vendredi 15 août 2025 : fête de l’Assomption, horaire des dimanches (vigiles la veille à 20h45, messe à 10h) + concert à 16h.

Nota : L’office de None (14h45) sera prié au dolmen de ND de la Pierre-qui-Vire.

Commentaires sur la Règle



Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 72 v 01-03 Du Bon zèle que doivent avoir les moines ! écrit le 29 août 2020
Verset(s) :

1. S'il existe un zèle mauvais et amer qui sépare de Dieu et conduit en enfer,

2. il existe aussi un bon zèle qui sépare des vices et conduit à Dieu et à la vie éternelle.

3. Tel est donc le zèle que les moines pratiqueront avec un ardent amour ;:

Commentaire :

« Tel est le zèle que les moines pratiqueront avec un ardent amour» (ferventissimo amore)... un fervent amour. Comment garder durant toute notre vie monastique un« ardent, un fervent amour » ? Certainement le bon zèle que nous propose st Benoit veut-il nous y aider. Tous les ans, au martyrologe, nous entendons cette belle définition du moine, tirée de st Jean Climaque : « Celui qui garde sa ferveur de tout refroidissement et, jusqu'à son passage (sa mort), chaque jour, ajoute feu sur feu, désir sur désir»... Le novice qui arrive, et que nous avons tous été, est habité par une belle ferveur. St Benoit la mentionne en parlant des ermites qui ne doivent pas s'engager« dans la ferveur récente de la vie religieuse, mais dans/ 'épreuve prolongée d'un monastère » (RB 1, 3). Il laisse entendre que la ferveur des débuts, toute ardente soit-elle, ne peut donner l'assise nécessaire à la vie solitaire et exigeante d'un ermite. La ferveur récente et la force des grâces reçues ont permis de faire le pas décisif pour suivre le Seigneur. Mais ils pourraient donner l'illusion d'une certaine facilité qui serait en fait trompeuse. La ferveur initiale décuple les forces. C'est sa grâce. Mais elle a besoin du temps pour transformer en maturité plus profonde les intuitions pressenties qui donnent des ailes. Cette ferveur est-elle pour autant illusoire? Est-elle alors appelée à disparaitre au fil du temps, temps qui pourrait jouer le rôle d'un éteignoir? St Benoit et St Jean Climaque nous laissent entendre que non. Car la ferveur et le désir initial ne sont pas des feux de paille, mais ils sont comme un chaudron, un réservoir initial d'énergie destiné à convertir toute notre pâte humaine. Le temps qui passe peut alors devenir un allié. Il fortifie le désir, moins sous le mode exultant et joyeux des premières découvertes, que sous le mode de la persévérance courageusement consentie alors que le poids de la monotonie se fait davantage sentir. Ajouter feu sur feu, désir sur désir va se vivre dans un quotidien très simple, mais de plus en plus fidèle. Si lorsqu'on arrive au monastère notre désir est dilaté par le projet de se donner tout entier à Dieu en réponse à l'expérience faite de sa proximité. Mais plus on avance plus notre désir se dilate par l'intérieur. Il se creuse et s'approfondit au gré du don de soi vécu en vérité, avec attention et charité. Se donner procure alors plus de joie et nourrit davantage le désir que de se garder ou se réserver. Telle est la mystérieuse alchimie du désir qui grandit à mesure qu'il se donne dans la prière, dans le travail et le service des frères. Il grandit parce qu'Il ne trouve pas son énergie en lui-même. Il la reçoit du Seigneur de la Vie qui veut dilater la vie et l'amour chez ceux qui se confient à Lui. C'est l'œuvre de !'Esprit d'ajouter feu sur feu. Confions-nous à sa douce et ardente force.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 71 v 1-9 Que l'on s'obéisse mutuellement écrit le 27 août 2020
Verset(s) :

1. Ce n'est pas seulement envers l'abbé que tous doivent pratiquer le bien de l'obéissance, mais en outre les frères s'obéiront mutuellement,

2. sachant que par cette voie de l'obéissance ils iront à Dieu.

3. Aussi, mis à part les ordres de l'abbé ou des prévôts qu'il institue, ordres auxquels nous ne permettons pas que l'on préfère ceux des particuliers,

4. pour le reste tous les inférieurs obéiront à leurs anciens en toute charité et empressement.

5. Si quelqu'un est pris à contester, on le réprimandera.

6. De plus, si un frère reçoit une réprimande quelconque de l'abbé ou de n'importe lequel de ses anciens pour quelque raison que ce soit, si mince qu'elle puisse être,

7. et s'il sent que l'esprit de n'importe quel ancien est légèrement irrité contre lui ou ému si peu que ce soit,

8. aussitôt et sans délai il se prosternera à terre et fera satisfaction, étendu à ses pieds, jusqu'à ce qu'une bénédiction vienne calmer cette émotion.

9. Celui qui refuse de faire cela, on lui infligera un châtiment corporel, ou bien, s'il est obstiné, on le chassera du monastère.

Commentaire :

La vie quotidienne serait-elle possible sans obéissance mutuelle ? St Benoit parle d'obéissance de ! 'inférieur vis-à-vis du supérieur, supérieur signifiant pour lui pas seulement l'abbé ou les frères en charge, mais le frère qui est plus ancien dans l'ordre d'entrée. Aujourd'hui, nous sommes moins sensibles aux rangs selon l'ordre d'entrée. Mais on peut dire que l'obéissance se vit le plus souvent à travers les services demandés par des frères, en fonction de leur charge. On obéit au responsable des transports qui donne une voiture, au comptable qui demande un ticket ou une facture, au linger qui propose de changer tel vêtement usagé, à l'infirmier qui prend un RV médical, au maitre de chœur qui invite à chanter d'une certaine manière, etc... Jour après jour, nous nous obéissons mutuellement à tour de rôle, même l'abbé pour bien des choses de la vie quotidienne... Plus on descend dans les détails et plus l'obéissance s'affine, et avec elle la charité. Lorsqu'on fait le service de table, ou bien le desservice, lorsque des frères savent s'accorder avec souplesse dans leur commune responsabilité pour se répartir le travail, sans que l'un ou l'autre veuille à tout prix imposer son rythme, nous goûtons le bienfait de l'obéissance mutuelle. Dans ces détails, sans mot, on retrouve l'obéissance dans ce qu'elle a de plus originel: l'écoute. Dans un travail ou un service commun, sans nécessairement beaucoup de paroles, nous sommes à l'écoute des uns des autres pour faire ce qui doit être fait. C'est un peu la même chose au chœur durant le chant. Non seulement nous obéissons à celui qui dirige le chant, mais nous nous obéissons aussi mutuellement, en nous écoutant les uns les autres pour être ensemble. A travers tous ces exemples, nous mesurons combien l'obéissance est un bien, pour reprendre l'expression de Benoit. Elle est un bien essentiel à toute vie commune, comme l'est la charité gu'elle sert activement. Elle contribue à ce que la vie, l'amour circule entre nous, dans le service mutuel. Cette obéissance qui n'est pas un dû, devient un don. En obéissant, je me donne. Je fais don de ma vie à mes frères, et à travers eux au Christ. Parfois, l'obéissance me coûte, car le mouvement spontané veut souvent que je préfère me débrouiller par moi-même plutôt que de recevoir ; je préfère organiser les choses plutôt que d'entrer dans la façon d'un autre. Mais là où le mouvement d'indépendance risque de m'isoler, le mouvement d'obéissance créé un lien fraternel plus vivant. Le frère à qui j'obéis est honoré et moi je suis libéré de mon ego encombrant. Soyons heureux de nous faire mutuellement le don, le bien de l'obéissance...

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 70 v 1-7 Que l'on ne se permette pas de frapper à tort et à travers écrit le 26 août 2020
Verset(s) :

1. On évitera, au monastère, toute occasion de présomption,

2. et nous décrétons que personne n'aura le droit d'excommunier ou de frapper aucun de ses frères, s'il n'en a reçu pouvoir de l'abbé.

3. Mais « on reprendra les coupables en présence de tous, afin de faire peur aux autres. ;»

4. Quant aux enfants jusqu'à l'âge de quinze ans, tous auront soin de les maintenir dans l'ordre et les surveilleront,

5. mais en toute mesure et raison.

6. Si quelqu'un se permet quoi que ce soit contre un adulte sans instructions de l'abbé ou s'emporte sans discrétion contre des enfants, il subira les sanctions de règle,

7. car il est écrit : « Ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui. ;»

Commentaire :

Dans la suite du précédent chapitre entendu hier, celui-ci pose sans fioriture devant nos yeux un interdit : l'interdit de la violence physique, auquel est lié assez explicitement l'interdit de la violence verbale. En effet, st Benoit « décrète que personne n'aura le droit d'excommunier ou de frapper aucun de ses frères». Il y a des limites à ne pas franchir. Pourquoi ? St Benoit donne une raison toute évangélique et scripturaire : « ce que tu ne veux pas qu'on te fasse, ne le fais pas à autrui ! ».

D'où viennent ces situations de conflit où la tension monte à tel point que la colère peut nous emporter et nous faire faire ce que nous regretterons ensuite ? Je crois qu'elles sont liées à deux choses, à des évènements perçus comme injustes qui se répètent, et à un terrain fragile en chacun de nous. Sur les évènements, sur les aspérités de la vie commune, nous n'avons pas beaucoup prise. Parfois, une parole extérieure du P. Abbé ou d'un frère peut aider à une prise de conscience chez un frère qui ne se rend pas compte des tensions qu'il génère, ou des injustices qu'il commet. Reste nous-mêmes. C'est le seul facteur sur lequel nous avons vraiment prise. Ce conflit ou ces conflits peuvent nous permettre de mieux nous connaitre. Si le même genre de problème se passe non pas avec un seul, mais avec plusieurs frères, il faut pouvoir s'interroger si effectivement il n'y a pas en moi un point tellement aveugle que j'en arrive à blesser des frères. Si tel ne semble pas être le cas, mieux me connaitre me permettra de mesurer combien je suis fragile dans tel type de situation. C'est alors à un travail intérieur de vigilance que je suis invité pour pacifier ces parts très irritables en moi. Travail de l'attention autant que travail de la grâce de l' Esprit Saint qui nous connait mieux que nous même. Consentir à ce travail est déjà une victoire sur nous-même. C'est le signe que j'ai quitté le désir d'autojustification et la volonté de ne chercher qu'en l'autre la source des problèmes. Celle-ci se trouve aussi pour une part en moi. Le Saint Esprit peut ensuite nous apprendre à nous désarmer. Mais lui seul, notre Défenseur vient défaire nos systèmes de défense ou d'attaque. Quand surgit une tempête intérieure de pensées qui fulminent contre un frère, invoquons-le. Prenons le au sérieux, Lui, et regardons notre cinéma intérieur avec de l'humour et de la distance. L'Esprit Saint nous établira dans la paix, et montrera bien vite combien la tempête des pensées de colère était vaine et inutile.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 71 v 1-3 Que l'on ne se permette pas au monastère de défendre un autre écrit le 25 août 2020
Verset(s) :

1. Il faut prendre soin que personne au monastère, en aucune occasion, ne se permette de défendre un autre moine ou de lui servir comme de protecteur,

2. même s'ils sont unis par un lien de parenté quelconque.

3. Les moines ne se le permettront d'aucune manière, car cela peut être l'occasion de conflits très graves.

Commentaire :

L'équilibre des relations dans une communauté est toujours une chose délicate... presque de l'ordre d'un miracle permanent. Quand s'insinuent dans une communauté des germes de division, que tel ou tel s'arroge un rôle de protecteur ou de défenseur d'un autre, ou qu'un groupe fait bloc contre l'ensemble, c'est l'occasion de beaucoup de souffrances. Que faut-il faire pour éviter que cela se produise ? N'y-a-t-il pas une forte attention à avoir pour ne jamais perdre le but de la vie en communauté ? Une vie dans la charité et la patience qui nous tourne ensemble vers le Christ. Quand prennent le dessus des idéaux ou des visions très rationnelles au détriment des personnes, nous sommes en danger. La réalité humaine ne se résout pas avec des équations. Lorsque nous perdons le sens de la croix du Christ qui sauve notre humanité, en pensant que le succès est au bout de nos efforts, et de nos stratégies, nous pouvons être en danger. Car bien des stratégies sont possibles, et on ne parviendra jamais à s'accorder complètement. L'humilité garde dans l'unité; la prétention à avoir raison isole. L'humilité sème la charité, l'orgueil créé le vide autour de soi.

Evagre propose cette sentence bien connue : « Moine est celui qui est séparé de tous et uni à tous» (Traité de l'oraison 124). Ces mots bien ciselés peuvent constituer une belle parade à la tentation de défendre un autre, ou de créer des clans dans une communauté. A chacun, il revient de cultiver sa propre solitude et sas capacité de communion. Aimer notre solitude, et la vivre comme une chance. Nous choisissons un mode de vie avec des prises de distance qui donne une vraie place au silence et au recueillement, pour mieux écouter et rencontrer le Seigneur. Nous consentons à être séparés de tous, de nos amis, de notre famille, et d'avoir une juste distance avec nos frères de communauté (pas de relation fusionnelle). Et en même temps, nous sommes unis à tous, à nos frères de communauté par l'alliance profonde qui nous lie à travers la profession, à la vie à la mort. La foi partagée et le soutien mutuel viennent irriguer notre cœur d'une charité plus profonde que nos mots peuvent l'exprimer, et plus profondes surtout que nos énervement ou nos accrochages. Bien sûr, rien n'est jamais gagné. L'apprentissage du pardon, le voile jeté sur les fautes des autres, la bienveillance du regard à priori sont à cultiver sans cesse. Notre union communautaire pourra alors s'élargir en une communion toujours plus grande dans laquelle beaucoup se sentiront à l'aise, parce que règne une charité vraie qui accueille avec simplicité. Avec courage et joie, devenons des moines séparés de tous et unis à tous.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 68 v 1-5 Si on enjoint à un frère des choses impossibles écrit le 21 août 2020
Verset(s) :

1. Si l'on enjoint à un frère des choses pénibles ou impossibles, il recevra l'ordre de celui qui commande en toute douceur et obéissance.

2. S'il voit que le poids du fardeau excède absolument la mesure de ses forces, il représentera à son supérieur, patiemment et opportunément, les raisons de son impuissance,

3. sans orgueil ou résistance ni contradiction.

4. Si, après ses représentations, l'ordre du supérieur se maintient sans qu'il change d'avis, l'inférieur saura qu'il est bon pour lui d'agir ainsi,

5. et par charité, confiant dans le secours de Dieu, il obéira.

Commentaire :

Ce chapitre envisage l'exercice de l'obéissance monastique jusqu'à son paradoxisme. En certains cas, l'obéissance peut paraitre impossible à assumer et parfois le supérieur peut maintenir la demande. Cette situation extrême invite à nous poser la question : finalement quel sens cela a d'obéir? Est-ce pour faire plaisir au supérieur? Est-ce pour assurer le bon ordre et la cohérence du groupe? Est-ce pour déployer la vie chrétienne avec plus d'efficacité? Nous mesurons bien que ces réponses n'épuisent pas la question. Car notre obéissance n'a de sens qu'au regard de l'obéissance du Christ vécue jusqu'à la mort de la croix. Selon une rationalité purement humaine, l'obéissance religieuse est insensée ou sujette à bien des objections que la faiblesse humaine récemment étalée avec toutes les affaires d'abus ne fait que renforcer. Notre obéissance religieuse brille à la lumière de l'obéissance du Christ ou alors elle est ténèbres. Avec le Christ, nous voulons vivre délibérément selon un dynamisme continu de mort et de résurrection. Avec lui, nous voulons apprendre à nous donner jour après jour, en acceptant une forme de mort, par rapport à toutes nos prétentions d'indépendance, d'autonomie ou d'autosuffisance. Et comme le Christ, nous acceptons d'obéir sans avoir toutes les garanties, ni vouloir que les institutions ou les personnes soient parfaites. Notre obéissance s'appuie sur la foi du Christ qui n'a pas craint de se laisser écraser par la mort injuste, dans la conviction que de cet abime la vie surgirait. La vie véritable offerte à tous dans sa résurrection a été l'horizon de l'obéissance du Christ. Mais nous ne sommes pas le Christ. Aussi le supérieur qui requiert l'obéissance pour une situation concrète doit-il s'assurer que chacun se situe au bon lieu du don de lui-même pour répondre. Selon les uns et les autres, la conscience et la possibilité du don de soi est plus ou moins grande. D'où l'importance de ce dialogue prévu par Benoit pour que le frère puisse dire ses difficultés et s'ouvrir des raisons qui lui rendent la chose impossible. Ce dialogue laisse la place à la liberté de chacun. Car il ne peut y avoir d'obéissance qu'en ce lieu intime de la liberté. Une liberté toujours en chemin. Une liberté appelée à s'élargir dans ses capacités à s'ouvrir à des possibilités méconnues ou à des renoncements imprévus. C'est ici que le terme« vœu d'obéissance» peut trouver tout son sens. Nous nous vouons à l'obéissance, c'est-à-dire que nous désirons cultiver en notre être profond, cette écoute, cette disponibilité à l'inattendu de Dieu qui ne cesse de nous appeler à sortir de nous-mêmes.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 67 v 1-7 Des frères envoyés en voyage écrit le 18 août 2020
Verset(s) :

1. Les frères qui vont partir en voyage se recommanderont à l'oraison de tous les frères et de l'abbé,

2. et à la dernière oraison de l'œuvre de Dieu, on fera toujours mémoire de tous les absents.

3. Quant aux frères qui reviennent de voyage, le jour de leur retour, à toutes les heures canoniales, quand s'achève l'œuvre de Dieu, ils se prosterneront sur le sol de l'oratoire

4. et demanderont à tous de prier en raison de leurs manquements, de peur de s'être laissé prendre en voyage à voir ou entendre une chose mauvaise ou une parole déplacée.

5. Et personne ne se permettra de rapporter à un autre tout ce qu'il aura vu ou entendu hors du monastère, car cela fait de très grands ravages.

6. Si quelqu'un se le permettait, il subira le châtiment de règle.

7. De même celui qui se permettrait de sortir de la clôture du monastère et d'aller n'importe où et de faire n'importe quoi, même de peu d'importance, sans l'autorisation de l'abbé.

Commentaire :

Lorsque Jésus envoie ses disciples en mission, il est attentif aux conditions concrètes de leur voyage. Ils ne doivent emporter que le minimum, pas d'argent, pas de bâton, pas de vêtement de rechange ... L'annonce du Royaume se fait par leur manière d'être dans une dépendance totale, avant de se faire par leurs paroles. Lorsque St Benoit parle des frères en voyage, il ne donne pas de consignes sur les conditions pratiques, si ce n'est dans un autre chapitre, le fait de ne pas s'arrêter pour manger. Mais par contre, il est attentif au lien de communion dans la prière, entre ceux qui sortent et la communauté qui demeure, et cela, aussi bien avant, pendant qu'à leur retour. Cette insistance met en évidence où se situe le cœur de notre vie de moine : une vie de prière, vécue en communion avec des frères. Si le moine qui sort ne peut pas assurer complètement son service de prière, au fil des heures de la journée, la communion des frères qui le portent dans sa prière palliera. Dans sa règle, le Maitre exprime cette conviction que Benoit a pu faire sienne : « Il est bien juste que tous fassent mémoire de l'absent ...en leurs oraisons, puisque c'est à veiller au bien de tous qu'il est occupé. Ainsi, de même qu'un seul au nom de tous procure le bien commun, de même un seul participera à l'oraison de tous » (RM 20, 8-9). Notre communion fraternelle trouve sa plus haute expression dans la prière portée ensemble comme un service de la gloire de Dieu, pour l'Eglise et le monde. Lorsque nous sommes tous présents, nous nous soutenons dans la fidélité et dans la persévérance. Si un frère peine, il sait qu'il peut s'appuyer sur ses frères. De même temporairement, quand un frère est absent. S'il revient à ce dernier de veiller lors de ses sorties à honorer son service de prière, il sait qu'il peut compter sur ses frères. Petit signe de cette communion : chaque soir, à la fin de Complies, le P. Abbé appelle la bénédiction de Dieu, non seulement sur les présents, mais aussi sur les frères absents. Petit rituel quotidien qui s'ajoute aux mentions spontanées, exprimées après la prière litanique des offices de laudes ou de vêpres. Tous, nous nous savons faibles et la communion qui s'exprime dans la prière est un soutien. A tour de rôle, nous nous recommandons à la bonté de Dieu qui veille sur les autres, comme nous croyons et espérons qu'il veille sur nous. Que serait notre service de la prière sans la grâce de Dieu? Une routine, une obligation insensée. Mais avec la grâce de Dieu, il est irrigué de l'intérieur pour devenir un don de nous-mêmes, de toute notre personne. Avec des hauts et des bas, certes. Mais jour après jour, nous apprenons à nous donner. Et en nous donnant, nous nous recevons du Christ qui fait de nous, avec lui, des fils de notre Père des cieux.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / hapitre 66 v 1-8 Des portiers du monastère écrit le 01 août 2020
Verset(s) :

1. A la porte du monastère on placera un vieillard sage, qui sache recevoir et donner une réponse, et dont la maturité ne le laisse pas courir de tous côtés.

2. Ce portier doit avoir son logement près de la porte, afin que les visiteurs le trouvent toujours présent pour leur répondre.

3. Et aussitôt que quelqu'un frappe ou qu'un pauvre appelle, il répondra Deo gratias ou Benedic ,

4. et avec toute la douceur de la crainte de Dieu, il se hâtera de répondre avec la ferveur de la charité.

5. Si ce portier a besoin d'aide, il recevra un frère plus jeune.

6. Quant au monastère, il doit être, si possible, construit de telle façon que tout le nécessaire, c'est-à-dire l'eau, le moulin, le jardin et les divers métiers, s'exerce à l'intérieur du monastère,

7. de sorte que les moines ne soient pas obligés de courir au-dehors de tous les côtés, car ce n'est pas bon du tout pour leurs âmes.

8. Nous voulons que cette règle soit lue souvent en communauté, pour qu'aucun frère ne s'excuse sur son ignorance.

Commentaire :

Dans une note sur ce chapitre, P. Adalbert souligne que St Benoit répète plusieurs fois que le portier doit donner une réponse (à 4 reprises), tandis que la RM, pour le même sujet, insiste sur le fait que le portier« ferme la porte» (note 4). Cette remarque est très suggestive. St Benoit est davantage intéressé par l'aspect relationnel de cet emploi que le rôle fonctionnel de gardien de la porte du monastère. En terme moderne, on dirait que le portier est avant tout pour lui un réceptionniste. Il est heureux de noter que cela c01Tespond très exactement à ce que nous vivons ici à la Pierre qui Vire. La porte s'ouvre toute seule, il n'y a besoin de personne pour l'ouvrir, comme autrefois. Par contre, il y a besoin d'une présence gui accueille le visiteur, l'hôte qui arrive, ou simplement le passant un peu curieux. S'ajoute à cela la réception des appels téléphoniques qui sont encore une manière de donner une réponse. Donner une réponse : cela parait banal et élémentaire. Mais est-ce si sûr ? Comment vais-je donner la réponse ? Et comment vais-je d'abord accueillir la demande? Comme une personne disponible pour écouter ou comme une personne encore préoccupée par la lecture ou le travail que je fais pour patienter ? Vais-je signifier à la personne qu'elle est la bienvenue ou bien vais-je lui faire sentir qu'elle dérange? Il mérite de se poser la question car accueillir n'est pas seulement une attitude passive où l'on attend que l'autre vienne à soi et s'ouvre des motifs qui l'amène ici. C'est surtout une attitude active qui demande de se disposer vraiment à l'écoute de l'autre sans à priori, et d'essayer de se mettre à sa place. L'étranger appréhende peut-être d'arriver dans un univers tellement inconnu. « Le portier se hâtera de répondre avec la fèrveur de la charité » dit St Benoit. La charité impulsera la juste attitude qui consiste à laisser de la place à l'autre et à lui témoigner de l'intérêt, sans tomber pour autant dans un excès d'indiscrétion. Le portier est donc invité par St Benoit à développer une attitude de bienveillance à priori, empreinte de la douceur du serviteur de Dieu. Une belle tâche qui, remplie avec empressement et discrétion, peut être un beau témoignage pour celui qui arrive. Chacun de nous a déjà sûrement fait la double expérience de ne pas être bien accueilli en un lieu étranger et celle d'être très bien accueilli... La différence n'est pas du tout négligeable. Je remercie la nouvelle équipe qui assure ce service important avec Olivier, les ff. Ambroise, Damase, Fernando et Hugues, ainsi que les frères désignés pour le dimanche. Ils répondent et accueillent en notre nom le Christ qui passe.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 65 v 11-22 Du prévôt du monastère écrit le 31 juillet 2020
Verset(s) :

11. Aussi nous semble-t-il opportun, pour la sauvegarde de la paix et de la charité, que l'abbé règle à son gré l'organisation de son monastère.

12. Si faire se peut, c'est par des doyens que l'on organisera, comme nous l'avons établi antérieurement, tous les services du monastère, selon que l'abbé l'établira.

13. Ainsi, plusieurs en étant chargés, un seul ne s'enorgueillira pas.

14. Si le lieu l'exige ou si la communauté le demande raisonnablement avec humilité et que l'abbé le juge opportun,

15. l'abbé choisira qui il voudra avec le conseil des frères qui craignent Dieu, et il se l'ordonnera lui-même comme prévôt.

16. Ce prévôt, cependant, exécutera respectueusement ce que son abbé lui commande, sans rien faire contre la volonté ou les ordres de l'abbé,

17. car plus il est élevé au-dessus des autres, plus il lui faut observer avec soin les prescriptions de la règle.

18. Si ce prévôt se montre vicieux ou que, séduit par l'élèvement, il s'enorgueillisse, ou qu'il soit convaincu de mépris pour la sainte règle, on l'avertira verbalement jusqu'à quatre fois.

19. S'il ne s'amende pas, on lui appliquera la correction des sanctions de règle.

20. Si même alors il ne se corrige pas, on le destituera de son rang de prévôt, et l'on mettra à sa place un autre qui en soit digne.

21. Si même ensuite il n'est pas tranquille et obéissant en communauté, on ira jusqu'à le chasser du monastère.

22. Cependant l'abbé songera qu'il doit rendre compte à Dieu de tous ses jugements, de peur que le feu de l'envie ou de la jalousie ne brûle son âme.

Commentaire :

« De peur que le feu de l'envie ou de la jalousie ne brûle son âme». St Benoit conclue son propos sur le prieur par une mise en garde à l'intention de l'abbé. Si celui-ci est appelé à gérer les problèmes, et dans le cas présent un conflit qui le met directement en cause, il lui faut être toujours vigilant sur sa manière de discerner. St Benoit l'invite ici à vérifier quelle énergie l'anime: est-ce le feu de l'envie, de la jalousie ou bien est-ce le feu de la charité et de l'équité? Par expérience, nous savons que deux feux peuvent vite prendre en notre cœur de grandes proportions, et nous emmener là où nous ne voudrions pas aller: c'est le feu du désir sexuel, et le feu de la colère. Les deux ont comme caractéristique d'être très prompts, de se développer de façon soudaine, en déployant en nous une intense énergie. Plus on laisse ces feux se développer, plus on aura du mal à les éteindre. Il faut sans tarder les étouffer ou alors... Comment les éteindre ? Comme moine, ayons comme premier réflexe de prier, de nous remettre devant le Seigneur pour implorer sa miséricorde. « Dieu, viens à mon aide ...Aie pitié de moi pécheur »... Et comme ces feux échauffent nos corps fortement, avec humilité, osons une prière très corporelle, en se mettant à genoux par exemple, ou bien en faisant des inclinations­ prosternations à la manière des orientaux, des métanies. Nous exprimerons avec notre corps notre désir profond de reprendre possession de notre cœur. Comment éteindre ces feux, surtout s'ils reviennent périodiquement ? En prenant le temps d'en parler, afin d'essayer de comprendre ce qui se passe dans notre cœur et dans notre esprit. Si ces feux s'allument assez souvent, cela veut dire que nous sommes plus fragiles en ces domaines dù désir sexuel et de la colère. Parler, pour humblement mieux comprendre les failles, découvrir peut-être des complaisances en moi qui me rendent plus vulnérable. Si je suis porté à rechercher des images érotiques, il ne sera pas surprenant que je sois tenté. En quelque sorte, j'apporte du bois pour le feu... Parfois il me faut reconnaitre que je ne peux pas beaucoup pour changer. Avec humilité, demeurer vrai et demander pardon pour les gênes causées à autrui, s'en remettre à la miséricorde de Dieu. Ce lent combat contre ces feux allumés, au gré des circonstances et des contrariétés, nous entraine vers une meilleure connaissance de nous-même. Peu à peu, nous découvrons que ces feux de paille, si nous les éteignons rapidement, ne sont qu'une illusoire énergie. La vraie énergie est à rechercher ailleurs. Il nous revient alors de cultiver les forces en nous, les vertus : la force d'aimer chastement et la force de lutter pacifiquement san5 violence. Pour cultiver cette force d'aimer, sachons-nous par ex, nous tourner vers les moins aimables, vers les plus difficiles à aimer, par l'attention, par la prière. Pour développer en nous la force de lutter pacifiquement, sachons faire notre devoir, notre travail, sans attendre de reconnaissance, en désirant être caché.

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 65 v 1-10 Du prévôt du monastère écrit le 29 juillet 2020
Verset(s) :

1. Trop souvent il est arrivé que l'ordination d'un prévôt engendre de graves conflits dans les monastères.

2. Il en est en effet qui s'enflent d'un méchant esprit d'orgueil et qui, estimant être de seconds abbés, usurpent le pouvoir, entretiennent des conflits et mettent la dissension dans les communautés,

3. surtout dans les lieux où le prévôt reçoit l'ordination du même évêque et des mêmes abbés qui ordonnent l'abbé.

4. Combien cela est absurde, il est facile de s'en rendre compte : dès le début, dès son ordination, on lui donne matière à s'enorgueillir,

5. ses pensées lui suggérant qu'il est soustrait à l'autorité de son abbé,

6. puisque « toi aussi, tu as été ordonné par les mêmes qui ont ordonné l'abbé. ;»

7. Il en résulte envies, disputes, médisances, rivalités, dissensions, destitutions,

8. et ainsi, abbé et prévôt étant de sentiments opposés, il est inévitable que leurs âmes soient en danger, tant que durent ces dissensions,

9. et leurs subordonnés courent à leur perte, du fait qu'ils flattent leurs partisans.

10. La responsabilité de ce dangereux fléau pèse au premier chef sur ceux qui se sont faits les auteurs d'un tel désordre.

Commentaire :

« Il en est qui s'enflent d'un méchant esprit d'orgueil». Dieu merci, avec ce verset aucun d'entre nous ne pense à notre f. Hubert qui débute dans son service de prieur et que nous remercions pour sa générosité à se donner. Ces faits mentionnés par St Benoit pour éviter qu'ils se reproduisent, nous font toucher du doigt l'expérience assez commune que nous pouvons vivre : celle du jeu des pensées qui peuvent parfois venir nous assaillir et nous troubler. Le prieur dont parle St Benoit, est entrainé par un« méchant esprit d'orgueil». Il s'enfle comme une voile toute ouverte au vent. Le prieur donne tellement prise à cette pensée d'orgueil que celle-ci en vient à le faire agir de manière insensée : il usurpe le pouvoir, entretient des conflits, met la dissension dans la communauté, s'estime être soustrait à l'autorité de l'abbé, etc... Ce sombre tableau nous est offert pour servir de repoussoir, pour nous montrer de quelle vigilance intérieure nous devons faire preuve pour ne pas nous laisser berner par les pensées mauvaises. Nous mesurons que ces pensées qu'elles apparaissent méchantes ou non, ont un grand pouvoir sur nous. Nous disons et agissons mûs par des pensées. Nos journées sont tissées de ces associations que nous faisons entre réflexion et action, entre pensées et paroles. Comment gérons-nous ce flux incessant ?

Faire attention à ce qui se passe dans nos pensées, est une part de notre responsabilité dans la gestion de notre vie intérieure, de notre vie à l'écoute de !'Esprit Saint. En ce moment, je parle d'Evagre aux frères du noviciat, et notamment de son fameux texte présentant les 8 mauvaises pensées, texte qui aura une longue postérité puisqu'il va influencer beaucoup la spiritualité en Orient et Occident. Avant d'esquisser 8 types génériques de pensées qui peuvent venir troubler les moines et les incliner à tomber, Evagre rappelle ce principe premier : « Que les pensées troublent ou ne troublent pas l'âme, ne fait partie des choses en notre pouvoir. Ou'elles durent ou ne durent pas, émeuvent ou n'émeuvent pas les passions, cela/ait partie des choses en notre pouvoir » (Traité Pratique 6). Ou dit de facon imagée : « que les oiseaux volent au-dessus de nos têtes ne dépend pas de nous, gu' ils fassent leur nid ou non dans nos cheveux, voilà qui dépend de nous». L'expérience de la vie monastique nous apprend que rien de ce qui tourne dans notre esprit et qui s'installe n'est anodin. Apprenons à être comme des gardiens très professionnels qui ne laissent personne entrer s'il n'a pas son laissez-passer. Le laissez-passer c'est la pensée estampillée du sceau de !'Esprit Saint: elle porte la marque de la paix, de la joie, de la douceur, de la patience, de la charité, du respect, de la chasteté, de l'humilité. Les autres sont des bandits qui vont semer le désordre et la mort...

Voir le commentaire de Père Abbé Luc / Chapitre 64 v 16-22 De l'ordination de l'abbé écrit le 28 juillet 2020
Verset(s) :

16. Il ne sera pas agité et inquiet, il ne sera pas excessif et obstiné, il ne sera pas jaloux et soupçonneux à l'excès, car il ne serait jamais en repos.

17. Dans les ordres qu'il donne, il sera prévoyant et réfléchi, et que l'œuvre qu'il commande soit selon Dieu ou selon le siècle, il usera de discrétion et de mesure,

18. en songeant à la discrétion de saint Jacob, qui disait : « Si je fais peiner davantage mes troupeaux à marcher, ils mourront tous en un jour. »

19. Prenant garde à ce texte et aux autres sur la discrétion, mère des vertus, il mettra de la mesure en tout, en sorte que les forts aient à désirer et que les faibles n'aient pas à prendre la fuite.

20. Et surtout, qu'il garde en tous ses points la présente règle,

21. afin qu'après avoir bien servi, il entende le Seigneur lui dire, comme au bon serviteur qui distribua en son temps le froment à ses compagnons de service :

22. « En vérité, je vous le dis, il l'établira sur tous ses biens. »

Commentaire :

En quelques lignes, St Benoit précise le portrait de 1'abbé. Il le fait de deux manières : l'une négative, l'autre positive. La manière négative énumère une série de défauts que l'abbé doit éviter : être agité, inquiet, excessif, obstiné, jaloux, soupçonneux à l'excès... Autant de défauts qui invitent l'abbé à un travail intérieur sur lui-même... Face à l'agitation et à 1'inquiétude : cultiver la paix et surtout la confiance en Celui qui conduit vraiment la communauté. Comme un jour, une personne à qui je faisais part de mes soucis me disait: f. Luc, le Berger de la communauté, c'est qui? Pour m'inviter à lever les yeux vers le Bon Pasteur. Contre l'excès et l'obstination: accueillir les aléas de la vie et le poids de la réalité comme un don, et non comme un obstacle qui gêne mon chemin ou mes idées. Le risque peut-être en effet de prendre mes idées pour la réalité, de m'y entêter au lieu d'écouter, et les évènements et les frères. Pour éviter la jalousie et les soupçons pmiés sur les autres, ne pas avoir peur de mes limites: il n'est pas demandé au supérieur d'avoir toutes les qualités; et face aux limites et aux choses bizarres chez les autres, ne pas chercher à tout savoir, leur faire confiance pour mieux responsabiliser chacun dans la prise en main de sa propre vie...

De manière positive, St Benoit précise le portrait de l'abbé, en déclinant quelques qualités utiles pour sa mission de serviteur, établi selon la parabole évangélique, sur les biens du maitre, pour donner la nourriture en son temps, à ses serviteurs. Il sera prévoyant et réfléchi, il usera de discrétion et de mesure, et St Benoit répète en affinant le propos : « il mettra de la mesure en tout, en sorte que les forts aient à désirer et que les faibles n'aient pas à prendre la fuite» ... Prévoyant: gouverner, c'est prévoir, dit l'adage. Avec l'aide de son conseil notamment, l'abbé doit porter son regard toujours un peu plus loin, pour permettre à la communauté d'avancer avec une certaine aisance. Prévoir n'est pas chercher à connaitre l'avenir, mais se préparer à l'accueillir dans notre aujourd'hui. Que l'abbé soit réfléchi ... je pense à la parabole de l'homme qui veut construire une tour et qui s'assoit d'abord pour calculer s'il a de quoi aller jusqu'au bout... Discrétion et mesure.... Deux qualités majeures pour st Benoit, deux qualités essentielles qui donnent toute sa valeur et toute sa pérennité à la règle. Discrétion et mesure sont plus riches encore que ce que l'on désigne par équilibre. Ici, il s'agit de discerner la juste mesure qui convient à l'ensemble de la communauté, de telle façon que les fmis et les faibles s'y retrouvent. Pas d'abord une vision égalitariste qui nivellerait. Mais une écoute et un soutien du désir que le Seigneur a mis en chacun de ses ouvriers...