vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 61 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 06 juin 2012
Verset(s) :

61. obéir en tout aux commandements de l'abbé, même s'il agit lui-même autrement – ce qu'à Dieu ne plaise – en se souvenant du commandement du Seigneur : « Ce qu'ils disent, faites-le ; quant à ce qu'ils font, ne le faites pas. »

Commentaire :

« Obéir en tout aux commandements de l’abbé, même s’il agit autrement ». Cet instrument forme la paire avec l’instrument précédent « haïr sa volonté propre ». Je concluais hier en invitant à faire confiance à l’Esprit Saint qui guide notre volonté. Notre vie monastique nous donne aussi de faire confiance aux médiations humaines : la parole de l’abbé, celles des frères, les coutumes de la communauté. Confiance dans cette institution qui nous porte et qui nous donne les moyens de devenir nous-mêmes. L’obéissance à la parole de l’abbé est un acte de volonté et de liberté. Cette obéissance n’est en rien contrainte pour celui qui désire obéir à Dieu. Nous savons encore mieux depuis l’incarnation du Christ que Dieu se plait à parler et à se dire à travers les médiations humaines. En écoutant celles-ci et en les respectant, nous mettons toutes les chances de notre côté pour faire sa volonté. Et cette confiance va loin. Benoit le suggère en disant que même si l’abbé agit autrement, il faut faire ce qu’il dit. Car même ainsi, on obéit encore au Seigneur qui a dit : «Ce qu’ils disent faites le, quant à ce qu’ils font, ne le faites pas ». Cet extrême manifeste encore l’obéissance, vécue dans la vie monastique, et commandée par la foi. La foi en Dieu qui se sert de médiations faillibles. Mais cette faillibilité n’a pas empêché la confiance que le Seigneur fait aux hommes. Comme nous le disait si bien Mgr Stenger à propos de Pierre au lendemain de son reniement. Le regard de Jésus se pose sur lui afin que, depuis sa faiblesse assumée, il vive sa mission au service de ses frères. La foi du Seigneur en l’homme faillible appelle la foi du frère qui obéit à son frère faillible à qui est confiée la charge du troupeau. Dans cette lumière de la foi, nos relations fraternelles prennent une densité toute autre qu’il nous faut savoir reconnaitre et gouter. Nous sommes dans les mains de Dieu qui nous conduits à travers sa parole, celle de l’abbé, celles des frères, à travers toutes ces médiation humaines. (2012-06-06)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 60 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 05 juin 2012
Verset(s) :

60. haïr sa volonté propre,

Commentaire :

L’expression est forte : Haïr est un mot qu’on utilise rarement et en général pour qualifier le rejet d’une personne. Haïr entraine la rupture et la prise de distance forte. Là où aimer crée des ponts et rassemble les êtres. Quand haïr qualifie ici une part de soi : la volonté propre, on peut l’entendre comme l’invitation à se séparer radicalement, enlever. On peut se demander en quoi la volonté propre est haïssable ? Avoir de la volonté est une bonne chose et personne ne peut vouloir à notre place. Donc il y a bien une volonté qui est mienne. Assurément cette volonté n’est pas haïssable puisque je dois l’exercer pour vivre et m’engager dans toutes mes activités et mes relations. Qu’est-ce donc que cette volonté propre ? Une volonté qui part de soi pour arriver à soi. Une volonté qui trouve son origine et sa fin en soi-même. Par elle, on ne travaille que pour soi et l’on ne souhaite pas être dérangé ou interpellé par un autre. Cette volonté là qui est centré sur soi et sinon aveugle, du moins très mal voyante. En effet, elle oublie que l’être humain est un être de relation qui devient vraiment vivant en se recevant des autres et en se donnant aux autres. Accepter de vivre, d’agir et de penser avec d’autres et pour d’autres est la réalité profonde de notre vie humaine. Vivre centré sur soi est une illusion mortifère. Dans notre contexte monastique, nous expérimentons de plus la réalité spirituelle. Nous cherchons à faire la volonté de Dieu, car nous croyons que dans cette Volonté divine, notre volonté va pouvoir donner toutes ses potentialités. Illuminée par la grâce de l’Esprit Saint, qui veut en nous ce que Dieu veut, notre volonté déploie toutes ses potentialités en entrant dans le projet de Dieu. Là où notre volonté propre est toujours malvoyante et étriquée, notre volonté guidée par l’Esprit Saint, mais aussi par la Parole de Dieu et la Sagesse monastique, s’élargit. Elle peut donner toute sa mesure, et toujours plus grande à la mesure de notre docilité à l’Esprit Saint ; N’ayons donc pas peur de haïr cette volonté propre qui nous rétrécit. Faisons confiance à l’Esprit qui nous bouscule et nous élargit le cœur et le regard. (2012-06-05)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 59 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 02 juin 2012
Verset(s) :

59. Ne pas assouvir les désirs de la chair,

Commentaire :



« Ne pas assouvir les désirs de la chair ». Petit instrument qui reprend la recommandation de Paul « Laissez vous mener par l’Esprit et vous ne risquerez pas de satisfaire la convoitise charnelle » (Ga 5.16). De manière analogue Pierre dit ceci : « Très chers, je vous exhorte, comme étrangers et voyageurs, à vous abstenir des désirs charnels qui font la guerre à l’âme ». L’image de la guerre est forte. Comme je le disais le jour de la Pentecôte, les désirs charnels dans la force de leurs excès détruisent et les relations et soi-même. Ils ont l’apparence séduisante d’un certain bien et de plaisirs assurés. Mais en fait, ils sèment une œuvre de mort qui coupe des autres et enferme sur soi.

Pierre suggère l’image du voyage, en rappelant à ses correspondants qu’ils sont voyageurs et pèlerins sur cette terre. Vivre sous la conduite de l’Esprit, le laisser nous mener, c’est partir pour ce voyage. Là où les désirs charnels nous entravent, le souffle de l’Esprit nous entraine à avancer dans la confiance au Seigneur. Les désirs charnels veulent nous retenir dans le bonheur illusoire de la jouissance immédiate. Le souffle de l’Esprit nous fait pressentir la joie profonde de devenir plus libre. La jouissance pour elle-même dans la nourriture, la boisson, le sexe, les relations immatures, le gout de l’avoir, du pouvoir nous retient comme un boulet, rivé à une fausse image de nous-mêmes.

Laissons l’Esprit faire son œuvre en nous. Une œuvre tout en force et en douceur, la force de la vérité et la douceur de l’amour. L’Esprit veut nous réconcilier avec nous-mêmes et nous redonner notre dignité de fils de Dieu. La liberté est notre bien le plus précieux et l’Esprit Saint notre défenseur contre nos désirs les plus esclavagistes. Dans la belle séquence de Pentecôte, demandons lui : « Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé, assoupli ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé ». (2012-06-02)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 57-58 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 31 mai 2012
Verset(s) :

57. confesser chaque jour à Dieu dans la prière, avec larmes et gémissements, ses fautes passées,

58. se corriger de ces fautes à l'avenir.

Commentaire :

« Confesser chaque jour à Dieu dans la prière, avec larmes et gémissements ses fautes passées ». Notre première pensée est peut être de nous dire, n’est-ce pas exagéré, voire malsain de vivre ainsi dans le souvenir des fautes passées. Il n’est pas facile en effet d’entrer dans ce mouvement intérieur auquel les anciens étaient peut être plus familiers.

En trois autres passages Benoit invite assez naturellement à la prière avec larmes. A chaque fois, c’est pour insister sur la qualité de la prière plus que sur la quantité (RB 20.3 ; 52.4 ; 49.4). Cette prière est liée à la componction du cœur, à ce cœur vulnérable ouvert par le repentir. Larmes et repentir, tristesse d’offenser Dieu et le prochain. Cœur brisé dirait le Psalmiste. Par ces notations répétées, on entrevoit qu’i l s’agit là d’un vrai engagement dans la prière. Non une prière superficielle, mais d’une prière qui prend tout l’être jusqu’à en être ému aux larmes. Belle sensibilité spirituelle où le moine comprend le poids de son péché devant la lumière de Dieu. Ce qui n’est pas facile à comprendre pour nous, c’est que les larmes dont il s’agit ici, sont des larmes qui ouvrent à l’amour de Dieu, qui le révèlent. Elles n’enferment pas le moine sur lui, mais elles le rendent plu sensible à l’Amour de Dieu dont il mesure la distance qu’a creusé son péché.

Que pouvons-nous entendre aujourd’hui ici ? Se reconnaitre pécheur devant notre Dieu est une affaire d’amour, de cœur. Trop souvent notre cœur est dur, car trop fermé sur sa culpabilité. Celle ci nous enferme sur nous-mêmes et sur la tristesse de ne pas être à la hauteur de ce qu’on voudrait être. La culpabilité nous tourne sur nous-mêmes au lieu de nous faire regarder vers Dieu. La prière avec larmes, même si nous ne savons plus bien la pratiquer, nous montre la direction juste pour se reconnaitre pécheur devant Dieu. Celle de l’amour confiant désireux d’aimer davantage celui qui ne cesse de venir à nos devants. Se reconnaitre pécheur, c’est se laisser toucher par l’amour de Dieu qui attise notre désir d’aimer vraiment davantage. Grâce à accueillir, grâce à demander, aujourd’hui par l’intercession de Marie qui prie pour nous pécheur. (2012-05-31)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 55 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 30 mai 2012
Verset(s) :

55. Écouter volontiers les saintes lectures,

Commentaire :

« Écouter volontiers les saintes lectures ». Je crois que nous avons de la chance dans la vie monastique d’avoir la possibilité d’apprendre à écouter. Beaucoup d’aspects de notre vie quotidienne s’organisent autour de l’écoute. Il y a la liturgie, bien sûr, avec l’office des Vigiles qui offrent la part belle à l’écoute des Écritures ; Il y a les repas, mais aussi les chapitres du matin et du soir, et les chapitres conventuels. Tout au long de nos journées, nous sommes mis en situation d’écoute. C’est une chance car d’emblée nous sommes décentrés de nous-mêmes pour recevoir une autre parole. Par là, nous sommes orientés vers la juste posture humaine sous le regard de Dieu. En attente de sa parole, à l’écoute de son amour. Cette mise en disposition favorable ne fait pas cependant de nous des écoutants, de façon automatique. « Écouter volontiers dit Benoit. « Volontiers – libenter en latin », car l’écoute réelle engage notre volonté et notre désir. Si nous ne prêtons pas l’oreille, si nous ne nous engageons pas vraiment dans l’écoute, nous n’entendrons rien. Nous en faisons tous l’expérience lors d’une lecture à l’église ou au réfectoire. Un moment d’inattention ou de distraction nous fait perdre le passage en train d’être lu. Faut-il pour autant se concentrer, voire se crisper, pour ne rien manquer d’une lecture ? L’adverbe «volontiers » qui qualifie ici l’écoute est suggestif. Il est tout le contraire de ce qui serait contraint ou forcé. « Volontiers » fait appel à notre disponibilité de cœur, notre désir profond d’être là et bien là pour Dieu et pour nos frères. Écouter volontiers un passage de l’Écriture hyperconnu c’est, par amour de celui qui nous parle, se tenir en sa présence pour le laisser nous étonner. Un mot, une phrase prendra tout d’un coup un relief inattendu. Écouter volontiers un frère dont on connait déjà «la chanson », c’est le gratifier de notre bienveillance et de notre confiance pour lui permettre de se dire et peut être de nous surprendre. L’écoute volontaire et disponible au jour le jour n’a pas fini de nous ouvrir l’accès à des trésors inconnus, inouïs pourrait-on dire. Ce n’est pas une des moindres joies de notre vie monastique. « Heureux ceux qui écoutent l Parole de Dieu et qui la gardent » disait Jésus (Lc 11.28). (2012-05-30)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 56 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 26 mai 2012
Verset(s) :

56. se prosterner fréquemment pour prier,

Commentaire :

« Se prosterner fréquemment pour prier ». Aussi curieux que cela puisse paraitre, il n’y a pas de mention dans la Règle de la recommandation de Paul de « priez sans cesse » (1 Th 5.17). Les invitations à la prière ne manquent pourtant pas dans la RB ; La première place revient au soin apporté à la prière de l’Office. Mais il y a aussi la prière seul à l’oratoire qui doit être brève et pure (RB 20.4). En Carême, la prière se fait plus insistante et plus engagée (RB 49) et puis les occasions de prier qui sont offertes par la vie quotidienne lors de l’accueil des hôtes (RB 53), au départ et au retour de voyage d’un frère (RB 67), mais aussi quand on veut faire quelque bien, ou en fait la demande instante à Dieu (Prol 4). La prière est donc présente dans la vie du moine. L’instrument entendu ce matin, peut être aussi compris comme une invitation à demeurer en éveil «se prosterner fréquemment pour prier ».

Chacun de nous peut trouver sa manière de demeurer sous le regard du Seigneur. Prier, dit une action, celle de se tourner vers notre Dieu. Une prière ponctuelle, limitée dans le temps se concrétise dans une attitude. Se prosterner suggère Benoit. Ce peut être aussi s’arrêter debout, s’asseoir ou se mettre à genoux. Ces prières ponctuelles que chacun peut vivre durant sa journée ont un rôle pédagogique. Avant de commencer un travail, de vivre une rencontre, à la fin d’une occupation. Ces brèves ponctuations priantes peuvent nous apprendre «le priez sans cesse ». « Fréquemment » dit plus modestement Benoit. Il nous fait apprendre peu à peu à vivre nos journées, non comme si nous étions seul, mais en relation avec notre Père des Cieux, avec le Christ dans l’Esprit Saint. C’est à la fois une grâce à recevoir et une attention à cultiver. Nous voudrions grandir dans cette familiarité avec notre Dieu. En nous ouvrant à son amour, cette familiarité nous ouvre à nos frères toujours un peu plus. (2012-05-26)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 52-54 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 25 mai 2012
Verset(s) :

52. ne pas aimer à beaucoup parler ;

53. ne pas dire des paroles vaines ou qui portent à rire,

54. ne pas aimer le rire prolongé ou aux éclats.

Commentaire :

Durant le temps pascal, nous avons chanté une hymne à l’Esprit Saint. Voici la 1° strophe qui peut éclairer ces instruments entendus ce matin sur le trop plein de mots et de rire.

Esprit qui planes sur les eaux, apaise en nous les discordances, les flots inquiets, le bruit des mots, les tourbillons de vanité, et fait surgir dans le silence la parole qui nous recrée ». « Le bruit des mots et les tourbillons de vanité ». Je pense que c’est cela que veut nous éviter ce matin Benoit. Il peut arriver à certaines occasions qu’à quelques uns, on s’amuse, on se gausse de bons mots et sans s’en rendre compte on risque d’exclure d’autres qui ne peuvent entrer dans le jeu. J’entends parfois des réflexions de frères se sentent un peu mis à l’écart de petits cercles qui ont l’habitude de se parler ou de rire ensemble. Soyons attentifs à ces petits cercles qui, s’ils veulent être vraiment fraternels, doivent toujours être prêts à s’ouvrir pour faire place à l’autre. Ne laissons pas «le tourbillon de vanité » nous entortiller et nous fermer à celui qui est un peu différent. C’est la qualité de notre vie fraternelle qui en dépend. Celle-ci n’est jamais exclusive, mais toujours inclusive.

Ces instruments nous invitent aussi à prendre au sérieux le climat de silence que nous cherchons à préserver dans le monastère. Ensemble, il nous faut nous y aider si nous voulons demeurer à l’écoute. Je rappelle les lieux sensibles où nous cultivons le silence : la salle des casiers à partir de la sonnerie des Vêpres jusqu’à 8 h00, la salle des coules et le cloitre, évitons les papotages, la plonge, Si nous avons besoin de parler, faisons signe pour aller à l’écart dans un lieu idoine, ou bien patientons avant le moment opportun. Cette retenue dans la parole est une belle école d’écoute et de maitrise de soi pour discerner qui est vraiment important de dire et à quel moment : «Esprit qui planes sur les eaux, fais surgir dans le silence la Parole qui nous recrée ». (2012-05-25)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 51 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 24 mai 2012
Verset(s) :

51. Garder sa bouche des paroles mauvaises et déshonnêtes,

Commentaire :

«Garder sa bouche des paroles mauvaises et déshonorantes »

Il y a quelques jours, nous écoutions un autre instrument semblable : garder ses actions à toute heure ». La garde de la bouche n’est pas une des plus petites tâches de ce gardiennage de nous-mêmes. Combien de fois pouvons nous nous surprendre à dire : «Oh, cela m’a échappé et j’aurai mieux fait de me taire ; qu’est-ce que j’ai été bête de dire cela » etc..La parole semble parfois aller plus vite que ce que nous souhaiterions. Elle vient rapidement sur les lèvres, jamais complètement à notre insu, mais souvent surprenante. Cela vaut d’ailleurs aussi pour les bonnes paroles ou les propos qui nous trouvent les premiers étonnés de les entendre sorti de notre bouche. Autrement dit, il ne s’agit pas de vouloir se museler pour s’empêcher de parler. Mais il faut plutôt veiller à ce qui se passe du côté de notre cœur. Car comme le dit Jésus dans l’Evangile : «C’est du dedans du cœur des hommes que sortent les desseins pervers : débauches, vols, meurtres, diffamation » (Mc 7 21-22). Libérer et purifier le cœur pour libérer et purifier les paroles. Car poursuit Jésus : «Toutes ces mauvaises choses qui sortent du dedans rendent l’homme impur » (Mc 7.23) ? En salissant les autres, les paroles mauvaises nous salissent nous-mêmes les premiers. Autrement dit, nous ne sommes pas faits pour dire de mauvaises choses sur les autres et aux autres. A l’image de notre Créateur, nous sommes créés pour que notre parole soit créatrice. Nous sommes faits pour avoir une parole constructive, une parole qui unifie et qui bâtisse la communion entre nous. C’est là notre dignité. Le reste «il vaut mieux le taire et s’en ouvrir au père spirituel si cela nous encombre trop le cœur. Cette parole vécue dans l’ouverture du cœur a un pouvoir purificateur. Travaillons et laissons nous travaillés par l’Esprit Saint, pour avoir de bonnes paroles et des paroles qui nous construisent et qui construisent notre communauté. (2012-05-24)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 50 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 23 mai 2012
Verset(s) :

50. Quand des pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les découvrir à l'ancien spirituel.

Commentaire :

« Quand les pensées mauvaises se présentent au cœur, les briser aussitôt contre le Christ et les découvrir à l’ancien spirituel »

Dans cet instrument, nous avons un bel enseignement sur l’unité de l’être humain. Il y a les pensées, il y a le cœur, il y a la parole. Les pensées surgissent dans le cœur. Le cœur a le choix : soit les garder, soit les briser contre le Christ, le rocher de la Vérité. Dans cette dernière éventualité, le cœur accepte de parler, de mettre des mots sur ces pensées pour les confier à un ancien. Entre les pensées et la parole, le cœur est ici présenté comme le centre de l’être, centre où s’opère le discernement. Le cœur est le centre vital à partir duquel nous allons construire notre vie. Qu’est-ce qui entre dans le cœur ? Qu’est-ce qui en sort ? Qu’est-ce que nous acceptons et que nous faisons nôtre? Qu’est-ce qu’au contraire nous refusons de laisser prendre place dans notre cœur ? De ces choix très simples ou plus important vont dépendre beaucoup de chose de notre vie. On peut noter l’heureuse mention du Christ, Rocher du cœur. On peut penser au verset du Ps 72 : «Ma part, le roc de mon cœur, c’est Dieu pour toujours ». Le Christ habite notre cœur par la foi. Il est là comme la lumière, la porte, le roc. Sa présence en nos cœurs se révèle incompatible avec celle de pensées mauvaises. Plus nous laissons le Christ habiter notre cœur, plus sa lumière fait apparaitre le caractère ténébreux et mortifère de certaines pensées. Notre cœur illuminé par le Christ et par son Esprit Saint apprend peu à peu, et de mieux en mieux, à reconnaître où ces pensées peuvent nous mener. Sous des apparences attrayantes, elles risquent de semer le trouble en nous-mêmes et avec nos frères. Elle nous divise au lieu de nous unifier. Certains choix peuvent s’en trouver faussés et notre vie perdre son élan spirituel. Passer du cœur à la parole est un moyen sûr de progresser dans le discernement. En parlant, en nommant ce qui nous tiraille intérieurement, ce qui nous pèse et nous trouble, nous apprenons à faire la lumière. Nous prenons distance. Dans l’ancien spirituel qui nous écoute, nous retrouvons aussi le Christ, un roc d’écoute pour nous aider à faire la vérité. (2012-05-23)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 49 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 22 mai 2012
Verset(s) :

49. en tout lieu tenir pour certain que Dieu nous regarde.

Commentaire :

« En tout lieu, tenir pour certain que Dieu nous regarde ». Ce gendre d’instrument ne nous est pas spontanément sympathique. Il connote une vision d’un Dieu surplombant nos vies comme pour nous épier. Cette vision se retrouve effectivement en d’autres passages de la RB. Elle véhicule avec elle un certain type de pédagogie plus répressive qu’empathique. Pour favoriser l’attention à soi-même, la crainte du regard de Dieu devrait stimuler le moine. Est-ce que cela fonctionnait bien ainsi ? La pédagogie était-elle efficace ? En tout cas, elle parait assez inappropriée et impropre à nous encourager sur notre chemin monastique aujourd’hui. En consultant le dictionnaire, j’ai trouvé un sens possible intéressant pour le mot «respicere » traduit ici par regarder. « Respicere » peut être traduit aussi par «avoir égard à», prendre en considération. De ce même verbe latin découle le mot « respect ». Ainsi nous pourrions traduire cet instrument : «En tout lieu, tenir pour certain que Dieu a de l’égard pour nous, et qu’il nous prend en considération ». Le sens fondamental reste le même avec cette idée que Dieu est présent à tout ce que vit et fait l’homme, même si celui-ci ne s’en rend pas compte. Mais la tonalité est tout autre : oui c’est certain que Dieu est présent à tout ce que nous vivons, mais ce n’est pas d’abord comme un juge suspicieux. Non, c’est plutôt parce qu’il a beaucoup d’égard et de considération pour nous. Il s’intéresse à chacun comme un père, pressentira déjà le Psalmiste au Ps 102, et nous confirmera Jésus. Son regard nous espère toujours autant qu’il nous respecte. Son regard et toute l’œuvre de sa grâce pour nous, nous accueille tel que nous sommes pour nous ouvrir toujours davantage au bonheur promis de vivre vraiment comme des fils. Nous tenir sous ce regard d’un père n’est pas forcément plus aisé pour nous, car il nous entraine à aller toujours plus loin dans la relation avec lui. Dieu notre Père nous appelle à lui répondre vraiment comme des fils , non comme des esclaves qui ont peur. Jésus nous entraine sur ce chemin de la vie filiale. Demandons la lumière de l’Esprit Saint en cette semaine précédant la Pentecôte, pour oser accueillir ce regard plein de considération et d’égard de notre Père, pour oser vivre davantage en fils, comme Jésus lui-même. (2012-05-22)