vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 02, v 01-10 Ce que doit être l'abbé écrit le 24 juillet 2019
Verset(s) :

1. L'abbé qui est digne de gouverner le monastère, doit toujours se rappeler le titre qu'on lui donne, et vérifier par ses actes le nom du supérieur.

2. Il apparaît en effet comme le représentant du Christ dans le monastère, puisqu'on l'appelle d’un des noms de celui-ci,

3. selon le mot de l'Apôtre : « Vous avez reçu l'esprit d'adoption filiale, dans lequel nous crions : abba, père ! »

4. Aussi l'abbé ne doit-il rien enseigner, instituer ni commander qui soit en-dehors du précepte du Seigneur,

5. mais son commandement et son enseignement s'inséreront dans l'esprit de ses disciples comme un levain de justice divine.

6. L'abbé se rappellera toujours que son enseignement et l'obéissance des disciples, l'une et l'autre chose, feront l'objet d'un examen au terrible jugement de Dieu.

7. Et l'abbé doit savoir que le pasteur portera la responsabilité de tout mécompte que le père de famille constaterait dans ses brebis.

8. En revanche, si le pasteur a mis tout son zèle au service d'un troupeau turbulent et désobéissant, s'il a donné tous ses soins à leurs actions malsaines,

9. leur pasteur sera absous au jugement du Seigneur et il se contentera de dire au Seigneur avec le prophète : « Je n'ai pas caché ta justice dans mon cœur, j'ai dit ta vérité et ton salut. Mais eux s'en sont moqués et ils m'ont méprisé. »

10. Et alors, les brebis qui auront désobéi à ses soins auront enfin pour châtiment la mort triomphante.

Commentaire :

L'obéissance envers un homme peut-elle être autre chose qu'une affaire de foi ? Si on croit, selon le mot de St Benoit, que l'abbé est le représentant du Christ, ce n'est pas parce qu'il aurait des qualités ou quelque chose que les autres n'auraient pas. Si on croit qu'en lui obéissant on obéit au Christ, n'est-ce pas parce que fondamentalement nous croyons que le Christ a confié à des hommes la charge d'être ses intendants ou ses pasteurs? Pour respecter notre libe1ié de réponse, il a voulu faire entendre sa parole sous les traits vulnérables d'une parole humaine. Dans l'attente de sa venue glorieuse, Jésus fait cette confiance incroyable aux hommes de poursuivre en son nom l'œuvre d'éclairer, de guider et de nourrir son peuple, sa maisonnée et son troupeau. Et dans un monastère, la manière de choisir l'abbé au moyen de l'élection fait redoubler d'émerveillement devant la confiance que le Christ fait à son peuple. Par le moyen de son Esprit répandu en chacun, le Christ rend la communauté elle-même responsable du choix de celui qui la conduira, et à qui elle obéira. La communauté qui a choisi pour abbé l'un des siens est pleinement responsabilisée dans son obéissance. Mystère de l'Eglise qui est grand et fragile à la fois : grand par la confiance que Dieu lui fait et fragile par les forces humaines en présence. Confiance de Dieu et fragilité humaine. Confiance de Dieu, ainsi l'abbé est-il sans cesse convoqué par Benoit dans sa Règle à ne jamais oublier la confiance qui lui est faite. Tout ce chapitre se présente comme une ferme mise en garde à son endroit. S'il est une figure du Christ pour ses frères, pas l'unique qu'on pense au malade ou à l'hôte, « il ne doit rien

enseigner, instituer ni commander qui soif en dehors du précepte du Seigneur» ... « Je n'ai pas

caché ta justice dans mon cœur,j'ai dit ta vérité et ton salut». Pour mieux parler, l'abbé doit être avant tout lui aussi un écoutant de la Parole, telle qu'elle se donne à entendre dans les Ecritures mais aussi au gré des rencontres et de la vie. Confiance de Dieu et fragilité humaine. Comme Benoit le dira dans le chapitre 64, 13, l'abbé ne doit pas oublier non plus sa propre fragilité, pour mieux soutenir celle de ses frères. Fragilités partagées, fragilités appelées à se soutenir mutuellement pour demeurer à l'écoute. Si l'abbé doit stimuler ses frères à demeurer dans l'écoute, sa responsabilité ne peut supplanter celle de chacun des frères, invité à assumer sa vie de disciple devant le Seigneur. Car, écouter reste pour chacun de nous le sacrifice plénier, celui qui coûte beaucoup parce qu'il nous place au cœur de la relation avec Dieu et avec nos frères.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 10-13 Des espèces de moines écrit le 23 juillet 2019
Verset(s) :

10. La quatrième espèce de moines est celle que l'on nomme gyrovague. Toute leur vie, allant par les différentes provinces, ils se font héberger trois ou quatre jours par les celles des différents moines,

11. toujours errants et jamais stables, asservis à leurs propres volontés et aux tentations de la bouche, et en tout plus détestables que les sarabaïtes.

12. La misérable conduite de tous ces gens-là, mieux vaut la passer sous silence que d'en parler.

13. Laissons-les donc et venons-en, avec l'aide du Seigneur, à organiser la valeureuse espèce des cénobites.

Commentaire :

On peine à imaginer le monde monastique qui sous-tend la description de ce chapitre sur les espèces de moines. L'évocation, haute en couleur qu'en fait la RM, et que Benoit volontairement abrège, laisse supposer que la vie monastique pouvait être assez répandue sous la forme de petits monastères ou d'ermitages dispersés. Les gyrovagues pouvaient alors passer de monastère en monastère, et profiter de l'hospitalité qu'on ne pouvait leur refuser au nom de la charité (RM !, 18). La description faite ici pourrait faire penser aux passagers que nous accueillons régulièrement. Certes les passagers ne prétendent pas être des moines, mais cependant quelques-uns vivent leur route comme une forme de pèlerinage.

Ce constat peut nous aider à ne pas trop vite regarder de haut ces hommes à l'allure peu attrayante. Certains peuvent vivre une expérience spirituelle d'abandon à la Providence de Dieu. En tout cas, tous, ils arrivent chez nous avec le poids d'une histoire qui les a humiliés et conduits là où ils n'auraient pas voulu aller de prime abord. Sur la route, l'aventure, l'inconnu et l'incertitude du lendemain, sont désormais leur pain quotidien. Ils deviennent ainsi des figures de notre humanité en marche, dans sa précarité foncière. Pèlerins d'humanité... Et si là se trouvait le point commun entre ces hommes qui passent et les moines que nous sommes, qui restent et qui les accueillent ? Avec eux, nous voudrions être des pèlerins, des hommes jamais installés. Si nous faisons le choix de la stabilité, ce n'est pa pour nous installer, mais pour nous laisser creuser. ce n'est pas pour nous assurer par nous-mêmes, mais pour nous enraciner dans le Christ. Là où les passagers vivent une quête mystérieuse, subie pour la plupart, assumée pour quelques-uns, nous les moines faisons le choix d'être là tous ensembles, en un même lieu ... La« valeureuse espèce des cénobites». Nous voulons assumer le labeur de l'enracinement dans le Christ et dans sa charité, au gré d'un quotidien porté et cherché ensemble. Garder une âme de pèlerin. peut nous aider à demeurer légers, non encombrés de choses ou de vaines exigences. Garder une âme de pèlerin, c'est ne jamais perdre de vue le but : être tout entier au Christ, et tout donné à nos frères. Sur de tels fondements, notre cœur se dilate et la demeure du Royaume se construit. Quand nous voyons des passagers, sachons leur offrir un sourire ou un geste amical. lis sont nos frères en humanité. Sachons recueillir simplement de leur présence, le témoignage de ce que nous voudrions nous aussi être au cœur de notre stabilité, des pèlerins jamais installés.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 06-09 Des espèces de moines écrit le 13 juillet 2019
Verset(s) :

6. La troisième et détestable espèce de moines est celle des sarabaïtes. Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de l'expérience, comme l'or dans la fournaise, mais ils sont devenus mous comme du plomb.

7. Par leurs œuvres, ils restent encore fidèles au siècle, et on les voit mentir à Dieu par leur tonsure.

8. A deux ou trois, voire seuls, sans pasteur, enfermés non dans les bergeries du Seigneur, mais dans les leurs, ils ont pour loi la volonté de leurs désirs.

9. Tout ce qu'ils pensent et décident, ils le déclarent saint ; ce qu'ils ne veulent pas, ils pensent que c'est interdit.

Commentaire :

« Aucune règle ne les a éprouvés, grâce aux leçons de/ 'expérience, comme l'or dans la fournaise» ... Toutes les règles, mais aussi nos Constitutions, sont le fruit d'une expérience de vie. St Benoit lui-même a écrit sa règle en reprenant les meilleures expériences de ses prédécesseurs dans la vie monastique. En plusieurs passages, cette expérience vécue affleure.

De celle-ci, la règle retient et propose une sagesse de vie, empreinte de prudence et de bon sens. Que ron pense à la mesure de la nourriture qui prévoit deux plats au cas l'on ne pourrait prendre du l" (RB 39) ou à la manière de prévoir des aides pour la cuisine des hôtes afin d'éviter le

murmure (RB 53) ou encore à l'accueil très réservé des prêtres afin d'éprouver leur humilité (RB 62)... La règle sous laquelle nous voulons vivre est avant tout une maitresse de vie pour nous conduire à la vraie vie en Christ. Cette vie est à la fois toujours nouvelle et très ancienne... Toujours nouvelle parce que chacun et tous ensemble, nous lui donnons un visage unique, notre visage individuel et notre visage communautaire d'aujourd'hui. L'Esprit Saint y est à l' œuvre pour faire du neuf. Très ancienne en même temps, car la vie monastique nous enracine dans l'expérience humaine du Christ, devenue expérience commune à tous les disciples de siècles en siècles. Expérience de mort et de résurrection, de don de soi et de renouvellement, d'humilité et de charité. C'est en vertu de cette expérience commune que nous pouvons lire avec profit les expériences de ceux qui nous ont précédés, et que nous pouvons nous mettre sous la règle d'un homme du 6°s... Il s'agit d'apprendre à tirer de ce trésor du neuf et de l'ancien.

Le sarabaïte qui sommeille toujours en nous, ne désire pas être éprouvé par une règle. Il pense accéder à la nouveauté en Christ, sans prendre le patient temps, de s'enraciner dans les expériences de multitudes de disciples qui nous précèdent. JI rêve de faire l'économie du travail intérieur de mort avec le Christ pour ressusciter avec Lui. Il oublie que son humus, sa propre terre est en partie sauvage. Elle n'est pas d'emblée accordée à la liberté apportée par le Christ. Il lui faut être travaillée, labourée au moyen des outils éprouvés. que sont les coutumes, les paroles de sagesse, les exemples des anciens. A cette condition seulement, elle portera du fruit, avec la grâce d'une pluie abondante. « Que passe la charrue sur nos landes rebelles, sur nos terres en friches ! La Parole ira s'y planter, promesse pour le pauvre et pauvreté offerte au riche ».

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 03-05 Des espèces de moines écrit le 10 juillet 2019
Verset(s) :

3. Ensuite la seconde espèce est celle des anachorètes, autrement dit, des ermites. Ce n'est pas dans la ferveur récente de la vie religieuse, mais dans l'épreuve prolongée d'un monastère

4. qu'ils ont appris à combattre le diable, instruits qu'ils sont désormais grâce à l'aide de plusieurs,

5. et bien armés dans les lignes de leurs frères pour le combat singulier du désert, ils sont désormais capables de combattre avec assurance les vices de la chair et des pensées, sans le secours d'autrui, par leur seule main et leur seul bras, avec l'aide de Dieu.

Commentaire :

Les vocations s'éclairent l'une l'autre. Ainsi en va-t-il particulièrement entre les moines cénobites et les moines ermites. Il est vain et presque ridicule de vouloir établir une échelle de valeur entre la vie cénobitique et la vie érémitique, comme il est tout aussi oiseux de chercher une supériorité de la vie religieuse sur la vie conjugale.

Comment la vie érémitique peut-elle éclairer, mais aussi stimuler notre propre vie cénobitique? Même si nous ne connaissons plus aujourd'hui de moines ermites, les exemples laissés par un f. Marcel ou un f. Adalbet1 restent dans la mémoire d'un bon nombre... Les ermites rappellent aux cénobites le primat de la recherche de Dieu parce qu'il est Dieu. « Vivre

à Dieu seul», «n'avoir rien de plus cher que le Christ» trouve une expression radicale dans

la solitude et la prière incessante. Tous les moyens sont alors pris, toutes les énergies sont rassemblées pour favoriser la« vie en présence de Dieu». Une sorte d'idéal qui habite le cœur de beaucoup d'hommes et de femmes, peut-être tout simplement parce que nous sentons que telle est notre destinée ultime pour l'éternité. Les ermites inscrivent déjà dans leur chair et dans notre histoire humaine concrète cette quête et ce désir de Dieu. Nous pouvons vraiment nous en réjouir. Ce signe de la radicalité pour Dieu peut interpeller beaucoup de nos contemporains.

Un second aspect peut nous stimuler. St Benoit dit que « instruits ...grâce à l'aide de plusieurs, et bien armés dans les lignes de leurs frères pour le combat singulier du désert, ils sont désormais capable de combattre avec assurance les vices de la chair et des pensées, sans le secours d'autrui ...avec l'aide de Dieu l). En d'autres termes, les ermites peuvent nous entrainer à leur suite, à vraiment prendre notre vie en main. L'ermite doit apprendre à vivre avec lui-même en vérité. La solitude lui présente sans cesse une sorte de miroir de son être intérieur et le silence une caisse de résonance de ses pensées. Il ne peut se fuir lui-même, à moins de manquer l'authenticité de son expérience. En ce sens, il nous rappelle à la vigilance pour ne pas esquiver nos difficultés, afin de devenir toujours plus adulte dans la foi et la charité.

Le Christ est à nos côtés pour mener avec nous, en nous le combat de la fidélité intérieure et de charité persévérante. Qu'il vienne fortifier en nous l'être intérieur, le moine donné dans sa quête de Dieu et de sa Paix.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 01, v 01-02 Des espèces de moines écrit le 09 juillet 2019
Verset(s) :

1. Il est clair qu'il existe quatre espèces de moines.

2. La première est celle des cénobites, c'est-à-dire vivant en monastères ; ils servent sous une règle et un abbé.

Commentaire :

Dimanche, je saluai les grands parents de f. Joseph, venant pour la première fois au monastère. Sous forme de boutade, à eux qui découvraient la maison, je leur disais en parlant de f. Joseph: « quelle drôle d'idée d'entrer dans un monastère!?»

Oui, quelle drôle d'idée de choisir de vivre dans un monastère, sous une règle et un abbé!? A notre époque où l'on est tellement jaloux de son autonomie et de la liberté de ses mouvements, quel sens donner à ce choix ? Souvent lorsque nous rencontrons des hôtes, nous sommes sollicités de rendre compte de notre engagement. Cet exercice devant témoin est une chance car elle nous entraine à mettre des mots sur ce que nous vivons et accueillons pour nous­ mêmes comme un mystère. C'est le mystère de notre appel. Le Christ nous a saisis, sa Parole nous a touchés, son Esprit nous a poussés ou tirés, de telle façon à nous mettre en route. Moment ou période privilégiée de grâce qu'il nous faut sans cesse garder en mémoire.... Un passage vécu comme une libération ou comme une promesse de transformation, à l'instar du passage de la Mer Rouge, pour passer d'un style de vie à un autre.

Promesse de transformation... Notre vie aux côtés de frères, non d'amis comme nous le disions samedi, sous une règle et un abbé, va être le lieu de cette transformation. Là, le Christ nous offre une expression concrète de son appel. Là, dans ce cadre, il ne cesse jour après jour de nous appeler à nous laisser transformer. Nous arrivons tous comme une œuvre brute, inachevée. Heureux sommes-nous si nous sommes malléables comme la glaise dans les mains du potier. Mais la souplesse dont il s'agit est celle du cœur. Si elle est formelle ou seulement de façade, elle ne durera pas longtemps. Le monastère n'est pas une caserne où il faut appliquer un règlement. La règle de St Benoit que nous désirons vivre, et non pas subir, est une école de transformation. Elle s'offre comme un auxiliaire précieux pour mettre en lumière mes résistances, mes points obscurs, ces parts intérieures qui sont fermées. Heureux sommes-nous si nous sommes capables de les regarder en face... De pouvoir dire merci à un frère qui me fait une remarque, de pouvoir reconnaitre un écart par rapport à l'horaire ou aux exercices proposés ... Car alors, nos lieux de résistances s'assouplissent, nous devenons moins aveugles vis-à-vis de nous-mêmes ... Heureux sommes-nous de découvrir alors un autre visage de nous­ mêmes, plus lumineux, plus libre parce que plus humble, sans prétention... La bonté du Christ nous entraine là... Réjouissons-nous et rendons grâce d'y être conduits jour après jour.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 45-50 Prologue écrit le 27 juin 2019
Verset(s) :

45. Il nous faut donc instituer une école pour le service du Seigneur.

46. En l'organisant, nous espérons n'instituer rien de pénible, rien d'accablant.

47. Si toutefois une raison d'équité commandait d'y introduire quelque chose d'un peu strict, en vue d'amender les vices et de conserver la charité,

48. ne te laisse pas aussitôt troubler par la crainte et ne t'enfuis pas loin de la voie du salut, qui ne peut être qu'étroite au début.

49. Mais en avançant dans la vie religieuse et la foi, « le cœur se dilate et l'on court sur la voie des commandements » de Dieu avec une douceur d'amour inexprimable.

50. Ainsi, n'abandonnant jamais ce maître, persévérant au monastère dans son enseignement jusqu'à la mort, nous partagerons les souffrances du Christ par la patience, afin de mériter de prendre place en son royaume. Amen.

Commentaire :

Au début de son ministère, le Christ a appelé ses premiers compagnons. Il les a entrainés à devenir ses disciples, à se mettre à son école et à prendre son joug. A la suite St Benoit, le Christ ne nous propose rien d'autre, à nous aussi, sinon de nous mettre à son école, en prenant le joug de la règle. Durant trois ans, Jésus a enseigné ses disciples par sa parole, tantôt proclamée au milieu des foules, tantôt partagée dans l'intimité. Il a parlé du Royaume et de son Père, de la manière de vivre en fils de Dieu. Dans l'école monastique, Jésus continue de s'adresser à nous, dans la liturgie et la lectio divina. Chaque jour, il s'invite dans nos assemblées aussi bien que dans le secret de la cellule. Sur les routes de Palestine, Jésus a rencontré des personnes, il les a soulagés par un mot, un geste ou un regard. Les disciples l'ont secondé pour apprendre à devenir à sa suite des instruments de son Salut. Dans l'atelier du cloitre, si nous accueillons vraiment la parole de Jésus, nous faisons l'expérience de son salut à l'œuvre dans notre vie. Il nous relève et nous guérit peu à peu dans le combat de la vie fraternelle, celui dans lequel on se frotte comme celui dans lequel on se soutient. Peu à peu, au gré de son ministère, Jésus a introduit ses disciples dans le mystère de sa passion à venir. Il les a conduits jusqu'au seuil sans pouvoir aller plus loin. Il est resté seul dans la souffrance sous le regard de son Père. St Benoit exhorte les moines à ne pas abandonner le maitre, à persévérer jusqu'à la mort, en partageant ainsi ses souffrances par la patience. Sommes-nous meilleurs que les disciples qui ont déserté la croix? Non, aussi l'école monastique nous propose-t-elle, non pas d'aller au martyr, mais de consentir avec patience, à la vie et aux épreuves qu'elle comportera toujours. La patience agit efficacement dans tous les âges de la vie, celui de la jeunesse invitée à se mettre à l'écoute sans brûler les étapes, de l'âge mûr qui tire les plus jeunes et porte les plus anciens, de la vieillesse qui apprend à supporter ses limites et ses infirn1ités sans aigreur... La patience avec soi-même, la patience entre frères... voilà notre chemin de croix avec Jésus, pour devenir avec Lui instrument de son salut... « Devenez mes disciples, car fe suis doux et humble de cœur », disait Jésus pour encourager ceux qui étaient hésitants et craintifs... les assurant de sa proximité indéfectible. Plus on avance dans l'école monastique, nous affirme St Benoit, plus le cœur se dilate et plus on court sur la voie des commandements ... La prière de la litanie du Sacré Cœur que nous chanterons ce Vendredi, nous fera demander : « Jésus, doux et humble de cœur, rend noire cœur semblable au tien... » Jésus ne désire-t-il pas autre chose pour nous, dans l'école monastique?

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 35-44 Prologue écrit le 26 juin 2019
Verset(s) :

35. Achevant ainsi son discours, le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par des actes aux saints enseignements qu'il vient de nous donner.

36. Voilà pourquoi les jours de cette vie nous sont accordés comme un sursis en vue de l'amendement de notre mauvaise conduite,

37. selon le mot de l'Apôtre : « Ne sais-tu pas que la patience de Dieu te conduit à la pénitence ? »

38. Car le Seigneur dit, dans sa bonté : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. »

39. Nous avons donc interrogé le Seigneur, frères, au sujet de celui qui habitera dans sa demeure, et nous avons entendu le précepte donné pour y habiter, mais pourvu que nous remplissions les devoirs incombant à l'habitant.

40. Il nous faut donc tenir nos cœurs et nos corps prêts à servir sous la sainte obéissance due aux préceptes.

41. Et pour ce que la nature en nous trouve impossible, prions le Seigneur d'ordonner au secours de sa grâce de nous l'accorder.

42. Et si, fuyant les châtiments de la géhenne, nous voulons parvenir à la vie perpétuelle,

43. tandis qu'il en est encore temps et que nous sommes en ce corps et qu'il reste le temps d'exécuter tout cela à la lumière de cette vie,

44. il nous faut à présent courir et accomplir ce qui nous profitera pour toujours.

Commentaire :

« Tandis qu'il est encore temps».... On peut entendre dans ces lignes une réelle presse. ..celle occasionnée par la prise en compte de la brièveté de la vie au regard de l' éte rnité... Qu'est-ce que notre vie présente face à la vie éternelle? Cette question me saisit parfois et me donne le vertige. Le temps ne nous attend pas, il fuit et nous entraine inexorablement vers la mort. Comment vivre cette prise de conscience qui pourrait faire paniquer ou bien conduire au nihilisme sans être tétanisé ou sidéré ? St Benoit offre son regard de foi et d'espérance qui, loin de tétaniser, fait courir... En considérant la brièveté du temps, il conclue : « il nous faut à présent courir et accomplir ce qui nous profitera pour toujours»...

Courir vers le Royaume ou courir contre la mort ? Telle peut être l' alte rnative qui est posée devant nous. .. Courir contre la mort, comme les coureurs courent contre la montre, c' est­ à-dire contre le temps, afin de parcourir dans un minimum de temps une distance limitée.... N' est-ce pas cette course dans laquelle nous voyons beaucoup de gens s' engouffrer ? N' est-ce pas aussi cette course dans laquelle nous nous surprenons nous aussi parfois ? Courir contre le temps, afin de faire le plus possible de choses, et de ne pas perdre un seconde, voilà la course sur laquelle nous pensons encore avoir prise... C' est cette course effrénée qui faisait dire au Dalaï Lama : « les gens en occident passent une grande partie de leur temps lorsqu'ils sont en bonne santé, à courir pour gagner le maximum d'argent et l'autre partie de leur vie à dépenser leur argent pour essayer de guérir leur santé délabrée.... Est-ce cette course-là que St Benoit nous enseigne à vivre? Lui s'intéresse davantage à la qualité de ce que nous vivons qu'à la quantité des choses à réaliser. Il s ' agit de répondre à un appel à la conversion de la part du Seigneur « qui ne veut pas la mort du pécheur mais qu 'il vive». Le Seigneur ne nous demande pas d' abattre le maximum de travail, mais de nous laisser travailler par lui. Il attend que nous nous mettions vraiment à sa disposition pour faire sa volonté et non pas la nôtre. Ici frères, il nous faut être vigilant sur la manière avec laquelle nous travaillons et vivons. Vivons-nous et travaillons-nous dans la seule obsession de chercher à grappiller des minutes ? Ou bien vivons ­ nous en habitant le temps paisiblement parce que ce temps est pour Dieu et pour les frères? D' un côté je ne cesse de courir d' une chose à l'autre etje suis toujours sous pression. De l'autre, je vis les choses avec souplesse sans crainte d'être bousculé, dans la confiance que le Seigneur donne toute chose et qu'il fait tout contribuer au bien de ceux qui l'aiment. .. Seigneur, fais grandir ma fo i, et aide-moi à faire de la cloche un allié pour rythmer le temps reçu de toi, et non un ennemi qui vient perturber « mon » temps.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 22-34 Prologue écrit le 25 juin 2019
Verset(s) :

22. Si nous voulons habiter dans la demeure de ce royaume, on ne saurait y parvenir, à moins d'y courir par de bonnes actions.

23. Mais interrogeons le Seigneur avec le prophète, en lui disant : « ;Seigneur, qui habitera dans ta demeure, et qui reposera sur ta montagne sainte ? »

24. Cette question posée, frères, écoutons le Seigneur nous répondre et nous montrer le chemin de cette demeure,

25. en disant : « C'est celui qui marche sans se souiller et accomplit ce qui est juste ;

26. qui dit la vérité dans son cœur, qui n'a pas commis de tromperie par sa langue ;

27. qui n'a pas fait de mal à son prochain ;; qui n'a pas laissé l'injure atteindre son prochain ;» ;;

28. qui, lorsque le malin, le diable, lui suggérait quelque chose, l'a repoussé loin des regards de son cœur, lui et sa suggestion, l'a réduit à néant, et s'emparant de ses petits – les pensées qu'il lui inspirait – les a écrasés contre le Christ.

29. Ce sont ceux-là qui, craignant le Seigneur, ne s'enorgueillissent pas de leur bonne observance, mais qui, estimant que ce qui est bon en eux ne peut être leur propre œuvre, mais celle du Seigneur,

30. magnifient le Seigneur qui opère en eux, en disant avec le prophète : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rends gloire ! »,

31. de même que l'Apôtre Paul, lui non plus, ne s'attribuait rien de sa prédication et disait : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. »

32. Et il dit encore : « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. »

33. De là aussi la parole du Seigneur dans l'Évangile : « Celui qui écoute ce que je viens de dire et le met en pratique, je le comparerai à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre.

34. Les eaux sont venues, les vents ont soufflé et ont heurté cette maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était fondée sur la pierre. ;»

Commentaire :

Dans ce long passage tissé de citations bibliques se fait jour un beau paradoxe plein d'enseignements. Au début de son discours, St Benoit cherche à repérer dans !'Ecriture, principalement dans le Ps 14, ce qui va permettre de se préparer pour être digne d'habiter dans la demeure du Royaume de Dieu. Et à la fin, avec la citation évangélique qui conclue le discours sur la montagne, il suggère que mettre en pratique les commandements du Seigneur permet de bâtir dès ici-bas une maison solide, fondée sur la pierre, sur le roc... Tout se passe comme si le moine tendu vers le Royaume, par tout son agir, contribue dès maintenant à se bâtir une demeure qui résiste à toutes les tempêtes. Le moine semble tourné vers le ciel, et dans le même temps il s'établit solidement sur cette terre. Etonnant paradoxe! Mais le paradoxe n'est qu'apparent. Et deux enseignements peuvent se dégager pour nous. Le premier, comme on l'a déjà rencontré, est que la vie éternelle dans le Royaume commence dès cette terre, par notre adhésion de foi et par notre vie qui veut devenir toujours plus confonne à l'Evangile. Notre quête de vérité (il dit la vérité selon cœur) et notre vie de charité (il ne fait pas de mal à son prochain) inaugurent déjà le Royaume. Elles font signe que notre vie présente est porteuse de plus grand qu'elle-même. Et le second enseignement est que tendre vers le Royaume, apprendre à tourner nos regards vers la vie à venir, nous conduit à développer des ici-bas une vie bonne et une solidité pour affronter les difficultés. Ce second point est important dans notre contexte actuel qui peut nous entrainer à ne considérer ce monde qu'en sa réalité intrarnondaine, sans autre horizon qui lui­ même. Nous chantions hier pour la St Jean Baptiste ; « plus libre que les rois, tu contestes ce monde sans infini». Comme moine, à la suite de Jean Baptiste, nous faisons le choix d'une vie qui veut toujours laisser ouverte la brèche sur la vie à venir. Nos veilles nocturnes, notre vie de prière ainsi que notre vie commune nous entrainent à vivre en faisant de l'horizon de la vie future, un horizon normal et heureux. On pourrait alors craindre de devenir déconnectés, de sotiir du réel. .. St Benoit nous rassure ce matin. Tendu en vérité et dans la charité vers la demeure d'en-haut, nous contribuons à bâtir quelque chose de solide sur cette terre. Car cette solidité ne provient pas de nos seuls efforts. Elle est un don de la grâce qui irrigue nos activités humaines de l'intérieur. La justice du Royaume que nous recherchons porte en elle de puissantes énergies de justice et de charité qui transforment nos vies très efficacement. Cherchons donc sans crainte la justice du Royaume, elle fleurira dès maintenant en justice pour cette terre.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 14-21 Prologue écrit le 21 juin 2019
Verset(s) :

14. Et se cherchant un ouvrier dans la foule du peuple, à laquelle il lance cet appel, le Seigneur dit de nouveau :

15. « Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? »

16. Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit :

17. « Si tu veux avoir la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne prononcent point la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la.

18. Et quand vous aurez fait cela, j'aurai les yeux sur vous et je prêterai l'oreille à vos prières, et avant que nous m'invoquiez, je dirai : me voici ! »

19. Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite, frères bien aimés ?

20. Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous montre le chemin de la vie.

21. Ceignant donc nos reins de la foi et de l'accomplissement des bonnes actions, avançons sur ses voies, sous la conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés à son royaume.

Commentaire :

« Se cherchant un ouvrier,,. Ce terme d'ouvrier est étonnant pour qualifier celui auquel s'adresse l'appel du Seigneur. On le trouve deux autres fois dans la règle au chapitre sur l'humilité. Le moine humble se reconnait comme un mauvais et indigne ouvrier (7, 49). Et en finaL on conclue : « cet état (de/ 'humilité), daigne le Seigneur le.faire apparaitre par le Saint Esprit, dans son ouvrier purifié de ses vices el de ses péchés» ... Ces utilisations du tenne

«ouvrier» (operarius) indiquent bien à quel type de travail le moine appelé est embauché à« l 'humi/ité », ou encore selon le passage entendu ce matin, « à interdire à sa langue le mal, éviter le mal, chercher la paix » ... Voilà le travail à accomplir dans le but d'être heureux et de voir le bonheur dans le Royaume qui sera le salaire, la récompense promise.

On sait que St Benoit a synthétisé l'enseignement de la Règle du Maitre sur le baptême, pour n'en retenir, en guise de prologue, que la dernière pmtie sur la pratique de la vie chrétienne. Le moine ouvrier, ainsi appelé, est fondamentalement un baptisé qui va mettre en œuvre son baptême, comme nous l'a rappelé f. Michael Davide. Dire ceci, loin de banaliser notre vie monastique, ou d'introduire de la confusion, permet d'une part de l'enraciner dans la vocation chrétienne, qui est une vocation au bonheur et d'autre part d'en faire ressortir les moyens propres de cette vocation tels qu'ils seront ensuite précisés dans la règle. Le moine est un ouvrier parmi la multitude des autres ouvriers appelés par le Seigneur désireux de partager son bonheur de Dieu. Comme pour tous les baptisés, son travail est double. Il est inséparablement travail sur soi, pour la vérité, la justice et la paix, et inséparablement travail avec d'autres pour que la vie du Royaume soit propagée et diffusée. Dans cette oeuvre, chaque chrétien apporte sa pierre propre. Quelle est la particularité du moine ? Comme le suggère Benoit, il est un ouvrier uni à ses frères qui mettra toute son application, à travailler sur son propre cœur, dans la persévérance, la conversion des mœurs et l'obéissance. Sur le bateau de l'Eglise, le moine veille dans la prière et la charité fraternelle. Ce primat de la veille gratuite pour le Royaume fait signe à tous que la vie présente se reçoit de Dieu et qu'elle n'a pas sa fin en elle-même. Réjouissons-nous d'être ainsi à la fois enracinés avec tous dans un même baptême, et comme tous les baptisés de pouvoir être un signe pour les autres, comme ceux-ci (mariés, prêtres, autres consacrés) font signe de la richesse de la grâce du Christ pour son Eglise et pour le monde.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00, v 08-13 Prologue écrit le 20 juin 2019
Verset(s) :

8. Levons-nous donc enfin, puisque l'Écriture nous éveille en nous disant : « L'heure est venue de nous lever du sommeil »,

9. et les yeux ouverts à la lumière de Dieu, écoutons d'une oreille attentive ce que la voix divine nous remontre par ses appels quotidiens :

10. « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs ;» ;;

11. et encore : « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises. »

12. Et que dit-il ? « Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur.

13. Courez, pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous atteignent. »

Commentaire :

« Ecoutons d'une oreille attentive ce que la voix divine nous remontre par ses appels quotidiens» ... Les appels quotidiens ... Quand nous pensons appel de Dieu, comme je le disais avant-hier, on pense spontanément à l'appel qui a décidé de notre entrée au monastère ... ce tournant de notre vie. Ici Benoit parle d'appels quotidiens au pluriel. Dès lors, il vise la manière avec laquelle Dieu nous fait signe au long des journées, principalement à travers la Parole entendue dans la liturgie ou ruminée dans la lectio, comme le suggère les citations faites en appui de sa conviction. Dieu nous fait signe au cours de nos journées, il nous adresse la Parole... Comment demeurer à l'écoute au long des jours ? Comment garder une conscience vive de la Présence de Dieu? Quelle place lui faisons-nous? C'est notre labeur de moine, le labeur intérieur que notre cadre de vie voudrait favoriser. Plus qu'un commandement, « il faut faire ceci ou faire cela », nous pouvons entendre dans cette recommandation de Benoit, le désir de notre Dieu de vivre une relation vraiment vivante avec nous. Non seulement il la désire, mais il nous en croit capable. Il nous croit capable de nouer avec lui une intimité, intimité qui sera unique pour chacun. Eveillé un jour par l'appel décisif, notre cœur a perçu combien cette relation avec notre Dieu, avec le Christ, était bonne et profondément heureuse. « Choisir le silence pour saisir la Parole, pour être ce disciple aux aguets d'un mot, d'un ordre» selon les mots de l'hymne de la St Benoit. C'est le mystère profond de notre vie monastique: laisser cette relation avec notre Dieu devenir une relation toujours plus vivante, toujours plus personnelle. En ce sens, notre vie monastique est un appel continuel à prêter notre oreille pour nourrir cette relation, et accueillir la voix de notre Père, et de son Fils notre Seigneur et notre frère. Les appels quotidiens que nous pouvons entendre viennent nous réveiller si nous nous laissons endormir par nos activités. Ils viennent nous secouer lorsque nous sommes las ou paresseux pour venir à l'église ou bien nous mettre à faire lectio,. Ils viennent nous saisir pour aller plus loin dans l'amour fraternel. Ces appels quotidiens, perçus au gré de la liturgie comme des rencontres, sont notre chance : ils veulent nous rendre plus larges dans notre capacité à aimer. La tentation serait de nous contenter d'un traintrain... Ces appels nous révèlent que le Seigneur a plus d'ambition pour nous, pour notre communauté et pour notre Eglise. Son amour suscite en chacun une ouverture, un élan à la mesure de son propre Esprit. .. Une vie plus large et plus pleine nous attend devant nous... N'ayons pas peur...