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75. Tels sont les instruments de l'art spirituel.
« Tels sont les instruments de l’art spirituel » Cette expression reprend le vocabulaire du titre de chapitre = « Quels sont les instruments des bonnes œuvres ? » Si nous voyons bien ce qu’est un instrument, un outil concret, l’expression est étrange. Quel est le lien entre ce concret et cet art spirituel ? Que signifie cette alliance bizarre entre deux niveaux de vocabulaire ? St Benoît y attache grande importance, puisqu’il en fait une inclusion qui englobe tout le chapitre. Le propre de l’outil, dans l’ordre matériel, c’est de remplir une fonction précise, d’être adapté à une tâche. On peut toujours bricoler en utilisant un caillou comme marteau mais le travail est mieux fait en utilisant l’outil adéquat, l’instrument adapté au résultat recherché. En utilisant cette métaphore, le vocabulaire de l’atelier, Benoît veut développer une idée importante : l’art spirituel est une pratique, un art d’atelier. Le monastère est cet atelier, ce qui caractérise la vie monastique, c’est qu’elle s’apprend plus dans la pratique que dans les livres, comme dans un atelier, c’est en faisant ce qui est enseigné que l’on acquiert peu à peu le doigté, le geste juste, l’expérience. Pour Benoît, la vie monastique n’est pas affaire de belles spéculations, de grandes théories, c’est une sagesse pratique, acquise sur le terrain, une expérience. Voilà pourquoi on ne peut apprendre la vie monastique qu’en le vivant. C’est un apprentissage qui n’est pas d’abord fondé sur des mots, mais sur la transmission d’homme à homme, d’un savoir silencieux. Une science qui ne se trouve guère dans les livres mais qui s’acquiert à travers l’expérience. L’expérience est maîtresse de vie. (2008-12-02)
65. ne haïr personne,
66. ne pas avoir de jalousie,
67. ne pas agir par envie,
68. ne pas aimer la contestation,
69. fuir l'élèvement.
70. Et vénérer les anciens,
71. aimer les jeunes.
72. Dans l'amour du Christ, prier pour ses ennemis,
73. faire la paix avec son contradicteur avant le coucher du soleil.
74. Et ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.
Le monastère est une école pour apprendre à aimer. Les instruments entendus ce matin en déploient l’exercice pratique dans notre vie concrète. Ils nous rappellent qu’aimer l’autre ne va pas de soi. L’amour de la chasteté nous est difficile. Il nous arrive de haïr un frère. La jalousie, l’arrogance, l’ennemi font parti de notre vie quotidienne. Vénérer les anciens, aimer les plus jeunes, c’est souvent plus facile à dire qu’à vivre réellement. Quant à nos ennemis, n’en parlons pas ! Combien de jours, d’années même, sommes-nous capable de ruminer des rancunes contre des frères !
Devant cette situation, il y deux échappatoires : le 1er, qui ne nous guette pas trop quand même, c’est de nous murer dans un univers, choisir nos relations, éviter les problèmes ; vivre dans notre petit monde. Le 2ème, plus courant, consiste à négocier avec la réalité, essayer de faire du bien aux autres, de les soigner, se faire le psychologue de ses frères ! Ces attitudes parent de la même racine : c’est moi qui reste au centre de tout. Elle nous mène à la même expérience terrible : « Nous ne savons pas aimer comme il faut ! » C’est pourquoi, à la suite de ces versets sur les relations aux autres, Benoît ajoute : « Ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu » Devant nos échecs à aimer, le verset s’illumine comme un merveilleux cadeau, ce n’est plus l’autre qui est en cause, avec ses défauts, ses limiter mon caractère, c’est moi : j’ai beau faire ce je peux, je ne sais pas aimer. Le petit verset vient comme une bouée de sauvetage ! C’est la merveilleuse révélation de Jean : « Ce n’est pas nous qui avons à aimés » (Jn 4). Pour le comprendre, il faut être passé par cette expérience douloureuse : notre incapacité à aimer mais c’est lui, Dieu qui nous sauve. (2008-11-27)
59. Ne pas assouvir les désirs de la chair,
60. haïr sa volonté propre,
61. obéir en tout aux commandements de l'abbé, même s'il agit lui-même autrement – ce qu'à Dieu ne plaise – en se souvenant du commandement du Seigneur : « Ce qu'ils disent, faites-le ; quant à ce qu'ils font, ne le faites pas. »
62. Ne pas vouloir être appelé saint avant de l'être, mais l'être d'abord, afin d'être appelé ainsi avec plus de vérité.
« Ne pas vouloir passer pour saint avant de l’être » Vouloir passer saint n’est pas notre tentation la plus courante, d’ailleurs entre frères on ne s’y trompe pas. Par contre les hôtes se font bien souvent des illusions sur notre sainteté ! Mais être vraiment saint est-ce notre désir ? L’effort vers la sainteté implique deux choses :
- La crainte de ce qui nous sépare de Dieu, ce qui nous éloigne de lui, ce qui empêche l’intimité avec lui.
- La docilité à l’Esprit Saint cultivée, qui produit l’effet inverse du péché : Elle nous rapproche de Dieu. Nous laisser conduire par l’Esprit de Dieu, elle crée en nous, progressivement, une sensibilité divine, dans notre manière de voir et de faire. Faire silence pour entendre cette voix intérieure. Pour que l’Esprit puisse s’emparer de nous Grégoire de Nysse le traduit aussi de façon radicale : « Pour vivre, il faut mourir » Je crois que c’est aussi ce que veut dire le P.Michle Rondet quand il écrit : « N’oubliez jamais que le véritable chemin spirituel va toujours de la sainteté désirée à la sainteté offerte » C’est cette pauvreté offerte qui est ouverture à l’Esprit de Dieu. Nous nous souvenons aussi de ce que dit Thérèse de Lisieux de la sainteté véritable : « La sainteté véritable consiste en une disposition du cœur qui nous rend humbles et petits entre les mains de Dieu, conscients de notre misère mais confiants jusqu’à l’audace en ta bonté de Père »
Cet instrument de Benoît peut nous aider aussi à ne pas juger les autres, ni en communauté, ni à l’extérieur, ni les personnes, ne les groupes. (2008-11-26)
57. confesser chaque jour à Dieu dans la prière, avec larmes et gémissements, ses fautes passées,
58. se corriger de ces fautes à l'avenir.
Pour le frère Adalbert ces deux versets font un ensemble avec les deux précédents : lecture – regret des fautes - conversion. Chez les anciens l’oraison s’accompagnent du regret des fautes, des larmes. La prière jaillissante de la conscience vive du péché. Elle consistait avant tout à implorer le pardon. Prière d’humilité qui rappelle celle du publicain donné en exemple par le Christ. Touché aux larmes, le cœur se tourne tout entier vers Dieu. A travers l’oraison et le regret des fautes, la Parole de Dieu entendue dans la lecture atteint son but, la conversion du cœur. Nous entendons cette litanie d’instruments des bonnes œuvres, depuis un certain temps déjà ! Nous risquons d’être submergés ! Ou en est l’essentiel ? Il s’agit de notre relation avec le Christ. Il est le commencement et la fin de tous ces conseils de Benoît. Il en est l’accomplissement. La Vie éternelle, c’est lui, la mort bienheureuse, c’est lui, de même la Joie paisible. La prière incessante, le regret des fautes tout ramène au Christ.
Confesser ses fautes passées : il ne s’agit pas de s’analyser, de se replier sur soi mais de se mettre dans la grande lumière du Christ. S’ouvrir accueillir son Amour, à l’occasion précisément de nos pauvres misères. Tout ramener à lui, le faire aimer par nos frères. (2008-11-25)
55. Écouter volontiers les saintes lectures,
56. se prosterner fréquemment pour prier,
« Ecouter les saintes lectures » Frère Adalbert nous rappelle que ce verset concerne la lectio divina, pas seulement les lectures entendues en commun, au chapitre, au réfectoire. La lecture se faisait à haute voix, même en privé. L’écouter volontiers, avec attention, pour en tirer profit. Ecouter la Parole de Dieu et non les paroles vaines dont parlaient les versets lus hier. Lire à haute voix, quand c’est possible sans déranger les frères. Ecrire, recopier la Parole de Dieu, lire à l’avance les textes qui seront entendus dans la liturgie, à chacun de trouver les moyens qui l’aident à s’imprégner de la Parole de Dieu.
La Lectio appelle en réponse la prière. C’est la méthode d’oraison du monachisme ancien. Peut-être aussi le nôtre. Comme toujours, dans l’Economie du Salut, l’initiative appartient à Dieu. Avant de lui parler, il faut l’écouter. « Se prosterner fréquemment pour prier » Cela nous fait penser aux litanies du monachisme Orthodoxe. Nous avons vu un rituel semblable chez les moines Zen japonais. Nous aussi nous nous prosternons dans la liturgie et nous savons la place de notre corps dans la prière. Le corps qui peut nous aider à trouver le silence du cœur ou qui peut nous gêner si nous n’avons pas l’attitude juste. « Se prosterner fréquemment pour prier » « Prier sans cesse » Dit Jésus en Luc 18 et 22. Chacun de nous en parlerait différemment mais c’est toujours la grande affaire de notre vie, c’est moins une question de volonté que de pureté du cœur. Le cœur pur, le cœur libre, se trouve naturellement vers Celui qui habite en nous. C’est le travail le plus profond que l’homme puisse accomplir. Il nous place au cœur de l’Eglise, au cœur du monde. (2008-11-22)
51. Garder sa bouche des paroles mauvaises et déshonnêtes,
52. ne pas aimer à beaucoup parler ;
53. ne pas dire des paroles vaines ou qui portent à rire,
54. ne pas aimer le rire prolongé ou aux éclats.
55. Écouter volontiers les saintes lectures,
Le verset encore se réfère à l’Ecriture : au livre des proverbes, à l’Evangile de Matthieu. (Prov 10-19 dit « Abondance de parole ne va pas sans offenses. Qui retient ses lèvres est avisé » Mathieu, 2 fois, à propos des paroles, utilise la comparaison de l’arbre qui porte du fruit selon qu’il est bon ou mauvais. Il dit au ch 12 : « L’homme bon, du trésor bon, extrait de bonnes choses, l’homme mauvais, du trésor mauvais extrait des choses mauvaises, aussi je vous dis : tout mot futile que les hommes diront, ils en rendront compte au jour du jugement ! »
Voilà le fondement scripturaire de cet enseignement de Benoît.
Pour nous aujourd’hui, la relation du moine à la parole : j’ai envie de dire savoir écouter pour savoir parler. Ecouter Dieu, être attentif à sa Parole dans la lectio, dans l’oraison, se laisser habiter par Dieu. « Laisse Dieu être Dieu en toi « Comment le pourrait-il si son cœur est plein de bruits ! Le silence du cœur = la garde des pensées : ce que Benoît disait hier des pensées mauvaises. Chercher le silence du cœur –Etre là = en cet instant Dieu me donne la vie, je la reçois de lui. Ecouter l’autre = c’est la même oreille ! Si je ne sais pas faire silence pour Dieu, je ne saurai pas écouter l’autre. Etre attentif à celui qui me parle, ce qu’il dit, ce qu’il exprime autrement que par les mots. Ne pas être encombrant = personne ne vient à moi pour avoir mon bulletin de santé ! Sauf le frère infirmier surtout pas les hôtes ! C’est aussi une question de tempérament, certains ne peuvent pas réfléchir si on leur parle, d’autres on besoin de parler pour réfléchir mais Benoît ne trait pas de ces paroles dans ce passage. Il parle des paroles mauvaises, vaines, la moquerie, la médisance, le murmure. Puisqu’il nous a quitté ce matin, je peux dire un mot de frère Bernard, Le citer en exemple d’homme dont la parole est pleine, habitée. Une belle parole de moine. (2008-11-21)
48. Surveiller à toute heure les actions de sa vie,
49. en tout lieu tenir pour certain que Dieu nous regarde.
50. Quand des pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les découvrir à l'ancien spirituel.
« Quand des pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les ouvrir à un ancien qui soit spirituel » Les versets nous disent 3 choses : 1 Une façon de prier la Bible, les Psaumes, la violence des psaumes. 2 Une conduite à tenir avec les pensées mauvaises : les briser contre le Christ. 3 un enseignement sur la relation à un ancien qui soit spirituel.
Le commentaire du Ps 136,9, cette façon de lire la Bible, n’est pas propre à St Benoît. Celle des Pères Origène, dans son commentaire de l’Exode des plaines de l’Egypte dit : est-ce que vous voyez que Dieu veut nous apprendre quelque chose sur Pharaon ? Il ne nous parle pas de Pharaon, il nous parle du combat contre l’ennemi. De notre combat contre le mauvais.
St Benoît l’a déjà utilisé dans le prologue Ce verset 28 du Psaume 136, était même plus proche du texte du Ps = « Celui qui lorsque le diable lui suggère quelque chose, le repousse loin de son cœur... et s’emparant de ses petits : Les pensées qu’il lui a inspirées, les a écrasés contre le Christ. Christ est la pierre contre laquelle nous brisons les mauvaises pensées = (C’est interprétation habituelle des Pères) L’objet de cette terrible malédiction n’est pas Babylone, mais Satan, qui a pour rejetons les pensées mauvaises. Ce qui est nouveau dans l’instrument de ce matin, c’est que St Benoît ajoute « les briser aussitôt contre le Christ » Aussitôt et nous savons combien c’est important ? Une pensée déracinée aussitôt n’a pas le temps de nous troubler. C’est quand nous la laissons s’installer en nous, quand nous la ruminons, qu’elle prend de l’importance, qu’elle peut nous empoisonner la vie, qu’elle s’enfle comme une tumeur !
Benoît nous donne un moyen pour écraser aussitôt cette pensée qui vient du mauvais, s’en ouvrir au père spirituel. C’est l’ouverture de cœur qui fait partie du chemin monastique. A la fois une chance et une libération quand nous savons la vivre. Toute l’énergie qui peut être libérée en nous, si nous savons profiter de cette relation. Le lieu où dire ce qui me fait peur, ce dont j’ai peur, ce qui empoisonne ma vie, mes pensées mauvaises. (2008-11-20)
44. Craindre le jour du jugement,
45. redouter la géhenne,
46. désirer la vie éternelle de toute sa convoitise spirituelle,
47. avoir chaque jour la mort présente devant ses yeux.
Craindre – désirer- deux mots qui résument ce passage. Deux mots qui résument aussi la plupart de nos motivations : nous agissons, nous parlons, nous pensons, même par la crainte ou par le désir. Il est donc important de vérifier si notre crainte est fondée, si notre désir est juste. St Benoît nous donne ces instruments des bonnes œuvres, comme des outils pour discerner si nos peurs et si nos désirs sont ajustés ? Pour apprendre à craindre et à désirer de façon juste car il y a des choses dont nous avons peur et qui n’en valent pas la peine. Il y a des réalités que nous désirons et que ne sont pas bonnes. L’apprentissage de la crainte juste, du désir juste est un travail, un véritable travail intérieur, le travail de toute une vie.
Souvent nous craignons le ridicule, ou de perdre la face mais nous ne nous rendons pas compte de l’effet nuisible de nos paroles mauvaises déplacées. Que nous devrions craindre beaucoup plus. (2008-11-19)
42. Quand on voit quelque bien en soi, l'attribuer à Dieu, non à soi-même ;
43. quant au mal, savoir qu'on en est toujours l'auteur et se l'imputer.
La lecture de ces deux instruments peut nous laisser quelque peu insatisfaits. Benoît invite à un regard sans complaisance sur soi-même, sur ses propres œuvres. « Si on voit quelque bien : l’attribuer à Dieu non à soi-même ; quand au mal savoir qu’on est toujours l’auteur et se l’imputer » Benoît semble ici tributaire de la pensée augustinienne sur la grâce comme l’a montré le P. Adalbert en étudiant les changements opérés d’avec la RM. Benoît entend montrer la grandeur de l’œuvre de la grâce de Dieu en l’homme qui laisse à lui-même est indigent. Certainement le propos est-il en cohérence avec la recherche de l’humilité monastique. Savoir retourner en action de grâce à Dieu toute chose bonne accomplie et savoir demander pardon en reconnaissant nos fautes. C’est là certainement une attitude qui doit venir toujours plus habituelle dans le cœur d’un moine à la suite de Benoît.
Cependant il serait erroné d’entendre ces deux instruments de façon trop carrée, au risque de tomber dans un certain masochisme. S’il nous faut savoir toujours rendre grâce à Dieu pour ce qu’il a de bien dans nos vies, cela doit nous apprendre dans le même temps à avoir une juste estime de nous-même. Il est important de savoir laisser grandir cette juste estime de soi.
De même, reconnaître ces fautes, son péché ne doit pas enfermer dans la culpabilité. Les deux attitudes ne sont pas semblables : reconnaître son péché devant Dieu, c’est la lui remettre, à lui qui l’enlève et veut nous guérir. S’enfermer dans la culpabilité, c’est s’attrister sur soi-même, c’est demeurer dépité face à l’image négative que nous renvoient nos fautes… mais sans les porter et ni les remettre à Dieu. Ces deux instruments sont donc d’un maniement un peu délicat. Ils pointent le lien sensible en nous de notre réalité humaine belle et fragile, toujours appelée à rester tournée vers son Seigneur, toujours exposée à sa grâce. (2008-11-14)
41. Confier son espoir à Dieu.
Confier son espoir à Dieu.
Nous avons là une des deux mentions de l’espérance dans la Règle de Saint Benoît. L’autre se trouve au chapitre 7 pour évoquer l’espérance de la récompense divine qui permet de traverser l’épreuve des humiliations. Au milieu de ce chapitre de l’art spirituel où sont passés en revue, et les dangers et les armes du combat, cette mention de l’espérance est bienvenue. Elle replace si besoin était cette lutte spirituelle, à laquelle tout notre être est convié, dans la lumière de Dieu. C’est lui notre espérance, car c’est lui qui est avec nous dans ce combat. Car c’est pour sa gloire que nous luttons. Cette invitation à l’espérance n’est pas sans annoncer le dernier instrument de ce chapitre : « ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu » Nous pouvons pressentir à travers ces deux recommandations combien notre vie monastique nous engage dans une lutte radicale… Lutte qui peut nous éprouver si sérieusement que tout semble se dérober sous nos pieds. A quoi bon tout cela ? Faut-il encore continuer ? Pourquoi se donner tant de mal ? Comme deux lampadaires sur la route, ces exhortations à l’espérance nous engagent à oser un pas dans l’inconnu et à ne pas regarder en arrière. Quelqu’un nous attend devant nous pour nous découvrir et son visage encore inconnu et une part de nous-même non encore exploité. L’invitation à l’espérance dans la lumière de la foi au Christ ressuscité s’offre à nous alors comme un levier dynamique pour consentir à traverser les passages obscurs. Dans la rudesse de la vie monastique et dans l’épreuve de la foi, nous apprenons à lâcher prise… à confier toute notre espérance à Dieu. Notre vie est dans sa main. Qu’il la mène à son achèvement lui qui a commencé son œuvre en nous depuis notre naissance. (2008-11-13)