vendredi 3 octobre 2025 : journée de solitude pour la communauté, messe vers 6h45 après Laudes.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00 v 45-48 Prologue écrit le 06 octobre 2020
Verset(s) :

45. Il nous faut donc instituer une école pour le service du Seigneur.

46. En l'organisant, nous espérons n'instituer rien de pénible, rien d'accablant.

47. Si toutefois une raison d'équité commandait d'y introduire quelque chose d'un peu strict, en vue d'amender les vices et de conserver la charité,

48. ne te laisse pas aussitôt troubler par la crainte et ne t'enfuis pas loin de la voie du salut, qui ne peut être qu'étroite au début.

Commentaire :

La conclusion du prologue que nous venons d'entendre est touchante. Elle nous met au plus près du projet de St Benoit d'instituer un monastère. Elle nous laisse aussi pressentir son état d'esprit qui ne veut rien faire de dur ou de pénible. St Benoit est conscient de faire une œuvre pas banale: celle d'organiser la vie d'un groupe d'hommes, des chrétiens qui veulent se vouer totalement et ensemble par le don d'eux-mêmes dans la prière et le service mutuel. Selon les mots utilisés, il créé une institution. Notre vie monastique est une institution au sens moderne du terme, c'est-à-dire une structure sociale organisée en vue d'un but bien précis : celui de permettre à des chercheurs de Dieu de mener à bien, avec d'autres, leur commune quête spirituelle. Comme toute institution, elle a sa loi : la règle. Elle a son organisation hiérarchique avec les modes de désignation de l'abbé, du prieur, des doyens et des divers officiers. Elle comporte des manières précises pour admettre de nouveaux membres, voire pour en exclure en cas de problèmes. Elle organise les activités du groupe (prière, travail, repas, rencontre, accueil) et propose un horaire. Elle dicte les devoirs et les droits de chaque membre. Penser notre vie monastique comme institution ne nous est pas familier au premier abord. Et pourtant, cette institution est vitale pour rendre possible, et le vivre ensemble et un certain dynamisme spirituel. L'absence de normes fait le lit soit de l'anarchie, soit de la dictature de quelques-uns. Plus profondément, sans cette institution, manquerait à notre élan premier, la colonne vertébrale qui permet de tenir debout dans la durée. Dans le mot « institution » (institutio) ou dans le mot

« constitution » (constitutio) qui lui est proche, et que St Benoit utilise encore plus, il y a le mot

« status » (action de se tenir, position, posture). L'institution, la constitution va permettre à chacun et tous ensemble de se tenir dans la juste posture, celle fixée par le but recherchée. Pour ne pas laisser la ferveur des débuts se refroidir, nous avons besoin de cette règle, de ces normes.

St Benoit a quelques scrupules en donnant une organisation ayant force de loi à une quête qui est avant tout spirituelle. Il craint« d'introduire quelque chose d'un peu strict». Il le propose cependant dans la conviction qu'au début, il est normal que le chemin apparaisse étroit. Sur les limites qu'il donne, viennent buter nos recherches encore désordonnées, nos désirs non ajustés... Ainsi apprenons-nous que nous ne sommes ni tout puissant, ni le centre du monde. Je poursuivrai demain...

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00 v 35-44 Prologue écrit le 01 octobre 2020
Verset(s) :

35. Achevant ainsi son discours, le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par des actes aux saints enseignements qu'il vient de nous donner.

36. Voilà pourquoi les jours de cette vie nous sont accordés comme un sursis en vue de l'amendement de notre mauvaise conduite,

37. selon le mot de l'Apôtre : « Ne sais-tu pas que la patience de Dieu te conduit à la pénitence ? »

38. Car le Seigneur dit, dans sa bonté : « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive. »

39. Nous avons donc interrogé le Seigneur, frères, au sujet de celui qui habitera dans sa demeure, et nous avons entendu le précepte donné pour y habiter, mais pourvu que nous remplissions les devoirs incombant à l'habitant.

40. Il nous faut donc tenir nos cœurs et nos corps prêts à servir sous la sainte obéissance due aux préceptes.

41. Et pour ce que la nature en nous trouve impossible, prions le Seigneur d'ordonner au secours de sa grâce de nous l'accorder.

42. Et si, fuyant les châtiments de la géhenne, nous voulons parvenir à la vie perpétuelle,

43. tandis qu'il en est encore temps et que nous sommes en ce corps et qu'il reste le temps d'exécuter tout cela à la lumière de cette vie,

44. il nous faut à présent courir et accomplir ce qui nous profitera pour toujours.

Commentaire :

« Le Seigneur attend que nous répondions chaque jour par des actes aux saints enseignements qu'il vient de nous donner »... Comment ne pas nous laisser égarer par ce geme de langage un peu scolaire ? Comment ne pas nous tromper sur l'image de notre Dieu que ces lignes peuvent induire, l'image d'un Dieu surplombant donnant et attendant impatiemment en retour... Ce langage risque de nous entrainer à faire fausse route.

Demeure profonde et vraie la conviction qui est exprimée là : le Seigneur nous attend. Non en vertu d'un droit qu'il aurait sur nous, mais en vertu du désir qui l'habite de nous voir vivre pleinement. « Je ne veux pas la mort du pécheur, mais qu'il se convertisse et qu'il vive ». Le Seigneur n'exige rien de nous, il désire que nous ayons « la vie en abondance » pour reprendre les mots de Jésus en Jean. En fait ce langage que je qualifie d'un peu scolaire pour parler de Dieu qui attend que nous répondions par des actes à ses enseignements n'est-il pas davantage révélateur de nous-mêmes et de notre difficulté à nous donner entièrement ? C'est la trace du péché de nous enfermer dans des rapports de donnant-donnant. Nous l'expérimentons trop bien entre nous. Et nous le projetons sur Dieu. Ne sachant pas aimer gratuitement, nous projetons sur Dieu l'image d'un père gui demande des comptes... Combien d'enseignements de la bible ne portent-ils pas ces traits de langage? N'est-ce pas la manière avec laquelle Dieu nous rejoint dans un premier temps, en nous prenant là où nous sommes vraiment. Quand nous nous rebiffons spontanément devant ce type de langage jugé trop infantile et indigne de Dieu, et de nous, sommes-nous honnêtes avec nous-mêmes. N'est-ce pas nous qui sommes encore

infantiles, si peu capable d'aimer gratuitement? si peu capable d'aimer si l'on ne nous a pas aimé en premier, ou donné quelque chose? Avec Dieu, sommes-nous désireux de l'aimer en lui donnant gratuitement de notre temps, dans la prière, et dans le service des frères ? Parfois, nous nous découvrons piteusement bien étroits, bien peu ouverts à l'inconnu, à l'autre, et nous refuserions que le Seigneur nous secoue un peu ? Oui, notre péché nous aveugle et sur notre étroitesse souvent très réelle, et sur le véritable amour de Dieu qui ne peut se manifester totalement, tant nous sommes portés à calculer avec lui... Il est alors très sage le conseil que nous laisse St Benoit : « et pour ce que la nature en nous trouve impossible, prions le Seigneur d'ordonner au secours de sa grâce de nous l'accorder».

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 00 v 22-34 Prologue écrit le 30 septembre 2020
Verset(s) :

22. Si nous voulons habiter dans la demeure de ce royaume, on ne saurait y parvenir, à moins d'y courir par de bonnes actions.

23. Mais interrogeons le Seigneur avec le prophète, en lui disant : « ;Seigneur, qui habitera dans ta demeure, et qui reposera sur ta montagne sainte ? »

24. Cette question posée, frères, écoutons le Seigneur nous répondre et nous montrer le chemin de cette demeure,

25. en disant : « C'est celui qui marche sans se souiller et accomplit ce qui est juste ;

26. qui dit la vérité dans son cœur, qui n'a pas commis de tromperie par sa langue ;

27. qui n'a pas fait de mal à son prochain ;; qui n'a pas laissé l'injure atteindre son prochain ;» ;;

28. qui, lorsque le malin, le diable, lui suggérait quelque chose, l'a repoussé loin des regards de son cœur, lui et sa suggestion, l'a réduit à néant, et s'emparant de ses petits – les pensées qu'il lui inspirait – les a écrasés contre le Christ.

29. Ce sont ceux-là qui, craignant le Seigneur, ne s'enorgueillissent pas de leur bonne observance, mais qui, estimant que ce qui est bon en eux ne peut être leur propre œuvre, mais celle du Seigneur,

30. magnifient le Seigneur qui opère en eux, en disant avec le prophète : « Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom rends gloire ! »,

31. de même que l'Apôtre Paul, lui non plus, ne s'attribuait rien de sa prédication et disait : « C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. »

32. Et il dit encore : « Celui qui se glorifie, qu'il se glorifie dans le Seigneur. »

33. De là aussi la parole du Seigneur dans l'Évangile : « Celui qui écoute ce que je viens de dire et le met en pratique, je le comparerai à un homme sage, qui a bâti sa maison sur la pierre.

34. Les eaux sont venues, les vents ont soufflé et ont heurté cette maison, et elle n'est pas tombée, parce qu'elle était fondée sur la pierre. ;»

Commentaire :

C'est une des richesses de la règle, que de faire s'entrechoquer les images... pour nous suggérer un sens, pour nous éveiller au mystère de notre vie chrétienne et monastique. Dans le passage que nous venons d'entendre, je retiens deux images apparemment contradictoires : au début Benoit parle de courir pour atteindre la demeure du Royaume, une course qui se traduit par l'accomplissement de bonnes actions... et à la fin, il concluait en reprenant l'évangile, que celui qui met en pratique les commandements ressemble à un homme qui a bâti sa maison sur le roc... Deux images, celle de la course et celle de la maison bâtie sur le roc, pour dire une même réalité : la mise en pratique de l'évangile. Courir et bâtir sur le dur, c'est finalement tout un pour Benoit. Nos vies de disciples de Jésus se courent et se bâtissent dans le même moment. La course dit qu'il n'y a pas de temps à perdre lorsque l'on tend vers le Royaume. La construction signifie à l'inverse le temps de la mesure patiente et réfléchie. La course mobilise toutes nos énergies, comme si tout se jouait en un instant très court. La construction compte sur le déploiement du temps, elle en a besoin pour que peu à peu s'élève la maison. Etre des coureurs constructeurs, c'est donc être inséparablement des personnes investies totalement dans

!'instant présent, et en même temps des personnes qui savent regarder le long terme pour y engager avec constance leur effort. Si s'engager totalement dans l'instant conduit à être épuisé et très vite à devoir s'arrêter, à quoi bon? Si s'engager dans la durée conduit à se perdre dans les méandres de détails ou dans un certain dilettantisme, rien n'aboutira. Chaque jour, nous vivons comme si tout se jouait en ce jour. Et chaque jour, nous avançons dans la conscience que le chemin peut être long. Ainsi aucune de nos fidélités quotidiennes à la Parole n'est négligeable: c'est le sens de notre constance dans la prière de l'office dans la lectio sans cesse reprises, mais aussi de notre travail et de nos activités dans lesquels nous nous donnons totalement pour Dieu et nos frères. Tenir ensemble l'intensité et la constance de l'engagement n'est pas à notre seule portée. C'est un don de !'Esprit Saint, don de force et de sagesse à mendier chaque jour. Nous pouvons commencer nos journées en lui demandant d'être notre force et notre sagesse pour nous donner totalement.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Prologue v 14-21 écrit le 18 septembre 2020
Verset(s) :

14. Et se cherchant un ouvrier dans la foule du peuple, à laquelle il lance cet appel, le Seigneur dit de nouveau :

15. « Quel est l'homme qui veut la vie et désire voir des jours heureux ? »

16. Si, en entendant cela, tu réponds : « C'est moi ! », Dieu te dit :

17. « Si tu veux avoir la vie véritable et perpétuelle, interdis le mal à ta langue et que tes lèvres ne prononcent point la tromperie. Évite le mal et fais le bien, cherche la paix et poursuis-la.

18. Et quand vous aurez fait cela, j'aurai les yeux sur vous et je prêterai l'oreille à vos prières, et avant que nous m'invoquiez, je dirai : me voici ! »

19. Quoi de plus doux que cette voix du Seigneur qui nous invite, frères bien aimés ?

20. Voici que, dans sa bonté, le Seigneur nous montre le chemin de la vie.

21. Ceignant donc nos reins de la foi et de l'accomplissement des bonnes actions, avançons sur ses voies, sous la conduite de l'Évangile, afin de mériter de voir celui qui nous a appelés à son royaume.

Commentaire :

« Un ouvrier dans la foule du peuple »

Serions-nous une élite, triée sur le volet ?

Serions-nous, sinon des exceptions, du moins cas rares, en petit nombre, par l'appel qui nous est fait? par notre réponse?

A la suite de Balthasar et du f. Ghislain, soyons convaincus que nous devons et pouvons espérer pour tous, que nous ne pouvons espérer pour nous-même sans espérer pour tous.

Nous ne pouvons désirer la vie et vouloir voir des jours heureux sans le désirer et l'espérer pour tous. Nous sommes moines pour tous.

Si Dieu nous appelle, s'il nous montre le chemin de la vie, ce n'est pas pour nous seuls.

Si la vie monastique est un appel particulier, elle ne nous sépare pas des hommes, elle nous met en retrait pour aller plus profond et être davantage en communion. Elle est un appel à donner notre vie, dans la joie du don, pour que tous aient la vie.

Thérèse de Lisieux écrit dans le manuscrit C :

Jésus m'a donné un moyen simple d'accomplir ma mission. Il m'a fait comprendre cette parole des Cantiques:« ATT/REZ-MOI, NOUS COURRONS à l'odeur de vos parfums. » 0 Jésus, il n'est donc même pas nécessaire de dire:« En m'attirant, attirez les âmes que j'aime!» Cette simple parole: «Attirez-moi» suffit. Seigneur, je le comprends, lorsqu'une âme s'est laissé captiver par l'odeur enivrante de vos parfums, elle ne saurait courir seule, toutes les âmes qu'elle aime sont entraînées à sa suite; cela se fait sans contrainte, sans effort, c'est une conséquence naturelle de son attraction vers vous.

Nous devons être pleins de reconnaissance pour le don ineffable que Dieu nous fait de la vie monastique. Celle-ci doit nous rendre heureux, d'un bonheur plénier, vrai, solide. Nous ne devons pas être et nous ne sommes pas des gens moins heureux que les gens dans le monde, que les gens mariés. Les aspérités, les épreuves, les déchirures de la vie, ne doivent pas nous faire perdre la douceur de la voix divine qui nous invite et nous montre le chemin de la vie.

Le bonheur de l'homme est dans la communion, l'accueil et le don de la vie, la totale confiance en l'autre. Puissions-nous nous laisser attirer et attirer les autres !

Avec le Christ, donnons notre vie et recevons la vie, pour la multitude.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / 00 Prologue v 8-13 écrit le 17 septembre 2020
Verset(s) :

8. Levons-nous donc enfin, puisque l'Écriture nous éveille en nous disant : « L'heure est venue de nous lever du sommeil »,

9. et les yeux ouverts à la lumière de Dieu, écoutons d'une oreille attentive ce que la voix divine nous remontre par ses appels quotidiens :

10. « Aujourd'hui, si vous entendez sa voix, n'endurcissez pas vos cœurs ;» ;;

11. et encore : « Qui a des oreilles pour entendre, qu'il entende ce que l'Esprit dit aux Églises. »

12. Et que dit-il ? « Venez, mes fils, écoutez-moi, je vous enseignerai la crainte du Seigneur.

13. Courez, pendant que vous avez la lumière de la vie, de peur que les ténèbres de la mort ne vous atteignent. »

Commentaire :

Dieu nous désire. Il désire se donner à nous. Il nous veut vivants comme lui. Il nous veut comme des vis-à-vis, des êtres à qui il parle et qui lui répondent.

Dieu nous dit : « Tu es mon amour», et il attend notre libre réponse : si nous aimons, comment ne pas courir à lui ?

« Vous serez comme des dieux» dit le serpent: c'est exactement là le désir de Dieu. Il nous veut comme lui, de la même vie, du même amour.

Oui, c'est là le désir de Dieu, mais pas par le chemin de l'autonomie, de la division, de la méfiance, suggéré par le serpent !

Le chemin de notre divinisation, c'est le chemin du Fils, qui se reçoit du Père et se donne à lui, et le Fils s'est fait l'un de nous, pour que nous puissions être en lui, vivants du même souffle d'amour.

Le serpent cherche à casser le projet de Dieu. Il nous sépare de Dieu. Mais Dieu est plus têtu, plus tenace que le serpent: la vie qu'il veut nous donner-la sienne - il a pris les moyens pour qu'elle devienne nôtre, malgré l'œuvre de !'Adversaire, malgré le péché.

Levons-nous donc du sommeil, ouvrons nos yeux à la lumière divine, écoutons d'une oreille

attentive la voix divine, écoutons les Ecritures qui ne cessent de dire comment Dieu réalise son projet, renouant sans cesse l'Alliance, jusqu'à prendre sur lui le mal pour nous en délivrer, la haine pour que l'amour en soit victorieux.

N'endurcissons pas nos cœurs ! Laissons-nous toucher par celui qui nous aime!

Il nous respecte tant qu'il dit: « Ne réveillez pas mon amour avant l'heure de son bon plaisir: », mais puisse-t-il hâter notre bon plaisir, ne le faisons pas attendre, laissons-nous toucher, n'endurcissons pas nos cœurs ! Ni par le refus, ni par l'indifférence. Levons-nous donc, à chaque instant, de nuit comme de jour, quelques soient nos activités. C'est maintenant qu'il nous aime et nous invite.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / 00 Prologue v 4-7 écrit le 16 septembre 2020
Verset(s) :

4. Avant tout, quand tu commences à faire quelque bien, demande-lui très instamment, dans la prière, de le conduire à sa perfection,

5. afin que lui qui a daigné nous mettre au nombre de ses fils, n'ait jamais à s'attrister de nos mauvaises actions.

6. En tout temps, en effet, il nous faut lui obéir au moyen des biens qu'il met en nous, de sorte que non seulement, père irrité, il ne vienne jamais à déshériter ses fils,

7. mais aussi que, maître redoutable, courroucé de nos méfaits, il ne nous livre pas au châtiment perpétuel, comme des serviteurs détestables qui n'auraient pas voulu le suivre jusqu'à la gloire.

Commentaire :

Quand tu commences à faire quelque bien, demande-lui très instamment, dans la prière, de Je conduire à sa perfection :

Le chrétien n'est jamais un« self made man». Il se reçoit d'un autre, vit avec un autre et par un autre, pour un autre.« Je ne suis jamais seul, le Père est avec moi. » Cela est vrai aussi pour chacun de nous. Cela n'empêchera pas Jésus de dire avec tant d'autres et plus que tant d'autres : « Pourquoi m'as-tu abandonné? » « Où est tu ? ». Mais dans la déréliction, il dira :

« En tes mains, je remets mon esprit. » Il vit pour le Père, et conduit à sa perfection par l'obéissance, il réconcilie le monde entier avec celui dont nous nous étions détournés par notre désobéissance.

Comment le bien que nous faisons est-il conduit à sa perfection, sinon par l'amour?

Si l'amour est Dieu, nous ne pouvons faire aucun bien sans Dieu, et donc sans cette relation d'amour avec lui, qu'est la prière.

Nous avons le pouvoir au contraire de lui obéir au moyen des biens qu'il met en nous.

Nous sommes pécheurs, mais l'Esprit nous est donné, qui est plus fort que la puissance mensongère du serpent.

« Aucun don de la grâce ne vous manque. », écrit Paul aux Corinthiens.

Nous sommes à la fois aveugles sur notre péché et aveugles sur la présence divine en nous qui est source et force inépuisables.

«Situ savais le don Dieu... » Ne le laissons pas sans l'accueillir et le laisser fructifier.

Son déploiement est déjà participation à la gloire.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / 00 Prologue v 03 écrit le 15 septembre 2020
Verset(s) :

3. À toi donc, qui que tu sois, s'adresse à présent mon discours, à toi qui, abandonnant tes propres volontés pour servir le Seigneur Christ, le roi véritable, prends les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance.

Commentaire :

Abandonner ses propres volontés, prendre les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance.

Je voudrais éclairer ce verset par quelques paroles de f. Ghislain dans « Le catholicisme

autrement». Des choses qu'il nous a déjà dites, mais qu'il est bon de laisser descendre dans notre coeur.

Quand on aime, on donne ; quand on aime vraiment, on voudrait tout donner. On demande

aussi. Aimer, c'est donner sa vie, pour fa recevoir à nouveau de Celui qui l'avait demandée.

Si l'homme écoute et obéit, il reconnaît Dieu comme Dieu, il donne ainsi à Dieu comme une nouvelle identité, et ifs vont alors continuer ensemble leur chemin, jusqu'à ce que Dieu ait tout dit, tout donné et tout demandé.

Au Christ, Je Père a demandé l'offrande totale de ce qui fui a été une fois donné.

Au jardin d'Éden, l'homme avait refusé l'amour, au jardin des Oliviers, il le donne sans mesure, comme il l'avait reçu.

L'économie de l'amour est celle d'une préférence. li faut consentir à la limite pour se retrouver

dans la rencontre et établir fa communion (sacrifice).

Le christianisme de «l'Amour désarmé» me semble animé par la catégorie de la parole adressée.

A l'homme de consentir à l'acte symbolique par lequel if reconnaît Dieu dans sa parole, de

régler sa conduite sur ce que lui dit et lui demande l'Autre qui lui parle. Si l'homme refuse, les équilibres sont détruits, mais la parole de Dieu ne cesse de se représenter jusqu'à ce qu'elle soit pleinement proférée puis accueillie par Je Fils de Dieu venu en ce monde.

Le temps présent est un mystérieux intervalle où l'humanité joue son destin, éclairée par la mission de /'Esprit dans l'Église.

Ecoutons notre Dieu, abandonnons nos propres volontés pour servir le Seigneur Christ, le roi

véritable, celui qui a parfaitement obéi, et prenons,à sa suite, les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance. Pour être en communion. Dieu parle et sa parole est vérité. Là est la Vie.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / 00 Prologue v 01-03 écrit le 12 septembre 2020
Verset(s) :

1. ÉCOUTE, ô mon fils, ces préceptes de ton maître et tends l'oreille de ton cœur. Cette instruction de ton père qui t'aime, reçois-la cordialement et mets-la en pratique effectivement.

2. Ainsi tu reviendras, par ton obéissance laborieuse, à celui dont tu t'étais éloigné par ta désobéissance paresseuse.

3. À toi donc, qui que tu sois, s'adresse à présent mon discours, à toi qui, abandonnant tes propres volontés pour servir le Seigneur Christ, le roi véritable, prends les armes très puissantes et glorieuses de l'obéissance.

Commentaire :

Ecouter, tendre l'oreille de son cœur: je pense au bel exemple que nous donne Vincent Munier, dans la vidéo que nous avons vue sur sa recherche passionnée de la vie et de la rencontre des animaux. Puissions-nous être à l'affut, comme lui, avec autant de désir et de patience, des moindres signes que le Seigneur nous adresse ! Le Seigneur n'était pas dans l'ouragan mais dans le fin silence d'une brise légère. Si nous ne tendons pas l'oreille de notre cœur, comment l'entendrons-nous? Quels temps de silence prenons-nous dans nos journées? Notre risque aujourd'hui - et je parle pour moi - ne serait-il pas que nos journées soient tellement remplies d'activités et d'images, que notre capacité de tendre l'oreille, d'attendre pour entendre, de patienter pour que la rencontre soit possible, que cette capacité ne diminue peu à peu ?

Réfléchissez dans Je secret,faites silence, dit le psaume 4.

Ecoutons Dieu au-dedans de nous, ne nous dispersons pas au-dehors. Ecoutons pour obéir et obéissons pour écouter davantage:

écouter celui qui nous aime au-delà de toute imagination.

A Celui qui peut réaliser, par la puissance qu'il met en œuvre en nous, infiniment plus que nous ne pouvons demander ou même concevoir, gloire à lui dans l'Eglise et le Christ Jésus !

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 73 v 1-9 De ce que l'observation de toute justice ne se trouve pas prescrite dans cette Règle écrit le 11 septembre 2020
Verset(s) :

1. Si d’ailleurs nous avons écrit cette règle, c'est pour qu'en l'observant dans les monastères, nous fassions preuve au moins d'une certaine décence morale et d'un commencement de vie religieuse.

2. Mais pour celui qui se hâte vers la perfection de la vie religieuse, il est des enseignements des saints Pères dont l'observation conduit l'homme jusqu'aux cimes de la perfection.

3. Quelle est en effet la page, quelle est la parole ayant Dieu pour auteur, dans l'Ancien et le Nouveau Testament, qui ne soit une norme parfaitement droite pour la vie humaine ;?

4. Quel est le livre des saints Pères catholiques qui ne nous fasse entendre comment courir tout droit jusqu'à ce que nous parvenions à notre créateur ;?

5. Et encore les Conférences des Pères et leurs Institutions et leurs Vies , ainsi que la Règle de notre saint Père Basile,

6. que sont-elles d'autre que les instruments des vertus donnés par les moines de bonne conduite et obéissants ;?

7. Mais pour nous qui sommes paresseux, de mauvaise conduite et négligents, il y a de quoi rougir de confusion.

8. Toi donc, qui que tu sois, qui te hâtes vers la patrie céleste, accomplis avec l'aide du Christ cette toute petite règle pour débutants que nous avons fini d'écrire ;;

9. et alors seulement tu parviendras, grâce à la protection de Dieu, à ces sommets plus élevés de doctrine et de vertus que nous venons de mentionner. Amen.

Commentaire :

« L'observation de toute justice»:

ce sont les paroles de Jésus à Jean lors du baptême.

Toute justice s'accomplit dans l'identification de Jésus avec le peuple des pécheurs, jusqu'à être baptisé comme eux et avec eux.

Il est lui-même toute la parole de Dieu, l'unique parole de Dieu,

diffractée dans les Ecritures qui le révèlent et le cachent dans nos mots humains. Humilité de Jésus qui ne fait qu'un avec nous, pécheurs.

Humilité de Benoît qui se met non seulement sous la Parole, mais sous la parole des Pères qui l'ont précédé.

Mais il sait que ce chemin d'humilité est le bon chemin, que quiconque veut bien le suivre

« parviendras» à la patrie céleste, par les sommets élevés de la doctrine et de la vertu.

Soyons de ceux qui se hâtent, qui courent tout droit,

de ceux qui observent cette toute petite règle pour débutants,

car dans l'apprentissage de la vie avec Dieu, nous sommes toujours des débutants,

« chaque jour, je commence », disaient les anciens,

et éternellement, comme aujourd'hui, nous recevrons toujours tout de Dieu.

Ne nous lassons pas de scruter la Parole, pour déchiffrer le visage de Dieu et notre visage de fils.

« Nous parviendrons, grâce à la protection de Dieu ».

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 72 v 08-12 Du Bon zèle quedoivent avoir les moines ! écrit le 10 septembre 2020
Verset(s) :

8. ils pratiqueront la charité fraternelle avec désintéressement ;;

9. avec amour ils craindront Dieu ;

10. ils affectionneront leur abbé d'une charité sincère et humble ;;

11. « ils ne préféreront absolument rien au Christ. ;»

12. Que celui-ci nous fasse parvenir tous ensemble à la vie éternelle ;!

Commentaire :

J'ai repris les versets 8 et 9 que le père abbé a commentés lors du dernier chapitre.

Je les ai repris pour souligner la succession : charité fraternelle, crainte amoureuse de Dieu, charité envers l'abbé, et préférence absolue - aimante évidemment - pour le Christ.

Toute notre vie est là, notre combat et notre bonheur, notre chemin de conversion.

F. Ghislain souligne avec force que l'amour n'existe que dans le don de soi, et qu'il inclut nécessairement la mort à soi-même, une mort source de vie, pcq la vie est totalement reçue et donnée, partagée, échangée, et pleine de fruits.

« Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n'est pas digne de moi. » nous dit Jésus,

mais nous ne pouvons pas aimer davantage nos parents, nos proches, et tout homme, qu'en aimant notre Dieu, de qui tout vient et à qui tout va.

Nous n'aimons vraiment Dieu qu'en aimant nos frères, et nous savons que dans la Règle, chacun, à sa place, est la figure du Christ.

Nous sommes frères, non par choix affectif, mais parce que nous sommes fils du même Père,

recevant le même. appel être fils dans le Fils, et, pour nous, le même appel à la monastique. Réjouissons nous de la publication prochaine par le Pape François d'un message sur la Fidélité.

Nous pratiquerons la charité fraternelle chastement si nous craignons Dieu amoureusement, et nous n'aimerons vraiment Dieu que si nous aimons nos frères.

Ne nous lassons pas de nous étonner que Dieu nous appelle à l'aimer. L'aimer vraiment. L'amour n'est possible qu'entre personnes qui sont à égalité: Dieu nous donne son Esprit pour que nous l'aimions comme il nous aime. De toutes les puissances de notre être.

C'est là la vie éternelle, et elle est commencée aujourd'hui. Laissons-nous attirer et soyons émerveillés ! Ne préférons rien au Christ qui nous conduit au Père.

Prions avec action de grâces et affection fraternelle pour notre père abbé, lui que, nous et

!'Esprit Saint, avons choisi pour nous guider sur le chemin de la vie éternelle.

La St Luc s'approche, du théâtre est envisagé, mais toutes les initiatives seront les bienvenues, pour lui dire notre reconnaissance et être en fête tous ensemble.