vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 12, v 1-4 De quelle manière célébrer la solennité des matines? écrit le 07 décembre 2016
Verset(s) :

1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.

2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.

3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,

4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.

Commentaire :

Dans ce chapitre, on peut noter cette précision: le capitule lu après les psaumes, sera

tiré de l'Apocalypse. Une précision qui accentue la note pascale déjà donnée à l'office des

Laudes du dimanche par les Ps 117, 62, et par le cantique des trois enfants de Daniel, que

Benoit appelle « bénédictions». Ces textes tirés de 1 ' AT sont chantés comme des

préfigurations de ce matin unique de la Résurrection dont chaque dimanche fait mémoire.

Avec la lecture tirée de l'Apocalypse, c'est une note eschatologique qui est donnée. Sans

qu'on sache précisément le ou les texte(s) choisi(s) par Benoit, le livre de l'Apocalypse chante

la victoire du Christ sur les puissances de mort, victoire qui ne cesse de s'actualiser dans le

temps présent jusqu'à 'la consommation des temps. Choisir un morceau de l'Apocalypse pour

lecture à l'office des Laudes du dimanche, est une manière de relier la mémoire de la

Résurrection à son plein accomplissement qui, tendu vers la Venue du Christ Glorieux, se

réalise déjà dans notre histoire en travail d'enfantement.Quand nous faisons mémoire de la

Résurrection, chaque dimanche, nous ne faisons pas que nous souvenir d'un évènement passé,

mais nous célébrons et accueillons dans nos vies présentes, la vie du Ressuscité, pour qu'elle

transforme notre monde appelé à être sauvé.

Comme je le disais déjà, un propos plus pédagogique nous a conduits à prendre pour

capitule à Laudes, la seconde lecture de la messe, afin d'unifier notre écoute et notre attention

durant notre journée monastique. Mais la note eschatologique apportée par l'Apocalypse est

aussi présente dans notre office. Le cantique chanté aux Vêpres du dimanche est tiré de l'Ap.

En ce temps de 1 ' Avent, nous chantons un extrait du chap. 15 ... C'est le « Cantique de Moïse

et de l'Agneau»repris par « tous ceux qui ont remporté la victoire sur la Bête ». Ce cantique

exprime déjà la victoire réalisée qui sera manifestée à la fin des temps que nous attendons:

« Toutes les nations viendront se prosterner devant toi, car tes jugements se sont révélés» ...

En temps ordinaire, nous avons ce beau cantique tiré du chap. 19, « voix d'une foule immense

qui, comme la voix des océans» proclame: « Alléluia! Il règne,le Seigneur, notre Dieu tout-

puissant ... Car elles sont venues les noces de l'Agneau,et pour lui son épouse a revêtu sa

parure!» En reprenant ce cantique, nous sommes la voix de l'Epouse qui déjà participe à la

victoire de l'Agneau, dans l'Espérance de la voir s'accomplir pleinement. Ecouter et chanter

l'Apocalypse, nous fait percevoir combien notre chant ici et maintenant est mémorial,

souvenir de l'évènement pascal, actualisé dans notre participation à la Victoire du Christ

Vivant, dans l'attente qu'Il vienne. (07/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11, v 7-13 Comment célébrer les vigiles le dimanche? écrit le 06 décembre 2016
Verset(s) :

7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,

8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .

9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.

10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.

11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,

12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.

13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.

Commentaire :

« La lecture de l'évangile achevée, tous répondront: 'Amen' ». Notre pratique actuelle

pour achever les Vigiles est un peu différente. L'évangile est conclue par l'acclamation

trinitaire' Te decet laus - A toi la louange, à toi l 'hymne de gloire'. Puis vient l'oraison du

dimanche à laquelle on répond « Amen» qui conclue alors l'office.

Il n'est certainement pas identique de répondre« Amen» à la lecture de l'évangile,

que de le faire à la suite d'une oraison, cette prière attachée à un dimanche ou à une fête. On

peut penser que le « Amen» à la suite de l'évangile -alors certainement un évangile de la

résurrection- exprimait l'adhésion vive de la foi en la résurrection proclamée dans la Parole,

ou encore la foi vive en Jésus, le Vivant reconnu en la Parole proclamée. La lecture solennelle

de l'évangile entendue debout aux vigiles comme à la messe, nous met en présence de Jésus le

Vivant en sa Parole. Je me pose la question s'il ne serait pas juste lors des Vêpres, d'écouter

l'évangile aussi debout, restant debout après le cantique du NT, avant de se rasseoir après la

lecture. Normalement, le cursus des capitules lus durant l'office ne prévoit pas la lecture de

l'évangile. Nous l'avons inséré, dans un souci pédagogique, afin de ne pas multiplier les

textes scripturaires entendus et de permettre une meilleure assimilation, tout en donnant une

unité entre euchar. et office. La commission de liturgie pourrait réfléchir si cela est opportun.

Pour revenir aux vigiles, l'acclamation trinitaire mise après l'évangile est aussi une

belle façon d'élargir notre adoration, non seulement au Christ, mais à la Ste Trinité. Tout le

mystère du Christ est ressaisi dans la lumière de la gloire trinitaire.

Je voudrais m'arrêter pour finir sur l' « Amen ».Nous avons bien des occasions de le

dire durant nos journées: pour conclure les oraisons à l'office, à la messe, mais aussi au

réfectoire, ou encore à la fin des offices de Laudes et de Vêpres, et enfin après la bénédiction

qui introduit les lectures aux vigiles. Je remarque une chose: lorsque les « amen» sont dits, et

non chantés, je les trouve bien peu dynamiques ... presque poussifs ... comme si on n'était pas

vraiment là dans ce qu'on dit. Cette parole qui signifie: j'adhère, je crois (qu'on pense au

moment où l'on reçoit le corps du Christ) a un relief qui mérite d'être souligné. Nous ne

pouvons l'escamoter, ou la dire du bout des lèvres. Chacun veillons à être davantage là dans

notre « Amen », dans notre réponse de foi. La commission de liturgie pourrait vérifier si un

mode cantilé ne favoriserait pas une réponse plus ferme. (06/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 11, v 1-6 Comment célébrer les vigiles le dimanche? écrit le 01 décembre 2016
Verset(s) :

1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.

2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.

3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.

4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.

5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.

6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.

Commentaire :

Michaela Puzicha qui commente la RB, et dont j'aime bien lire les commentaires, note

que St Benoit innove aux vigiles du dimanche, en mettant au 3° nocturne, des cantiques tirés

des prophètes, et non des psaumes, selon un usage alors répandu (cf Commentaire de la Règle

de St Benoit, vol 1, p. 201). Peut-être veut-il ainsi préserver le nombre des 12 psaumes sans

en ajouter? Cela laisse pressentir aussi la place d'honneur qu'il donne à ces textes de l'AT,

qui sont psalmodiés comme les autres psaumes. Al' office des Laudes, il prévoit la psalmodie

d'un cantique de l'AT, en conformité avec l'usage de l'office célébré dans les basiliques

romaines. Aux Vêpres, il ne connait pas l'emploi de cantiques tirés du NT.

Que dire de l'usage des cantiques que nous faisons dans nos offices? Nous avons

conservé l'usage d'un cantique de l'AT aux Vigiles des dimanches et des fêtes, ainsi qu'aux

Laudes et l'usage d'un cantique du NT aux Vêpres. Les cantiques tirés de l'AT varient selon

les temps liturgiques, alors que ceux du NT varient peu. Cette variété est riche pour nous faire

chanter et entendre des textes tirés des corpus des prophètes, notamment durant l ' Avent (à

l'exception de celui tiré des Nb), mais aussi en Carême et au Temps Pascal. En temps

ordinaire, nous puisons aussi aux livres sapientiaux ... Il Y a quelques années, f. Hubert nous a

permis d'avoir à Laudes, un éventail de cantiques plus large en intégrant de nouveaux textes

proposés à la fin de notre psautier, et en les répartissant en une semaine 1 et 2 ... Peut-être

pourrait -on faire de même pour les cantiques de l'AT des vendredi et samedi du temps

ordinaire qui sont encore identiques pour les semaines paires et impaires.

Cet usage plus développé des cantiques de l ' AT nous permet d'entendre et de faire

nôtre des voix aux harmoniques différentes selon les livres bibliques. Il n'est pas pareil de

chanter le poème prophétique de Balaam, comme ce matin: « Ce héros, je le vois, mais pas

de près ... un astre se lève, issu de Jacob» ou de reprendre la plainte du prophète Isaïe que

nous aurons demain: « Ah si tu déchirais les cieux, si tu descendais ... nous sommes tous

l'ouvrage de tes mains ». Ces cantiques nous enseignent, et sur le dessein de Dieu qui se

réalise dans l'histoire, et sur l'espérance confiante du peuple d'Israël en son Dieu. Ces

cantiques morceaux choisis des livres prophétiques ou sapientiaux nous offrent comme un

condensé de la Bonne Nouvelle du Salut:« Ne crains pas, Sion, Ne laisse pas tes mains

défaillir! Le Seigneur ton Dieu est en toi, c'est lui le héros qui apporte le salut» (So 3, 14sq) - (01/12/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 10, v 1-3 Comment célébrer la louange nocturne en saison d'été? écrit le 30 novembre 2016
Verset(s) :

1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,

2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.

3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.

Commentaire :

Si l'on doit raccourcir l'office des vigiles, en raison de la brièveté de la nuit en été, St

Benoit tient fermement à ce que l'on maintienne le nombre des 12 psaumes, selon une

tradition transmise par Cassien et reçue de l'Egypte. Le Maitre fixait le nombre minimal à 9,

d'autres à 24 ou 18 ... Ce nombre de 12 psaumes est compté en dehors du psaume 3 qui est

une sorte d'introduction, et du psaume 94, le psaume invitatoire ...

Je voudrais m'arrêter sur nos psaumes invitatoires. Après le verset, « Seigneur, ouvre

mes lèvres », par lequel nous exprimons notre indigence et notre faiblesse pour prier, si Dieu

ne nous vient en aide, le psaume invitatoire nous entraine dans la prière. Le type du Ps

invitatoire reste le Ps 94. J'en retiens trois éléments qui structurent notre prière: l'invitation à

l'action de grâce joyeuse, l'appel à l'adoration et l'exhortation à l'écoute ... Invitation à

l'action de grâce joyeuse:« venez crions de joie pour le Seigneur. 00 Allons jusqu'à lui en

rendant grâce », au motif qu'il est le créateur de tout « il tient en main les profondeurs de la

terre ». Prise de conscience qui appelle l'adoration:« Entrez, inclinez-vous ... adorons le

Seigneur qui nous afaits ». Prise de conscience « qu'il est notre Dieu et que nous sommes le

peuple qu'il conduit » ... et qui engage alors à l'écoute:«Aujourd'hui écouterez-vous sa

parole? ». Cette interpellation divine, reprise au début du Prologue (10), sonne comme

l'appel majeur qui sous-tend toute l'activité de l'office choral, comme toute la vie du moine:

vivre à l'écoute de la Parole, en dialogue continuel avec le Seigneur qui parle. Ces trois

éléments se retrouvent plus ou moins dans les autres Ps invitatoires que nous utilisons. Ps 80 :

« Criez de joie pour le Seigneur notre force» ... « Sonnez du cor pour le mois nouveau» en

souvenir de la sortie d'Egypte quand le Seigneur a sauvé Israël de l'oppression. Mémoire qui

renouvelle l'appel à l'écoute:« Ecoute, je t'adjure, ô mon peuple. 00 Ouvre ta bouche moi le

j'emplirai ... » Au Ps 95, la note de louange joyeuse se mêle à l'adoration. « Chantez au

Seigneur un chant nouveau ... Adorez le Seigneur éblouissant de sainteté .. .Joie au ciel, exulte

la terre ... » Pas d'appel explicite à l'écoute, mais une confession de foi et d'espérance dans le

Seigneur qui vient: « Il jugera le monde avec justice, et les peuples selon sa vérité» ... On

peut relire ainsi encore le Ps 97 et 98 que l'on a le vendredi et le samedi ... Dans ces derniers,

l'appel à l'écoute n'est pas explicite. La foi dans le Seigneur qui vient anime le Ps 97 : « que

les montagnes chantent leur joie, car il vient pour gouverner la terre » ... Notre prière est

toujours tournée vers la promesse d'un avenir de justice réalisé par Dieu et que nous célébrons

en chaque Avent. (30/11/12016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 09, v 1-11 Combien de psaumes faut-il dire aux heures de la nuit? écrit le 29 novembre 2016
Verset(s) :

1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »

2. On y joindra le psaume trois et le gloria.

3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.

4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.

5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.

6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.

7. Quand le chantre commencera de le dire, aussitôt tous se lèveront de leurs sièges en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité.

8. On lira aux vigiles les livres d'autorité divine de l'Ancien Testament aussi bien que du Nouveau, ainsi que les commentaires qu'en ont faits les Pères catholiques réputés et orthodoxes.

9. Après ces trois leçons avec leurs répons, suivront les six psaumes restants, qu'on chantera avec alleluia.

10. Après ceux-ci suivra la leçon de l'Apôtre, qu'on récitera par cœur, le verset et la supplication de la litanie, c'est-à-dire Kyrie eleison ,

11. et ainsi s'achèveront les vigiles nocturnes.

Commentaire :

« Tous se lèveront de leur siège en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte

Trinité » ... Notation corporelle comme en passant dont St Benoit est assez économe en

général. Notation précieuse cependant qui rappelle combien nos attitudes corporelles sont

aussi prière et expression de notre être en présence de notre Dieu. Dans l'office de Benoit, la

prière chorale était dite debout.Cette attitude était déjà selon les mots de Benoit une manière

de se tourner vers Dieu« en signe d'honneur et de révérence ». Sans savoir si St Benoit y

pensait, on peut faire le rapprochement avec la phrase de l'évangile que l'on entendait la

semaine passée, au terme de l'année liturgique: « Restez éveillés et priez en tout temps: ainsi

vous serez jugés dignes de paraUre debout devant le Fils de l'homme» (Le 21, 36). L'attitude

de la prière debout peut alors aussi avoir une portée eschatologique. On ne s'asseyait que pour

écouter les lectures, à l'exception de celle de l'évangile qui conclue l'office des vigiles du

dimanche. Cette pause assise est conclue par le dernier des trois répons qui comporte un

gloria... Alors tous se lèvent jusqu'à la fin du second nocturne qui va suivre. C'est donc le

gloria qui appelle les moines à se lever. Prononcer le nom de la Ste Trinité résonne comme

une invitation à signifier dans le corps l'honneur qui lui est du. Benoit connait le prix de ces

paroles:« Gloire au Père et au Fils et au St Esprit ». En une époque où plusieurs régions

d'Italie sont encore sous influence arienne, elles ont valeur de confession de foi orthodoxe en

l'égale dignité des trois personnes divines. Chacune et toutes en leur unité méritent notre

révérence. Notre pratique actuelle est un peu différente: nous sommes assis pour prier les

psaumes, et nous nous levons en nous inclinant à chaque gloria concluant les psaumes, les

cantiques et les répons. L'inclination met l'accent sur la révérence et l'adoration. Quand le

nom de la Ste Trinité est proclamé, notre corps épouse la confession de nos lèvres en un geste

qui fait ce que nous disons ... et par là dit bien plus encore que les mots. C'est la grâce de nos

gestes liturgiques d'exprimer ce que les mots sont impuissants à formuler.Je note une

exception: le dimanche à Laudes, à la fin du Ps 117, s'est prise l 'habitude de se lever sans

s'incliner. Sans qu'il y ait concertation, ni parole. C'est comme si ce Ps 117 avait une telle

connotation pascale que nous ne savons pas faire autrement que de rester debout, l'attitude

pascale par excellence. Je crois que c'est une bonne chose. (29/11/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 08, v 1-4 Des offices divins au cours des nuits écrit le 25 novembre 2016
Verset(s) :

1. En saison d'hiver, c'est-à-dire depuis les Calendes de novembre jusqu'à Pâques, il faut, suivant la norme raisonnable, se lever à la huitième heure de la nuit,

2. afin de se reposer un peu plus de la moitié de la nuit et d'être dispos au lever.

3. Quant à ce qui reste après les vigiles, les frères qui ont besoin d'apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l'emploieront à cette étude.

4. De Pâques aux susdites Calendes de novembre, on réglera l'heure de telle sorte que l'office des vigiles, après un tout petit intervalle où les frères pourront sortir pour les besoins de la nature, soit immédiatement suivi des matines, qui doivent être dites au point du jour.

Commentaire :

Il y a quelque temps, un jeune rencontré à l'hôtellerie me demandait conseil afin de

prier la nuit. Il désirait donner une place à cette prière nocturne dans sa vie tout en mesurant

qu'il lui était difficile de l'intégrer avec le travail et le rythme de la vie séculière. Dans cette

prière, il avait le sentiment de rejoindre quelque chose de la profondeur de l'expérience

croyante devant Dieu. Je l'invitais à se donner un temps par semaine, s'il le pouvait ...

La prière de la nuit était familière à Jésus, si on en croit les évangiles. Il s'y adonnait

peut-être tout simplement parce les journées bien remplies ne lui en laissaient pas beaucoup le

loisir. Le silence de la nuit s'offrait à lui comme un refuge spontané. Nous pouvons faire une

expérience semblable quand nous sortons pour des rencontres où la prière de l'office n'est pas

prévue. La nuit restera alors souvent notre seul moment pour prier, soit tard le soir, soit tôt le

matin ... Temps de respiration profonde où l'on reprend souffle pour toute la journée. Au

monastère, la prière nocturne acquiert encore une autre signification: celle de la veille. Nous

la recevons comme un appel autant que comme une grâce. Appel et grâce de garder notre

cœur, notre désir en éveil pour Dieu. Appel pour répondre à l'invitation du Christ de veiller

dans l'attente de sa venue: «S'il vient seulement à la deuxième ou à la troisième veille de la

nuit et les trouve en train de veiller, heureux sont-ils» (Le 12,38). Grâce de pouvoir se lever

et de se tenir en présence de Dieu, simplement parce qu'il est Dieu et que c'est une joie

profonde de se tourner vers Lui. Même si à certains jours, cette joie n'est pas sensible, car

reléguée par les soucis ou la fatigue. La prière de la nuit nous récompense souvent de l'effort

du lever, parce qu'elle nous trouve plus ouvert, plus à l'écoute. Notre terre est là plus

disponible au travail de la Parole ruminée dans les psaumes et entendue dans les lectures. Les

mots résonnent autrement, comme si notre pâte humaine unie à celle de toute l'humanité en

quête de paix, se laissait plus facilement pétrir par les mains du divin potier. Car la nuit donne

aux mots non seulement leur résonnance divine, mais aussi toute leur résonnance humaine.

Les longs psaumes historiques, ou les difficiles psaumes imprécatoires s'éclairent à la lumière

de l'actualité douloureuse que beaucoup connaissent. Nous qui sommes privilégiés de vivre

en paix, et dans le soutien fraternel d'une communauté, pouvons faire monter vers Dieu notre

Père, tous les cris que beaucoup de ses enfants ne savent ni comment ni à qui les adresser. En

nous, se fortifie alors l'espérance plus forte que la nuit et plus forte la mort. (25/11/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, 67-70 De l'humilité écrit le 24 novembre 2016
Verset(s) :

67. Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d'humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte.

68. Grâce à lui, tout ce qu'il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude,

69. non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ et par l'habitude même du bien et pour le plaisir que procurent les vertus.

70. Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint-Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés !

Commentaire :

« Il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait» ... Mot à mot: il parviendra à cet

amour ... ce qui n'est pas sans rappeler le « tu parviendras à ces sommets de doctrine et de

vertus» qui conclue la Règle. Vertu par excellence, l'humilité est un sommet alors même

qu'elle fait expérimenter au moine une forme d'abime à ses propres yeux... Un être là avec le

Christ humilié et défiguré qui introduit dans le mystère de l'amour qui l'anime. Sous la

conduite de l'Esprit Saint, le moine entre dans une capacité à aimer Dieu qui ne vient pas de

lui. Elle vient comme une sorte de recréation alors même qu'il fait l'expérience de n'être rien,

de ne pas exister, voire d'être bafoué comme au 4° ••• La traversée fidèle, patiente et

persévérante de toutes les contrariétés liées à l'obéissance, voire liées à des injustices, cette

traversée vécue avec le Christ et pour lui, transforme le moine malgré lui. Elle opère un

renouvellement de son être entier qui a consenti à se dessaisir de lui-même. Le Christ qui est

passé le premier par cette voie, offre ainsi à ceux qui le suivent, le fruit très savoureux de

l'amour, prémices en ce monde de la victoire de sa résurrection. C'est pour nous une forte

lumière, un fruit bien plus désirable que celui du premier jardin de la genèse. Dans le jardin

d'Eden, Eve a été trompée par le serpent qui l'incita à n'obéir qu'au plaisir sensoriel.

Aujourd'hui l'Esprit Saint reçu à notre baptême nous donne de reconnaitre l'excellence du

fruit de l'humilité. Mais pour le goûter, il ne s'agira pas de prendre ou de ravir, mais de se

laisser prendre, de se laisser conduire intérieurement dans une docilité toujours plus simple et

plus souple. L'Esprit Saint nous donne de retrouver le goût heureux et savoureux de

l' 0béissance ... un goût perdu et même devenu amer par suite de notre péché. « Ce qu'il

observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme

naturellement, par habitude, par amour du Christ ... pour le plaisir que procurent les vertus ».

Oui, l'humilité nous rend à nous-mêmes, à notre vraie humanité. Avec elle, par elle, nous

devenons capable de faire le bien avec « plaisir », « sans frayeur », « comme naturellement ».

En nous, s'ouvrent les vannes de l'amour. Réjouissons-nous d'entendre ces lignes de St

Benoit ce matin. Elles tracent un horizon de vie heureuse au cœur de notre vie cachée et

laborieuse dans l'obéissance, mais porteuse d'une vraie fécondité.(24-11-2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, 61-66 De l'humilité écrit le 23 novembre 2016
Verset(s) :

61. ainsi qu'il est écrit : « Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage. »

62. Le douzième degré d'humilité est que, non content de l'avoir dans son cœur, le moine manifeste sans cesse son humilité jusque dans son corps à ceux qui le voient,

63. autrement dit, qu'à l'œuvre de Dieu, à l'oratoire, au monastère, au jardin, en voyage, aux champs, partout, qu'il soit assis, en marche ou debout, il ait sans cesse la tête inclinée, le regard fixé au sol,

64. et se croyant à tout instant coupable de ses péchés, il croie déjà comparaître au terrible jugement,

65. en se disant sans cesse dans son cœur ce que le publicain de l'Évangile disait, les yeux fixés au sol : « Seigneur, je ne suis pas digne, pécheur que je suis, de lever les yeux vers le ciel. »

66. Et aussi avec le prophète : « Je suis courbé et humilié au dernier point. »

Commentaire :

Le corps parle du cœur... L'attitude du moine, en ce 12°, n'est en rien empreinte et

encore moins feinte. Il est devant les hommes comme il est devant son Dieu en son cœur. Ce

dernier degré est le seul qui fasse mention d'une attitude corporelle, la tête inclinée. Tous les

degrés précédents visaient des dispositions intérieures, ou des attitudes comme rire ou parler,

comme pour mieux nous signifier que là est d'abord le vrai lieu du travail spirituel. En vie

spirituelle, il ne s'agit pas de se composer une attitude de façade, mais de se laisser travailler

au cœur par l'Esprit Saint. L'énumération que Benoit fait des lieux et des activités du

monastère nous renforce dans la conviction que l'humilité n'est pas limitée à l'église, ou bien

à la prière. Elle embrasse au contraire tous les lieux et tous les moments de notre existence :

«Au jardin, en voyage, aux champs, assis, en marche ou debout » ... L'humilité est la vérité

de notre être devant Dieu et devant les autres. Elle a ce bel effet de nous unifier en toute

chose. Il n'y a pas d'un côté le moine pieux et abimé en Dieu à l'heure de la prière, et de

l'autre, le moine qui fait ce qu'il veut et qui pourra envoyer promener des frères importuns.

L'humilité à laquelle nous sommes appelés prend tout l'être, et le transforme à l'image du

Christ notre seul Maitre et Seigneur.

Ici, nous balbutions en entrevoyant une manière d'être à la fois très enviable et loin de

nous, désirable et pourtant bien dépouillante. Comment tendre vers ce sommet qui est

abaissement? Comment garder le désir de devenir un peu plus conforme au Christ? En

consentant à commencer chaque jour.« On disait d'Abba Pambo qu'alors qu'il était mourant,

à l 'heure même de sa mort, il dit aux saints hommes qui se tenaient près de lui: 'Depuis que

je suis venu en ce lieu du désert, et que j y ai construit ma cellule et que j y habite, je ne me

souviens pas d'avoir mangé du pain qui ne soit pas le fruit de mes mains, et je me suis pas

repenti d'une parole que j'ai dite jusqu'à l 'heure présente. Et pourtant, je vais vers Dieu

comme si je n'avais jamais commencé à le servir' » (Pambo 8). « Je vais vers Dieu comme si

je n'avais jamais commencé à le servir ». Pambo ne s'appuie pas sur ses qualités ou ses

réalisations, mais sur sa faiblesse... se considérant comme un débutant qui a tout à apprendre

et tout à recevoir. Aujourd'hui, allons vers Dieu, vers nos frères, comme si nous n'avions pas

commencé à les servir. (23/11/2016)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 07, 59-61 De l'humilité écrit le 22 novembre 2016
Verset(s) :

59. Le dixième degré d'humilité est que l'on ne soit pas facile et prompt à rire, car il est écrit : « Le sot élève la voix pour rire. »

60. Le onzième degré d'humilité est que, quand le moine parle, il le fasse doucement et sans rire, humblement, avec sérieux, en ne tenant que des propos brefs et raisonnables, et qu'il se garde de tout éclat de voix,

61. ainsi qu'il est écrit : « Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage. »

Commentaire :

« Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage ... » C'est à la sagesse que St

Benoît ambitionne de conduire ses moines qui gravissent les degrés de l'échelle de

l'humilité ... Mais, non pas tant la sagesse des idées, que la sagesse de vie qui unifie tout l'être.

Benoît craint que le moine « trop facile et prompt à rire », toujours en quête de raconter une

bonne blague ne soit qu'un homme qui reste extérieur à lui-même, un homme de surface. La

vie en Christ que nous embrassons dans la profession monastique ne peut pas être une vie de

surface. Elle nous engage à descendre en nous-même pour nous tenir toujours plus uni au

Christ. .. En lui, nous sommes appelés à mourir à notre vieil homme pour renaître à sa vie en

toutes nos fibres humaines ... Quand nous restons à la surface de nous-même, quand nous

nous distrayons pour oublier, c'est toute la part profonde de notre cœur qui est en

souffrance Nous nous amusons en surface, mais le cœur profond est en dés errance, comme

abandonné Le chemin de l'humilité veut nous permettre de rejoindre notre être profond,

celui qui ne triche pas et qu'a le désir immense d'exister en vérité ... d'aimer en vérité sans

fard ... et de toutes ses forces. Ici plus besoin de d'éclats de voix pour exister, mais une

certaine gravité dans les propos raisonnables, car tout nous ancre dans notre réalité la plus

naturelle.

Notre vie quotidienne nous offre bons nombres de temps et d'occasions pour

expérimenter ce travail de rentrée en soi-même pour nous tenir en présence du Christ sous son

regard. Les moments avant les offices sont certainement des temps privilégiés. Je note que

bon nombre de frères font l'effort pour être plus à l'heure à l'office ... pour arriver avant et

peu à peu se recueillir en Dieu. De même quand nous sortons de l'office, le temps de

circulation dans le cloitre jusqu'à la salle des coules, peut nous aider à rester en nous-mêmes

sans nous disperser. Mettons à profit ces circulations autour de l'office, mais aussi dans la

maison pour nous recueillir, nous rassembler en nous-mêmes. En allant à l'office, laissons les

soucis, et marchons vers Celui qui nous attend. Quand nous sortons de l'église, laissons

résonner une parole entendue ou un mot. .. Demeurons à l'écoute du Christ, sans nous laisser

trop vite happer par les soucis et les activités. La paix de notre cœur sous le regard du Christ

est comme une nappe phréatique dans laquelle nous savons toujours pouvoir puiser. (22/11/2016)

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 07, 56-58 De l'humilité écrit le 12 novembre 2016
Verset(s) :

56. Le neuvième degré d'humilité est que le moine interdise à sa langue de parler et que, gardant le silence, il attende pour parler qu'on l'ait interrogé.

57. En effet, l'Écriture indique qu'« en parlant beaucoup, on n'évite pas le péché »,

58. et que « l'homme bavard ne marche pas droit sur la terre ».

Commentaire :

St Benoit redoute le bavardage, que nous nous laissions entrainer par

notre besoin de parler. Il constate que, souvent, cela aboutit à dire du

mal de l'autre. Ce 9ème degré consiste à prendre conscience que cette

pente existe en chacun de nous. Et reconnaitre que cela peut avoir de

graves conséquences, pour celui qui est critiqué, pour la communauté,

pour nous-mêmes.

Nous avons à devenir des hommes qui écoutent. Avoir un avis et des

idées sur tout n'est plus notre objectif. Nous voulons être à l'écoute de

ce que Dieu nous dit. Dieu nous parle, au plus intime de nous-même,

par son Esprit. Il nous parle par sa Parole, méditée, entendue à l'office.

Il nous parle par les événements, et aussi par les personnes

rencontrées.

Il ne s'agit pas de devenir passif. Bien au contraire, il s'agit de devenir

véritablement un homme d'action. Mais à la manière de Dieu. Cette

manière d'agir n'a rien à voir avec les projets et les réussites humaines,

celles-ci consistent à faire des plans, les mettre à exécution à la force

du poignet, en écrasant tous les obstacles. Ici, il s'agit d'entrer dans le

grand œuvre de Dieu. Non pas faire son petit travail à soi. Ni faire de la

résistance passive, ce qui revient au même. Mais entrer dans ce travail

de l'Esprit, qui renouvelle le monde.

Cela nous demande de nous laisser transformer intérieurement, pour

apprendre à voir, à écouter ce formidable travail de l'Esprit Saint, en

nous et autour de nous.

A ce degré de l'humilité, le silence n'est plus seulement une absence de

parole. Il devient une présence attentive et bienveillante. Il ne s'agit pas

d'indifférence, de distance, de refus ou de négation de l'autre. Il s'agit

d'un accueil paisible, attentif. Le murmure, ce discours intérieur négatif,

ne vient plus nous boucher l'horizon et envahir le terrain. L'homme

silencieux un homme d'écoute, il est présent, disponible. (12/11/16)