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25. ne pas donner une paix mensongère,
Une paix mensongère ou une fausse paix est-elle encore une paix ? Elle est plutôt comme une eau stagnante qui ne donne pas vraiment la vie : eau apparemment tranquille mais eau morte. Notre actualité nous montre souvent ces situations sociales et politiques qui sous l’apparence de la paix, couvent la guerre ou les conflits. Et rien de plus pervers que les pouvoirs qui affichent et proclament la paix mais qui par derrière alimentent l’hostilité contre le groupe.
St Benoît reconnaît que cette tentation d’une fausse paix est aussi possible dans un monastère. Celui qui entretient la tromperie dans son cœur pourra être tenté de donner une fausse paix. Mais plus habituellement, la fausse paix se présente souvent comme une démission face à telle ou telle exigence. Comme l’exprime bien l’expression courante « pour avoir la paix » on laisse faire, on ne dit rien, on laisse courir. C’est ici que se trouve davantage la tentation de vivre une paix au rabais entre nous. Quand un frère fait quelque chose qui gêne la communauté, ou qui est contraire à notre règle, on préfère ne rien dire pour ne pas avoir de conflits avec ce frère. Peut-être parfois est-il bon d’en parler d’abord avec un autre frère ou avec le Père Abbé pour savoir comment réagir. Mais je crois qu’il faut oser parfois « aller trouver son frère » comme dit l’évangile, et lui dire ce qui ne nous semble pas juste comme un frère parle à son frère, non comme un juge qui voudrait épingler et coincer. Ce faisant, on œuvre pour la paix au monastère, en cherchant à s’aider à vivre dans la vérité et selon le propos de notre vie monastique. Ceci est exigeant et demande à celui qui va trouver son frère en défaut, de chercher lui-même la paix ; humblement. Que le christ nous apprenne à construire cette paix là entre nous. (2008-10-29)
24. Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur,
« Ne pas entretenir la tromperie dans son cœur »
Après les deux instruments mettant en garde contre la colère et la préméditation de la vengeance, cet instrument décline un autre aspect de la lutte contre l’agressivité. Si on n’éclate pas qu’on ne se venge pas, l’hostilité contre une personne peut trouver parfois des chemins subtils : dans la tromperie ou la ruse entretenue dans le cœur. Que cet instrument soit ici présent nous redit assez combien le cœur de l’homme est compliqué ? Mot à mot « avec beaucoup de plis pas net » « Cœur double » dit encore la Bible. Dans les conflits qu’il nous arrive d’avoir, la ruse, la tromperie peut se présenter comme le dernier recours pour tenter de ne pas perdre la face ou pour satisfaire un désir de puissance. Eaux troubles où le cœur s’enfonce et risque fort de se perdre lui-même. St Benoît nous invite à avoir le courage de simplicité… que cœur trouble cherche à devenir un cœur simple, sans plis, limpide. Jésus a proclamé « heureux les cœurs purs » Car dans cette pureté et dans cette simplicité se trouve notre vrai bonheur. Nous n’en sommes pas faits pour la duplicité ou le mensonge. Notre foi en Jésus mort et ressuscité, notre confiance en sa miséricorde nous purifie. L’amour du Père révélé en Jésus nous donne l’assurance et l’audace d’oser être tels que nous sommes devant lui. Son amour nous simplifie et nous apprend à être devant lui sans fard…. Sans chercher à paraître, sans nous tromper nous même aussi. C’est un chemin d’Humilité et de joie sur lequel notre vie monastique nous offre d’avancer… avec dans notre main, la lampe de la parole en ces versets de St Jean : « Si notre cœur venait à nous accuser, Dieu est plus grand que notre cœur » (1Jn3, 20) (2008-10-28)
17. ensevelir les morts,
18. secourir ceux qui sont dans l'épreuve,
19. consoler les affligés.
Le commentaire du Père Adalbert m’a aidé à situer ce chapitre 4 dans le début de la Règle = cette série de 74 maximes servant de transition entre le traité de l’Abbé, avec son appendice sur le conseil et les chapitres qui vont décrire les trois grandes vertus des moines : obéissance, silence, humilité. Les touches proprement monastiques sont rares dans ce chapitre 4.
L’ensemble se tient au niveau de la morale chrétienne générale. Comme le prologue, et suit une catéchèse fondamentale à partir des Psaumes. Benoît nous rappelle ainsi, que le moine, comme tout baptisé, est soumis d’abord aux exigences universelles de la Parole de Dieu. « Ensevelir les morts » C’est une allusion au livre de Tobie. Le respect du corps des défunts dans la tradition biblique, nous l’entendions aux vigiles récemment dans le livre des Chroniques, la façon dont un roi était enterré était en lien avec son obéissance à Dieu : dans le tombeau de ses pères ou à Jérusalem, ou dans une ville ou abandonné aux bêtes.
Les deux versets suivants : « Secourir ceux qui sont dans l’épreuve, consoler les affligés » Nous rappellent la parabole du bon Samaritain. L’homme dépouillé, demi-mort, gît sans que le culte ni la loi ne le sauve. Le Samaritain, cet hérétique, est ému aux entrailles, comme Jésus. Il apporte au malheureux le salut. Il le guérit, avec l’huile et le vin. Il le confie à l’aubergiste et il part ; en promettant de régler la dépense à son retour. On se souvient que la question du légiste était « Qui est mon prochain ? » La réponse de Jésus retourne la perspective. Le légiste se situait au centre, essayant de classer les hommes selon leur proximité par rapport à lui. Jésus place au centre l’homme tombé, dont il faut se faire le prochain. Le texte se conclut par cette parole de Jésus : « Va toi aussi, fais de même » Se faire proche de celui qui est dans le malheur. On pense à l’accueil des pauvres mais il n’y a pas que la misère matérielle et chacun de nous doit être attentif à celui qui peine, se faire son prochain et aussi savoir partir, le confier à l’aubergiste, le Christ. Le Samaritain ne s’est pas fait propriétaire du malheureux qu’il a aidé. (2008-10-23)
22. Ne pas accomplir l'acte qu'inspire la colère,
23. ne pas réserver un temps pour le courroux.
Avec ces deux versets commence une partie nouvelle de chapitre 4. Le reconnaître, la charité, y prennent des visages différents : ce que l’on mortifie n’est plus la sensualité, mais l’agressivité, visible ou invisible et l’amour consiste en patience à l’égard des adversaires plus qu’en bienveillance envers les nécessiteux. La référence scripturaire qui est à l’arrière plan de cette nouvelle partie, c’est le sermon sur la montagne, que St Benoît va suivre, dans l’ordre : la colère, la rancune. Même sans explosions humiliantes, elles conservent en nous des racines vivaces. Plus vivaces peut être, que nous n’osons nous l’avouer. Le programme n’est pas de les ignorer, mais d’accepter le combat contre ces vices, en nous. En sachant que nous avons la victoire dans le Christ. Nous menons le combat dans l’obscurité de la vie monastique, sans autres témoins que Dieu. Mais ce combat n’est pas le mien seul. C’est celui de l’Eglise. Petits actes d’infidélités, petites trahisons, concessions à l’amour propre, à l’égoïsme. Tout cela concourt à intensifier ou paralyser la vie de l’Esprit Saint, en moi, en nous, et donc dans toute l’Eglise, et donc dans le monde entier.
Dans nos vies, je crois pouvoir dire que la rancune est beaucoup plus grave, beaucoup plus profonde que la colère. On dit parfois : « Je pardonne, mais je n’oublie pas ! » Nous ne pardonnons pas assez. Les frères qui sont sans rancune sont lumineux. Comment se débarrasser de ces vieux ressentiments, qui nous empoisonnent, qui bloquent la vie ! Parler, reconnaître notre péché. Pas le péché de celui que nous accusons pour des actes vieux parfois de beaucoup d’années. Demandons l’aide de Dieu. (2008-10-23)
20. Se rendre étranger aux actions du monde,
21. ne rien préférer à l'amour du Christ.
« Se rendre étranger aux actions du monde, ne rien préférer à l’amour du Christ ».
Ce couple = renoncement / adhésion, rythme tout ce chapitre 4. Se renoncer à soi-même, suivre le Christ. « Se rendre étranger aux actions du monde » Ce verset fait écho à une parole de Paul en 2 Tim 2,4 « Dans le métier des armes personne ne s’encombre des affaires de la vie civile, s’il veut donner satisfaction à celui qui l’a enrôlé » Il s’agit de nous débarrasser de tout ce qui nous gêne, ou nous encombre, dans le combat que nous avons à mener pour donner satisfaction à celui qui nous a enrôlés. Qu’est-ce qui nous encombre ? Chacun peut se poser cette question. « Ne rien préférer à l’amour du Christ » Cette invitation à aimer la Christ plus que tout traduit l’avertissement de Jésus « Qui aime son père sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. » (Mt 10,37) « Ne rien préférer à l’amour du Christ » Cette formule n’a pas été inventée par Benoît. Elle vient de St Cyprien. Elle est très belle, nous l’aimons. Elle est comme le résumé de toute la Règle. Mais elle peut sembler aussi inaccessible, inhumaine ! Pourtant c’est notre vocation, la vocation de tout chrétien de ne pas nous en dispenser. La parole du Christ nous le rappelle. Nous devons y tendre de tout notre cœur. Dieu ne nous a crées que pour cet amour. Tous les événements de notre vie sont autant d’invitations de Dieu à le préférer. Mais d’abord nous devons reconnaître notre impuissance. Et nous livrer au Christ, avec lui et en lui nous pourrons tout. Ensuite ne jamais oublier que nos relations avec nos frères disent si notre amour au Christ est vrai. (2008-10-22)
16. visiter les malades,
« Visiter les malades » Voilà un instrument évangélique de maniement simple, à la portée de tous. Il ne demande pas une grande dextérité humaine et spirituelle mais un bon cœur, un cœur à l’écoute de la détresse et de la solitude de ceux qui sont tenus à l’écart par la maladie ou la vieillesse. Dans l’Eglise et dans la société des personnes s’organisent pour aller visiter les malades dans les hôpitaux et dans les prisons. D’autres vont rencontrer les personnes âgées chez elles de façon régulière : je pense aux petits frères des pauvres… Les initiatives ne manquent pas pour assurer une présence auprès des personnes isolées… car la solitude subie et imposée par les circonstances est une souffrance réelle et lourde. Souffrance cachée qui appelle de la part de l’entourage un surcroît d’attention et de présence.
Même dans un monastère cette souffrance peut exister. Si la vie monastique nous apprend au long des jours à habiter notre solitude, la solitude subie qui laisse à l’écart n’est pas solitude choisie qui ne perturbe pas les relations fraternelles. Cet instrument « Visiter les malades » veut aiguiser notre charité et nous aider à ne pas considérer comme normales et facile la solitude d’un moine malade ou âgé. Comme pour tout humain, elle l’affecte par la distance qu’elle lui impose avec la communauté et son milieu vital habituel. La maladie ou la perte des moyens habituels viennent modifier tous les repères. De nouveau, il faut apprendre une autre façon d’être homme et moine. C’est ici que la visite des frères est importante… comme un soutien, un encouragement dans l’étape rude à vivre. Visiter un frère malade ou ancien, c’est lui dire d’une certaine manière : « Tu as du prix à nos yeux et ce que tu es entrain de devenir dans cette étape est plus important que les moyens et les facultés que tu n’as plus » Ecoutons tous les appels de l’Esprit qui nous ouvre aux besoins et aux attentes de nos frères malades ou anciens. (2008-10-17)
14. Restaurer les pauvres,
15. vêtir les gens sans habits,
Il est bon d’entendre ces deux instruments même si notre situation de moine à l’écart, ne nous met pas souvent en contact avec des pauvres, qui ont faim ou qui sont sans vêtements. Notre frère Rémi accueille en notre nom les passagers qui passent. Ce ministère délicat auprès d’eux est aussi à regarder dans la foi comme une grâce, grâce de pouvoir soulager et accompagner un instant ces hommes dans la détresse… grâce de sortir de nous-même pour nous ouvrir à la profondeur de notre monde blessé. On redit ici merci à frère Rémi. Mais nous le savons, la pauvreté, nous la rencontrons aussi dans la communauté. En mettant tout en commun, nous mettons aussi en commun nos pauvretés, nos misères conscientes ou inconscientes, toutes les pesanteurs que nous peinons à assumer, et que l’on demande aux autres de supporter consciemment ou non. Cela veut dire ici qu’il y a du travail pour tout le monde et que tous nous avons à retrousser nos manches pour nous faire proche du pauvre qui est à côté de nous. Notre premier réflexe est souvent de juger, de maugréer contre tel défaut, d’être impatient, voire d’envoyer promener le frère. Pourquoi avons-nous tant de peine à reconnaître notre frère avec ses pauvretés ? Parce que nous voudrions éviter d’avoir à le porter par notre patience et notre amabilité ? Ou bien parce que nous voudrions qu’il soit comme nous, c’est à dire presque parfait. Tous, les uns et les autres, nous avons été appelés dans cette maison de Dieu, pour nous édifier, nous reconstruire et nous restaurer, les uns par les autres. A une heure où nous sentons nos forces diminuer du fait de l’âge, et où apparaissent donc peut être plus nettement certaines pauvretés, ne geignons pas, ne murmurons pas les uns sur les autres. Prenons courageusement notre part pour porter, supporter, restaurer nos frères comme eux même prennent soin de nous. Ensemble édifions le Corps du Christ par notre patience et par notre charité bien vaillante. (2008-10-16)
12. ne pas rechercher les plaisirs,
Une vie humaine sans plaisir est elle encore une vie humaine ? Et une vie monastique sans plaisir est-elle vraiment possible ? Telles sont les questions qui viennent à l’esprit en entendant la recommandation de ce matin : « ne pas rechercher les plaisirs » Nous avons redécouvert dans la vie chrétienne la belle et bonne place du plaisir, liée au fait que la création est bonne et que Dieu le créateur nous offre de vivre heureux. La vie nous offre aussi, quantité d’occasions d’éprouver du plaisir : le plaisir d’une rencontre, d’un repas, de la contemplation d’un beau paysage, de la vision d’un film, de l’écoute de la musique. Notre être corporel et spirituel par tous ces sens est réceptif à de nombreuses sensations mais aussi à des moments de plénitude qui engendrent avec le plaisir éprouvé un sentiment de bonheur et d’accomplissement. Plus de plaisir éprouvé est un plaisir partagé avec d’autres, plus il y a de chances de rejoindre notre désir profond, plus il peut nous ouvrir à la vraie joie, celle de la rencontre. De même le plaisir reçu, éprouvé gratuitement n’est-il pas source de plus grande joie que le plaisir convoité ou recherché indûment ? Parler de plaisir, on le voit, c’est inséparablement parler de bonheur et de joie. C’est aussi faire appel à des images souvent liées à des expériences de plénitude. Il y a pour chacun de nous une échelle des plaisirs éprouvés, liée en partie à notre échelle du bonheur expérimenté. La question que l’on peut se poser ce matin, en parlant du plaisir dans notre vie monastique est celle-ci : Quelle hiérarchie je fais dans tous les plaisirs éprouvés ? Comment je les ordonne au seul bonheur que je cherche dans ma vie monastique : aimer Dieu et aimer mes frères ? Là est notre désir profond là est notre joie de moine et de chrétien. (2008-10-14)
11. Châtier le corps,
12. ne pas rechercher les plaisirs,
13. aimer le jeûne.
Durant plusieurs chapitres du matin, nous allons entendre ces instruments des bonnes œuvres… Des recommandations que Benoît a retenues comme pouvant être utiles à des moines qui veulent orienter et unir toutes leurs forces pour le service du Christ. Celui que nous venons d’entendre sonne étrangement à nos oreilles. Cela signifie en partie que nous avons une autre approche du corps. Plutôt que de « châtier le corps » on parlera plus volontiers de « gérer nos pulsions », tous ces mouvements vitaux bons et nécessaires qui cependant laissés à eux-mêmes, risquent vite de nous réduire à n’être que des hommes insatiables de nourriture, de sexe ou de puissance. Gérer nos pulsions pourrait donc être la manière moderne de signifier cette attention à tous ces mouvements vitaux bons et nécessaires à notre être corporel qui est ordonné à la relation. C’est cette fin, la capacité à vivre en relation, qui doit orienter la gestion de nos pulsions. Tout ce qui nous enferme sur nous-même ne peut que nous recroqueviller et finalement nous appauvrir. Je pense à un exemple de notre coutumier ; au libre service, chacun est invité à ne pas faire des réserves de dessert par exemple. Voilà une application concrète par laquelle nous sommes invités à ne pas obéir à nos pulsions immédiates mais à attendre pour nous servir en son temps. Si on est attentif à ce qui se passe, on découvrira que cette façon de ne pas nous jeter sur la nourriture, nous laisse plus ouvert aux autres et finalement plus heureux. Parfois le fait d’attendre, nous fera manquer le dessert que l’on avait convoité. Alors on découvrira peut être une joie plus profonde, celle de n’être pas esclave de la recherche du plaisir immédiat et celle d’avoir permis à d’autres frères de se régaler. Sachons donc profiter des recommandations très concrètes de notre coutumier pour apprendre à gérer nos pulsions pour une plus grande liberté. (2008-10-11)
10. Se renoncer à soi-même pour suivre le Christ.
Il est des paroles un peu énigmatiques sur lesquelles, soit on glisse rapidement, soit on s’arrête pour essayer de mieux comprendre. Ce matin je voudrais m’arrêter sur ce 10ème instrument : « se renoncer à soi-même pour suivre le Christ ». Parole difficile à comprendre et dérangeante à la fois. Et pourtant une parole dont on perçoit intuitivement le bien fondé et la sève évangélique. Cette parole vient buter de front sur notre désir de vivre, de nous épanouir. D’être heureux en déplaçant tout ce que nous sommes. Se renoncer : n’est-ce pas du sombre masochisme ? Notre société en quête de jouissance immédiate, sans retenue, nous renforce dans le bien-fondé d’un certain scepticisme face à cette exigence évangélique. La difficulté plus ressentie aujourd’hui à vivre l’effort, l’ascèse, la persévérance ou les contrariétés en est une conséquence qui nous atteint jusque dans le monastère. Pourquoi renoncer, ou pire encore se renoncer à soi-même alors que tout nous pousse à jouir au maximum de la vie ?
Pourquoi ? « Pour suivre le Christ » Nous répond Benoît. Cette réponse qui n’en est pas une pour l’esprit critique, s’offre avant tout comme une invitation à regarder le Christ et à lui emboîter le pas. En effet tout se passe dans l’évangile et dans la Règle, comme si la vie humaine se jouait sur la seule rencontre du Christ et que dans cette relation avec le Christ, chemin faisant les choses trouvaient leur vrai sens. Le sens de note vie à la suite du Christ, ici particulièrement le sens du renoncement, ne s’offre pas comme une réponse facile à porter de main qui déciderait ou non d’une adhésion. Non le sens jaillit au cœur d’une relation, au cœur d’un engagement déjà consenti à faire confiance. Parce qu’on accepte de marche sans tout comprendre d’abord, on a des chances d’aller plus profondément dans l’intelligence du mystère du Christ. En paraphrasant St Paul on pourrait dire : « Si le Christ n’est pas ressuscité, si son mystère pascal n’est pas une vraie lumière, alors effectivement notre renoncement à nous-même à sa suite est un non-sens…. Nous serons les plus malheureux des hommes. Mais le Christ est ressuscité, si son passage par la mort est chemin vers la vie, alors notre renoncement à sa suite dans le célibat, dans une vie cachée, simple et offerte dans la prière, alors ce renoncement est un chemin porteur de la vraie vie. (2008/10/10)