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1. Les frères se serviront mutuellement et personne ne sera dispensé du service de la cuisine, sauf maladie ou si l'on est occupé à une chose d'intérêt majeur,
2. parce que cela procure une plus grande récompense et charité.
3. Aux faibles, on accordera des aides, pour qu'ils ne le fassent pas avec tristesse,
4. mais ils auront tous des aides suivant l'importance de la communauté et l'état des lieux.
5. Si la communauté est nombreuse, le cellérier sera dispensé de la cuisine, ainsi que ceux qui, comme nous l'avons dit, sont occupés à des tâches d'intérêt supérieur.
6. Les autres se serviront mutuellement dans la charité.
7. Celui qui va sortir de semaine fera les nettoyages le samedi.
8. Ils laveront les linges avec lesquels les frères s'essuient les mains et les pieds.
9. Ils laveront aussi les pieds de tous, non seulement celui qui sort, mais aussi celui qui va entrer.
10. Il rendra au cellérier, propres et en bon état, les ustensiles de son service.
11. Le cellérier, à son tour, les remettra à celui qui entre, de façon à savoir ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.
« Les frères se serviront mutuellement ». C'est ce que Jésus nous a dit,
lui, notre Seigneur et notre Dieu: « Je suis venu, non pour être servi,
mais pour servir ». Servir: nous devons nous le redire chaque jour:
nous ne vivons que pour servir. Servir Dieu, et servir nos frères. Servir
Dieu dans nos frères. Servir nos frères comme Dieu lui-même. Parce
qu'ils sont aimés par Dieu. Servir nos frères, comme Dieu lui-même les
sert en la personne de son Fils, le Serviteur. L'honneur et la joie d'être
serviteur, d'être pour les autres ce que Jésus a voulu être. Nous n'avons
pas de meilleur moyen d'imiter le Christ et de nous unir à lui. Pour
révéler au monde l'humilité et la charité de Dieu. Nous mettre aux
pieds de chacun. Il yale service de la cuisine, du réfectoire. Mais aussi
toutes les autres activités du monastère. Faisons passer notre amour
pour Dieu dans tous nos travaux, même dans les plus petits. Le sérieux
dans notre travail, l'ordre, la propreté de notre emploi. Tout cela par
respect pour Dieu et pour nos frères.
Ce service de la table, essayons .de l'accomplir en esprit de Foi. Si nous
servons, c'est au Non du Seigneur que nous le faisons. Ceux que nous
servons, c'est le Seigneur lui-même. Esprit de Foi, esprit de silence,
esprit de discrétion. Silence du cœur, qui commence par le silence de
nos actions.
Nous essayons d'être serviteurs, comme le Christ. Mais, pratiquement,
est-ce que nous nous considérons comme les serviteurs de tous nos
frères? De tous les hommes? Même si nous ne méprisons personne, il
nous semble normal de faire parfois des distinctions, de faire moins de
cas de tel ou tel. Il y a les gens intéressants, et ceux qui le sont moins,
ou même pas du tout! Ceux que nous regardons avec une supériorité
plus ou moins consciente: nous nous sentons d'un autre bord! Il Y a
dans notre manière de considérer les autres encore trop d'esprit païen!
Ces distinctions ne sont pas selon le cœur de Dieu. Si notre charité veut
être vraie, elle doit être sans limites. Elle doit nous porter vers les plus
déshérités, vers les plus pauvres, vers ceux que l'on dit parfois « moins
intéressants ». -16 mai 2017
1. Comme il est écrit : « On distribuait à chacun selon ses besoins. ;»
2. Ici nous ne disons pas que l'on fasse acception des personnes, – ;à Dieu ne plaise ! – mais que l'on ait égard aux infirmités.
3. Ici, que celui qui a moins de besoins, rende grâce à Dieu et ne s'attriste pas ;
4. quant à celui qui a plus de besoins, qu'il s'humilie de son infirmité et ne s'enorgueillisse pas de la miséricorde qu'on a pour lui,
5. et ainsi tous les membres seront en paix.
6. Avant tout, que le fléau du murmure ne se manifeste sous aucun prétexte par aucune parole ou signe quelconque.
7. Si l'on y est pris, on subira une sanction très sévère.
Une communauté monastique n'est pas une cellule du parti communiste. Si hier,
Benoit insistait sur la nécessaire désappropriation au regard des biens de la communauté qui
appartiennent à tous, aujourd'hui il souhaite qu'on n'oublie pas pour autant que nous avons
des besoins différents. Chacun mérite d'être reconnu dans ses besoins propres. Benoit associe
aux besoins, le mot « infirmitas » qui a donné « infirmité ». « Quant à celui qui a plus de
besoins, qu'il s 'humilie de son infirmité ». Plutôt que d'entendre dans ce mot un synonyme
d'handicap, comme le veut l'usage courant, on peut déjà l'entendre dans son sens littéral, « ce
qui n'est pas ferme, ce qui est faible ». Nos besoins renvoient chacun à ce lieu en creux, à
cette part de nous-mêmes qui, pour trouver son équilibre, a besoin d'être aidée. Le temps de la
formation et de l'intégration progressive dans la communauté, a aidé chacun à vérifier que le
genre de vie monastique lui permet d'honorer ses besoins et son équilibre habituel, tout en
assumant les renoncements inhérents à notre vie. Il demeure que, sous un même régime de
vie, nous pouvons avoir des besoins différents. Les besoins alimentaires peuvent apparaitre à
telle période de la vie, ou les besoins de sommeiL .. Les besoins de détente physique pour l'un
et les besoins de détente culturelle pour un autre seront différents. Bien se connaitre soi-même
est important pour pouvoir discerner entre besoin réel et recherche plus ou moins
complaisante et imaginaire d'un ailleurs étranger à nous-mêmes. Comment bien discerner?
Une manière de discerner est de vérifier comment m'est apparue la nécessité d'un besoin. Estce
parce que j'ai vu qu'on donnait ou permettait quelque chose à un frère, et pas à moi, que
tout d'un coup j'en ai besoin? Une autre manière de discerner est d'examiner si, ce dont je
pense avoir besoin, s'intègre vraiment à mon désir de chercher Dieu. Est-ce que je demande
quelque chose pour un plaisir plus ou moins imaginaire ou bien parce que cela me permettra
d'être davantage donné à Dieu, et d'être plus fort à son service?
En final, la question des besoins différents peut-être un bon révélateur pour vérifier où
j'en suis, et de la connaissance de moi-même et de l'acceptation de moi-même. Comme le
suggère St Benoit, un signe est que je sois capable de rendre grâce pour ce que j'ai, et pour ce
dont je n'ai pas besoin. Un autre signe sera encore d'être capable de se réjouir de ce qu'on
donne ou permet à un autre et que je n'aurai pas. Que le Seigneur, qui veut le bien de chacun,
nous donne de nous réjouir ainsi les uns des autres. - (12 mai 2017)
1. Par dessus tout, il faut retrancher du monastère ce vice jusqu'à la racine :
2. que personne ne se permette de rien donner ou recevoir sans permission de l'abbé,
3. ni d'avoir rien en propre, absolument aucun objet, ni livre, ni tablette, ni stylet, mais absolument rien,
4. puisqu'on n'a même pas le droit d'avoir son corps et sa volonté à sa propre disposition.
5. Tout ce dont on a besoin, on le demande au père du monastère, et personne n'a le droit de rien avoir que l'abbé ne lui ait donné ou permis.
6. Que « tout soit commun à tous », comme il est écrit, en sorte que « ;personne ne dise sien quoi que ce soit », ni ne le considère comme tel.
7. Si quelqu'un est pris à se complaire dans ce vice extrêmement pernicieux, on l'avertira une et deux fois ;
8. s'il ne s'amende pas, il subira une réprimande.
« Puisqu'on n'a même pas le droit d'avoir son corps et sa volonté à sa propre
disposition »... Ce petit chapitre a des accents extrêmes. St Benoit propose à ses moines de
vivre selon la vie apostolique des premières communautés chrétiennes. Sous l'autorité de
l'abbé, chacun apprend à ne rien avoir en propre. « Que tout soit commun à tous ... que
personne ne dise sien quoi que ce soit »... Cet idéal est-il possible? St Benoit le pense et
désire que les coutumes monastiques tendent à le réaliser. La vie monastique est à ses yeux,
une école où l'on apprend entre autre à se déposséder, à ne rien avoir en propre. Le fait de
demander à l'abbé avant de donner ou de recevoir quelque chose, est un moyen très concret
de prendre distance vis-à-vis de son désir d'être propriétaire. Avoir toujours quelqu'un à qui
en référer est le meilleur moyen de se détacher de soi.
St Benoit justifie cette pratique par un argument encore plus radical: « Puisqu'on n'a
même pas le droit d'avoir son corps et sa volonté à sa propre disposition». Par cet argument,
Benoit relie la disposition concrète de demander la permission avant de donner ou de recevoir,
au fondement de l'obéissance. Celle-ci nous donne de nous remettre tout entier corps et
volonté dans la recherche de l'unique volonté de Dieu. Si le moine obéit à un supérieur et à
ses frères, c'est dans le seul désir de faire la volonté de Dieu. Notre obéissance n'a pas
d'autres raisons. Nous désirons, et nous grandissons dans le désir que toute notre vie, toute
notre volonté soit au service de Dieu. Qu'entre ses mains, nous soyons dociles, afin d'être des
instruments de sa paix et de son amour. Se faisant, non seulement notre vie personnelle, mais
aussi notre vie communautaire peut devenir une parabole d'évangile. Ensemble, nous donnons
à voir une communauté où chacun n'est pas centré sur lui-même, mais sur les autres dans le
désir d'être à l'écoute de Dieu. Nous témoignons alors que Dieu s'occupe de nous, à travers
nos frères, si nous renonçons à nous préoccuper de nous-mêmes. Appuyons-nous sur cette
pédagogie de notre règle pour grandir dans la confiance en Dieu et en nos frères. Le fruit en
sera une plus grande liberté vis-à-vis du souci trop encombrant de nous-mêmes. - (11 mai 2017)
-.;.
1. Pour l'avoir du monastère en outils, vêtements et biens de toute sorte, l'abbé choisira des frères, de vie et mœurs dont il soit sûr,
2. et il leur remettra ces différents objets, comme il le jugera bon, pour qu'ils les conservent et les recueillent.
3. De ces objets, l'abbé gardera l'inventaire. Ainsi, quand les frères se succèdent à tour de rôle dans l'emploi, il saura ce qu'il donne et ce qu'il reçoit.
4. Si quelqu'un traite les biens du monastère sans propreté ou sans soin, on le réprimandera.
5. S'il ne s'amende pas, il subira les sanctions de règle.
On pourrait se demander: pourquoi tant de précisions sur la question des outils et
biens du monastère? Dans notre société de consommation, où l'on jette facilement, cette
question semble très secondaire. La première raison vient certainement du fait que dans la
société de Benoit, chaque outil, vêtement ou objet de toute sorte représentait une richesse. Un
outil métallique, par exemple, devait nécessiter une somme d'heure de travail très importante
pour sa réalisation. D'emblée, il était précieux. La seconde raison plus profonde est
certainement spirituelle. Maltraiter les outils, les négliger, en pas en prendre soin, c'est se
comporter comme si on en était le seul usager. On oublie que d'autres frères pourront user de
ce bien. Sans le dire ni en être peut-être conscient, on se comporte comme un propriétaire.
Aucun de nous n'est propriétaire de ce dont il dispose au monastère. Tout ce que nous avons à
notre usage, est à la communauté. A tout moment, cela peut lui revenir. Il nous faut cultiver
cette vision des choses, afin de rester dans l'esprit des serviteurs ... et de nous méfier de la
mentalité de propriétaires qui peut toujours nous guetter.
Comment cultiver cette vision selon laquelle on ne s'approprie pas les choses? Tout
d'abord, en soignant les objets dont nous disposons, en les entretenant Ge pense aux
chaussures à cirer régulièrement, aux vêtements à faire laver, aux soins des appareils auditifs,
des lunettes, mais aussi aux ordinateurs, des téléphones, etc ... ). Ensuite, je crois qu'il nous
faut veiller à remettre les objets en circulation quand on n'en a plus usage Ge pense aux livres,
mais aussi à des objets qui viennent de communs comme les CD ; ou encore les appareils
photos; je pense aussi aux clefs d'un emploi que l'on a quitté, aux objets qui lui étaient
attachés etc ... ). Enfin, il y a une manière de cultiver la liberté par rapport aux choses: c'est de
ne prendre que ce dont on a besoin. Ne pas faire de réserves: de bons savons ou des rasoirs,
de linges, comme on ne fait pas de réserve de nourriture ou de friandises. Oui frères, cultivons
cette belle liberté au regard des objets que nous utilisons, afin de les garder toujours en état et
afin de ne pas nous encombrer inutilement. Dans la maison de Dieu, chacun de nous est un
serviteur de ses frères. Les biens du monastère sont à disposition de tous. Soyons heureux
d'être riche et responsable de tant de biens, et en même temps de ne rien avoir en propre.
Cette liberté est notre plus grande richesse. - (10 mai 2017)
10. Il considérera tous les vases du monastère et tout son avoir comme les vases sacrés de l'autel ;
11. il ne tiendra rien pour négligeable.
12. Il ne cédera pas à l'avarice ni ne sera prodigue ou dissipateur de l'avoir du monastère, mais il fera tout avec mesure et selon les ordres de l'abbé.
13. Qu'il ait avant tout l'humilité, et quand il n'y a rien à donner à quelqu'un, qu'il lui offre en réponse une parole aimable,
14. comme il est écrit : « Une parole aimable surpasse le don le plus précieux. »
15. Tout ce que l'abbé lui enjoindra, il en aura la responsabilité ; ce qu'il lui interdira, il ne se le permettra pas.
16. Il fournira aux frères la ration prescrite sans arrogance ni délai, de peur qu'ils ne s'irritent, en se souvenant de ce que mérite, selon la parole divine, « celui qui irritera un des petits. »
17. Si la communauté est nombreuse, on lui donnera des auxiliaires, pour que lui aussi, grâce à leur aide, il remplisse la charge qui lui est confiée sans perdre la paix de l'âme.
18. On donnera ce qui est à donner et on demandera ce qui est à demander au moment voulu,
19. afin que personne ne soit troublé ou peiné dans la maison de Dieu.
« Quand il n y a rien à donner à quelqu'un, qu'il lui offre en réponse une parole
aimable ... » On ne se lassera peut-être jamais de commenter cette phrase, parmi d'autres si
justes et si profondes de ce chapitre sur le cellérier. On y perçoit toute la beauté de notre vie
commune faite de délicatesse, de charité et d'humilité. Aucune relation n'est négligée. St
Benoit recommande au cellérier comme à l'abbé, un soin tout particulier des frères. Ce qui
frappe dans ce chapitre, comme en d'autres, c'est le soin que nous devons porter à l'entredeux
... soin à ce qui se passe entre deux frères. A la suite de l'évangile, st Benoit a compris
intuitivement l'importance de la relation. Peu importe les choses échangées, mais que
demeure la qualité de la relation et que demeure la qualité de la charité entre deux frères. St
Augustin dit cela en des mots semblables qui ont pu influencer notre texte: « Ne méprise
aucun suppliant; et si tu ne peux lui donner ce qu'il te demande, au moins, ne le méprise pas.
Si tu peux lui donner, donne-le; si tu ne peux, sois du moins affable. Dieu couronne la
volonté intérieure, quand il ne voit pas en nous le pouvoir. Que nul ne dise: je n'ai rien. Ce
n'est point d'un coffre que la charité tire ce qu'elle donne: mais tout ce que nous disons, tout
ce que nous avons dit ... tout cela n'a d'autre but que la charité ... » (Aug. Comt Ps 103, 1, 19).
Autrement dit, puisque nous avons tous la charité, nous ne pouvons dire «je n'ai rien »... Par
notre amabilité, notre délicatesse et notre attention, nous pouvons donner de la charité.
Frères, je crois qu'il faut que nous soyons de plus en plus convaincus de cela.
J'entends parfois des frères qui sont meurtris parce qu'on leur a parlé ou répondu injustement
avec brutalité, sans respect, ni délicatesse. Non, ceci n'est pas digne d'un monastère. Nous
devons veiller par-dessus tout à la qualité de nos manières de parler, mais aussi à nos gestes
entre nous. Nous ne sommes pas des brutes. Qu'il arrive parfois qu'on s'emporte oui, et à qui
cela n'arrive jamais. Mais qu'on se demande pardon sans tarder. La qualité de l'entre deux, de
la relation entre nous n'est pas un détail, ni de l'ordre d'un raffinement de luxe. Il s'agit du
terreau vital de notre vie fraternelle, faite d'attention, de prévenance et de respect. Dans nos
relations, ni familiarité, ni brutalité, mais une chaste charité toujours à rechercher. (3 mai 2017)
1. On choisira pour cellérier du monastère un membre de la communauté qui ait sagesse, maturité de caractère, sobriété ; qui ne soit pas grand mangeur, hautain, turbulent, injuste, lent, prodigue,
2. mais qui ait la crainte de Dieu. Il sera comme un père pour toute la communauté.
3. Il prendra soin de tout,
4. il ne fera rien sans l'ordre de l'abbé ;
5. il observera les ordres reçus,
6. il ne fera pas de peine aux frères.
7. Si un frère lui présente une requête déraisonnable, il ne le peinera pas en le repoussant avec mépris, mais avec humilité il opposera à cette mauvaise demande un refus raisonnable.
8. Il veillera sur son âme, en se souvenant toujours de cette parole de l'Apôtre : « Qui fait bien son service, se procure une belle place. »
9. Il prendra soin des malades, des enfants, des hôtes et des pauvres avec toute sa sollicitude, sachant sans aucun doute qu'il devra rendre compte pour toutes ces personnes au jour du jugement.
« Il sera comme un père pour toute la communauté ... » Quelle image du père a St
Benoît, dans ce chapitre, quelle image paternelle se fait-il du rôle du cellérier ? Le premier
point qu'on peut relever de l'image paternelle, c'est celle de quelqu'un qui ne pensa pas
d'abord à lui ... « Il ne sera pas grand mangeur, hautain, agité, injuste, lent, prodigue »...
autant de défauts caractéristiques de personnes centrées sur elles-mêmes ... voire qui usent de
leur pouvoir pour elles-mêmes d'abord.
Le deuxième point relatif à l'image paternelle véhiculée ici concerne le rapport à Dieu.
« Qu'il ait la crainte de Dieu» celui qui sait qu'il est lui-même sous l'autorité de Dieu ... Lui
seul est vraiment Père et toute paternité vient de lui, qu'elle soit chamelle ou spirituelle. Le
cellérier, père de la communauté est invité à être toujours dans cette juste relation à Dieu qui
lui permettra de vivre son emploi, vraiment au service du dessein de Dieu pour chaque frère.
Plus loin sera mentionné qu'il devra au jugement rendre des comptes, comme l'abbé. Second
point donc une paternité en référence au seul Père des cieux.
La troisième caractéristique de cette paternité découle de la précédente : est père, celui
qui est attentif aux personnes, dans le respect et la délicatesse. « Il ne fera pas de peine aux
frères », ne repoussant personne avec mépris, mais offrant avec humilité une bonne parole à
un refus déraisonnable ... Benoît ici nous livre certainement quelque chose de son propre coeur
de père ... attitude pleine de respect et d'attention humble aux frères, particulièrement à
l'égard des plus petits.
Le quatrième point regarde les choses matérielles, jamais négligées par la règle: Le
père sait prendre soin de tout pour que dans sa maison, on ne manque de rien. « Il prendra
soin de tout et ne tiendra rien pour négligeable », poursuit le texte ... et il regardera tout son
avoir « comme les vases sacrés de l'autel ». Le père sait la valeur des choses, et c'est la
manière de les utiliser, de les entretenir, que tous apprennent à prendre soin des objets, outils
et choses diverses ... En remerciant F. Cyprien d'être ce père pour notre communauté, nous
l'assurons de notre prière .... Nous pouvons aussi prier les uns pour les autres, pour que dans
les différents secteurs d'activité du monastère grandisse ce sens de la paternité. - (2 mai 2017)
1. Tout âge et degré d'intelligence doit recevoir un traitement approprié.
2. Aussi chaque fois que des enfants et des adolescents par l'âge, ou des adultes qui ne peuvent comprendre ce qu'est la peine d'excommunication,
3. quand donc ceux-là commettent une faute, on les punira par des jeûnes rigoureux ou on les châtiera rudement par des coups, afin de les guérir.
Il n'est pas facile de commenter ce chapitre de la RB qui fait référence à une réalité
concrète si éloignée de la nôtre. Il est vrai cependant, qu'il y a 80 ans, nous avons connu une
situation similaire, lorsque des enfants de l'alumnat (dont notre frère Jean Baptiste) vivaient
au milieu des frères, jouaient dans la cour de la Ste Vierge, étudiaient dans l'actuelle
infirmerie et dormaient au cléricat, avant que l'école ne soit construite dans les années 30.
En fait, s'il reste aujourd'hui des enfants au monastère, c'est nous! Des hommes
adultes qui voudraient à la suite du Christ devenir des fils de Dieu, à la manière des enfants,
pour entrer dans le Royaume. Nous achevons la 2de semaine du temps pascal. Celle-ci
commençait dimanche appelé autrefois « dimanche de Quasimodo» (aujourd'hui « dimanche
de la Miséricorde »), avec l'introït « Quasimodo geniti infantes» : « Comme des enfants
nouveau-nés ont soif du lait qui les nourrit, soyez avides du lait pur de la Parole, qu'il vous
fasse grandir pour le salut, alléluia» (1 P 2,2). Le temps pascal est un temps privilégié pour
revisiter notre condition d'enfant de Dieu. Un temps privilégié pour retrouver quelque chose
de la fraicheur et de la joie de l'enfance dans l'Esprit Saint. La résurrection du Christ qui a fait
pour lui toute chose nouvelle, nous est communiquée par notre baptême. Membre désormais
de son Corps, nous sommes traversés par la vie nouvelle déjà à l'oeuvre: « un sang neuf coule
aux artères du Corps entier» comme nous le chantons. Les fêtes pascales viennent raviver en
nous la conscience, mais aussi la grâce d'être comme des enfants nouveau-nés. Durant ces 50
jours, il nous est offert de chanter, rendre grâce et laisser vivre cette grâce de nouveauté dans
notre vie. Le chant des alléluias déborde presqu'en chaque antienne et en chaque hymne pour
exalter la grandeur de Dieu qui fait triompher la vie. La profusion de son amour éclate dans
une totale gratuité. La source coule en abondance. Il nous revient simplement de tendre les
mains, ou comme des « enfants nouveau-nés d'être avides du lait pur de la Parole ». Bien sûr
nous savons que parfois nous ne sommes pas toujours au diapason de cette joie. Mais Dieu
n'attend pas que nous soyons au diapason pour nous faire don de sa grâce. Le temps pascal
nous redit la libre initiative de notre Père des Cieux sans mérite de notre part. Avec toute
l'Eglise, nous sommes entrainés vers une joie qui dépasse ce qu'on peut imaginer, une joie
profonde qui va aux racines de l'être. Le Christ est vivant. Il est ressuscité. « Dans sa chair
monte soudaine l'éternité. Il rends leur poids aux jours, aux semaines, les achemine vers la
joie ». -(29 avril 2017)
1. Un frère qui est sorti du monastère par sa propre faute, s'il veut revenir, commencera par promettre de s'amender complètement du défaut qui l'a fait sortir,
2. et alors on le recevra au dernier rang, pour éprouver par là son humilité.
3. S'il s'en va de nouveau, il sera reçu ainsi jusqu'à trois fois, en sachant qu'ensuite on lui refusera toute autorisation de retour.
Hier, le chapitre entendu sur les frères que l'on doit retrancher sous peine de risque de
contamination pouvait paraitre rude à entendre. Aujourd'hui, en contraste, ce chapitre fait
preuve d'une grande mansuétude que nous n'aurions peut-être pas spontanément. Comment
pouvons-nous expliquer cela ? Avec ce chapitre, ne touchons-nous pas le mouvement radical
de la vie monastique, celui de revenir à Dieu. Même si le verbe utilisé ici -reverto- n'est pas
celui utilisé au début du prologue -redeo-, c'est le même dynamisme spirituel qui est vécu.
Alors qu'hier, on excluait un frère qui ne veut plus bouger, qui est bloqué dans son bon droit,
aujourd'hui on reçoit à bras ouvert, jusqu'à trois fois, un frère qui manifeste le désir de
reprendre le chemin avec la communauté. Sa faiblesse qui peut le faire sortir jusqu'à trois
fois, pèse moins lourd que son désir de revenir. Apparait ici en pleine lumière que le moine
n'est pas d'abord celui qui ne tombe pas, mais celui qui ne cesse de désirer revenir à Dieu. Le
mot revenir « revertor-revenir » est d'ailleurs ici un mot de la même famille que le verbe
« convertor-se convertir ». Le sens est proche. Si « convertor » a davantage le sens de se
retourner, de changer de vie, « revertor » signifie revenir sur ses pas, revenir à un état premier.
Le moine qui revient après être sorti, rebrousse le chemin d'égarement qui l'a conduit dehors.
Il revient au monastère, le lieu où il va vivre la conversion, ce retournement profond vers
Dieu.
Le mouvement de retour à la vie commune vécu par un frère sorti, ne le vivons-nous
pas tous à petite échelle, sur des petits détails quand nous acceptons de quitter quelques
habitudes pour « revenir» plus fermement dans la pratique commune. On laisse l'habitude
d'être en retard, pour s'engager plus fermement à être à l'office à l'heure. On laisse l'habitude
de mettre un dessert de côté au libre-service pour choisir d'être plus libre et aussi plus
respectueux des frères. On laisse l'habitude d'aller lire le journal ou d'aller sur internet
pendant le temps de l'oraison après Vêpres, pour se consacrer à la prière et à la
lectio ... etc ... Chacun de nous peut un jour décider de revenir sur le chemin de la conversion.
Ce retour est le signe que nous sommes encore vivants dans notre désir de progresser dans
une écoute et une charité toujours plus fines. En ce temps pascal, demandons et accueillons de
Celui qui « resplendit libre et vainqueur », la grâce de la plus grande liberté intérieure qu'il
veut nous offrir. - (28 avril 2017)
1. Si un frère a été fréquemment repris pour une faute quelconque, si même après excommunication il ne s'amende pas, on lui infligera une punition plus rude, c'est-à-dire qu'on lui fera subir le châtiment des coups.
2. S'il ne se corrige pas non plus par ce moyen, ou que même, ce qu'à Dieu ne plaise, il se laisse emporter par l'orgueil et veuille défendre sa conduite, alors l'abbé agira comme un médecin sagace :
3. s'il a appliqué tour à tour les cataplasmes, l'onguent des exhortations, la médecine des divines Écritures, enfin le cautère de l'excommunication et des coups de verge,
4. et s'il voit que son industrie ne peut plus rien désormais, il aura encore recours à un remède supérieur : sa prière pour lui et celle de tous les frères,
5. afin que le Seigneur, qui peut tout, procure la santé à ce frère malade.
6. S'il ne se rétablit pas non plus de cette façon, alors l'abbé prendra le couteau pour amputer, comme dit l'Apôtre : « Retranchez le pervers du milieu de vous » ;
7. et encore : « Si l'infidèle s'en va, qu'il s'en aille »,
8. de peur qu'une brebis malade ne contamine tout le troupeau.
Comme tout pasteur, St Benoit craint qu'une brebis malade ne contamine tout le
troupeau. Lundi, quand je rencontrai Mr Ducrot à St Léger, il me parlait de ses troupeaux de
vaches charolaises pour faire de la viande, et de brebis pour faire des agneaux destinés à la
boucherie. Pour les deux troupeaux, mais surtout pour les brebis, il évoquait la nécessité de
pratiquer la prophylaxie, c'est-à-dire de faire des traitements préventifs pour éviter que les
bêtes attrapent certaines maladies. Car affirmait-il, lorsque l'une vient à être malade, il est
. souvent difficile, voire trop tard pour espérer la guérir, avec les risques d'épidémie qui
peuvent s'en suivre.
Qu'en est-il du troupeau du monastère? Quelles sont les maladies qui nous guettent?
Y-a-t-il des prophylaxies à mettre en oeuvre? A écouter, St Benoit, il est bon de nous souvenir
que le troupeau monastique est, comme celui des brebis, un troupeau très sensible. Chacun de
nous sait sa fragilité, sa capacité à attraper quelques maladies spirituelles qui peuvent alourdir
le pas et assombrir le quotidien. Quelles sont ces maladies de l'âme et du coeur? Je mettrai
volontiers en premier celle de la tristesse et de l'ennui, dans notre vie exigeante. En effet, si
nous restons à la surface de nous-mêmes, nous risquons vite de tourner en rond. On fuit alors
dans divers expédients faciles. Une autre maladie consécutive sera le découragement lié aux
difficultés de relations ou aux évènements qui nous remettent avec âpreté devant nos limites
toujours un peu difficiles à assumer. D'autres maladies peuvent encore nous attaquer: les
désirs désordonnés, ceux liés à nos appétits ou à notre sexualité toujours en évolution; une
autre maladie sera de nous laisser ronger par la colère, le ressentiment ou le murmure contre
les frères.
Face à de telles maladies: quel remède? Sûrement sans tarder appliquer le remède de
l'ouverture du coeur pour ne pas laisser le mal couver et trop suppurer à l'intérieur. Avoir le
courage de la parole vraie. Peut-être ensuite couper net avec telle pensée, ou avec une
mauvaise habitude, ou encore avec une manière fallacieuse d'aborder les choses qui sont
autant d'ornières dans lesquels on s'embourbe.
De manière générale, la vie monastique offre-t-elle une prophylaxie au petit troupeau
du Christ que nous sommes? Lui le Bon Pasteur nous dispense sa Parole chaque jour dans la
liturgie et dans la lectio. N'est-elle pas un bon remède préventif? Ne nous revient-il pas de le
prendre très régulièrement par notre assiduité à la prière de l'office, à l'eucharistie, ainsi qu'à
la lectio ? De cette régularité et notre engagement à aller à la rencontre de Celui qui nous
aime, nous tirerons une force et une capacité à faire face aux difficultés. De même la présence
à la vie commune, dans les réunions diverses et dans les groupes est un excellent vaccin
contre la tristesse et le repli sur soi. Quand nous ne pouvons être à un exercice, faisons tout
pour ne pas manquer les autres: cela nous libère de nos illusions centripètes. Le travail, quant
à lui, était déjà pour les anciens, un très bon antidote à l'acédie, à ce vague à l'âme qui sape
toute énergie ou encore pour calmer nos désirs désordonnés. Oui, la vie commune dans la
prière, la vie fraternelle et le travail constitue en elle-même une excellente prophylaxie.
Réjouissons-nous en, et aux jours où le ciel est plus bas, prenons appui sur elle. Elle nous
redonnera le goût de la vie exigeante que nous avons choisi à la suite du Christ. - (27 avril 2017)
5. En effet, l'abbé doit prendre un très grand soin et s'empresser avec tout son savoir-faire et son industrie pour ne perdre aucune des brebis qui lui sont confiées.
6. Qu'il sache en effet qu'il a reçu la charge des âmes malades, non une autorité despotique sur celles qui sont en bonne santé.
7. Et qu'il craigne la menace du prophète, par laquelle Dieu dit : « ;Ce qui vous paraissait gras, vous le preniez, et ce qui était chétif, vous le rejetiez. »
8. Et qu'il imite l'exemple de tendresse du bon pasteur, qui abandonnant ses quatre-vingt-dix-neuf brebis sur les montagnes, partit à la recherche d'une seule brebis qui s'était perdue ;
9. sa misère lui fit tellement pitié, qu'il daigna la mettre sur ses épaules sacrées et la rapporter ainsi au troupeau.
Ce chapitre commençait avec l'image de l'abbé-médecin, il se conclue avec celle de
l'abbé-pasteur. L'abbé-médecin s'appuyait sur les sempects et sur la communauté pour venir
panser les plaies et les blessures. L'abbé-pasteur semble ici être seul concerné par la recherche
de la brebis égarée. Comme le suggère la parabole évangélique, il est convié à « imiter la
tendresse du bon pasteur» en laissant les 99 brebis sur la montagne, par partir à la recherche
de l'égarée.
La tâche que l'abbé se voit ici confiée est certainement la plus ingrate de toutes celles
que lui vaut son ministère. Il n'est pas aisé de partir à la rencontre d'une liberté qui s'estime
dans son bon droit. Consciente de sa dignité et de sa responsabilité, elle erre en partie parce
qu'elle est aveugle sur elle-même. Interpeller, poser des questions peut ressembler parfois à
l'escalade d'une falaise dont le sommet semble hors de portée de vue. Comme si le frère qui
s'estime dans son bon droit devenait inatteignable à toute parole autre. Chacun de nous à plus
ou moins forte dose peut choisir un jour ou l'autre cette posture dure qui campe sur ses
positions, fermé à toute objection ou proposition autre. Il faut parfois que les évènements nous
ramènent à la réalité pour découvrir qu'on était à côté de la plaque. Il est dur d'accepter que je
reste et resterai toujours en partie aveugle sur moi-même. Grandir dans la vie humaine et dans
la vie spirituelle se fera avec d'autant plus de fruits que nous nous connaissons mieux nousmêmes.
Sans jamais être sûr d'être totalement lucide sur soi, nous pouvons réduire la part
aveugle qui est en nous. En adhérant à une vie communautaire avec son cadre, en choisissant
de vivre dans l'obéissance sous la parole d'un autre, nous prenons les moyens de grandir dans
cette meilleure connaissance de nous-mêmes. Nous acceptons que la vie commune ainsi que
des paroles fraternelles nous révèlent des choses qu'on n'avait pas vues, ou qu'on ne voulait
pas voir. .. Tel est le contrat de base de la vie monastique, tel est aussi la voie profonde pour
devenir plus libre, moins prisonnier de nos propres illusions. Frères, faisons cet acte de foi de
reconnaitre sans peur ni susceptibilité une parole qui nous dérange, ou une remarque sur des
petites et plus grandes choses. Reconnaissons à travers ces milles interpellations de la vie
quotidienne le Christ Bon pasteur qui vient nous chercher. Il nous donne peut-être l'occasion
d'éviter un faux-pas. La tendresse du Christ n'est pas une tendresse mièvre qui me caresserait
toujours dans le sens du poil. Il m'interpelle à travers paroles ou évènements pour me secouer
de ma torpeur. Sa tendresse se manifeste en ce qu'il ne veut pas me laisser errer sans fin dans
l'illusion ou l'erreur. - (26 avril 2017)