vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 74 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 26 juin 2012
Verset(s) :

74. Et ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu.

Commentaire :

Ultime instrument proposé au moine qui veut s’exercer à une écoute toujours plus fine de la Parole et de l’Esprit dans le monastère. 73 instruments ont précédé. Nous les avons entendus, réentendus. Chacun nous remet devant une exigence de notre vie monastique, une exigence qui représente en elle-même tout un labeur. Chaque exigence nous redit la radicalité évangélique que nous avons fait profession de chercher à vivre. Avec chaque instrument, nous sommes en quelques sorte comme un artisan qui mesure en regardant son établi, la précision et le soin que nécessite l’usage de tous ses outils, que d’attention spirituelle et de présence à ce que nous vivons nous est demandé là ! Le risque peut être alors, soit de ne pas prendre au sérieux le labeur spirituel qui est requis, soit au contraire de s’en effrayer. Dans les deux cas, ce risque de fuite ou de terreur est enraciné dans une fausse vision de notre vie monastique ; une vie qui dépendrait totalement de nos propres forces. C’est alors que ce dernier instrument apporte une lumière inestimable : « ne jamais désespérer de la miséricorde de Dieu », nos vies humaines, nos vies chrétiennes et monastiques nous entrainent dans un sens toujours plus aigu de notre responsabilité. Et en même temps nous ne devons jamais oublier que nous ne sommes pas tout puissants. Sans la miséricorde de Dieu, sans sa grâce, sans son Esprit Saint, nous ne pouvons ni grandir, ni progresser. Nous sommes dans la main de Dieu qui nous reçoit et nous conduit avec nos faiblesses, notre péché et nos fragilités. « Il sait de quoi nous sommes pétris ». Aussi nous demande-t-il de ne jamais oublier l’Amour dont il nous a aimé, si loin que nous pouvons aller à distance de lui. Il nous faut apprendre à laisser de côté le souci de notre propre perfection, pour nous abandonner toujours plus dans la miséricorde de notre Père. Ni démission, ni soumission, mais abandon dans la confiance et dans l’amour. «Dieu notre Père est plus grand que notre cœur » !! (2012-06-26)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 73 Les insruments des bonnes oeuvres écrit le 23 juin 2012
Verset(s) :

73. faire la paix avec son contradicteur avant le coucher du soleil.

Commentaire :

« Faire la paix avec son contradicteur avant le coucher du soleil. »

Après la prière pour les ennemis, il est question ici de désaccord : « Discordans ». On n’est pas ennemi, mais il y a blocage, ou une séparation. Quand nos cœurs vont en sens opposés, ou se fuient. C’est moins fort et moins absolu que la haine. Mais c’est aussi plus pervers : c’est plus grave que la querelle d’idées ou d’opinions. Cela touche au foyer même de l’amour. C’est pourquoi il ne faut pas laisser ce venin s’installer. Sinon beaucoup de temps et de patience seront nécessaire pour que la relation retrouve sa lumière.

Cet instrument fait penser à l’Ecriture, mais ce n’est pas le même vocabulaire qui est employé. La Lettre aux Ephésiens dit : « Que le soleil ne se couche pas sur votre colère » Eph 4/26. Et le texte ajoute aussitôt, pour souligner la gravité : « Ne donnez pas prise au diable. »

Il s’agit bien ici des querelles intérieures à la communauté. Du coup cette exigence nous touche de plein fouet dans nos relations avec chaque frère. L’urgence est de restaurer la paix, au moins le soir venu, sinon sur le moment même. Toutes les autres observances cèdent devant cette prescription de la charité.

La formule du début de Complies, et la bénédiction reçue à la fin de cet Office prennent ce sens. Le moyen de la Paix, à l’heure privilégiée de la nuit peut être très simple : un geste, un sourire, un billet. La nuit et le silence se chargent ensuite de multiplier les harmoniques. De même qu’ils pourraient entretenir et développer les parasites !

L’évêque Epiphane convoque un jour Abba Hilarion, pour un entretien spirituel, car il sent la mort qui approche. Au moment du repas on présente de la volaille. Abba Hilarion proteste : Depuis que j’ai revêtu l’habit monastique, je n’ai jamais mangé de viande ! L’évêque Epiphane lui répond : Moi, depuis j’ai revêtu cet habit, je n’ai jamais laissé quelqu’un se coucher avec quelque chose contre moi. Et je ne me suis jamais endormi avec un ressentiment contre quelqu’un. Alors Abba Hilarion reconnait : Pardonne-moi, ta pratique est meilleure que la mienne.

Nos discordes, si nous veillons à les soigner dès la racine, ne deviendront pas ces distances, ces non-relations, qui détruisent la vie fraternelle. (2012-06-23)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 72 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 22 juin 2012
Verset(s) :

72. Dans l'amour du Christ, prier pour ses ennemis,

Commentaire :

« Dans l’amour du Christ, prier pour ses ennemis. »

L’amour du Christ nous renvoie à cet autre instrument : «Ne rien préférer à l’amour du Christ », qui peut parler de notre amour pour le Christ, mais plus encore de l’amour du Christ pour nous. Ici aussi, un réalisme évangélique nous invite à chercher dans l’Amour qu’a vécu le Christ lui-même la force, la grâce, l’élan de notre prière. Cette prière pour les ennemis ne peut nous être donnée que par l’Esprit Saint, qui est l’Amour même du Fils. C’est cet Esprit qui a poussé Jésus à prier pour ses bourreaux : « Père, pardonne-leur ! » Lorsque St Etienne fait sienne la prière de Jésus pour ceux qui le lapident, il voit les cieux ouverts. Un peu comme s’il entrait déjà dans le milieu divin qui lui inspire la forme d’amour la plus gratuite qui soit. C’est bien : « Dans l’amour du Christ » que nous pouvons formuler cette prière.

« Les ennemis ». Ce mot ne se trouve que 2 fois dans le Règle. Il y a cet autre instrument : « Aimer les ennemis. » 4/31. Le mot latin exprime une négation, une absence : in-amicis. La norme prise en référence est l’amitié. C’est bien cela notre vocation commune, celle de tout homme, vivre en amitié. C’est dire aussi que l’ennemi peut redevenir un ami.

Benoit nous demande de prier pour les ennemis, pas seulement pour nos ennemis. Prier pour tous ceux qui sont ennemis, qui ont ce poison dans le cœur.

« Prier pour les ennemis ». Cette prière est à situer dans la ligne de l’espérance, qui nous fait croire que nous pouvons devenir meilleurs. Cette prière est requise par l’Evangile, alors que les Psaumes nous laissent parfois un doute ! « Aimez vos ennemis… priez pour ceux qui vous calomnient » dit St Lc 6/28, « pour ceux qui vous persécutent » dit St Mc 5/44. Vatican II a rappelé cette exigence dans Gaudium et Spes (28). Il existe même, depuis le Concile, un formulaire de Messe Votive « pour ceux qui nous font souffrir ». On y exprime le désir de vivre en paix avec tous. De trouver dans le Sacrifice du Christ la force de cette paix. Car Lui nous a réconciliés avec le Père, alors que nous étions ses ennemis. Et on souhaite que cette réconciliation s’étende à tous ceux qui nous font du tort. (2012-06-22)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 70-71 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 21 juin 2012
Verset(s) :

70. Et vénérer les anciens,

71. aimer les jeunes.

Commentaire :

Encore deux instruments propres à Benoit.

« Vénérer les anciens », ce conseil se trouve déjà dans la 1ère Lettre de Pierre : « Jeunes gens, soyez soumis aux anciens. » 1P 5/5. Benoit dit : « seniores venerare ». Senior est à entendre, semble-t-il, dans le strict sens du comparatif : ceux qui sont plus âgés. Il n’est pas question ici d’expérience, ni de sagesse.

La culture romaine, qui était celle de Benoit apprenait à se taire devant une personne plus âgée. Dans la Règle, les anciens forment un Conseil, qui est consulté pour les affaires courantes. Leur qualité d’ancien les voue à reprendre les jeunes, si nécessaire, mais aussi à consoler l’excommunié, comme en secret. Au chapitre 63, sur l’ordre de la communauté, Benoit développera largement ce conseil. Il nous engage à nous prévenir d’honneur les uns les autres.

Mais il ne faut pas négliger ce constat : le Seigneur peut bouleverser le cours des choses et des âges. Il peut emplir la jeunesse d’une sagesse que beaucoup d’anciens n’ont pas.

« Aimer les plus jeunes ». Cet amour de dilection, Benoit ne le restreint pas à une catégorie de moines. Tous les frères doivent aimer de cet amour gratuit, que l’Esprit Saint invente. La Règle nous demande d’aimer Dieu, les ennemis, notre Abbé.

Il reste que les plus jeunes, pour grandir dans l’amour, ont sans doute plus besoin de se sentir aimés. C’est pourquoi Benoit insiste pour que les anciens leur ouvrent tout grand leur cœur. C’est la grâce du grand âge, de se laisser consommer dans l’amour. Un âge où l’expérience permet de beaucoup comprendre, où le cœur est plus libre pour la confidence et pour l’indulgence. C’est un peu cette complicité qui existe, parfois, entre grands-parents et petits-enfants.

Cependant, ces juniores, il faut les appeler « frères », malgré le décalage de générations. C’est d’amour fraternel qu’il faut les aimer. Pas d’un amour paternel ou grand-paternel ! Une espèce d’égalité à créer, qui ne va pas de soi. Car nous devons nous garder des rivalités et des jalousies. L’Evangile nous le rappelle à propos des visées de Jacques et de Jean qui voulaient les 1ères places : « Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi ! » Mc 10/43 –(2012-06-21)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 04, v 69 Les instruments des bonnes oeuvres écrit le 19 juin 2012
Verset(s) :

69. fuir l'élèvement.

Commentaire :

« Fuir l’élèvement » : Christian de Chergé traduit : « Fuir l’arrogance ». Le mot latin est elatio. C’est la tendance à fanfaronner, à se pavaner, à s’élever. Nous sommes dans la catégorie de ceux qui seront abaissés, parce qu’ils se sont élevés indûment, comme nous le dit le Christ. C’est une tentation qui est toujours présente en nous, plus ou moins sournoise. La crainte de ne pas être reconnu pour la valeur que nous nous attribuons ! Le désir de faire savoir nos mérites et nos qualités !

Cet instrument est important pour Benoit, puisqu’il l’a ajouté à la panoplie héritée du Maître.

Il reviendra sur ce danger plusieurs fois. À propos du lecteur du réfectoire : il doit demander la prière de la communauté en début de semaine, « afin que Dieu daigne le préserver de l’esprit de vanité » RB 38/2. De même le prêtre admis au monastère devra se garder de l’élèvement. 62/2. Risque aussi pour le prieur : « qu’il se laisse séduire par l’élèvement et qu’il s’enorgueillisse » ! 65/18. Qualité nécessaire pour le cellérier : « Qu’il ne soit pas arrogant ». Benoit dénonce même, dans le Prologue, le danger de s’enorgueillir de sa bonne observance. Au lieu de reconnaitre que le bien qui se trouve en nous vient de Dieu, et de l’en glorifier.

Abba Poemen a dit : « Si le moine hait deux choses, il peut se libérer du monde. On lui demande : Quelles sont-elles ? Il répond : Haïr le bien-être et la vaine gloire. »

Un autre frère demande à Abba Poemen : « Comment dois-je me conduire dans le lieu où j’habite ? » L’ancien répond : « Où que tu sois, ne cherche pas à imposer ton point de vue, et tu vivras en paix. »

Paix et humilité : nous ne nous étonnons pas de ce jumelage qui vient de l’Evangile. Déjà le Ps 130 était la prière de celui qui voulait garder son âme dans la paix en ne cherchant pas le chemin des grandeurs. Alors, il a cherché refuge, comme l’enfant, contre sa mère.

Dieu se laisse rencontrer sur des chemins de simplicité et de pauvreté, et dans des relations humaines vécue loin de toute volonté de domination. Cette spiritualité est celle des « pauvres du Seigneur », des Anawim. C’est aussi le message de l’Evangile. Il imprègne toute la Règle.

(2012-06-19)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 68 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 16 juin 2012
Verset(s) :

68. ne pas aimer la contestation,

Commentaire :

« Ne pas aimer la contestation ». Où s’arrête la critique constructive et où commence la contestation ? La limite n’est pas forcement facile à distinguer. Une remarque peut être perçue comme une contestation alors que celui qui l’émet n’est pas dans cette disposition. Dans le vivre et faire ensemble, il est parfois délicat de s’ajuster sur un projet commun. Je dirais qu’il nous faut cultiver deux choses : la patience et l’a priori bienveillant. Patience pour écouter l’autre et lui laisser prendre sa place. A priori bienveillant sur ce qu’il veut dire et proposer. Dans cet état d’esprit, nous abordons plus facilement des points de vue différents. Avant de les considérer comme des critiques ou des contestations de nos idées. Je dois essayer de comprendre, en essayant de me mettre du point de vue de l’autre. Cultiver la patience et l’a priori bienveillant m’aidera en retour à le positionner de façon plus juste dans mes prises de position. Est-ce que je ne veux pas asséner aux autres mes idées, mes opinions ou mes remarques de n’importe quelle manière ? L’important serait de placer mes billes… Ou bien est-ce que je cherche à apporter la pierre qui serait utile dans la construction ?

Dans ce sens, je suis frappé de voir la différence entre une réunion ou chacun est dans cette attitude constructive et une réunion où l’un ou l’autre arrive avec des idées carrées toutes faites qui veulent s’imposer. Dans ce 1° cas, la parole circule libre et la recherche avance avec fruit vers des solutions inconnues au départ et qui ouvrent un chemin possible. Dans le 2d cas, la discussion est tendue, on ne s’écoute pas vraiment car on cherche soit à attaquer soit à se défendre. Nous sommes ici dans l’esprit de contestation. La parole ne fait son chemin en nous et à travers nos diverses rencontres pour bâtir la communion entre nous qu’au prix de cette écoute. (2012-06-16)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 67 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 14 juin 2012
Verset(s) :

67. ne pas agir par envie,

Commentaire :

« Ne pas agir par envie ». Petit instrument qui nous renvoie une bonne question : qu’est-ce qui motive notre agir ? Quand nous faisons quelque chose, à quelle énergie faisons nous appel ? Il y a certainement un mélange de beaucoup de choses, des énergies positives et des énergies négatives. Nous faisons beaucoup de choses parce qu’il faut le faire. C’est le devoir d’état. Bien compris celui-ci peut être un bon moteur de notre agir. On m’a demandé cela, je le fais sans état d’âme. Derrière cette position, il y a plus profondément la foi en Dieu qui m’a appelé et placé en cette communauté pour y témoigner avec des frères de son Amour. Vécu de plus en plus profondément avec conviction, le devoir d’état peut ouvrir des chemins de liberté à celui qui le vit. Dans le même sens, on peut agir par désir de servir la communauté et les frères, par désir de se donner parce que l’on a découvert qu’il y a « plus de joie à donner qu’à recevoir ». Quand nous vivons ainsi nos activités, nous mesurons alors combien « notre moteur », ce qui nous fait agir, marche à excellent régime. Il donne toute sa puissance avec efficacité et allégresse. Et on sent qu’il peut encore donner davantage toute sa mesure. Il arrive par contre qu’en certaines circonstances on agisse pour des raisons plus partagées : par envie peut être, envie de briller, de posséder par calcul, encore pour obtenir absolument quelque chose ou encore par obligation en trainant les pieds. Ici notre agir est partagé, il est motivé par autre chose soit qui l’excite, soit qui le ralentit. Dans les deux cas, une part de nous même ne cherche qu’à travailler pour elle-même. Il s’agit de préserver des intérêts ou sa tranquillité, mais le don n’est pas total. Nous connaissons tous les moments où ce type d’agir partagé nous anime. Peut être le mesurons nous seulement après coup aux fruits qu’il porte, fruits aux saveurs insatisfaisantes ; tensions intérieur, relations faussées avec les frères, paix qui fait place au trouble. Qu’est-ce qui nous fait agir ? La question peut être bonne à poser, nous voudrions en effet être le plus possible docile sous la conduite de l’Esprit Saint, à travers notre propos monastique. Comme le Christ lui-même s’est laissé conduire. Devant son Cœur ouvert, demain, nous contemplerons ce cœur tout unifié par l’Amour de son Père et de sa volonté. Et nous pouvons apprendre de lui et lui demander la grâce de vivre ainsi unifié !! (2012-06-14)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 66 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 13 juin 2012
Verset(s) :

66. ne pas avoir de jalousie,

Commentaire :

Ne pas avoir de jalousie . Avoir de la jalousie, être jaloux est une épreuve qui ronge les énergies. Sentiment lourd, plus ou moins confus d’être laissé pour compte, abandonné, non reconnu alors que d’autres le sont. La jalousie est une épreuve de la foi à sa manière. En Jalousant son frère, on remet en doute sa confiance envers le père. Cela vaut dans la relation familiale et communautaire. Le regard sur le frère est faussé parce que la foi dans le Père s’est affaiblie. Cela vaut aussi pour la relation avec Dieu comme en témoigne le psaume 72 que nous récitons aux Vigiles le mardi. Le psalmiste est jaloux des superbes , car il voit qu’ils ne manquent de rien. Eux les orgueilleux, les violents, ils semblent dominer toute chose de leur ricanements tranquilles ils amassent des fortunes . Une telle aisance et une telle réussite insolente font envie au psalmiste. Il commence à regretter son propos de garder le cœur pur et intègre et il est tenté de parler comme eux lui qui dans son innocence est châtié dès le matin. Et derrière pointe le doute et la remise en cause de sa foi en Dieu. SI Dieu permet tout cela, où est-il ? Et à qui bon essayer de suivre un chemin de pureté et de fidélité ? La jalousie envers l’autre et le manque de foi envers Dieu avancent ensemble. Epreuve de la foi dans laquelle nous pouvons nous reconnaitre, sur laquelle aussi butent tant de nos contemporains.

Mais le psalmiste se ressaisit en entrant dans la demeure de Dieu. Il comprend que sera leur avenir. Là en face de son Dieu, dans la prière il reprend conscience de la proximité de Dieu à ses côtés. Je ne savais pas mais j’étais avec toi, toi qui as saisi ma main droite, comme un songe au sortir du sommeil . La jalousie avec ses illusions et ses récriminations s’évanouit ; Dieu est proche. Dans sa faiblesse apparente, dans son manque de réussite aux yeux des hommes, le psalmiste mesure que Dieu est là, roc de son cœur qui est resté pur et fidèle. L’épreuve de la jalousie qui était inséparablement une épreuve de la foi, est passée. Le psalmiste est affermi dans sa foi pour annoncer les œuvres du Seigneur aux portes de Sion . Vraiment Dieu est bon pour Israël , pour les hommes au cœur pur . Et si nos mouvements de jalousie devenaient une occasion à nous aussi de nous affermir dans la foi en notre Père qui donne à chacun selon ses besoins !! (2012-06-13)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 66 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 13 juin 2012
Verset(s) :

66. ne pas avoir de jalousie,

Commentaire :

« Ne pas avoir de jalousie ». Avoir de la jalousie, être jaloux est une épreuve qui ronge les énergies. Sentiment lourd, plus ou moins confus d’être laissé pour compte, abandonné, non reconnu alors que d’autres le sont. La jalousie est une épreuve de la foi à sa manière. En Jalousant son frère, on remet en doute sa confiance envers le père. Cela vaut dans la relation familiale et communautaire. Le regard sur le frère est faussé parce que la foi dans le Père s’est affaiblie. Cela vaut aussi pour la relation avec Dieu comme en témoigne le psaume 72 que nous récitons aux Vigiles le mardi. Le psalmiste est «jaloux des superbes », car il voit qu’ils ne manquent de rien. Eux les orgueilleux, les violents, ils semblent dominer toute chose de leur ricanements «tranquilles ils amassent des fortunes ». Une telle aisance et une telle réussite insolente font envie au psalmiste. Il commence à regretter son propos de garder le cœur pur et intègre et il est tenté de «parler comme eux » lui qui dans son innocence est châtié dès le matin. Et derrière pointe le doute et la remise en cause de sa foi en Dieu. SI Dieu permet tout cela, où est-il ? Et à qui bon essayer de suivre un chemin de pureté et de fidélité ? La jalousie envers l’autre et le manque de foi envers Dieu avancent ensemble. Epreuve de la foi dans laquelle nous pouvons nous reconnaitre, sur laquelle aussi butent tant de nos contemporains.

Mais le psalmiste se ressaisit en entrant dans la demeure de Dieu. Il comprend que sera leur avenir. Là en face de son Dieu, dans la prière il reprend conscience de la proximité de Dieu à ses côtés. «Je ne savais pas mais j’étais avec toi, toi qui as saisi ma main droite, comme un songe au sortir du sommeil ». La jalousie avec ses illusions et ses récriminations s’évanouit ; Dieu est proche. Dans sa faiblesse apparente, dans son manque de réussite aux yeux des hommes, le psalmiste mesure que Dieu est là, roc de son cœur qui est resté pur et fidèle. L’épreuve de la jalousie qui était inséparablement une épreuve de la foi, est passée. Le psalmiste est affermi dans sa foi « pour annoncer les œuvres du Seigneur aux portes de Sion ». « Vraiment Dieu est bon pour Israël , pour les hommes au cœur pur » . Et si nos mouvements de jalousie devenaient une occasion à nous aussi de nous affermir dans la foi en notre Père qui donne à chacun selon ses besoins !! (2012-06-13)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 04, v 65 Les instruments des bonnes œuvres écrit le 12 juin 2012
Verset(s) :

65. ne haïr personne,

Commentaire :

« Ne haïr personne » Étrange instrument dans un ensemble qui a commencé par en premier lieu aimer le Seigneur et son prochain comme soi-même . Il appartient à la catégorie des instruments extrêmes comme ne pas tuer ne pas accomplir l’acte qu’inspire la colère . Instruments qui nous rappellent des limites à ne pas franchir pour ne pas tomber dans l’irréparable ou dans la folie. Ces instruments extrêmes sont là comme des témoins de sentiments ou d ‘actes dont nous pouvons être capables. On ne voudrait pas haïr ou tuer ou se mettre en colère, mais il y a en nous des forces sombres qui peuvent parfois se réveiller si nous n’y prenons garde et qui, tel un lion, peuvent nous dominer et nous submerger. Ce matin, cet instrument peut être l’occasion de se demander : Et moi comment est-ce que j’aime mes frères ? Quels sentiments m’habitent à l’égard de ceux avec qui j’ai plus de difficulté ? Quel regard, je cultive sur eux ? Est-ce que je me laisse entrainer à murmurer contre eux, à les mépriser, ou bien à les fustiger ? Est-ce que je suis prêt à leur rendre service ou à leur adresser une bonne parole ? Pour ne haïr personne, ce qui serait une issue mortifère, il nous faut cultiver en nous l’amour de ceux de nos frères qui nous irritent le plus. C’est de cette vigilance intérieure contre les pensées assassines ou méprisantes à leur égard que va dépendre notre liberté de cœur pour aimer vraiment. En effet ces pensées de jugement sévère sur nos frères veulent nous convaincre que le frère est impossible, qu’il n’y a rien à faire et que l’on a raison de ne pas l’aimer. C’est le travail de sape en nous de l’esprit accusateur, du Satan diviseur. Face à ces pensées trompeuses et illusoires, la parole du Christ : Aimez vous les uns les autres nous remet dans la réalité vraie de nos relation fraternelles. Ensemble chacun avec ses fragilités et ses combats, nous pouvons nous entraider à aimer et à servir le Seigneur, en dépassant toujours plus nos étroitesses de vue et de cœur. Nos frères qui nous irritent, nous offrent une occasion pour aimer plus en vérité. Que le Seigneur Jésus nous vienne en aide !! (2012-06-12)