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6. Quant au monastère, il doit être, si possible, construit de telle façon que tout le nécessaire, c'est-à-dire l'eau, le moulin, le jardin et les divers métiers, s'exerce à l'intérieur du monastère,
7. de sorte que les moines ne soient pas obligés de courir au-dehors de tous les côtés, car ce n'est pas bon du tout pour leurs âmes.
8. Nous voulons que cette règle soit lue souvent en communauté, pour qu'aucun frère ne s'excuse sur son ignorance.
La deuxième partie de ce chapitre sur le portier parle de l'intérieur du monastère. Après le monde du dehors, le monde du dedans. Pour Benoit, le monde du dehors n'est pas un monde mauvais, contre lequel il faudrait se défendre. Accueillir celui qui frappe à la porte, c'est accueillir le Christ en personne. Nous l'avons entendu hier.
Mais le texte de ce matin parle du monde du dedans. St Benoit veille à ce que le monastère soit organisé de telle sorte que le moine ne soit pas obligé de sortir sans cesse. L'eau, le moulin, le jardin, les métiers, tout doit être à l'intérieur du monastère. Pourquoi ? Puisque le monde du dehors n'est pas mauvais? La réponse se trouve dans ce verset:
« Que les moines ne soient pas forcés de se répandre à l'extérieur, ce
qui ne convient nullement à leur âme. » Pour St Benoit, ce qui est mauvais, ce n'est pas le monde, mais cette tendance que nous avons à nous répandre, à nous disperser à l'extérieur. En cela il est fidèle à l'Evangile:« Ce qui rend l'homme impur, c'est ce qui sort de son cœur. » Ce désir qui se répand au-dehors et nous entraîne à courir de
tous côtés.
La clôture monastique, c'est d'abord cela: cette conscience de notre pauvreté, de nos limites, de notre faiblesse, qui nous détournent de trouver le chemin de notre propre cœur. Nous sommes sans cesse tentés de chercher au dehors ce que nous ne pouvons trouver qu'au dedans. Retrouver ce chemin de la paix du cœur, du silence intérieur. Cette Présence de Dieu, qui nous habite.
Le combat pour le moine, aujourd'hui, est peut-être plus difficile, avec tous les moyens de communication qui peuvent devenir des occasions de se fuir, d'éviter le vrai combat, et aussi la vraie relation. Journaux, téléphone, internet, comment les utiliser sans s'y perdre? Que la recherche de Dieu, notre relation avec le Christ, et que les relations avec les frères qui nous entourent soient premiers dans notre vie.
1. A la porte du monastère on placera un vieillard sage, qui sache recevoir et donner une réponse, et dont la maturité ne le laisse pas courir de tous côtés.
2. Ce portier doit avoir son logement près de la porte, afin que les visiteurs le trouvent toujours présent pour leur répondre.
3. Et aussitôt que quelqu'un frappe ou qu'un pauvre appelle, il répondra Deo gratias ou Benedic ,
4. et avec toute la douceur de la crainte de Dieu, il se hâtera de répondre avec la ferveur de la charité.
5. Si ce portier a besoin d'aide, il recevra un frère plus jeune.
Sagesse, compétence, maturité, disponibilité. St Benoit nous dit l'importance du frère qui est à la porte du monastère. Pour la personne qui arrive Il est le 1er contact avec cette maison de Dieu. Et parfois le seul contact.
« Savoir donner une réponse. » Quatre fois, St Benoit utilise cette expression dans ce petit paragraphe. Une fonction à la fois très humaine, et spirituelle. Répondre à toute personne qui se présente. Ce qui veut dire: l'écouter, être attentif à ce qu'elle est, ce qu'elle demande, ce qu'elle attend. C'est Dieu qui nous l'envoie. Qu'attend-il de nous?
« Sans faire attendre. » Cette promptitude à répondre est décrite avec insistance. Respecter tous les hommes, aimer particulièrement les plus pauvres. Ce n'est pas une voie facile, mais Benoit nous entraîne à vivre l'Evangile. Cette disponibilité à l'autre.
« Deo gratias. Benedic. » La première parole du portier est une action de grâce, ou une demande de bénédiction. Même si ces formules ne sont plus utilisées, elles donnent le ton de l'accueil. C'est au nom de Dieu que le portier reçoit. Celui qui est accueilli doit le sentir. Ni agitation, ni superficialité. Aux personnes trop souvent dévorées par l'actualité, le monastère doit offrir la seule actualité qui puisse remplir le cœur de l'homme: Dieu présent. Ce qui n'empêche pas d'être attentifs aux besoins corporels et spirituels. Le Christ nous a dit :
« J'étais un étranger, et vous m'avez accueilli. »
Le monastère est moins isolé, moins séparé du monde que ce que décrit la Règle. Nous sommes reconnaissants aux frères portiers pour le service qu'ils rendent. Mais la porterie n'est pas le seul lieu de contact avec l'extérieur. La librairie, beaucoup d'emplois, chacun de nous est appelé à cet accueil et à cette discrétion.
Accueillir, écouter, être disponible, se laisser déranger, voilà l'enseignement que nous donne St Benoit ce matin.
1. Trop souvent il est arrivé que l'ordination d'un prévôt engendre de graves conflits dans les monastères.
2. Il en est en effet qui s'enflent d'un méchant esprit d'orgueil et qui, estimant être de seconds abbés, usurpent le pouvoir, entretiennent des conflits et mettent la dissension dans les communautés,
3. surtout dans les lieux où le prévôt reçoit l'ordination du même évêque et des mêmes abbés qui ordonnent l'abbé.
4. Combien cela est absurde, il est facile de s'en rendre compte : dès le début, dès son ordination, on lui donne matière à s'enorgueillir,
5. ses pensées lui suggérant qu'il est soustrait à l'autorité de son abbé,
6. puisque « toi aussi, tu as été ordonné par les mêmes qui ont ordonné l'abbé. ;»
7. Il en résulte envies, disputes, médisances, rivalités, dissensions, destitutions,
8. et ainsi, abbé et prévôt étant de sentiments opposés, il est inévitable que leurs âmes soient en danger, tant que durent ces dissensions,
9. et leurs subordonnés courent à leur perte, du fait qu'ils flattent leurs partisans.
10. La responsabilité de ce dangereux fléau pèse au premier chef sur ceux qui se sont faits les auteurs d'un tel désordre.
« Trop souvent ». St Benoit part d'un constat repéré dans plusieurs monastères : des rivalités peuvent naitre entre l'abbé et le prieur. La cause tient à ses yeux au fait que le prieur reçoit sa charge des mêmes personnes et d'une manière semblable à l'ordination de l'abbé. Un flou ressort quant à la distinction de leur autorité respective. Conflit de pouvoir donc...
Notre législation actuelle, enracinée dans la RB, ne permet plus cette confusion des rôles. Et nous pouvons rendre grâce de ne pas connaitre ce genre de conflit de pouvoir dans notre communauté. Mais sommes-nous pour autant quitte, pow· ne pas nous tenir sur nos gardes, les uns et les autres, vis-à-vis de rivalités de pouvoir? Qui que nous soyons, et même dans les plus petites charges, nous avons un certain pouvoir. .. Comme le disait hier, V. Margron, le pouvoir c'est une capacité donnée pour faire quelque chose, pour remplir une mission. Quand je suis seul, les choses se passent bien puisque je peux les organiser comme je l'entends. Responsable devant la communauté, c'est devant elle, l'abbé ou son représentant que je dois rendre compte. La réalité se complique quand nous sommes plusieurs à intervenir sur un même champ d'action. Une première source de difficulté vient quand les prérogatives de chacun et la responsabilité dernière ne sont pas bien définies. Un certain ordre doit donc être défini, qui fait quoi, et comment. Cela revient à l'abbé principalement ou au responsable d'un emploi qui délègue à d'autres une tâche. La question se pose souvent à gui confier telle responsabilité? Au plus compétent, au plus fédérateur d'énergies fraternelles, au plus libre vis-à-vis du résultat? Une seconde source tient aux manières de s'investir dans l'activité. Peuvent se révéler des parts obscures, des quêtes non avouées de mener la chose sans concertation pour faire aboutir le projet selon ses vues, en excluant d'autres points de vue. Entrent en jeu alors des fonctionnements souvent inconscients où se mêlent peur de l'autre et désir d'affirmation de soi... Il est bon de s'arrêter chacun un peu sur nos manières de fonctionner pour essayer de mieux nous connaitre lorsque nous sommes en situation de pouvoir. Une palette d'attitudes peut aller de la démission où on abandonne tout aux autres à l'autoritarisme où on fait tout pour parvenir à ses vues....Entre ces deux limites extrêmes, il y a place pour une approche qui sait faire droit à l'autre dans l'écoute et qui sait repérer ses propres limites ou aveuglements... Entre les deux, il y a aussi place pour la patience vis-à-vis des autres qui n'avancent pas forcément au même rythme. Mieux se connaitre pour mieux assumer une responsabilité qui entraine les autres afin de les rendre heureux de prendre leur part à un même projet, serait le but à rechercher. .. Est-ce un idéal inatteignable ou le fruit naturel d'un patient travail intérieur sur soi?
16. Il ne sera pas agité et inquiet, il ne sera pas excessif et obstiné, il ne sera pas jaloux et soupçonneux à l'excès, car il ne serait jamais en repos.
17. Dans les ordres qu'il donne, il sera prévoyant et réfléchi, et que l'œuvre qu'il commande soit selon Dieu ou selon le siècle, il usera de discrétion et de mesure,
18. en songeant à la discrétion de saint Jacob, qui disait : « Si je fais peiner davantage mes troupeaux à marcher, ils mourront tous en un jour. »
19. Prenant garde à ce texte et aux autres sur la discrétion, mère des vertus, il mettra de la mesure en tout, en sorte que les forts aient à désirer et que les faibles n'aient pas à prendre la fuite.
20. Et surtout, qu'il garde en tous ses points la présente règle,
21. afin qu'après avoir bien servi, il entende le Seigneur lui dire, comme au bon serviteur qui distribua en son temps le froment à ses compagnons de service :
22. « En vérité, je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens. »
Que l'abbé soit un homme de mesure et de discernement, tel pourrait-être le résumé de
cette dernière partie de chapitre. En quelques lignes, St Benoit donne des éléments utiles pour
être un homme de discernement ... Et ces éléments sont d'abord à rechercher en soi-même ! Se dessine alors pour l'abbé un vrai chemin de vie, un vrai travail intérieur, et peut-être aussi pour chacun de ses moines. + Ce travail intérieur commence par la foi. « Il ne sera pas agité et inquiet». Les défauts relevés ici peuvent être le fait d'un tempérament plus sujet à l'inquiétude. Mais dans le fond, il s'agit de retrouver en soi le roc de la foi. Il m'arrive parfois d'être envahi par des pensées d'inquiétude vis-à-vis de telle question, par exemple après les vigiles. La seule manière de ne pas les laisser m'empêcher de dormir, c'est de prier, de me remettre sous le regard du Christ. Par la prière, je cherche l'attitude de foi en Jésus, le seul et vrai maitre de la maison. + Ce travail intérieur demande encore de cultiver la prudence. « Il ne sera pas excessif et obstiné». Les excès et l'obstination proviennent souvent d'un mangue d'écoute. Je découvre alors combien la prudence nait assez naturellement de l'écoute des frères et des conseils entendus. Les éclairages multiples élargissent de manière significative le seul faisceau de ma petite lanterne. Ainsi la prudence, nourrie par l'écoute, devient une force pour prendre et tenir des décisions. + Au côté de la foi en Dieu, le travail intérieur se nomrit de la confiance dans les frères. « Il ne sera pas ialoux, ni soupçonneux à! 'excès». Parfois le combat est à mener contre telle pensée de soupçon ou de jalousie, soupçon qu'un frère fasse ceci ou cela en dehors de la vie commune ou jalousie vis à vis d'un frère gui pourrait me faire ombrage ... C'est le combat des pensées gui, si elles demeurent, parasitent évidemment le discernement. Dans ce combat, je perçois que la lumière se trouve dans l'a-priori de confiance absolue envers les frères et en leur responsabilité première. Si quelque chose de préjudiciable pour la communauté et pour le frère doit se dévoiler, cela se manifestera en son temps. Point n'est besoin de surveiller. La confiance faite à chacun encourage la vraie liberté, à travers la parole gui peut nommer et la prise de conscience de sa propre responsabilité, gui est première et indéfectible. + Dernier aspect du travail intérieur pour un discernement fructueux : une quête d'intelligence des personnes et des situations : « il sera prévoyant, r4fléchi ...i! usera de discrétion et de mesure ». Prévoir ce gui est en son pouvoir, anticiper les réactions ou les difficultés possibles, c'est prendre en compte la réalité dans sa complexité, sans en être trop décontenancé. Savoir demander à chacun selon ses possibilités et ses forces, tout en stimulant, n'est jamais acquis. Le dialogue confiant et ouvert de part et d'autre sera un instrument nécessaire dans la recherche de la juste mesure. Pour ce travail intérieur toujours à faire, je me confie à votre prière.
7. Quant à l'abbé qui a été ordonné, il songera toujours à la charge qu'il a reçue et à celui auquel il devra « ;rendre compte de sa gestion ;».
8. Il saura qu'il doit plutôt « servir que régir ».
9. Il doit donc être « savant » dans la loi divine, pour savoir et avoir d'où « tirer le neuf et l'ancien », chaste, sobre, miséricordieux.
10. Et que « la miséricorde l'emporte toujours sur le jugement », afin qu'il obtienne pour lui le même traitement.
11. « Qu'il haïsse les vices et qu'il aime les frères. »
12. Dans ses réprimandes même, qu'il agisse prudemment et « ;sans rien de trop », de peur qu'en voulant trop gratter la rouille, il ne brise le vase.
13. Il ne perdra jamais de vue sa propre fragilité, et se souviendra « ;qu'il ne faut pas écraser le roseau cassé. »
14. Nous ne voulons pas dire par là qu'il permettra aux vices de se développer, mais qu'il les retranchera prudemment et avec charité, suivant qu'il lui semblera opportun pour chaque individu, comme nous l'avons déjà dit.
15. Et il s'efforcera « d'être plus aimé que redouté ».
Dans ce passage entendu un petit mot m'a pai1iculièrement retenu, c'est le mot
« donc »... Un mot banal me direz-vous. Une conjonction de coordination entre deux propositions... Je suis intéressé justement par le lien qu'elle opère entre la première proposition : « il saura qu'il doit plutôt servir que régir » et la seconde« il doit donc être savant dans la loi divine, pour savoir el avoir d'où tirer du neuf et de 1'ancien, chaste, sobre el miséricordieux»... J'entends ici fortement le lien fait par Benoit entre la nécessaire dynamique de service et le fait d'être savant dans la loi divine... Humainement parlant, entrer dans une dynamique de service ne nous est pas spontané. Il faut donc l'apprendre dans les Ecritures. Seul Jésus peut nous enseigner le vrai service des autres, un service désintéressé par amour des autres et dans le don de soi. Plus pai1iculièrement, le service de 1'abbé qui est de conduire au Christ, n'a de sens que vécu en étroite dépendance avec le Christ. Lui Seul est le Maitre et le Père que tous les moines veulent servir. L'abbé aidera chacun et tous ensemble à donner une forme concrète à ce service. Pourrait-il être d'une aide ajustée s'il n'est pas tourné lui-même vers le Christ dans la prière et la méditation les Ecritures? St Benoit parle d'être« savant» (doctum) dans la loi divine. Il ne s'agit pas d'abord d'être un spécialiste ou un grand exégète, ce qui n'est pas exclu bien sür. La science dont il parle relève davantage de la sagesse de vie qui imprègne toute l'existence que d'un savoir gui satisfait l'esprit sans toucher vraiment la personne. Avec cette sagesse, l'abbé est appelé à tirer de son trésor du neuf et de l'ancien, à être chaste, sobre et miséricordieux. A travers la lectio et la liturgie, nous faisons peu à peu l'expérience que les Ecritures sont vraiment un trésor abondant. Plus nous nous y immergeons, plus elles nous façonnent et plus elles nous offrent leurs richesses : un regard sai1s cesse nouveau sur Dieu et la vie humaine, une expérience spirituelle enracinée dans l'histoire du Christ et de son peuple, un élan pour affronter avec patience nos défis, une joie pour tenir dans l'espérance, un art de vivre avec plus de justesse, chaste et sobre, une ouverture qui laisse un peu plus place à la miséricorde ... Au contact des Ecritures, sans cesse entendues et relues, que les Pères ont comparé à la chair du Christ, sourd la Parole divine vivifiante qui nous transforme peu à peu. Notre espérance est là que notre être tout entier se renouvelle par la Parole entendue. L' Abbé est invité à se tenir à cette source, s'il veut être vraiment l'administrateur de la maison à lui confiée. Chacun à sa place, nous sommes appelés à nous tenir là aussi pour être ces témoins de l'Amour de notre Dieu que le monde attend.
1. Dans l'ordination de l'abbé, on prendra toujours pour règle d'instituer celui que se sera choisi toute la communauté unanime dans la crainte de Dieu, ou même une partie de la communauté, si petite soit-elle, en vertu d'un jugement plus sain.
2. C'est pour le mérite de sa vie et la sagesse de son enseignement que l'on choisira celui qui doit être ordonné, même s'il est le dernier par le rang dans la communauté.
3. Si même toute la communauté choisissait d'un commun accord une personne complice de ses vices, – ;à Dieu ne plaise ;! ;–
4. et que ces vices viennent tant soit peu à la connaissance de l'évêque au diocèse duquel appartient ce lieu et des abbés ou des chrétiens du voisinage,
5. ils empêcheront la conspiration des méchants de l'emporter, et ils institueront dans la maison de Dieu un administrateur qui en soit digne,
6. sachant qu'ils en recevront une bonne récompense, s'ils le font avec une intention pure et par zèle pour Dieu, de même qu'ils commettraient au contraire un péché, s'ils négligeaient de le faire.
Ce début de chapitre sur l'ordination de l'abbé nous donne de mieux comprendre combien notre vie monastique est une institution (le mot proche constituere revient 3x) pleinement autonome et en même temps pleinement insérée dans l'Eglise. Elle est pleinement autonome pour choisir son abbé, que ce choix soit unanime ou le fait d'un petit groupe. Elle se débrouille toute seule. Et en même temps, sa situation intéresse l'Eglise, ici conçue davantage comme Eglise locale (évêque du diocèse, abbés et chrétiens du voisinage). Celle-ci doit assumer une certaine veille afin que la maison de Dieu ait« un administrateur qui en soit digne». Ici on peut entendre que si le monastère est la « maison de Dieu », il est en quelque sorte la maison de tous, de tous les chrétiens, de l'Eglise. N'est-ce ce que l'on vit effectivement à travers l'accueil ? Combien de personnes ne disent-elles pas un jour:« je me sens ici comme chez moi, ou ici c'est ma seconde famille, mon lieu d'ancrage.... » Notre espace de vie et notre recherche monastique ne nous appartiennent pas complètement. Ils intéressent un bon nombre de personnes qui se sentent concernées et partie prenante de ce que nous vivons. Si quelque chose de grave s'y passe, beaucoup en seront touchés.
Dans cette maison, et dans ce contexte, l'abbé est d'abord présenté comme un administrateur. « dispensator », mot à mot « celui qui pèse en distribuant» ... Le mot grec
« oikonomos » traduit par « majordome » insiste davantage sur la responsabilité globale de la maison. Cette image de l'administrateur englobe tout ce chapitre. Au début du chapitre, l'expression« administrateur-dispensator » peut faire référence à la parabole de l'intendant ou majordome fidèle et avisé en Le 12. 42-46 à qui le maitre confie la charge de distribuer aux gens de sa maison leur ration de blé. A la fin du chapitre, la référence est faite plus explicitement à la parabole semblable en Mt 24 45-47. Le passage de l'une à l'autre référence introduit cependant un changement qui n'est pas sans signification. L'abbé désigné au début comme
« administrateur ». devient le « serviteur » à la fin du chapitre. Au début, lorsqu'on parle de la désignation à la charge d'abbé, le terme administrateur-int, ndant souligne davantage ce qu'on attend du nouvel élu: qu'il administre la maison de Dieu avec équité, en donnant ce qui est juste et nécessaire. A la fin du chapitre, dans la perspective du jugement où il aura à rendre des comptes, l'abbé est invité à tenir à l'esprit qu'il est lui aussi un« serviteur», voire« esclave» selon une nuance du mot grec. Alors l'abbé, serviteur de Dieu avec ses frères et serviteur de Dieu pour ses frères se voit honoré de la promesse d'être établi sur tous les biens de Dieu.
10. Les jeunes honoreront leurs anciens, les anciens aimeront leurs inférieurs.
11. En ce qui concerne les noms dont on s'appellera, il ne sera permis à personne d'en appeler un autre par son nom tout court,
12. mais les anciens appelleront les jeunes du nom de frères, tandis que les jeunes donneront à leurs anciens le titre de nonni, qui signifie « ;Révérend Père ;».
13. Quant à l'abbé, puisqu'il apparaît comme le représentant du Christ, on lui donnera les titres de seigneur et d'abbé, non qu'il se les arroge de lui-même, mais pour l'honneur et l'amour du Christ.
14. Mais de son côté, il devra y songer et se conduire de façon à être digne d'un tel honneur.
15. Chaque fois que les frères se rencontrent, le plus jeune demandera la bénédiction de l'ancien.
16. Au passage d'un supérieur, l'inférieur se lèvera et lui offrira le siège où il était assis. Et le plus jeune ne se permettra pas de se rasseoir avant que son ancien ne le lui commande,
17. pour faire ce qui est écrit : « Prévenez-vous d'honneurs mutuels. ;»
18. Les petits enfants et les adolescents, à l'oratoire et aux tables, garderont leur rang en bon ordre.
19. Mais au dehors et partout, ils seront surveillés et maintenus dans l'ordre, jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'âge où l'on comprend.
En christianisme, on peut parfois nous reprocher d'avoir souvent le mot« aimer» à la bouche, au risque de le galvauder. Certes nous sommes appelés à vivre sous la loi de l'amour de Dieu et du prochain. Mais trop en parler ne conduit-il pas à appauvrir le sens du mot et la visée recherchée? On s'habitue et cela devient insignifiant.
Les lignes que nous avons entendues parlent de l'amour vécu entre frères, en mettant en valeur un autre verbe : honorer, avec le substantif honneur... St Benoit apprécie particulièrement le registre de l'honneur. Ici, concernant les rangs d'ancienneté, parler d'honorer les anciens, ou de se prévenir d'honneurs mutuels, pennet de saisir que les relations et les personnes sont plus grandes que le seul rang qu'elles occupent. Elles ne sont pas un numéro. En prison, on a, voire on est, un 11° d'écrou. Au monastère, on est un frère parmi d'autres frères. Cette relation fraternelle vécue selon la loi d'amour évangélique va prendre et développer de nombreuses harmoniques, faites d'honneur, de respect, de service, de discrétion ... autant d'harmoniques qui vont permettre au verbe« aimer» de se déployer.
Honorer mon frère, c'est lui faire une place particulière, en mon cœur comme dans la vie quotidienne, au gré de petits gestes pour soutenir ou aider, pour tenir une po1te, pour ralentir le pas afin de ne pas bousculer. Respecter mon frère, c'est lui reconnaitre son espace propre, en choisissant de ne pas empiéter dans sa sphère plus intime tant qu'il ne m'en donne pas accès lui-même. Servir mon frère, c'est consentir à le faire passer en premier pour répondre à un appel, et lui apporter ce que je peux lui donner, et ce qu'il est en droit d'attendre de moi. Ecouter mon frère, c'est lui offrir une part de mon temps, de mon espace intérieur, pour lui permettre de poser un fardeau peut-être ou simplement d'être lui-même sans crainte d'être jugé. Supporter mon frère, c'est accepter de le po1ter là où il peine à se porter lui-même, sans réciprocité apparente dans la relation, mais en faisant en sorte de ne pas l'exclure de ma vie, de mon champs de vision. Honorer, respecter, servir, écouter, supporter autant de façon d'aimer qui rendent la vie commune bonne et féconde. Tour à tour, mutuellement nous offrons et recevons la vie, une vie de frère à frère sous le regard de notre Père des cieux. S'Ii nous a appelés ici, nous découvrons peu à peu que c'est probablement parce que nous sommes faits pour nous entraider et nous soutenir dans la recherche de son visage. Qu' Il nous vienne en aide afin que notre vie fraternelle lui rende gloire !
1. Au monastère, on gardera les rangs comme ils sont établis par le temps de l'entrée en religion et par le mérite de la vie, et comme en décide l'abbé.
2. Cependant l'abbé ne mettra pas le trouble dans le troupeau qui lui est confié, et il ne prendra pas de disposition injuste, comme s'il jouissait d'un pouvoir sans limite,
3. mais il songera toujours qu'il devra rendre compte à Dieu de tous ses jugements et œuvres.
4. C'est donc suivant les rangs qu'il aura établis ou que les frères auront d'eux-mêmes, qu'ils iront recevoir la paix, communier, imposer les psaumes, et qu'ils se tiendront au chœur.
5. Et absolument partout, l'âge ne modifiera pas les rangs ni ne portera préjudice,
6. puisque Samuel et Daniel enfants ont jugé des anciens.
7. Donc à l'exception de ceux que l'abbé, comme nous l'avons dit, fera monter à bon escient ou fera descendre pour des raisons déterminées, tous les autres seront comme ils sont entrés en religion ;:
8. par exemple, celui qui arrive au monastère à la deuxième heure du jour se considérera comme plus jeune que celui qui est arrivé à la première heure, quel que soit son âge ou sa dignité.
9. Cependant les enfants seront maintenus dans l'ordre par tous et en tout domaine.
Quel avantage recherchait Benoit en promouvant l'ordre dans la communauté selon la date d'arrivée? Dans une société certainement plus hiérarchisée que la nôtre, St Benoit prend très au sérieux la question de l'ordre et des rangs entre les frères. Si la manière de se rapporter les uns aux autres étaient naturellement régie par l'ancienneté d'âge, mais aussi par le niveau social, Benoit introduit un nouveau critère qui supplante le précédent, celui de l'ancienneté d'entrée au monastère. L'ancien ou celui qui est mon supérieur sera celui qui est entré avant moi, et non le plus âgé. Avec ce critère, Benoit invite les moines à s'inscrire dans un nouvel ordre. celui voulu par la Providence du Seigneur qui a conduit les uns et les autres au monastère en des temps différents. La confiance en la Providence qui ordonne toute chose au bien de tous devient la clé spirituelle pour entrer dans cette nouvelle façon de se rapporter les uns aux autres. En même temps, cet ordre n'est pas intangible, le mérite ou une décision de l'abbé faite à bon escient peut le modifier et faire évoluer les rangs.
Quel avantage recherchons-nous aujourd'hui en renonçant aux rangs selon l'ordre d'entrée au monastère? A l'instar de notre société qui a connu une grande simplification des rapports humains, nous sommes allés vers des relations moins codifiées et plus simples entre nous. L'ordre d'ancienneté pouvait introduire inconsciemment une nouvelle hiérarchisation au détriment de la vie fraternelle, avec tous les risques de prise de pouvoir et de susceptibilité exacerbées. Abandonnant cet ordre, la liberté est laissée à chacun de se tenir à l'église, au chapitre et aux repas comme il veut. Cette manière de faire présente un avantage, celui de la liberté, qui est en même temps une exigence pour la vie fraternelle. Comment vais-je utiliser cette liberté ? Est-elle au service simplement de mon confort qui me fera éviter les places incommodes ou encore les frères auprès desquels je ne désire surtout pas être ? Cette liberté laissée à chacun est-elle au service de ma croissance dans la liberté chrétienne? Car notre liberté n'a-t-elle pas toujours à être évangélisée? Laissée à elle-même, elle peut vite conduire au repli sur soi. Aussi une façon très simple de vivre cette liberté est de se mettre là où il y a de la place, en comblant les premières places, sans chercher à calculer, sans se réserver une place. Aller au bout de ma liberté, en ne choisissant pas, mais en accueillant ce gui est offert. De même que la confiance en la Providence était la clé spirituelle pour se ranger selon l'ordre d'arrivée au monastère, de même pour nous l'accueil de ce qui est donné, offert sans calcul sera notre clé spirituelle, finalement notre manière de faire confiance à la Providence du Seigneur
1. Si un abbé demande qu'on lui ordonne un prêtre ou un diacre, il choisira parmi les siens quelqu'un qui soit digne d'exercer le sacerdoce.
2. Quant à celui qui sera ordonné, il se gardera de l'élèvement ou de la superbe,
3. et il ne se permettra rien en dehors de ce que l'abbé lui commande, sachant qu'il sera soumis bien plus encore aux sanctions de la règle.
4. Et sous prétexte de sacerdoce, il n'oubliera pas l'obéissance et la discipline de la règle, mais de plus en plus il progressera vers Dieu.
5. Il regardera toujours comme sienne la place qu'il avait de par son entrée au monastère,
6. sauf pour le service de l'autel et si le choix de la communauté et la volonté de l'abbé voulaient le promouvoir en raison du mérite de sa vie.
7. Toutefois il saura garder pour lui-même la règle établie pour les doyens et prévôts.
8. S'il se permet d'agir autrement, on ne le jugera pas comme prêtre, mais comme rebelle.
9. Et si, après de nombreux avertissements, il ne se corrige pas, on fera même intervenir l'évêque comme témoin.
10. Si même alors il ne s'amende pas, ses fautes devenant notoires, on le mettra à la porte du monastère,
11. si toutefois son obstination est telle qu'il ne veuille pas se soumettre ou obéir à la règle.
« De plus en plus, il progressera vers Dieu»... La tentation pour le prêtre, d'après St Benoit, pourrait être de trop s'appuyer sur la dignité de son sacerdoce, et de s'estimer pouvoir vivre au-dessus de la règle commune. Une tentation qui peut se rencontrer aujourd'hui encore dans ce1iains monastères où les prêtres ont quelques activités apostoliques qui peuvent les conduire à négliger la vie commune. Le statut propre et une certaine aura renvoyée par les autres font oublier la propre vigilance monastique. La figure du prêtre en ce chapitre est emblématique de cette part de nous-mêmes qui est parfois tentée d'oublier pourquoi nous sommes là, tentée de s'arrêter, de se reposer sur quelques lauriers grappillés ici ou là... Notre statut, notre fonction ou notre emploi peuvent nous apporter des gratifications et des sources de reconnaissance. Tant mieux I Mais confondre celles-ci avec la joie qui nous est promise en Dieu, n'est-ce pas une manière de nous arrêter en chemin et de ne plus chercher? Une manière de regarder les dons reçus et non plus Celui gui en est la source et« qui veut encore donner» ? Nos fonctions, nos emplois ou nos statuts n'épuisent pas notre vocation monastique qui est première et à la source de tout. En cette vie monastique s'est concrétisé pour nous l'appel de Dieu. Appel à se mettre à l'écoute d'une parole et à se laisser façonner par elle pour devenir davantage nous-mêmes en cherchant le Seigneur, en ne nous lassant pas de nous mettre à l'écoute de sa Parole.
L'invitation à progresser de plus en plus, que st Benoit fait aux prêtres, et à chacun s'inscrit là. Elle est une invitation à l'aventure intérieure pour une plus grande connaissance et de soi et de Dieu. En ce printemps, une image s'offre à nous: nous sommes comme des bourgeons qui peu à peu grossissent pour éclore et s'épanouir en fleurs diverses et uniques. Nous n'avons pas fini de laisser éclore non seulement les dons humains, les talents intellectuels, artistiques, relationnels, de service, mais aussi les dons spirituels que !'Esprit Saint a déposé en nous. Ces dons-là sont moins perceptibles. Ils demandent une écoute plus fine, une vigilance plus attentive. Don de la foi qui s'enracine plus profondément dans une connaissance plus délicate et amicale du Seigneur Jésus. Don de la charité qui élargit la sensibilité du regard et du cœur à des personnes jusqu'alors hors champs. Don de l'espérance qui sait contempler dans le présent plus que les malheurs ou la force du mal, mais aussi des ouvertures à la vie à venir...
1. Si un moine étranger arrive de provinces lointaines, s'il veut habiter au monastère en qualité d'hôte
2. et se contente de la coutume locale telle qu'il la trouve, sans troubler le monastère par ses vaines exigences,
3. mais en se contentant simplement de ce qu'il trouve, on le recevra aussi longtemps qu'il le désire.
4. S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité, l'abbé examinera prudemment si le Seigneur ne l'aurait pas envoyé précisément pour cela.
5. Si par la suite il veut se fixer définitivement, on ne s'opposera pas à cette volonté, surtout que l'on a pu apprécier sa vie au temps où il recevait l'hospitalité.
6. S'il s'est montré exigeant ou vicieux au temps où il recevait l'hospitalité, non seulement il ne faut pas l'agréger au corps du monastère,
7. mais encore on lui dira poliment de s'en aller, de peur que sa misère ne vicie encore les autres.
8. S'il ne mérite pas d'être mis dehors, non seulement, s'il le demande, on le recevra et on l'agrégera à la communauté,
9. mais encore on le persuadera de rester, pour que son exemple instruise les autres,
10. et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur, on est au service du même roi.
11. Si même l'abbé voit qu'il en est digne, il pourra le mettre à une place un peu plus élevée.
12. D'ailleurs ce n'est pas seulement le moine, mais aussi ceux de l'ordre des prêtres et de celui des clercs dont il a déjà été question, que l'abbé peut établir à une place supérieure à celle de leur entrée, s'il voit que leur vie en est digne.
13. Mais l'abbé se gardera de jamais recevoir à demeure un moine d'un autre monastère connu, sans le consentement de son abbé ou sans lettre de recommandation,
En recevant nos frères étudiants du Burundi, du Vietnam, et de Madagascar, pour des périodes assez longues, nous sommes conscients de recevoir un beau cadeau... Jusqu'alors, pour reprendre les mots de St Benoit, nous n'avons pas eu à constater qu'ils se soient montrés
« exigeants ou vicieux», et nous n'avons pas eu à leur « dire poliment de s'en aller» !!! La tentation pourrait être plutôt au contraire, sur la suggestion de Benoit lui-même, de les
« persuader de rester. pour que leur exemple instruise les autres, et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur »... ! Mais ce serait une tentation, car nous savons trop bien combien est importante la transmission de la vie monastique dans leur propre pays.
Ensemble, durant ces quelques années, il nous est donné de vivre un échange de dons pour que nous grandissions mutuellement dans la recherche de Dieu et l'accueil de son Amour pat1agé entre frères. Echange de dons : celui-ci passe par la vie quotidienne vécue au coude à coude et par tous les services donnés de part et d'autre. Nous recevons de nos frères leur pat1icipation active dans la liturgie à nos côtés, comme membre à pat1 entière de notre chant ainsi que des services liturgiques. Dans les emplois et les services, ils apportent leur pierre à la construction de la communauté. Leur jeunesse attentive est précieuse parfois auprès de nos anciens, comme elle est aussi heureuse dans les rencontres avec nos jeunes frères, à travers le foot ou le volley par ex... De notre côté, nous sommes heureux de pouvoir partager une expérience dans l'accompagnement de chacun par un frère aîné, mais aussi de transmettre avec l'apprentissage du français et de la théologie dans le cadre du Stim, et des cours donnés au noviciat. Echange de dons encore de manière plus profonc'.e dans la connaissance mutuelle de nos manières d'être et de vivre pour le Christ. Chacun porte de par sa culture, et sa tradition ecclésiale une sensibilité et une délicatesse dans la manière de voir et d'aborder les situations. Nous percevons ici combien est grand le mystère de Christ qu'ensemble nous accueillons et qu'ensemble nous nous disons. Il serait illusoire de penser que nos traditions européennes possèdent le dernier mot et qu'elles épuisent toute la réalité du mystère de la foi, parce que plus anciennes. Nous avons une longue histoire, mais elle ne nous donne pas une quelconque supériorité. Accueillir la nouveauté ainsi que les questions nouvelles portées par nos frères étrangers ne peut que nous enrichir et à rester dans l'accueil de la propre nouveauté que po11e notre tradition. Celle-ci n'a-t-elle pas grat1di au prix de renouvellements incessants pour s'ouvrir à la nouveauté du Christ Ressuscité qui vient? Rendons grâce de vivre cela ensemble.