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1. Au monastère, on gardera les rangs comme ils sont établis par le temps de l'entrée en religion et par le mérite de la vie, et comme en décide l'abbé.
2. Cependant l'abbé ne mettra pas le trouble dans le troupeau qui lui est confié, et il ne prendra pas de disposition injuste, comme s'il jouissait d'un pouvoir sans limite,
3. mais il songera toujours qu'il devra rendre compte à Dieu de tous ses jugements et œuvres.
4. C'est donc suivant les rangs qu'il aura établis ou que les frères auront d'eux-mêmes, qu'ils iront recevoir la paix, communier, imposer les psaumes, et qu'ils se tiendront au chœur.
5. Et absolument partout, l'âge ne modifiera pas les rangs ni ne portera préjudice,
6. puisque Samuel et Daniel enfants ont jugé des anciens.
7. Donc à l'exception de ceux que l'abbé, comme nous l'avons dit, fera monter à bon escient ou fera descendre pour des raisons déterminées, tous les autres seront comme ils sont entrés en religion ;:
8. par exemple, celui qui arrive au monastère à la deuxième heure du jour se considérera comme plus jeune que celui qui est arrivé à la première heure, quel que soit son âge ou sa dignité.
9. Cependant les enfants seront maintenus dans l'ordre par tous et en tout domaine.
Quel avantage recherchait Benoit en promouvant l'ordre dans la communauté selon la date d'arrivée? Dans une société certainement plus hiérarchisée que la nôtre, St Benoit prend très au sérieux la question de l'ordre et des rangs entre les frères. Si la manière de se rapporter les uns aux autres étaient naturellement régie par l'ancienneté d'âge, mais aussi par le niveau social, Benoit introduit un nouveau critère qui supplante le précédent, celui de l'ancienneté d'entrée au monastère. L'ancien ou celui qui est mon supérieur sera celui qui est entré avant moi, et non le plus âgé. Avec ce critère, Benoit invite les moines à s'inscrire dans un nouvel ordre. celui voulu par la Providence du Seigneur qui a conduit les uns et les autres au monastère en des temps différents. La confiance en la Providence qui ordonne toute chose au bien de tous devient la clé spirituelle pour entrer dans cette nouvelle façon de se rapporter les uns aux autres. En même temps, cet ordre n'est pas intangible, le mérite ou une décision de l'abbé faite à bon escient peut le modifier et faire évoluer les rangs.
Quel avantage recherchons-nous aujourd'hui en renonçant aux rangs selon l'ordre d'entrée au monastère? A l'instar de notre société qui a connu une grande simplification des rapports humains, nous sommes allés vers des relations moins codifiées et plus simples entre nous. L'ordre d'ancienneté pouvait introduire inconsciemment une nouvelle hiérarchisation au détriment de la vie fraternelle, avec tous les risques de prise de pouvoir et de susceptibilité exacerbées. Abandonnant cet ordre, la liberté est laissée à chacun de se tenir à l'église, au chapitre et aux repas comme il veut. Cette manière de faire présente un avantage, celui de la liberté, qui est en même temps une exigence pour la vie fraternelle. Comment vais-je utiliser cette liberté ? Est-elle au service simplement de mon confort qui me fera éviter les places incommodes ou encore les frères auprès desquels je ne désire surtout pas être ? Cette liberté laissée à chacun est-elle au service de ma croissance dans la liberté chrétienne? Car notre liberté n'a-t-elle pas toujours à être évangélisée? Laissée à elle-même, elle peut vite conduire au repli sur soi. Aussi une façon très simple de vivre cette liberté est de se mettre là où il y a de la place, en comblant les premières places, sans chercher à calculer, sans se réserver une place. Aller au bout de ma liberté, en ne choisissant pas, mais en accueillant ce gui est offert. De même que la confiance en la Providence était la clé spirituelle pour se ranger selon l'ordre d'arrivée au monastère, de même pour nous l'accueil de ce qui est donné, offert sans calcul sera notre clé spirituelle, finalement notre manière de faire confiance à la Providence du Seigneur
1. Si un abbé demande qu'on lui ordonne un prêtre ou un diacre, il choisira parmi les siens quelqu'un qui soit digne d'exercer le sacerdoce.
2. Quant à celui qui sera ordonné, il se gardera de l'élèvement ou de la superbe,
3. et il ne se permettra rien en dehors de ce que l'abbé lui commande, sachant qu'il sera soumis bien plus encore aux sanctions de la règle.
4. Et sous prétexte de sacerdoce, il n'oubliera pas l'obéissance et la discipline de la règle, mais de plus en plus il progressera vers Dieu.
5. Il regardera toujours comme sienne la place qu'il avait de par son entrée au monastère,
6. sauf pour le service de l'autel et si le choix de la communauté et la volonté de l'abbé voulaient le promouvoir en raison du mérite de sa vie.
7. Toutefois il saura garder pour lui-même la règle établie pour les doyens et prévôts.
8. S'il se permet d'agir autrement, on ne le jugera pas comme prêtre, mais comme rebelle.
9. Et si, après de nombreux avertissements, il ne se corrige pas, on fera même intervenir l'évêque comme témoin.
10. Si même alors il ne s'amende pas, ses fautes devenant notoires, on le mettra à la porte du monastère,
11. si toutefois son obstination est telle qu'il ne veuille pas se soumettre ou obéir à la règle.
« De plus en plus, il progressera vers Dieu»... La tentation pour le prêtre, d'après St Benoit, pourrait être de trop s'appuyer sur la dignité de son sacerdoce, et de s'estimer pouvoir vivre au-dessus de la règle commune. Une tentation qui peut se rencontrer aujourd'hui encore dans ce1iains monastères où les prêtres ont quelques activités apostoliques qui peuvent les conduire à négliger la vie commune. Le statut propre et une certaine aura renvoyée par les autres font oublier la propre vigilance monastique. La figure du prêtre en ce chapitre est emblématique de cette part de nous-mêmes qui est parfois tentée d'oublier pourquoi nous sommes là, tentée de s'arrêter, de se reposer sur quelques lauriers grappillés ici ou là... Notre statut, notre fonction ou notre emploi peuvent nous apporter des gratifications et des sources de reconnaissance. Tant mieux I Mais confondre celles-ci avec la joie qui nous est promise en Dieu, n'est-ce pas une manière de nous arrêter en chemin et de ne plus chercher? Une manière de regarder les dons reçus et non plus Celui gui en est la source et« qui veut encore donner» ? Nos fonctions, nos emplois ou nos statuts n'épuisent pas notre vocation monastique qui est première et à la source de tout. En cette vie monastique s'est concrétisé pour nous l'appel de Dieu. Appel à se mettre à l'écoute d'une parole et à se laisser façonner par elle pour devenir davantage nous-mêmes en cherchant le Seigneur, en ne nous lassant pas de nous mettre à l'écoute de sa Parole.
L'invitation à progresser de plus en plus, que st Benoit fait aux prêtres, et à chacun s'inscrit là. Elle est une invitation à l'aventure intérieure pour une plus grande connaissance et de soi et de Dieu. En ce printemps, une image s'offre à nous: nous sommes comme des bourgeons qui peu à peu grossissent pour éclore et s'épanouir en fleurs diverses et uniques. Nous n'avons pas fini de laisser éclore non seulement les dons humains, les talents intellectuels, artistiques, relationnels, de service, mais aussi les dons spirituels que !'Esprit Saint a déposé en nous. Ces dons-là sont moins perceptibles. Ils demandent une écoute plus fine, une vigilance plus attentive. Don de la foi qui s'enracine plus profondément dans une connaissance plus délicate et amicale du Seigneur Jésus. Don de la charité qui élargit la sensibilité du regard et du cœur à des personnes jusqu'alors hors champs. Don de l'espérance qui sait contempler dans le présent plus que les malheurs ou la force du mal, mais aussi des ouvertures à la vie à venir...
1. Si un moine étranger arrive de provinces lointaines, s'il veut habiter au monastère en qualité d'hôte
2. et se contente de la coutume locale telle qu'il la trouve, sans troubler le monastère par ses vaines exigences,
3. mais en se contentant simplement de ce qu'il trouve, on le recevra aussi longtemps qu'il le désire.
4. S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité, l'abbé examinera prudemment si le Seigneur ne l'aurait pas envoyé précisément pour cela.
5. Si par la suite il veut se fixer définitivement, on ne s'opposera pas à cette volonté, surtout que l'on a pu apprécier sa vie au temps où il recevait l'hospitalité.
6. S'il s'est montré exigeant ou vicieux au temps où il recevait l'hospitalité, non seulement il ne faut pas l'agréger au corps du monastère,
7. mais encore on lui dira poliment de s'en aller, de peur que sa misère ne vicie encore les autres.
8. S'il ne mérite pas d'être mis dehors, non seulement, s'il le demande, on le recevra et on l'agrégera à la communauté,
9. mais encore on le persuadera de rester, pour que son exemple instruise les autres,
10. et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur, on est au service du même roi.
11. Si même l'abbé voit qu'il en est digne, il pourra le mettre à une place un peu plus élevée.
12. D'ailleurs ce n'est pas seulement le moine, mais aussi ceux de l'ordre des prêtres et de celui des clercs dont il a déjà été question, que l'abbé peut établir à une place supérieure à celle de leur entrée, s'il voit que leur vie en est digne.
13. Mais l'abbé se gardera de jamais recevoir à demeure un moine d'un autre monastère connu, sans le consentement de son abbé ou sans lettre de recommandation,
En recevant nos frères étudiants du Burundi, du Vietnam, et de Madagascar, pour des périodes assez longues, nous sommes conscients de recevoir un beau cadeau... Jusqu'alors, pour reprendre les mots de St Benoit, nous n'avons pas eu à constater qu'ils se soient montrés
« exigeants ou vicieux», et nous n'avons pas eu à leur « dire poliment de s'en aller» !!! La tentation pourrait être plutôt au contraire, sur la suggestion de Benoit lui-même, de les
« persuader de rester. pour que leur exemple instruise les autres, et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur »... ! Mais ce serait une tentation, car nous savons trop bien combien est importante la transmission de la vie monastique dans leur propre pays.
Ensemble, durant ces quelques années, il nous est donné de vivre un échange de dons pour que nous grandissions mutuellement dans la recherche de Dieu et l'accueil de son Amour pat1agé entre frères. Echange de dons : celui-ci passe par la vie quotidienne vécue au coude à coude et par tous les services donnés de part et d'autre. Nous recevons de nos frères leur pat1icipation active dans la liturgie à nos côtés, comme membre à pat1 entière de notre chant ainsi que des services liturgiques. Dans les emplois et les services, ils apportent leur pierre à la construction de la communauté. Leur jeunesse attentive est précieuse parfois auprès de nos anciens, comme elle est aussi heureuse dans les rencontres avec nos jeunes frères, à travers le foot ou le volley par ex... De notre côté, nous sommes heureux de pouvoir partager une expérience dans l'accompagnement de chacun par un frère aîné, mais aussi de transmettre avec l'apprentissage du français et de la théologie dans le cadre du Stim, et des cours donnés au noviciat. Echange de dons encore de manière plus profonc'.e dans la connaissance mutuelle de nos manières d'être et de vivre pour le Christ. Chacun porte de par sa culture, et sa tradition ecclésiale une sensibilité et une délicatesse dans la manière de voir et d'aborder les situations. Nous percevons ici combien est grand le mystère de Christ qu'ensemble nous accueillons et qu'ensemble nous nous disons. Il serait illusoire de penser que nos traditions européennes possèdent le dernier mot et qu'elles épuisent toute la réalité du mystère de la foi, parce que plus anciennes. Nous avons une longue histoire, mais elle ne nous donne pas une quelconque supériorité. Accueillir la nouveauté ainsi que les questions nouvelles portées par nos frères étrangers ne peut que nous enrichir et à rester dans l'accueil de la propre nouveauté que po11e notre tradition. Celle-ci n'a-t-elle pas grat1di au prix de renouvellements incessants pour s'ouvrir à la nouveauté du Christ Ressuscité qui vient? Rendons grâce de vivre cela ensemble.
1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.
2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle
3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»
4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;
5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.
6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,
7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.
8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,
Ce chapitre prend place assez naturellement après les deux précédents où il était question de la formation et de l'engagement des adultes et des enfants. Ici se pose le cas des prêtres qui voudraient habiter le monastère. Faut-il les accepter?« On n y consentira pas trop
vite» s'empresse de dire Benoit, après avoir éprouvé sa patience. L'expression« quelqu'un de l'ordre des prêtres» peut faire pressentir les raisons de cette réticence... L'ordre des prêtres a sa logique de vie propre qui n'est pas celle des moines, lesquels à l'époque n'étaient pas prêtres pour la très grande majorité, comme probablement St Benoit lui-même. D'une dynamique de présidence dans la célébration des sacrements et dans l'annonce de la Parole au service d'une communauté, le prêtre entre dans une autre dynamique d'écoute. d'effacement et de service pour chercher Dieu au milieu de ses frères, un pmmi d'autres. Peut-il accepter de vivre ce changement, ce passage ? Les points de vérification seront alors sa capacité à observer la règle commune et à vivre l'humilité...
Une nouvelle fois, nous retrouvons ce critère de l'humilité... Nous avons ici une expression unique dans la règle:« il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité». Des exemples d'humilité... Comment de manière juste donner des exemples d'humilité?
Certainement en ne cherchant pas à en donner. L'humilité se cherche, elle se désire, mais elle ne peut vouloir se mettre en valeur. L'humilité se donne à voir le plus souvent à notre insu, comme d'ailleurs aussi notre orgueil ou notre vanité. L'humilité est un don gui se recueille sans qu'on soit capable soi-même de le mesurer. Dieu seul connait vraiment notre cœur et ce qui l'habite. Que nous revient-il? Sinon de ne pas cesser de désirer servir le Seigneur et nos frères, sans relâche. Il nous revient aussi d'apprendre à utiliser à notre profit les contrariétés. les choses qui ne vont pas comme je veux... Vont-elles être une occasion de grandir ou de rester dans mes ornières ? Vais-je râler? Revendiquer mes droits ? Vouloir montrer que j'existe? Ou vais-je accepter la chose par humilité, par amour du frère? Et si l'injustice est réelle et mauvaise pour la vie de tous, vais-je pouvoir dire avec humilité une parole au frère, non en lui assenant un coup, mais en disant que j'ai pu être blessé par son attitude... En ces attitudes de renoncement, d'effacement mais aussi de vérité à travers une parole, là se vit l'humilité en acte.... Cette humilité faite d'amour et de respect apporte la paix. Elle transforme en patience mes impatiences. Et à la suite de Jésus, cette patience assumée par amour a plus de chance de changer quelque chose dans le frère que des remarques ou de recommandations que je voudrais lui faire.
1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,
2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.
3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –
4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,
5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.
6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.
7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.
8. Quant à ceux qui n'ont rien du tout, ils feront simplement la pétition et offriront leur fils avec l'oblation devant témoins.
De ce chapitre qui nous reste en bonne part étranger, car un monastère n'accueille plus d'enfant, je voudrais retenir le détail mentionné à propos de la manière de faire l'offrande de l'enfant. « Les parents envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi». Dans la nappe de l'autel avec l'oblation ... Par cette mention de l'oblation eucharistique est suggéré fortement le lien entre l'eucharistie et l'offrande de l'enfant. Celle-ci avait lieu au moment de l'offe1ioire. Le chapitre précédent sur la formation et l'engagement d'un moine adulte ne permet pas de dire explicitement si la profession monastique prend place au cours de l'eucharistie. Seule est mentionné le fait que la pétition sur laquelle le novice a exprimé sa promesse monastique, est déposée sur l'autel après qu'il l'ait signée. Mais finalement la parenté entre les deux chapitres d'engagement, a conduit à penser que vraisemblablement 1'engagement du moine adulte avait lieu aussi durant l'eucharistie. Et c'est ainsi qu'il a été célébré traditionnellement depuis longtemps.
Vivre l'engagement monastique au coeur de l'eucharistie est riche de sens. L'eucharistie donne sa signification dernière à la profession, et celle-ci offre en retour un éclairage à l'eucharistie. Dans 1'Eucharistie, nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Le Christ s'est donné totalement à son Père en comentant à la mort. Et ce don total de sa vie a été recueilli par le Père qui a reconnu Jésus, et l'a« établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection » (Rm 1, 4). En quelque sorte, par la résurrection le Père a reçu, relevé et reconnu Jésus venu en la chair, comme son Fils, le Fils de Dieu. De la même manière, le moine qui se donne et offre toute sa vie par la profession monastique, s'en remet totalement au Père, en Jésus. Avec Lui, il a l'espérance d'être relevé, reconnu par Lui, comme le chant du
« suscipe »,du« reçois-moi» l'exprime. Notre profession monastique, ce don vécu à travers les vceux de stabilité, de conversion et d'obéissance, donne alors une expression concrète de ce que tout baptisé est appelé à vivre en célébrant l'eucharistie. Là, dans le mystère du Christ rendu présent, nos existences sont intimement associées au Christ, et dans l'offrande de tout et dans la vie reçue en tout. Elles sont entrainées dans un don toujours plus profond et vivant dans l'attente du jour où pour chacun et pour tous ensembles, nous serons effectivement réunis au Christ dans la Gloire. Nous pouvons nous en réjouir profondément. Ce que nous célébrons nous dépasse ce1ies, et nous balbutions. Mais dans la foi, nous reconnaissons que dans l'eucharistie nous sommes construits, fortifiés, et transformés ...
1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,
2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.
3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –
4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,
5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.
6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.
7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.
8. Quant à ceux qui n'ont rien du tout, ils feront simplement la pétition et offriront leur fils avec l'oblation devant témoins.
De ce chapitre qui nous reste en bonne part étranger, car un monastère n'accueille plus d'enfant, je voudrais retenir le détail mentionné à propos de la manière de faire l'offrande de l'enfant. « Les parents envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi». Dans la nappe de l'autel avec l'oblation .... Par, cette mention de l'oblation eucharistique est suggéré fortement le lien entre l'eucharistie et l'offrande de l'enfant. Celle-ci avait lieu au moment de l'offertoire. Le chapitre précédent sur la formation et l'engagement d'un moine adulte ne permet pas de dire explicitement si la
profession monastique prend place au cours de l'eucharistie. Seule est mentionné le fait que la pétition sur laquelle le novice a exprimé sa promesse monastique, est déposée sur l'autel après qu'il l'ait signée. Mais finalement la parenté entre les deux chapitres d'engagement, a conduit à penser que vraisemblablement 1'engagement du moine adulte avait lieu aussi durant l'eucharistie. Et c'est ainsi qu'il a été célébré traditionnellement depuis longtemps.
Vivre l'engagement monastique au cœur de 1'eucharistie est riche de sens. L'eucharistie donne sa signification dernière à la profession, et celle-ci offre en retour un éclairage à l'eucharistie. Dans !'Eucharistie, nous faisons mémoire de la mort et de la résurrection du Christ. Le Christ s'est donné totalement à son Père en consentant à la mort. Et ce don total de sa vie a été recueilli par Je Père qui a reconnu Jésus, et l'a« établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection » (Rm 1, 4). En quelque sorte, par la résurrection Le Père a recu. relevé et reconnu Jésus venu en la chair, comme son Fils, le Fils de Dieu. De la même manière, le moine qui se donne et offre toute sa vie par la profession monastique, s'en remet totalement au Père, en Jésus. Avec Lui, il a l'espérance d'être relevé, reconnu par Lui, comme le chant du
« suscipe », du «reçois-moi» l'exprime. Notre profession monastique, ce don vécu à travers les vœux de stabilité, de conversion et d'obéissance, donne alors une expression concrète de ce que tout baptisé est appelé à vivre en célébrant l'eucharistie. Là, dans le mystère du Christ rendu présent, nos existences sont intimement associées au Christ, et dans l'offrande de tout et dans la vie reçue en tout. Elles sont entrainées dans un don toujours plus profond et vivant dans J'attente du jour où pour chacun et pour tous ensembles, nous serons effectivement réunis au Christ dans la Gloire. Nous pouvons nous en réjouir profondément. Ce que no.us célébrons nous dépasse certes, et nous balbutions. Mais dans la foi, nous reconnaissons que dans l'eucharistie nous sommes construits, fortifiés, et transformés ...
24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,
25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.
26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.
27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,
28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.
29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.
Avec la fin de ce chapitre, nous parvenons à la fin du rituel de la profession, prévu par Benoit. A l'engagement spirituel par les vœux et le chant du « reçois-moi » fait pendant l'engagement matériel. Le frère se dessaisit de ses biens à qui il veut sans ne se réserver rien du tout. Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui encore nous vivons de cette pratique reçue de Benoit. Ce n'est qu'au moment de la profession solennelle que le frère se sépare de ses biens, pas avant, et en faveur de qui il veut, des pauvres ou des personnes extérieures ou du monastère. Il est libre d'en décider. L'insistance de Benoit sur le« sans ne se réserver rien du tout» rejoint sa conviction du don total du moine au Christ et à la communauté. Il ajoute cette phrase toujours un peu étonnante pour nous : « puisque à partir de ce jour, il sait qu'il n 'aura même plus pouvoir sur son propre corps». Je crois qu'il nous faut l'entendre d'abord au sens théologique : en incorporant la communauté, le corps communautaire, petite cellule du Corps du Christ, le moine accepte de vivre en dépendance du Christ et de la communauté pour ses besoins les plus élémentaires. Une deuxième compréhension peut être aussi permettre d'aiguiser le sens de sa responsabilité vis-à-vis de son propre corps. Au cas où on serait tenté d'entendre cette phrase de la règle comme une invitation à la démission vis-à-vis de son propre corps. En effet, le fait que notre corps ne nous appartienne plus, peut nous rendre attentif à prendre soin de notre corps, de sa santé, car il est au service du corps communautaire. Le négliger, ne pas bien se soigner va peut-être entrainer des préjudices pour soi-même d'abord bien sûr, mais aussi pour toute la communauté. Ici, chacun est responsable pour dire quand des choses ne vont plus ou sont trop lourdes, afin qu'on trouve une solution. Sans tomber dans l'excès inverse d'un souci anxieux
vis-à-vis de sa santé qui isole, une saine vigilance vis-à-vis de son équilibre est nécessaire.
Dernier point du rituel : le changement des vêtements du monde contre les effets du monastère, avec cette petite précision sur la garde des vêtements anciens au cas où le moine quitterait la vie monastique. Le vêtement monastique est un beau signe, pour nous-mêmes et pour les autres de notre appartenance à un corps. De même que nos corps individuels ont besoin de vêtements, le corps communautaire monastique, comme bien d'autres corps sociaux, a besoin d'un habit propre. Celui-ci exprime une identité partagée, un même propos de vie, mais aussi une solidarité, ou mieux une constante recherche de communion .... En revêtant notre habit chaque jour, sans y penser nécessairement, nous choisissons de vivre comme des moines pour le Christ et de faire corps avec nos frères qui portent le même habit.
24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,
25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.
26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.
27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,
28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.
29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.
Avec la fin de ce chapitre, nous parvenons à la fin du rituel de la profession, prévu par Benoit. A l'engagement spirituel par les vœux et le chant du «reçois-moi» fait pendant l'engagement matérieL Le frère se dessaisit de ses biens à qui il veut sans ne se réserver rien du tout. Il est intéressant de noter qu'aujourd'hui encore nous vivons de cette pratique reçue de Benoit. Ce n'est qu'au moment de la profession solennelle que le frère se sépare de ses biens, pas avant, et en faveur de qui il veut, des pauvres ou des personnes extérieures ou du monastère. Il est libre d'en décider. L'insistance de Benoit sur le« sans ne se réserver rien du tout» rejoint sa conviction du don total du moine au Christ et à la communauté. Il ajoute cette phrase toujours un peu étonnante pour nous : « puisque à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps». Je crois qu'il nous faut l'entendre d'abord au sens théologique: en incorporant la communauté, le corps communautaire, petite cellule du Corps du Christ, le moine accepte de vivre en dépendance du Christ et de la communauté pour ses besoins les plus élémentaires. Une deuxième compréhension peut être aussi permettre d'aiguiser le sens de sa responsabilité vis-à-vis de son propre corps. Au cas où on serait tenté d'entendre cette phrase de la règle comme une invitation à la démission vis-à-vis de son propre corps. En effet, le fait que notre corps ne nous appartienne plus, peut nous rendre attentif à prendre soin de notre corps, de sa santé, car il est au service du corps communautaire. Le négliger, ne pas bien se soigner va peut-être entrainer des préjudices pour soi-même d'abord bien sûr, mais aussi pour toute la communauté. Ici, chacun est responsable pour dire quand des choses ne vont plus ou sont trop lourdes, afin qu'on trouve une solution. Sans tomber dans l'excès inverse d'un souci anxieux vis-à-vis de sa santé qui isole, une saine vigilance vis-à-vis de son équilibre est nécessaire.
Dernier point du rituel : le changement des vêtements du monde contre les effets du monastère, avec cette petite précision sur la garde des vêtements anciens au cas où le moine quitterait la vie monastique. Le vêtement monastique est un beau signe, pour nous-mêmes et pour les autres de notre appartenance à un corps. De même que nos corps individuels ont besoin de vêtements, le corps communautaire monastique, comme bien d'autres corps sociaux, a besoin d'un habit propre. Celui-ci exprime une identité partagée. un même propos de vie, mais aussi une solidarité, ou mieux une constante recherche de communion.... En revêtant notre habit chaque jour, sans y penser nécessairement, nous choisissons de vivre comme des moines pour le Christ et de faire corps avec nos frères qui portent le même habit.
17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,
18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.
19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.
20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.
21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»
22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».
23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.
Deux moments importants constituent le rituel de la profession : la promesse de « la persévérance, de la bonne vie et mœurs et de de l'obéissance 11 accompagnée de fa signature de la charte ; puis suivant aussitôt après, la prière faite à Dieu : « reçois-moi Seigneur selon ta parole, ne me déçois pas dans mon a/lente » .•. Ces deux moments importants disent, et le désir du frère de s'engager pour toujours dans la vie qu'il a expérimentée durant sa formation comme bonne pour lui, et la confiance du frère envers Dieu qui a appelé et qui peut donner la vie.
J'aimerai m'arrêter sur cette prière du« reçois-moi». Comme le P. Denis aimait bien le souligner, le « reçois-moi » du verbe suscipere, mis sur nos lèvres, nous place dans la posture de l'enfant qui vient de naitre et que le père, dans la culture romaine, reconnaissait en le saisissant et en relevant (suscipere) en l'air. Geste symbolique fort de paternité. En reprenant ces mots, le frère se place devant Dieu comme un enfant qui souhaite être vraiment reconnu comme un fils. Effectivement, le frère qui s'engage, est en situation de grand dénuement. Il choisit de s'en remettre à Dieu comme un enfant. Il abandonne sa vie passée, et s'avance sans rien, sinon avec le désir de se donner jour après jour dans la prière et le service fraternel. Il choisit de ne plus compter sur lui-même. Si dans la profession monastique, il s'agit bien d'une nouvelle naissance, celle-ci, à la différence de la naissance naturelle, est le fait d'un choix délibéré de la part du frère qui se place dans la position d'un enfant. Nous avons une mise en pratique de la recommandation de Jésus en Mt 18, 3 : « Amen, je vous le dis, si vous ne changez pas pour devenir comme les enfèmts, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux »... Par la profession, le moine joue toute sa vie pour devenir comme un enfant selon le Royaume.. .
Totalement dépendant de Dieu et des frères de la communauté, il ne peut que dire : « Ne me déçois pas dans mon attente ». Dans cette prière se dit notre lien viscéral à Dieu notre Père. Sans qu'on sache toujours bien l'exprimer avec des mots, nous disons avec cette prière que nous attendons tout de lui. Profondément, nous savons que Lui seul en fait comblera notre désir. Il nous est bon lors des professions ou des enterrements au cimetière de redire cette prière de notre profession solennelle. Elle nous remet en contact avec notre désir le plus profond : nous recevoir entièrement de Dieu.
17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,
18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.
19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.
20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.
21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»
22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».
23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.
R.B. 58, 17-23 De la façon de recevoir les frères.
F.P. 19h30 P. Reichert et vendredi matin ap. messe
Deux moments importants constituent le rituel de la profession : la promesse de « la persévérance, de la bonne vie et mœurs et de de l'obéissance » accompagnée de fa signature de la charte ; puis suivant aussitôt après, la prière faite à Dieu : « reçois-moi Seigneur selon ta parole, ne me déçois pas dans mon attente » ••. Ces deux moments importants disent, et le désir du frère de s'engager pour toujours dans la vie qu'il a expérimentée durant sa formation comme bonne pour lui, et la confiance du frère envers Dieu qui a appelé et qui peut donner la vie.
J'aimerai m'arrêter sur cette prière du« reçois-moi». Comme le P. Denis aimait bien le souligner, le « reçois-moi » du verbe suscipere, mis sur nos lèvres, nous place dans la posture de l'enfant qui vient de naitre et que le père, dans la culture romaine, reconnaissait en le saisissant et en relevant (suscipere) en l'air. Geste symbolique fort de paternité. En reprenant ces mots, le frère se place devant Dieu comme un enfant qui souhaite être vraiment reconnu comme un fils. Effectivement, le frère qui s'engage, est en situation de grand dénuement. Il choisit de s'en remettre à Dieu comme un enfant. Il abandonne sa vie passée, et s'avance sans rien, sinon avec le désir de se donner jour après jour dans la prière et le service fraternel. Il choisit de ne plus compter sur lui-même. Si dans la profession monastique, il s'agit bien d'une nouvelle naissance, celle-ci, à la différence de la naissance naturelle, est le fait d'un choix délibéré de la part du frère qui se place dans la position d'un enfant. Nous avons une mise en pratique de la recommandation de Jésus en Mt 18, 3 : « Amen, je vous le dis, si vous ne changez pas pour devenir comme les enfànts, vous n'entrerez pas dans le royaume des Cieux »... Par la profession, le moine joue toute sa vie pour devenir comme un enfant selon le Royaume .. .
Totalement dépendant de Dieu et des frères de la communauté, il ne peut que dire : « Ne
me déçois pas dans mon attente ». Dans cette prière se dit notre lien viscéral à Dieu notre Père. Sans qu'on sache toujours bien l'exprimer avec des mots, nous disons avec cette prière que nous attendons tout de lui. Profondément, nous savons que Lui seul en fait comblera notre désir. Il nous est bon lors des professions ou des enterrements au cimetière de redire cette prière de notre profession solennelle. Elle nous remet en contact avec notre désir le plus profond : nous recevoir entièrement de Dieu.