vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 51-54 De l'humilité (7°) écrit le 04 février 2009
Verset(s) :

51. Le septième degré d'humilité est que, non content de déclarer avec sa langue qu'on est le dernier et le plus vil de tous, on le croie en outre dans l'intime sentiment de son cœur,

52. en s'humiliant et en disant avec le prophète : « Pour moi, je suis un ver et non un homme, l'opprobre des hommes et le rebut du peuple.

53. J'ai été exalté, humilié et confondu. »

54. Et aussi : « Il m'est bon que tu m'aies humilié, pour que j'apprenne tes commandements. »

Commentaire :

« Il m’est bon que tu m’aies humilié… » Etonnante prière qui jaillit du cœur du psalmiste et qui poursuit : « pour que j’apprenne tes commandements … » (Ps118, 71) Etonnante découverte et déconcertante au premier abord. Benoît la reprend à son compte pour illustrer l’état intérieur d’un moine, qui peu à peu entre en lui-même, pour aller jusqu’à l’intime de son cœur humblement… L’humilité entrevue ici n’a rien à voir avec un précepte auquel il faudrait se conformer. Comme un but à atteindre à force d’effort. Elle se présente plutôt comme un fruit à recueillir parce qu’on constate qu’il est mûr. Le fruit d’un cœur contrit, profondément tourné vers son Dieu dans la reconnaissance du Salut qui est entrain de s’opéré en lui. Et cette reconnaissance n’a rien de morbide ou de mortifère… Elle confesse au contraire une voie nouvelle qui s’est ouverte au plus profond de l’être : « Il est bon que tu m’aies humilié pour que j’apprenne tes commandements « car « Avant d’avoir souffert, je m’égarais » disait le même psalmiste 4 versets auparavant. Tout se passe comme si l’humiliation éprouvée avait permis au cœur de s’ouvrir plus profondément à la main tendue de Dieu … à une obéissance plus filiale à ses préceptes.

Et de quelle humiliation s’agit-il ? Certainement pas d’une quelconque action sadique de la part de Dieu. Mais peut-être davantage de ces situations répétées où l’on bute sur nos limites, sur nos faiblesses ou sur nos impuissances. Voilà ce qui nous humilie plus que toute chose. Sur notre chemin spirituel, de tells humiliations ne manquent pas : l’incapacité de vivre des relations paisibles, les difficultés de nous convertir, de persévérer dans tel aspect de notre vie, nos impatiences, nos échecs de relation de travail… Ce matin, St Benoît nous apprend à les regarder, non plus comme des fatalités, mais comme des occasions de nous retourner plus profondément vers notre Père qui est là pour nous tendre la main… mais qui pensons si souvent nous suffire à nous-même… Avec le psalmiste, nous pouvons dire en vérité : « Je suis à toi, Seigneur, sauve moi car je cherche tes préceptes… » (Ps 118,94) (2009-02-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 55 De l'humilité (8°) écrit le 04 février 2009
Verset(s) :

55. Le huitième degré d'humilité est que le moine ne fasse rien qui ne se recommande de la règle commune du monastère et des exemples des supérieurs.

Commentaire :

Le moine en quête de l’humilité sait qu’il n’est pas à lui-même sa propre référence. « Il ne fait rien qui ne recommande de la règle commune et de l’exemple des anciens… » Principe plein de sagesse et de bon sens dont la mise en pratique dans la durée vient creuser sans cesse notre propre cœur. Toute la pédagogie de la règle et de notre vie commune n’a pas d’autre but que cela : nous creuser, nous élargir intérieurement pour nous faire sortir de nos tendances spontanées au repliement à la facilité, à l’égoïsme. Consentir à cette pédagogie vécue à chaque instant de notre vie conventuelle est un vrai labeur d’humilité… Jour après jour, comme les vagues de la mer qui battent les rochers de la côte, notre vie monastique nous met à l’épreuve de l’humilité : allons-nous consentir à nous laisser façonner ou bien allons-nous nous replier sur notre quant à soi ? Allons-nous vivre simplement ce qui est proposé ou bien allons-nous en prendre et en laisser. ?

Dieu merci, le plus souvent nous vivons la règle commune et nos diverses coutumes sans y penser parce que nous avons choisi de nous y engager une fois pour toutes. Si tel est le cas, sommes-nous conscients de la grâce qui nous est faite alors, grâce de disponibilité et grâce de liberté. En effet vivre la règle commune et les coutumes sans se poser trop de questions ouvre encore un espace de liberté intérieure. Moins préoccupé de nous-même, nous devenons plus sensibles à l’action de l’Esprit Saint en nous, à la présence du Christ qui nous convie à son amitié … Nous nous ouvrons davantage aux frères qui nous sont proches… Vivre humblement la règle commune loin de faire de nous des moutons de panurge nous rend plus libre intérieurement, moins préoccupé de nous-même …plus disponible au Christ, plus donné à nos frères. (2009-02-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 56-58 De l'humilité (8°) écrit le 04 février 2009
Verset(s) :

56. Le neuvième degré d'humilité est que le moine interdise à sa langue de parler et que, gardant le silence, il attende pour parler qu'on l'ait interrogé.

57. En effet, l'Écriture indique qu'« en parlant beaucoup, on n'évite pas le péché »,

58. et que « l'homme bavard ne marche pas droit sur la terre ».

Commentaire :

Entre l’homme bavard et l’homme enfermé dans le mutisme, il y a l’homme humble, humble dans sa parole et humble dans son silence. C’est cet homme là que chacun de nous désire devenir. Pour le moine, invité à cultiver le silence afin de nourrir sa qualité de présence à Dieu et aux autres, c’est à la fois un labeur d’humilité et un don de grâce…

Aucun de nous n’aimerait recevoir ce compliment : « Tues un homme bavard.. » ni être traité de « Bavard impénitent » Dans le dictionnaire français, on indique que « Bavard » vient de « bave » … Notre langue à donc associée le bavardage à l’écoulement de la bave. Pour ne souligner certainement le caractère peu reluisant, voire glissant… On dira « Baver sur quelqu’un » pour manifester la calomnie ou la médisance qui souille une personne. Ainsi le langage en lui-même nous alerte sur les grandes limites d’un excès de paroles qui souvent entraînent là où au premier abord, on ne voudrait pas aller. Etre de parole, nous sommes des artisans de communion… Nous laisser aller au bavardage, c’est manquer notre vocation d’homme capable de nouer des relations vraies.

Dans un monastère, nos relations fraternelles pour être vraies n’ont pas besoin de beaucoup de paroles. Mais certainement elles ont besoin de paroles vraies, c’est à dire de paroles où nous nous engageons tout entier… Et la vie, notre manière d’être attentif et présent aux frères vérifiera la profondeur des paroles échangées entre nous… C’est cela l’humilité bonne et constructive pour nous-même et pour les autres… Humilité qui nous incline à allier modestie du propos et vérité de l’être. (2009-02-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 59-61 De l'humilité (10° et 11°) écrit le 04 février 2009
Verset(s) :

59. Le dixième degré d'humilité est que l'on ne soit pas facile et prompt à rire, car il est écrit : « Le sot élève la voix pour rire. »

60. Le onzième degré d'humilité est que, quand le moine parle, il le fasse doucement et sans rire, humblement, avec sérieux, en ne tenant que des propos brefs et raisonnables, et qu'il se garde de tout éclat de voix,

Commentaire :

« Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage… » C’est à la sagesse que St Benoît ambitionne de conduire ses moines qui gravissent les degrés de l’échelle de l’humilité…Mais, non pas tant la sagesse des idées, que la sagesse de vie qui unifie tout l’être. Benoît craint que le moine « trop facile et prompt à rire », toujours en quête de raconter une bonne blague ne soit qu’un homme qui reste extérieur à lui-même, un homme de surface. La vie en Christ que nous embrassons dans la profession monastique ne peut pas être une vie de surface. Elle nous engage à descendre en nous-même pour nous tenir toujours plus uni au Christ… En lui, nous sommes appelés à mourir à notre vieil homme pour renaître à sa vie en toutes nos fibres humaines… Quand nous restons à la surface de nous-même, quand nous nous distrayons pour oublier, c’est toute la part profonde de notre cœur qui est en souffrance… Nous nous amusons en surface, mais le cœur profond est en déserrance, comme abandonné… Le chemin de l’humilité veut nous permettre de rejoindre notre être profond, celui qui ne triche pas et qu’a le désir immense d’exister en vérité… d’aimer en vérité sans fard… et de toutes ses forces.

Notre vie quotidienne nous offre bons nombres de temps et d’occasions pour expérimenter ce travail de rentrée en soi-même pour nous tenir en présence du Christ sous son regard. Les moments avant les offices sont certainement des temps privilégiés. Je remercie les uns et les autres pour l’effort fait pour être plus à l’heure à l’office… pour arriver avant et peu à peu se recueillir en Dieu. Je voudrais relever un point où l’on peut se ressaisir dans le même sens : à la sortie du chapitre pour aller à complies… Vu frère disait sa gêne et sa tristesse de voir des frères perler et bavarder, faire des commentaires. Sachons rester en nous-même sans nous disperser aidons-nous mutuellement pour nous préparer à la prière et au recueillement de la nuit. Ne soyons pas des hommes de surface. Le Christ nous attend plus en profondeur. (2009-02-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 67-70 De l'humilité écrit le 04 février 2009
Verset(s) :

67. Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d'humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte.

68. Grâce à lui, tout ce qu'il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude,

69. non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ et par l'habitude même du bien et pour le plaisir que procurent les vertus.

70. Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint-Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés !

Commentaire :

Au sommet de l’humilité : L’amour de Dieu !

Au bout de notre labeur monastique : l’amour de Dieu ! Tel est l’horizon promis par Benoît à ses moines qui sont peut-être encore dans la plaine ou au milieu de l’échelle et qui voient surtout du brouillard…

Face à ce sommet mis devant nos yeux de moines, plusieurs écueils peuvent nous guetter :

1- Le volontarisme qui nous ferait croire que ce sommet est au bout de nos seuls efforts humains.

2- Le découragement après une longue lutte de ne jamais sortir de l’ornière et ne pas arriver à aimer vraiment …

3- Un dernier écueil pourrait être une sorte de résignation désabusée qui pense que tout cela n’est pas pour moi…contentons-nous d’une vie tranquille…

Touts ces écueils dans lesquels nous nous prenons facilement les pieds on en commun de nous poser au centre…et de nous faire tourner les yeux sur nous-même, au lieu de regarder vers le Christ. Toute la pédagogie de l’humilité dans cette échelle est de nous décentrer de nous-même pour prendre au sérieux la personne du Christ qui est là, qui nous appelle. Souvent nous savons que le Christ est là, nous pensons à lui, mais vivons-nous vraiment pour lui, dans le souci de communier à ce qu’il est, à ce qu’il dit et à son projet d’amour pour le monde ? En gravissant l’échelle de l’humilité, depuis la crainte jusqu’à l’amour du Christ, par le moyen de l’obéissance vécue concrètement, nous pouvons apprendre à nous détacher de nous-même et cet envahissant soucis de soi qui peut prendre tellement de place et nous fermer à l’amour du Christ et des autres… Cette échelle est une course pour toute la vie. Si nous avons le sentiment de ne pas arriver, n’ayons pas peur de regarder le sommet qui montre le Christ qui nous aime et qui nous propose avec lui une familiarité toujours plus intime et profonde. Sur cette lancée, faisons nôtre la prière suggérée par Benoît : « Tout cela daigne le Seigneur le faire apparaître par son Esprit Saint… » (2009-02-04)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 62-66 De l'humilité (12°) écrit le 30 janvier 2009
Verset(s) :

62. Le douzième degré d'humilité est que, non content de l'avoir dans son cœur, le moine manifeste sans cesse son humilité jusque dans son corps à ceux qui le voient,

63. autrement dit, qu'à l'œuvre de Dieu, à l'oratoire, au monastère, au jardin, en voyage, aux champs, partout, qu'il soit assis, en marche ou debout, il ait sans cesse la tête inclinée, le regard fixé au sol,

64. et se croyant à tout instant coupable de ses péchés, il croie déjà comparaître au terrible jugement,

65. en se disant sans cesse dans son cœur ce que le publicain de l'Évangile disait, les yeux fixés au sol : « Seigneur, je ne suis pas digne, pécheur que je suis, de lever les yeux vers le ciel. »

66. Et aussi avec le prophète : « Je suis courbé et humilié au dernier point. »

Commentaire :

Qu’est-ce qui unifie la vie du moine, cette vie en apparence isolée ? Benoît nous donne une piste sûre avec ce Douzième degré. Que le moins soit à l’ouvre de Dieu à l’office, au jardin, aux champs, ou au monastère ou en voyage… il trouvera l’unité de tout ce qu’il fait et vie dans cette attitude humble par laquelle il est tout entier rassemblé, tout entier offert à Dieu. Si on peut considérer que de 12ème degré est vraiment le sommet de l’échelle de l’humilité, c’est ce sens. Le moine humble est celui qui apprend à se tenir en tout ce qu’il fait sous le regard de Dieu. Il répète en son cœur la prière du publicain, c’est à dire qu’il sait reconnaître ce qu’il est vraiment devant Dieu : un pécheur. Nous pouvons réentendre ici les propos de Mgr Séraphin sur la prière de Jésus. Il soulignait un autre aspect de sa vertu unificatrice : celle d’unir l’intellect et le cœur.

Peut-être avons-nous ici le secret d’unité de notre vie de moine accomplie : nous laisser unifier, en tout notre être et en toutes nos activités par la prière intérieure, par le cœur avec le Christ. Mystérieux travail de la grâce en nous, et profond travail de consentement de notre part… C’est humilité que de consentir à nous laisser habiter par le Christ, à le laisser établir son Règne en nous, comme le disait St Vincent de Paul, aux vigiles de vendredi et c’est l’œuvre du salut qui se réalise en notre cœur quand humblement, avec amour et confiance, nous pouvons nous reconnaître pécheur devant notre Dieu. Avec le publicain de l’Evangile, nous commençons alors à goûter la joie d’être libéré de ce pesant fardeau de devoir sans cesse nous justifier à nos propres yeux et aux yeux des autres… Par la prière du cœur, par l’humble confession de son péché le moine apprend à s’abandonner tout entier à l’amour de Dieu… Il dépose les armes pour se recevoir tout entier de son Père Victoire de l’Amour !

(2009-01-30)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 44-48 De l'humilité (5°) écrit le 09 janvier 2009
Verset(s) :

44. Le cinquième degré d'humilité est que, par une humble confession, on ne cache à son abbé aucune des pensées mauvaises qui se présentent à son cœur, ni des mauvaises actions qu’on a commises en secret.

45. L'Écriture nous y exhorte en disant : « Révèle ta voie au Seigneur et espère en lui. »

46. Et elle dit aussi : « Confessez-vous au Seigneur, parce qu'il est bon, parce que sa miséricorde est à jamais. »

47. Et à son tour le prophète : « Je t'ai fait connaître mon délit et je n'ai pas dissimulé mes injustices.

48. J'ai dit : je m'accuserai de mes injustices devant le Seigneur, et tu as pardonné l'impiété de mon cœur. »

Commentaire :

C’est une grâce de notre vie monastique, que de nous offrir cet espace de l’ouverture du cœur au P. Abbé ou au Père spirituel. C’est aussi un point d’appui incomparable pour permettre à chacun d’avancer vers plus de liberté intérieure, vers l’humilité vraie. En effet chacun de nous a besoin de pouvoir exister tel qu’il est avec ses pauvretés, ses ombres et toute sa part d’humanité en recherche de son équilibre vrai. Consentir à exister ainsi sans masque est au premier abord rude à consentir. Il y a un premier pas à faire pour s’ouvrir simplement, qui est toujours difficile … car il est au sens propre un vrai acte d’humilité. En faisant ce pas, en acceptant de parler en vérité de ce que je vis, je choisis de ne plus tout maîtriser. Je laisse de côté toutes les autres justifications que je peux retourner dans mon esprit pour me convaincre que je peux me dérouiller tout seul. Oui en ce Premier pas, je consens à lâcher prise… alors quelque chose de nouveau peut advenir. La parole balbutiante, troublante peut-être va se révéler être une parole de libératrice quand je mesure que je pense exister tels que je suis sans être jugé, écouté, encouragé… Vécue dans la foi, cette démarche d’ouverture du cœur à un homme, nous donne de grandir du même coup dans notre relation avec le Seigneur. Cette confiance faite à un homme est en réalité une confiance faite à Dieu. De manière très concrète incarnée, je lui manifeste mon désir de mettre ma vie sous son regard. Je ne veux plus rester enfermé en moi-même, mais je choisis de me tenir en vérité dans sa lumière « parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est à jamais » Oui, quand humblement nous essayons d’avancer sur ce chemin, c’est le visage de Miséricorde de notre Père qui s’éclaire peu à peu. (2009-01-09)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 34 De l'humilité (3°) écrit le 07 janvier 2009
Verset(s) :

34. Le troisième degré d'humilité est que, pour l'amour de Dieu, on se soumette au supérieur en toute obéissance, imitant le Seigneur, dont l'Apôtre dit : « S'étant fait obéissant jusqu'à la mort. »

Commentaire :

« Qu’on se soumette au supérieur en toute obéissance, imitant le Seigneur » … Imitant le Seigneur. Par 4 fois dans la Règle, Benoît exhorte à imiter le Seigneur Jésus ou ses paroles. Dans trois cas, cela concerne l’obéissance, une fois au chapitre 5 et deux fois dans ce Chapitre 7 et le dernier cas concerne l’abbé appelé à imiter le bon pasteur dans sons zèle pour aller chercher la brebis égarée…

Dans la vie chrétienne, il n’y a qu’un modèle c’est le Christ… Lui seul mérite que nous essayons de conformer notre vie à la sienne et lui seul peut nous permettre de faire par le don de l’Esprit. Et c’est par un hasard si par 3 fois dans la Règle Benoît invite à imiter le Christ en son obéissance. En situant là, le lieu de notre imitation du Christ, elle nous place au cœur de sa vie et au cœur de sa relation avec le Père. Il ne s’agit pas de vouloir imiter le Christ en ses belles actions, en son charisme prophétique ou en ses capacités d’orateur, non, chacun peut rejoindre le Christ en son mystère le plus intime, à travers l’obéissance. C’est là qu’Il vit en son être de Fils totalement tourné vers le Père et totalement donné pour faire sa volonté. C’est là que chacun de nous peut grandir sans sa dignité d’enfant de Dieu ; de Fils du Père, en devenant, peu à peu, nous aussi capable d’obéir et de nous donner pour faire sa volonté. La vie monastique nous offre des repères concrets pour vivre cette obéissance de façon plus significative à travers celle rendue au supérieur, amis aussi à travers celle rendus aux frères et à nos coutumes… Tous ces moyens concrets veulent nous établir dans une disponibilité de cœur … pour grandir jour après jour dans la liberté des enfants de Dieu. (2009-01-07)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 31-33 De l'humilité (2°) écrit le 06 janvier 2009
Verset(s) :

31. Le second degré d'humilité est que, n'aimant pas sa volonté propre, on ne se complaise pas dans l'accomplissement de ses désirs,

32. mais qu'on imite dans sa conduite cette parole du Seigneur disant ;: « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais celle de celui qui m'a envoyé. ;»

33. L'Écriture dit aussi : « La volonté subit un châtiment et la contrainte engendre une couronne. »

Commentaire :

« Qu’on ne se complaise pas dans l’accomplissement de ses désirs » Qu’il y ait un grand plaisir à faire ce que l’on veut, à accomplir ses désirs, tout le monde en conviendra… C’est la pente spontanée qui nous habite. Aujourd’hui même on voudrait nous faire croire que tout doit nous apporter du plaisir et qu’il faut le rechercher à tout prix. « C’est la tyrannie du plaisir » Et s’il n’y a pas plaisir, on est malheureux, on s’estime inférieur, ou déprimer…

Le moine de St Benoît veut chercher plus profondément son plaisir, il désire le trouver aux sources de la Vraie Joie… Il sait que la vraie Joie ne se satisfait pas des plaisirs immédiats, passages. Il apprend grâce à l’expérience spirituelle des anciens que la vraie Joie est le fruit d’un mystérieux alliage fait de renoncement à soi et de constance dans l’écoute de la Parole de Dieu. La vraie Joie n’est jamais facile, car toujours le résultat d’une lutte avec soi-même…

C’est humilité que de consentir à cela. C’est humilité que de tempérer ses désirs immédiats pour se demander : « Est-ce que je fais bien la Volonté de Dieu ? Notre règle de vie commune nous donne bien des repères pour apprendre à demeurer sous le regard de Dieu, en sa présence : repères pour l’horaire, pour la façon de parler et de se taire, pour la façon de manger, pour vivre les relations avec les frères ou avec les personnes de l’extérieur… Tous ces repères veulent nous apprendre, si nous y sommes attentifs à unifier nos forces, tout notre désir pour demeurer à l’écoute de Notre Dieu, pour rester ouvert à sa volonté … Nous nous sommes engagés dans cette voie étroite où tous nos désirs peuvent converger en un unique désir : Faire la Volonté de Dieu…. C’est notre voie monastique, une voie d’humilité sur laquelle nous acceptons de nous tenir avec confiance sous la conduite de notre Dieu et son Esprit… Chemin rude à certains jours mais chemin libérateur, qui nous fait dire peu à peu plus en vérité avec le psalmiste : « Que vienne à moi ta tendresse et je vivrai, ta loi fait mon plaisir » (Ps 118,77) (2009-01-06)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, v 23-30 De l'humilité (1°) écrit le 20 décembre 2008
Verset(s) :

23. Dans les désirs de la chair, croyons que Dieu nous est toujours présent, puisque le prophète dit au Seigneur : « Devant toi sont tous mes désirs. »

24. Il faut donc se garder du désir mauvais, puisque « la mort est placée sur le seuil du plaisir. »

25. Aussi l'Écriture a-t-elle donné ce précepte : « Ne suis pas tes convoitises. »

26. Si donc « les yeux du Seigneur observent bons et méchants »,

27. si « le Seigneur, du haut du ciel, regarde sans cesse les enfants des hommes, pour voir s'il en est un qui soit intelligent et qui cherche Dieu »,

28. et si les anges commis à nous garder rapportent au Seigneur quotidiennement, jour et nuit, les actes que nous accomplissons,

29. il nous faut donc prendre garde à tout instant, frères, de peur que, comme dit le prophète dans un psaume, Dieu ne nous voie à un moment « dévier » vers le mal « et devenir mauvais »,

30. et qu'après nous avoir épargnés dans le temps présent, parce qu'il est bon et qu'il attend que nous nous convertissions à une vie meilleure, il ne nous dise dans le futur : « Tu as fait cela, et je me suis tu. »

Commentaire :

« Croyons que Dieu nous est toujours présent … si donc les yeux du Seigneur observent… Si le Seigneur regarde sans cesse les enfants des hommes… »

Elles sont très nombreuses dans ce premier degré de l’humilité les mentions du regard de Dieu sur nous les humains… A 1ère vue, cette manière de présenter Dieu omniscient et surplombant de son regard chacune de nos pensées de nos volontés, chacun de nos actes et de nos désirs n’est pas très enthousiasmant… Une telle vision de Dieu n’est guère attrayante… voire elle nous fait plutôt fuir. Et pourtant comment comprendre une telle insistance en si peu de lignes ? Plutôt qu’un enseignement sur Dieu lui-même, ne nous dit-elle pas quelque chose sur notre vie humaine dans sa relation avec son Dieu ? En substance Benoît nous dit que c’est ce qui se passe en notre cœur, en son intime qui touche Dieu… Ce sont nos pensées, nos désirs, nos volontés qui, comme autant de manifestations de notre cœur, expriment en fait notre être profond dans sa relation avec Dieu et avec les hommes. Malheureusement, assez souvent nos actes ou nos paroles n’expriment pas vraiment, ni totalement la vérité de notre cœur… Nos pensées secrètes, nos désirs cachés ou nos volontés, portent souvent davantage notre être vrai, sans fard ni faux-semblant… Dans l’Evangile, on voit souvent Jésus qui démasque l’hypocrisie de ses adversaires en révélant les pensées secrètes qui se cachent derrière des attitudes de façade… Ce qui intéresse Jésus, c’est l’homme droit, sans fard dont les actes et les paroles correspondent aux pensées et aux désirs intimes. Ce 1er degré de l’humilité ne nous dit il pas autre chose ? Etre humble c’est nous tenir tel que nous sommes, avec notre être en son entier sous le regard de Dieu miséricorde. Ce qui doit nous guider alors, c’est moins la crainte d’être vu tel que nous sommes, que l’abandon confiant en la miséricorde de Dieu, qui veut nous guérir et nous rendre plus ferme dans nos pensées, nos désirs et nos volontés, pour mieux le servir en vérité… (2008-12-20)