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10. Et que « la miséricorde l'emporte toujours sur le jugement », afin qu'il obtienne pour lui le même traitement.
11. « Qu'il haïsse les vices et qu'il aime les frères. »
12. Dans ses réprimandes même, qu'il agisse prudemment et « ;sans rien de trop », de peur qu'en voulant trop gratter la rouille, il ne brise le vase.
13. Il ne perdra jamais de vue sa propre fragilité, et se souviendra « ;qu'il ne faut pas écraser le roseau cassé. »
14. Nous ne voulons pas dire par là qu'il permettra aux vices de se développer, mais qu'il les retranchera prudemment et avec charité, suivant qu'il lui semblera opportun pour chaque individu, comme nous l'avons déjà dit.
15. Et il s'efforcera « d'être plus aimé que redouté ».
Ce passage est un bel enseignement sur le discernement que met bien en évidence le balancement des formules : «qu'il hai: se les vices et qu'il aime les frères» ... « Dans ces réprimandes, qu'il agisse prudemment et sans rien de trop... « Il ne faut pas écraser le roseau froissé »... « Nous ne voulons pas dire qu'il permettra aux vices de se développer, mais qu'il les retranchera prudemment et avec charité suivant qu'il lui semblera opportun pour chaque individu». St Benoit demande à l'abbé de tenir cette difficile ligne de crête entre la nécessaire correction et la juste mesure pour le faire, dans la conscience que chaque être est fragile, ce dont l'abbé doit se souvenir pour lui-même. L'image du vase rouillé exprime bien cette fragilité. A trop gratter, on peut perdre le vase. Me vient une autre image : celle de la sculpture qui n'advient qu'en creusant...un morceau enlevé du bois ou de la pierre est irrécupérable. Chaque geste du sculpteur doit être précis pour mener à bien son œuvre. En matière de discernement, l'abbé, comme tout autre personne investie dans ce champ de l'accompagnement, est moins le sculpteur, que l'instrument du seul Sculpteur qui soit : Dieu notre Père qui désire ciseler peu à peu notre visage de fils de Dieu. Le travail principal de l'instrument est d'être souple dans la
main du sculpteur. Cette souplesse appelle une écoute permanente aux paroles et aux signes donnés par celui auquel il faut parfois dire quelque chose de délicat. Elle demande aussi une écoute de !'Esprit qui incline à faire ceci ou à faire cela. Pour tendre à cette souplesse, à cette juste disposition de la part de l'instrument, St Benoit laisse encore deux recommandations qui forment comme une inclusion dans le passage lu ce matin : « que la miséricorde l'emporte toujours sur le jugement» et l'abbé «s'efforcera d'être plus aimé que redouté» ... Dans un monastère, l'autorité ne peut reposer sur la terreur, car son but est de signifier l'amour de notre Père des Cieux. Si elle reprend, elle doit le faire mue par l'amour, et non pour d'autres motifs, car Dieu n'en a pas d'autres. Retrancher un vice, corriger demande à celui qui le fait d'avoir repérer ses propres vices. Dans le cas présent, il faut bien vérifier s'il ne cherche pas à ôter chez l'autre ce qu'il ne parvient pas à ôter en lui-même. Seul l'amour du frère, un amour qui coûte parce que très respectueux et très patient, peut se permettre de le corriger. Sinon nous risquons d'être au mieux dans l'équilibre impuissant de l'action-réaction, et au pire dans le mécanisme des règlements de compte. Notre Dieu veut nous réconcilier avec lui, et nous façonner en notre vrai visage de fils. Il sait attendre, patienter. S'il nous stimule et donne des impulsions, rarement il chamboule tout. Son amour est pour nous une lumière, car c'est un amour qui guérit.
7. Quant à l'abbé qui a été ordonné, il songera toujours à la charge qu'il a reçue et à celui auquel il devra « ;rendre compte de sa gestion ;».
8. Il saura qu'il doit plutôt « servir que régir ».
9. Il doit donc être « savant » dans la loi divine, pour savoir et avoir d'où « tirer le neuf et l'ancien », chaste, sobre, miséricordieux.
« Il doit donc être savant dans la loi divine »... Je suis frappé ce matin par le « donc » qui semble relier trois recommandations que St Benoit laisse à l'abbé, le nouvel élu. C'est en effet à la lumière de la loi divine, de la Parole de Dieu que l'abbé va ne pas oublier ce qu'est la charge qu'il a reçue et à celui auquel il devra rendre compte de sa gestion». C'est encore à cette même lumière que l'abbé va apprendre : « à servir plutôt que régir». La loi divine va lui permettre de savoir et d'avoir d'où tirer le neuf et l'ancien ». Car les situations changent, et la Parole de Dieu les éclaire en répandant sur elles la lumière toujours neuve du Salut apporté par le Christ. Comme abbé, je reçois ces recommandations comme un vrai soutien et une vraie lumière pour mon service. En effet, plus j'avance plus je découvre que la méditation quotidienne des Ecritures offerte dans la liturgie et la lectio à laquelle j'essaie de ne déroger que très exceptionnellement me nourrit et me donne la force. St Benoit suggère que l'abbé soit
« savant» dans la loi divine. Le mot «savant» traduit « doctus » dont l'acception est certainement plus large que celle actuelle, liée à la connaissance « scientifique ». « Doctus » désigne celui qui est instruit (part. de doceo), mais aussi le sage. St Benoit invite l'abbé, et nous tous, à nous laisser instruire par la Parole de Dieu, non pas tant pour la posséder comme une science, mais pour nous laisser posséder, transformer par elle. Nous sommes comme le Serviteur d'Isaïe : « Chaque matin, le Seigneur éveille, il éveille mon oreille pour qu'en disciple, j'écoute ... » Eveillé par le Seigneur, guidé par la lampe de la Parole pas après pas, il nous est donné de porter et de comprendre certaines choses difficiles. Ainsi, par la lumière de la Parole de Dieu, l'abbé pourra comprendre que sa charge est d'abord service, que son autorité n'est pas de l'ordre d'un pouvoir à imposer. Le Christ venu pour servir s'offre à ses yeux comme le seul modèle à imiter. Si la tête et la raison savent tout cela, le cœur et la chair offrent bien des résistances à la mise en œuvre de cette parole. Je me surprends souvent loin de cette exigence... Se laisser instruire par la Parole consiste alors à me laisser imprégner, toucher, changer dans mes évidences et mes réactions trop spontanément humaines. Laisser l'Amour du Christ prendre davantage sa mesure. La Parole qu'il sème dans nos vies n'a-t-elle pas d'autres fins?
1. Dans l'ordination de l'abbé, on prendra toujours pour règle d'instituer celui que se sera choisi toute la communauté unanime dans la crainte de Dieu, ou même une partie de la communauté, si petite soit-elle, en vertu d'un jugement plus sain.
2. C'est pour le mérite de sa vie et la sagesse de son enseignement que l'on choisira celui qui doit être ordonné, même s'il est le dernier par le rang dans la communauté.
3. Si même toute la communauté choisissait d'un commun accord une personne complice de ses vices, – ;à Dieu ne plaise ;! ;–
4. et que ces vices viennent tant soit peu à la connaissance de l'évêque au diocèse duquel appartient ce lieu et des abbés ou des chrétiens du voisinage,
5. ils empêcheront la conspiration des méchants de l'emporter, et ils institueront dans la maison de Dieu un administrateur qui en soit digne,
6. sachant qu'ils en recevront une bonne récompense, s'ils le font avec une intention pure et par zèle pour Dieu, de même qu'ils commettraient au contraire un péché, s'ils négligeaient de le faire.
De ce début de chapitre sur le choix de l'abbé par la communauté, je voudrais retenir la place que St Benoit donne à l'Eglise locale. Il mentionne « l'évêque au diocèse duquel appartient ce lieu, les abbés ou les chrétiens du voisinage ». Ces mentions succinctes font comprendre que les moines ne sont pas isolés et que leur vie intéresse l'Eglise locale. Celle-ci sert de recours en cas de mauvaise gestion de l'élection abbatiale. Aujourd'hui, quel est notre lien avec l'Eglise locale? La situation canonique n'est plus la même qu'au temps de St Benoit. Notre appartenance à une Congrégation donne les pouvoirs de régulation et de recours, non à l'évêque, mais au visiteur et à l' Abbé Président. Lors d'une élection, tout se joue sous l'autorité du visiteur et ultimement de l' Abbé Président qui confirme le nouvel élu. De même l'installation de l'abbé, qui marque sa prise de fonction et sa reconnaissance par la communauté, se vit en interne au chapitre en présence du visiteur. Dans notre pratique actuelle, l'évêque n'intervient qu'au moment de la bénédiction abbatiale. Par cette célébration officielle de prière, est signifiée la communion avec toute l'Eglise qui rend grâce et qui prie pour le nouvel élu. Outre ces moments exceptionnels, notre lien avec le diocèse et avec les chrétiens des environs se vit aujourd'hui pour nous surtout à travers la liturgie. SJr cette dernière, dans la mesure où elle est publique et ouverte à tout chrétien, l'évêque a un droit de regard. Si telle ou telle pratique pouvait apporter du scandale, il pourrait intervenir et nous demander de corriger. C'est le seul domaine, où il a un droit exprès sur notre vie. Il m'est arrivé plusieurs fois de poser des questions à nos évêques successifs. Lors de la visite canonique, l'évêque peut être rencontré par les visiteurs pour donner son avis sur la communauté. A côté de ces aspects plus canoniques qui structurent notre appartenance à une église locale, les relations avec le diocèse vont être davantage vécues sous le mode de la rencontre et de l'échange amical et spirituel. Il y a les rencontres vécues au monastère, comme celle avec les prêtres lors de leur retraite annuelle, mais aussi celles de groupes divers (hospitalité, groupes d'aumôneries, de catéchèse... ) et de
nombreux individuels. Il y a les rencontres à l'extérieur comme celle des religieux (CDVR),
l'assemblée synodale en décembre, la messe chrismale durant la semaine sainte, tel pèlerinage comme celui de Vézelay ce mercredi, l'ordination d'un nouveau prêtre, occasionnellement un service demandé pour des confessions, plus exceptionnellement le sacrement des malades à un personne du voisinage. Tout en demeurant ce que nous sommes, des hommes retirés pour la recherche de Dieu et la prière, nous sommes loin d'être isolés. C'est une grâce, c'est aussi une responsabilité, et de vigilance sur notre vie, et d'ouverture vis-à-vis de notre environnement.
10. Les jeunes honoreront leurs anciens, les anciens aimeront leurs inférieurs.
11. En ce qui concerne les noms dont on s'appellera, il ne sera permis à personne d'en appeler un autre par son nom tout court,
12. mais les anciens appelleront les jeunes du nom de frères, tandis que les jeunes donneront à leurs anciens le titre de nonni, qui signifie « ;Révérend Père ;».
13. Quant à l'abbé, puisqu'il apparaît comme le représentant du Christ, on lui donnera les titres de seigneur et d'abbé, non qu'il se les arroge de lui-même, mais pour l'honneur et l'amour du Christ.
14. Mais de son côté, il devra y songer et se conduire de façon à être digne d'un tel honneur.
15. Chaque fois que les frères se rencontrent, le plus jeune demandera la bénédiction de l'ancien.
16. Au passage d'un supérieur, l'inférieur se lèvera et lui offrira le siège où il était assis. Et le plus jeune ne se permettra pas de se rasseoir avant que son ancien ne le lui commande,
17. pour faire ce qui est écrit : « Prévenez-vous d'honneurs mutuels. ;»
18. Les petits enfants et les adolescents, à l'oratoire et aux tables, garderont leur rang en bon ordre.
19. Mais au dehors et partout, ils seront surveillés et maintenus dans l'ordre, jusqu'à ce qu'ils arrivent à l'âge où l'on comprend.
Après avoir parlé de l'ordre des rangs en communauté, St Benoit aborde la manière de se rapporter les uns aux autres. dans la façon de s'appeler, mais aussi dans la façon de s'honorer lorsqu'on se rencontre. Tout nous laisse comprendre que dans une communauté qui veut vivre selon l'ordre de la fraternité, les relations doivent s'ordonner. La communion qui doit être signifiée, est une communion de frères qui partagent la même foi et la même recherche de Dieu. Il ne s'agit pas d'un groupe d'amis, mais de frères qui, comme en toute famille, ne se sont pas choisis.
L'ordre de la fraternité dont nous cherchons à vivre, n'est pas l'ordre de l'amitié. Chacun a ses propres accents et cohérences. L'ordre de l'amitié se fonde en bonne part sur des affinités qui se découvrent, sur des connivences qui s'établissent sans qu'on ait besoin d'y réfléchir. C'est là, donné comme un cadeau. En découlent des relations plus aisées, basées sur une
confiance établie sans trop d'effmi. On se choisit, on fait un tri parmi d'autres relations possibles. L'ordre de la fraternité s'organise non selon le choix de l'un parmi d'autres, mais i! travers l'accueil de tous, au nom de Celui que l'on a choisi en premier le Christ. Nous sommes
entrés au monastère appelé par le Christ, pour le choisir avant tout autre. Le Christ nous donne de rejoindre des frères appelés comme nous à le choisir. Il nous donne des frères pour nous aider sur ce chemin. En les accueillant comme des frères, j'apprends à m'ouvrir au mystère du Christ qui est bien plus grand que ce que je peux imaginer. Oui est-il vraiment Celui-là qui a appelé tel frère dont je peux me sentir si loin ou dont le profil me semble si différent du mien ? A la suite du même Seigneur, il nous faut alors apprendre à vivre et à marcher selon l'ordre de la fraternité. Une des marques de cet ordre, pour st Benoit est de ne jamais s'appeler par notre prénom seul, mais toujours en disant« frère », frère Paul, frère Pierre... Petit détail qui exprime quelque chose de plus profond : dans la foi, je te reconnais frère, car appelé comme moi par le Christ. Autre marque : s'honorer mutuellement ... Pouvoir laisser sa place à un ancien suggère Benoit. Mais la vie quotidienne ne cesse d'éveiller notre charité à être inventive: tenir la porte au suivant, patienter derrière un ancien et ne pas courir au risque de le troubler, s'attendre et se servir au repas. « Ne pas chercher son intérêt, mais celui d'autrui » dit encore St Benoit. A l'inverse de l'amitié qui choisit un parmi d'autres, la fraternité nous apprend à honorer de respect et de délicatesse tous nos frères... Un chemin de foi et de joie que l'on reprend chaque matin.
1. Au monastère, on gardera les rangs comme ils sont établis par le temps de l'entrée en religion et par le mérite de la vie, et comme en décide l'abbé.
2. Cependant l'abbé ne mettra pas le trouble dans le troupeau qui lui est confié, et il ne prendra pas de disposition injuste, comme s'il jouissait d'un pouvoir sans limite,
3. mais il songera toujours qu'il devra rendre compte à Dieu de tous ses jugements et œuvres.
4. C'est donc suivant les rangs qu'il aura établis ou que les frères auront d'eux-mêmes, qu'ils iront recevoir la paix, communier, imposer les psaumes, et qu'ils se tiendront au chœur.
5. Et absolument partout, l'âge ne modifiera pas les rangs ni ne portera préjudice,
6. puisque Samuel et Daniel enfants ont jugé des anciens.
7. Donc à l'exception de ceux que l'abbé, comme nous l'avons dit, fera monter à bon escient ou fera descendre pour des raisons déterminées, tous les autres seront comme ils sont entrés en religion ;:
8. par exemple, celui qui arrive au monastère à la deuxième heure du jour se considérera comme plus jeune que celui qui est arrivé à la première heure, quel que soit son âge ou sa dignité.
9. Cependant les enfants seront maintenus dans l'ordre par tous et en tout domaine.
Quand St Benoit propose cette discipline de l'ordre en communauté, déterminé par la date, voire par l'heure d'entrée au monastère, il s'inscrit dans la tradition des moines d'Egypte. Déjà avant lui, Pacôme l'avait adoptée pour bien signifier que les autres considérations d'ordre social ou culturel connues avant l'entrée n'avaient plus court au monastère. Cassien, qui transmet cet héritage, parle ainsi d'apprentissage de la vie selon l'enfance pour Je Royaume telle que Jésus l'a préconisée dans l'évangile. Je le cite: « Quelle que soit sa fortune, il est nécessaire que celui qui renonce à ce monde désire si ardemment demeurer au monastère qu'il ne se flatte en rien de ce qu'il a abandonné ou y a apporté. Son obéissance envers tous doit être telle qu'il sache qu'il lui faut, selon la parole du Seigneur, retourner à la première enfànce. ne se prévalant en rien de la considération de son âge ou du nombre des années...mais tenant compte de 1'importance de la nouveauté du noviciat qu'il reconnait faire dans 1'armée du
Christ, il ne faut pas hésiter à se soumettre même aux plus jeunes» (Inst. II, 3,2). De manière
plus étonnante, RM prône une autre manière d'organiser l'ordre dans la communauté : tout dépend de l'abbé qui détermine les rangs. Je le cite : «L'abbé mêlera sans cesse leurs rangs. C'est à tour de rôle qu'il les fera asseoir à table à côté de lui, à tour de rôle qu'il les priera tous de se tenir à ses côtés à l'oratoire. et tous à tour de rôle d'imposer les psaumes après lui, pour que personne ne conçoive del 'orgueil à cause de la dignité de second et que personne ne désespère à cause du dernier rang» (92, 33-37). La préoccupation de RM est de faire en sorte que personne ne s'enorgueillisse de son rang, et notamment du rang qui suit immédiatement celui de l'abbé. Il y a une alternance continuelle. Et aujourd'hui, nous vivons d'une troisième manière de nous ordonner, non selon l'entrée au monastère, non selon le bon vouloir de l'abbé, mais en laissant à chacun la liberté de se mettre là où il veut. Cette façon très marquée par notre culture moderne a ses avantages et ses inconvénients : avantage de se mélanger souplement et sans arrière-pensée ; inconvénient si l'on prend prétexte de cette liberté pour se recréer son petit territoire. Le défi de la liberté laissée à chacun est celui de notre responsabilité pour devenir vraiment plus libre sur le chemin de notre conversion. Sommes-nous seulement libres pour nous choisir et préserver un espace tranquille ? Ou bien voulons-nous être toujours plus libres en acceptant de bouger, pour être avec tous les frères indistinctement, et ne pas chercher notre petit intérêt immédiat ? Je voudrais ici même inviter nos anciens et frères malades qui sont aux deux tables des régimes à un exercice de liberté : pourquoi par exemple n'alterneraient-ils en se mettant tantôt tournés vers la fenêtre et tantôt tournés vers le mur, pour que personne ne soit fixé à toujours regarder le mur... ? Ils pourraient convenir avec leur voisin d'en face.
1. Si un abbé demande qu'on lui ordonne un prêtre ou un diacre, il choisira parmi les siens quelqu'un qui soit digne d'exercer le sacerdoce.
2. Quant à celui qui sera ordonné, il se gardera de l'élèvement ou de la superbe,
3. et il ne se permettra rien en dehors de ce que l'abbé lui commande, sachant qu'il sera soumis bien plus encore aux sanctions de la règle.
4. Et sous prétexte de sacerdoce, il n'oubliera pas l'obéissance et la discipline de la règle, mais de plus en plus il progressera vers Dieu.
5. Il regardera toujours comme sienne la place qu'il avait de par son entrée au monastère,
6. sauf pour le service de l'autel et si le choix de la communauté et la volonté de l'abbé voulaient le promouvoir en raison du mérite de sa vie.
7. Toutefois il saura garder pour lui-même la règle établie pour les doyens et prévôts.
8. S'il se permet d'agir autrement, on ne le jugera pas comme prêtre, mais comme rebelle.
9. Et si, après de nombreux avertissements, il ne se corrige pas, on fera même intervenir l'évêque comme témoin.
10. Si même alors il ne s'amende pas, ses fautes devenant notoires, on le mettra à la porte du monastère,
11. si toutefois son obstination est telle qu'il ne veuille pas se soumettre ou obéir à la règle.
R.B. 62 Des prêtres du monastère
Fête Nat. Ap.midi chômée
Ce chapitre de la RB est révélateur d'un état d'esprit au regard de la personne du prêtre qui devait fortement marquer de son empreinte la vie ecclésiale de l'époque. Comme nous l'avons connu autrefois, et comme le connaissent encore certaines jeunes églises, le prêtre était un personnage important et vénéré, en raison de sa charge au service de l'Eglise. S'il désirait entrer dans la vie monastique, il fallait qu'il accepte un nouveau genre de vie, celui d'un frère parmi d'autres, chercheur avec d'autres chercheurs, appelé à progresser de plus en plus dans l'humilité et l'obéissance, c'est-à-dire dans l'amour vrai. Ce passage devait être particulièrement sensible. On peut comprendre l'insistance de Benoit pour mettre en garde contre toute illusion de vouloir préserver quelque privilège que ce soit.
Aujourd'hui dans l'Eglise en France, cette vision du prêtre, placé sur un piédestal persiste encore dans certains milieux. Mais de manière générale, les communautés cherchent le plus souvent un prêtre qui soit proche de leur vie et de leurs questions. De là naissent des conflits lorsque certains jeunes prêtres s'enferment dans un profil d'un autre âge. Notre société contemporaine en rapide évolution ne rend pas aisé le ministère du prêtre et la compréhension de son identité dans notre monde. Au monastère, nous sommes privilégiés car les frères prêtres, sont étroitement liés aux frères par leur profession monastique. L'identité monastique commune prévaut sur celle du prêtre. Celle-ci se fond assez naturellement dans la première. N'en ressort que mieux alors la dimension première de la charge du prêtre comprise comme un service de la communauté. Service de la parole et de la présidence dans !'Eucharistie. Service de l'accueil et de l'écoute dans le sacrement de la réconciliation. Par ce ministère, le frère prêtre partage avec l' Abbé la charge pastorale de la communauté, c'est-à-dire le soin des frères en ce qui les touchent au plus profond, la vie sacramentelle et spirituelle.
Il y a quelques mois, dans la ligne de la visite canonique, j'avais posé la question de l'opportunité ou non d'envisager l'ordination de nouveaux prêtres. Une chose est le nombre de prêtre qui peut encore servir, une autre est leur âge qui permet d'être plus ou moins en prise avec les questions de notre monde. Un bon nombre de frères m'ont répondu, quelques-uns n'en voient pas la nécessité, la plupart estiment cela opportun, les uns et les autres suggérant des noms. Plusieurs ont souhaité qu'il y ait deux frères appelés ensemble. En méditant sur ces échanges, je crois effectivement heureux, pour mieux affronter l'avenir de pouvoir appeler deux frères. S'ils acceptent, n'en sera que mieux manifesté le caractère communautaire de ce service.
5. Si par la suite il veut se fixer définitivement, on ne s'opposera pas à cette volonté, surtout que l'on a pu apprécier sa vie au temps où il recevait l'hospitalité.
6. S'il s'est montré exigeant ou vicieux au temps où il recevait l'hospitalité, non seulement il ne faut pas l'agréger au corps du monastère,
7. mais encore on lui dira poliment de s'en aller, de peur que sa misère ne vicie encore les autres.
8. S'il ne mérite pas d'être mis dehors, non seulement, s'il le demande, on le recevra et on l'agrégera à la communauté,
9. mais encore on le persuadera de rester, pour que son exemple instruise les autres,
10. et parce qu'en tout lieu on sert le même Seigneur, on est au service du même roi.
11. Si même l'abbé voit qu'il en est digne, il pourra le mettre à une place un peu plus élevée.
12. D'ailleurs ce n'est pas seulement le moine, mais aussi ceux de l'ordre des prêtres et de celui des clercs dont il a déjà été question, que l'abbé peut établir à une place supérieure à celle de leur entrée, s'il voit que leur vie en est digne.
13. Mais l'abbé se gardera de jamais recevoir à demeure un moine d'un autre monastère connu, sans le consentement de son abbé ou sans lettre de recommandation,
14. car il est écrit : « Ce que tu ne veux pas que l'on te fasse, ne le fais pas à autrui. ;»
« En tout lieu, on sert le même Seigneur, on est au service du même roi». Par cette conviction, St Benoit argumente ainsi son propos de persuader tout moine étranger à demeurer dans le monastère qui l'accueille, en raison de la sainteté de sa vie. Nous n'oserions pas aujourd'hui persuader un moine d'un autre monastère à changer sa stabilité. Nous savons combien celle-ci est structurante pour chacun et pour une communauté. Les changements de stabilité resteront le fait d'exceptions.
Mais la conviction exprimée par Benoit demeure vraie et profonde : « En tout lieu, on sert le même Seigneur, on est au service du même roi». Ce matin, j'aimerai la considérer comme un point d'appui dans notre manière d'accueillir nos différences de style monastique. Nous avons l'habitude d'accueillir des frères étrangers d'autres cultures, portant des expériences monastiques parfois bien différentes de la nôtre. Mardi, nous recevions les frères de Taizé, et ces jours-ci les frères du Barroux. Chacun, là où il est, désire servir le même
Seigneur. Chacun pense que ce qu'il fait est la bonne chose à faire. Et le risque pour chacun est de penser qu'il n'y a pas d'autres manières de faire et de vivre, et en conséquence que ce que font les autres n'est pas juste, voire complètement erroné. La différence, gui nous dérange toujours, risque alors de nous poser en juge des autres, au nom de nos propres convictions. Si nous n'y prenons garde, nous pouvons chercher à bâtir notre identité en nous situant contre les autres, comme le font des adolescents contre leurs parents. La différence qui nous dérange peut, à l'inverse, devenir l'occasion d'aller plus loin dans notre propre recherche, plus en profondeur et non sur le seul plan des idées. La conviction de Benoit est alors une lumière : tous nous voulons servir le même Seigneur, le Christ dont nous partageons la même foi. Si nous le connaissons, en même temps, nous le cherchons toujours. Il demeure bien au-delà des mots que nous disons, des pratiques que nous accomplissons et des rites que nous célébrons. Notre Eglise qui permet qu'en son sein existe de grandes différences de vues et de mise en pratique de la foi est éducatrice de notre être croyant. Elle nous enseigne par la diversité qu'elle contient à demeurer ouvert et accueillant au mystère de Dieu, sans prétendre mettre la main dessus. A la fois, chacun doit chercher dans la voie qui est la sienne, et à la fois, il ne faut pas l' absolutiser. A la fois, nous sommes situés dans des convictions, et à la fois la reconnaissance de celle des autres nous invite à l'humilité. Ce que nous vivons au cœur de notre Eglise, est une chance pour nous ouvrir au dialogue avec tant d'hommes et de femmes, tel qu'il se vit dans le dialogue œcuménique, ainsi que dans le dialogue interreligieux. Nous sommes invités à nous laisser creuser par les différences des autres, pour établir nos convictions toujours plus profondément dans une connaissance vivante et aimante de notre Seigneur Jésus et de son Père dans l'Esprit Saint. En ce lieu-là, peut-être la différence de l'autre ne nous fera-t-elle plus peur ; ni ne sera obstacle à la relation. Que le Seigneur de tous les vivants nous apprenne ce chemin d'humilité et d'amour.
1. Si un moine étranger arrive de provinces lointaines, s'il veut habiter au monastère en qualité d'hôte
2. et se contente de la coutume locale telle qu'il la trouve, sans troubler le monastère par ses vaines exigences,
3. mais en se contentant simplement de ce qu'il trouve, on le recevra aussi longtemps qu'il le désire.
4. S'il fait quelque critique ou remarque raisonnable, avec une humble charité, l'abbé examinera prudemment si le Seigneur ne l'aurait pas envoyé précisément pour cela.
Par deux fois, St Benoit répète le verbe « se contenter » pour signifier l'attitude première demandé au moine étranger reçu dans un monastère. Il arrive en hôte, qu'il entre dans les coutumes locales. Dirions-nous autrement aujourd'hui? N'est-ce pas le bon sens? On ne supporterait pas un moine qui demanderait l'hospitalité et qui ferait preuve d'exigences exagérées.
Que demande finalement St Benoit, comme tout u long de sa règle, sinon l'humilité? N'est-elle pas une qualité maieure à cultiver par les disciples du Christ, doux et humble de cœur ? Il est intéressant de remarquer que Benoit développe ici plusieurs facettes de l'humilité qui en révèlent toute la profondeur. L'humilité en sa manifestation première« se contente » de ce qui est offert, sans vaines exigences. Nous pouvons entendre en écho le 6° de l'échelle de l'humilité: « le moine se contente de tout ce qu'il y a de plus vil et de plus abject ... » (7, 49). L'humilité peut aller jusque-là, et la croix du Christ nous montre qu'elle a été jusque-là. Se contenter, être content de tout n'est pas une attitude de démission. Au contraire, c'est porter la réalité telle qu'elle s'offre, voire supporter les contrariétés en acceptant de ne pas avoir prise sur elles. Se contenter, première facette de l'humilité. Mais Benoit en manifeste une autre quand il suggère que le moine étranger peut émettre des critiques « avec une humble charité ». L'humilité se vit alors de manière plus active pour apporter une pierre à la construction de la communauté qui accueille. Délicat exercice qui consiste à oser une parole et qui oblige celui qui se risque à aller chercher profondément en lui-même son appui. Délicat exercice qui ne peut être vécu que dans la charité. Oser dire une parole qui remet en cause un certain ordre ou désordre, demande d'aimer vraiment les frères et la communauté à qui on s'adresse. Il faut beaucoup aimer celui à qui on dit une parole difficile. C'est un don, une grâce qui nous vient de !'Esprit Saint. Sans Lui, sans nous rendre disponible à son action, nous n'en sommes humainement pas capables. Cette situation des moines étrangers accueillis, capables de se contenter, comme de dire une parole, est un bel exemple de ce que nous sommes tous appelés à vivre dans notre vie communautaire. Mystérieux travail de l'humilité qui sait ne pas murmurer ni récriminer, et qui dans le même temps ose parler parce qu'elle donne de le faire dans la charité. Vienne 1'Esprit Saint nous apprendre cette humilité si libérante.
1. Si quelqu'un de l'ordre des prêtres demande à être reçu au monastère, on n'y consentira pas trop vite.
2. Toutefois s'il persiste absolument dans cette supplication, il saura qu'il devra observer toute la discipline de la règle
3. et qu'on ne lui en relâchera rien, pour que ce soit comme dans l'Écriture ;: « ;Ami, pourquoi es-tu venu ;? ;»
4. Toutefois on lui accordera de se placer après l'abbé et de bénir ou de conclure les oraisons, si toutefois l'abbé l'y autorise ;;
5. sinon, il ne se permettra rien du tout, sachant qu'il est soumis aux sanctions de règle, et il donnera plutôt à tous des exemples d'humilité.
6. Et si jamais il est question au monastère de nominations ou d'autre chose,
7. il regardera comme sienne la place qu'il a de par son entrée au monastère, non celle qui lui a été accordée par respect pour son sacerdoce.
8. Quant aux clercs, si l'un d'eux, animé du même désir, veut être agrégé au monastère, on les placera à une place moyenne,
9. à condition toutefois qu'ils promettent eux aussi l'observation de la règle et leur propre persévérance.
En ce matin, où f. Pierre va renouveler ses vœux temporaires pour deux ans, ce chapitre sur les prêtres désirant venir au monastère peut retenir notre attention. Avec f. Pierre, nous pouvons entendre la question que Benoit pose aux prêtres : « ami, pourquoi es-tu venu ? ».
Pourquoi es-tu venu ? Pourquoi faire ? Pour faire carrière ? Se cacher ? Fuir la réalité, comme certains le pensent. Il nous est bon d'accueillir ce « pourquoi ? » comme une question qui demeure et à laquelle il ne faut pas trop vite se presser de répondre. Ce chemin dans lequel nous nous engageons nous échappe en partie. Notre propre vocation, cet appel perçu et auquel on veut répondre, reste en partie un mystère à nos propres yeux. Pourquoi le Seigneur m'a-t-il appelé et pas mon frère? Pourquoi moi? Nous tenir devant notre propre vie comme devant un mystère peut nous aider à l'accueillir en toute sa profondeur, comme un cadeau, une grâce. Avant d'être une exigence à laquelle il faut répondre, notre vocation est une chance. C'est la chance de nouer peu à peu une relation avec le Seigneur qui me révèle, et mon propre visage d'homme, de fils de Dieu, et le visage de notre Père des Cieux connu à travers le visage du Christ.
Dans cette question, « ami, pourquoi es-tu venu ? », nous pouvons aussi entendre le sérieux gui est attendu de notre réponse. Le Seigneur Jésus qui nous appelle nous respecte trop pour nous voir le suivre à moitié, hésitant ou nous réservant quelque part... Il sait que nous ne trouverons notre bonheur qu'en donnant toute notre mesure dans le don total.« L'observation de la règle, la persévérance » sont des moyens offerts à notre liberté pour nous entrainer dans le don toujours plus réel de nous-même. Nous convertir, dans l'obéissance et la stabilité en cette communauté comme f. Pierre va le promettre pour deux ans ce matin, est notre labeur quotidien d'ajustement intérieur et extérieur. Notre joie et notre combat à la fois. Que le Seigneur qui nous fait cette belle confiance de nous appeler à sa suite, nous vienne en aide.
1. Si un noble vient à offrir son fils à Dieu au monastère, si l'enfant est d'âge tendre, ses parents feront la pétition dont nous avons parlé plus haut,
2. et ils envelopperont cette pétition et la main de l'enfant dans la nappe de l'autel avec l'oblation, et ils l'offriront ainsi.
3. Quant à ses biens, ou bien ils promettront sous serment, dans la pétition en question, que jamais par eux-mêmes, ni jamais par le tuteur qu'ils auront désigné, ni d'aucune manière, ils ne lui donneront ni ne lui fourniront l'occasion d'avoir un jour quelque chose. –
4. ou encore, s'ils ne veulent pas faire cela et entendent offrir quelque chose en aumône au monastère pour leur récompense,
5. ils feront donation au monastère des biens qu'ils veulent donner, en se réservant, s'ils le veulent, l'usufruit.
6. Et l'on coupera ainsi tous les ponts, de façon qu'il ne reste à l'enfant aucune idée qui puisse le séduire pour sa perte, ce qu'à Dieu ne plaise ! C'est ce que nous avons appris par expérience.
7. Ceux qui sont plus pauvres feront de même.
8. Quant à ceux qui n'ont rien du tout, ils feront simplement la pétition et offriront leur fils avec l'oblation devant témoins.
« C'est ce que nous avons appris par expérience» ... Par ce genre de petite phrase, plusieurs fois énoncées dans la règle, on mesure combien nos façons de faire monastiques sont le fruit des expériences passées. Là où on a rencontré échec ,Ju difficulté insoluble, il vaut mieux à l'avenir contourner l'obstacle ou ne pas laisser des éléments qui vont créer ensuite des problèmes. Si on tient à vivre la désappropriation, il faut couper court à toute occasion d'acquérir des richesses ou des biens qui pourraient devenir une tentation pour l'enfant, entré
jeune, de reprendre sa vie. Si le point abordé ici, celui des enfants donnés, ne nous concerne plus, la prise en compte de l'expérience nous intéresse toujours. La vie monastique est une vie concrète, avec ces manières de faire qui veulent façonner notre quotidien. L'expérience montre que si l'on n'y prend pas garde, on peut se laisser prendre dans des habitudes, dans des manies, dans des tics qui nous emprisonnent. Nous pouvons alors adopter des comportements ou des réactions stériles, voire mortifères. Dans ce chapitre, est mise en avant la liberté par rapport aux biens. On comprend mieux pourquoi nous insistons aujourd'hui pour que celui qui entre vienne avec très peu de choses et qu'il confie ses biens à la garde de quelqu'un de l'extérieur, pour ne pas s'encombrer, ni encombrer le monastère. Il existe une grâce de détachement des premiers pas qui est fondatrice de notre don. La vivre à fond, l'assumer pleinement donne de la force pour le chemin à venir. Nous sommes plus légers, sans liens inutiles avec notre passé. Car si on n'y prend pas garde, l'expérience montre que la tentation est grande de s'installer à nouveau, les années passant. .. soit en reprenant de vieilles habitudes, soit en se laissant prendre par la tentation de posséder. Nous sommes ainsi faits que si nous ne faisons pas attention, les dérives arrivent vite... Nous sommes un peu comme une voiture dont on lâcherait le volant et qui insensiblement irait dans le fossé. A chacun, il nous revient de bien tenir le volant de notre voiture... le volant de la vigilance, le volant de la persévérance, le volant de la patience. L'expérience des dérives possibles, les miennes comme celles des autres, est une lecon pour nous encourager à bien tenir notre volant, sans crispation, ni légèreté. Avec sérieux. Avec confiance aussi en Celui qui nous connait mieux que nous-mêmes et qui sait ce dont nous avons besoin pour avancer et progresser. Qu'Il nous conduise sur le chemin de la paix et de la fidélité heureuse.