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1. Un frère qui est envoyé pour une commission quelconque et dont on attend le retour au monastère ce jour-là, ne se permettra pas de manger au dehors, même s'il y est invité tout à fait instamment par quiconque,
2. sauf si son abbé lui en a donné l'ordre.
3. S'il fait autrement, il sera excommunié.
Ce petit chapitre nous fait bien sentir une tension inhérente à notre vie monastique dans son rapport avec les personnes extérieures. Nous ne sommes pas coupés du monde et des relations qu'il nous est donné de vivre. Et en même temps, nous ne vivons pas comme les autres personnes qui vont et viennent s'invitant réciproquement. Dans cette tension, le repas est un lieu sensible, presqu'emblématique. Faut-il accepter lorsqu'on est invité ? Faut-il décliner l'invitation ? St Benoit donne comme critère pour discerner la relation de clarté avec l'abbé, autrement dit le lien avec la communauté.
Ce critère de discernement montre bien que derrière la question d'accepter ou non de prendre un repas ou une invitation à prendre quelque chose à l'extérieur, se trouve la compréhension que nous avons de notre lien avec la communauté, et finalement de notre identité monastique. A travers le repas, se vit toujours la manifestation d'un lien de communion qui s'établit naturellement entre les convives. Manger ensemble créer un lien familial, amical ou fraternel qui nous engage plus que nous ne pouvons le dire ou l'exprimer. Nous assimilons une nourriture commune qui nous assimile les uns aux autres. Assimiler au double sens d'intégrer de faire corps et aussi de ressembler à. Ainsi de jour en jour, manger ensemble, partager le repas de la communauté, fait bien plus que nourrir nos corps individuels. Cela nous créé comme corps communautaire. D'où la prise au sérieux des rites du début et de la fin des repas, ou encore de la manière de manger et de nous servir. A la table monastique, qui fait le pendant à la table eucharistique, nous recevons et nous nous donnons mutuellement notre identité de frère Nous nous reconnaissons frère, dépendants les uns des autres, mais aussi serviteurs les uns des autres. Ensemble nous partageons le même pain, parce que nous partageons la même identité de chercheurs de Dieu ce que met bien en évidence l'écoute d'une lecture qui nous tient toujours en alerte, en quête. Notre table commune est finalement au service d'un unique désir commun : celui de grandir ensemble sous le regard de Dieu, comme des fils, comme des frères. C'est tout cela qui se joue dans notre manger ensemble. Du coup, on comprend aisément combien les repas pris par l'un ou l'autre à l'extérieur au cours d'une visite ne peuvent avoir qu'un caractère exceptionnel. Car le lien créé alors, tout noble et beau qu' il soit, n ' est qui nous constitue, nous façonne et dont nous avons besoin pour demeurer dans la recherche de Dieu. Ces exceptions, seront d'autant plus heureuses qu'elles sont vécues en communion avec l'abbé et la communauté. Elles apportent alors une joie qui vient nourrir autrement notre quête de Dieu.
1. Les frères qui sont au travail tout à fait loin et qui ne peuvent se rendre à l'oratoire à l'heure voulue, –
2. et l'abbé estime qu'il en est bien ainsi, –
3. célébreront l'œuvre de Dieu sur place, là où ils travaillent, en fléchissant les genoux avec crainte de Dieu.
4. De même ceux qui sont envoyés en voyage ne laisseront point passer les heures prescrites, mais les célébreront de leur côté comme ils pourront, et ne négligeront pas de s'acquitter de cette prestation de leur service.
« Ils ne négligeront pas de s 'acquitter de cette prestation de leur service ». L'office, la prière régulière des heures est le service que le moine doit rendre à Dieu en tout temps. Le concile Vatican II a cette belle formule à propos de la vie du moine : « le principal office des moines est I 'humble et noble service de la divine Majesté » (PC 9), L'humble et noble service concerne en premier lieu la liturgie, qu'on soit à l'oratoire avec la communauté ou bien loin au travail ou en voyage.
Je voudrais m'arrêter sur cette expression étonnante qui présente la prière de l'office comme une « ».. -Cette expression est très à la mode aujourd'hui. Il existe des personnes ou des sociétés qui offrent des prestations de service, c'est-à-dire en fait qui vendent des services. Et dans nos sociétés modernes, ce sont des lieux importants de la vie économique et sociale. Dès lors, quelle prestation de service pour notre société offrons-nous à travers notre chant à l'office ? Dans le passé, il a pu y avoir des formes de vie monastique qui allaient dans ce sens : fondation de monastère dédié à la prière de telle famille par ex. Aujourd'hui, nous sommes heureux de retrouver le sens premier de cette prestation de service, selon St Benoit, pour qui notre prière liturgique est un service purement gratuit à la louange et la gloire de Dieu, au nom de l'Eglise et de toute l'humanité. Ce service, nous ne le vendons pas, nous l'offrons et nous ne cessons de l'offrir sans bien savoir ce que cela produit, et pour Dieu et pour nous, L'expression biblique « nous t 'offrons le sacrifice de nos lèvres » trouve ici toute sa force et son sens. Les mots, notre chant, l'attention patiente et persévérante qu'on y porte, voilà le sacrifice toujours offert, donné, sans rien en retenir. Il monte vers Dieu à la manière de l'encens, comme l'expression de notre amour filial, de notre foi. Service et sacrifice bien modeste puisqu'il n'a d'autre consistance que des sons et un désir qui les porte... Et pourtant, nous croyons que ce service plait à Dieu, s'il est vécu dans la cohérence d'une vie vécue dans la lumière et la justice. Et nous faisons l'expérience que Dieu n’est pas ingrat. En retour, il se donne en nous transformant par sa grâce. Notre cœur n'est plus tout à fait le même chaque fois qu'il s'arrête vraiment pour vivre ce temps gratuit pour Dieu. Peut-être est-il plus léger, plus aimant au gré de la régularité des heures célébrées, le jour et la nuit. Même s'il nous en coûte certains jours, s'il faut s'accrocher, quelque chose se passe, qu'on soit ici au monastère ou à l'extérieur. Rendons-grâce à Dieu.. .
1. Bien que la vie du moine doive garder en tout temps l'observance du carême,
2. cependant, comme il en est peu qui aient cette vertu, nous recommandons que pendant ces jours du carême on garde sa vie en toute pureté,
3. et que l'on efface en ces jours saints à la fois toutes les négligences des autres temps.
4. Nous y parviendrons en renonçant à tous les vices et en nous appliquant à l'oraison avec larmes, à la lecture et à la componction du cœur, ainsi qu'à l'abstinence.
5. Donc en ces jours ajoutons quelque chose aux prestations ordinaires de notre service : oraisons particulières, abstinence d'aliments et de boisson,
6. en sorte que chacun offre à Dieu, de son propre mouvement, avec la joie de l'Esprit-Saint, quelque chose en plus de la mesure qui lui est imposée,
7. c'est-à-dire qu'il retranche à son corps sur la nourriture, la boisson, le sommeil, la loquacité, la plaisanterie, et qu'il attende la sainte Pâque avec la joie du désir spirituel.
8. Cependant ce que chacun offre, il doit le proposer à son abbé et le faire avec l'oraison et l'agrément de celui-ci,
9. car ce qui se fait sans la permission du père spirituel sera mis au compte de la présomption et de la vaine gloire, non de la récompense.
10. Tout doit donc s’accomplir avec l’agrément de l’abbé.
Quand on achève le temps pascal, il peut paraitre étrange de commenter ce chapitre sur le carême ! Mais à l'approche de la Pentecôte, la mention de l'Esprit-Saint permet de faire un lien intéressant avec notre vie présente... sans compter que St Benoit dit « qu 'en tout temps, la vie du moine doive garder I 'observance du carême ».
« Dans la joie de l’Esprit Saint ! « Dans la joie du désir spirituel ». Rien d'étonnant que la joie soit associée à l'Esprit Saint... N'est-il pas le maitre de la joie ? Sans que l’on sache bien comment, nous pressentons qu'il est à l'origine de nos joies les plus profondes. Que ce soient les joies de communion dans la rencontre, les joies du pardon célébré dans le sacrement de la réconciliation ou échangé avec un frère, les qui éclairent une situation difficile qui aurait tout pour nous décourager et qui s'éclaire... Dans l'impossible de nos existences parfois chahutées par le péché, la souffrance ou la désespérance, il est là comme cette « patiente braise dans la cendre toujours prête à surprendre Au fond de nous, Il est là comme le sceau de l'Alliance que Dieu notre Père a voulu sceller avec notre humanité. Plus profond que nos ténèbres, il atteste à notre cœur que nous ne sommes pas seuls, mais profondément reliés à notre Dieu, car désormais fils avec et en Jésus, le Fils Bien Aimé. Il pousse notre cœur à l'audace de dire « Père » à notre Dieu.
En ces jours de neuvaine à l'Esprit, à travers les hymnes chantées à Sexte et à Vêpres, nous nous préparons à vivre le mémorial de sa venue à la Pentecôte, comme un accueil renouvelé de sa Présence à l'œuvre en nos vies. Car Lui, l'hôte si discret de nos vies, désire devenir toujours plus notre énergie et notre force au service de la volonté du Père. Apprendre à le reconnaitre en ses inspirations, en ses impulsions, non seulement nous évite de le contrister par nos résistances ou nos aveuglements, mais déploie en nous la vie et la joie. Notre désir aspire à devenir de plus en plus spirituel, c'est-à-dire mû par le Saint Esprit. Ce n'est pas peut-être pas un hasard si, dans la règle, la mention de cette joie du désir spirituel se manifeste en Carême. En ce temps, où nous faisons effort pour cadrer ou discipliner nos désirs spontanés, nous est donnée la grâce d'orienter notre désir vers Dieu et vers les autres. Notre désir se purifie de ses tendances égoïstes, souvent à courte vue. Le Saint Esprit qui l'habite davantage lui donne toute sa mesure.. . En ces jours, dans l'attente du don renouvelé de l'Esprit Saint, veillons écoutons pour le reconnaitre dans ses inclinations au bien, au don, à l'ouverture,.. là l'amour, à la joie...
14. Aux jours de carême, depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure, ils vaqueront à leurs lectures, et jusqu'à la fin de la dixième heure ils feront ce qui leur est assigné.
15. En ces jours de carême, chacun recevra un livre de la bibliothèque, qu'il devra lire à la suite et intégralement.
16. Ces livres doivent être distribués au début du carême.
17. Avant tout, bien sûr, il faut désigner un ou deux anciens qui circulent dans le monastère aux heures où les frères vaquent à la lecture.
18. Ils veilleront à ce qu'il ne se trouve pas de frère atteint d'acédie, qui vaque à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui non seulement se fait tort à lui-même, mais en outre distrait les autres.
19. Si l'on en trouve un, – à Dieu ne plaise, – on le réprimandera une fois, deux fois ;
20. s'il ne s'amende pas, il subira la réprimande de règle, de telle façon que les autres en conçoivent de la crainte.
21. Un frère n'entrera pas en rapport avec un autre frère à des heures qui ne conviennent pas.
22. Le dimanche, de même, tous vaqueront à la lecture, sauf ceux qui sont affectés à différents services.
23. Cependant si quelqu'un est négligent et paresseux au point de ne pas vouloir ou pouvoir apprendre ou lire, on lui assignera un ouvrage à faire, pour qu'il ne reste pas inoccupé.
24. Aux frères malades ou délicats on assignera un ouvrage ou métier approprié, de façon qu'ils ne soient pas oisifs et que la violence du travail ne les accable point ou ne les mette en fuite.
25. L'abbé doit avoir égard à leur faiblesse.
La fin de ce chapitre qui organise la répartition des temps de travail manuel et de lecture durant l'année, donne une à la lecture. De toute évidence, s'arrêter pour lire les Ecritures, pour méditer et en apprendre par cœur des passages, est une activité, un travail qui ne va pas de soir St Benoit insiste pour dire que le livre reçu au Carême devra être lu intégralement. Il prévoit que des anciens circulent et veillent durant le temps de la lecture pour que personne, pris d'acédie ou d'ennui, ne perde son temps en bavardage. Finalement, il prévoit que le dimanche, on donne des activités manuelles à qui ne sait pas tirer profit du temps offert pour la lecture. Ces notations nous font bien sentir que l'exercice de la lectio divina, que l'on peut élargir à celui des études intellectuelles, est un exercice exigeant qui coûte. Sommes-nous plus habiles ou plus à l'aise dans cet exercice que nos frères moines du temps de St Benoit ? Que faisons-nous du temps offert pour la lectio et l'étude chaque matin avant la messe ? Si c'est le cas, pourquoi nous en coûte-t-il parfois de nous asseoir pour lire les Ecritures, de les prier et de les étudier ? Il me semble que c'est parce qu'il s'agit d'un vrai travail. Nos frères qui doivent produire un travail intellectuel le savent. Lire, comprendre un auteur, une pensée. Pouvoir en rendre compte, ou faire un travail d'explicitation sur un sujet de théologie ou de philosophie, demande beaucoup d'énergie... Les neurones suent ! Le travail intellectuel, mais aussi la lecture spirituelle, ont cette particularité de demander un vrai engagement de toute la personne, avec la maitrise d'une méthode et d'une discipline. Et dans le même temps, ils requièrent de nous, une sorte de passivité. C'est peut-être plus vrai encore pour la lecture spirituelle et la lectio divina. En même temps que nous travaillons, nous sommes travaillés. Et le vrai travail est là : nous laisser travailler dans le travail intellectuel... comme dans la lectio divina et la prière. Car l'étude et la lectio divina ne visent pas tant à nous ou à acquérir des connaissances. Elles veulent nous rendre plus aptes à approcher la vérité et plus dociles à nous laisser toucher et transformer par la vérité de Dieu et de son dessein de salut.. . Il s'agit donc de nous rendre toujours plus disponible intérieurement, plus ouvert à la recherche de la Parole qui nous cherche. Aussi dans le temps du matin réservé à cela. Si le travail intellectuel occupe davantage les frères étudiants et professeurs, je crois que nous devons viser à consacrer à la lectio au moins une 1/2 heure chaque matin. Ce minimum, joint au temps de prière du soir après vêpres, est ce temps offert à l'œuvre de Dieu qui vient nous travailler à l'intime du cœur. Il est précieux entre tous. Plus on s'exercera, plus on le goûtera
1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.
2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :
3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.
4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.
5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.
6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.
7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,
8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.
9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.
10. Des Calendes d'octobre au début du carême, ils vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure.
11. À la deuxième heure, on célébrera tierce, et jusqu'à none tous travailleront à l'ouvrage qui leur est assigné.
12. Au premier signal de la neuvième heure, chacun quittera son ouvrage, et ils se tiendront prêts pour le moment où retentira le second signal.
13. Après le repas, ils vaqueront à leurs lectures ou aux psaumes.
Travail manuel et lecture : deux des trois pôles de la vie du moine avec la prière liturgique. Je voudrais m'arrêter ce matin sur le travail manuel.
Un constat général me frappe : toute notre vie humaine est travail. En effet, notre propre vie biologique est un incessant travail- de jour comme de nuit, fait de consommation de matière et de production d'énergie (les calories). Pour vivre et assurer sa survie notre corps mobilise en bonne part son dynamisme pour nourrir ses et faire fonctionner ainsi muscles et organes. Le travail de nos mains et de notre intelligence n'est finalement que le prolongement de ce travail corporel initial, commencé dès les premiers instants qui ont suivi « le travail de notre mère » nous mettant au monde. Par le travail qui contribue à nous procurer la nourriture et les autres biens dont nous avons besoin, notre vie est vivable. Plus encore, le travail nous permet de rendre cette terre habitable et de maitriser la nature dont les éléments nous dépassent largement. Longtemps perçu négativement du fait de sa pénibilité, le travail est aujourd'hui considéré comme un lieu essentiel d'humanisation. Notre vie monastique a suivi ces évolutions, Ainsi chez les premiers pères du désert, le travail pénible était une ascèse, le moine transformant la contrainte pénible en exercice spirituel. Ce chapitre 48 en offre un écho en exhortant les moines à ne pas être « fâchés » de « rentrer les récoltes ». Puis peu à peu, jusqu'à nos jours, le travail s'est organisé pour assurer le gagne-pain des communautés, mais aussi pour permettre une plus grande humanisation dans l'exercice des tâches, à travers l'attention aux personnes. Historiquement chez nous, à côtés des travaux de la vie de la maison qui demeurent assez stables. le travail plus lucratif, au départ essentiellement agricole, s'est diversifié pour se concentrer sur l'activité très technique de l'imprimerie et de I 'édition. Puis ces dernières années, ce sont les activités de service qui dominent. Nous avons suivi plus ou moins les grands mouvements de la société passant du travail majoritairement de type primaire (agricole) au secondaire (industriel), puis aujourd'hui au tertiaire (services). A l'heure où nous réfléchissons sur l'avenir de nos activités, il est bon d’écouter les recherches actuelles qui conduisent bon nombre à repenser un travail, devenu de plus en plus « hors sol » de fait de l'informatique et impulsant souvent un rythme trop harassant. Beaucoup cherchent à se reconnecter avec un rythme plus humain, un environnement avec des modes de collaboration qui privilégient les circuits courts. Les recherches dans le domaine de l'écologie qui visent à nous reconnecter avec la terre, avec notre propre rythme et notre environnement social ont certainement quelque chose à nous apprendre.
1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.
2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :
3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.
4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.
5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.
6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.
7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,
8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.
9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.
10. Des Calendes d'octobre au début du carême, ils vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure.
11. À la deuxième heure, on célébrera tierce, et jusqu'à none tous travailleront à l'ouvrage qui leur est assigné.
12. Au premier signal de la neuvième heure, chacun quittera son ouvrage, et ils se tiendront prêts pour le moment où retentira le second signal.
13. Après le repas, ils vaqueront à leurs lectures ou aux psaumes.
Travail manuel et lecture : deux des trois pôles de la vie du moine avec la prière liturgique. Je voudrais m'arrêter ce matin sur le travail manuel.
Un constat général me frappe : toute notre vie humaine est travail. En effet, notre propre vie biologique est un incessant travail- de jour comme de nuit, fait de consommation de matière et de production d'énergie (les calories). Pour vivre et assurer sa survie notre corps mobilise en bonne part son dynamisme pour nourrir ses et faire fonctionner ainsi muscles et organes. Le travail de nos mains et de notre intelligence n'est finalement que le prolongement de ce travail corporel initial, commencé dès les premiers instants qui ont suivi « le travail de notre mère » nous mettant au monde. Par le travail qui contribue à nous procurer la nourriture et les autres biens dont nous avons besoin, notre vie est vivable. Plus encore, le travail nous permet de rendre cette terre habitable et de maitriser la nature dont les éléments nous dépassent largement. Longtemps perçu négativement du fait de sa pénibilité, le travail est aujourd'hui considéré comme un lieu essentiel d'humanisation. Notre vie monastique a suivi ces évolutions, Ainsi chez les premiers pères du désert, le travail pénible était une ascèse, le moine transformant la contrainte pénible en exercice spirituel. Ce chapitre 48 en offre un écho en exhortant les moines à ne pas être « fâchés » de « rentrer les récoltes ». Puis peu à peu, jusqu'à nos jours, le travail s'est organisé pour assurer le gagne-pain des communautés, mais aussi pour permettre une plus grande humanisation dans l'exercice des tâches, à travers l'attention aux personnes. Historiquement chez nous, à côtés des travaux de la vie de la maison qui demeurent assez stables. le travail plus lucratif, au départ essentiellement agricole, s'est diversifié pour se concentrer sur l'activité très technique de l'imprimerie et de I 'édition. Puis ces dernières années, ce sont les activités de service qui dominent. Nous avons suivi plus ou moins les grands mouvements de la société passant du travail majoritairement de type primaire (agricole) au secondaire (industriel), puis aujourd'hui au tertiaire (services). A l'heure où nous réfléchissons sur l'avenir de nos activités, il est bon d’écouter les recherches actuelles qui conduisent bon nombre à repenser un travail, devenu de plus en plus « hors sol » de fait de l'informatique et impulsant souvent un rythme trop harassant. Beaucoup cherchent à se reconnecter avec un rythme plus humain, un environnement avec des modes de collaboration qui privilégient les circuits courts. Les recherches dans le domaine de l'écologie qui visent à nous reconnecter avec la terre, avec notre propre rythme et notre environnement social ont certainement quelque chose à nous apprendre.
1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.
2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.
3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.
4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.
Conseil d'hier poursuite de la réflexion sur les activités, encore en phase de débroussaillage.
Ce soir : rencontre claire chapitre à 19h45 (Libre-service à 19h00). On 'écoulera chacun sur les éoliennes. Comment chacun se situe sur le fond : ce qui I 'incline et le motive à refuser ou à accepter ce projet ? Partager nos motivations peut nous éclairer, Ensuite, comment chacun envisage de répondre pour la servitude du chemin ? et comment il envisage la manière de se prononcer, à l 'heure où on nous le demandera, de manière individuelle ou communautaire ? Cette rencontre veut être un temps d 'écoule communautaire non de décisions. Nous verrons ensuite comment on continue d 'avancer.
« Que tout s’accomplisse aux heures voulues ». St Benoit parle ici principalement des heures de l'office. Nous pouvons entendre l'importance qu'il attache à ce qu'on appelle aujourd'hui : « la vérité des heures L'insistance de Benoit pourrait faire penser au proverbe bien connu : « Avant l'heure, ce n 'est pas I 'heure, après l’heure ce n 'est plus l 'heure ». Chaque heure du jour porte une grâce propre dans le déploiement de la louange rendue à Dieu. Respecter cette heure et son caractère unique, c'est accepter d’entrer dans le grand mouvement de l'agir de Dieu qui porte sa création et qui la sauve. L’appel de la cloche nous convie heure après heure à. vivre et à intérioriser l'aujourd'hui de Dieu, le ici et maintenant de son agir en nous et par nous. Notre Dieu, l'Eternel qui conduit le temps, nous donne rendez-vous maintenant. Lui qui est Présence entière à Lui-même et à tout ce qui existe à chaque instant, il nous donne rendez-vous à intervalle régulier. C'est une grâce qui nous est faite de pouvoir nous arrêter, stopper nos activités pour converser avec Lui et nous remettre en sa présence. La grâce est d'y être appelé. Faire cet arrêt, nous rappelle que nous sommes dépendants de Lui, finalement mortels et ordonnés à la rencontre dans l'Au-delà. Notre temps est entre les mains de Dieu. Consentir à ce rendez-vous, c'est accueillir notre vocation à l'éternité. Comme nous le disons dans le site, « chaque temps de prière est un exercice d 'éternité ».
Parler ainsi peut paraitre loin de nos pensées habituelles lorsque nous venons à l'office. Une bonne part de notre travail intérieur consiste déjà simplement à être là à l'heure, et ensuite à être bien là dans ce qu'il y a à vivre. C’est déjà tout un labeur de suspendre nos activités et de s'en extraire. Mais lever un peu de regard vers Celui qui nous donne rendez-vous et nous attend, peut nous aider à prendre conscience de la richesse et de l’intensité du moment à vivre dans le temps, ce rendez-vous nous ouvre au m stère de l'éternité promise, en même temps qu'il illumine ce qu’on est en train de vivre, donnant « leur poids à nos jours, nos semaines ».
1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement
2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,
3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,
4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.
5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,
6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.
Et si nos manquements, des plus simples aux plus lourds étaient une chance sur notre chemin humain et spirituel ? Et si à travers eux- un rendez-vous nous était donné pour devenir plus nous-mêmes, plus humain et plus chrétien ? Simone Weil, la philosophe, a cette parole stimulante : « regarder chaque péché que j 'ai commis comme une faveur de Dieu. C 'est une faveur que l'imperfection essentielle qui est dissimulée au fond de moi se soit en partie manifestée à mes yeux, tel jour, à telle heure, dans telle circonstance » et poursuit-elle : « pour que je sois dans la vérité » (La pesanteur et la grâce, Plon, Paris 1948 p 64). Il est difficile de regarder en face nos faiblesses, notre péché, la part obscure tapie en nous qui nous échappe, qu'on ne maitrise pas. Nous préférons souvent l'occulter, faire comme si elle n'existait pas, plutôt que d'être simplement dans notre vérité de personne faillible, faible... C'est ce mouvement de dissimulation ou d'esquive plus ou moins inconscient que st Benoit met en lumière quand il invite à reconnaitre sur le champ une faute ou un manquement avec humilité. Afin de cesser de chercher toujours à se justifier et à discuter.
En effet, là réside notre chance : pouvoir reconnaitre une faute, un manquement et pouvoir exister sans masque devant les autres ou devant une personne pour les manquements plus personnels. Pouvoir enfin être soi en vérité. Car le juge le plus à craindre, ce ne sont pas les autres témoins de ma faiblesse, moi-même qui peine à voir remise en cause l'image idéale que je me forge de moi-même. La chance offerte par la mise à jour de mon péché, de ma faute ou de ma part obscure, c'est de pouvoir entrer peu à peu dans un chemin de réconciliation avec mon humanité blessée. Car le péché ou la part sombre qui surgit parfois n'est en rien l'essentiel de mon identité. Plus profond se trouve la part délicate, vierge de l’enfant créé à la ressemblance de Dieu et qui ne demande qu'à se déployer. M'aimer avec ma part de faiblesse, c'est me relier à la part plus profonde en moi. Et peu à peu, s’unifie ma vie en son histoire, ainsi qu'en toutes ses dimensions.
Mystérieux chemin d'unification et de connaissance de soi qui doit traverser patiemment les ténèbres... Chance pour nous moines d*être conviés à nous engager sur ce chemin qui dure toute la vie. Grâce surtout donnée par Dieu qui appelle chacun en ces profondeurs. Aussi comme des mendiants, tournons-nous vers notre Père des Cieux avec confiance et abandon, pour lui crier notre indigence et lui permettre de faire son œuvre de lumière et de vie en nous.
1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,
2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.
3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.
St Benoit attache une telle importance à l'office qu'il consacre un chapitre dans sa règle pour prévoir comment faire en cas de manquement ou d'erreurs durant l'office. La RM n'en fait pas mention. On retrouve l'accent prioritaire mis par Benoit qui place au début de sa règle le directoire de l'office, alors que la RM n'en traite qu'au milieu de sa règle.
En filigrane de ce chapitre qui veut aider les frères à se corriger- on peut donc entendre la question : comment honorer cette importance donnée à l'office, à la prière commune par Benoit dans la vie du moine ? Comment donner à notre prière sa pleine dimension, toute sa beauté, toute sa ferveur, niais aussi finalement toute sa qualité d'expérience spirituelle ? il n'est pas facile de répondre à cette question. Et pourtant il faut sans cesse se la poser. Le frère Maitre de chœur l'a toujours présente dans son attention à la qualité du chant, aussi bien dans son exécution que dans le choix des textes et des musiques. Le frère responsable de la liturgie porte le souci que les mouvements et les différents rites se déroulent bien, de façon harmonieuse pour tous les acteurs. Que recherche-t-on alors ? Une perfection dans l'exécution ? une esthétique dans laquelle on se fait plaisir ? Nous mesurons que si nous portons uniquement là notre attention, nous courons le risque d'une recherche nombriliste qui ne conduit qu’à l'orgueil ? Parler ainsi nous aide à ne pas absolutiser la crainte de se tromper et de manquer quelque chose. Nos erreurs simplement reconnues sont moins dangereuses spirituellement qu'une satisfaction de soi par soi, Elles disent notre finitude et notre fragilité humaine. Faut-il pour autant abandonner cette quête d'une belle liturgie priante et fervente ? Non, mais il nous faut peu à peu transformer la crainte de nous tromper ou à l’inverse une trop grande insouciance dans notre engagement, en un désir de nous donner plus entièrement à l'action liturgique. Car l’enjeu de notre assiduité dans la liturgie, est réveil de notre désir à la présence de Dieu et à son action, Notre désir est entrainé à entrer dans une œuvre qui le dépasse, [e nourrit et le creuse à la fois. C'est l'œuvre du Christ qui, dans son Eglise et par elle, rassemble et sanctifie l'humanité, pour la gloire de Dieu (cf SC 7 : 10). Aussi en chantant, priant, écoutant, psalmodiant, intercédant ou faisant silence, chacun et tous ensembles, nous sommes entrainés à donner toute la mesure de notre vie baptismale. En quelque sorte, il suffit de se laisser faire par la liturgie. Non pas se laisser aller, mais consentir ce qui est un véritable engagement, consentir au mouvement profond de la liturgie. Celui-ci n'a pas d'autre but que de nous introduire dans une relation filiale et aimante avec notre Père des cieux, uni au Christ, dans la joie de l'Esprit.
1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,
2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.
3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.
4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.
5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,
6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.
7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,
8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.
9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.
La pratique énoncée ici par Benoit reste difficilement compréhensible pour nous aujourd'hui. Le frère excommunié pour une faute doit remplir certaines conditions pour manifester son humilité et sa volonté de retrouver la communion avec ses frères,
A partir de ce chapitre, on pourrait réfléchir sur la question de la distance, la distance qui peut se créer entre nous du fait de nos négligences. Autant il y a une distance nécessaire et juste qui permet à chacun d'être soi-même, autant il y a une distance qui sépare et creuse un fossé entre nous. Dès lors qu'est-ce qui creuse la distance ? qu'est-ce qui la réduit ? Je pense à des choses toutes simples comme : ne pas tarder à répondre à une demande, fusse en disant qu'on ne le peut tout de suite. Savoir dire merci à un service rendu ou à un billet Vivre ainsi les échanges quotidiens de manière fluide, c'est honorer chaque frère en lui montrant du respect et de la juste considération. Il compte pour moi. / Dans le silence que nous désirons vivre, parfois montre que la distance est habitée. car alors le silence n'est pas vécu au service de mon désir d'être tranquille et de retourner au plus vite à mes affaires. Non, il reste habité par le souci du frère, sans tomber dans l'excès inverse de qui recherche à tout prix le regard de I 'autre ou dont I *empressement peut devenir encombrant. / La distance peut se creuser de façon dangereuse lorsque l'incompréhension s'installe. Pour éviter des quiproquos, ou pire encore la tentation de prêter à l'autre des intentions mauvaises, il faut aller trouver le frère, ou à défaut une tierce personne pour désamorcer ces mécanismes de division. En effet, notre imaginaire a une forte propension à amplifier et à déformer une parole ou un geste. Laisser notre imaginaire seul maitre de notre esprit et notre cœur nous met en danger. Avoir le courage de parler, c'est extraire le poison. D’une manière plus subtile, nous pouvons créer une mauvaise distance entre nous, dans nos échanges en groupe, en commission ou ailleurs, Il y a parfois une manière de rembarrer un frère qui émet une opinion, sans lui laisser le temps de finir, pour asséner une opinion inverse, qui bloque les relations. Cette façon de faire est mortifère. J'attire l'attention sur ce point : veillons à la manière avec laquelle nous échangeons entre nous. Comment mieux nous écouter vraiment ? Quand un frère dit quelque chose qui me heurte ou que je ne comprends pas, avant d'opposer « ma » vérité, apprendre à essayer de comprendre ce que l'autre a dit, poser une question, ou chercher pourquoi le frère dit cela. Sortons des réponses du tac au tac qui sont stériles. Nos échanges pourraient alors gagner en profondeur et être des moments de recherche ensemble, non une simple juxtaposition de points de vue.