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1. C'est avec toute sa sollicitude que l'abbé prendra soin des frères délinquants, car « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »
2. Aussi doit-il user de tous les moyens comme un médecin sagace ;: envoyer des senpectas , c'est-à-dire des frères anciens et sagaces,
3. qui comme en secret consoleront le frère hésitant et le porteront à satisfaire humblement, et le « consoleront pour qu'il ne sombre pas dans une tristesse excessive »,
4. mais comme dit encore l'Apôtre : « Que la charité s'intensifie à son égard », et que tous prient pour lui.
Je reprends la RB, là où nous l'avions laissée avant que je ne commente les Ps, comme
chemin pascal.
Comment se situer face aux frères excommuniés? St Benoit réquisitionne pour ainsi
dire toute la communauté : des anciens envoyés comme sempects, et finalement tous par la
prière. Il laisse une consigne qui peut résumer les propositions concrètes qu'il fait: « Que la
charité s'intensifie à son égard» citant St Paul (2 Co 2, 8). Cette citation me fait penser à une
autre de St Paul qui convient bien en ce temps pascal: « Là où le péché s'est multiplié, la
grâce a surabondé» (Rm 5, 20). Oui, lorsque St Benoit nous invite à intensifier la charité visà-
vis d'un frère excommunié et qui peine à revenir en communion, il nous entraine à être à la
suite du Christ des instruments de sa grâce surabondante. Ce que le Christ a fait à notre égard,
il veut nous associer dans son oeuvre de grâce qui continue. Il nous a aimés totalement
gratuitement par pure grâce. Nous devons aimer nous aussi gratuitement, surtout ceux qui
apparemment n'acceptent pas ces signes de communion à leur égard.
Qu'exige de notre part cette attitude de charité inconditionnelle? Elle demande que
nous abandonnions tous les ressentiments ou toutes les « bonnes» raisons qui se présentent à
notre esprit pour nous empêcher d'aimer ces frères en peine. Toutes les pensées du type: « et
puis de toute façon, avec tout ce qu'il m 'afait» ou bien « et puis il est comme ça, il ne
changera pas» ou encore « et si j'essaie de faire un signe ou de dire une parole, il n y fait
pas attention »... Entrer dans cette charité qui s'intensifie, nous demande de laisser nos peurs
d'être mal reçus ou d'être blessés. C'est vers le Christ qu'il nous faut regarder pour lui
demander la force d'aimer comme lui. Sans faire beaucoup de bruits, ni beaucoup d'effets,
nous nous associons à l' oeuvre du Christ venu chercher les pécheurs et venu sauver ce qui est
perdu. Aujourd'hui tel frère, demain tel autre, et un jour ou l'autre chacun de nous. En faisant
de nous des auxiliaires de sa charité qui sauve, le Christ continue aussi son oeuvre pour nous,
en nous tirant de nos égoïsmes repliés sur leurs conforts. Nous pouvons faire nôtre cette prière
que l'on a dans 1'hymne des vigiles du samedi: « Force mes pas à l'aventure pour que lefeu
de ton bonheur à d'autres prenne ...et par ton nom dans mon regard, fais-toi connaitre » - (25 avril 2017)
1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.
2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.
3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.
4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.
« Edifier les auditeurs ... » Par trois fois dans la RB, revient cette expression. Deux fois
concernent le lecteur et sa manière de lire au repas (38,12) ainsi qu'à l'office (47, 3), mais aussi
le chantre à l'office. Une autre fois concerne le contenu de la lecture faite avant les complies
qui évitera les livres comme l'Heptateuque ou les Rois (42, 3). Une autre fois, mention est faite
de la lecture de la bible pour édifier les hôtes qui arrivent (53, 9) ... Edifier les auditeurs ...
L'insistance de Benoit est réelle. Celui qui lit et ce qui est lu est au service de l'édification de
chacun et de tous. Si ce n'est pas le cas, il vaut mieux s'abstenir. Nous mesurons le poids de
cette recommandation lorsque qu'un hôte par exemple va lire à toute vitesse ou de manière
inaudible, ou bien quand il commence à lire alors qu'on vient juste de s'asseoir et que des
bruissements sont encore perceptibles ... Nous manquons alors une partie de la lecture ou bien
nous perdons des mots mal articulés. La lecture passe alors comme l'eau sur les plumes d'un
canard.
Bien entendre les lectures à l'office d'abord, et au réfectoire n'est pas superflue. Nos
frères malentendants en savent le prix plus que tous. A l'office, il s'agit rien de moins que de
la Parole de Dieu qui nous est offerte comme une nourriture. De même qu'on n'aime pas voir
arriver sur nos tables, un plat mal présenté ou dont ne sait trop ce qu'il contient, de même on
supporte mal durant la liturgie une lecture peu audible ou difficilement compréhensible, parce
que mal articulée. Plus que d'esthétique ou de raffinement, il s'agit de quelque chose de vital.
Que la compréhension d'une lecture soit difficile, et on ôte à Dieu la possibilité de nous
toucher le cœur. Lire posément, c'est permettre à la Parole de descendre tranquillement,
profondément en nous. La Parole nous nourrit jour après jour, elle nous stimule. Elle nous
appelle. Plus profondément, nous touchons là au mystère de la sacramentalité de la Parole, qui
nous donne d'être en présence du Christ lorsque nous écoutons la parole proclamée. Le pape
Benoit XVI affirmait dans Verbum Domini 56 : « Le Christ, réellement présent dans les
espèces du pain et du vin, est présent analogiquement dans la Parole proclamée dans la
liturgie ». Le lecteur devient un instrument au service de la rencontre avec le Christ de chacun
en communauté.
19.03.2019
1. Si un frère se permet, sans permission de l'abbé, d'entrer en rapport avec un frère excommunié de n'importe quelle façon, ou de lui parler ou de lui faire parvenir un message,
2. il subira une peine d'excommunication similaire.
Face au péché des autres, plusieurs attitudes sont possibles. Etre indifférent,
comme pour mes propres infidélités. Ou même avoir une secrète connivence.
Ou bien au contraire, je juge, je condamne, au nom de principes pas toujours
chrétiens.
La seule attitude chrétienne, c'est à la fois la conscience aigüe de la gravité du
péché. D'où nait le désir de réparer, de le porter avec le Christ qu'il atteint
directement. Et en même temps un amour humble et sincère pour le pécheur.
Car j'ai autant besoin que lui de la miséricorde du Seigneur. S'il n'y a pas
d'abord le sens du péché, la connivence avec le pécheur est sujette à illusion.
St Benoit nous met en garde contre ces mouvements d'un cœur, bon
assurément, mais mû davantage par sa sensibilité que par un amour vrai. Il
n'est pas facile d'admettre la justesse de certaines rigueurs, de sanctions, ou
de souffrances. Qu'elles viennent directement de Dieu, ou qu'elles soient
infligées par une autorité. Il faut beaucoup d'humilité. Et une charité qui
désire le vrai bien de mon frère, son salut, et la gloire de Dieu.
Il est donc important d'aider d'abord mon frère à reconnaitre son mal. Et pour
cela en avoir conscience moi-même: avoir le sens du péché. Comprendre que
tout péché nous coupe de Dieu et de la communauté. Le péché est
contagieux. St Benoit veut nous mettre en garde. Nous sommes tous un peu
doubles, au fond de notre cœur. Un peu complices du mal. Aidons-nous les
uns les autres. Respectons le mystère de Dieu en chacun de nos frères.
Sachons que pour chacun existent des moments plus difficiles. Des passes
décisives. Ne les escamotons pas. Aidons-nous à être fidèles à la Grâce que
Dieu nous propose.
Si nous essayons de vivre avec ce tact spirituel, la communauté se construira
dans la paix. Non pas la paix, telle que le monde la donne, fondée sur une
compromis, aboutissant à une coexistence tout extérieure. Mais la paix qui
vient du Christ, que nous ne pouvons nous approprier, mais qui nous prend en
elle et nous réunit dans l'Esprit Saint.
Je vais rappeler deux points de notre observance, qui peuvent nous aider à
vivre notre recherche de Dieu. D'abord le respect du silence, en salle des
coules, dans le cloître. C'est une des chances de notre monastère d'avoir
gardé ce climat de silence. Une maison de prière. Quand on parle partout,
c'est notre relation à Dieu qui est atteinte. Je rappelle aussi que, lorsque nous
arrivons à l'office alors que la cloche a commencé à tinter, nous restons près
de la porte, jusqu'à la fin du verset d'introduction. - 11 mars 2017
1. Quant au frère qui est coupable de faute grave, il sera exclu à la fois de la table et de l'oratoire.
2. Aucun frère n'entrera aucunement en rapport avec lui sous forme de compagnie ou d'entretien.
3. Qu'il soit seul au travail qu'on lui aura enjoint, persistant dans le deuil de la pénitence, sachant cette terrible sentence de l'Apôtre :
4. « Cet homme-là a été livré à la mort de la chair, pour que son esprit soit sauf au jour du Seigneur. »
5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul, dans la mesure et à l'heure que l'abbé aura jugées convenables pour lui.
6. Personne ne le bénira en passant, pas plus que la nourriture qu'on lui donne.
La vie monastique est un long processus d'intégration. Dans ce corps
qu'est la communauté monastique. L'opposé de l'entrée dans ce corps
mystique, c'est l'excommunication. Ici, St Benoit cite un texte de St Paul
aux Corinthiens, qui envisage d'excommunier un chrétien fautif.
Cette excommunication touche deux lieux importants de la vie de la
communauté, deux endroits où est vécue l'intégration à la vie de la
communauté: l'oratoire, et la table. Deux lieux qui expriment cette
vocation à la communion, qui est celle de tout baptisé.
Cette insistance de St Benoit éclaire la vision théologique qui sous-tend
les observances monastiques. Le cœur de notre vocation de moine,
c'est la fidélité à la fraction du pain, à la prière, au repas partagé. Nous
retrouvons là ce qui est dit de la première communauté de Jérusalem,
telle qu'elle est décrite dans le livre des Actes. L'excommunication, c'est
le refus d'entrer dans le mystère du Ressuscité, qui est au milieu des
siens quand ils sont rassemblés. C'est cette expérience fondatrice qui
est la source de l'Eglise, et qui enrichit les différences et les diversités
qu'on retrouve dans toute communauté.
Nous pensons parfois que la miséricorde consiste à se voiler la face. A
faire comme si nous n'avions pas vu. Supporter avec patience. En
faisant ainsi, nous laissons le frère s'enfoncer dans son problème. Mais
nous le savons aussi, une saine réaction des autres peut nous aider à
prendre conscience de ce que nous faisons. A nous réveiller. Même si
cela peut être pénible sur le coup!
« Suis-je le gardien de mon frère? » C'est la réponse de Caïn au
Seigneur, quand il veut cacher son crime. La meilleure manière de tuer
son frère, c'est parfois de le laisser mourir. Par paresse. Par
indifférence. Ou par lâcheté. Tendre une perche de salut, c'est un
service que nous sommes en droit d'attendre de notre frère, quand
nous nous égarons. - 10 mars 2017
1. C'est à la gravité de la faute que doit se mesurer la portée de l'excommunication ou du châtiment.
2. Cette gravité des fautes est remise au jugement de l'abbé.
3. Si toutefois un frère se trouve coupable de fautes légères, on le privera de la participation à la table.
4. Celui qu'on aura privé de la table commune sera au régime suivant ;: à l'oratoire, il n'imposera pas de psaume ou d'antienne ni ne récitera de leçon jusqu'à satisfaction.
5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul après le repas des frères :
6. si par exemple les frères ont leur repas à la sixième heure, ce frère aura le sien à none ; si les frères l'ont à none, il l'aura à vêpres,
7. jusqu'à ce que, par une satisfaction convenable, il obtienne son pardon.
St Benoit estime que la faute mérite une réparation. Et cela est vrai
dans tous les domaines: au travail, quand on brise quelque chose, dans
la liturgie, quand on se trompe, dans les exercices communautaires,
quand on arrive en retard. Dans ce chapitre, Benoit va plus soin, il
proportionne la réparation, à la gravité de la faute.
Aujourd'hui, cette idée de sanction, de réparation, n'est pas facile à
accepter. Surtout dans le domaine spirituel. Pourtant toute la Bible,
aussi bien l'A.T. que le N.T., est pleine de références à cette réalité.
Pensons aux paraboles du Royaume: Jésus affirme avec force que le
Royaume commence ici et maintenant. Notre avenir s'écrit déjà dans le
présent.
Aujourd'hui, nous parlons plutôt d'exclusion que d'excommunication.
Cette exclusion est souvent liée à la difficulté de s'intégrer dans un
groupe. L'exclu, c'est celui qui ne peut plus suivre, qui ne correspond
pas aux normes de sélection du groupe. Le mécanisme de l'exclusion
est pervers, parce que personne n'en est vraiment responsable. C'est le
système qui exclue. Mais ces mécanismes d'exclusion existent dans tout
groupe humain. Donc aussi dans le monastère. Nous devons craindre
ces mécanismes que laissent beaucoup de place à l'inconscient et à la
manipulation. C'est pourquoi Benoit établit deux règles pour réguler
l'excommunication. La première est donc que l'excommunication est
proportionnée à la gravité de la faute. On n'exclue pas quelqu'un parce
qu'il ne partage pas notre manière de penser! La seconde règle, c'est
que n'importe qui n'a pas le droit d'excommunier. C'est réservé à
l'Abbé. A lui seul. Une personne doit assumer cette responsabilité. Le
monastère est fondé sur la rencontre de visages, pas sur des rumeurs,
ni sur des bruits de couloir.
Au moyen de cette pédagogie de l'excommunication, St Benoit essaie
peu à peu de nous faire prendre conscience de l'importance du
moment présent. Ce que nous vivons aujourd'hui, ici, maintenant, est
déjà porteur d'une valeur infinie. Le plus petit geste d'amour est lourd
de son poids d'éternité. Tout refus nous éloigne de Celui que nous
désirons trouver. - 9 mars 2017
1. Si un frère se montre récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux ou murmurateur et contrevenant sur quelque point de la sainte règle et aux commandements de ses anciens, avec des manifestations de mépris,
2. ses anciens l'avertiront, selon le commandement de Notre Seigneur, une première et une seconde fois en privé.
3. S'il ne s'amende pas, on le réprimandera publiquement devant tout le monde.
4. Si même alors il ne se corrige pas, s'il comprend ce qu'est cette peine, il subira l'excommunication.
5. Mais si c'est une mauvaise tête, il recevra un châtiment corporel.
Le Christ a appelé chacun de nous à le suivre, sur ce chemin de la vie
monastique. Concrètement, cela signifie vivre sous une Règle, un Abbé,
dans une communauté. Notre vie de moine comporte ces trois aspects
fondamentaux. Et i Is seront, un jour ou l'autre, pour chacun d'entre
nous, une pierre d'achoppement. Un lieu de vérification de notre
réponse à Dieu. Un jour ou l'autre nous nous heurterons aux
prescriptions de la Règle. Elle nous demandera plus que nous n'aurions
voulu donner. Ou bien les décisions du Père Abbé iront à l'encontre de
notre désir, de notre volonté. Ou encore nous nous sentirons exclus de
la communauté, étrangers.
Le processus d'excommunication, que prévoit ce chapitre, n'est que la
mise en forme de cette expérience. Aucun de nous n'est à l'abri de
cette épreuve. Mais le plus grand danger qui guette le moine, c'est la
marginalisation silencieuse. La désobéissance qui devient une habitude.
Le refus conscient de vivre notre vocation de moine.
C'est la raison pour laquelle St Benoit insiste tant sur ce processus qui
fait paraitre au jour la faute. Par l'excommunication explicite. Car le
pire n'est pas de tomber, c'est de faire semblant de ne rien voir. De
justifier ce que l'on fait. Le pire, c'est de laisser un frère s'enfoncer dans
son erreur, dans sa faute, sans lui tendre la main. Mais pour éviter ce
naufrage, le frère a besoin qu'on lui dise la vérité. En avons-nous le
courage? C'est plus facile de faire semblant de ne rien voir, pour
ménager notre tranquillité. Mettre le doigt sur le point sensible
demande toujours beaucoup de charité.
Ce sentiment de responsabilité, de coresponsabilité, est au cœur de la
conception de la communauté, de la communion fraternelle, selon St
Benoit. Il ne suffit pas de suivre notre petit chemin personnel, en
ignorant ceux qui nous entourent. Nous devons veiller sur nos frères. Ce
qui n'est pas les surveiller. Mais cultiver cette qualité d'attention,
d'écoute, qui exprime un amour humble et discret, et qui tisse les liens
fraternels de la communauté. Seul celui qui a su partager le meilleur,
peut aussi intervenir, quand cela va moins bien. - 8 mars 2017
1. Ils auront chacun un lit pour dormir.
2. Ils recevront, par les soins de leur abbé, une literie adaptée à leur ascèse personnelle.
3. Si faire se peut, tous dormiront dans un même local. Si leur grand nombre ne le permet pas, ils reposeront par dix ou par vingt avec leurs anciens, qui veilleront sur eux.
4. Une lampe brûlera continuellement dans cette pièce jusqu'au matin.
5. Ils dormiront vêtus et ceints de ceintures ou de cordes, pour ne pas avoir de couteaux à leur côté pendant qu'ils dorment, de peur qu’ils ne blessent le dormeur pendant son sommeil,
6. et pour que les moines soient toujours prêts et que, quand on donne le signal, ils se lèvent sans attendre et se hâtent de se devancer à l'œuvre de Dieu, mais en toute gravité et retenue.
7. Les frères encore adolescents n'auront pas leurs lits les uns près des autres, mais mêlés aux anciens.
8. En se levant pour l'œuvre de Dieu, ils s'exhorteront mutuellement avec retenue, à cause des excuses des somnolents.
Il ne faut pas s'étonner de trouver dans la Règle un chapitre sur le
sommeil des moines. Pour St Benoit, il n'y a pas d'un côté la vie, et de
l'autre la spiritualité. Ces deux dimensions de l'être humain sont liées. Il
ne peut parler de la vie intérieure qu'à travers le quotidien. C'est dans
notre vie d'aujourd'hui que commence l'aventure, notre rencontre avec
Dieu.
Ce chapitre nous remet devant l'intuition fondamentale de St Benoit:
Pour lui, Dieu a créé l'homme comme un être unifié. Le péché a détruit
l'unité de l'homme. Il a fait de nous des êtres divisés. Le chemin de la
vie monastique est un chemin de retour à cette unité. En s'incarnant,
Christ a fait de notre chair le chemin du retour à Dieu. Il a fait de notre
existence humaine, avec toutes ses activités, le chemin spirituel. Tout,
dans notre vie, peut devenir le lieu de la rencontre avec Dieu. Tout est
devenu le lieu où Dieu peut venir à notre rencontre, si nous sommes
présents à ce que nous faisons. Même les choses les plus humbles et les
plus communes.
A propos du sommeil, St Benoit souligne deux points qui se retrouvent
tout au long de la Règle: Le moine veut être toujours prêt. Il veut se
hâter pour le service de Dieu. Nous retrouvons ces deux traits dans
beaucoup de passages de la Règle. Par exemple à propos de
l'obéissance, qui doit être sans délai, ou lorsque la cloche sonne pour
l'Office, alors que le frère est occupé.
Etre prêt, et être empressé: c'est l'attitude intérieure que nous devons
cultiver. Ce n'est pas du tout être tendu, stressé: cela tournerait vite
mal! Mais tout au long de nos journées, il s'agit de choisir Dieu. A
travers les mille et un petits choix qu'il nous est donné de faire. Choisir
Dieu, cela ne se fait pas une fois pour toutes. Cela se fait à chaque
instant. Et ce n'est pas forcément choisir ce qui est le plus difficile, le
plus désagréable. Non, au contraire, choisir Dieu, c'est choisir d'aimer.
Parce que Lui nous aime en premier. C'est saisir son regard, sa main
tendue, son invitation secrète, dans les choses simples de la journée.
C'est se tenir prêt à dire oui, maintenant. C'est guetter le souffle léger
de l'Esprit Saint. Choisir Dieu, c'est oser se demander pourquoi nous
sommes venus ici ! - 7 mars 2017
1. Si la communauté est nombreuse, on choisira parmi eux des frères de bonne réputation et de sainte vie, et on les nommera doyens,
2. pour qu'ils veillent sur leurs décanies en tout selon les commandements de Dieu et les ordres de leur abbé.
3. Ces doyens seront choisis de telle manière que l'abbé puisse, en sécurité, partager avec eux son fardeau.
4. Et on ne les choisira pas en suivant l'ordre d'ancienneté, mais d'après le mérite de leur vie et la sagesse de leurs enseignements.
5. Ces doyens, si l'un d'eux, venant à s'enfler de quelque orgueil, se montre répréhensible, et si après avoir été repris une, deux, trois fois, il refuse de se corriger, on le destituera
6. et on mettra à sa place quelqu'un qui en soit digne.
7. Pour le prévôt aussi, nous prescrivons de faire de même.
Ce chapitre tombe à propos. En effet, nous arrivons au terme des trois ans de mandat
de l'actuel conseil, qui coïncide avec le départ du f. Guillaume pour Chauveroche. Il nous
faudra donc procéder au renouvellement du conseil, dans le courant mars. Si le conseil actuel
ne recouvre pas exactement la réalité de ce que présente St Benoit, il reste ce lieu où « l'Abbé
peut en sécurité, partager avec les doyens sonfardeau ». St Benoit assignait aux doyens une
tâche qui s'apparente en partie à celle de nos responsables de groupe, la décanie ...
Aujourd'hui, plusieurs responsables de groupe sont doyens, mais les fonctions sont
distinguées. Le conseil des doyens est un lieu d'écoute de la vie de la communauté à travers
le regard et le ressenti partagés par chacun des doyens. En quelque sorte, il est une caisse de
résonnance. Il est aussi un espace de discernement pour les petites comme pour les grandes
décisions. Certaines décisions seront prises en conseil (comme l'admission d'un postulant au
noviciat, ou comme une longue absence qui ne dépasse pas un an), d'autres prépareront les
décisions gui reviennent aux chapitres conventuels (comme l'admission d'un frère à la
profession temporaire et solennelle), et enfin un certain nombre de décisions sont mûries
ensemble avant d'être laissées au discernement de l'abbé. Le compte rendu que je fais
maintenant après chaque conseil se fait l'écho de ces différents types de décisions déjà prises
ou encore à mûrir. Je mesure combien cette réflexion commune est porteuse de lumière en
vue d'une meilleure intelligence des questions. Nous sommes toujours plus intelligents à
plusieurs. Al' écoute du vécu communautaire ainsi que des appels quotidiens, nous cherchons
ensemble à demeurer fidèles à ce que le Seigneur désire pour nous au sein de l'Eglise et du
monde. Quand ce discernement se vit sans crispation, quand chacun essaie de dire son point
de vue sans chercher à l'imposer, l'expérience montre que nous arrivons toujours à faire une
avancée, même sur des questions complexes. Le conseil n'a pas pour but de tout résoudre,
mais d'ouvrir des chemins sur lesquels la communauté pourra prendre sa part en fidélité à sa
vocation monastique.
La question s'est posée: faut-il avoir moins de conseillers puisque nous sommes
moins nombreux? J'ai plutôt entendu la réponse négative, avec cet argument que le conseil,
et donc l'abbé, bénéficie certainement d'avoir un bon nombre de conseillers qui
représenteront mieux les diverses sensibilités. Cela peut permettre aussi à plus de frères de
faire, de plus près, l'expérience du gouvernement de la communauté. Je propose donc que 3
frères soient élus et 2 nommés, en plus du Prieur et du Cellérier commis d'office. - 25 février 2017
1. Si, lorsque nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et révérence,
2. combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et très pure dévotion !
3. Et ce n'est pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien.
4. Aussi l'oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu'elle ne vienne à se prolonger sous l'effet d'un sentiment inspiré par la grâce divine.
5. En communauté, cependant, le temps de l'oraison sera tout à fait bref, et dès que le supérieur aura donné le signal, on se lèvera tous ensemble.
Comment parler à Dieu avec justesse et vérité? Comment le toucher dans nos
prières? Telles pourraient être les questions sous-jacentes à ce petit chapitre ... Benoit nous
laisse des mots importants, chargés de l'expérience héritée, à travers Cassien, des moines
d'Egypte. Les mots « humilité, pureté du cœur, larmes de componction» veulent nous aider à
trouver l'attitude juste vis-à-vis de nous-mêmes, quant à « révérence », ce mot peut nous
introduire pour nous tenir en présence de Dieu, en toute adoration ...
Je les reprends. Pour parler à Dieu avec justesse et vérité, il nous faut apprendre à être
vis-à-vis de nous-mêmes dans une juste attitude. Acceptons de reconnaitre que c'est un labeur
et un chantier toujours à reprendre. Prier en vérité est inséparable d'une juste attention à soi-
même. Si je suis hors de moi-même et si je me fuis face aux difficultés ou aux obstacles, si je
laisse dans l'ombre une partie de moi-même, je risque de passer à côté de la vraie prière ... Ici
le mot humilitéindique le chemin à creuser: humilité comme reconnaissance de notre être
profond. En mots modernes, on pourrait traduire: « si je me la joue devant Dieu, je ne la fais
pas! ». Quand St Benoit parle des larmes de la componction,il vise une attitude autant
cherchée que reçue gratuitement comme une grâce. Cette grâce mouille les yeux et attendrit le
cœur qui se tient plus simplement devant Dieu, sans masque ni faux-semblants. Entre les
mains du potier, il peut reconnaitre sa misère et son péché, avec la confiance d'être toujours
relevé. Devant notre Père des Cieux qui nous a créés et qui nous aime tel que nous sommes,
nous n'avons pas àjouer de personnage. Avec la pureté du cœur, dans la ligne de Cassien,
Benoit nous engage à nous tenir en présence de Dieu, comme en présence de nos frères, avec
amour. Cet amour, cette charité illumine toujours plus nos sentiments, nos choix et nos
réactions. Elle libère notre cœur de ses entraves, pour aimer davantage Dieu et les frères, à
l'heure de la prière.
Le mot « révérence»nous fait introduit dans cette attitude, entrevue hier à propos de
la crainte. Devant Dieu, Moïse ôtait ses sandales. Devant Dieu, nous apprenons à nous tourner
avec révérence et respect afin d'honorer le Seigneur, Dieu de l'univers, Dieu de toute création
comme disait St Polycarpe. Infime élément de cette création, nous balbutions devant notre
Père de qui nous tenons le souffle. Avec respect et amour, nous nous tournons vers Lui dans
cette confiance filiale que nous a apprise Jésus, son Fils, notre Dieu et notre frère. Dans
l'humilité et la pureté du cœur, notre révérence trouve peu à peu les chemins de la justesse. - 24 février 2017
1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »
2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.
3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;
4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;
5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »
6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,
Ce petit chapitre de Benoit regarde en face une difficulté que nous rencontrons tous: il
n'est pas aisé de psalmodier et de rester présent à ce qu'on chante. Combien de fois, nous
surprenons-nous à dire les mots du psaume alors que notre esprit vagabonde ailleurs. La
difficulté est peut-être même supérieure à ce qui se passe durant l'oraison. Cette dernière est
un exercice où nous pouvons centrer l'objet de notre attention: sur un mot ou un verset
d'Ecriture répété, sur une image ou une scène d'évangile contemplée, sur la personne du
Christ cherché et aimé ... Au contraire, la psalmodie nous entraine à chanter successivement
des mots appartenant à des registres très divers: la louange, la supplication, ou l'imprécation
contre un ennemi. Ces mots sont parfois chargés d'émotions qui peuvent susciter des
imaginations, voire des répulsions, ou de l'ennui: on ne se sent pas concerné ... Quels
conseils,Benoit, nous laisse-t-il ? Il nous invite à prendre de la hauteur: à revenir à Dieu, ne
nous regarder nous, mais le regarder Lui auquel s'adresse notre prière. Pour cela, je retiens 4
mots de ce chapitre qui peuvent nous servir de guide: croire, crainte, sagement, anges.
Croire:notre prière est toujours un acte de foi. En venant à la prière, nous disons à Dieu, pas
seulement avec des mots, mais avec tout notre être qui est là, je crois en toi qui est présent, je
viens pour chanter ta gloire car tu es mon Dieu. Le mot « crainte» : en venant à l'office,
cultivons la crainte de Dieu, c'est-à-dire le désir de ne pas manquer Dieu, comme disait Sr
Anne, le désir de ne pas être en deçà de la grâce qu'il me fait de pouvoir me tenir en sa
présence. Aussi pouvons-nous demander plus en vérité: « viens à mon aide afin que durant ce
temps de prière je ne passe pas à côté de ton amour ». Le mot « sagement»nous invite à
exercer notre intelligence lorsque nous prions. C'est ainsi que nous pouvons nous aider de
petits repères pour fixer notre attention durant la psalmodie : s'émerveiller du fait de pouvoir
s'adresser à Dieu, de lui dire « tu », ou bien laisser un mot, une phrase être éclairée par la vie
du Christ, ou bien avec une parole d'imprécation s'unir à telle situation vécue aujourd'hui par
des chrétiens persécutés etc ... Le mot « anges»nous invite à prendre plus de hauteur encore,
en considérant que notre prière s'associe à toutes les voix célestes qui chantent la gloire de
Dieu. Notre prière unie à celle de l'Eglise terrestre, au nom de toute l'humanité qui cherche,
est assurée du soutien de la compagnie des anges et des saints qui voient la face de Dieu ...
Foi en la présence de Dieu et en la présence angélique, crainte de manquer Dieu, sagesse pour
demeurer attentif ... voilà quelques repères qui peuvent nous aider à «faire en sorte que notre
esprit concorde avec notre voix... » - 23 février 2017