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5. Si par la suite il veut se fixer définitivement, on ne s'opposera pas à cette volonté, surtout que l'on a pu apprécier sa vie au temps où il recevait l'hospitalité.
6. S'il s'est montré exigeant ou vicieux au temps où il recevait l'hospitalité, non seulement il ne faut pas l'agréger au corps du monastère,
7. mais encore on lui dira poliment de s'en aller, de peur que sa misère ne vicie encore les autres.
8. S'il ne mérite pas d'être mis dehors, non seulement, s'il le demande, on le recevra et on l'agrégera à la communauté,
9. mais encore on le persuadera de rester, pour que son exemple instruise les autres,
10. et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur, on est au service du même roi.
11. Si même l'abbé voit qu'il en est digne, il pourra le mettre à une place un peu plus élevée.
12. D'ailleurs ce n'est pas seulement le moine, mais aussi ceux de l'ordre des prêtres et de celui des clercs dont il a déjà été question, que l'abbé peut établir à une place supérieure à celle de leur entrée, s'il voit que leur vie en est digne.
13. Mais l'abbé se gardera de jamais recevoir à demeure un moine d'un autre monastère connu, sans le consentement de son abbé ou sans lettre de recommandation,
14. car il est écrit : « Ce que tu ne veux pas que l'on te fasse, ne le fais pas à autrui. ;»
En communauté, nous vivons comme une grâce, le fait de recevoir des moines
étrangers, ceux qui passent très ponctuellement, mais surtout ceux qui vivent avec nous un
long temps pour leur étude ou leur formation, venant du Vietnam ou d'Afrique. Un échange
de dons se vit alors, en bonne part sans parole, à travers la vie quotidienne. Les frères
étrangers découvrent une manière de vivre la vie monastique différente. Ils sont insérés dans
un groupe humain où les anciens plus nombreux les touchent par leur témoignage de
persévérance et de fidélité. La formation humaine, spirituelle et intellectuelle leur ouvre
d'autres horizons qui peuvent les aider à davantage s'enraciner dans leur vocation. De notre
côté, nous apprécions les belles qualités humaines et spirituelles qu'ils portent avec eux.
L'élan et la générosité dont ils font preuve dans la vie commune, le travail et la vie fraternelle
nous stimulent dans notre propre conversion.
Nous pouvons cependant nous demander: comment leur faire davantage de place pour
leur permettre de mieux nous partager leurs cultures propres? Je crois qu'il nous faut garder à
cœur cette question, afin de ne pas manquer les occasions de leur donner la parole. Nous nous
sommes réjouis des repas vietnamiens que nos frères nous ont généreusement préparés. Les
équipes du dimanche soir doivent veiller à réserver des soirées pour leur offrir un espace. Les
groupes de communauté sont aussi des lieux propices à un partage plus familier qui favorise
une meilleur estime mutuelle. Je garde le souvenir d'un frère de Dzobégan pour qui les
groupes avaient été un espace fraternel très heureuxpour s'insérer dans la grande
communauté qui peut paraitre de prime abord moins accessible. Certes la vie monastique où
l'on cultive un certain recueillement dans la prière et le silence gardera toujours un caractère
austère. Pour nos frères étrangers, apprendre cela fait aussi partie du chemin afin de grandir
dans une plus grande intériorité et une meilleure écoute de la Parole. Mais la réserve et le
climat de silence ne doivent pas nous empêcher d'être attentifs à eux qui sont en exil dans une
culture étrangère. Rien de pire que le silence qui deviendrait prétexte à masquer notre
indifférence ou notre égoïsme. La difficulté de la langue au début est encore un appel à
redoubler de présence et de bienveillance à l'égard de nos frères, dans le respect de ce qu'ils
sont. - 08-09-2017
1. Si un moine étranger arrive de provinces lointaines, s'il veut habiter au monastère en qualité d'hôte
2. et se contente de la coutume locale telle qu'il la trouve, sans troubler le monastère par ses vaines exigences,
3. mais en se contentant simplement de ce qu'il trouve, on le recevra aussi longtemps qu'il le désire.
4. S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité, l'abbé examinera prudemment si le Seigneur ne l'aurait pas envoyé précisément pour cela.
En quelques phrases, St Benoit nous donne un enseignement très précieux et plein
d'équilibre. A la fois, le moine étranger est invité à entrer dans la vie qu'il trouve au sein de la
communauté qui l'accueille, et à la fois, il lui est permis de faire des remarques dont on
tiendra compte d'autant mieux qu'elles sont exprimées avec « une humble charité ». Dans le
premier cas, le moine est soumis à la communauté qui prescrit ce qu'il faut faire. Dans le
second, le moine étranger se trouve en position d'interpeller la communauté qui reste ouverte
à une éventuelle remarque en vue de l'aider à améliorer sa vie. Apparait très bien ici, combien
pour le moine étranger comme pour la communauté, l'important est de rechercher sans cesse à
faire la volonté du Seigneur.Faire sa volonté en accomplissant ce qui est demandé là où on se
trouve. Mais aussi faire sa volonté en accueillant une remarque qui pourrait être occasion de
progrès. Comme dans le chapitre 3, à propos de la réunion de la communauté en conseil, le
Seigneur peut parler soit par le plus jeune, soit par l'étranger. Cette approche libre de Benoit
qui invite à accueillir l'inattendu de la part de l'étranger est bonne à cultiver. Elle nous
entraine à demeurer dans l 'humilité qui accueille et dans la charité qui s'ouvre à l'autre, en
tout temps et en toute chose. Ce petit chapitre est un bon antidote contre l'orgueil
communautaire par lequel une communauté se prendrait pour la seule référence en sa façon de
vivre. L'étranger, l'hôte de passage, un frère d'une autre communauté peuvent nous renvoyer
des questions qui remettent en cause nos évidences. Dans ces échanges et ce dialogue, on
touche la force du mystère de l'Eglise. Aucune communauté ou réalité ecclésiale n'incarne à
elle seule l'Eglise. Celle-ci est composée d'une multitude de visages communautaires pour
accueillir l'immense Peuple de Dieu. Au sein de l'Eglise, nous sommes heureux d'être nous-
mêmes, fort des dons reçus à travers le P. Muard et St Benoit, relus par les différentes
générations depuis lors. Apprenons aussi à nous réjouir que d'autres communautés existent et
soient différentes dans leur esprit et leur pratique, même si on ne choisirait pas de vivre là.
Nous avons touché cela du doigt en allant à Fleury, ou nous le touchons avec Chauveroche
que va rejoindre f. Vincent. Ces rencontres entre nos communautés avec leur visage propre
nous rappellent à l'humilité, si nous étions tentés de nous penser comme la seule référence.
Mieux nous connaitre peut aiguiser en chaque communauté le sens profond de notre vie
monastique, comme don total au Christ dans l'humilité et la charité. Ensemble, nous serons
plus aptes à nous aider à demeurer toujours plus fidèle à l'évangile. - 07-09-2017
1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.
2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle
3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»
4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;
5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.
Aurait-on aujourd'hui la même réserve que St Benoit pour accueillir des prêtres
désirant « être reçu au monastère» ? Oui et non, il me semble, mais sûrement pour des raisons
différentes ... Oui car le prêtre qui a vécu une activité pastorale va devoir apprendre un genre
de vie si différent que cela demande discernement. Plus que la question de l 'humilité sur
laquelle est sourcilleux St Benoit, c'est davantage l'intégration dans un rythme et dans un
nouveau tissu relationnel qui fera l'objet d'une attention particulière. Non, nous n'aurions pas
la même réserve que St Benoit, car, à l'instar de tout candidat, c'est l'élan spirituel et le désir
de se donner qui sera considéré.
« Ami, pourquoi es-tu venu? », demande St Benoit pour éprouver !;y,r iitioi :;te HH'ldele
désir. L'admission d'un prêtre au sein de la communauté fait bien ressortir le caractère propre
de la vocation monastique. Un même désir de se donner au Christ anime le prêtre et le moine,
une même volonté de le servir. Mais dans deux voies bien distinctes. Le prêtre préside une
communauté chrétienne pour lui annoncer la Parole et être au milieu d'elle le signe et
l'instrument de l'œuvre de grâce que le Christ veut réaliser par les sacrements. Son être est
d'emblée orienté par son envoi auprès des personnes qui lui sont confiées. Il se donne et en
même il renonce à s'attacher à une communauté, comme le fait ressortir la discipline
habituelle qui veut que chaque prêtre change de paroisse environ tous les 6 à 9 ans ... Au cœur
de l'Eglise, le prêtre est un envoyé. S'il choisit d'entrer au monastère, il découvre une autre
façon de suivre le Christ. Il s'insère dans une communauté pour être un, parmi d'autres
chercheurs de Dieu. L'attention porte non plus sur les activités pastorales, mais sur la qualité
du don de soi aux frères, dans le service et à Dieu, dans la prière. Uni à la communauté, il
s'associe au projet de tenir au cœur de l'Eglise, la veille de louange pour Dieu. Louer Dieu,
simplement parce qu'il est Dieu et que notre vie humaine présente est une course vers le
Royaume. De cette course, la charité est le moteur. Charité reçue comme un don depuis notre
baptême, mais aussi charité cultivée par l 'humilité, dans le silence comme dans l'échange
fraternel, au cœur du travail, de l'étude ou de l'accueil. Les fruits de la vie monastique sont
peu visibles, car l'essentiel se joue dans un cœur à cœur avec Dieu. A la différence du prêtre,
le moine est stable dans une communauté. C'est en son sein qu'il vit l'effacement pour que le
mystère du Christ grandisse. - 06-09-2017
1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,
2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.
3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –
4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,
5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.
6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.
Si le chapitre 58 pouvait davantage intéresser les jeunes frères, je crois que ce chapitre
59 sur l'accueil des enfants peut intéresser particulièrement les hommes d'âge mûrs, que nous
sommes pour la plupart, ainsi que les anciens. Pourquoi? Parce qu'avec l'âge avançant,
l'enfant que nous avons été refait parfois surface de manière étonnante. Nous lisions au
réfectoire, à propos de Churchill, que dans ses rapports avec son épouse, marqués par un
certain machisme, il pouvait « jouer à l'enfant gâté». Il se comportait de façon despotique
« imposant comme allant de soi ses exigences et ses caprices» (F. Bedarida, Churchill,
Fayard 1999, p 105). Etonnante image d'un grand homme d'état se comportant avec sa
femme comme un enfant gâté qui a des caprices! Mais n'est-ce pas ce qu'on dit parfois d'une
personne âgée qu'elle retourne en enfance ... De quelle enfance s'agit-il: de l'enfance
évangélique ou bien de l'enfance passée plus ou moins bien assumée qui reparait de façon
sauvage? Oui, ce petit chapitre sur les enfants offerts peut nous faire réfléchir sur l'enfant que
nous avons été, que nous portons en nous et qui ne cesse de se rappeler à notre mémoire, en
ces parts heureuses comme en ces parts plus peineuses ou douloureuses. Des réactions
irrépressibles peuvent parfois nous submerger: des caprices, des peurs, des prétentions, des
impatiences, des exigences. Autant de mouvements qui nous font apparaitre aux yeux des
autres comme un enfant gâté à qui tout est dû, ou comme un enfant prisonnier de ses peurs, de
ses angoisses, ou encore comme un enfant despote qui veut imposer ses exigences. Soyons
attentifs à repérer ces mouvements de l'enfant immature encore présent en nous. Si nous ne
sommes pas vigilants, ces attitudes enfantines peuvent nous mener par le bout du nez, à la
manière d'un enfant tyrannique qui pleure, fait du bruit ou veut imposer son rythme.
L'homme adulte que nous sommes voudrait conduire à la maturité humaine et spirituelle tous
les aspects de sa vie. N'est-ce pas cela redevenir un enfant pour le Royaume? Non pas un
enfant tyrannique, mais un enfant qui sait recevoir et se laisser conduire par son Père des
Cieux. Non pas un enfant prisonnier de peurs ou de frustrations, mais un enfant qui fait
confiance à Celui d'où il vient et vers lequel il va. Ici, sachons reconnaitre nos lieux de
fragilités où l'enfant selon le Royaume est encore à naitre. Confions-les au Christ.
Demandons-lui sa grâce et sa lumière.
Changements: merci f. Bruno, f. Fernando, f. J. Paul et Mathias en tuilage à la cuisine
et à la librairie
Si le chapitre 58 pouvait davantage intéresser les jeunes frères, je crois que ce chapitre
59 sur l'accueil des enfants peut intéresser particulièrement les hommes d'âge mûrs, que nous
sommes pour la plupart, ainsi que les anciens. Pourquoi? Parce qu'avec l'âge avançant,
l'enfant que nous avons été refait parfois surface de manière étonnante. Nous lisions au
réfectoire, à propos de Churchill, que dans ses rapports avec son épouse, marqués par un
certain machisme, il pouvait « jouer à l'enfant gâté». Il se comportait de façon despotique
« imposant comme allant de soi ses exigences et ses caprices» (F. Bedarida, Churchill,
Fayard 1999, p 105). Etonnante image d'un grand homme d'état se comportant avec sa
femme comme un enfant gâté qui a des caprices! Mais n'est-ce pas ce qu'on dit parfois d'une
personne âgée qu'elle retourne en enfance ... De quelle enfance s'agit-il: de l'enfance
évangélique ou bien de l'enfance passée plus ou moins bien assumée qui reparait de façon
sauvage? Oui, ce petit chapitre sur les enfants offerts peut nous faire réfléchir sur l'enfant que
nous avons été, que nous portons en nous et qui ne cesse de se rappeler à notre mémoire, en
ces parts heureuses comme en ces parts plus peineuses ou douloureuses. Des réactions
irrépressibles peuvent parfois nous submerger: des caprices, des peurs, des prétentions, des
impatiences, des exigences. Autant de mouvements qui nous font apparaitre aux yeux des
autres comme un enfant gâté à qui tout est dû, ou comme un enfant prisonnier de ses peurs, de
ses angoisses, ou encore comme un enfant despote qui veut imposer ses exigences. Soyons
attentifs à repérer ces mouvements de l'enfant immature encore présent en nous. Si nous ne
sommes pas vigilants, ces attitudes enfantines peuvent nous mener par le bout du nez, à la
manière d'un enfant tyrannique qui pleure, fait du bruit ou veut imposer son rythme.
L'homme adulte que nous sommes voudrait conduire à la maturité humaine et spirituelle tous
les aspects de sa vie. N'est-ce pas cela redevenir un enfant pour le Royaume? Non pas un
enfant tyrannique, mais un enfant qui sait recevoir et se laisser conduire par son Père des
Cieux. Non pas un enfant prisonnier de peurs ou de frustrations, mais un enfant qui fait
confiance à Celui d'où il vient et vers lequel il va. Ici, sachons reconnaitre nos lieux de
fragilités où l'enfant selon le Royaume est encore à naitre. Confions-les au Christ.
Demandons-lui sa grâce et sa lumière. - 05-09-2017
26. Aussitôt donc, à l'oratoire, on lui enlèvera ses propres effets dont il est vêtu, et on l'habillera des effets du monastère.
27. Quant aux vêtements qu'on lui a enlevés, on les remettra au vestiaire pour y être conservés,
28. afin que, si jamais il consentait à sortir du monastère, sur la suggestion du diable, – ce qu'à Dieu ne plaise ! – on lui enlève alors les effets du monastère avant de le mettre dehors.
29. Cependant sa pétition, que l'abbé a prise sur l'autel, il ne la reprendra pas, mais on la conservera au monastère.
Dernier acte du long rituel de profession: ôter et changer d'habits, pour déposer les
anciens au vestiaire. Ceux-ci restent disponibles au cas où le frère reviendrait sur sa parole et
choisirait de partir. « A Dieu ne plaise », dit Benoit, tant revenir sur l'engagement pris semble
à ses yeux une chose contre nature.
Cette mention d'un éventuel départ d'un moine qui s'est engagé pour toujours peut
nous paraitre étonnante. Elle n'est pas de la part de Benoit relativisme au regard de ce qui a
précédé, mais certainement réalisme vis-à-vis de notre condition humaine. Ce genre
d'accident peut arriver compte tenu de la fragilité humaine. Qu'il soit ainsi mentionné dans la
règle témoigne que la communauté monastique n'est pas une secte qui, par tous les moyens,
voudrait garder ses membres. Le processus de discernement qui précède l'engagement
voudrait aider le nouveau venu à faire toute la lumière possible en lui. Il voudrait l'aider à
mieux se connaitre, et à ne pas laisser dans l'ombre des choses qui l'entravent et qu'il ne
voudrait pas regarder en face. Ce faisant des accidents de parcours peuvent arriver qui
remettent en cause aux yeux du frère la parole donnée. Jusqu'où cette remise en cause est pure
illusion? Dieu seul connait les cœurs. Pourquoi juger un frère qui demeure libre jusqu'en
cette décision qui contredit son premier engagement libre?
Quel intérêt de parler de cela, si ce n'est de ne jamais oublier notre propre fragilité.
Face aux difficultés, les illusions de penser que la vie serait meilleure à l'extérieur peuvent
toujours venir nous tirailler à un moment ou à un autre. Notre liberté est alors mise à
l'épreuve. Pourquoi je reste? Ces épreuves peuvent devenir l'occasion d'aller plus loin.Je
découvre peut-être des difficultés jusqu'alors ignorées, ou même que je n'avais pas voulu
voir. Vais-je pour autant quitter le stade, la course? Si Dieu m'a soutenu jusqu'à maintenant,
va-t-il m'abandonner au moment de l'épreuve? Si la communauté m'a porté ne va-t-elle pas
continuer à le faire pour traverser ce gué périlleux? L'épreuve peut être salutaire pour nous
entrainer plus loin dans la confiance dans la communauté, et dans le Christ qui n'est pas venu
pour les justes mais les pécheurs. Il m'appelle à lui remettre cette part faible qui me saute
alors aux yeux et peut me décourager. Je pensais lui avoir tout donné, mais je ne lui avais pas
encore confié toute ma faiblesse. Avec le psalmiste nous pouvons puiser notre assurance en
lui:« Ton amour me fait danser de joie, tu vois ma misère, tu sais ma détresse» (Ps 30, 8) - 02-09-2017
24. S'il a des biens, il les distribuera aux pauvres préalablement, ou par une donation en bonne et due forme il les attribuera au monastère, sans se réserver rien du tout,
25. puisque, à partir de ce jour, il sait qu'il n'aura même plus pouvoir sur son propre corps.
« Sans se réserver rien du tout» Dans ces mots, se trouve certainement la visée
profonde de l'acte de distribuer aux pauvres tous ses biens. Avant d'entrer au monastère, le
novice cède ses biens, soit aux pauvres, soit au monastère comme pour mieux signifier la
remise de toute sa personne à la communauté, et à travers elle au Christ que l'on veut suivre et
imiter. Il ne veut rien se réserver. Le parallèle, fait ensuite entre les biens et le propre corps
sur lequel on n'a plus pouvoir, explicite bien cette remise de soi totale que le novice désire
accomplir, ou plus exactement qu'il désire commencer à accomplir. Car cette remise de soi
étant un acte profondément libre, demandera d'être réitérée jour après jour, à travers
l'obéissance, mais aussi à travers une vigilance constante vis-à-vis des biens. En effet, à quoi
servirait de donner d'une main pour se réapproprier d'une autre? A quoi bon faire des
réserves ... d'objets dont on n'a pas vraiment besoin, de nourriture, d'argent ou d'autres
choses. De tout ceci, la vie commune veut nous enlever le souci, le souci immédiat du
lendemain comme s'il dépendait de nous. Ne pas faire de réserves au plan personnel, mais
aussi au plan communautaire (sauf ce qui est requis par la prudence pour le bon
fonctionnement du monastère), veut nous établir dans une vraie confiance en la Providence de
Dieu. Celui qui nous appelle serait-il impuissant ou ingrat pour ne pas subvenir à nos
besoins dès aujourd'hui? Je crois qu'il est bon de souligner aujourd'hui cette dimension de la
confiance en la Providence. Dire cela, ne signifie pas se croiser les bras et attendre tout de
Dieu. Mais c'est apprendre à faire pleinement notre travail en sauvegardant cette juste
distance spirituelle qui nous libère de la tentation de toute-puissance et de la préoccupation de
vouloir tout maitriser. S'il nous faut prévoir et chercher à optimiser, tout ne dépend pas de
nous. La désappropriation vis-à-vis des biens voudrait nous rappeler que le propriétaire de
tout bien, c'est Dieu le Maitre de toute la terre et de nos existences. Finalement, cette
désappropriation voudrait faire signe pour nous-mêmes et pour les autres que notre souci final
est celui du Royaume de Dieu. Là se trouve notre véritable bien. Ce bien mystérieusement
nous le préparons et l'enrichissons quand nous donnons aux plus pauvres. Nous acquérons un
trésor dans les Cieux. Oui, par notre vigilance vis-à-vis de la désappropriation, témoignons de
notre Espérance pour le Royaume. - 30-08-2017
17. Avant d'être reçu, il promettra devant tous à l'oratoire, persévérance, bonne vie et mœurs, et obéissance,
18. devant Dieu et ses saints, en sorte que, si jamais il fait autrement, il sache qu'il sera damné par celui dont il se moque.
19. De cette promesse, il fera une pétition au nom des saints dont il y a là les reliques et de l'abbé en charge.
20. Cette pétition, il l'écrira de sa propre main, ou s'il ne sait pas écrire, un autre l'écrira à sa demande, et le novice y mettra un signe et la posera de sa main sur l'autel.
21. Quand il l'aura déposée, le novice entonnera aussitôt ce verset ;: « ;Reçois-moi, Seigneur, selon ta parole et je vivrai, et ne me confonds pas dans mon attente. ;»
22. Au verset, toute la communauté répondra par trois fois, en ajoutant ;: « ;Gloire au Père ;».
23. Alors le frère novice se prosternera aux pieds d'un chacun afin que l'on prie pour lui, et à partir de ce jour il sera compté comme membre de la communauté.
Notre monde contemporain ne comprend pas pourquoi lorsqu'on s'engage dans la vie
monastique ou bien dans le mariage chrétien d'ailleurs, c'est pour toujours. Comment
comprendre ce « pour toujours» qui fait davantage peur aujourd'hui? Sans prétendre épuiser
le sujet, je partirai de la formule chantée par le frère, aujourd'hui encore, lors de la profession
monastique: « Reçois-moi Seigneur selon ta parole et je vivrai,ne me déçois pas dans mon
attente ». Avec ces mots, se confesse moins l'engagement du moine, que sa confiance en la
fidélité de Dieu, dans la conscience de son indigence. Or sa confiance est pour aujourd'hui
mais aussi pour demain, car la fidélité de Dieu est pour toujours. Il donne la vie aujourd'hui et
la donnera encore demain. Cette formule de profession qui nous est chère porte en elle dans
l'aujourd'hui où elle se dit, déjà le futur qui n'aura pas de fin. Dieu me reçoit aujourd'hui
comme il me recevra dans l'éternité. Comme le suggère le verbe latin « suscipere-recevoir »,
lors de sa profession, le moine se présente devant Dieu comme un petit enfant au jour de sa
naissance, dans l'attente d'être reconnu comme son fils, à la manière du père qui relève
l'enfant pour l'adopter ... Le frère se présente devant son Dieu comme attendant tout de Lui à
travers la communauté, parce qu'il sait ne pouvoir se recevoir de personne d'autre, maintenant
et pour l'éternité. En choisissant cette vie dans le célibat, dans le renoncement à ses biens et à
sa volonté propre, il s'abandonne totalement à Dieu pour se recevoir uniquement de Lui,
anticipant ainsi le Royaume où il en sera ainsi pour tous. La vie monastique dans ses
exigences assez radicales de dépossession et de don de soi à Dieu dans la prière et aux frères
porte cet appel de l'éternité. Aussi les vœux de vivre la persévérance ou la stabilité dans une
communauté, la conversion des mœurs et l'obéissance, disent notre engagement à nous tenir
dans la posture de l'enfant qui attend tout de son Père. Par nos vœux, nous nous engageons à
demeurer dans ce juste abandon qui aujourd'hui prépare celui que nous vivrons pour
l'éternité. C'est ici que prend tout son sens, lorsqu'au cimetière de la mise en terre du corps
d'un frère défunt, nous chantons ce même verset de profession: « Reçois-moi Seigneur, selon
ta parole, et je vivrai; ne me déçois pas dans mon attente ». Apparait alors toute la plénitude
de l'engagement du jour de la profession. Il ne pouvait être que pour toujours. A Dieu, par la
médiation de la communauté, le frère s'était remis tout entier, désormais il est tout remis à
Dieu par ses frères. - 29-08-2017
9. S'il promet de tenir bon et de persévérer, après une période de deux mois on lui lira cette règle à la suite,
10. et on lui dira : « Voici la loi sous laquelle tu veux servir. Si tu peux l'observer, entre ;; si tu ne peux pas, tu es libre de t'en aller. »
11. S'il tient encore, alors on le conduira au logement des novices mentionné plus haut, et on recommencera à l'éprouver en toute patience.
12. Et après une période de six mois, on lui lira la règle, afin qu'il sache ce pour quoi il entre.
13. S'il tient encore, après quatre mois on lui relira de nouveau cette règle.
14. Et si, quand il en aura délibéré avec lui-même, il promet de tout garder et d'observer tout ce qu'on lui commande, alors il sera reçu en communauté,
15. en sachant que la loi de la règle établit qu'il ne lui sera pas permis, à dater de ce jour, de sortir du monastère,
16. ni de secouer de son cou le joug de la règle, qu'il lui était permis de refuser ou d'accepter durant cette délibération si prolongée.
Comment s'assurer que le nouveau venu s'engage librement? Cette question demeure
sous-jacente aux lignes que nous venons d'entendre. Plusieurs fois, la règle est lue afin que
soit bien clairement posé et pesé (c'est le sens du mot délibérer, délibération) l'engagement
qui sera pris. Le novice est convié à prendre le temps de mesurer si oui ou non il veut et peut
vivre sous cette règle, dans ce genre de vie avec les frères de cette communauté. Cette
pédagogie du temps donné pour aller d'étape en étape vers l'engagement définitif marque
aujourd'hui encore la formation initiale. Il s'agit d'éprouver, de se mettre ~ l'épreuve, de
s'éprouver. Cependant peut-on être sûr à 100 % que là est la vie à laquelle le Seigneur nous
appelle? Dans les choix humains, il t pas de sécurité absolue. Mais on voudrait faire en
sorte qu'il y ait le plus de liberté possible dans la décision. Liberté des conditions dans
lesquelles le choix se mûrit et un jour se concrétise. Liberte intérieure de chacun afin de
laisser le moins de prise possible aux illusions sur soi et sur les autres. Si le Seigneur appelle,
il attend une réponse libre. Etre libre ne veut pas dire être dégagé de toute fragilité, mais
plutôt de savoir les regarder en face et de les assumer dans la lumière. Une question à se
poser: le chemin monastique peut-il être pour moi un chemin où je vais grandir et me donner
pleinement dans ma réponse à l'appel ressenti ? En effet, si le Seigneur appelle, c'est pour
permettre à chacun de donner toute sa mesure au service du Royaume qui advient dans et à
travers cette communauté concrète. Cependant il ne s'agit pas de vouloir imaginer ce que
pourra être le futur, ou ce que je pourrai faire dans l'avenir qui sera toujours autre que ce
qu'on prévoit. Le discernement ne se fonde donc pas sur des pronostics ou des probabilités.
Mais il s'enracine dans le présent.Le présent vécu nourrit-il l'appel entendu? Ouvre-t-il en
mon existence de la lumière et du sens? Construit-il le disciple du Christ et l'enfant de
Dieu que je suis? Ceci peut se faire au travers de passages difficiles à vivre de quelque nature
qu'ils soient. Mais difficulté et facilité ne sont pas les seuls critères de discernement. Celui-ci
s'élaborera peu à peu dans le dialogue avec le Maitre des novices, au gré de la vie concrète
éprouvée. Entrer dans une nouvelle vie à la suite du Christ, dans un monastère, s'apparente à
un enfantement qui a à voir avec ce grand enfantement du Royaume auquel nous participons
tous ... - 26-08-2017
7. On observera soigneusement s'il cherche vraiment Dieu, s'il s'applique avec soin à l'œuvre de Dieu, à l'obéissance, aux pratiques d'humilité.
8. On lui prédira toutes les choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu.
Le nouveau-venu, le novice est-il un chercheur de Dieu? Telle est la question
importante pour Benoit. Mais que veut dire chercher Dieu, Lui que nos sens physiques ne
peuvent atteindre? Fidèle à la tradition biblique toujours concrète, Benoit associe le verbe
«chercher» à « s'appliquer à»(sollicitus en latin). Chercher, c'est s'appliquer à, avoir de la
sollicitude, de l'élan. Pour quoi? Pour des actions très concrètes: l 'œuvre de Dieu ou la prière
liturgique des heures, l'obéissance et les pratiques d'humilité. Chercher Dieu dans la prière
liturgique sera d'abord une affaire d'élan plus que de présence physique uniquement. La
prière tient-elle la première place parmi les autres activités? Est-elle un rendez-vous sur
lequel on ne transige pas? Et quand on est au chœur, nous laissons-nous creuser par elle pour
entrer dans un dialogue toujours plus vivant en « je » et en « tu »avec notre Dieu? Chercher
Dieu dans l'obéissance sera bien plus qu'une simple exécution de choses demandées.
L'obéissance recherchée ici est une écoute qui s'affine. Cette écoute est un acte de foi. Dans
les voix humaines qui s'expriment, elle reconnait la volonté de Dieu qui ne cesse de parler à
travers personnes et évènements. L'attitude profonde visée est celle d'une remise de soi
toujours plus libre dans la main de Dieu, sous la conduite de son Esprit. Chercher Dieu dans
les pratiques d'humilité, ou mot à mot dans les opprobres, emmène encore plus loin. A la suite
de Jésus mort et ressuscité pour nous, nous apprenons que Dieu veut être cherché aussi dans
les choses difficiles: une humiliation, une incompréhension voire des oppositions ou des
contradictions. En sa passion, Jésus a cherché à accueillir la volonté de son Père. Il nous
montre ce chemin qui est au-delà de nos seules forces. Benoit ajoute: « On lui prédira les
choses dures et pénibles par lesquelles on va à Dieu ». La vie monastique est-elle plus dure
qu'une autre vie humaine? Ce n'est pas sÛT. La différence réside davantage dans les moyens
qu'elle se donne pour affronter les difficultés et adversités de toute sorte. La vie sous une
règle, sous un abbé et dans une relation ordonnée avec des frères met davantage en relief les
lieux où cela peut coincer, les parts de nous-mêmes qui résistent. Nous ne pouvons pas nous
fuir nous-mêmes. A certains jours, cela peut être très éprouvant. Mais finalement, n'est-ce pas
une chance? Pour abandonner la tyrannie du vieil homme avec ses illusions et ses
convoitises, et pour prendre le joug du Christ qui rend libre?
- 25-08-2017
6. On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes, qui veillera sur eux avec la plus grande attention.
« On leur donnera un ancien qui soit apte à gagner les âmes. qui veillera sur eux avec
la plus grande attention ». Dans la formation initiale, le rôle de l'ancien, le maître des
novices, est aussi central que délicat.Dans l'expression « apte à gagner les âmes », on peut
entendre cette disponibilité du cœur, faite de présence et d'effacement, dans le but d'être
l'instrument de la grâce du Seigneur pour chaque frère. Car c'est Lui le maitre de la moisson
ou le patron de la pêche qui recherche chaque nouveau venu, pour l'aimer et le faire grandir.
Le maitre des novices est d'abord le témoin privilégié de ce travail intérieur par lequel un
frère cherche parce qu'il est cherché. Par son écoute, dans l'ouverture du cœur, il peut aider le
frère à mieux se connaitre et à repérer les traces de Dieu dans son histoire comme dans sa vie
présente. Il l'éveille à une écoute plus profonde de la Parole de Dieu qui est abondamment
offerte dans la liturgie et la lectio. Qu'est-ce qu'il entend, qu'est-ce qui le touche et le
nourrit? Le Christ devient-il peu à peu quelqu'un de plus familier sur sa route? La Parole de
Dieu est-elle un appui dans sa vie quotidienne? Adossé aux différents cours qui introduisent à
la liturgie, à la bible, ainsi qu'à la tradition monastique, le maitre des novices guide chacun
dans l'intelligence de la pédagogie monastique à l'œuvre dans la communauté. Cette
pédagogie voudrait faire de nous des hommes davantage remis au Christ, plus libres pour
aimer nos frères et tout être humain. Parfois, il revient au maitre des novices de corriger tel
écart, telle parole ou telle geste inapproprié. Le plus souvent, il va encourager chacun dans le
combat spirituel qui peut être rude à certains jours. Les premières années de formation
peuvent se présenter comme une épreuve. Epreuve de se découvrir avec des limites ou des
faiblesses pas encore bien inventoriées. Epreuve des frictions et des conflits qui révèle la
complexité de notre humanité, la nôtre et celle des autres. Cependant l'épreuve peut devenir
école d'humilité. Oser dire dans l'ouverture du cœur ses failles, ses difficultés et ses chutes
demande du courage. Mais la récompense reçue surpasse la peur ou la honte ressentie. Car la
joie de pouvoir être soi ouvre un chemin de liberté et de confiance qui n'a pas de prix. La
lumière accueillie sur nos lieux de combat va nous rendre plus fort, plus assuré.
Nous assurons le f. Yvan et nos jeunes frères de notre prière. Prions aussi les uns pour
les autres: que demeure vive pour chacun la quête de rechercher à se tenir toujours en vérité
sous le regard d'un autre, sous le regard de Dieu. - 24-08-2017