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1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »
2. On y joindra le psaume trois et le gloria.
3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.
4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.
5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.
6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.
Le début de chaque office est important et de notre manière d’y être ou non présent peut dépendre en bonne part notre engagement spirituel qui va suivre. Les minutes en silence qui précèdent l’office nous sont offertes pour quitter notre sommeil ou nos activités et nous préparer à une rencontre. Et quelle rencontre : celle du Dieu Vivant ! En communauté avec toute l’Eglise, nous venons chacun unir nos voix pour chanter sa louange, pour célébrer sa gloire et lui présenter toute notre humanité avec ses désirs, ses souffrances et ses attentes. Les quelques minutes qui précèdent l’office peuvent être précieuses pour nous accorder, comme on accorde un instrument, pour être bien là dans le service de la louange et d’intercession qui nous revient. Le verset d’ouverture « Seigneur ouvre et mes lèvres … Dieu viens à mon aide » conne comme une confession celle de notre impuissance à accomplir par nous-même, notre office. Sans la grâce du Seigneur, sans son Esprit Saint, nous ne pouvons pas prier comme il convient. Nous pouvons prononcer les paroles et récités les prières mais c’est le Seigneur qui nous donnera la grâce de prier vraiment, d’être tout entier en sa présence. Que ces versets d’ouverture lui expriment tout notre désir de ne pas manquer le rendez-vous, qu’il nous offre. Aux vigiles, l’office ouvre notre journée, nous avons ensuite la chance d’être invités à la prière. Par les psaumes invitatoires… Benoît ne connaît pas le mot « psaume invitatoire » mais il a perçu le rôle avec les psaumes 3 et 94… Ces psaumes nous remettent devant notre tâche de priants sur le mode impératif : ainsi le psaume 94 « Venez crions de joie pour le Seigneur acclamez notre rocher, allons jusqu’à lui, entrez inclinez-vous, prosternez-vous, adorons le Seigneur… en lui écouterez vous sa parole… ne fermez pas votre cœur… » De même les psaumes 80, 95, 97,98 que nous utilisons toute la semaine viennent nous exhorter nous réveiller par de nombreux impératifs… « Chantez, adorez, apportez votre offrande… »
Laissons-nous mettre en voix, laissons-nous dans cette disposition du cœur qui ne s’épuise pas à louer et chanter son Créateur et Seigneur. (2009-02-07)
1. En saison d'hiver, c'est-à-dire depuis les Calendes de novembre jusqu'à Pâques, il faut, suivant la norme raisonnable, se lever à la huitième heure de la nuit,
2. afin de se reposer un peu plus de la moitié de la nuit et d'être dispos au lever.
3. Quant à ce qui reste après les vigiles, les frères qui ont besoin d'apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l'emploieront à cette étude.
4. De Pâques aux susdites Calendes de novembre, on réglera l'heure de telle sorte que l'office des vigiles, après un tout petit intervalle où les frères pourront sortir pour les besoins de la nature, soit immédiatement suivi des matines, qui doivent être dites au point du jour.
Est-ce un hasard si Benoît, à la suite du Maître commence son directoire liturgique par l’office au cours de la nuit ? Il s’inscrit là certainement dans la tradition monastique la plus ancienne qui donne à la prière de la nuit une place privilégiée, une place d’excellence pour les moines. À quelque heure qu’elle se fasse au début, ou au milieu ou en fin de nuit. Cette tradition de veille durant la nuit rejoint le cœur de notre vie de moine qui veut faire de nous des veilleurs devant Dieu, des veilleurs pour le monde. Nous nous inscrivons sur la trace des priants de l’Ancien Testament qui ouvraient leurs yeux dans l’attente du salut et les promesses de la justice (Ps 118, 81, 82, 123)
Nous avons au début de nos vigiles de semaine de très belles hymnes qui nous introduisent avec justesse à ce service de veille… Elle nous entraîne à la suite de l’Evangile à nous tenir proche du Christ et ensuite à embrasser l’attitude des serviteurs ou des vierges qui attendent le Maître et l’Epoux. Comme le Christ, nous voulons veiller et apprendre à prier sans jamais nous lasser, lui qui a tracé la voie lorsque dans le secret, il restait en prière tout au long de la nuit. A côté de ces veilles régulières, deux veilles retiennent l’attention de l’hymnographie : celle de la Transfiguration ou il manifeste à ses compagnons de veille son visage de Gloire… Et celle de Gethsémani où à ses compagnons de peine il voulut apprendre à veiller et à prier à l’heure de l’angoisse. Si là nous dormions avec Pierre, Jacques et Jean quand il devait accepter seul la coupe et accomplir sa Pâques, aujourd’hui dans la lumière de l’Esprit Saint, nous pouvons veiller, grandir dans notre foi et aimer dans l’attente de la fête de son retour. (Vigiles du vendredi) De même comme des serviteurs fidèles sur les pas la foi, nous désirons être prêts à recevoir le Maître à son retour (Vigiles du mercredi) Comme les vierges sages, les lampes de notre vigilance allumées, nous désirons pouvoir entrer dans la Maison de lumière. (Vigiles lundi) Un dernier point de ces très belles hymnes peut nourrir notre désir : en cette heure de veille, nous sommes conviés à prendre dans notre prière tous ceux qui ne connaissent pas l’amour du Christ… « Seigneur en leur faveur nous voulons te servir. Fais de nous des flambeaux annonçant ta lumière au monde dans la nuit… (Vigiles du mercredi) (2009-02-05)
35. Le quatrième degré d'humilité est que, dans l'exercice même de l'obéissance, quand on se voit imposer des choses dures et contrariantes, voire des injustices de toute sorte, on embrasse la patience silencieusement dans la conscience,
36. et que, tenant bon, on ne se décourage ni ne recule, selon le mot de l'Écriture : « Celui qui persévérera jusqu'à la fin, celui-là sera sauvé. ;»
37. Et aussi : « Que ton cœur soit ferme ! Supporte le Seigneur. »
38. Et voulant montrer que le fidèle doit même supporter pour le Seigneur toutes les contrariétés, elle place ces paroles dans la bouche de ceux qui souffrent : « A cause de toi, nous sommes mis à mort chaque jour. On nous regarde comme des brebis de boucherie. »
39. Et sûrs de la récompense divine qu'ils espèrent, ils poursuivent en disant joyeusement : « Mais en tout cela, nous triomphons, à cause de celui qui nous a aimés. »
40. Et ailleurs, l'Écriture dit aussi : « Tu nous as éprouvés, ô Dieu, tu nous as fait passer par le feu, comme on fait passer au feu l'argent. Tu nous as fait tomber dans le filet. Tu nous as mis sur le dos des tribulations. »
41. Et pour montrer que nous devons être sous un supérieur, elle poursuit en ces termes : « Tu as fait chevaucher des hommes sur nos têtes. »
42. En outre, ils accomplissent le précepte du Seigneur par la patience dans les adversités et les injustices : frappés sur une joue, ils présentent aussi l'autre ; à qui ôte leur tunique, ils abandonnent aussi le manteau ; requis pour un mille, ils en font deux ;
43. avec l'Apôtre Paul, ils supportent les faux frères, et ils supportent la persécution et quand on les maudit, ils bénissent.
Supporter, tenir bon, ne pas se décourager ne pas reculer persévérer, embrasser la patience. Voici tous les synonymes qui parsèment les lignes entendues au sujet du 4ème degré de l’humilité … Lorsque survient l’adversité, les contrariés, voire les injustices dans la vie monastique, et plus particulièrement dans l’exercice de l’obéissance, voilà la stratégie proposée pour avancer plus profondément dans l’humilité. Au lieu de se mettre en colère : supporter ; au lieu de se rebeller, tenir bon ; au lieu d’abandonner, embrasser la patience. Loin d’être une manœuvre tactique pour lâches voulant éviter le combat, cette stratégie de l’humilité porte le moine au cœur du combat spirituel. Là ou la contrariété, voire les injustices réveillent en nous le désir de revanches et la volonté de ne pas se laisser écraser, la stratégie de l’humilité nous fait entrer par la patience à un autre niveau de combat. C’est le niveau où le Christ lui-même a combattu comme quelques citations scripturaires employées le suggèrent… « On nous regarde comme des brebis de boucherie… » Le Christ seul a connu l’injustice totale et a souffert avec patience ce qu’il ne méritait en aucun cas. Là son attitude de patience, de pardon et d’amour pour ceux qui le faisaient souffrir, il a vaincu le mal en sa racine. Par son humilité il a accepté d’être compté pour rien… et il nous a délivrés de tout orgueil et de toute prétention à exister pour nous-même et sa Résurrection signe sa Victoire.
Ce 4ème degré ne veut rien moins que nous faire entrer dans le dynamisme pascal du Christ par la patience, supporter les contrariétés, voir les injustices, avec cette profonde conviction « qu’en tout cela, nous triomphons, à cause de celui qui nous a aimés « Que le Christ mort et Ressuscité, nous vienne en aide ! (2009-02-04)
51. Le septième degré d'humilité est que, non content de déclarer avec sa langue qu'on est le dernier et le plus vil de tous, on le croie en outre dans l'intime sentiment de son cœur,
52. en s'humiliant et en disant avec le prophète : « Pour moi, je suis un ver et non un homme, l'opprobre des hommes et le rebut du peuple.
53. J'ai été exalté, humilié et confondu. »
54. Et aussi : « Il m'est bon que tu m'aies humilié, pour que j'apprenne tes commandements. »
« Il m’est bon que tu m’aies humilié… » Etonnante prière qui jaillit du cœur du psalmiste et qui poursuit : « pour que j’apprenne tes commandements … » (Ps118, 71) Etonnante découverte et déconcertante au premier abord. Benoît la reprend à son compte pour illustrer l’état intérieur d’un moine, qui peu à peu entre en lui-même, pour aller jusqu’à l’intime de son cœur humblement… L’humilité entrevue ici n’a rien à voir avec un précepte auquel il faudrait se conformer. Comme un but à atteindre à force d’effort. Elle se présente plutôt comme un fruit à recueillir parce qu’on constate qu’il est mûr. Le fruit d’un cœur contrit, profondément tourné vers son Dieu dans la reconnaissance du Salut qui est entrain de s’opéré en lui. Et cette reconnaissance n’a rien de morbide ou de mortifère… Elle confesse au contraire une voie nouvelle qui s’est ouverte au plus profond de l’être : « Il est bon que tu m’aies humilié pour que j’apprenne tes commandements « car « Avant d’avoir souffert, je m’égarais » disait le même psalmiste 4 versets auparavant. Tout se passe comme si l’humiliation éprouvée avait permis au cœur de s’ouvrir plus profondément à la main tendue de Dieu … à une obéissance plus filiale à ses préceptes.
Et de quelle humiliation s’agit-il ? Certainement pas d’une quelconque action sadique de la part de Dieu. Mais peut-être davantage de ces situations répétées où l’on bute sur nos limites, sur nos faiblesses ou sur nos impuissances. Voilà ce qui nous humilie plus que toute chose. Sur notre chemin spirituel, de tells humiliations ne manquent pas : l’incapacité de vivre des relations paisibles, les difficultés de nous convertir, de persévérer dans tel aspect de notre vie, nos impatiences, nos échecs de relation de travail… Ce matin, St Benoît nous apprend à les regarder, non plus comme des fatalités, mais comme des occasions de nous retourner plus profondément vers notre Père qui est là pour nous tendre la main… mais qui pensons si souvent nous suffire à nous-même… Avec le psalmiste, nous pouvons dire en vérité : « Je suis à toi, Seigneur, sauve moi car je cherche tes préceptes… » (Ps 118,94) (2009-02-04)
55. Le huitième degré d'humilité est que le moine ne fasse rien qui ne se recommande de la règle commune du monastère et des exemples des supérieurs.
Le moine en quête de l’humilité sait qu’il n’est pas à lui-même sa propre référence. « Il ne fait rien qui ne recommande de la règle commune et de l’exemple des anciens… » Principe plein de sagesse et de bon sens dont la mise en pratique dans la durée vient creuser sans cesse notre propre cœur. Toute la pédagogie de la règle et de notre vie commune n’a pas d’autre but que cela : nous creuser, nous élargir intérieurement pour nous faire sortir de nos tendances spontanées au repliement à la facilité, à l’égoïsme. Consentir à cette pédagogie vécue à chaque instant de notre vie conventuelle est un vrai labeur d’humilité… Jour après jour, comme les vagues de la mer qui battent les rochers de la côte, notre vie monastique nous met à l’épreuve de l’humilité : allons-nous consentir à nous laisser façonner ou bien allons-nous nous replier sur notre quant à soi ? Allons-nous vivre simplement ce qui est proposé ou bien allons-nous en prendre et en laisser. ?
Dieu merci, le plus souvent nous vivons la règle commune et nos diverses coutumes sans y penser parce que nous avons choisi de nous y engager une fois pour toutes. Si tel est le cas, sommes-nous conscients de la grâce qui nous est faite alors, grâce de disponibilité et grâce de liberté. En effet vivre la règle commune et les coutumes sans se poser trop de questions ouvre encore un espace de liberté intérieure. Moins préoccupé de nous-même, nous devenons plus sensibles à l’action de l’Esprit Saint en nous, à la présence du Christ qui nous convie à son amitié … Nous nous ouvrons davantage aux frères qui nous sont proches… Vivre humblement la règle commune loin de faire de nous des moutons de panurge nous rend plus libre intérieurement, moins préoccupé de nous-même …plus disponible au Christ, plus donné à nos frères. (2009-02-04)
56. Le neuvième degré d'humilité est que le moine interdise à sa langue de parler et que, gardant le silence, il attende pour parler qu'on l'ait interrogé.
57. En effet, l'Écriture indique qu'« en parlant beaucoup, on n'évite pas le péché »,
58. et que « l'homme bavard ne marche pas droit sur la terre ».
Entre l’homme bavard et l’homme enfermé dans le mutisme, il y a l’homme humble, humble dans sa parole et humble dans son silence. C’est cet homme là que chacun de nous désire devenir. Pour le moine, invité à cultiver le silence afin de nourrir sa qualité de présence à Dieu et aux autres, c’est à la fois un labeur d’humilité et un don de grâce…
Aucun de nous n’aimerait recevoir ce compliment : « Tues un homme bavard.. » ni être traité de « Bavard impénitent » Dans le dictionnaire français, on indique que « Bavard » vient de « bave » … Notre langue à donc associée le bavardage à l’écoulement de la bave. Pour ne souligner certainement le caractère peu reluisant, voire glissant… On dira « Baver sur quelqu’un » pour manifester la calomnie ou la médisance qui souille une personne. Ainsi le langage en lui-même nous alerte sur les grandes limites d’un excès de paroles qui souvent entraînent là où au premier abord, on ne voudrait pas aller. Etre de parole, nous sommes des artisans de communion… Nous laisser aller au bavardage, c’est manquer notre vocation d’homme capable de nouer des relations vraies.
Dans un monastère, nos relations fraternelles pour être vraies n’ont pas besoin de beaucoup de paroles. Mais certainement elles ont besoin de paroles vraies, c’est à dire de paroles où nous nous engageons tout entier… Et la vie, notre manière d’être attentif et présent aux frères vérifiera la profondeur des paroles échangées entre nous… C’est cela l’humilité bonne et constructive pour nous-même et pour les autres… Humilité qui nous incline à allier modestie du propos et vérité de l’être. (2009-02-04)
59. Le dixième degré d'humilité est que l'on ne soit pas facile et prompt à rire, car il est écrit : « Le sot élève la voix pour rire. »
60. Le onzième degré d'humilité est que, quand le moine parle, il le fasse doucement et sans rire, humblement, avec sérieux, en ne tenant que des propos brefs et raisonnables, et qu'il se garde de tout éclat de voix,
« Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage… » C’est à la sagesse que St Benoît ambitionne de conduire ses moines qui gravissent les degrés de l’échelle de l’humilité…Mais, non pas tant la sagesse des idées, que la sagesse de vie qui unifie tout l’être. Benoît craint que le moine « trop facile et prompt à rire », toujours en quête de raconter une bonne blague ne soit qu’un homme qui reste extérieur à lui-même, un homme de surface. La vie en Christ que nous embrassons dans la profession monastique ne peut pas être une vie de surface. Elle nous engage à descendre en nous-même pour nous tenir toujours plus uni au Christ… En lui, nous sommes appelés à mourir à notre vieil homme pour renaître à sa vie en toutes nos fibres humaines… Quand nous restons à la surface de nous-même, quand nous nous distrayons pour oublier, c’est toute la part profonde de notre cœur qui est en souffrance… Nous nous amusons en surface, mais le cœur profond est en déserrance, comme abandonné… Le chemin de l’humilité veut nous permettre de rejoindre notre être profond, celui qui ne triche pas et qu’a le désir immense d’exister en vérité… d’aimer en vérité sans fard… et de toutes ses forces.
Notre vie quotidienne nous offre bons nombres de temps et d’occasions pour expérimenter ce travail de rentrée en soi-même pour nous tenir en présence du Christ sous son regard. Les moments avant les offices sont certainement des temps privilégiés. Je remercie les uns et les autres pour l’effort fait pour être plus à l’heure à l’office… pour arriver avant et peu à peu se recueillir en Dieu. Je voudrais relever un point où l’on peut se ressaisir dans le même sens : à la sortie du chapitre pour aller à complies… Vu frère disait sa gêne et sa tristesse de voir des frères perler et bavarder, faire des commentaires. Sachons rester en nous-même sans nous disperser aidons-nous mutuellement pour nous préparer à la prière et au recueillement de la nuit. Ne soyons pas des hommes de surface. Le Christ nous attend plus en profondeur. (2009-02-04)
67. Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d'humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte.
68. Grâce à lui, tout ce qu'il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude,
69. non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ et par l'habitude même du bien et pour le plaisir que procurent les vertus.
70. Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint-Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés !
Au sommet de l’humilité : L’amour de Dieu !
Au bout de notre labeur monastique : l’amour de Dieu ! Tel est l’horizon promis par Benoît à ses moines qui sont peut-être encore dans la plaine ou au milieu de l’échelle et qui voient surtout du brouillard…
Face à ce sommet mis devant nos yeux de moines, plusieurs écueils peuvent nous guetter :
1- Le volontarisme qui nous ferait croire que ce sommet est au bout de nos seuls efforts humains.
2- Le découragement après une longue lutte de ne jamais sortir de l’ornière et ne pas arriver à aimer vraiment …
3- Un dernier écueil pourrait être une sorte de résignation désabusée qui pense que tout cela n’est pas pour moi…contentons-nous d’une vie tranquille…
Touts ces écueils dans lesquels nous nous prenons facilement les pieds on en commun de nous poser au centre…et de nous faire tourner les yeux sur nous-même, au lieu de regarder vers le Christ. Toute la pédagogie de l’humilité dans cette échelle est de nous décentrer de nous-même pour prendre au sérieux la personne du Christ qui est là, qui nous appelle. Souvent nous savons que le Christ est là, nous pensons à lui, mais vivons-nous vraiment pour lui, dans le souci de communier à ce qu’il est, à ce qu’il dit et à son projet d’amour pour le monde ? En gravissant l’échelle de l’humilité, depuis la crainte jusqu’à l’amour du Christ, par le moyen de l’obéissance vécue concrètement, nous pouvons apprendre à nous détacher de nous-même et cet envahissant soucis de soi qui peut prendre tellement de place et nous fermer à l’amour du Christ et des autres… Cette échelle est une course pour toute la vie. Si nous avons le sentiment de ne pas arriver, n’ayons pas peur de regarder le sommet qui montre le Christ qui nous aime et qui nous propose avec lui une familiarité toujours plus intime et profonde. Sur cette lancée, faisons nôtre la prière suggérée par Benoît : « Tout cela daigne le Seigneur le faire apparaître par son Esprit Saint… » (2009-02-04)
62. Le douzième degré d'humilité est que, non content de l'avoir dans son cœur, le moine manifeste sans cesse son humilité jusque dans son corps à ceux qui le voient,
63. autrement dit, qu'à l'œuvre de Dieu, à l'oratoire, au monastère, au jardin, en voyage, aux champs, partout, qu'il soit assis, en marche ou debout, il ait sans cesse la tête inclinée, le regard fixé au sol,
64. et se croyant à tout instant coupable de ses péchés, il croie déjà comparaître au terrible jugement,
65. en se disant sans cesse dans son cœur ce que le publicain de l'Évangile disait, les yeux fixés au sol : « Seigneur, je ne suis pas digne, pécheur que je suis, de lever les yeux vers le ciel. »
66. Et aussi avec le prophète : « Je suis courbé et humilié au dernier point. »
Qu’est-ce qui unifie la vie du moine, cette vie en apparence isolée ? Benoît nous donne une piste sûre avec ce Douzième degré. Que le moins soit à l’ouvre de Dieu à l’office, au jardin, aux champs, ou au monastère ou en voyage… il trouvera l’unité de tout ce qu’il fait et vie dans cette attitude humble par laquelle il est tout entier rassemblé, tout entier offert à Dieu. Si on peut considérer que de 12ème degré est vraiment le sommet de l’échelle de l’humilité, c’est ce sens. Le moine humble est celui qui apprend à se tenir en tout ce qu’il fait sous le regard de Dieu. Il répète en son cœur la prière du publicain, c’est à dire qu’il sait reconnaître ce qu’il est vraiment devant Dieu : un pécheur. Nous pouvons réentendre ici les propos de Mgr Séraphin sur la prière de Jésus. Il soulignait un autre aspect de sa vertu unificatrice : celle d’unir l’intellect et le cœur.
Peut-être avons-nous ici le secret d’unité de notre vie de moine accomplie : nous laisser unifier, en tout notre être et en toutes nos activités par la prière intérieure, par le cœur avec le Christ. Mystérieux travail de la grâce en nous, et profond travail de consentement de notre part… C’est humilité que de consentir à nous laisser habiter par le Christ, à le laisser établir son Règne en nous, comme le disait St Vincent de Paul, aux vigiles de vendredi et c’est l’œuvre du salut qui se réalise en notre cœur quand humblement, avec amour et confiance, nous pouvons nous reconnaître pécheur devant notre Dieu. Avec le publicain de l’Evangile, nous commençons alors à goûter la joie d’être libéré de ce pesant fardeau de devoir sans cesse nous justifier à nos propres yeux et aux yeux des autres… Par la prière du cœur, par l’humble confession de son péché le moine apprend à s’abandonner tout entier à l’amour de Dieu… Il dépose les armes pour se recevoir tout entier de son Père Victoire de l’Amour !
(2009-01-30)
44. Le cinquième degré d'humilité est que, par une humble confession, on ne cache à son abbé aucune des pensées mauvaises qui se présentent à son cœur, ni des mauvaises actions qu’on a commises en secret.
45. L'Écriture nous y exhorte en disant : « Révèle ta voie au Seigneur et espère en lui. »
46. Et elle dit aussi : « Confessez-vous au Seigneur, parce qu'il est bon, parce que sa miséricorde est à jamais. »
47. Et à son tour le prophète : « Je t'ai fait connaître mon délit et je n'ai pas dissimulé mes injustices.
48. J'ai dit : je m'accuserai de mes injustices devant le Seigneur, et tu as pardonné l'impiété de mon cœur. »
C’est une grâce de notre vie monastique, que de nous offrir cet espace de l’ouverture du cœur au P. Abbé ou au Père spirituel. C’est aussi un point d’appui incomparable pour permettre à chacun d’avancer vers plus de liberté intérieure, vers l’humilité vraie. En effet chacun de nous a besoin de pouvoir exister tel qu’il est avec ses pauvretés, ses ombres et toute sa part d’humanité en recherche de son équilibre vrai. Consentir à exister ainsi sans masque est au premier abord rude à consentir. Il y a un premier pas à faire pour s’ouvrir simplement, qui est toujours difficile … car il est au sens propre un vrai acte d’humilité. En faisant ce pas, en acceptant de parler en vérité de ce que je vis, je choisis de ne plus tout maîtriser. Je laisse de côté toutes les autres justifications que je peux retourner dans mon esprit pour me convaincre que je peux me dérouiller tout seul. Oui en ce Premier pas, je consens à lâcher prise… alors quelque chose de nouveau peut advenir. La parole balbutiante, troublante peut-être va se révéler être une parole de libératrice quand je mesure que je pense exister tels que je suis sans être jugé, écouté, encouragé… Vécue dans la foi, cette démarche d’ouverture du cœur à un homme, nous donne de grandir du même coup dans notre relation avec le Seigneur. Cette confiance faite à un homme est en réalité une confiance faite à Dieu. De manière très concrète incarnée, je lui manifeste mon désir de mettre ma vie sous son regard. Je ne veux plus rester enfermé en moi-même, mais je choisis de me tenir en vérité dans sa lumière « parce qu’il est bon, parce que sa miséricorde est à jamais » Oui, quand humblement nous essayons d’avancer sur ce chemin, c’est le visage de Miséricorde de notre Père qui s’éclaire peu à peu. (2009-01-09)