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3. Ensuite « ne pas tuer,
4. ne pas commettre d'adultère,
5. ne pas voler,
6. ne pas convoiter,
7. ne pas porter faux témoignage. »
8. Honorer tous les hommes,
9. et « ne pas faire à autrui ce qu'on ne veut pas qu'on nous fasse ;».
Comment réentendre ces instruments de la Règle calqués sur le décalogue et
réinterprétés par St Benoit? Nous pouvons choisir de ne pas les entendre en les considérants
comme bien connus, et donc on passe. Nous pouvons choisir de prêter l'oreille du cœur en
acceptant qu'ils aient toujours quelque chose à nous dire. C'est l'attitude de celui qui s'estime
toujours en chemin, pauvre pécheur parmi les pécheurs, jamais assuré de ne pas tomber.
Il y a une fausse connaissance qui risque toujours de nous endormir ... On sait déjà ce
que dit la Bible. On connait par cœur bien des passages de l'Ecriture. Les accueillir comme
adressé à nous aujourd'hui, c'est dans le même temps et confesser notre faiblesse, et confesser
notre confiance en Dieu qui nous sauve. Le Seigneur sait de quelle pâte nous sommes faits. Et
~a Parole ne cesse de venir nous tirer de notre propension à nous débrouiller seul. Ici elle nous
tient en éveil, contre des périls qu'aucun d'entre nous n'est complètement assuré de dominer
une fois pour toute. Ne pas tuer, ne pas commettre l'adultère, ne pas voler, ne pas convoiter,
ne pas faire de faux témoignage ... Nous avons besoin de ces « ne pas» qui sont comme des
barrières offertes à notre conscience et à notre liberté toujours en quête de son chemin. Peut-
être n'en ai-je pas vraiment compris l'importance ou l'utilité jusqu'à maintenant, mais des
circonstances plus dures peuvent d'un seul coup en révéler la pertinence ... « Vous n'avez pas
encore lutté jusqu'au sang dans votre lutte contre le péché », nous dit l'auteur de l'épitre aux
Hébreux, en fixant les yeux sur Jésus qui a enduré la croix pour nous (He 12,4). Le mystère
du mal qui défigure et du péché qui détourne de la vie nous traverse. Jésus seul l'a
complètement démasqué. S'il a supporté d'être défiguré par le péché, il ne lui a laissé avoir
aucune prisé sur sa personne. En accueillant ces instruments, nous nous souvenons qu'il n'est
pas en notre pouvoir d'échapper à la tromperie du péché. S'ils peuvent nous alerter et nous
tenir en éveil, seul la croix et la résurrection de Jésus nous délivre.
En ce vendredi, que la mémoire de sa passion soit notre force et notre assurance dans
les combats que nous avons à mener. Jésus est le vainqueur du mal et des forces de ténèbres.
(2013-09-13)
2. ensuite « son prochain comme soi-même ».
Nous pouvons nous attacher à trouver la saveur évangélique de chacun
de ces instruments. Ce chapitre est un résumé de tout l'Evangile. Il veut
nous aider à entrer dans un comportement de vie.
«Avant tout aimer ». Qu'est-ce qu'aimer? Ces instruments de l'Art
Spirituel vont nous aider, l'un après l'autre, à entrer dans ce long
chemin. Aimer, c'est notre vocation. La vocation de tout chrétien. De
tout homme. Personne ne peut s'en dispenser, s'il cherche le bonheur.
Tous les événements de notre vie sont autant d'appels, d'invitations de
Dieu. Il ne nous a créés que pour cela. « Ne rien préférer à l'amour du
Christ }). Mais, nous le savons, la charité fraternelle est le test de la
vérité de notre amour pour le Christ.
Le prochain, le frère, tient une grande place dans cette liste
d'instruments. Comme le Bon Samaritain, nous sommes invités à nous
rendre proches de toute personne, à répondre à son besoin du
moment. La communauté, ses hôtes, tous ceux que nous rencontrons,
sont là pour rendre présent à chaque instant ces personnes qui ont
besoin d'un prochain et d'être aidées. Si nous sommes fidèles à leur
invitation silencieuse, nous apprendrons à ouvrir notre cœur à la
souffrance et à la joie de tous.
Que vraiment notre vie soit centrée tout entière sur ce désir d'aimer
Dieu, notre Père, et tous nos frères. Est-ce ce que nous cherchons?
Notre cœur ne se laisse-t-il pas encombrer par des misères, des
bricoles? N'est-il pas obsédé par des riens? Ouvrons notre cœur à la
Présence de Dieu. A la sainteté qui nous est proposée. A tous les
hommes sans aucune exception consentie. Combattons avec courage,
car le Seigneur est avec nous. (2013-09-12)
l
1. En premier lieu, « aimer le Seigneur Dieu de tout son cœur, de toute son âme, de toutes ses forces » ;
Pour St Benoit le monastère est un atelier. Dans ce chapitre, il énumère
les outils que le moine doit employer pour se convertir. Les instruments
de l'art spirituel. 74 instruments, toute une panoplie d'outils. Le moine
doit apprendre à les reconnaitre et à les manier, pour devenir artisan
de sa vie monastique. Pour construire la maison de Dieu. Ces outils, il
ne suffit pas de les connaitre, de les classer, il faut les utiliser. Péguy
disait: « Attendre les bienfaits de Dieu, sans se mettre soi-même à
l'ouvrage, c'est être mal élevé! »
Pour Benoit, il y a deux sortes de moines: ceux qui essaient de l'être, et
ceux qui prétendent l'être. A travers les différences; qui tiennent à la
culture, au tempérament, à l'âge, à quoi va-t-on reconnaitre un moine?
Cette question est importante. Non pas pour juger les autres. Mais
d'abord pour nous-mêmes. Cette vie me conduit-elle vers Dieu, ou
m'éloigne-t-elle de Lui? Pour Benoit, la vie monastique est un travail.
Ce travail du moine n'est pas l'aspect dont on parle le plus aujourd'hui.
Le moine se définit plus volontiers comme chercheur de Dieu. C'est
aussi son travail. Mais notre expérience rejoint ce que dit Benoit: Le
combat est là, jour après jour. La paix du moine n'est pas une paix
facile! Elle est une victoire sans cesse remise en cause. Victoire sur tout
ce monde de pensées obscures, de tentations, de désirs inavoués. Le
premier travail du moine, c'est de prendre conscience, peu à peu, de la
présence de cet adversaire dans son propre cœur. Ce combat ne
diminue pas avec le temps; mais il s'éclaire: nous repérons mieux nos
faiblesses. Surtout, ce combat est nécessaire: C'est grâce à lui que nous
nous accrochons au Christ. Car Il est notre bouclier. Il nous aime. Dans
ce chapitre, Benoit nous indique quelles armes utiliser.
Le premier de ces outils, c'est la pièce maîtresse de l'atelier. « Avant
,
tout, aimer le Seigneur de tout son cœur, de toute son âme, de toute sa
force ». « Avant tout» : Il s'agit d'antériorité dans le temps, mais aussi
de dépendance dans l'importance. Rien de tout le reste ne sera possible
sans cela. « Avant tout» : Benoit avait déjà employé cette expression
dans le Prologue: « Avant tout, demande à Dieu, par une très instante
prière qu'il mène à bonne fin tout le bien que tu entreprendras. » Avant
tout bien, avant tout autre bonne œuvre, il y a la prière. Il y a l'amour.
La prière qui demande le don de l'amour. (2013-09-11)
7. Tous suivront donc en tout la règle comme leur maîtresse, et nul n'aura la témérité de s'en écarter.
8. Personne au monastère ne suivra la volonté de son propre cœur,
9. et nul ne se permettra de contester avec son abbé insolemment ou en dehors du monastère.
10. Si quelqu'un se le permet, il subira les sanctions de règle.
11. De son côté, cependant, l'abbé fera tout dans la crainte de Dieu et le respect de la règle, sachant qu'il devra sans aucun doute rendre compte de tous ses jugements au juge souverainement équitable qu'est Dieu.
12. S'il est question de choses moins importantes pour le bien du monastère, il aura recours seulement au conseil des anciens,
« Tous suivront donc en tout la Règle ». « De son côté l'Abbé fera tout
dans la crainte de Dieu, et le respect de la Règle ».
L'intérêt de ce chapitre est grand. St Benoit nous a déjà dit que les
cénobites vivent sous une Règle et un Abbé. Maintenant nous assistons
à l'interaction de ces trois termes. L'Abbé consulte la communauté. La
communauté obéit à l'Abbé. L'un comme l'autre se soumet à la Règle.
L'Abbé n'est pas seulement le Pasteur, le guide spirituel, décrit au
chapitre précédent. Il est aussi le responsable d'un groupe d'hommes
qui cherche à se mettre à l'écoute de la Parole de Dieu. Dans la
première fonction, il a pour norme l'Ecriture. Dans la seconde, il a pour
guide la Règle. En lui, autorité spirituelle et temporelle se conjuguent. Il
n'y a pas au monastère deux pouvoirs, mais un seul. Le monastère
requiert cette fusion des deux ordres: c'est grâce à elle que la Parole de
Dieu peut informer l'existence entière des frères de la communauté. Le
monastère n'est pas une démocratie, mais il ne fonctionne pas sans
consultation. Tous ensembles cherchent ce que Dieu leur demande, ce
qu'il attend d'eux. Sous l'autorité de la Règle, la loi la plus importante
est d'éviter toutes divisions.
La Règle est donc le propos qui nous est commun à tous de chercher
Dieu, dans une existence monastique, organisée en fonction de notre
désir spirituel. Il y a pour nous un but commun. Une volonté commune.
Et nous reconnaissons dans la Règle l'expression de ce désir. Ce texte a
besoin de notre adhésion pour être utile.
Il y a des adaptations nécessaires. Des impératifs de la vie qui jaillissent
à chaque instant, pour lesquels la Règle ne donne pas de solution. Car
,
elle est liée à une autre culture. Mais nous avons besoin de sentir cette
unanimité, ce désir communautaire de faire de la Règle notre guide. Ce
désir d'être fidèles ensembles à l'Esprit qui l'habite. (2013-09-10)
1. Chaque fois qu'il sera question au monastère de quelque chose d'important, l'abbé convoquera toute la communauté et dira lui-même de quoi il est question.
2. Une fois entendu le conseil des frères, il en délibérera à part soi et fera ce qu'il juge le meilleur.
3. Or si nous avons dit que tous seraient appelés au conseil, c'est que souvent le Seigneur révèle à un inférieur ce qui vaut le mieux.
4. Or donc les frères donneront leur avis en toute soumission et humilité, et ils ne se permettront pas de défendre leur opinion effrontément,
5. mais la décision dépendra de l'abbé : celle qu'il juge être plus opportune, tous y obéiront.
6. Toutefois, s'il sied aux disciples d'obéir au maître, il convient que celui-ci dispose toute chose avec prévoyance et justice.
La Règle du Maître ne comportait pas de chapitre sur l'appel des frères
en conseil. Seulement quelques lignes à la fin du chapitre sur l'Abbé:
Pour le temporel, il devait s'entourer du conseil des frères. Benoit fait
de cet appendice un chapitre distinct. F. Adalbert disait ceci: « En
matière spirituelle, St Benoit se contente de reproduire le Maître, avec
quelques modifications. Mais quand il s'agit de choses pratiques, il
prend la peine de rédiger personnellement. »
La bonne décision est celle que Dieu révèle. Il ne s'agit pas de compter
les voix, mais de chercher la volonté de Dieu. La clé de cette quête,
c'est le mot que Benoit utilise au sujet des jeunes frères: « Le Seigneur
révèle souvent à un plus jeune ce qui est préférable ». Pour la Tradition
Monastique, qui nourrit St Benoit, l'une des conséquences du péché,
c'est le voile posé sur la réalité, sur les Ecritures, sur le cœur de
l'homme même. Pour les Pères, la découverte de la Vérité, du Bien, du
Beau, est un processus de dévoilement. Les yeux s'ouvrent à une réalité
déjà présente, mais voilée. Dieu nous révèle sa Volonté comme un voile
se déchire. Comme le voile du Temple au moment de la mort du Christ.
Pour Benoit, il ne s'agit pas de compter les voix, mais de l'attitude
profonde de ceux à qui l'Abbé demande conseil. C'est pourquoi il lie le
conseil donné, son poids, sa valeur, à l'obéissance du frère.
L'obéissance, l'écoute profonde. Elle s'oppose à la défense de son avis,
de son opinion, de sa volonté. L'obéissance, cette ouverture du cœur,
permet ce dévoilement de la volonté de Dieu.
« Donner son avis en toute humilité et soumission ». C'est difficile.
Quand on croit voire ce qui est la bonne solution, on veut que tous s'y
rallient. Nous cherchons ce que Dieu veut. C'est une démarche de Foi.
)
Ce n'est pas toujours ce qui me semble le plus raisonnable, ou le plus
génial. Tous ensembles, nous acceptons de nous laisser transformer par
ce qu'expriment les autres. Nous sommes surtout renvoyés à l'attitude
du Christ par rapport à son Père. Il est le messager joyeux du Oui au
Père. Pas de vie chrétienne sans appel à le suivre sur cette voie-là. (2013-09-07)
37. Et qu'il sache que, quand on se charge de diriger les âmes, on doit se préparer à en rendre compte.
38. Et autant il sait avoir de frères confiés à ses soins, qu'il soit bien certain qu'il devra rendre compte au Seigneur de toutes ces âmes au jour du jugement, sans parler de sa propre âme, bien entendu.
39. Et ainsi, craignant sans cesse l'examen que le pasteur subira un jour au sujet des brebis qui lui sont confiées, en prenant garde aux comptes d'autrui, il se rend attentif aux siens,
40. et en procurant aux autres la correction par ses avertissements, lui-même se corrige de ses vices.
« Ils veillent, dans la perspective du compte qu'ils auront à rendre pour
les âmes ». C'est ce que l'Epitre aux Hébreux disait des responsables de
l'Eglise. Ce compte que le supérieur devra rendre au Jugement, on le
retrouve dans toute la tradition monastique: dans la Règle d'Augustin,
dans le Testament d'Orsise, dans la Règle du Maître. Chez Benoit, il y a
ce précieux corollaire: responsable des brebis, le Pasteur profite
personnellement des efforts qu'il fait pour les améliorer.
Pour commenter ce chapitre, le P. Christian de Chergé citait 1 Co 3/12 :
« Que l'on bâtisse sur ce fondement, le Christ, avec de l'or, de l'argent,
des pierres précieuses, du bois, du foin ou de la paille, l'œuvre de
chacun sera mise en évidence. Le Jour du Jugement la fera connaitre,
car il se manifeste par le feu, et le feu prouvera ce que vaut l'œuvre de
chacun. Celui dont la construction subsistera recevra un salaire; celui
dont l'œuvre sera consumée en sera privé. » Si on lit Benoit à la lumière
d-e cet enseignement de Paul, on peut comprendre que l'Abbé ne
construit pas sa propre maison. Il est l'architecte de la communion:
C'est-à-dire que tous les matériaux engagés par chacun vont se
retrouver dans la construction du pasteur. Celui-ci a mis de l'or: le
pasteur n'y est pour rien, mais il en bénéficiera pour l'édifice commun.
Celui-là a mis du foin ou de la paille: Cela va se voir dans l'édifice
commun. On va l'imputer à la faute du chef de chantier. Mais en fait,
notre cœur est si mélangé que nous apportons tous, à la fois, de l'or et
de la paille. Comment discerner ce qui est l'or, ou la paille? Dieu seul
est juge. C'est l'amour qui rend chacun de nos actes utiles pour la
construction de cette maison de Dieu que veut être le monastère. Pour
construire l'Eglise de Dieu.
« Se corriger des vices ». Ces derniers mots du chapitre sont notre plus
belle espérance à tous. Benoit disait de l'ermite qu'il était en lutte
contre « les vices de la chair et des pensées» 1/5. La vie monastique,
solitaire ou communautaire, n'est rien d'autre qu'un combat pour la
purification du cœur. Pour ouvrir celui-ci tout entier à Dieu.
(2013-09-05)
30. L'abbé doit toujours se rappeler ce qu'il est, se rappeler le titre qu'on lui donne, et savoir que « plus on commet à la garde de quelqu'un, plus on lui réclame ».
31. Et qu'il sache combien difficile et ardue est la chose dont il s'est chargé, de diriger les âmes et de se mettre au service de caractères multiples : l'un par la gentillesse, un autre par la réprimande, un autre par la persuasion... ;
32. et selon la nature et l’intelligence d’un chacun, il se conformera et s’adaptera à tous, de façon non seulement à ne pas subir de perte dans le troupeau commis à sa garde, mais aussi à se féliciter de l’accroissement d’un bon troupeau.
33. Avant tout, qu'il ne laisse point de côté ni ne compte pour peu de chose le salut des âmes commises à sa garde, en prenant plus de soin des choses passagères, terrestres et temporaires,
34. mais qu'il songe sans cesse qu'il est chargé de diriger des âmes, dont il devra aussi rendre compte.
35. Et pour ne pas se plaindre d'un éventuel manque de ressources, qu'il se souvienne qu'il est écrit : « Cherchez d'abord le royaume de Dieu et sa justice, et tout cela vous sera donné par surcroît » ;
36. et encore : « Rien ne manque à ceux qui le craignent. »
« Diriger les âmes ». Que l'Abbé sache combien cela est difficile et
ardu! St Benoit nous dit ce matin que cela exige à la fois l'adaptation
aux différents tempéraments des frères, et la liberté par rapport aux
soucis matériels. La mission de l'Abbé est pastorale, et spirituelle.
Certains peuvent être tentés de se consacrer à la gestion des biens
matériels, plus concrets et rassurants. Mais ce n'est pas ce que Dieu et
les frères attendent d'eux.
Benoit insiste, la mission de l'Abbé est de conduire les âmes. L'image du
pasteur vient naturellement sous sa plume. Elle nous permet de
comprendre en profondeur le sens de son invitation: « Cherchez
d'abord le Royaume de Dieu et sa Justice ». En effet, le Christ, Bon
Pasteur, modèle unique de l'Abbé, nous dit: « Je connais le Père, et je
donne ma vie pour mes brebis» Jn 10/15. C'est dans sa mystérieuse
intimité avec le Père que le Christ puise l'intelligence de sa mission de
Pasteur, et la force de la conduire jusqu'au bout. Ainsi du Père Abbé,
pour qui nous devons toujours demander cette connaissance du Père.
Mais ainsi aussi de nous, car il est écrit également: « Je connais mes
brebis, et mes brebis me connaissent ». Ou en est notre désir de le
connaitre?
« Diriger les âmes ». Dieu seul sait ce qu'il y a dans le cœur d'un
homme. Un professeur peut dire parfois: « Je tiens bien ma classe en
main ». Un Abbé jamais, heureusement! L'Esprit souffle où il veut: nul
ne sait ni d'où" vient, ni où " va. C'est cela qui rend la tâche de l'Abbé
si délicate. Consentir à entrer dans le plan de Dieu, se laisser guider et
conduire par Lui. Etre attentif à ce qu'il peut inspirer à un frère. Là où
on ne l'attend pas. « Souvent le Seigneur révèle au plus jeune ce qui
vaut le mieux », dira Benoit au chapitre sur le Conseil de l'Abbé. Cela
veut dire: Accepter de n'avoir aucune prise sur les événements, ni sur
les cœurs. Sauf la connaissance que Dieu nous en donne. Cela demande
à l'Abbé, une liberté intérieure. C'est de cette ouverture à l'Esprit que la
communauté, a le plus besoin. (2013-09-04)
23. Dans son enseignement, d'autre part, l'abbé doit toujours observer la norme que l'Apôtre exprime ainsi : « Reprends, supplie, réprimande »,
24. c'est-à-dire que, prenant successivement des attitudes diverses, mêlant les amabilités aux menaces, il se montrera farouche comme un maître et tendre comme un père.
25. C'est dire qu'il doit reprendre durement les indisciplinés et les turbulents, supplier d'autre part les obéissants, les doux et les patients de faire des progrès ; quant aux négligents et aux méprisants, nous l'avertissons de les réprimander et de les reprendre.
26. Et qu'il ne laisse point passer les fautes des délinquants, mais qu'il les retranche jusqu'à la racine dès qu'elles commencent à se montrer, pendant qu'il en a encore le pouvoir, se souvenant de la condamnation d'Héli, le prêtre de Silo.
27. Les âmes bien nées et intelligentes, qu'il les reprenne une et deux fois par des admonitions verbales,
28. mais les mauvais sujets, durs, orgueilleux, désobéissants, que les coups et le châtiment corporel les arrêtent dès le début de leur faute, vu qu'il est écrit : « On ne corrige pas un sot avec des mots »,
29. et encore : « Frappe ton fils de la verge et tu délivreras son âme de la mort. »
« Reprends, exhorte, menace ». Benoit applique ce texte de la seconde
lettre à Timothée aux différentes sortes de moines. Reprendre
vertement les indisciplinés et les turbulents. Exhorter les obéissants.
Menacer et châtier les négligents et les arrogants.
Parmi toutes les sections de ce chapitre, celle-ci est la plus difficile à
mettre concrètement en œuvre. Celui qui doit reprendre a, lui-même
ses propres déficiences. " les connait. " peut être tenté de se
retrancher derrières elles pour échapper à ce devoir de la correction.
Celui qui est repris, comment le reçoit-il? Certains restent blessés, pour
longtemps, par un reproche, pourtant fondé. Tâchons de prendre
conscience de cela; de ne pas être des enfants gâtés, protégés des
rudesses de la vie, refusant les moyens de devenir plus fort. Ce qui n'est
pas émondé ne donne rien qui vaille!
L'insistance dont doit faire preuve l'Abbé auprès des moines, pour les
provoquer à la vie sainte, se fonde dans cette conviction de Foi que
l'homme peut vraiment être transformé. Qu'il faut l'avertir des
possibilités que lui ouvre la grâce, l'inviter, insister pour l'aider à s'y
ouvrir. Et quand on parle de transformation, il faut prendre cela au sens
le plus fort du terme. A la Transfiguration, les apôtres ont vu Moïse et
Elie resplendissants de la Gloire de Jésus, à laquelle ils participaient.
Paul nous dit que, par la grâce, nous sommes transformés « de clarté en
clarté ». Finalement, c'est la Gloire de Dieu qui veut se refléter sur
notre visage, et en toute notre vie. Comme elle l'a fait sur le visage du
Christ et des saints. Nous voyons l'urgence de nous ouvrir à ce désir de
Dieu. Et l'importance de la fonction de l'Abbé qui doit seconder
l'opération de Dieu. Nous voyons aussi que cette attitude de disciple est
pour le moine l'instrument normal de sa transfiguration, en Dieu
(2013-09-03)
16. Il ne fera pas de distinction entre les personnes dans le monastère.
17. Il n'aimera pas l'un plus que l'autre, à moins qu'il ne l'ait reconnu meilleur dans les bonnes œuvres ou l'obéissance.
18. A l'homme venu de l'esclavage qui entre en religion, il ne préférera pas l'homme libre, à moins qu'il n'existe une autre cause raisonnable.
19. Que si l'abbé en décide ainsi, la justice l'exigeant, il fera de même pour le rang de qui que ce soit ; sinon, ils garderont leur place normale,
20. car « esclave ou libre, nous sommes tous un dans le Christ », et sous un même Seigneur nous portons d'égales obligations de service, car « Dieu ne fait pas acception de personnes. »
21. Notre seul titre à être distingués par lui, c'est d'être reconnus meilleurs que les autres en bonnes œuvres et humbles.
22. L'abbé doit donc témoigner une charité égale à tous, avoir les mêmes exigences dans tous les cas suivant les mérites.
« Ne pas faire acception de personne ». Il y a les différences de culture,
les différences d'éducation. Surtout les différences de tempérament.
Nous sommes très différents. Ne pas faire acception de personne
demande un effort constant de dépassement, de la part de chacun
d'entre nous. On peut admirer dans ce chapitre la sagesse de St Benoit.
Il dit: Il faut aimer tous les frères. Il y aura des distinctions, mais que ce
soit selon les critères de l'Evangile: obéissance, humilité. Et nous
savons l'estime de Benoit pour ces deux vertus, Que ce soit selon la
préférence de Dieu.
On peur relever d'abord deux obstacles majeurs à éviter: L'indiscrétion,
l'indifférence.
L'indiscrétion, c'est un intérêt déréglé pour l'autre. Vouloir pénétrer
indûment dans la vie d'un frère. Nous avons tous à être attentifs à ce
désir de savoir ce que vit l'autre.
L'indifférence: Vivre près de ses frères, en évitant de se laisser
atteindre par eux. Avec, là aussi, d'excellents prétextes!
Ensuite, repérer les obstacles qui vous empêchent d'aimer nos frères.
Il y a des frères plus faciles à aimer. Disponibles, ouverts à tous,
joyeux. Tout le monde les aime. Nous n'avons pas de mérite à les
aimer nous aussi.
Il y a des frères moins faciles à aimer. Eux aussi font presque
l'unanimité. Avec le danger d'en faire des boucs émissaires.
Pourtant
Dieu les aime. C'est Lui qui les a appelés. Ils sont notre prochain.
Avec eux nous construisons l'Eglise de Dieu.
Mais il y a aussi des frères avec qui moi, je peine. Cela tient plus à
moi qu'à eux. Mais je mettrais volontiers tous les tords de leur côté ..
Ils n'y sont pour rien. Peut-être même qu'ils l'ignorent. Mais je les
évite. Je leur en veux. Je les jalouse: Je vois toujours ce qu'ils ont en
plus par rapport à moi. Ce qu'on leur donne. Ce qu'on fait pour eux
et pas pour moi. Là aussi, il n'y a pas grand-chose l'objectif. En parler
au P. Abbé, à celui qui nous accompagne, P.2Ut nous aider à repérer
comment cela se rattache à notre histoire personnelle.
Ne pas faire acception de personne: C'est notre travail, si nous voulons
que le monastère soit maison de Dieu. Regarder chaque frère comme
Dieu le regarde. Avec l'aide du Christ, apprendre à aimer.(2013-08-31)
11. Quand donc quelqu'un prend le titre d'abbé, il doit diriger ses disciples par un double enseignement,
12. c'est-à-dire qu'il montrera tout ce qui est bon et saint par les actes plus encore que par la parole. Ainsi, aux disciples réceptifs il exposera les commandements du Seigneur par la parole, aux cœurs durs et aux plus simples il fera voir les préceptes divins par ses actes.
13. Inversement, tout ce qu'il enseigne aux disciples à regarder comme interdit, qu'il fasse voir par ses actes qu'on ne doit pas le faire, « ;de peur qu'en prêchant aux autres, il ne soit lui-même réprouvé »,
14. et qu'un jour Dieu ne lui dise, à cause de ses péchés : « ;Pourquoi proclames-tu mes ordonnances et recueilles-tu dans ta bouche mon alliance, alors que tu hais la discipline et que tu as rejeté mes paroles derrière toi ? ;»
15. Et : « Toi qui voyais le fétu dans l'œil de ton frère, dans le tien tu n'as pas vu la poutre. »
« Ils disent et ne font pas ». La cohérence entre nos paroles et nos
actes. Ou plutôt: le risque d'incohérence! Car c'est le sens des deux
citations que Benoit nous propose dans ce passage: Le Psaume 49 « A
l'impie Dieu déclare: qu'as-tu à réciter mes lois, à garder mon alliance à
la bouche, toi qui n'aimes pas les reproches, et rejettes loin de toi
toutes mes paroles! » Et le chapitre 7 de Matthieu: « Qu'as-tu à
regarder la paille qui est dans l'œil de ton frère? Et la poutre qui est
dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas! » Incohérence à double
niveau. Nous disons et nous ne faisons pas. Et pourtant nous jugeons
les autres!
Ce texte du chapitre sur l'Abbé concerne donc chacun d'entre nous.
Comment réagir? A l'Abbé, Benoit donne trois conseils ce matin: Se
souvenir du nom qu'il porte. Enseigner selon la Parole du Seigneur. Que
ses actes soient conformes à ce qu'il enseigne. Ces trois conseils valent
aussi pour nous.
Nous souvenir du nom de moine que nous portons. Du sens qu'il a.
de ce qu'il signifie pour les autres. « Ils mentent à Dieu par leur
tonsure », disait Benoit des sarabaïtes.
Que notre parole soit conforme à l'Evangile. Entre nous, ou quand
nous parlons avec des gens de l'extérieur. Car le risque est grand de
faire ce qu'on voit parfois: Si la Loi nous gêne, changeons la Loi.
C'est encore ce que disait Benoit des sarabaïtes : « Ils appellent bien
ce qui leur plait, mal, ce qui les gêne ».
« Ils disent et ne font pas ». c'est le reproche de Jésus aux pharisiens
que nous sommes si souvent. Nous sommes tentés de nous
débarrasser du Christ, parce que sa Présence nous rappelle sans
cesse l'incohérence de notre vie. Pourtant ce que Jésus veut, c'est
nous inviter à entrer dans un chemin de conversion. Il ne veut pas
nous condamner.
La vie monastique n'est pas un savoir, mais une sagesse, une
expérience. Elle comporte un apprentissage. Elle suppose de se mettre
à l'école chaque jour. Pour que, peu à peu, nos paroles et nos actes
coïncident avec le nom de Chrétien que nous portons. (2013-08-30)