vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 46 v 1-6 De ceux qui commettent des manquements en n'importe quelle autre chose. écrit le 08 juin 2017
Verset(s) :

1. Si quelqu'un, en travaillant à n'importe quel travail, à la cuisine, au cellier, au service, au pétrin, au jardin, à quelque métier, ou n'importe où, commet quelque manquement

2. ou brise ou perd quoi que ce soit ou tombe dans quelque autre faute où que ce soit,

3. et ne vient pas de lui-même aussitôt faire satisfaction spontanément devant l'abbé et la communauté et avouer son manquement,

4. si on l'apprend par un autre, il sera soumis à une pénitence plus sévère.

5. Mais s'il s'agit d'un péché de l'âme dont la matière est restée cachée, il le découvrira seulement à l'abbé ou à des anciens spirituels,

6. qui sachent soigner leurs propres blessures et celles des autres, sans les dévoiler et les publier.

Commentaire :



Dans ce chapitre, Benoit distingue les manquements plus extérieurs, des péchés de

l'âme plus cachés. Des premiers, il prévoie que l'on s'en ouvrira à l'abbé et la communauté,

et des seconds qu'on s'en ouvrira à l'abbé ou à l'ancien spirituel. Est sous-entendu qu'il n'est

pas possible qu'une faute ne soit pas mise au jour par l'intéressé lui-même ... Comment

comprendre cette nécessité de dévoiler une faute? Benoit ne l'explicite pas. Mais il laisse

entendre deux raisons, l'une plus communautaire, l'autre plus personnelle. La première

regarde le lien de la confiance entre frères. Une vie de communauté ne repose que sur la

confiance mutuelle. Si quelque chose est cassé, ou abimé, ou disparait sans que le frère qui en

est l'auteur ne le signale, un malaise s'introduit. Peut-être des suspicions. Ce qui blesse le plus

le corps communautaire, ce n'est pas qu'une chose ait été cassée ou détériorée, mais qu'on

fasse comme si rien ne s'était passé. Quelque chose s'est passé qui perturbe plus ou moins la

vie quotidienne. Il faut le reconnaitre, si l'on veut poursuivre en paix le chemin commun dans

la confiance. Reconnaitre un manquement, en parler, par ex au chapitre des coulpes, est le

moyen naturel de réparer le lien de la confiance. Certes on ne pourra peut-être pas réparer la

chose elle-même, il faudra peut-être y renoncer à tout jamais. Mais le lien de la confiance lui a

besoin d'être retissé sans tarder. Par cet aveu d'un manquement, le frère exprime sa confiance

que la communauté peut lui pardonner. Et en retour, la communauté se sent respectée dans sa

vie ordinaire et dans son fonctionnement habituel. Ne négligeons donc pas nos chapitres des

coulpes, ainsi que les célébrations pénitentielles. Ils sont de modestes, mais de précieux lieux

où se retisse le lien de la confiance mutuelle.

Pourquoi encore dévoiler une faute? Benoit suggère une seconde raison plus

personnelle, à propos des péchés de l'âme, quand il parle de l'ancien qui sait soigner les

blessures des autres. Oui, nos péchés, nos fautes nous blessent en notre dignité de fils de Dieu

et de frères des hommes. Là encore, faire comme si rien ne s'était passé, c'est fragiliser la

relation de confiance, et avec soi-même et avec Dieu. Avec soi-même, on introduit une sorte

de duplicité, on se ment à soi-même en oubliant que le péché nous défigure et nous paralyse.

Avec Dieu, on introduit une mise à distance, en oubliant qu'il est un Père qui aime les

pécheurs que nous sommes parce qu'il n'a d'autre désir que de les sauver. Sachons faire

usage du sacrement de réconciliation en dehors de nos célébrations communautaires, afin de

nourrir et fortifier notre relation filiale avec notre Père des Cieux.

8 juin 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 45 v 1-3 De ceux qui se trompent à l'oratoire. écrit le 07 juin 2017
Verset(s) :

1. Si quelqu'un se trompe en récitant un psaume, un répons, une antienne ou une leçon, et s'il ne s'humilie pas sur place et devant tous par une satisfaction, il subira une punition plus sévère,

2. pour n'avoir pas voulu réparer par l'humilité le manquement qu'il avait commis par négligence.

3. Quant aux enfants, pour une faute de ce genre ils seront battus.

Commentaire :

« Réparer par l 'humilité le manquement ... »Pour comprendre cette particulière

attention de Benoît, concernant l'office, il faut se souvenir du chapitre 19 et 20 où il parle de

la Présence divine surtout présente durant la prière des heures. Il rappelle à ses moines

« comment il faut être en présence de la divinité et de ses anges, faisant en sorte que notre

esprit s'accorde avec notre voix ...» (RB 1 ç, 6-7) Benoît a une haute idée de la présence

divine .. à laquelle nous pouvons communier par la prière et par notre présence active à

l'office ...

En demandant ce matin de réparer le manquement survenu dans le chant par des

fautes, des oublis, ou toute autre négligence, Benoît veut nous ramener avant tout à cette

conscience de la présence divine durant l'office. Il veut aiguiser notre délicatesse de cœur en

nous mettant en garde contre l 'habitude et la médiocrité ... En présence de Dieu, il ne devrait

y avoir que beauté, don de soi et application de soi. Mais nous ne sommes pas toujours à la

hauteur de cette vision de foi.L'office se passe parfois à des pensées plus ou moins

encombrantes par lesquelles on poursuit ce qu'on faisait précédemment ou par lesquelles on

anticipe ce qui va venir. Au lieu de nous laisser soulever par la vision de foi en Dieu présent

en ce moment, nous sommes plaqués au sol par des pensées, qui se révèlent après coup le plus

souvent inutiles ... C'est notre combat, et pas des moindres, que de nous tourner toujours plus

en profondeur vers notre Dieu au moment de l'office. Je pense à trois choses qui peuvent nous

y aider la 1 ère est de mettre à profit les minutes qui précèdent l'office pour nous préparer, pour

demander la grâce d'être là et de mieux reconnaître notre Dieu qui vient, qui est là dans notre

prière. « Dieu vient à mon aide» La 2ème est de repérer ces moments où l'on goûte vraiment

un Psaume, ou la Parole entendue afin de mieux l'accueillir d'autre fois. La 3ème est

d'apprendre à discerner dans nos pensées celles qui ne sont que d'inlassables répétitions. Elles

nous entraînent toujours dans les mêmes dédales, les mêmes impasses, il vaut mieux couper

court ... Et il peut y avoir des pensées bonnes et utiles. Celles-là les confions-les à l'Esprit

Saint qui saura nous en faire souvenir plus tard, afin de demeurer présent d'esprit et de cœur à

notre office à l'accueil de la Rencontre ici et maintenant. 7 juin 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 44 v 1-9 De ceux qui sont excommuniés, comment ils satisferont. écrit le 06 juin 2017
Verset(s) :

1. Celui qui est excommunié pour faute grave de l'oratoire et de la table, au moment où l'on achève de célébrer l'œuvre de Dieu à l'oratoire, se prosternera devant la porte de l'oratoire et demeurera ainsi sans rien dire,

2. mais seulement la tête contre terre, couché sur le ventre aux pieds de tous ceux qui sortent de l'oratoire.

3. Et il fera ainsi jusqu'à ce que l'abbé juge qu'il a donné satisfaction.

4. Quand, sur l'ordre de l'abbé, il viendra, il se jettera aux pieds de l'abbé, puis de tous, afin que l'on prie pour lui.

5. Et alors, si l'abbé l'ordonne, on l'admettra au chœur, à la place que l'abbé aura décidée,

6. mais sans qu'il ait le droit d'imposer à l'oratoire un psaume, une leçon ou autre chose, si l'abbé à nouveau ne lui en donne l'ordre.

7. Et à toutes les heures, lorsque s'achève l'œuvre de Dieu, il se jettera à terre à l'endroit où il se tient,

8. et il fera ainsi satisfaction jusqu'à ce que l'abbé à nouveau lui ordonne de mettre fin à cette satisfaction.

9. Quant à ceux qui, pour des fautes légères, sont excommuniés seulement de la table, ils satisferont à l'oratoire jusqu'à un ordre de l'abbé.

Commentaire :

Nous venons de quitter le temps fort et joyeux de Pâques, pour entrer dans le temps

ordinaire. Après avoir célébré et accueilli, la présence du Ressuscité et son salut offert, vivre

le temps ordinaire, c'est traverser le temps selon l'ordre voulu par le Christ: une vie

chrétienne menée sous la conduite de l'Esprit. La vie monastique est des modalités de la vie

chrétienne. Sa particularité est de désirer vivre le quotidien en lui donnant un soin tout

particulier: celui d'une écoute qui voudrait être de tous les instants. Ecoute du Seigneur en sa

Parole, dans la liturgie, la lectio, mais aussi au secret du cœur. Ecoute du Seigneur à travers

les frères qui, sur le chemin, tantôt apportent un soutien, tantôt demandent de l'aide. Ecoute

du Seigneur à travers les évènements, petits ou grands par lesquels il nous fait signe. Soigner

notre qualité d'écoute est toujours exigeant, et sans cesse à reprendre. Personne d'entre nous

ne peut dire qu'il sait écouter. Si nous sommes un peu conscients de nous-mêmes, nous

pouvons mesurer combien nous pouvons parfois être sourds, ou bien trop occupés de nous-

mêmes pour donner toute leur place à Dieu et à nos frères. Parfois même, il peut arriver que

nous nous butions, et nous enfermions dans notre prétendu « bon droit». C'est à une telle

situation que ce chapitre fait allusion, le cas d'un frère qui a commis une faute grave, souvent

liée à un entêtement ou endurcissement. Benoit prévoie une sorte de rituel de mise à distance,

avec attitude d'humilité (prosternation ) jusqu'à ce que l'abbé estime que le frère a assez

témoigné de son désir de conversion Dans notre vie, c'est l'humilité qui est le meilleur

moyen de réparer une faute, un manquement: humilité en reconnaissant son erreur, humilité

en demandant pardon, humilité en s'effaçant avec délicatesse sans chercher à vouloir avoir

toujours raison ... Concernant des manquements légers comme les retards à l'église ou au

repas, notre pratique est modeste. Je la rappelle: quand on arrive à l'église, au moment ou

après les tintements du début, on reste près de la porte jusqu'à la fin du verset d'ouverture,

alléluia compris ... Puis on regagne sa place. De même au repas, si on arrive pendant ou après

le chant et la prière d'ouverture, on attend près de la porte pendant la lecture du martyrologe

jusqu'au signal du gong où l'on commence à manger, on peut alors regagner une place ... Ces

moyens très modestes veulent nous rappeler que nos retards gênent le corps communautaire ...

et qu'il nous faut être plus attentif à ne pas trainer avant l'office ou le repas ... 6 juin 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43 v 13-19 De ceux qui arrivent en retard à l'œuvre de Dieu ou à table. écrit le 03 juin 2017
Verset(s) :

13. A table, celui qui ne sera pas arrivé pour le verset, en sorte que tous disent ensemble ce verset, fassent l'oraison et se mettent tous à table au même moment,

14. celui qui ne sera pas arrivé par suite de sa négligence ou d'une faute, on le reprendra pour cela jusqu'à deux fois.

15. Si ensuite il ne s'amende pas, on ne lui permettra pas de partager la table commune,

16. mais on le séparera de la compagnie de tous et il prendra son repas seul, avec privation de sa ration de vin, jusqu'à satisfaction et amendement.

17. Même sanction pour celui qui ne sera pas présent au verset que l'on dit après avoir mangé.

18. Et que personne ne se permette de prendre à part aucun aliment ou boisson avant l'heure prescrite ou après.

19. De plus, si le supérieur offre quelque chose à tel ou tel, et que celui-ci refuse de le prendre, quand il désirera ce qu'il a d'abord refusé ou autre chose, il ne recevra absolument rien jusqu'à ce qu'il s'amende comme il faut.

Commentaire :

Il y a quelques jours, je rappelai l'importance de s'attendre durant le repas, avant de

passer à un autre plat. Je remercie les frères qui y sont plus attentifs, et j 'invite encore les

autres à y penser. Cela peut paraître un détail, mais en fait il touche un point sensible de notre

vie commune. Ce chapitre sur le repas, permet bien d'en mesurer l'enjeu: il s'agit de la

qualité de notre communion fraternelle. Sommes-nous seulement des individus les uns à côtés

des autres qui ne s'occupent que de leur assiette, arrivent et partent quand ils veulent? Ou

bien voulons-nous faire de ce moment de repas commun, un vrai moment de communion

fraternelle où l'attention mutuelle trouve occasion à s'exercer concrètement? St Benoit insiste

ici sur le début du repas: il s'agit que tous soient là pour le chant du début, prient ensemble et

se mettent à table ensemble. Le mot « tous», « omnes », revient à plusieurs reprises. Notre

corps communautaire se construit à travers beaucoup de détails de la vie quotidienne. Prendre

soin de ces détails, c'est prendre soin du corps communautaire. Si je suis négligent, le corps

communautaire souffre car le membre que je suis, manque, ou bien fait malles choses, ou

encore semble avoir d'autres intérêts. Chacun de nous est nécessaire à la vie de la

communauté et lui apporte une part précieuse. Et sans qu'on s'en rende compte, la

communauté nous offre en retour un bien inestimable, celui d'être plus pleinement nous-

mêmes, parce que davantage fraternel. Notre mentalité de plus en plus individualiste doit faire

davantage d'effort pour entrer dans un faire commun. Il nous faut peut-être plus de travail

intérieur pour réaliser quelle chance constitue une vie en communauté. C'est le paradoxe de

notre vie en société au XXIo, en occident: nous sommes de plus en plus jaloux de notre

liberté, pensée comme indépendance, et nous souffrons de plus en plus de solitude ... La vie

communautaire vient nous redire ce bien très nécessaire de la dépendance mutuelle: non pas

une dépendance servile, mais une dépendance dans la charité. Si nous nous attendons avant de

passer au plat suivant, c'est pour honorer nos voisins, et du même coup sortir d'un certain

nombrilisme. Si nous commençons tous ensemble le repas par la prière, c'est pour nous

accueillir mutuellement comme des frères sous le regard d'un même Père. Manquer cela nous

renvoie à une solitude esseulée loin de la vraie vie. Celle-ci est échange, communion,

solidarité. Rendons-grâce d'avoir été appelés à la vie communautaire. - 3 juin 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 43 v 1-12 De ceux qui arrivent en retard à l'œuvre de Dieu ou à table. écrit le 01 juin 2017
Verset(s) :

1. A l'heure de l'office divin, dès qu'on aura entendu le signal, on laissera tout ce qu'on avait en main et l'on accourra en toute hâte,

2. mais avec sérieux, pour ne pas donner matière à la dissipation.

3. Donc on ne préférera rien à l'œuvre de Dieu.

4. Celui qui, aux vigiles nocturnes, arrivera après le gloria du psaume quatre-vingt-quatorze, – que nous voulons qu'on dise, pour cette raison, à une allure tout à fait traînante et lente, – celui-là ne se tiendra pas à sa place au chœur,

5. mais il se tiendra le dernier de tous ou à l'endroit séparé que l'abbé aura assigné aux négligents de son espèce pour qu'ils soient vus de lui et de tous,

6. jusqu'à ce que, l'œuvre de Dieu achevée, il fasse pénitence par une satisfaction publique.

7. Or si nous avons décidé qu'ils devaient se tenir au dernier rang ou à part, c'est pour qu'ils soient vus de tous et qu'ils se corrigent au moins sous l'effet de la honte.

8. Si d'ailleurs ils restent hors de l'oratoire, il s'en trouvera peut-être un qui se recouchera et dormira ou qui s'assiéra dehors à l'écart, passera son temps à bavarder et donnera occasion au malin.

9. Mieux vaut qu'ils entrent au dedans, de façon à ne pas tout perdre et à se corriger à l'avenir.

10. Aux heures du jour, celui qui n'arrivera pas à l'œuvre de Dieu après le verset et le gloria du premier psaume qu'on dit après le verset, ceux-là, suivant la loi que nous avons dite plus haut, se tiendront au dernier rang,

11. et ils ne se permettront pas de se joindre au chœur de ceux qui psalmodient, jusqu'à ce qu'ils aient satisfait, à moins que l'abbé n'en donne permission en accordant son pardon,

12. non sans que le coupable fasse satisfaction, cependant.

Commentaire :

« Donc on ne préfèrera rien à l 'œuvre de Dieu ». Peut-être allez-vous me dire, mais

pourquoi commenter encore pour la énième fois, cette phrase ... Nous la connaissons ... Oui,

et en même temps, sommes-nous assurés d'être complètement quittes vis-à-vis de son

exigence? Au cœur notre quotidien, elle replace nos vies sous l 'horizon de Dieu. Allons-nous

vivre selon le rythme imprimé par le travail et les repas ou bien allons-nous vivre selon le

rythme de la prière des heures? Entre les deux rythmes, il y a une réelle tension que la vie

moderne a tendance parfois à exacerber. Je pense aux prêtres qui sont censés prier la prière

des heures, mais dont le ministère en rend souvent difficile la réalisation. Nous, moines, nous

sommes privilégiés par le cadre du monastère qui instaure la prière des heures à la première

place de nos activités. En même temps, nous pouvons sentir la tension, voire la pression

exercée par le travail et les diverses activités.

Accepter de nous tenir sous l'exigence de Benoit, « on ne préjèrera rien à l'œuvre de

Dieu », c'est moins obéir à une loi, qu'entrer dans une préférence qui peu à peu occupe tout le

cœur. Il est heureux que Benoit nous invite à une préférence et pas seulement à l'observation

d'un règlement. En effet, intégrer en profondeur le rythme des offices pour qu'il devienne

vraiment notre tempo, celui qui structure tout notre être, demande du temps. Notre réflexe le

plus immédiat est de vouloir maitriser notre temps, de l'optimiser, de gagner du temps car

nous savons qu'il est court. La prière des heures vient nous sortir de cette logique-là pour

nous faire entrer dans la vision d'un temps offert et unifié sous le regard de Dieu. En

acceptant de perdre du temps pour Dieu, de passer entre 3 à 4 heures à l'église pour le

chanter, nous entrons dans la vraie dimension du temps qui passe. Celui-ci n'est plus cette

course contre la mort, course de toute façon perdue à l'avance. Mais il devient l'espace d'une

communion avec Celui de qui nous venons et vers qui nous allons. De rendez-vous de prière

en rendez-vous de prière, croit cette communion avec Dieu, à mesure que décroit notre

prétention à tout maitriser. Chaque cloche qui sonne nous appelle à laisser ce que n'avons pas

fini dans les mains de Dieu. Lui, le Maitre du temps, fera en sorte que cela ne soit pas perdu,

comme l'expérience nous le montre souvent. Notre travail avancera peut-être moins vite, mais

nous en sortirons grandis. Grandi, car notre être profond s'unifiera en Dieu, pour goûter une

paix et une joie plus profonde que l'immédiate satisfaction d'avoir achevé un travail. - 1° juin 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 42 v 1-10 Que personne ne parle après complies. écrit le 31 mai 2017
Verset(s) :

1. En tout temps les moines doivent cultiver le silence, mais surtout aux heures de la nuit.

2. Aussi en tout temps, qu'il y ait jeûne ou déjeuner, –

3. si c'est un temps où l'on déjeune, dès qu'ils se seront levés du souper, tous s'assiéront ensemble et quelqu'un lira les Conférences ou les Vies des Pères ou autre chose qui édifie les auditeurs,

4. mais pas l'Heptateuque ou les Rois, parce que ce ne serait pas bon pour les intelligences faibles d'entendre cette partie de l'Écriture à ce moment-là ; on les lira à d'autres moments.

5. Si c'est un jour de jeûne, une fois les vêpres dites, après un petit intervalle on passera à la lecture des Conférences, comme nous l'avons dit ;

6. on lira quatre ou cinq feuillets ou autant que l'heure le permettra,

7. tandis que tous se rassemblent grâce à ce délai de la lecture, si l'un ou l'autre était pris par une fonction à lui confiée, –

8. donc une fois que tous seront réunis, ils célébreront complies, et en sortant des complies, on n'aura plus désormais la permission de dire quelque chose à quiconque, –

9. si quelqu'un est pris à transgresser cette règle du silence, il subira un châtiment sévère, ;-

10. sauf s'il survient une nécessité du fait des hôtes ou que l'abbé vienne à commander quelque chose à quelqu'un.

Commentaire :

« En tout temps, les moines doivent cultiver le silence, mais surtout aux heures de la

nuit » ... Un des deux jeunes lycéens venus dernièrement à Pâques me disait qu'il ne lui avait

pas été facile de vivre le silence à son arrivée au monastère. Le silence peut faire peur, comme

en témoignent aussi nos hôtes à qui est demandé de prendre le repas du soir sans parler. Le

silence peut donner l'impression d'un isolement, ou encore qu'on néglige la relation avec

ceux qui nous entourent.

En réalité, le silence est un beau cadeau que nous pouvons nous faire les uns aux

autres. Silence des lèvres, silence des yeux, silence des gestes. Par ce silence, nous nous

témoignons une réelle charité: celle de préserver pour soi-même et aussi pour l'autre l'espace

d'intimité avec le Seigneur. Le Christ est là dans notre cœur. Le silence nous apprend à

revenir à notre cœur qui est si prompt parfois à aller courir à l'extérieur ... Pour chercher

quoi? Le soutien d'un regard, l'appui d'une reconnaissance, un encouragement, parfois du

divertissement, ou encore une sorte de fuite dans l'oubli ... Au contraire, le silence permet de

se reposer en soi, en Dieu, avec soi, avec Dieu. Je voudrais inviter chacun à repérer dans son

quotidien, ces instants privilégiés où il goûte quelque chose de ce repos: les minutes qui

précèdent le début de l'office, le déplacement vers l'église, la prière de None en solitaire, le

temps du soir avant le coucher. .. Ne laissons pas une certaine agitation nous imposer son

rythme, comme si nous étions toujours à la traîne de quelque chose, conduits à notre insu.

Ici, le silence de la nuit a une place particulière. Il nous offre un rendez-vous privilégié

avec le Seigneur. Ce silence nous entraine plus loin dans le lâcher prise vis-à-vis des tâches

quotidiennes. Tout notre être peut respirer autrement, plus profondément. Le silence de la nuit

s'offre à nous pour écouter et recevoir notre vie de manière nouvelle, à travers le repos, mais

aussi à travers la prière, ou certaines lectures choisies. Temps de la passivité recréatrice au

regard du temps diurne souvent très actif et réactif. Le silence de la nuit se présente comme un

allié sûr pour consentir à nous remettre dans les mains de Dieu, à la manière d'un enfant.

Consentir à entrer dans la confiance. « Dans la paix moi aussi, je me couche et je dors, car tu

me donnes d'habiter, Seigneur, seul, dans la confiance» dit le Ps 4 aux Complies du

dimanche. Oui, soyons heureux du silence qui habite notre maison de jour et de nuit.

Préservons-le. Avec lui, nous entretenons notre capacité à respirer plus profondément, dans la

confiance et l'espérance. 31 mai 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 41 v 1-9 A quelle heure doit-on prendre le repas? écrit le 30 mai 2017
Verset(s) :

1. De la sainte Pâque à la Pentecôte, les frères prendront leur repas à sexte et souperont le soir.

2. À partir de la Pentecôte, pendant tout l'été, si les moines n'ont pas de travaux agricoles et que les ardeurs excessives de l'été ne les incommodent pas, ils jeûneront jusqu'à none les mercredis et vendredis.

3. Les autres jours ils déjeuneront à sexte.

4. S'ils ont du travail aux champs ou si la chaleur de l'été est excessive, il faudra maintenir le déjeuner à sexte, et ce sera à l'abbé d'y pourvoir.

5. Et il équilibrera et réglera toute chose en sorte que les âmes se sauvent et que les frères fassent ce qu'ils font sans murmure fondé.

6. Des Ides de septembre au début du carême, le repas sera toujours à none.

7. En carême, jusqu'à Pâques, le repas sera à vêpres.

8. Cependant les vêpres seront célébrées de telle façon que l'on n'ait pas besoin au repas de la lueur d'une lampe, mais que tout s'achève à la lumière du jour.

9. Et de même en tout temps, l'heure du souper ou du repas sera suffisamment tôt pour que tout se fasse à la lumière.

Commentaire :

Dimanche, nous entendions un article sur le début du Ramadan qui est le mois de

jeûne des musulmans. Cette pratique du jeûne consiste à s'abstenir de manger et de boire

pendant la journée pour ne manger et boire que le soir. Ce sera alors un moment de fête et de

retrouvaille familiale. Je me souviens avoir voyagé en avion à côté d'un musulman d'origine

tunisienne qui avait attendu soigneusement le coucher du soleil pour prendre son repas. En

parlant avec lui, j'avais mesuré tout le sérieux qu'il mettait à vivre cette pratique, en gardant

une certaine sobriété dans son alimentation. Cette pratique musulmane encore actuelle puise

ses origines dans les pratiques anciennes dont la tradition monastique se fait l'écho. Michaela

Puzicha affirme dans son commentaire de la RB que la pratique monastique latine qui

consiste à prendre son repas habituellement à None, vers 15h00 de l'après-midi était en fait un

allègement au regard de la tradition antique. Dans « celle-ci, seule une légère collation était

prévue après le coucher du soleil» (Commentaire de la Règle de St Benoit, trad. Christine

Conrath, Ed du Net, p 39). Les musulmans sont aujourd'hui en bonne part, les témoins de ces

traditions antiques où jeûner, consiste avant tout à retarder l'heure du repas jusqu'après le

coucher du soleil. Le soleil en son lever et en son coucher délimite ainsi la période de jeûne.

Si St Benoit organise aussi les heures du repas en fonction d'heures assez précises du

soleil, il le fait surtout en se basant sur un autre Soleil, le Christ.La célébration de son

mystère scande l'année solaire par des temps forts et la divise en périodes différentes qui

constituent notre année liturgique. Désormais, notre temps humain est organisé et ordonné par

la célébration du vrai soleil de nos vies humaines, le Christ. Au centre de tout, sa Pâque

comme le moment où tout est donné. Avant Pâque, c'est le temps de la préparation qui creuse

et qui rend davantage capable d'accueillir la Vie offerte en abondance. Après Pâques, c'est le

temps de la joie qui ne cesse de chanter « alléluia» pour rendre grâce à Dieu qui nous a

sauvés. Peu à peu s'est ajouté le temps de l'Avent, temps de l'attente de la venue finale du

Christ, illuminé par le mémorial de sa venue dans la chair à Noël. Ainsi la célébration du

même mystère du Christ commande le jeûne plus ou moins mitigé ainsi que l'absence de

jeûne. Jeûner a alors toujours une valeur d'exercice et de purification. L'absence de jeûne

devient comme une confession de foi dans le don de la vie du Ressuscité déjà offerte en

abondance. 30 mai 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 40 v 1-9 De la quantité de boisson écrit le 27 mai 2017
Verset(s) :

1. « Chacun tient de Dieu un don particulier, l'un comme ceci, l'autre comme cela. »

2. Aussi est-ce avec quelques scrupules que nous déterminons la quantité d'aliments pour les autres.

3. Cependant, eu égard à l'infirmité des faibles, nous croyons qu'il suffit d'une hémine de vin par tête et par jour.

4. Mais ceux à qui Dieu donne la force de s'en passer, qu'ils sachent qu'ils auront une récompense particulière.

5. Si les conditions locales et le travail ou la chaleur de l'été font qu'il en faut davantage, le supérieur en aura le pouvoir, en veillant toujours à ne pas laisser survenir la satiété ou l'ivresse.

6. Nous lisons, il est vrai, que « le vin n'est absolument pas fait pour les moines », mais puisqu'il est impossible d'en convaincre les moines de notre temps, accordons-nous du moins à ne pas boire jusqu'à satiété, mais plus sobrement,

7. puisque « le vin fait apostasier même les sages. »

8. Quand les conditions locales feront que l'on ne puisse même pas trouver la quantité indiquée ci-dessus, mais beaucoup moins ou rien du tout, les habitants du lieu béniront Dieu et ne murmureront pas.

9. Car nous recommandons ceci avant tout : qu'on s'abstienne de murmurer.

Commentaire :

En ce jour de jubilé sacerdotal, je me sens autorisé à faire un lien entre ce petit

chapitre de la RB sur le vin et l'eucharistie. Le Seigneur Jésus nous a laissé le très simple et

très humain mémorial du pain et du vin. Vin de la fête qui devient sang du sacrifice. Aux

noces de Cana, les jarres de l'eau de la purification se sont transformées en jarres de

réjouissance pleines de vin délicieux, signe des noces en train de se réaliser en Jésus, entre

Dieu et 1 'humanité. A la dernière cène, la coupe de vin est le signe du « sang de l'Alliance.

répandu pour la multitude en rémission des péchés ». Et Jésus affirme alors aux disciples: «

Je vous le dis: désormais, je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu'au jour où je boirai

un vin nouveau avec vous dans le Royaume de mon Père» (Mt 26, 29). Le vin choisi par

Jésus pour signifier et aussi pour partager le fruit de son offrande, devient empreint de gravité,

celle de son sacrifice JUSqu'à la mort. Il fait signe et introduit dans une alliance en attente de

son plein accomplissement. Le goût de la fête est donné, mais celle-ci ne sera pleine et totale

que dans le Royaume. Nous pourrons alors, sans. crainte d'une ivresse autant illusoire que

destructrice, boire ce vin nouveau, vin d'allégresse dont nos corps ressuscités supporteront la

satiété dans lajoie de l'amour partagé.

Le vin eucharistique se reçoit de la symbolique de nos fêtes humaines en quête d'une

plénitude qui semble toujours échapper. Chargé d'un sens nouveau, grave, lors de la dernière

Cène, ne vient-il pas en retour éclairer nos fêtes humaines? Vin de communion au sang du

Christ, il nous donne la grâce d'entrer en communion avec notre Dieu et avec nos frères. S'il

y a une joie et une ivresse possible dès ici-bas, c'est celle-là: lajoie de la communion dans le

Christ qui nous relie à tous les humains dans une solidarité et un partage concret. Mais le vin

eucharistique nous rappelle aussi que la vraie fête est à venir.Il nous enseigne la vraie ascèse:

celle du partage avec nos frères et celle de la retenue joyeuse plein d'espérance dans l'attente

du banquet éternel. Ainsi notre vie eucharistique peut-elle illuminer notre ascèse monastique

et la mesure que St Benoit propose avec une belle sagesse ...

- 27 mai 2017

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 39 v 1-11 De la quantité de nourriture écrit le 23 mai 2017
Verset(s) :

1. Nous croyons qu'il suffit à toutes les tables pour le repas quotidien, qu'il ait lieu à sexte ou à none, de deux plats cuits, en raison des diverses infirmités,

2. pour que celui qui ne peut manger de l'un, fasse son repas de l'autre.

3. Donc deux plats cuits suffiront à tous les frères ; et s'il y a moyen d'avoir des fruits ou des légumes tendres, on en ajoutera un troisième.

4. Une livre de pain bien pesée suffira pour la journée, qu'il y ait un seul repas ou déjeuner et souper.

5. Si l'on doit souper, le cellérier gardera le tiers de cette même livre pour le rendre au souper.

6. S'il arrive que le travail devienne plus intense, l'abbé aura tout pouvoir pour ajouter quelque chose, si c'est utile,

7. en évitant avant tout la goinfrerie et que jamais l'indigestion ne survienne à un moine,

8. car rien n'est si contraire à tout chrétien que la goinfrerie,

9. comme le dit Notre Seigneur : « Prenez garde que la goinfrerie ne vous appesantisse le cœur. »

10. Quant aux enfants d'âge tendre, on ne gardera pas pour eux la même mesure, mais une moindre que pour les plus âgés, en gardant en tout la sobriété.

11. Quant à la viande des quadrupèdes, tous s'abstiendront absolument d'en manger, sauf les malades très affaiblis.

Commentaire :

Petit chapitre de la règle plein de sagesse humaine toujours bonne à réentendre. En

effet, que nous ayons 30, 60 ou 90 ans, notre appétit a toujours à apprendre les justes limites.

Une personne me racontait son expérience d'avoir mangé dans un restaurant où l'on se sert à

volonté. Un grand buffet est disposé avec de nombreux plats offerts dans lesquels on peut

venir se servir, et se resservir sans limite. Comme celui qui l'invitait voulait lui faire goûter

une grande variété de plats, elle a donc beaucoup mangé ... trop au regard de la nuit plutôt

blanche qui a suivi. La personne concluait que finalement elle gardait un goût mitigé de ce

repas où rien n'aidait à garder la limite, et qu'elle n'avait pas envie de renouveler

l'expérience. Ce récit éclaire bien notre petit chapitre. Un repas à volonté, dans un bon

restaurant peut représenter une sorte de phantasme de jouissance ininterrompue ... Qui un jour

n'y a jamais songé? Mais finalement, faute de limites offertes, est-ce encore un bon repas?

Depuis notre tendre enfance, des « ça suffit» ont structuré nos appétits. Nous avons

appris alors à mieux connaitre la mesure de nos besoins. Les limites nous ont enseigné un

équilibre dans lequel nous goûtons une vraie joie. Celle-ci est jouissance, non à cause d'une

satiété qui comble, mais en raison d'une juste mesure qui réconforte le corps. Cette juste

mesure donne le plaisir d'apprécier les choses sans les dévorer. St Benoit propose aussi à ses

moines des limites. « Il suffit ». S'il est différent du sien, notre régime actuel propose aussi

des limites, celles du repas en commun. Limite du nombre de plats proposés, limite de la

quantité offerte, limite donné par le rythme du repas. Je voudrais insister sur ce dernier point.

Pour nous garder de la tentation de dévorer, ou de manger tout seul, telle la vache dans sa

stalle, je rappelle la coutume de nous attendre avant de passer à un autre plat. Je vois des

frères qui ne savent pas attendre les autres. J'invite chacun à veiller par ex, à ne pas passer au

fromage avant que les frères alentour n'aient fini le plat principal. Oui, faisons attention de

nous attendre. Cette limite mise à notre impatience veut nous sortir de notre bulle, et nous

apprendre à faire attention aux frères avec qui nous partageons le repas. Le repas

communautaire est une école. Non seulement, il permet de réguler nos besoins de nourriture,

mais aussi nous ouvrir aux besoins des frères, en patientant, et en nous servant mutuellement. - 23 mai 2017

Voir le commentaire de Frère Yvan / Chapitre 38 v 1-12 écrit le 20 mai 2017
Verset(s) :

1. La lecture ne doit jamais manquer aux tables des frères. Il ne faut pas non plus que la lecture y soit faite au hasard par le premier qui aura pris un livre, mais un lecteur pour toute la semaine entrera en fonction le dimanche.

2. En entrant, après la messe et la communion, il demandera que tous prient pour lui, afin que Dieu éloigne de lui l'esprit d'orgueil.

3. Et tous, à l'oratoire, diront par trois fois ce verset, qui sera toutefois entonné par lui : « Seigneur, tu m'ouvriras les lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »

4. Et alors, ayant reçu la bénédiction, il entrera en fonction pour la lecture.

5. Et il se fera un silence complet, en sorte que, dans la pièce, on n'entende personne chuchoter ou élever la voix, sinon le seul lecteur.

6. Quant à ce qui est nécessaire pour manger et boire, les frères se serviront à tour de rôle, de telle sorte que nul n'ait besoin de rien demander.

7. Si pourtant on a besoin de quelque chose, on le demandera en faisant retentir un signal quelconque, plutôt qu'en élevant la voix.

8. Personne non plus, dans la pièce, ne se permettra de poser aucune question sur la lecture ou sur autre chose, pour ne pas donner d'occasion,

9. sauf si le supérieur voulait dire brièvement un mot pour l'édification.

10. Le frère lecteur hebdomadier prendra le mixte avant de commencer à lire, à cause de la sainte communion et de peur que le jeûne ne lui soit pénible à supporter.

11. Mais c'est plus tard qu'il prendra son repas, avec les hebdomadiers de la cuisine et les serviteurs.

12. Les frères ne liront ni ne chanteront tous à la suite, mais seulement ceux qui édifient les auditeurs.

Commentaire :

Cette coutume de la lecture pendant le repas ne nous vient pas des

moines d'Egypte, mais des moines de Cappadoce. Les moines d'Egypte

mangeaient en silence. St Basile a introduit cette pratique de la lecture

pendant le repas. St Augustin l'a reprise, en faisant le parallèle entre la

nourriture du corps, et celle l'âme. Puis le Maître, et St Benoit.

Le repas monastique n'est pas seulement un partage fraternel. Il

devient un véritable exercice spirituel. Au même titre que l'Office, la

lectio, le travail manuel. En effet, St Benoit veut réunifier ce que le

péché a séparé. " veut que les réalités célestes ne soient plus séparées

de celles de la terre. Pour lui le moine est celui qui tente de recréer

l'unité perdue de l'homme.

En nous invitant à écouter ensemble un même livre, St Benoit a aussi

une autre intention. Ces lectures entendues au réfectoire, au fil des

années, créent une véritable culture communautaire, une bibliothèque

commune à tous les frères de la communauté. C'est pourquoi le choix

des livres est très important. Au moyen de ces livres, c'est tout un

« être ensemble» qui se crée, une culture de base, commune à tous les

frères.

Nous gardons tous en mémoire bien des livres, que nous n'aurions

jamais eu l'idée d'aller chercher sur les rayons de la bibliothèque, mais

qui nous a enrichis, qui nous a aidés à réfléchir, qui a peut-être permis

des échanges fructueux entre nous. Il s'agit souvent d'une lectio en

commun, qui nous ouvre l'esprit aux dimensions de l'Eglise et du

monde.

Nous pouvons redire à F. Matthieu, notre reconnaissance pour ce

service qu'il rend à la communauté: le choix des livres, et l'information

sur l'actualité. Et à F. Bernard pour les articles sur la vie de l'Eglise. 20 mai 2017