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14. Mais cette obéissance elle-même ne sera agréable à Dieu et douce aux hommes, que si l'ordre est exécuté sans frayeur, sans lenteur, sans tiédeur ou murmure ni réponse négative,
15. car l'obéissance prêtée aux supérieurs, c'est à Dieu qu'elle s'adresse, puisqu'il a dit lui-même : « Qui vous écoute, m'écoute. »
16. Et les disciples doivent la prêter de bon gré, car « Dieu aime celui qui donne avec joie. »
17. En effet, si le disciple obéit contre son gré, et qu'il murmure non seulement oralement, mais même dans son cœur,
18. même s'il exécute l'ordre, ce ne sera pas pour autant agréé de Dieu, qui regarde son cœur murmurer.
19. Et pour une action de ce genre il n'obtient aucune faveur ; bien plus, il encourt la peine des murmurateurs, s'il ne se corrige en faisant satisfaction.
Cette deuxième partie du chapitre sur l’obéissance répond à la première = de l’extérieur l’obéissance ne doit pas seulement être immédiate ? Elle doit être joyeuse « Dieu aime celui qui donne avec joie » Quand on reprend les signes d’une obéissance agréable à Dieu, authentique, tels que Benoît les indique, on retrouve les fruits de l’Esprit de la lettre de Paul aux Galates (Ch 5) :
– L’absence d’agitation, c’est la paix
– L’exécution dans lenteur, ni noblesse, c’est la maîtrise de soi
– L’absence de murmure correspond à la bienveillance.
Joie, Pais, Bienveillance, maîtrise de soi : Benoît place l’obéissance dans une dynamique de l’Esprit Saint. Dans notre obéissance, bien plus que notre relation à l’abbé ou à la Règle, c’est notre relation à Dieu qui est en jeu. D’ailleurs St Benoît dit bien, « l’obéissance prêtée aux supérieurs s’adresse à Dieu, puisque lui-même à dit qui vous écoute m’écoute ». Nous retrouvons ici la spiritualité habituelle de la Règle : pas de grands discours, des actes concrets qui manifestent si nous suivons le Christ en lui donnant notre vie ou s’il s’agit que de belles phrases creuses !
L’obéissance est le chemin de Conversion du moine. C’est celui que nous enseigne le Christ. C’est un bon critère de vocation. Heureux les moines à qui l’abbé peut demander des choses dures, au nom de l’obéissance. Heureux l’abbé qui peut dire non à une demande, sans craindre des drames. L’obéissance, c’est notre chemin de Liberté, notre chemin de Libération. (2008-12-06)
1. Le premier degré d'humilité est l'obéissance sans délai.
2. Elle convient à ceux qui estiment n'avoir rien de plus cher que le Christ.
3. À cause du service saint qu'ils ont voué, ou à cause de la crainte de la géhenne et de la gloire de la vie éternelle,
4. aussitôt qu'un supérieur leur commande quelque chose, comme si c'était commandé par Dieu, ils ne peuvent souffrir le moindre délai dans l'accomplissement.
5. C'est d'eux que le Seigneur a dit : « Dès que son oreille a entendu, il a obéi. »
6. Et il dit encore aux docteurs : « Qui vous écoute, m'écoute. »
7. Ces hommes-là, donc, abandonnant sur-le-champ leurs intérêts personnels et délaissant leur volonté propre,
8. les mains libres immédiatement et laissant inachevé ce qu'ils faisaient, avec une obéissance qui emboîte le pas, font suivre à leurs actes la voix de celui qui ordonne.
9. Et comme au même instant, l'ordre proféré par le maître et l'œuvre accomplie par le disciple, les deux choses se déroulent ensemble, à vive allure, avec la rapidité qu'inspire la crainte de Dieu.
10. Ceux qui sont pressés du désir d'avancer vers la vie éternelle,
11. ceux-là adoptent la voie étroite, dont le Seigneur dit : « Étroite est la voie qui conduit à la vie » ;
12. ne vivant pas à leur guise et n'obéissant pas à leurs désirs ni à leurs plaisirs, mais marchant au jugement et au commandement d'autrui, demeurant dans les cœnobia, ils désirent avoir un abbé pour supérieur.
13. Ces hommes-là, certes, imitent la maxime du Seigneur, dans laquelle il dit : « Je ne suis pas venu faire ma volonté, mais celle de celui qui m'a envoyé. »
Après un programme sous forme de pièces détachées, pour reprendre l’expression du frère Adalbert, voici des exposés sur les 3 vertus particulières du cénobite, l’obéissance, le silence, l’humilité. Et Benoît souligne plusieurs fois le lien entre ces vertus. Les citations scripturaires de ce passage nous disent tour à tour qu’il faut obéir au Christ. C’est à lui, en vérité, que le moine obéit et qu’il faut obéir comme le Christ. Christ qui est celui qui commande, Christ qui est celui qui obéit. En lui obéissant, nous l’imitons, nous faisons nôtre sa volonté et nous participons à sa soumission au Père. L’obéissance, notre obéissance est au cœur de la Rédemption.
Ce chapitre est pour chacun de nous l’occasion de regarder comment il vit concrètement l’obéissance. Quelle est ma première réaction quand on me demande quelque chose ? Suis-je de ceux qui sont toujours débordés, par principe ? Ou de ceux qui sont toujours disponibles ? De ceux qui disent oui et ne font pas ? De ceux qui sont tout à fait d’accord et font le contraire ? En réalité, ce qui est en jeu, dans mon obéissance, avant d’être une relation à Dieu c’est mon rapport à l’autre. Si l’autre est pour moi une menace, même inconsciente, mon premier mouvement sera de recul. Si cette menace est trop forte, j’essaierai d’échapper à tout prix, ou j’entrerai absolument dans les vues de l’autre, mais est-ce de l’obéissance ?
Notre obéissance nous dit ce qu’est notre vie de moine : ma vie est-elle donnée ? Est-ce que je passe mon temps à estimer qu’on me la prend ? (2008-12-04)
76. Si nous les exerçons sans cesse, jour et nuit, et les remettons au jour du jugement, nous recevrons du Seigneur cette récompense qu'il a promise :
77. « Ce qu'aucun œil n'a vu, aucune oreille entendu, ce que Dieu a préparé pour ceux qui l'aiment. »
78. Quant à l'atelier où nous accomplirons assidûment tout cela, c'est la clôture du monastère et la stabilité dans la communauté.
Nous retrouvons le vocabulaire artisanal de cette fin de chapitre = les instruments, l’exercice, l’atelier. Notre vie de moine doit avoir ce caractère soigneux, attentif, persévérant du bon artisan. Un vrai travail. Il faut s’y mettre chaque jour. Marc Hénard rappelait souvent que son ouvrage comportait 99% de rude de travail, de labeur et 1% d’inspiration. Il en va de même pour nous et les deux sont importants : Notre travail de moine, pour être moine ne doit pas être de dilettante, empruntant ça et là ce qui nous arrange, laissant le reste aux autres frères. Ne pas oublier l’essentiel, l’inspiration, cette ouverture à l’Esprit de Dieu, sans lui nous nous trompons complètement, nous ne somme que des Pharisiens. Les instruments énumérés par Benoît dans ce chapitre, ne sont pas propres aux moines, ils sont communs à tous les chrétiens, à tous les hommes, même, pour la plupart mais le moine a la chance de l’exercer dans la clôture du monastère. Tout au long de la Règle, Benoît insiste sur l’importance de la stabilité dans le cloître. Depuis le chapitre premier qui se moque des gyrovagues ici encore : « l’atelier… c’est la clôture du monastère et la stabilité dans la communauté » Le cénobite promet de tenir, sur place, toute sa vie. Pour cela il ne suffit pas de rester là, tenir, c’est persévérer, dans un dynamisme ! Nous sommes dans un atelier stable mais nous sommes appelés à y faire du beau travail. Nous sommes appelés à aimer, pas dans le vague, mais concrètement, dans l’instant où nous sommes. Dieu est présent ici. Il s’agit pour le moine de vivre cet instant avec Dieu. (2008-12-03)
75. Tels sont les instruments de l'art spirituel.
« Tels sont les instruments de l’art spirituel » Cette expression reprend le vocabulaire du titre de chapitre = « Quels sont les instruments des bonnes œuvres ? » Si nous voyons bien ce qu’est un instrument, un outil concret, l’expression est étrange. Quel est le lien entre ce concret et cet art spirituel ? Que signifie cette alliance bizarre entre deux niveaux de vocabulaire ? St Benoît y attache grande importance, puisqu’il en fait une inclusion qui englobe tout le chapitre. Le propre de l’outil, dans l’ordre matériel, c’est de remplir une fonction précise, d’être adapté à une tâche. On peut toujours bricoler en utilisant un caillou comme marteau mais le travail est mieux fait en utilisant l’outil adéquat, l’instrument adapté au résultat recherché. En utilisant cette métaphore, le vocabulaire de l’atelier, Benoît veut développer une idée importante : l’art spirituel est une pratique, un art d’atelier. Le monastère est cet atelier, ce qui caractérise la vie monastique, c’est qu’elle s’apprend plus dans la pratique que dans les livres, comme dans un atelier, c’est en faisant ce qui est enseigné que l’on acquiert peu à peu le doigté, le geste juste, l’expérience. Pour Benoît, la vie monastique n’est pas affaire de belles spéculations, de grandes théories, c’est une sagesse pratique, acquise sur le terrain, une expérience. Voilà pourquoi on ne peut apprendre la vie monastique qu’en le vivant. C’est un apprentissage qui n’est pas d’abord fondé sur des mots, mais sur la transmission d’homme à homme, d’un savoir silencieux. Une science qui ne se trouve guère dans les livres mais qui s’acquiert à travers l’expérience. L’expérience est maîtresse de vie. (2008-12-02)
65. ne haïr personne,
66. ne pas avoir de jalousie,
67. ne pas agir par envie,
68. ne pas aimer la contestation,
69. fuir l'élèvement.
70. Et vénérer les anciens,
71. aimer les jeunes.
72. Dans l'amour du Christ, prier pour ses ennemis,
73. faire la paix avec son contradicteur avant le coucher du soleil.
74. Et ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
Le monastère est une école pour apprendre à aimer. Les instruments entendus ce matin en déploient l’exercice pratique dans notre vie concrète. Ils nous rappellent qu’aimer l’autre ne va pas de soi. L’amour de la chasteté nous est difficile. Il nous arrive de haïr un frère. La jalousie, l’arrogance, l’ennemi font parti de notre vie quotidienne. Vénérer les anciens, aimer les plus jeunes, c’est souvent plus facile à dire qu’à vivre réellement. Quant à nos ennemis, n’en parlons pas ! Combien de jours, d’années même, sommes-nous capable de ruminer des rancunes contre des frères !
Devant cette situation, il y deux échappatoires : le 1er, qui ne nous guette pas trop quand même, c’est de nous murer dans un univers, choisir nos relations, éviter les problèmes ; vivre dans notre petit monde. Le 2ème, plus courant, consiste à négocier avec la réalité, essayer de faire du bien aux autres, de les soigner, se faire le psychologue de ses frères ! Ces attitudes parent de la même racine : c’est moi qui reste au centre de tout. Elle nous mène à la même expérience terrible : « Nous ne savons pas aimer comme il faut ! » C’est pourquoi, à la suite de ces versets sur les relations aux autres, Benoît ajoute : « Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu » Devant nos échecs à aimer, le verset s’illumine comme un merveilleux cadeau, ce n’est plus l’autre qui est en cause, avec ses défauts, ses limiter mon caractère, c’est moi : j’ai beau faire ce je peux, je ne sais pas aimer. Le petit verset vient comme une bouée de sauvetage ! C’est la merveilleuse révélation de Jean : « Ce n’est pas nous qui avons à aimés » (Jn 4). Pour le comprendre, il faut être passé par cette expérience douloureuse : notre incapacité à aimer mais c’est lui, Dieu qui nous sauve. (2008-11-27)
59. Ne pas assouvir les désirs de la chair,
60. haïr sa volonté propre,
61. obéir en tout aux commandements de l'abbé, même s'il agit lui-même autrement – ce qu'à Dieu ne plaise – en se souvenant du commandement du Seigneur : « Ce qu'ils disent, faites-le ; quant à ce qu'ils font, ne le faites pas. »
62. Ne pas vouloir être appelé saint avant de l'être, mais l'être d'abord, afin d'être appelé ainsi avec plus de vérité.
« Ne pas vouloir passer pour saint avant de l’être » Vouloir passer saint n’est pas notre tentation la plus courante, d’ailleurs entre frères on ne s’y trompe pas. Par contre les hôtes se font bien souvent des illusions sur notre sainteté ! Mais être vraiment saint est-ce notre désir ? L’effort vers la sainteté implique deux choses :
- La crainte de ce qui nous sépare de Dieu, ce qui nous éloigne de lui, ce qui empêche l’intimité avec lui.
- La docilité à l’Esprit Saint cultivée, qui produit l’effet inverse du péché : Elle nous rapproche de Dieu. Nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu, elle crée en nous, progressivement, une sensibilité divine, dans notre manière de voir et de faire. Faire silence pour entendre cette voix intérieure. Pour que l’Esprit puisse s’emparer de nous Grégoire de Nysse le traduit aussi de façon radicale : « Pour vivre, il faut mourir » Je crois que c’est aussi ce que veut dire le P.Michle Rondet quand il écrit : « N’oubliez jamais que le véritable chemin spirituel va toujours de la sainteté désirée à la sainteté offerte » C’est cette pauvreté offerte qui est ouverture à l’Esprit de Dieu. Nous nous souvenons aussi de ce que dit Thérèse de Lisieux de la sainteté véritable : « La sainteté véritable consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les mains de Dieu, conscients de notre misère mais confiants jusqu’à l’audace en ta bonté de Père »
Cet instrument de Benoît peut nous aider aussi à ne pas juger les autres, ni en communauté, ni à l’extérieur, ni les personnes, ne les groupes. (2008-11-26)
57. confesser chaque jour à Dieu dans la prière, avec larmes et gémissements, ses fautes passées,
58. se corriger de ces fautes à l'avenir.
Pour le frère Adalbert ces deux versets font un ensemble avec les deux précédents : lecture – regret des fautes - conversion. Chez les anciens l’oraison s’accompagnent du regret des fautes, des larmes. La prière jaillissante de la conscience vive du péché. Elle consistait avant tout à implorer le pardon. Prière d’humilité qui rappelle celle du publicain donné en exemple par le Christ. Touché aux larmes, le cœur se tourne tout entier vers Dieu. A travers l’oraison et le regret des fautes, la Parole de Dieu entendue dans la lecture atteint son but, la conversion du cœur. Nous entendons cette litanie d’instruments des bonnes œuvres, depuis un certain temps déjà ! Nous risquons d’être submergés ! Ou en est l’essentiel ? Il s’agit de notre relation avec le Christ. Il est le commencement et la fin de tous ces conseils de Benoît. Il en est l’accomplissement. La Vie éternelle, c’est lui, la mort bienheureuse, c’est lui, de même la Joie paisible. La prière incessante, le regret des fautes tout ramène au Christ.
Confesser ses fautes passées : il ne s’agit pas de s’analyser, de se replier sur soi mais de se mettre dans la grande lumière du Christ. S’ouvrir accueillir son Amour, à l’occasion précisément de nos pauvres misères. Tout ramener à lui, le faire aimer par nos frères. (2008-11-25)
55. Écouter volontiers les saintes lectures,
56. se prosterner fréquemment pour prier,
« Ecouter les saintes lectures » Frère Adalbert nous rappelle que ce verset concerne la lectio divina, pas seulement les lectures entendues en commun, au chapitre, au réfectoire. La lecture se faisait à haute voix, même en privé. L’écouter volontiers, avec attention, pour en tirer profit. Ecouter la Parole de Dieu et non les paroles vaines dont parlaient les versets lus hier. Lire à haute voix, quand c’est possible sans déranger les frères. Ecrire, recopier la Parole de Dieu, lire à l’avance les textes qui seront entendus dans la liturgie, à chacun de trouver les moyens qui l’aident à s’imprégner de la Parole de Dieu.
La Lectio appelle en réponse la prière. C’est la méthode d’oraison du monachisme ancien. Peut-être aussi le nôtre. Comme toujours, dans l’Economie du Salut, l’initiative appartient à Dieu. Avant de lui parler, il faut l’écouter. « Se prosterner fréquemment pour prier » Cela nous fait penser aux litanies du monachisme Orthodoxe. Nous avons vu un rituel semblable chez les moines Zen japonais. Nous aussi nous nous prosternons dans la liturgie et nous savons la place de notre corps dans la prière. Le corps qui peut nous aider à trouver le silence du cœur ou qui peut nous gêner si nous n’avons pas l’attitude juste. « Se prosterner fréquemment pour prier » « Prier sans cesse » Dit Jésus en Luc 18 et 22. Chacun de nous en parlerait différemment mais c’est toujours la grande affaire de notre vie, c’est moins une question de volonté que de pureté du cœur. Le cœur pur, le cœur libre, se trouve naturellement vers Celui qui habite en nous. C’est le travail le plus profond que l’homme puisse accomplir. Il nous place au cœur de l’Eglise, au cœur du monde. (2008-11-22)
51. Garder sa bouche des paroles mauvaises et déshonnêtes,
52. ne pas aimer à beaucoup parler ;
53. ne pas dire des paroles vaines ou qui portent à rire,
54. ne pas aimer le rire prolongé ou aux éclats.
55. Écouter volontiers les saintes lectures,
Le verset encore se réfère à l’Ecriture : au livre des proverbes, à l’Evangile de Matthieu. (Prov 10-19 dit « Abondance de parole ne va pas sans offenses. Qui retient ses lèvres est avisé » Mathieu, 2 fois, à propos des paroles, utilise la comparaison de l’arbre qui porte du fruit selon qu’il est bon ou mauvais. Il dit au ch 12 : « L’homme bon, du trésor bon, extrait de bonnes choses, l’homme mauvais, du trésor mauvais extrait des choses mauvaises, aussi je vous dis : tout mot futile que les hommes diront, ils en rendront compte au jour du jugement ! »
Voilà le fondement scripturaire de cet enseignement de Benoît.
Pour nous aujourd’hui, la relation du moine à la parole : j’ai envie de dire savoir écouter pour savoir parler. Ecouter Dieu, être attentif à sa Parole dans la lectio, dans l’oraison, se laisser habiter par Dieu. « Laisse Dieu être Dieu en toi « Comment le pourrait-il si son cœur est plein de bruits ! Le silence du cœur = la garde des pensées : ce que Benoît disait hier des pensées mauvaises. Chercher le silence du cœur –Etre là = en cet instant Dieu me donne la vie, je la reçois de lui. Ecouter l’autre = c’est la même oreille ! Si je ne sais pas faire silence pour Dieu, je ne saurai pas écouter l’autre. Etre attentif à celui qui me parle, ce qu’il dit, ce qu’il exprime autrement que par les mots. Ne pas être encombrant = personne ne vient à moi pour avoir mon bulletin de santé ! Sauf le frère infirmier surtout pas les hôtes ! C’est aussi une question de tempérament, certains ne peuvent pas réfléchir si on leur parle, d’autres on besoin de parler pour réfléchir mais Benoît ne trait pas de ces paroles dans ce passage. Il parle des paroles mauvaises, vaines, la moquerie, la médisance, le murmure. Puisqu’il nous a quitté ce matin, je peux dire un mot de frère Bernard, Le citer en exemple d’homme dont la parole est pleine, habitée. Une belle parole de moine. (2008-11-21)
48. Surveiller à toute heure les actions de sa vie,
49. en tout lieu tenir pour certain que Dieu nous regarde.
50. Quand des pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les découvrir à l'ancien spirituel.
« Quand des pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les ouvrir à un ancien qui soit spirituel » Les versets nous disent 3 choses : 1 Une façon de prier la Bible, les Psaumes, la violence des psaumes. 2 Une conduite à tenir avec les pensées mauvaises : les briser contre le Christ. 3 un enseignement sur la relation à un ancien qui soit spirituel.
Le commentaire du Ps 136,9, cette façon de lire la Bible, n’est pas propre à St Benoît. Celle des Pères Origène, dans son commentaire de l’Exode des plaines de l’Egypte dit : est-ce que vous voyez que Dieu veut nous apprendre quelque chose sur Pharaon ? Il ne nous parle pas de Pharaon, il nous parle du combat contre l’ennemi. De notre combat contre le mauvais.
St Benoît l’a déjà utilisé dans le prologue Ce verset 28 du Psaume 136, était même plus proche du texte du Ps = « Celui qui lorsque le diable lui suggère quelque chose, le repousse loin de son cœur... et s’emparant de ses petits : Les pensées qu’il lui a inspirées, les a écrasés contre le Christ. Christ est la pierre contre laquelle nous brisons les mauvaises pensées = (C’est interprétation habituelle des Pères) L’objet de cette terrible malédiction n’est pas Babylone, mais Satan, qui a pour rejetons les pensées mauvaises. Ce qui est nouveau dans l’instrument de ce matin, c’est que St Benoît ajoute « les briser aussitôt contre le Christ » Aussitôt et nous savons combien c’est important ? Une pensée déracinée aussitôt n’a pas le temps de nous troubler. C’est quand nous la laissons s’installer en nous, quand nous la ruminons, qu’elle prend de l’importance, qu’elle peut nous empoisonner la vie, qu’elle s’enfle comme une tumeur !
Benoît nous donne un moyen pour écraser aussitôt cette pensée qui vient du mauvais, s’en ouvrir au père spirituel. C’est l’ouverture de cœur qui fait partie du chemin monastique. A la fois une chance et une libération quand nous savons la vivre. Toute l’énergie qui peut être libérée en nous, si nous savons profiter de cette relation. Le lieu où dire ce qui me fait peur, ce dont j’ai peur, ce qui empoisonne ma vie, mes pensées mauvaises. (2008-11-20)