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1. Aux matines du dimanche, on dira d'abord le psaume soixante-sixième sans antienne sur le mode direct.
2. Après quoi on dira le cinquantième avec alleluia.
3. Après quoi on dira le cent dix-septième et le soixante-deuxième,
4. puis les Bénédictions et les Laudes, une leçon de l'Apocalypse par cœur et le répons, l'ambrosien, le verset, le cantique de l'Évangile, la litanie, et c'est tout.
Dans ce chapitre consacré à la célébration des laudes du dimanche, nous retrouvons un bon nombre de points communs avec notre office des laudes du dimanche. En ce temps de Noël. je voudrais m'arrêter sur la mention du Ps 66 que nous avons en temps ordinaire comme invitatoire pour ouvrir notre prière. Nous l'avions aussi aux laudes de !'Epiphanie où il a tout à fait sa place pour célébrer la reconnaissance de la seigneurie de Dieu par tous les peuples, reconnaissance en voie d'accomplissement depuis la venue des mages d'Orient. Le psalmiste appelle de tous ses vœux cette adoration des peuples au Dieu d'Israël dans le refrain qui ponctue son poème : « Que les peuples Dieu te rendent grâce, qu'ils te rendent grâce tous ensemble »... Une note de la Bible de Jérnsalem dit qu'il s'agit certainement d'un psaume de louange« après la récolte annuelle». On y parle en effet de« la terre qui a donné son.fhlit ». Avec la récolte des fruits de la terre, signe de la bénédiction de Dieu pour son peuple, « Dieu noire Dieu nous bénit », le psalmiste appelle encore la bénédiction de Dieu : « que Dieu nous bénisse et que la terre toute entière 1'adore ».
Plus largement, le psalmiste appelle cette proximité familière de Dieu par laquelle son mystère va pouvoir être connu par toutes les nations. « Que ton visage s'illumine pour nous el ton chemin sera connu sur la terre, ton salut parmi toutes les nations»... Que cette grâce soit faite à tous, pour que« toutes nations chantent /eurjoie », et reconnaissent que « tu gouvernes le monde avec justice, et les peuples avec droiture »... Ce psaume est une magnifique confession de foi en la Majesté divine qui a autorité sur le monde et sur les peuples, de sorte que toute chose suive leur cours et que la terre donne son fruit...
A la lumière de l'incarnation du Verbe, ce psaume prend un relief tout particulier... Avec la naissance de Jésus, le Fils de Dieu, le « visage de Dieu s'est illuminé» d'une façon unique. Par lui qui est venu proclamer la Bonne Nouvelle du Royaume, le « chemin de Dieu a été connu sur la terre, ainsi que son salut ... ». En Marie, non seulement une fleur sur l'arbre de Jessé a fleuri, mais encore notre terre a donné son fruit, le meilleur fruit qu'elle pouvait porter, le Christ. homme et fils parfait. Désormais nous tous, unis en Jésus par le baptême, nous pouvons comme des fils porter le fruit de louange et d'adoration au Père. Grâce à« l'admirable échange où le Verbe prend corps, où le corps est louange, » nous prenons part à « la vie qui dispute à la mort /es/ils de Dieu», pour reprendre les mots d'une hymne. Par notre louange offerte jour après jour, la terre continue de porter son fruit de louange et d'amour
1. Le dimanche, on se lèvera plus tôt pour les vigiles.
2. A ces vigiles, on gardera la mesure, c'est-à-dire qu'après avoir modulé, comme nous l'avons réglé plus haut, six psaumes et le verset, tous s'assiéront, en bon ordre et selon leur rang, sur les banquettes, et on lira dans un livre, comme nous l'avons dit plus haut, quatre leçons avec leurs répons.
3. C'est seulement au quatrième répons que celui qui chante dira le gloria. Quand il l'entonnera, aussitôt tous se lèveront avec révérence.
4. Après ces leçons suivront six autres psaumes pris dans l'ordre, avec antiennes comme les précédents, et le verset.
5. Après quoi on lira de nouveau quatre autres leçons avec leur répons, selon l'ordonnance indiquée plus haut.
6. Après quoi on dira trois cantiques des prophètes, déterminés par l'abbé ; ces cantiques seront psalmodiés avec alleluia.
7. On dira aussi un verset, l'abbé bénira, et on lira quatre autres leçons du Nouveau Testament, selon l'ordonnance indiquée plus haut,
8. mais après le quatrième répons, l'abbé entonnera l'hymne Te Deum laudamus .
9. Celle-ci achevée, l'abbé lira la leçon de l'Évangile, tous se tenant debout avec honneur et crainte.
10. La lecture de celle-ci achevée, tous répondront Amen , et l'abbé enchaînera aussitôt l'hymne Te decet laus , et la bénédiction donnée, on entonnera les matines.
11. Cette ordonnance des vigiles sera gardée le dimanche également en toute saison, que ce soit en été ou en hiver,
12. sauf si – à Dieu ne plaise – on se lève en retard : on abrégera un peu les leçons ou les répons.
13. Mais qu'on mette tous ses soins à éviter que cela n'arrive. Si cela se produisait, que celui qui est responsable de l'accident par sa négligence en fasse une digne satisfaction à Dieu dans l'oratoire.
Je suis frappé dans ce chapitre par les mentions corporelles dans l'action liturgique. Pour St Benoit, se tenir debout est un signe de« révérence», une façon d'honorer Dieu. On se tient donc debout le temps de la récitation des psaumes, par contre on est assis pour écouter les nombreux passages de l' Ecriture, 8 passages ou leçons de l'AT et 4 du NT. Mais on se lève pour dire le gloria après le dernier répons de la dernière lecture en l'honneur de la Sainte Trinité comme nous l'avons dit. Et on se tient debout par contre pour écouter la lecture de l'évangile final qui clôt l'office.
Cette alternance de posture nous enseigne à travers notre corps. Dans notre attitude corporelle, nous exprimons notre foi et notre prière. La position debout dit notre être-là disponible comme un serviteur, en présence de notre Maitre, de notre Dieu qui emplit, et notre église, et tout l'univers. Etre debout, est aussi une posture de confiance. Si l'on se sent en danger, par exemple dans un combat, on reste caché, accroupi ou on rampe. Rester debout, c'est s'exposer. dans la confiance qu'il ne nous arrivera rien de mal devant Dieu. Il est notre Rempart. Sur Lui. le Roc, nous pouvons demeurer en sécurité. Pour nous chrétien, la position debout est encore la posture de celui qui est relevé, ressuscité avec le Christ. Lui le Vivant qui, de couché s'est levé d'entre les mo1is, nous donne déjà de pmiiciper à sa dignité de ressuscité. Comme nous l'a enseigné f. Mathias ou Martine Buhrig, sachons mettre la position debout à profit pour goûter la belle vitalité qu'il y a en nous quand nous nous tenons bien droit, sans être raide. Si nous laissons notre respiration nous remplir profondément, nous pouvons goüter davantage la joie d'être vivant. Et nous pouvons être là et rendre grâce au Seigneur en qui nous avons le souffle et l'être. De même la position assise, plus fréquente aujourd'hui qu'au temps de St Benoit, puisque nous prions les psaumes assis, peut devenir une posture où notre corps nous entraine dans J'écoute. Car il s'agit avec notre corps, plus disponible, d'être là réceptif, accueillant à la Parole, entendue mais aussi dite dans l'alternance des chœurs qui chantent. Assis, non affalé sur sa chaise, notre corps peut nous introduire à l'écoute. Dans la mesure du possible, f. Mathias et Martine nous enseignent que tenir son livre à mi-hauteur, correspond mieux à une juste posture physique. Sans tension, il s'agit pour chacun de trouver ce qui peut faciliter l'être là, bien présent. Etiré vers le ciel, et bien enraciné dans le sol, notre corps est un signe et un instnunent de notre relation avec le Seigneur, Dieu du ciel et de la terre. Bien l'habiter, mieux le connaitre, c'est expérimenter qu'il est un allié précieux pour louer Dieu.
1. De Pâques aux Calendes de novembre, d'autre part, on maintiendra intégralement toute la quantité de psalmodie indiquée plus haut,
2. excepté qu'on ne lira pas de leçons dans un livre en raison de la brièveté des nuits, mais à la place de ces trois leçons, on en dira de mémoire une de l'Ancien Testament, suivie d'un répons bref.
3. Tout le reste, on l'accomplira comme il a été dit, c'est-à-dire qu'on ne dira jamais aux vigiles nocturnes une quantité moindre que douze psaumes, non compris les psaumes trois et quatre-vingt-quatorze.
Quand St Benoit organise l'office des vigiles, il doit pourvoir au fait qu'en été les heures sont moins longues. En effet en toute saison, on divise chaque période du jour et de la nuit en douze heures égales. Avec les nuits plus brèves en été, les heures sont plus cou1ies. Le temps de la prière s'en trouve abrégé, comme le temps du sommeil d'ailleurs. Benoit est face à un dilemme : comment faire pour ne pas trop mordre sur le sommeil, selon la recommandation du chapitre précédent, et en même temps, comment garder la concordance entre les divers offices et la course du soleil. plus précisément à ce moment de la journée, comment faire pour que la fin des vigiles corresponde avec le lever du soleil où seront chantées les laudes ? Il faut donc que les vigiles soient raccourcies. Que rogner ? St Benoit préfère rogner sur les lectures et les répons et garder un nombre égal de psaumes en hiver et en été, deux fois six psaumes.
Ce choix nous redit l'importance des psaumes. Ils sont comme le pain dans notre nourriture quotidienne, comme le riz à Madagascar ou au Vietnam, comme les haricots au Burundi. Dans nos divers pays, on n'imagine mal se passer de pain ou de riz ou de haricot. Nous chantons les psaumes et les reprenons semaine après semaine. Ils sont la base indispensable de notre prière commune. Comment ne pas tomber dans la routine? Comment demeurer vivant dans notre chant et notre prière ? Nous pouvons déjà nous réjouir d'y être aidé par la variété des antiennes selon les temps liturgiques. Sachons en conséquence goûter les antiennes et les psalmodies offertes. Nous pouvons repérer l'ambiance et l'intelligence spirituelle dans lesquelles elles nous introduisent. Nous pouvons aussi être attentifs aux mots : le mot Seigneur qui est un titre fort, transcription le plus souvent du tétragramme Adonai... A chaque fois que nous disons Seigneur, nous nous adressons à Celui gui s'est révélé à Moïse. lequel avait ôté ses chaussures en sa Présence. En prendre conscience, peut nous permettre de mesurer la densité de la prière et la majesté de Celui à qui elle s'adresse. Il nous est do1111é de converser avec Adonaï, le créateur de l'univers, notre créateur, et cela sans que nous ayons à faire un immense eff01i. Nous y sommes entrainés par la liturgie. Une autre famille de mots revient souvent autour des ennemis, adversaires. insensés... Nous pouvons y retrouver nos ennemis réels ou présumés. Nous pouvons aussi y reconnaitre ces ennemis qui sont en nous et qui nous détournent, soit de la foi en notre Dieu, soit de la charité vis-à-vis des frères. Ses ennemis veulent nous mettre à bas, nous défigurer par le cinéma intérieur qui grandissant peut nous entrainer à agir mal. Avec le psalmiste, demandons à Dieu de les piétiner ou de nous apprendre à les tenir à distance.
5. Quand on les aura dits, et qu’on aura dit le verset, l'abbé bénira, tous s'assiéront sur les bancs et des frères liront tour à tour dans un livre posé sur le pupitre trois leçons, entre lesquelles on chantera trois répons.
6. Deux répons seront dits sans gloria, mais après la troisième leçon, celui qui chante dira le gloria.
7. Quand le chantre commencera de le dire, aussitôt tous se lèveront de leurs sièges en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité.
8. On lira aux vigiles les livres d'autorité divine de l'Ancien Testament aussi bien que du Nouveau, ainsi que les commentaires qu'en ont faits les Pères catholiques réputés et orthodoxes.
9. Après ces trois leçons avec leurs répons, suivront les six psaumes restants, qu'on chantera avec alleluia.
10. Après ceux-ci suivra la leçon de l'Apôtre, qu'on récitera par cœur, le verset et la supplication de la litanie, c'est-à-dire Kyrie eleison ,
11. et ainsi s'achèveront les vigiles nocturnes.
Je poursuis la lecture de ce chapitre commencée hier en relevant quelques points éclairant notre propre office. St Benoit parle de psaumes chantés avec antiennes au premier nocturne, et de psaumes chantés avec alléluia au second nocturne. Il est intéressant de noter que la liturgie ne nous fait pas simplement dire les psaumes pour les dire. Les antiennes et ]'alléluia sont là pour offrir du sens à cette récitation. Les antiennes de !'Avent ne sont pas celles du Carême ni celles du temps ordinaire. Attachées au même p:;aume selon les temps, elles mettent en lumière une dimension de la prière du psalmiste qui va colorer notre prière d'aujourd'hui. Les antiennes nous déplacent aussi, elles nous font entrer dans le mouvement de conversion ou d'attente de toute l'Eglise. Laissés à nous-mêmes, notre prière pourrait n'être que très autocentrée. En proposant !'alléluia pour le seul 2d nocturne, Benoit suggère que le temps présent est déjà illuminé par la joie du Royaume qui vient. Certes, nous ne sommes pas encore dans la pleine réalisation du Royaume, mais depuis la résurrection du Christ, nous y participons déjà. Benoit mentionne ensuite la bénédiction de !'abbé avant la lecture. Par cette courte phrase, dite chez nous alors que tous s'inclinent avant de répondre« amen», l'attention de chacun est convoquée afin de mieux se préparer à écouter la Parole de Dieu. Vient ensuite après la lecture aux vigiles, le répons qui offre une fine et éclairante lectio divina ... !'Ecriture éclairée par
!'Ecriture, en des raccourcis souvent saisissants. J'entends encore le P. Jacques Gagey, venu chez nous pour plusieurs séjours de longue durée, s'émerveiller devant cette richesse des répons qui illuminent le passage entendu pour en élargir le sens. La liturgie manifeste ici combien elle n'est en fait qu'une incessante lectio, reliant les passages ou les versets les uns aux autres pour en faire jaillir du sens. Autre point important pour Benoit, les « gloria » qui suivent ici les répons, et plus habituellement les psaumes. On se lève « en signe d'honneur et de révérence pour la Sainte Trinité». Pour les répons ou à la fin des psaumes, nous ajoutons l'inclination en signe d'adoration. Au temps de St Benoit, où la foi trinitaire reste encore incertaine chez certains peuples barbares, cette doxologie joue le rôle d'une confession de foi aux trois personnes divines égales en dignité. et une en leur commune nature. A la fin d'un répons ou d'un psaume, chanter le Père, et le Fils et le Saint Esprit, c'est confesser l'identité de Celui qui a inspiré ces paroles et ces actions, et tout faire remonter vers Lui dans la louange et l'adoration.
1. En la saison d'hiver définie ci-dessus, on dira d'abord trois fois le verset : « Seigneur, tu ouvriras mes lèvres, et ma bouche annoncera ta louange. »
2. On y joindra le psaume trois et le gloria.
3. Après cela, le psaume quatre-vingt-quatorze avec antienne, ou du moins chanté d'un trait.
4. Alors suivra l'ambrosien ; ensuite six psaumes avec antiennes.
Dans ce chapitre, on peut relever quelques points saillants qui mettent en évidence le sens des divers rites qui constituent notre office liturgique. Le premier concerne le verset d'ouve11ure que l'on chante aujourd'hui sur le mode impératif, comme une demande:
« Seigneur, ouvre mes lèvres, el ma bouche publiera ta louange ». Au sortir de la nuit. voilà les premiers mots qui sortent de nos lèvres, une première prière pour demander la grâce de la prière. Si nous n'exprimons pas au Seigneur notre désir d'être vraiment là pour le prier, et si le Seigneur ne vient pas à notre secours, nous risquons, faibles que nous sommes, de passer à côté, ballotés souvent par les distractions. Sachons nous préparer intérieurement à ce premier moment d'ouverture de notre bouche... St Benoit recommande pour chaque jour, outre le Ps 3 que nous ne disons pas, le Ps 94 comme psaume invitatoire, pour mieux nous ancrer dans
«!'aujourd'hui» de l'écoute de la Parole et de notre réponse. Déjà dans le prologue, St Benoit recommandait de faire de notre vie, une veille à l'écoute de la Parole : « levons-nous donc enfin, puisque ! 'Ecriture nous éveille en nous disant .... « Aujourd "hui si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs ,, (Pro! 8-10)... En reprenant chaque jour, ce même psaume, Benoit se fait l'instrument de l'invitation divine à demeurer jour après jour à l'écoute. Plus profondément, avec toute la tradition liturgique. on peut dire que le mot « aujourd'hui " si souvent repris comme bientôt à Noël, nous convie à entrer dans !'aujourd'hui de grâce du Seigneur. En l'écoutant, et en I ui répondant par la louange de nos lèvres et par l'engagement de
nos vies, nous vivons !'aujourd'hui du salut qui s'accomplit en nous dans le Christ et nous transforme à son image. Puis vient l'hymne. appelé ambrosien rattaché à la création d'hymne inaugurée par Ambroise de Milan. L'hymne a cette fonction de nous mettre personnellement et tous ensemble au diapason d'une commune intelligence de l'heure que nous sommes en train de célébrer. Elle donne du sens, elle élargit le cœur qui pourrait être un peu trop dans les torpeurs de la nuit, pour lui faire entrevoir combien cet instant vécu est unique. Nos hymnes des vigiles du temps ordinaire sont particulièrement remarquables à ce sujet. Je cite celle du vendredi :
« Quand le Seigneur viendra, fète sans retour, nous lui serons semblables nous verrons. Mais
déjà dans notre nui!, / 'Esprit nous presse à sa rencontre, sans le voir aimons. >J A travers ces lignes, nous percevons combien tous nos offices des vigiles sont une veille qui nous prépare à la rencontre du Seigneur qui vient.
1. En saison d'hiver, c'est-à-dire depuis les Calendes de novembre jusqu'à Pâques, il faut, suivant la norme raisonnable, se lever à la huitième heure de la nuit,
2. afin de se reposer un peu plus de la moitié de la nuit et d'être dispos au lever.
3. Quant à ce qui reste après les vigiles, les frères qui ont besoin d'apprendre quelque chose du psautier ou des leçons, l'emploieront à cette étude.
4. De Pâques aux susdites Calendes de novembre, on réglera l'heure de telle sorte que l'office des vigiles, après un tout petit intervalle où les frères pourront sortir pour les besoins de la nature, soit immédiatement suivi des matines, qui doivent être dites au point du jour.
Dans ce premier chapitre du directoire liturgique, St Benoit est très prosaïque. On entend son souci que les frères aient leur part de sommeil afin d'être dispos au lever, qu'ils puissent aussi bien utiliser leur temps, notamment entre les vigiles et les laudes ou matines pour apprendre par cœur les psaumes ou les Ecritures, que leur soit ménagé durant l'été un petit intervalle entre les vigiles et les laudes pour les besoins de la nature...tout en s'assurant que les laudes puissent être célébrées au moment où le soleil se lève. Attention paternelle de Benoit qui veille à ce que les équilibres soient gardés pour les frères eux-mêmes, mais aussi en lien avec le cosmos. A travers ces différentes notations de vie concrète, Benoit nous rend attentif aux conditions de la prière liturgique. Si celle-ci se reçoit du rythme cosmique du soleil, elle ne peut être pour autant une sorte de rouleau compresseur qui gommerait notre humanité. A J' école de st Benoit, nous pouvons ce matin vérifier si nous négligeons ou non les équilibres ordinaires qui favorisent notre engagement dans la prière. Faisons-nous attention à respecter nos besoins de repos 9 Notre office de nuit présente une exigence qui appelle de notre part une réelle vigilance. Il s'agit de ne pas trop tarder à se coucher, de faire la sieste si c'est nécessaire, de pouvoir dire si l'on est trop fatigué pour s'abstenir un temps du lever de nuit, afin de mieux le retrouver ensuite. Cette attention à notre condition physique, sans tomber dans une inquiétude excessive, est une manière de rendre gloire à notre Créateur. Si nous trouvons de la joie à répondre à son appel pour le louer durant la nuit, ce pourrait être une forme d'orgueil que de vouloir aller au-delà de nos forces. Aujourd'hui, nous n'articulons plus aussi strictement, les horaires de la prière à la course du soleil. Mais nous n'en demeurons pas moins appelés par la cloche à rompre avec nos activités pour nous diriger vers l'église. Notre manière de nous préparer tranquillement pour aller à l'office, sans arriver toujours à la dernière minute, est aussi une façon de nous respecter en notre être corporel, de ne pas nous mettre continuellement la pression. Le Seigneur qui nous appelle à inscrire notre quotidien dans la louange de son Nom, ne veut pas que nous soyons toujours stressés, toujours en train de courir. En fait, plus que nos activités, il nous faut quitter la prétention à être les maitres de notre temps, comme si tout dépendait de nous. Un seul est le Maitre du Temps, le Christ qui tient le monde en sa main. Nos vies habitées par la louange des heures, veulent se mettre au tempo de Dieu. Elles s'ouvrent alors à une plus profonde compréhension du temps qui passe. Une grâce del 'habiter autrement, plus humainement et joyeusement nous est donnée dans l'attente du Seigneur qui vient.
67. Lors donc que le moine aura gravi tous ces degrés d'humilité, il arrivera à cet amour de Dieu qui est parfait et qui met dehors la crainte.
68. Grâce à lui, tout ce qu'il observait auparavant non sans frayeur, il commencera à le garder sans aucun effort, comme naturellement, par habitude,
69. non plus par crainte de la géhenne, mais par amour du Christ et par l'habitude même du bien et pour le plaisir que procurent les vertus.
70. Cet état, daigne le Seigneur le faire apparaître par le Saint-Esprit dans son ouvrier purifié de ses vices et de ses péchés !
Que se passe-t-il après avoir gravi l'échelle de l'humilité? En fait que se passe-t-il après avoir consenti à descendre dans les tréfonds de son humanité pécheresse, pour s'abandonner dans les mains de Dieu? Alors qu'aux yeux humains, tout semble perdu, le moine fait l'expérience de l'amour de Dieu. Il est transfiguré par l'amour trinitaire qui le transporte, non pas au 7° ciel, mais en une nouvelle manière d'être lui-même. Miracle de l'humilité que laissait déjà entrevoir le prologue annonçant que peu à peu « le cœur se dilate et quel 'on court dans la voie des commandements de Dieu avec une douceur d'amour inexprimable» (Prol 49).
De ce miracle de l'humilité.je voudrais ne retenir qu'un aspect ce matin, celui du plaisir, lui aussi transfiguré. L'amour du Christ chasse la crainte de la géhenne, et l'œuvre de !'Esprit Saint qui purifie des vices, créé une habitude, et donne le plaisir de faire le bien. Le cœur est non seulement purifié, mais aussi renouvelé. Il retrouve le plaisir de déployer toutes ses facultés, ses vertus, pour accomplir le bien. Il est unifié à la suite du Christ. L'humilité permet de remettre les choses, en l'occurrence notre propre cœur, à l'endroit. Il est intéressant de voir que dans le premier degré d'humilité, Benoit prenait nettement ses distances par rapport au plaisir. « Il.faut donc se garder du désir mauvais, puisque la mort est placée sur le seuil du plaisir» (7, 24). Il s'agit ici du plaisir lié au désir mauvais. Benoit nous laisse entrevoir que le cœur humble, enraciné dans l'amour du Christ, n'est plus pris dans le dilemme entre mauvais et bon plaisir. Son énergie est toute entière absorbée dans le désir de faire le bien parce que là est tout son plaisir. De ce plaisir, nait une joie profonde, une lumière au regard desquels certains plaisirs autrefois recherchés font désormais bien pâle figure. « Je trouve mon plaisir en tes volontés, ce sont elles qui me conseillent» dit le psalmiste (118,24). Sous le conseil des volontés du
Seigneur, tous les petits ou grands plaisirs de la vie quotidienne peuvent s'ordonner et apporter leur énergie dans la recherche de l'unique amour. Aussi le cœur humble peut s'exèlamer en vérité avec le psalmiste : « Si je n'avais mon plaisir dans ta loi, je périrai de misère » ( 118,92). Nous entrevoyons ici l'horizon que St Benoit nous offre, certainement en écho avec son expérience et celle des pères. Que cet horizon nous semble proche ou lointain, peu importe. Tendre vers lui par la quête de l'humilité c'est entrer peu à peu dans la joie d'être davantage nous-même, plus unifié dans l'amour du Seigneur et des fr2!res. N'est-ce pas le vrai plaisir que nous recherchons le plus... ?
62. Le douzième degré d'humilité est que, non content de l'avoir dans son cœur, le moine manifeste sans cesse son humilité jusque dans son corps à ceux qui le voient,
63. autrement dit, qu'à l'œuvre de Dieu, à l'oratoire, au monastère, au jardin, en voyage, aux champs, partout, qu'il soit assis, en marche ou debout, il ait sans cesse la tête inclinée, le regard fixé au sol,
64. et se croyant à tout instant coupable de ses péchés, il croie déjà comparaître au terrible jugement,
65. en se disant sans cesse dans son cœur ce que le publicain de l'Évangile disait, les yeux fixés au sol : « Seigneur, je ne suis pas digne, pécheur que je suis, de lever les yeux vers le ciel. »
66. Et aussi avec le prophète : « Je suis courbé et humilié au dernier point. »
R.B. 7, 62-66 De l'humilité
f. Ambroise
12° d'humilité: 12° indice de l'humilité à !'oeuvre, indice non plus intérieur mais complètement extérieur. Toute l'attitude du moine manitèste cette humilité qui habite le cœur, dans la grande conscience de son indignité devant Dieu. Le moine est comme unifié dans et par l'humilité. Celle-ci n'est pas un vernis, une recherche d'apparence, mais elle prend tout l'être.
« Miracle del 'humilité» entendait-on dans le livre de Matta El Maskine.
Comme le fait remarquer Michaela Puzicha dans son commentaire, la phrase mise ici dans la bouche du moine : « Seigneur, je ne suis pas digne, pécheur que je suis, de lever les yeux vers le ciel» n'est pas une citation littérale de la parole du publicain. N'osant les yeux vers le ciel, ce dernier s'exclame en se frappant la poitrine: « Mon Dieu, montre-toi favorable au
pécheur que Je suis » (Le 18, 13). L'autre partie «_ie ne suis pas digne » est certainement
empruntée au récit de la parabole de l'enfant prodigue, lorsque celui-ci se prépare en lui-même pour dire à son père : « Père, j'ai péché contre le ciel et envers toi. Je ne suis plus digne d'être appelé ton fils ... » (Le 15, 18-19,21). Le moine humble rejoint ainsi deux expériences spirituelles fondamentales dans l'évangile: celle du publicain et celle de l'enfant prodigue. Le premier, pécheur honni de tous, sait se tenir en vérité devant son Dieu, et le second s'estimant avoir perdu sa dignité filiale, ose quand même revenir vers son père. A travers ces deux figures évangéliques, nous pouvons mieux comprendre combien l'humilité est cette découverte peu à peu assumée dans la confiance, de notre profonde indignité devant Dieu. Face à Lui, nous ne pouvons nous prévaloir de rien. Comme le dit St Cyprien commentant la parabole du publicain :
« ce n'est pas de son innocence qu'il espérait le salut» (Dom. Orat. 6). Tout le processus de l'humilité, consiste à faire le travail intérieur du fils prodigue dont on nous dit qu'il« rentra en lui-même » (Le 15, 17). Alors qu'il se trouvait dans la détresse, affamé en train de garder les cochons, il réfléchit et prend le temps d'un vrai retour sur soi, sans concession avec lui-même. Si nous ne sommes pas capables de cet essai de regard lucide sur nous-même, nous ne prenons pas le chemin de l'humilité. L'humilité se fraie un chemin en notre cœur dans la mesure où nous sommes vigilants, sur nous-mêmes, en tout lieu, « au jardin, en voyage, à l'oratoire », nous dit Benoit. Mais cette vigilance n'est vraiment humble, et non le fruit de la tyrannie de notre sunnoi idéal, que si elle est en même temps remise dt soi confiante devant notre Père des Cieux. Devant Lui seulement, notre Père, nous reconnaitre pécheur est un acte d'amour, un acte d'abandon en ses mains de tendresse qui ne veulent que guérir et sauver.
56. Le neuvième degré d'humilité est que le moine interdise à sa langue de parler et que, gardant le silence, il attende pour parler qu'on l'ait interrogé.
57. En effet, l'Écriture indique qu'« en parlant beaucoup, on n'évite pas le péché »,
58. et que « l'homme bavard ne marche pas droit sur la terre ».
59. Le dixième degré d'humilité est que l'on ne soit pas facile et prompt à rire, car il est écrit : « Le sot élève la voix pour rire. »
60. Le onzième degré d'humilité est que, quand le moine parle, il le fasse doucement et sans rire, humblement, avec sérieux, en ne tenant que des propos brefs et raisonnables, et qu'il se garde de tout éclat de voix,
61. ainsi qu'il est écrit : « Le sage se reconnaît à la brièveté de son langage. »
Ces trois degrés de l'humilité peuvent être entendus ensemble. Ils offrent des indices de l'humilité à l'œuvre : la capacité à tenir sa langue(« le moine interdit à sa langue de parler avant qu'on l'ait interrogé»), la retenue dans le rire(« qu'on ne soit pas.facile et prompt à rire ») et enfin la manière de parler avec douceur et gravité (« quand le moine parle, qu'il le fàsse doucement et sans rire. humblement, avec gravité, en ne tenant que des propos brefs et raisonnables, et qu'il se garde de tout éclat de voix »). Ici, point de recette, encore moins des commandements, ni même des recommandations, mais les signes d'une humilité qui prend peu à peu le cœur humain. Celui-ci devient moins préoccupé de se raconter, moins soucieux de faire rire; il est davantage capable d'être lui-même sans avoir besoin de donner de la voix ou de se faire remarquer par son éloquence. Le moine qui cherche Dieu sait que là n'est pas l'essentiel et que la joie est ailleurs. Il nous faut le reconnaitre, nous tenir là n'est pas affaire de conquête ou d'eff01i d'attention sur nos attitudes spontanées ambigües. C'est un don de !'Esprit qui prend peu à peu place en nous pour nous changer de l'intérieur. Un travail de la grâce qui nous libère de nos faux-semblants et tous les masques derrière lesquels nous pensons être quelqu'un. Peu à peu,·1 Esprit Saint nous fait goûter comme un bon fruit la parole juste, mesurée et discrète. Il nous enseigne et nous fait aimer le silence. Aussi, ne devons-nous pas accueillir comme w1 don de l' Esprit, toutes les occasions offertes par la vie qui viennent nourrir notre intériorité, notre habitation heureuse avec nous-même sous le regard de Dieu? Lorsque nous sommes à l'office, à l'oraison ou dans notre lectio, apprenons à demeurer là dans le désir de la rencontre du Seigneur, avec persévérance et patience. Apprenons à tourner notre cœur et notre attention vers Celui qui est là et qui désire nous parler et cheminer avec nous. Lorsque les distractions nous détournent, revenir simplement, et si le combat est trop fort, ne pas abdiquer en abandonnant, mais reconnaitre simplement notre faiblesse, et la confier humblement au Christ. Nourrir notre intériorité ce peut-être dans les relations ne pas prendre ombrage de ne pas avoir la parole, mais se réjouir que des frères puissent s'exprimer. Ce peut-être prier pour un frère avec qui la relation est difficile en menant le combat contre les jugements qui viennent facilement. Ce peut-être donner du temps et de 1'espace à un frère dans le besoin. Nourrir notre intériorité, habiter avec nous-même ... que !'Esprit Saint nous entraine sur ce chemin d'humilité gui décentre de soi...
55. Le huitième degré d'humilité est que le moine ne fasse rien qui ne se recommande de la règle commune du monastère et des exemples des supérieurs.
Ce 8° degré pourrait s'appeler le « degré de la vie quotidienne». Vivre selon la règle commune et l'exemple des anciens, c'est accepter de s'enfoncer dans la vie très simple offerte au jour le jour. Là où l'orgueil pourrait nous inciter à chercher à faire toujours du nouveau, à inventer quelque chose d'original, l'humilité nous conduit à trouver notre joie dans le quotidien reçu d'une communauté. Celle-ci en m'accueillant me donne sa vie. Elle m'offre un art de vivre dont j'ai pressenti la valeur, au point de vouloir le faire mien. Cet art de vivre peut se dire avec des mots et dans des traités de spiritualité. Mais il se transmet surtout à travers des personnes qui essaient patiemment et modestement d'en vivre. Il se donne à voir dans telle attitude discrète de don de soi, de renoncement à son intérêt, dans l'empressement à aller à J"église et dans le service qui ne se montre pas. Nos frères nous enseignent par leur élan. La vie quotidienne nous enseigne aussi par sa belle régularité et par sa profondeur. Elle est une école d'humilité qu'elle manifeste de bien des manières et dans laquelle elle nous entraine. Au gré des travaux très simples et des tâches répétitives, nous apprenons à consentir au réel avec humilité. Faire ce qui est demandé, vivre ce qui est à vivre. Accepter de voir mon quotidien balisé par un rythme, celui de la prière au point que parfois j'ai l'impression de ne plus avoir de temps à moi. Tiens, je n'ai plus de temps à moi? Mais ne voulais-je pas donner tout mon temps pour Dieu et pour mes frères? Ou bien est-ce que tout ce que je vis, cette vie très quotidienne, n'est pas ma vie, n'est pas mien? Penser, je n'ai plus de temps à moi, n'est-ce pas le signe qu'une part en moi peine à être unifiée avec la vie que j'ai choisie ? L'humilité sera de pouvoir vivre tout mon quotidien, tout ce qui m'est demandé, avec joie et contentement profond parce que profondément reçu de Dieu et donné à Dieu et aux autres. Ainsi, la vie quotidienne, toute banale qu'elle puisse être, nous éprouve car elle vient vérifier notre désir d'être à Dieu et non plus à nous-mêmes. Elle m'enseigne le vrai chemin de l'humilité qui est d'apprendre à devenir en me laissant façonner par un Autre, le Seigneur, le Créateur de l'Univers dans lequel je suis un infime élément. Au gré des évènements et des sollicitudes diverses, le Seigneur me façonne. Et il m'insère dans son grand projet d'amour pour le monde. Et ma liberté là-dedans? Elle sera moins de chercher à faire des choses originales, que de choisir d'écouter et d'entendre ce que le Seigneur attend de moi. Choisir ce qu'il me propose de vivre au gré de la vie commune quotidienne, vie qu'il m'a donné la joie de rejoindre et d'adopter comme règle de vie et de conduite.