vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 27, 1-4 Combien l'abbé doit avoir de sollicitude pour les excommuniés. écrit le 25 avril 2017
Verset(s) :

1. C'est avec toute sa sollicitude que l'abbé prendra soin des frères délinquants, car « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin, mais les malades. »

2. Aussi doit-il user de tous les moyens comme un médecin sagace ;: envoyer des senpectas , c'est-à-dire des frères anciens et sagaces,

3. qui comme en secret consoleront le frère hésitant et le porteront à satisfaire humblement, et le « consoleront pour qu'il ne sombre pas dans une tristesse excessive »,

4. mais comme dit encore l'Apôtre : « Que la charité s'intensifie à son égard », et que tous prient pour lui.

Commentaire :

Je reprends la RB, là où nous l'avions laissée avant que je ne commente les Ps, comme

chemin pascal.

Comment se situer face aux frères excommuniés? St Benoit réquisitionne pour ainsi

dire toute la communauté : des anciens envoyés comme sempects, et finalement tous par la

prière. Il laisse une consigne qui peut résumer les propositions concrètes qu'il fait: « Que la

charité s'intensifie à son égard» citant St Paul (2 Co 2, 8). Cette citation me fait penser à une

autre de St Paul qui convient bien en ce temps pascal: « Là où le péché s'est multiplié, la

grâce a surabondé» (Rm 5, 20). Oui, lorsque St Benoit nous invite à intensifier la charité visà-

vis d'un frère excommunié et qui peine à revenir en communion, il nous entraine à être à la

suite du Christ des instruments de sa grâce surabondante. Ce que le Christ a fait à notre égard,

il veut nous associer dans son oeuvre de grâce qui continue. Il nous a aimés totalement

gratuitement par pure grâce. Nous devons aimer nous aussi gratuitement, surtout ceux qui

apparemment n'acceptent pas ces signes de communion à leur égard.

Qu'exige de notre part cette attitude de charité inconditionnelle? Elle demande que

nous abandonnions tous les ressentiments ou toutes les « bonnes» raisons qui se présentent à

notre esprit pour nous empêcher d'aimer ces frères en peine. Toutes les pensées du type: « et

puis de toute façon, avec tout ce qu'il m 'afait» ou bien « et puis il est comme ça, il ne

changera pas» ou encore « et si j'essaie de faire un signe ou de dire une parole, il n y fait

pas attention »... Entrer dans cette charité qui s'intensifie, nous demande de laisser nos peurs

d'être mal reçus ou d'être blessés. C'est vers le Christ qu'il nous faut regarder pour lui

demander la force d'aimer comme lui. Sans faire beaucoup de bruits, ni beaucoup d'effets,

nous nous associons à l' oeuvre du Christ venu chercher les pécheurs et venu sauver ce qui est

perdu. Aujourd'hui tel frère, demain tel autre, et un jour ou l'autre chacun de nous. En faisant

de nous des auxiliaires de sa charité qui sauve, le Christ continue aussi son oeuvre pour nous,

en nous tirant de nos égoïsmes repliés sur leurs conforts. Nous pouvons faire nôtre cette prière

que l'on a dans 1'hymne des vigiles du samedi: « Force mes pas à l'aventure pour que lefeu

de ton bonheur à d'autres prenne ...et par ton nom dans mon regard, fais-toi connaitre » - (25 avril 2017)

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 47 v 1-4 Du signal de l'heure de l'œuvre de Dieu écrit le 19 mars 2017
Verset(s) :

1. L'annonce de l'heure de l'œuvre de Dieu, jour et nuit, sera confiée aux soins de l'abbé, soit qu'il l'annonce lui-même, soit qu'il en remette le soin à un frère assez attentif pour que tout s'accomplisse aux heures voulues.

2. Quant aux psaumes et antiennes, ils seront imposés, après l'abbé, par ceux qui en recevront l'ordre, suivant leur rang.

3. Quant à chanter et lire, on ne s'y risquera pas si l'on ne peut accomplir cette tâche de façon à édifier les auditeurs.

4. Cela se fera avec humilité, gravité et crainte, et sur l'ordre de l'abbé.

Commentaire :



« Edifier les auditeurs ... » Par trois fois dans la RB, revient cette expression. Deux fois

concernent le lecteur et sa manière de lire au repas (38,12) ainsi qu'à l'office (47, 3), mais aussi

le chantre à l'office. Une autre fois concerne le contenu de la lecture faite avant les complies

qui évitera les livres comme l'Heptateuque ou les Rois (42, 3). Une autre fois, mention est faite

de la lecture de la bible pour édifier les hôtes qui arrivent (53, 9) ... Edifier les auditeurs ...

L'insistance de Benoit est réelle. Celui qui lit et ce qui est lu est au service de l'édification de

chacun et de tous. Si ce n'est pas le cas, il vaut mieux s'abstenir. Nous mesurons le poids de

cette recommandation lorsque qu'un hôte par exemple va lire à toute vitesse ou de manière

inaudible, ou bien quand il commence à lire alors qu'on vient juste de s'asseoir et que des

bruissements sont encore perceptibles ... Nous manquons alors une partie de la lecture ou bien

nous perdons des mots mal articulés. La lecture passe alors comme l'eau sur les plumes d'un

canard.

Bien entendre les lectures à l'office d'abord, et au réfectoire n'est pas superflue. Nos

frères malentendants en savent le prix plus que tous. A l'office, il s'agit rien de moins que de

la Parole de Dieu qui nous est offerte comme une nourriture. De même qu'on n'aime pas voir

arriver sur nos tables, un plat mal présenté ou dont ne sait trop ce qu'il contient, de même on

supporte mal durant la liturgie une lecture peu audible ou difficilement compréhensible, parce

que mal articulée. Plus que d'esthétique ou de raffinement, il s'agit de quelque chose de vital.

Que la compréhension d'une lecture soit difficile, et on ôte à Dieu la possibilité de nous

toucher le cœur. Lire posément, c'est permettre à la Parole de descendre tranquillement,

profondément en nous. La Parole nous nourrit jour après jour, elle nous stimule. Elle nous

appelle. Plus profondément, nous touchons là au mystère de la sacramentalité de la Parole, qui

nous donne d'être en présence du Christ lorsque nous écoutons la parole proclamée. Le pape

Benoit XVI affirmait dans Verbum Domini 56 : « Le Christ, réellement présent dans les

espèces du pain et du vin, est présent analogiquement dans la Parole proclamée dans la

liturgie ». Le lecteur devient un instrument au service de la rencontre avec le Christ de chacun

en communauté.

19.03.2019

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 26 v 01-02 De ceux qui, sans autorisation, se joignent aux excommuniés. écrit le 11 mars 2017
Verset(s) :

1. Si un frère se permet, sans permission de l'abbé, d'entrer en rapport avec un frère excommunié de n'importe quelle façon, ou de lui parler ou de lui faire parvenir un message,

2. il subira une peine d'excommunication similaire.

Commentaire :

Face au péché des autres, plusieurs attitudes sont possibles. Etre indifférent,

comme pour mes propres infidélités. Ou même avoir une secrète connivence.

Ou bien au contraire, je juge, je condamne, au nom de principes pas toujours

chrétiens.

La seule attitude chrétienne, c'est à la fois la conscience aigüe de la gravité du

péché. D'où nait le désir de réparer, de le porter avec le Christ qu'il atteint

directement. Et en même temps un amour humble et sincère pour le pécheur.

Car j'ai autant besoin que lui de la miséricorde du Seigneur. S'il n'y a pas

d'abord le sens du péché, la connivence avec le pécheur est sujette à illusion.

St Benoit nous met en garde contre ces mouvements d'un cœur, bon

assurément, mais mû davantage par sa sensibilité que par un amour vrai. Il

n'est pas facile d'admettre la justesse de certaines rigueurs, de sanctions, ou

de souffrances. Qu'elles viennent directement de Dieu, ou qu'elles soient

infligées par une autorité. Il faut beaucoup d'humilité. Et une charité qui

désire le vrai bien de mon frère, son salut, et la gloire de Dieu.

Il est donc important d'aider d'abord mon frère à reconnaitre son mal. Et pour

cela en avoir conscience moi-même: avoir le sens du péché. Comprendre que

tout péché nous coupe de Dieu et de la communauté. Le péché est

contagieux. St Benoit veut nous mettre en garde. Nous sommes tous un peu

doubles, au fond de notre cœur. Un peu complices du mal. Aidons-nous les

uns les autres. Respectons le mystère de Dieu en chacun de nos frères.

Sachons que pour chacun existent des moments plus difficiles. Des passes

décisives. Ne les escamotons pas. Aidons-nous à être fidèles à la Grâce que

Dieu nous propose.

Si nous essayons de vivre avec ce tact spirituel, la communauté se construira

dans la paix. Non pas la paix, telle que le monde la donne, fondée sur une

compromis, aboutissant à une coexistence tout extérieure. Mais la paix qui

vient du Christ, que nous ne pouvons nous approprier, mais qui nous prend en

elle et nous réunit dans l'Esprit Saint.

Je vais rappeler deux points de notre observance, qui peuvent nous aider à

vivre notre recherche de Dieu. D'abord le respect du silence, en salle des

coules, dans le cloître. C'est une des chances de notre monastère d'avoir

gardé ce climat de silence. Une maison de prière. Quand on parle partout,

c'est notre relation à Dieu qui est atteinte. Je rappelle aussi que, lorsque nous

arrivons à l'office alors que la cloche a commencé à tinter, nous restons près

de la porte, jusqu'à la fin du verset d'introduction. - 11 mars 2017

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 25 v 01-06 Des fautes graves. écrit le 10 mars 2017
Verset(s) :

1. Quant au frère qui est coupable de faute grave, il sera exclu à la fois de la table et de l'oratoire.

2. Aucun frère n'entrera aucunement en rapport avec lui sous forme de compagnie ou d'entretien.

3. Qu'il soit seul au travail qu'on lui aura enjoint, persistant dans le deuil de la pénitence, sachant cette terrible sentence de l'Apôtre :

4. « Cet homme-là a été livré à la mort de la chair, pour que son esprit soit sauf au jour du Seigneur. »

5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul, dans la mesure et à l'heure que l'abbé aura jugées convenables pour lui.

6. Personne ne le bénira en passant, pas plus que la nourriture qu'on lui donne.

Commentaire :

La vie monastique est un long processus d'intégration. Dans ce corps

qu'est la communauté monastique. L'opposé de l'entrée dans ce corps

mystique, c'est l'excommunication. Ici, St Benoit cite un texte de St Paul

aux Corinthiens, qui envisage d'excommunier un chrétien fautif.

Cette excommunication touche deux lieux importants de la vie de la

communauté, deux endroits où est vécue l'intégration à la vie de la

communauté: l'oratoire, et la table. Deux lieux qui expriment cette

vocation à la communion, qui est celle de tout baptisé.

Cette insistance de St Benoit éclaire la vision théologique qui sous-tend

les observances monastiques. Le cœur de notre vocation de moine,

c'est la fidélité à la fraction du pain, à la prière, au repas partagé. Nous

retrouvons là ce qui est dit de la première communauté de Jérusalem,

telle qu'elle est décrite dans le livre des Actes. L'excommunication, c'est

le refus d'entrer dans le mystère du Ressuscité, qui est au milieu des

siens quand ils sont rassemblés. C'est cette expérience fondatrice qui

est la source de l'Eglise, et qui enrichit les différences et les diversités

qu'on retrouve dans toute communauté.

Nous pensons parfois que la miséricorde consiste à se voiler la face. A

faire comme si nous n'avions pas vu. Supporter avec patience. En

faisant ainsi, nous laissons le frère s'enfoncer dans son problème. Mais

nous le savons aussi, une saine réaction des autres peut nous aider à

prendre conscience de ce que nous faisons. A nous réveiller. Même si

cela peut être pénible sur le coup!

« Suis-je le gardien de mon frère? » C'est la réponse de Caïn au

Seigneur, quand il veut cacher son crime. La meilleure manière de tuer

son frère, c'est parfois de le laisser mourir. Par paresse. Par

indifférence. Ou par lâcheté. Tendre une perche de salut, c'est un

service que nous sommes en droit d'attendre de notre frère, quand

nous nous égarons. - 10 mars 2017

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 24 v 01-07 Quelle est la mesure de l'excommunication. écrit le 09 mars 2017
Verset(s) :

1. C'est à la gravité de la faute que doit se mesurer la portée de l'excommunication ou du châtiment.

2. Cette gravité des fautes est remise au jugement de l'abbé.

3. Si toutefois un frère se trouve coupable de fautes légères, on le privera de la participation à la table.

4. Celui qu'on aura privé de la table commune sera au régime suivant ;: à l'oratoire, il n'imposera pas de psaume ou d'antienne ni ne récitera de leçon jusqu'à satisfaction.

5. Quant à la nourriture de son repas, il la prendra seul après le repas des frères :

6. si par exemple les frères ont leur repas à la sixième heure, ce frère aura le sien à none ; si les frères l'ont à none, il l'aura à vêpres,

7. jusqu'à ce que, par une satisfaction convenable, il obtienne son pardon.

Commentaire :

St Benoit estime que la faute mérite une réparation. Et cela est vrai

dans tous les domaines: au travail, quand on brise quelque chose, dans

la liturgie, quand on se trompe, dans les exercices communautaires,

quand on arrive en retard. Dans ce chapitre, Benoit va plus soin, il

proportionne la réparation, à la gravité de la faute.

Aujourd'hui, cette idée de sanction, de réparation, n'est pas facile à

accepter. Surtout dans le domaine spirituel. Pourtant toute la Bible,

aussi bien l'A.T. que le N.T., est pleine de références à cette réalité.

Pensons aux paraboles du Royaume: Jésus affirme avec force que le

Royaume commence ici et maintenant. Notre avenir s'écrit déjà dans le

présent.

Aujourd'hui, nous parlons plutôt d'exclusion que d'excommunication.

Cette exclusion est souvent liée à la difficulté de s'intégrer dans un

groupe. L'exclu, c'est celui qui ne peut plus suivre, qui ne correspond

pas aux normes de sélection du groupe. Le mécanisme de l'exclusion

est pervers, parce que personne n'en est vraiment responsable. C'est le

système qui exclue. Mais ces mécanismes d'exclusion existent dans tout

groupe humain. Donc aussi dans le monastère. Nous devons craindre

ces mécanismes que laissent beaucoup de place à l'inconscient et à la

manipulation. C'est pourquoi Benoit établit deux règles pour réguler

l'excommunication. La première est donc que l'excommunication est

proportionnée à la gravité de la faute. On n'exclue pas quelqu'un parce

qu'il ne partage pas notre manière de penser! La seconde règle, c'est

que n'importe qui n'a pas le droit d'excommunier. C'est réservé à

l'Abbé. A lui seul. Une personne doit assumer cette responsabilité. Le

monastère est fondé sur la rencontre de visages, pas sur des rumeurs,

ni sur des bruits de couloir.

Au moyen de cette pédagogie de l'excommunication, St Benoit essaie

peu à peu de nous faire prendre conscience de l'importance du

moment présent. Ce que nous vivons aujourd'hui, ici, maintenant, est

déjà porteur d'une valeur infinie. Le plus petit geste d'amour est lourd

de son poids d'éternité. Tout refus nous éloigne de Celui que nous

désirons trouver. - 9 mars 2017

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 23 v 01-05 De l'excommunication pour fautes. écrit le 08 mars 2017
Verset(s) :

1. Si un frère se montre récalcitrant ou désobéissant ou orgueilleux ou murmurateur et contrevenant sur quelque point de la sainte règle et aux commandements de ses anciens, avec des manifestations de mépris,

2. ses anciens l'avertiront, selon le commandement de Notre Seigneur, une première et une seconde fois en privé.

3. S'il ne s'amende pas, on le réprimandera publiquement devant tout le monde.

4. Si même alors il ne se corrige pas, s'il comprend ce qu'est cette peine, il subira l'excommunication.

5. Mais si c'est une mauvaise tête, il recevra un châtiment corporel.

Commentaire :

Le Christ a appelé chacun de nous à le suivre, sur ce chemin de la vie

monastique. Concrètement, cela signifie vivre sous une Règle, un Abbé,

dans une communauté. Notre vie de moine comporte ces trois aspects

fondamentaux. Et i Is seront, un jour ou l'autre, pour chacun d'entre

nous, une pierre d'achoppement. Un lieu de vérification de notre

réponse à Dieu. Un jour ou l'autre nous nous heurterons aux

prescriptions de la Règle. Elle nous demandera plus que nous n'aurions

voulu donner. Ou bien les décisions du Père Abbé iront à l'encontre de

notre désir, de notre volonté. Ou encore nous nous sentirons exclus de

la communauté, étrangers.

Le processus d'excommunication, que prévoit ce chapitre, n'est que la

mise en forme de cette expérience. Aucun de nous n'est à l'abri de

cette épreuve. Mais le plus grand danger qui guette le moine, c'est la

marginalisation silencieuse. La désobéissance qui devient une habitude.

Le refus conscient de vivre notre vocation de moine.

C'est la raison pour laquelle St Benoit insiste tant sur ce processus qui

fait paraitre au jour la faute. Par l'excommunication explicite. Car le

pire n'est pas de tomber, c'est de faire semblant de ne rien voir. De

justifier ce que l'on fait. Le pire, c'est de laisser un frère s'enfoncer dans

son erreur, dans sa faute, sans lui tendre la main. Mais pour éviter ce

naufrage, le frère a besoin qu'on lui dise la vérité. En avons-nous le

courage? C'est plus facile de faire semblant de ne rien voir, pour

ménager notre tranquillité. Mettre le doigt sur le point sensible

demande toujours beaucoup de charité.

Ce sentiment de responsabilité, de coresponsabilité, est au cœur de la

conception de la communauté, de la communion fraternelle, selon St

Benoit. Il ne suffit pas de suivre notre petit chemin personnel, en

ignorant ceux qui nous entourent. Nous devons veiller sur nos frères. Ce

qui n'est pas les surveiller. Mais cultiver cette qualité d'attention,

d'écoute, qui exprime un amour humble et discret, et qui tisse les liens

fraternels de la communauté. Seul celui qui a su partager le meilleur,

peut aussi intervenir, quand cela va moins bien. - 8 mars 2017

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 22 v 01-08 Comment dorment les moines. écrit le 07 mars 2017
Verset(s) :

1. Ils auront chacun un lit pour dormir.

2. Ils recevront, par les soins de leur abbé, une literie adaptée à leur ascèse personnelle.

3. Si faire se peut, tous dormiront dans un même local. Si leur grand nombre ne le permet pas, ils reposeront par dix ou par vingt avec leurs anciens, qui veilleront sur eux.

4. Une lampe brûlera continuellement dans cette pièce jusqu'au matin.

5. Ils dormiront vêtus et ceints de ceintures ou de cordes, pour ne pas avoir de couteaux à leur côté pendant qu'ils dorment, de peur qu’ils ne blessent le dormeur pendant son sommeil,

6. et pour que les moines soient toujours prêts et que, quand on donne le signal, ils se lèvent sans attendre et se hâtent de se devancer à l'œuvre de Dieu, mais en toute gravité et retenue.

7. Les frères encore adolescents n'auront pas leurs lits les uns près des autres, mais mêlés aux anciens.

8. En se levant pour l'œuvre de Dieu, ils s'exhorteront mutuellement avec retenue, à cause des excuses des somnolents.

Commentaire :

Il ne faut pas s'étonner de trouver dans la Règle un chapitre sur le

sommeil des moines. Pour St Benoit, il n'y a pas d'un côté la vie, et de

l'autre la spiritualité. Ces deux dimensions de l'être humain sont liées. Il

ne peut parler de la vie intérieure qu'à travers le quotidien. C'est dans

notre vie d'aujourd'hui que commence l'aventure, notre rencontre avec

Dieu.

Ce chapitre nous remet devant l'intuition fondamentale de St Benoit:

Pour lui, Dieu a créé l'homme comme un être unifié. Le péché a détruit

l'unité de l'homme. Il a fait de nous des êtres divisés. Le chemin de la

vie monastique est un chemin de retour à cette unité. En s'incarnant,

Christ a fait de notre chair le chemin du retour à Dieu. Il a fait de notre

existence humaine, avec toutes ses activités, le chemin spirituel. Tout,

dans notre vie, peut devenir le lieu de la rencontre avec Dieu. Tout est

devenu le lieu où Dieu peut venir à notre rencontre, si nous sommes

présents à ce que nous faisons. Même les choses les plus humbles et les

plus communes.

A propos du sommeil, St Benoit souligne deux points qui se retrouvent

tout au long de la Règle: Le moine veut être toujours prêt. Il veut se

hâter pour le service de Dieu. Nous retrouvons ces deux traits dans

beaucoup de passages de la Règle. Par exemple à propos de

l'obéissance, qui doit être sans délai, ou lorsque la cloche sonne pour

l'Office, alors que le frère est occupé.

Etre prêt, et être empressé: c'est l'attitude intérieure que nous devons

cultiver. Ce n'est pas du tout être tendu, stressé: cela tournerait vite

mal! Mais tout au long de nos journées, il s'agit de choisir Dieu. A

travers les mille et un petits choix qu'il nous est donné de faire. Choisir

Dieu, cela ne se fait pas une fois pour toutes. Cela se fait à chaque

instant. Et ce n'est pas forcément choisir ce qui est le plus difficile, le

plus désagréable. Non, au contraire, choisir Dieu, c'est choisir d'aimer.

Parce que Lui nous aime en premier. C'est saisir son regard, sa main

tendue, son invitation secrète, dans les choses simples de la journée.

C'est se tenir prêt à dire oui, maintenant. C'est guetter le souffle léger

de l'Esprit Saint. Choisir Dieu, c'est oser se demander pourquoi nous

sommes venus ici ! - 7 mars 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 21 v 01-07 Des doyens du monastère écrit le 25 février 2017
Verset(s) :

1. Si la communauté est nombreuse, on choisira parmi eux des frères de bonne réputation et de sainte vie, et on les nommera doyens,

2. pour qu'ils veillent sur leurs décanies en tout selon les commandements de Dieu et les ordres de leur abbé.

3. Ces doyens seront choisis de telle manière que l'abbé puisse, en sécurité, partager avec eux son fardeau.

4. Et on ne les choisira pas en suivant l'ordre d'ancienneté, mais d'après le mérite de leur vie et la sagesse de leurs enseignements.

5. Ces doyens, si l'un d'eux, venant à s'enfler de quelque orgueil, se montre répréhensible, et si après avoir été repris une, deux, trois fois, il refuse de se corriger, on le destituera

6. et on mettra à sa place quelqu'un qui en soit digne.

7. Pour le prévôt aussi, nous prescrivons de faire de même.

Commentaire :

Ce chapitre tombe à propos. En effet, nous arrivons au terme des trois ans de mandat

de l'actuel conseil, qui coïncide avec le départ du f. Guillaume pour Chauveroche. Il nous

faudra donc procéder au renouvellement du conseil, dans le courant mars. Si le conseil actuel

ne recouvre pas exactement la réalité de ce que présente St Benoit, il reste ce lieu où « l'Abbé

peut en sécurité, partager avec les doyens sonfardeau ». St Benoit assignait aux doyens une

tâche qui s'apparente en partie à celle de nos responsables de groupe, la décanie ...

Aujourd'hui, plusieurs responsables de groupe sont doyens, mais les fonctions sont

distinguées. Le conseil des doyens est un lieu d'écoute de la vie de la communauté à travers

le regard et le ressenti partagés par chacun des doyens. En quelque sorte, il est une caisse de

résonnance. Il est aussi un espace de discernement pour les petites comme pour les grandes

décisions. Certaines décisions seront prises en conseil (comme l'admission d'un postulant au

noviciat, ou comme une longue absence qui ne dépasse pas un an), d'autres prépareront les

décisions gui reviennent aux chapitres conventuels (comme l'admission d'un frère à la

profession temporaire et solennelle), et enfin un certain nombre de décisions sont mûries

ensemble avant d'être laissées au discernement de l'abbé. Le compte rendu que je fais

maintenant après chaque conseil se fait l'écho de ces différents types de décisions déjà prises

ou encore à mûrir. Je mesure combien cette réflexion commune est porteuse de lumière en

vue d'une meilleure intelligence des questions. Nous sommes toujours plus intelligents à

plusieurs. Al' écoute du vécu communautaire ainsi que des appels quotidiens, nous cherchons

ensemble à demeurer fidèles à ce que le Seigneur désire pour nous au sein de l'Eglise et du

monde. Quand ce discernement se vit sans crispation, quand chacun essaie de dire son point

de vue sans chercher à l'imposer, l'expérience montre que nous arrivons toujours à faire une

avancée, même sur des questions complexes. Le conseil n'a pas pour but de tout résoudre,

mais d'ouvrir des chemins sur lesquels la communauté pourra prendre sa part en fidélité à sa

vocation monastique.

La question s'est posée: faut-il avoir moins de conseillers puisque nous sommes

moins nombreux? J'ai plutôt entendu la réponse négative, avec cet argument que le conseil,

et donc l'abbé, bénéficie certainement d'avoir un bon nombre de conseillers qui

représenteront mieux les diverses sensibilités. Cela peut permettre aussi à plus de frères de

faire, de plus près, l'expérience du gouvernement de la communauté. Je propose donc que 3

frères soient élus et 2 nommés, en plus du Prieur et du Cellérier commis d'office. - 25 février 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 20 v 01-05 De la révérence dans l'oraison écrit le 24 février 2017
Verset(s) :

1. Si, lorsque nous voulons présenter quelque requête aux hommes puissants, nous n'osons le faire qu'avec humilité et révérence,

2. combien plus devons-nous supplier le Seigneur Dieu de l'univers en toute humilité et très pure dévotion !

3. Et ce n'est pas par l'abondance des paroles, mais par la pureté du cœur et les larmes de la componction que nous serons exaucés, sachons-le bien.

4. Aussi l'oraison doit-elle être brève et pure, à moins qu'elle ne vienne à se prolonger sous l'effet d'un sentiment inspiré par la grâce divine.

5. En communauté, cependant, le temps de l'oraison sera tout à fait bref, et dès que le supérieur aura donné le signal, on se lèvera tous ensemble.

Commentaire :

Comment parler à Dieu avec justesse et vérité? Comment le toucher dans nos

prières? Telles pourraient être les questions sous-jacentes à ce petit chapitre ... Benoit nous

laisse des mots importants, chargés de l'expérience héritée, à travers Cassien, des moines

d'Egypte. Les mots « humilité, pureté du cœur, larmes de componction» veulent nous aider à

trouver l'attitude juste vis-à-vis de nous-mêmes, quant à « révérence », ce mot peut nous

introduire pour nous tenir en présence de Dieu, en toute adoration ...

Je les reprends. Pour parler à Dieu avec justesse et vérité, il nous faut apprendre à être

vis-à-vis de nous-mêmes dans une juste attitude. Acceptons de reconnaitre que c'est un labeur

et un chantier toujours à reprendre. Prier en vérité est inséparable d'une juste attention à soi-

même. Si je suis hors de moi-même et si je me fuis face aux difficultés ou aux obstacles, si je

laisse dans l'ombre une partie de moi-même, je risque de passer à côté de la vraie prière ... Ici

le mot humilitéindique le chemin à creuser: humilité comme reconnaissance de notre être

profond. En mots modernes, on pourrait traduire: « si je me la joue devant Dieu, je ne la fais

pas! ». Quand St Benoit parle des larmes de la componction,il vise une attitude autant

cherchée que reçue gratuitement comme une grâce. Cette grâce mouille les yeux et attendrit le

cœur qui se tient plus simplement devant Dieu, sans masque ni faux-semblants. Entre les

mains du potier, il peut reconnaitre sa misère et son péché, avec la confiance d'être toujours

relevé. Devant notre Père des Cieux qui nous a créés et qui nous aime tel que nous sommes,

nous n'avons pas àjouer de personnage. Avec la pureté du cœur, dans la ligne de Cassien,

Benoit nous engage à nous tenir en présence de Dieu, comme en présence de nos frères, avec

amour. Cet amour, cette charité illumine toujours plus nos sentiments, nos choix et nos

réactions. Elle libère notre cœur de ses entraves, pour aimer davantage Dieu et les frères, à

l'heure de la prière.

Le mot « révérence»nous fait introduit dans cette attitude, entrevue hier à propos de

la crainte. Devant Dieu, Moïse ôtait ses sandales. Devant Dieu, nous apprenons à nous tourner

avec révérence et respect afin d'honorer le Seigneur, Dieu de l'univers, Dieu de toute création

comme disait St Polycarpe. Infime élément de cette création, nous balbutions devant notre

Père de qui nous tenons le souffle. Avec respect et amour, nous nous tournons vers Lui dans

cette confiance filiale que nous a apprise Jésus, son Fils, notre Dieu et notre frère. Dans

l'humilité et la pureté du cœur, notre révérence trouve peu à peu les chemins de la justesse. - 24 février 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapître 19 v 1-6 De la tenue quand on psalmodie écrit le 23 février 2017
Verset(s) :

1. Nous croyons que la divine présence est partout et que « les yeux du Seigneur regardent en tout lieu les bons et les méchants. »

2. Cependant, c'est surtout quand nous assistons à l'office divin que nous devons le croire sans le moindre doute.

3. Aussi rappelons-nous toujours ce que dit le prophète : « Servez le Seigneur dans la crainte » ;

4. et encore : « Psalmodiez sagement » ;

5. et : « En présence des anges je psalmodierai pour toi. »

6. Considérons donc comment il nous faut être en présence de la divinité et de ses anges,

Commentaire :

Ce petit chapitre de Benoit regarde en face une difficulté que nous rencontrons tous: il

n'est pas aisé de psalmodier et de rester présent à ce qu'on chante. Combien de fois, nous

surprenons-nous à dire les mots du psaume alors que notre esprit vagabonde ailleurs. La

difficulté est peut-être même supérieure à ce qui se passe durant l'oraison. Cette dernière est

un exercice où nous pouvons centrer l'objet de notre attention: sur un mot ou un verset

d'Ecriture répété, sur une image ou une scène d'évangile contemplée, sur la personne du

Christ cherché et aimé ... Au contraire, la psalmodie nous entraine à chanter successivement

des mots appartenant à des registres très divers: la louange, la supplication, ou l'imprécation

contre un ennemi. Ces mots sont parfois chargés d'émotions qui peuvent susciter des

imaginations, voire des répulsions, ou de l'ennui: on ne se sent pas concerné ... Quels

conseils,Benoit, nous laisse-t-il ? Il nous invite à prendre de la hauteur: à revenir à Dieu, ne

nous regarder nous, mais le regarder Lui auquel s'adresse notre prière. Pour cela, je retiens 4

mots de ce chapitre qui peuvent nous servir de guide: croire, crainte, sagement, anges.

Croire:notre prière est toujours un acte de foi. En venant à la prière, nous disons à Dieu, pas

seulement avec des mots, mais avec tout notre être qui est là, je crois en toi qui est présent, je

viens pour chanter ta gloire car tu es mon Dieu. Le mot « crainte» : en venant à l'office,

cultivons la crainte de Dieu, c'est-à-dire le désir de ne pas manquer Dieu, comme disait Sr

Anne, le désir de ne pas être en deçà de la grâce qu'il me fait de pouvoir me tenir en sa

présence. Aussi pouvons-nous demander plus en vérité: « viens à mon aide afin que durant ce

temps de prière je ne passe pas à côté de ton amour ». Le mot « sagement»nous invite à

exercer notre intelligence lorsque nous prions. C'est ainsi que nous pouvons nous aider de

petits repères pour fixer notre attention durant la psalmodie : s'émerveiller du fait de pouvoir

s'adresser à Dieu, de lui dire « tu », ou bien laisser un mot, une phrase être éclairée par la vie

du Christ, ou bien avec une parole d'imprécation s'unir à telle situation vécue aujourd'hui par

des chrétiens persécutés etc ... Le mot « anges»nous invite à prendre plus de hauteur encore,

en considérant que notre prière s'associe à toutes les voix célestes qui chantent la gloire de

Dieu. Notre prière unie à celle de l'Eglise terrestre, au nom de toute l'humanité qui cherche,

est assurée du soutien de la compagnie des anges et des saints qui voient la face de Dieu ...

Foi en la présence de Dieu et en la présence angélique, crainte de manquer Dieu, sagesse pour

demeurer attentif ... voilà quelques repères qui peuvent nous aider à «faire en sorte que notre

esprit concorde avec notre voix... » - 23 février 2017