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1. Tous les hôtes qui se présentent doivent être reçus comme le Christ, car il dira : « J'ai été hôte et vous m'avez reçu. »
2. « A tous » on rendra les honneurs qui leur sont dus, « surtout aux frères dans la foi » et aux étrangers.
3. Lors donc qu'un hôte sera annoncé, le supérieur et les frères iront à sa rencontre avec toutes les politesses de la charité.
4. On commencera par prier ensemble, et ensuite on échangera la paix.
5. Ce baiser de paix ne doit se donner qu'après qu'on ait prié, à cause des illusions du diable.
6. En saluant, on donnera toutes les marques d'humilité à tous les hôtes qui arrivent ou qui partent.
7. La tête inclinée, le corps prosterné par terre, on adorera en eux le Christ que l'on reçoit.
8. Une fois reçus, on conduira les hôtes à l'oraison, et après cela le supérieur s'assiéra avec eux, lui ou celui qu'il aura désigné.
9. On lira devant l'hôte la loi divine, pour l'édifier. Après quoi, on lui donnera toutes les marques d'hospitalité.
10. Le supérieur rompra le jeûne à cause de l'hôte, sauf si c'est un jour de jeûne majeur que l'on ne puisse violer,
11. tandis que les frères continueront à observer les jeûnes accoutumés.
12. L'abbé versera l'eau sur les mains des hôtes.
13. L'abbé, ainsi que toute la communauté, lavera les pieds de tous les hôtes.
14. Après le lavement des pieds, on dira ce verset : « Nous avons reçu, ô Dieu, ta miséricorde au milieu de ton temple. »
15. On accordera le maximum de soin et de sollicitude à la réception des pauvres et des étrangers, puisque l'on reçoit le Christ davantage en leur personne, la crainte des riches obligeant par elle-même à les honorer.
« Tous les hôtes doivent être accueillis comme le Christ ». « On adorera en eux le Christ que l’on reçoit ». « On reçoit davantage le Christ dans la personne des pauvres ».
Trois fois, au début de ce chapitre sur l’accueil des hôtes, Benoit nous répète que, en recevant l’hôte, c’est le Christ Lui-même que nous recevons. Il veut ainsi nous inviter à recevoir avec tous les égards de la charité celui qui se présente à la porte du monastère, et surtout le pauvre.
Mais la venue des hôtes n’est que l’un des signes de la venue continuelle de Dieu dans notre vie. Le Christ se présente à nous dans les hôtes, mais pas seulement. Il se présente aussi dans chacun de nos frères. Il vient à nous dans les circonstances de la vie. Dans les appels intérieurs, dans la parole du Père Abbé. La lectio divina est un moment important de notre accueil de Dieu. Et la Liturgie des Heures. Et l’Eucharistie. En réalité, le Christ se présente à nous à chaque instant, et notre vie de moine pourrait se définir comme une reconnaissance du Christ qui vient à notre rencontre, comme l’accueil de sa venue.
« Ils iront l’accueillir avec une charité toute prête au dévouement ». C’est vrai de l’accueil de l’hôte. Mais c’est vrai aussi de notre accueil du Christ. Nous pouvons demander au Christ de nous donner lui-même cet amour pour Lui, afin que nous sachions le recevoir, l’accueillir. Qu’il soit toujours mieux reconnu par nous, reçu en nous.
Et il faut dire encore ceci : Non seulement c’est le Christ errant et sans toit que nous recevons. Mais c’est encore le Christ, en nous, qui reçoit. Nous avons à offrir l’hospitalité d’une communauté qui vit de l’Evangile. L’hospitalité doit être pour nous une occasion sans cesse renouvelée de percevoir l’urgence de l’Evangile dans notre vie. (12/11/14)
1. L'oratoire sera ce que signifie son nom, et on n'y fera ou déposera rien d'autre.
2. L'œuvre de Dieu achevée, tous sortiront dans un silence complet et l'on aura le respect de Dieu,
3. en sorte qu'un frère qui voudrait prier à par soi en particulier, n'en soit pas empêché par l'importunité d'un autre.
4. Si en outre, à un autre moment, il voulait prier à part soi en privé, il entrera et il priera sans bruit, non à voix haute, mais avec larmes et application du cœur.
5. Donc celui qui ne fait pas ainsi, on ne lui permettra pas de demeurer à l'oratoire, une fois achevée l'œuvre de Dieu, comme il a été dit, de peur qu'un autre n'y trouve un empêchement.
Nous aimons ce chapitre, car nous y trouvons la pensée de Benoit sur notre relation à Dieu, sur notre vie de prière. Notre église est le centre du monastère et de notre vie commune. C’est la Maison de Dieu, le lieu où nous passons du temps avec Lui. Tous ensemble, ou seul avec Lui. Le lieu où nous pouvons reprendre conscience de l’appel que Dieu nous adresse continuellement : vivre dans son intimité et lui redonner notre vie, chaque jour.
Si nous voulons que notre oratoire soit un lieu de prière, il faut d’abord que notre coeur le soit. C’est vrai, nous devons tout faire pour que l’oratoire du monastère soit ce que signifie son nom. Mais nous devons surtout faire effort de détachement intérieur, afin de devenir Temple de Dieu, habité par l’Esprit. Plus nous ferons effort en ce sens, et plus nous nous approcherons de Dieu avec joie, à l’oratoire, nous aidant les uns les autres à prier.
Benoit organise toute notre vie en fonction de cette double réalité : Dieu, toujours présent et agissant en nous. La créature que nous sommes, faite pour prier sans cesse, pour rendre grâce, mais incapable de se maintenir dans cet acte de prière. Le climat du monastère doit être favorable à la prière : silence, humilité, obéissance, vie fraternelle. Mais quand il s’agit de l’acte même de la prière, du temps à lui consacrer, Benoit est d’une grande discrétion. Il n’impose pas à la communauté un temps trop long. Par contre, il demande à chacun de ne pas nuire au silence et au besoin de prière de ses frères. C’est encourageant : aucun d’entre nous ne peut dire : Ce n’est pas pour moi. Hommes de prière, nous pouvons tous le devenir. Long travail de docilité à l’Esprit Saint qui travaille sans cesse en chacun de nous.
Que notre église soit vraiment la maison de Dieu, qu’elle ne soit que cela. Venons souvent prier à l’église, y retrouver Dieu dans le secret de notre coeur. Aimons aller à l’église. (11/11/14)
10. Des Calendes d'octobre au début du carême, ils vaqueront à la lecture jusqu'à la fin de la deuxième heure.
11. À la deuxième heure, on célébrera tierce, et jusqu'à none tous travailleront à l'ouvrage qui leur est assigné.
12. Au premier signal de la neuvième heure, chacun quittera son ouvrage, et ils se tiendront prêts pour le moment où retentira le second signal.
13. Après le repas, ils vaqueront à leurs lectures ou aux psaumes.
14. Aux jours de carême, depuis le matin jusqu'à la fin de la troisième heure, ils vaqueront à leurs lectures, et jusqu'à la fin de la dixième heure ils feront ce qui leur est assigné.
15. En ces jours de carême, chacun recevra un livre de la bibliothèque, qu'il devra lire à la suite et intégralement.
16. Ces livres doivent être distribués au début du carême.
17. Avant tout, bien sûr, il faut désigner un ou deux anciens qui circulent dans le monastère aux heures où les frères vaquent à la lecture.
18. Ils veilleront à ce qu'il ne se trouve pas de frère atteint d'acédie, qui vaque à l'oisiveté ou au bavardage au lieu de s'appliquer à la lecture, et qui non seulement se fait tort à lui-même, mais en outre distrait les autres.
19. Si l'on en trouve un, – à Dieu ne plaise, – on le réprimandera une fois, deux fois ;
20. s'il ne s'amende pas, il subira la réprimande de règle, de telle façon que les autres en conçoivent de la crainte.
21. Un frère n'entrera pas en rapport avec un autre frère à des heures qui ne conviennent pas.
Quand il parle de la Lectio Divina, St Benoit emploi le verbe « vacare ». C’est le terme qui a donné le mot vacances. Vacare, c’est faire le vide, vider son cœur et son esprit de toute préoccupation. Laisser les soucis à la porte pour se mettre à l’écoute. La lectio suppose donc une démarche pour trouver le silence du cœur. Pour que la Parole de Dieu résonne en nous, pour qu’elle descende dans notre cœur, il faut que celui-ci ne soit pas trop encombré.
Cette parole n’est pas quelque chose de nouveau pour nous, elle nous habite déjà, comme une musique. Ce qui se passe au moment de la lectio, ce n’est pas tant une affaire de connaissance, que de reconnaissance. L’Ecriture ne fait que traduire par des mots ce qui est déjà présent en nous.
Notre écoute de la Parole de Dieu s’approfondit tout au long de notre vie, de notre cheminement spirituel. Comprendre l’Ecriture, c’est bien plus que comprendre un texte. C’est entrer dans le mystère de ce que nous sommes. De ce que nous sommes sous le regard de Dieu.
A propos de ce chapitre, et de la Lectio Divina, le P. Christian de Tibhirine dit ceci :
D’abord, c’est toute la Règle qui est le fruit d’une lectio divina. C’est évident par le nombre de citations de l’Ecriture, explicites ou implicites.
La lectio est l’un des axes principaux de la conversion du moine. C’est l’un des instruments de l’Art Spirituel : « Entendre volontiers les Saintes Lectures. »
La Règle parle d’abord d’écoute. Pour une lecture intérieure.
La lectio, pour Benoit, comme pour toute la tradition biblique, est école de la mémoire. On ne lit que pour enregistrer, ruminer, assimiler.
Enfin la lectio demande du temps, que nous lui donnions de notre temps, pour nous laisser imprégner par la Parole de Dieu. (2014-05-14)
1. L'oisiveté est ennemie de l'âme. Aussi les frères doivent-ils être occupés en des temps déterminés au travail manuel, et à des heures déterminées aussi à la lecture divine.
2. Nous croyons donc que ces deux occupations seront bien réparties selon les temps dans l'horaire que voici :
3. de Pâques aux Calendes d'octobre, depuis le matin en sortant de prime ils travailleront, là où c'est nécessaire, presque jusqu'à la quatrième heure.
4. De la quatrième heure jusqu'à l'heure où ils célébreront sexte, ils vaqueront à la lecture.
5. Après sexte, en sortant de table, ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet, ou si quelqu'un veut lire pour son compte, il lira de façon à ne déranger personne.
6. On célébrera none à l'avance, au milieu de la huitième heure, et ils se remettront au travail qui est à faire jusqu'aux vêpres.
7. Si les conditions locales ou la pauvreté exigent qu'ils s'occupent de rentrer les récoltes par eux-mêmes, ils n'en seront pas fâchés,
8. car c'est alors qu'ils sont vraiment moines, s'ils vivent du travail de leurs mains, comme nos Pères et les apôtres.
9. Cependant tout doit se faire avec mesure à cause des faibles.
Le F. Adalbert fait remarquer que le titre de ce chapitre est « lacunaire ». Il passe sous silence la lectio divina, alors que Benoit s’applique, tout au long de ce texte, à alterner ces deux activités, travail manuel et lectio divina.
« A certaines heures,… à d’autres heures ». Ici Benoit établit deux principes essentiels. Le premier, c’est que l’oisiveté est ennemie de l’âme, il faut donc l’occuper par le travail, et par la lectio. Le second, c’est que ces deux activités doivent occuper alternativement le moine, pour qu’il soit vraiment moine. Ce balancement des heures, des jours et des saisons, des temps liturgiques, comme les rythmes de la vie qui scandent nos existences, ont une très grande importance. D’abord parce que la monotonie pourrait nous décourager. Mais surtout parce qu’ils expriment quelque chose de fondamental de l’être humain : nous sommes faits pour donner et pour recevoir. Pour faire et pour nous laisser faire. Le travail et la lectio expriment ces deux moments, ces deux attitudes fondamentales de l’être humain. Dans le travail, on peut trouver la joie de se donner, de donner de son temps, de son énergie, de sa force, de sa créativité, de son enthousiasme. Et dans la lectio on peut reconnaitre cette capacité de recevoir, d’écouter, de se laisser prendre par la main, de se laisser guider par un autre, de se laisser conduire par Dieu là où nous ne serions pas allés de nous-mêmes.
Il est peut-être utile, pour chacun de nous, de prendre conscience de notre tendance profonde. Et ensuite de nous laisser rééquilibrer par la vie monastique. Elle nous offre cette grâce de découvrir, de développer l’autre part de nous-mêmes. Si nous sommes de ceux qui se laissent dévorer par les activités, elle nous permet de découvrir la joie de nous arrêter, de recevoir, de nous mettre à l’écoute de Dieu, de sa Parole. Si nous sommes de ceux qui ont du mal à s’engager au service des autres, elle nous permet de découvrir la joie de donner notre vie pour nos frères.(2014-05-13)
2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.
3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.
4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.
Ce petit chapitre traite de deux questions : L’annonce de l’Office. Et la manière de le réciter.
D’abord, c’est l’Abbé qui est responsable de l’annonce de l’œuvre de Dieu. Ce qui dit déjà l’importance de l’Office Divin. Ensuite, St Benoit ne dit pas : Sonner pour l’œuvre de Dieu. Ni : Donner un signal. Il dit : annoncer. Annoncer l’œuvre de Dieu, c’est tout autre chose. Lorsque sonne la cloche pour l’Office, c’est une annonce. Une annonce joyeuse, et toujours nouvelle. Comme fut pour Marie l’annonce de la Bonne Nouvelle. C’est Dieu qui nous visite, et Il nous invite à la rencontre. Le P. Muard disait : « Dieu qui m’appelle ». Heureux sommes nous quand ces annonces de l’Œuvre de Dieu sont chaque fois un appel. Heureux l’homme qui sait découvrir à tout instant, dans sa vie, l’appel du Christ.
Les prescriptions de Benoit, sur la façon d’exécuter les Psaumes et les Antiennes, sont imprégnées du même sens de la majesté de Dieu. Ce chapitre nous rappelle que le chant, comme la lecture, sont un service. Ils le sont s’ils sont accomplis avec « humilité, crainte de Dieu, respect ». Ces trois expressions sont tout un programme. Une manière de décrire notre vie de moine. Ils en disent long sur la profondeur de notre conversion personnelle. Sur les défis que nous avons à relever.
Jour après jour, nous apprenons à être serviteurs de Dieu, à être disponibles. Nous sommes à la place que Dieu veut pour nous. (2014-05-10)
1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement
2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,
3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,
4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.
5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,
6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.
Le chapitre précédent parlait des fautes commises pendant la liturgie. Ce chapitre concerne la vie courante, en particulier le travail. Mais Benoit y établit aussi une distinction, que l’on retrouve dans toute la tradition spirituelle. Entre les fautes extérieures, et les péchés secrets de l’âme. Dans le premier cas, il prévoit que l’on fasse réparation devant l’Abbé et la communauté. Dans le second cas, il convient de ne s’en ouvrir qu’à l’Abbé ou au Père Spirituel.
Cette distinction entre faute et péché, nous avons souvent du mal à la faire dans notre propre vie. C’est pour cette raison que nous peinons à reconnaitre nos fautes extérieures : nous nous sentons coupables, alors que, souvent, il ne s’agit pas de culpabilité. Pour Benoit, la faute n’est pas un péché, elle fonctionne sur un autre registre, à un autre niveau.
La faute touche notre rapport à la communauté, qui se trouve gênée par un acte, ou par un comportement. Le péché touche la racine de notre être, dans notre relation à Dieu et aux frères. La faute est une constatation objective, observable par tous. Le péché concerne l’intention du cœur, le mouvement de l’âme.
Casser un objet, arriver accidentellement en retard à un exercice de communauté, il s’agit de désordres à réparer. Tandis que le péché, comme le précise St Benoit, concerne les blessures secrètes de l’âme. Pour éviter la confusion, il délimite très clairement le processus à suivre dans l’un et l’autre cas. Car il y a deux écueils à éviter. D’une part la transparence. La communauté a le droit au respect de son mode de vie. Si on la gêne, il est normal de lui demander pardon. Mais pas au-delà : elle n’a pas à vouloir tout savoir d’un frère. Et d’autre part, s’il convient de dévoiler ses péchés au père spirituel, cela ne dispense pas de reconnaitre ses manquements devant la communauté.
En établissant cette distinction entre le manquement et le péché, Benoit construit la communauté sur des bases très saines : le respect de la communauté, le respect de chaque frère, et l’ouverture du cœur. Notre vie de moine est toujours un chemin de guérison pour chacun de nous. (2014-05-09)
1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,
2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.
3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.
Dans ce chapitre, St Benoit fait le lien entre la satisfaction, et l’humilité. Il y revient à deux reprises. Savoir demander pardon est un signe d’humilité. Refuser de le faire est une marque d’orgueil. Et contre tout mouvement d’orgueil, Benoit est très sévère.
Mais qu’est-ce que l’orgueil ? Cassien distingue l’orgueil de la vanité, par une nuance qui permet d’en comprendre le mécanisme. La vanité se nourrit du regard d’autrui. L’orgueil, au contraire, méprise l’autre, il nie son existence. Nous voyons mieux, alors, l’enjeu de ce chapitre.
Réparer, prendre le temps de s’excuser, demander pardon, c’est redonner sa place à l’autre dans notre vie. Donner à notre vie une dimension supplémentaire, que l’orgueil avait aplatie. Et l’un des signes les plus évidents de la conversion du cœur, c’est cette attention sans cesse renouvelée à l’autre.
L’orgueilleux ne se rend même pas compte qu’il fait souffrir, qu’il gêne, qu’il agace. Sa vie n’a qu’une seule dimension, son propre intérêt. Le vaniteux a au moins quelque peu cette dimension de l’altérité, même si elle est encore centrée sur lui-même.
Ainsi, les petits gestes de la vie sont les meilleurs indicateurs, pour nous ramener à la vérité de ce que nous vivons. Ils peuvent nous aider à grandir. Ils peuvent nous rendre plus lucides sur nous-mêmes. Nous remettre en relation avec le Christ. (2014-05-08)
1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,
2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.
3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.
4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.
5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,
6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.
7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,
8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.
9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.
10. Ils feront ainsi jusqu'à ce qu'il donne sa bénédiction et dise : « ;Cela suffit. »
« Il se prosternera ». Encore nos manquements et nos réparations. Pas de péché sans rémission possible, et donc sans un plus grand amour possible. C’est ce que nous rappelle St Benoit ce matin. Il y a là toute la joie du rachat. La joie, la joie de Dieu, nous la reconnaissons là, dans la découverte que nous sommes pardonnés. Chacun de nous est la 99ème brebis que le Seigneur est allé chercher, par pure miséricorde. Faute grave ou faute légère, elles doivent finalement nous introduire davantage dans la communion avec Dieu, avec nos frères. Si nous entrons dans ce mouvement de satisfaction et d’amendement.
« Sans rien dire ». Nous remarquons, dans ce chapitre, le silence du pénitent. Qu’il ne dise rien ! De fait, il se prosterne un grand nombre de fois, sans ouvrir la bouche. C’est ainsi qu’il exprime son amendement. Se taire ! L’attitude spirituelle que suppose ce rite de réparation est l’une des plus difficiles qui soient. Elle s’oppose au mouvement immédiat du cœur, lorsque nous sommes accusés ou repris : nous excuser, nous justifier, expliquer. Nous devons nous exercer à ce silence d’humilité et d’obéissance. Il faut surtout demander à Dieu un « cœur contrit et humilié » qui nous aide à nous voir comme nous sommes : vraiment dignes de reproches. Le Christ a été humilié pour nos fautes, et Il s’est tu. Alors, même si nous sommes innocents, cela peut arriver, mais moins souvent que nous le pensons, apprenons à nous taire, comme le Christ.
La peine d’excommunication n’est plus appliquée aujourd’hui. Mais le chapitre des coulpes est l’un des moyens que nous donne notre vie communautaire, pour vivre cette démarche de réparation. Il peut nous aider à vaincre la peur de l’autre. Cette peur d’être connu tels que nous sommes. Un moyen pour faire la vérité. Pour devenir plus homme. Plus fils de Dieu.(2014-05-07)
13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,
14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.
15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,
16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.
17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.
18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.
19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.
« Jusqu’à satisfaction et amendement ». Ces mots sont un peu archaïques, mais ils valent la peine qu’on s’y arrête. Car ils disent quelque chose dont toute vie commune a besoin. Même s’il n’est pas facile de trouver la manière.
Les deux mots se complètent : « satisfaction » dit plutôt le fait de réparer. Satis facere, signifie en latin, faire quelque chose suffisamment. Pour revenir en grâce auprès de celui que l’on a offensé. Et « amendement » signifie, à l’inverse, le fait de se corriger du défaut : Mot à mot, en latin, enlever la faute. St Benoit utilise volontiers ce vocabulaire tout au long de la Règle, pour insister sur le fait que chaque moine qui a fait un écart doit, et réparer, et se corriger. La dynamique est double. Il faut témoigner à la communauté des gestes qui expriment notre désir de renouer la communion brisée un moment. Et il faut changer notre propre vie. Autrement dit, Benoit engage chacun à faire de ses chutes une vraie occasion de conversion, par une relation renouée avec la communauté, et par un désir renouvelé d’avancer.
Nous avons donc besoin de ces deux mots, satisfaction, et amendement, et de la réalité qu’ils représentent, dans notre vie communautaire. Quand un frère s’écarte, d’une manière ou d’une autre, ici à propos des retards dans la vie commune, la communauté s’en trouve fragilisée. Plus le défaut s’installe, plus c’est la relation de communion entre le frère et la communauté qui souffre, et qui fait souffrir. Le risque est de s’habituer à ce fait, d’en prendre son parti. Le frère risque alors de s’installer dans son défaut. Le défaut risque de s’agrandir, pour devenir une attitude marginale. Peut-être le frère ne le voit-il pas lui-même ? Peut-être est-il trop blessé pour mesurer la souffrance qu’il porte et fait porter aux autres ? Comment nous aider mutuellement à entrer dans ce dynamisme salutaire de la satisfaction et de l’amendement ? Il y a d’abord une grâce à demander, pour nous-mêmes, et pour le frère qui peine : celle de percevoir qu’il y a une joie profonde à réparer un tort, et à se corriger. Une joie bien plus grande que l’illusion tenace de vouloir préserver à tout prix son image, ou le sentiment d’être dans son bon droit. C’est la joie de l’Evangile, qui libère notre cœur de son ombre.(2014-05-06)
1. De la sainte Pâque à la Pentecôte, les frères prendront leur repas à sexte et souperont le soir.
2. À partir de la Pentecôte, pendant tout l'été, si les moines n'ont pas de travaux agricoles et que les ardeurs excessives de l'été ne les incommodent pas, ils jeûneront jusqu'à none les mercredis et vendredis.
3. Les autres jours ils déjeuneront à sexte.
4. S'ils ont du travail aux champs ou si la chaleur de l'été est excessive, il faudra maintenir le déjeuner à sexte, et ce sera à l'abbé d'y pourvoir.
5. Et il équilibrera et réglera toute chose en sorte que les âmes se sauvent et que les frères fassent ce qu'ils font sans murmure fondé.
6. Des Ides de septembre au début du carême, le repas sera toujours à none.
7. En carême, jusqu'à Pâques, le repas sera à vêpres.
8. Cependant les vêpres seront célébrées de telle façon que l'on n'ait pas besoin au repas de la lueur d'une lampe, mais que tout s'achève à la lumière du jour.
9. Et de même en tout temps, l'heure du souper ou du repas sera suffisamment tôt pour que tout se fasse à la lumière.
A quelles heures doit-on prendre les repas ? Dans un monastère, l’heure n’est pas une chose secondaire, qu’on soit au temps de St Benoit ou à notre époque. Il est intéressant de voir cependant que nous ne nous posons pas la question de la même manière. Benoit considère l’horaire journalier des repas, comme celui du travail manuel d’ailleurs, dans une vision globale de l’année, à partir des temps liturgiques et des saisons. Nous, nous considérons l’horaire, d’abord dans l’équilibre journalier, et hebdomadaire. St Benoit doit faire avec une façon de compter les heures qui varie selon les saisons. Nous, nous avons toujours une heure stable, exceptée la variante de l’heure d’été.
Nous sommes donc situés différemment dans notre façon d’approcher l’horaire d’une journée. Benoit l’envisage à partir d’une unité de base qui est l’année solaire et liturgique en prenant pour repère premier la fête de Pâques. La vie du moine est alors insérée dans le grand mouvement cosmique de l’univers, ainsi que dans le déploiement du salut à travers l’année liturgique. Jusque dans sa façon de manger en avançant ou en reculant le repas, mais aussi dans sa façon de travailler, le moine se comprend comme un être en étroite relation avec cosmos et avec Dieu. Ces repères-là nous échappent en bonne partie aujourd’hui. La variation des saisons et des temps liturgiques n’informent pratiquement plus l’horaire, ni la façon de travailler. Notre horaire quotidien est stable toute l’année, seul le dimanche varie, faisant dès lors de la semaine, l’unité de base de notre rythme. Ce déplacement d’unité de base, de l’année à la semaine, signifie-t-il quelque chose ? Certainement prend-t-il en compte le fait que la vie moderne est de plus en plus une vie « hors sol », c’est-à-dire de plus en plus déconnectée des rythmes naturels…Les moines n’y échappent pas. Du point du vue liturgique, le déplacement de l’année à la semaine redonne une place essentielle au dimanche dans notre horaire et dans notre manière de travailler. Nous retrouvons d’une autre façon, la place centrale de Pâques chère aux anciens moines, mais d’abord dans la célébration du dimanche. Chaque semaine nous donne alors de mettre en valeur la célébration du mystère pascal.(2014-02-22)