. Autrement dit, il y a deux facons de vivre un

temps libre : une facon vide, oiseuse qui erre et ne sait pas vraiment ce qu'elle veut, dont on

sort souvent insatisfait, voire déçu, et une facon pleine et heureuse qui se donne avec joie dans

un loisir en pleine cohérence avec son désir de vie monastique. La différence entre les deux

réside il me semble, dans le fait que l'on place délibérément nos moments libres de détente sous

la lumière de Dieu, dans le désir de vivre ce temps aussi pour Lui et avec Lui, non comme

quelque chose qui serait à part ... Dieu est heureux que nous puissions nous reposerpour mieux

nous donner à son service et à celui de nos frères. Faisons-Lui cette confiance et cet honneur de

nous placer son regard dans nos moments de détente. - 22-03-2019

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48, 10-21 Du travail manuel de chaque jour écrit le 21 mars 2019
Verset(s) :

10. Des Calendes d'octobre au début du carême, ils vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure.

11. À la deuxième heure, on célébrera tierce, et jusqu'à none tous travailleront à l'ouvrage qui leur est assigné.

12. Au premier signal de la neuvième heure, chacun quittera son ouvrage, et ils se tiendront prêts pour le moment où retentira le second signal.

13. Après le repas, ils vaqueront à leurs lectures ou aux psaumes.

14. Aux jours de carême, depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure, ils vaqueront à leurs lectures, et jusqu'à la fin de la dixième heure ils feront ce qui leur est assigné.

15. En ces jours de carême, chacun recevra un livre de la bibliothèque, qu'il devra lire à la suite et intégralement.

16. Ces livres doivent être distribués au début du carême.

17. Avant tout, bien sûr, il faut désigner un ou deux anciens qui circulent dans le monastère aux heures où les frères vaquent à la lecture.

18. Ils veilleront à ce qu'il ne se trouve pas de frère atteint d'acédie, qui vaque à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui non seulement se fait tort à lui-même, mais en outre distrait les autres.

19. Si l'on en trouve un, – à Dieu ne plaise, – on le réprimandera une fois, deux fois ;

20. s'il ne s'amende pas, il subira la réprimande de règle, de telle façon que les autres en conçoivent de la crainte.

21. Un frère n'entrera pas en rapport avec un autre frère à des heures qui ne conviennent pas.

Commentaire :

Après la lectio et la prière, autre lieu important de notre vie: le travail. « Vivre du travail

de ses mains»est un des traits bénédictins qui reste important, même si aujourd'hui une part

du travail devient un travail des doigts (ordinateur) ou de la relation (réunion, concertations

diverses) ... Si au début du chapitre, St Benoit semblait penser le travail et la lecture comme un

remède à l'oisiveté, nous reconnaissons aujourd'hui sa valeur plus globale de facteur de

construction personnelle et sociale. Pour la vie personnelle, le travail est un magnifique lieu de

don et d'expression. En œuvrant à la cuisine, au jardin, à faire du ménage, à la lingerie, à la

liturgie ou de la comptabilité, je me donne, et dans le même temps je me reçois. Je donne mon

temps, mon énergie et je partage mes compétences. En retour, je reçois cette place unique au

sein de la communauté, dans la reconnaissance des frères qui me donne d'être pleinement moi-

même. Le travail est un lieu privilégié d'échange et d'entraide entre nous, où chacun reçoit son

visage propre. Lorsque pour sa fête, le P. Abbé remercie un frère en rappelant les tâches qu'il

accomplit, il s'agit bien plus que d'une formalité, mais bien d'une reconnaissance. Le don du

frère est reconnu comme un bien précieux. Dire « merci », c'est dire au frère que le don de sa

vie m'est vital. Le travail a encore une dimension sociale Qlus large gui englobe et déborde la

communauté. Ensemble par le travail, nous contribuons à la subsistance de tous. Nous ne

souhaitons pas vivre en dépendance de l'extérieur, comme des parasites ... Cette critique était

souvent faite aux moines et religieux du 18°s peu avant la révolution. Comme tout être humain,

nous désirons entrer dans l'échange plus large qui structure la société dans laquelle nous

appartenons. Par cet échange, nous participons à faire vivre la société, et nous recevons d'elle

en échange de quoi vivre. Aujourd'hui nous apportons différents services comme la librairie et

l'accueil, mais aussi la poterie, l'électricité, et nous recevons en échange une bonne part de nos

revenus. D'une autre manière qui ira sûrement en se développant, avec la permaculture, nous

entrons dans cet échange avec d'autres chercheurs pour redonner vie à notre lien avec « sœur

notre mère la terre» (St François). Le travail nous humanise en nous rendant solidaire de nos

contemporains. Nous pouvons nous réjouir d'être ainsi insérés dans un tissu large de relations

avec nos employés et les divers artisans, mais aussi ceux vécus dans les diverses réunions

auxquelles nous pouvons assister pour les magasins et hôtelleries monastiques, mais aussi avec

le syndicat des exploitants de centrale électrique, avec le parc du Morvan pour la ferme etc ...

Nos forces diminuant, notre engagement dans le travail, vital pour nous, se vivra sûrement de

plus en plus dans l'interdépendance, avec d'autres acteurs proches ou lointains. - 21-03-2019

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 48, 1-9 Du travail manuel de chaque jour écrit le 20 mars 2019
Verset(s) :

1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.

2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :

3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.

4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.

5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.

6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.

7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,

8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.

9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.

Commentaire :



Que ferions-nous sans cadre horaire? Pourrions-nous vivre sans ce repère essentiel? La

vie commune impose d'avoir un même horaire pour l'organisation pratique, bien sûr et plus

profondément pour que se construise la communion entre nous. Ensemble, nous communions

dans le silence durant le temps de la lectio divina avant la messe. Ensemble, nous communions

dans le service de la communauté par le travail et les activités. Dans les deux cas, aucun de

nous n'est à son compte, pour vivre à sa guise. C'est pour cela qu'il est bon de faire le point de

temps en temps sur notre manière d'organiser notre temps. Est-ce que je suis vigilant pour ne

pas perdre mon temps, en vue de le vivre pour le Seigneur et pour la communauté? Au début

du Carême, je disais que je rencontrerai chacun pour faire le point sur son usage d'internet.Je

suis disponible pour ces rencontres. On peut déjà me faire signe. Parler de notre manière

d'utiliser internet revient à discerner sa place dans notre équilibre de vie entre prière, lecture,

travail et autres activités. Car à la différence de Benoit, notre époque connait une 4° catégorie

qu'on pourrait dénommer «autres activités»dans lesquelles on peut mettre la détente, le

courrier et les relations en général. Avec internet, cette dernière catégorie peut se révéler très

ou trop chronophage au détriment des autres parties traditionnelles de la vie monastique. Elle a

aussi une propension à nous attirer dehors, pour savoir ce qui se passe à l'extérieur, et être au

courant dans l'espoir de ne pas être déphasé ... Ici, nous devons vérifier où est notre priorité ...

Comment vivons-nous ces autres activités? Quel temps effectif y passons-nous? Je soulignerai

volontiers ce matin, un premier lieu de discernement: notre manière de chercher Dieu et de

mettre en oeuvre les moyens à notre disposition: la prière, la lectio, le silence. Comment les

utilisons-nous pour apprendre à vivre toute chose sous le regard de Dieu? Sommes-nous

capables de passer du temps gratuit avec lui, ne serait-ce qu'en arrivant en avance à l'office,

par ex ... N'oublions pas de creuser notre puit pour y aller puiser la bonne eau des profondeurs?

Ne soyons pas des hommes de la surface qui veulent se prouver quelque chose ou qui sont

préoccupés par le regard des autres. Sans cesse, cherchons la qualité dans ce que nous vivons.

Acceptons le lent et secret labeur de la prière personnelle et communautaire, le patient

labourage de la lectio. La Parole est semée, jour après jour, pour un fruit qui vient en son temps.

A l'heure de Dieu qui voit notre fidélité aimante, patiente et obstinée. Lui seul sait les fruits

que nous pouvons porter et donner. Avec confiance, chaque matin comme le dit f. Yves,

retournons à notre jardin intérieur, chaque matin, retournons notre jardin,ce sera de l'or à la fin. - 20-03-2019

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 46 v1-6 ceux qui font d'autres fautes écrit le 15 mars 2019
Verset(s) :

1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement

2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,

3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,

4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.

5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,

6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.

Commentaire :

Ce chapitre est d"abord un appel à la loyauté: Ne rien laisser dans

l'ombre. « Il ira aussitôt s'en accuser devant l'Abbé et la

communauté ». La loyauté est une vertu naturelle. Mais St Benoit

en fait ici la délicatesse de l'homme, dans ses rapports avec Dieu

et avec ses frères.

Le Christ nous connait personnellement. Il sait notre faiblesse. Et

pourtant, Il nous a choisis. Il choisit des hommes, non des héros. Il

ne d'agit donc pas d'acquérir une sainteté idéale, à force de

volonté. Il s'agit de répondre à l'appel du Christ. Ne pas nous

lasser de revenir à Lui, quelles que soient nos faiblesses et nos

chutes. Nous pouvons croire que le Christ peut tout en chacun de

nous.

C'est toujours la même réalité que nous rappelle St Benoit: L'unité

de notre vie. Progresser dans la vie monastique, c'est se simplifier.

C'est apprendre à regarder notre vie comme Dieu la voit. Chaque

instant de notre vie jaillit de l'aujourd'hui de Dieu, et s'enracine

dans son éternité. Aimer vraiment, c'est répondre à l'amour de

Dieu pour nous. Il est présent à tous les instants de notre vie. Cela

signifie exclure tout compartimentage, toute zone réservée, où

Dieu ne serait pas le seul objet de notre recherche.

Enfin, St Benoit nous parle des pères spirituels, à qui l'on vient

découvrir les manquements secrets, et qui savent garder le secret

des fautes révélées. Cette relation au Père Spirituel est très

importante dans nos vies de moines. Elle peut nous sauver aux

heures difficiles qui ne manquent pas, dans toute vie. Mais la

discrétion, nous avons tous à la pratiquer. Sur les choses qui ne

doivent pas être divulguées, surtout en ce qui touche au secret de

l'âme. Faisons attention à ne blesser personne, en parlant trop. A

ce point de vue, nous avons tous, d'une certaine façon, charge

d'âme. 15/3/19

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 45, v1-3 De ceux qui se trompent à l'oratoire. écrit le 14 mars 2019
Verset(s) :

1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,

2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.

3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.

Commentaire :

Dans ce chapitre, St Benoit établit à nouveau une relation

entre le fait de réparer une erreur commise, et l'humilité.

Savoir demander pardon est signe d'humilité. Oublier de le

faire, refuser de le faire, peut être un signe de l'orgueil.

Mais qu'est-ce que l'orgueil? Cassien peut nous aider: il

distingue l'orgueil de la vanité: la vanité se nourrit du

regard d'autrui: qu'est-ce que l'on pense de moi, comment

agir pour me mettre en valeur. L'orgueil, au contraire,

méprise l'autre, nie son existence. Nous comprenons

mieux ainsi ce que St Benoit nous dit dans ces chapitres

de la Règle.

Réparer, prendre le temps de demander pardon, c'est

redonner sa place à l'autre dans notre vie. Donner une

dimension supplémentaire à notre existence, que l'orgueil

a aplatie. L'un des signes les plus évidents de la

conversion de notre cœur, c'est la place que nous

donnons à l'autre, dans notre cœur, dans notre vie.

L'orgueilleux ne se rend même pas compte qu'il fait

souffrir, qu'il gêne, qu'il agace. Sa vie n'a qu'une seule

dimension, son propre intérêt. Le vaniteux a au moins

quelque peu cette dimension de l'altérité, même si elle est

encore centrée sur lui-même.

Ainsi, les petits gestes de notre vie sont des bons

indicateurs, pour nous ramener à la vérité de ce que nous

vivons, de notre relation à Dieu et aux autres. Ils peuvent

nous rendre plus lucides. Ils peuvent nous aider à grandir.

A être en relation avec les autres, et aussi avec Dieu. 14/3/19

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 44 v 1-9 Comment les excommuniés font satisfaction. écrit le 13 mars 2019
Verset(s) :

1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,

2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.

3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.

4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.

5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,

6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.

7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,

8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.

9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.

Commentaire :

« Il se jettera aux pieds de l'Abbé, puis de tous, afin qu'ils prient pour

lui », Ce chapitre nous parle de la manière de réparer nos fautes. Et ce

verset nous indique le chemin: Demander pardon. Demander la prière

de nos frères. Quand un frère demande pardon, il est grand, nous en

sommes souvent témoins. Et si nous sommes capables de demander la

prière de nos frères, nous pouvons échapper à la spirale de la faute qui

nous empêche de vivre.

La faute nous replie sur nous-mêmes. Elle nous aveugle, au point que

nous estimons avoir raison, seul, contre le monde entier. Le chemin de

libération passe toujours par l'autre, par la reconnaissance devant

l'autre, de nos faiblesses, de nos limites, de nos erreurs.

L'humilité nous permet de reconnaitre que nous sommes faillibles,

pécheurs, petits. Et cela commence dans les petites choses de la vie,

comme le souligne Benoit tout au long de la Règle: Etre en retard,

casser un objet, se tromper à l'Office ou dans la lecture.

Il ne s'agit pas de dramatiser ces incidents. Mais si nous prenons

l'habitude de demander pardon pour les petites choses, nous pourrons

le faire aussi pour les choses plus graves, plus difficiles. Ce qui nous

empêche de demander pardon, ce n'est pas que la faute n'ait pas

d'importance, comme nous le prétendons. Mais, justement, elle est

importante, et cela éveille en nous une angoisse. Nous avons peur. Peur

que notre pauvreté ne soit pas acceptée. Peur d'être rejeté. De ne plus

être aimé. Nous avons peur de l'autre. Peur de Dieu peut-être.

Notre vie communautaire nous donne des moyens pour vivre cette

démarche de réparation. Le chapitre des coulpes en est un. Il peut nous

aider à vaincre cette peur de l'autre. Cette peur d'être vu tel que nous

sommes. Pour faire la vérité. Pour devenir plus homme, plus fils de

Dieu. - 13/3/19

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43, 13-19 De ceux qui arrivent en retard à l'œuvre de Dieu ou à table écrit le 09 mars 2019
Verset(s) :

13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,

14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.

15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,

16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.

17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.

18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.

19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.

Commentaire :

A propos des retards à l'office, la dernière fois, j'essayais de dire comment je

comprenais la fermeté, sinon la sévérité de Benoit. Que peut-on en dire à propos des repas?

Benoit est très sourcilleux pour que « tous ensemble.les frères disent le verset (du début),

fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment ». On fera de même, ajoute-t-il

pour le « verset que l'on dit après avoir mangé ». Si l'un manque ces moments, et qui, après

deux remarques, demeure dans le même défaut, il prendra son repas à part et sera privé de vin.

S'agit-il ici de simple discipline militaire? Il me semble que Benoit vit de cette forte conviction

que la communauté rassemblée pour le repas fait signe, pour elle-même et pour les autres, de

plus qu'elle-même. Nous ne mangeons pas seulement ensemble par souci de commodité

pratique, ni même par esprit de convivialité. Nous mangeons ensemble parce que nous sommes

rassemblés au monastère par le Christ qui désire faire de nous des membres vivants de son

corps. Si l'oratoire est le lieu premier où cette œuvre s'accomplit, le repas en est en écho comme

une illustration ou une manifestation. Là, nous refaisons nos forces ensemble. A travers le

service mutuel, depuis celui des pluches, en passant par la mise du couvert, la cuisine, la

préparation des fromages et des fruits, jusqu'aux différents services à table, nous nous recevons

les uns des autres. Au sens propre du terme, nous nous édifions les uns par les autres. Il a valeur

de signe très fort, le plus fort après l'eucharistie. Mais si trop de frères sont négligents pour être

là à l'heure, si l'un ou l'autre mange à son rythme sans se soucier des autres, si l'on se lève de

table sans vrai raison, si l'on ne fait pas attention aux besoins de son voisin, le signe s'étiole.

Comme je le rappelais, il y a peu, tous ces points ne sont pas des détails insignifiants. Au

contraire, c'est en nous y appliquant avec soin, que la table où l'on se restaure va devenir une

table fraternelle où l'on édifie mutuellement. Et si un frère est négligent, sachons ne pas lui

emboiter le pas ... attendre par ex avant de passer à l'autre plat que le premier sot achevé ... Tous

nous sommes faibles, et nous avons besoin parfois qu'un frère nous le rappelle par son exemple.

Pour reprendre le mot que je disais pour le début du carême: appliquons-nous, soyons présent

au corps communautaire, et pas seulement à notre assiette. Que cette attention et ce respect

fraternel deviennent une habitude, et quelque chose changera en nous et entre nous ... 09.03.2019